Les amis de Pradon valaient ceux de Racine. […] Sa mort a épargné ce scandale aux amis des bonnes lettres. […] Les Arnaud avaient pour ami Duverger de Hauranne, abbé de Saint-Cyran, et ce Duverger maniait à sa guise l’esprit d’un certain Hollandais nommé Corneille Jansénius, évêque d’Ypres. […] Le P. de Condren, un oratorien qui ne passait pas pour un ami de la morale facile, a établi très dignement ce qu’on pourrait appeler le droit au mensonge. […] Gâter ainsi notre belle langue française, amie jurée du naturel !
« Et vous la connaissez bien, amis des universités populaires : car le maître qui consacra tant de belles pages à la “biographie psychologique” d’Ernest Renan et qui, par ses discours et ses écrits, nous a fait mieux connaître les pinceaux enchanteurs de l’immortel Watteau »,… On dit le pinceau, d’habitude ; il est vrai qu’il en avait plusieurs. […] Notre ami l’historien Pierre Deloire me disait, — car je n’ai pas besoin d’ajouter que je n’en ai pas aux historiens personnellement, et que les historiens sérieux sont les premiers à s’émouvoir de ces graves contrariétés, — l’historien Pierre Deloire me disait un jour au bureau des cahiers : Le bon temps des historiens est passé. — Il entendait railler ainsi, doucement, les historiens antérieurs. — Le bon temps des historiens, disait-il, c’était quand le professeur d’histoire, assis devant son bureau, refaisait à loisir toutes les opérations du monde ; il parlait de tout ; il écrivait de tout ; il était ministre, et refaisait l’administration de Colbert, qui, entre nous, n’était pas fort ; il était général ou amiral, et refaisait la bataille d’Actium ; ce Marc-Antoine, hein, quelle brute ; il refaisait les plans de campagne ; il était roi, il refaisait Versailles, Paris et Saint-Denis ; il était le roi, dans son bureau ; il était l’empereur, l’empereur premier ; il refaisait Waterloo ; ce Napoléon, quel imbécile, comme le disait récemment le général Mirbeau ; demandez les mémoires du général baron Mirbeau ; quand M. […] Par de tels retours suivies historiens antérieurs, notre ami Pierre Deloire croyait bien signifier que les historiens d’aujourd’hui, dont il est, sont devenus modestes ; et peut-être a-t-il raison ; peut-être les historiens, personnellement et comme historiens, sont-ils devenus modestes ; mais je me demande justement si tout l’ancien orgueil ne s’est pas réfugié dans la méthode, agrandi, porté à la limite, à l’infini ; je demande s’il n’est pas vrai que les méthodes scientifiques modernes, transportées en vrac dans l’histoire et devenues les méthodes historiques, exigent de l’historien des facultés qui dépassent les facultés de l’homme.
Qu’il est glorieux pour les hommes, dit Saint Grégoire le Grand, d’être les amis de Dieu ! […] Il, illud, à savoir d’être les amis de Dieu, est combien glorieux pour les hommes ! […] Cher ami. […] Les enfans disent m’amie, & le peuple dit aussi m’amour. […] Dacier traduit ô le brave homme, & le bon ami !
Mon amie, que le Rhin coule en noyant l’anneau de Wagner, que sur le tombeau de René la tempête recouvre à jamais les gémissements d’Atala, que le balcon de Vérone s’abîme et disparaisse avec l’alouette et l’échelle de soie, que m’importe, si je puis, avec vous, dans un caveau secret, vivre et mourir ! […] Celui-ci se marie, épouse une de ses amies précisément, et devient père d’une nombreuse famille. […] C’est quand, durant une soirée masquée, Antoine déclare sa passion à celle qu’il croit être une amie de Grâce, vêtue des mêmes dominos et des mêmes capuchons rabattus sur des loups à longues dentelles : « Antoine m’avait reconnue, s’écrie la jeune femme, il me parlait malgré moi, sa bouche sur ma bouche. […] Un des amis de Mme de la Sablière disait d’elle : « Elle n’a jamais pensé, elle n’a fait que sentir. » Paradoxe évident, où il nous fait voir l’exagération du mot qui s’ingénie à souligner une vérité.
Mézeray, ou l’auteur du pamphlet, qui était du moins de ses amis, y dit des Français : « Ils emportent comme un torrent tout ce qu’ils attaquent, le garde après qui voudra, ils livrent des batailles et emportent de glorieuses victoires, quelque autre en ramasse les fruits… Oh !
C’était dans cette guerre de 1667, entreprise contre l’Espagne pour soutenir les droits de la reine sur les Pays-bas espagnols, et qui fut marquée par une suite ininterrompue de succès et de sièges heureux : « Je ne trouvai dans mon chemin, dit-il, que mes bons, fidèles et anciens amis les Hollandais, qui, au lieu de s’intéresser à ma fortune comme à la base de leur État, voulurent m’imposer des lois et m’obliger à faire la paix, et osèrent même user de menaces en cas que je refusasse d’accepter leur médiation.
Un de mes amis, M.
Je ne vois à mettre en regard, et comme pendant, que certain écran que le cardinal d’Estrées avait donné, il y avait quelques mois, à Madame Royale en manière de surprise, et dont Mme de La Fayette, amie de la Régente, avait soigné les détails et fourni le dessin : « Vous savez, écrivait Mme de Sévigné, la tète pleine de ce galant cadeau, et voulant en donner idée à sa fille (13 décembre 1679), que Madame Royale ne souhaite rien tant au monde que l’accomplissement du mariage de son fils avec l’infante de Portugal ; c’est l’évangile du jour.
Necker refusa et devait refuser ; touché des avances et des instances de l’ambassadeur, il lui répondait très sensément : « L’animadversion est au comble, et je vous demanderais comme mon ami de me retenir, si le désir de me rapprocher de Leurs Majestés et de travailler au bien public me rendait faible un moment ; car je serais sans force et sans moyens si j’étais associé avec une personne malheureusement perdue dans l’opinion, et à qui l’on croit encore néanmoins le plus grand crédit. » Dès ce moment, c’est la reine qui semble tenir le gouvernail, ce n’est plus le personnage d’au-dessus dont elle parlait tout à l’heure, ce n’est plus Louis XVI, qui n’a plus pour rôle que de céder sans cesse et qui se fait prophète de malheur en cédant.
Fox, qui le vit dans le voyage qu’il fit en France, en 1802, écrivait sur son compte à un ami : « Je devrais peut-être aussi faire mention de Villoison, le grand Grec, ne fût-ce que pour sa volubilité qui dépasse toute croyance.
Il a de l’élévation dans l’esprit et des sentiments dans le cœur… » Et l’on peut remarquer, à ce propos, que le maréchal de Noailles avait le talent de ne pas choisir trop mal ses amis : sous la Régence, il avait adopté le chancelier d’Aguesseau et se l’était étroitement attaché et acquis ; en 1743, il poussait le comte de Saxe.
Cela n’empêchait pas les pandours de faire toutes leurs horreurs, et le pauvre peuple d’être affreusement pressuré et pillé par amis et ennemis.
Ce défaut n’avait nullement échappé à ses meilleurs amis.
Traçant dans une ode le portrait idéal du vertueux et du sage, il le termine par ce trait : Jésus-Christ est sa seule foi, Tels seront mes amis et moi.
Hervé et Christel n’avaient pas besoin de confronter longuement leurs âmes, de s’en expliquer la source et le cours : On s’est toujours connu, du moment que l’on aime, a dit un poëte ; mais il est doux de se reconnaître, de faire pas à pas des découvertes dans une vie amie comme dans un pays sûr, de jouir jour par jour de ce nouveau, à peine imprévu, qui ressemble à des réminiscences légères d’une ancienne patrie et à ces songes d’or retrouvés du berceau.
« Selon mes amis du Rouergue, dit-il encore, je pourrais vivre à Milhau avec ma famille dans la plus grande abondance pour 100 louis ; il y a là des familles nobles vivant d’un revenu de 50 et même de 25 louis. » Aujourd’hui à Milhau les prix sont triplés et même quadruplés. — À Paris, telle maison dans la rue Saint-Honoré, louée 6 000 francs en 1789, est louée 16 000 fr. aujourd’hui.
Il en eut une fille unique, à laquelle il donna le nom de Crithéis ; il perdit bientôt sa femme, et, se sentant lui-même mourir, il légua sa fille, encore enfant, à un de ses amis qui était d’Argos, et qui portait le nom de Cléanax.
Et qui saurait que Beaumarchais a fait Eugénie et les Deux Amis, s’il n’avait créé Figaro ?
Il en fait la légende plutôt que l’histoire, malgré ses très sérieuses recherches : maudissant, invectivant, embrassant, bénissant, dressant au-dessus de tous ses ennemis, amis et serviteurs, la sainte figure du peuple, du peuple idéal, terrible, fécond et généreux comme la Nature, toujours grand et toujours pur, quoi qu’il fasse.
Goron, de Saint-Georges de Bouhélier ou même de mon ami Jean-Bernard : « À part l’escarbot merdivore, à part les saints déjà nommés, nul être humain ne barbota dans la crotte avec de pareilles délices. » Certes quand je cite de telles phrases chez Saint-Georges de Bouhélier c’est pour faire connaître par des exemples la manière ordinaire de mon auteur ; ici, je ris d’un accident plutôt rare, mais qui ne serait jamais arrivé au Tailhade ancien.
Je me suis écrié, et j’ai compris alors seulement cette phrase d’une lettre qu’elle écrivait l’an dernier, du fond de son Berry, à une personne de ses amies qui la poussait sur la politique : « Vous pensiez donc que je buvais du sang dans des crânes d’aristocrates ; eh !
Ô vous toutes qui l’avez aimé, et dont quelques-unes sont mortes en le nommant, Ombres adorables, Lucile, dont la raison s’est d’abord troublée pour lui seul peut-être, et vous, Pauline, qui mourûtes à Rome et qui fûtes si vite remplacée, et tant de nobles amies qui auraient voulu, au prix de leur vie, lui faire la sienne plus consolée et plus légère ; vous, la dame de Fervaques ; vous, celle des jardins de Méréville ; vous, celle du château d’Ussé ; levez-vous, Ombres d’élite, et venez dire à l’ingrat qu’en vous rayant toutes d’un trait de plume, il ment à ses propres souvenirs et à son cœur.
Elle s’était rendu compte à l’avance de tout ce néant humain ; elle se dit, en sachant ses ennemis triomphants et ses amis consternés, qu’il n’y avait pas lieu à tant s’étonner ; que ce monde n’était qu’une comédie où il y avait souvent de bien mauvais acteurs ; qu’elle y avait joué son rôle mieux que beaucoup d’autres peut-être, et que ses ennemis ne devaient pas s’attendre à ce qu’elle fût humiliée de ne le plus représenter : « C’est devant Dieu que je dois être humiliée, disait-elle, et je le suis. » Après avoir quitté la France, où Louis XIV mourait et où le duc d’Orléans, qu’elle avait pour ennemi déclaré, devenait le maître, elle alla habiter Rome, son ancienne patrie, la ville des grandeurs déchues et des disgrâces décentes.
Il ne suffit pas d’avoir de bons sentiments, un cœur doux et d’aimer bien sa tendre amie, pour écrire de bons vers libres ; il faut aussi beaucoup de talent et même beaucoup de science.
Du reste, quel Français, ami des lettres et de la gloire de son pays, ne s’empresserait de reconnaître que, parmi nos jeunes écrivains, parmi ceux-là mêmes que l’indiscrétion d’autrui ou leur propre faiblesse a, si je puis parler ainsi, affublés d’un sobriquet étranger, il en est plusieurs qui ont donné des preuves du talent le plus élevé, le plus brillant et le plus varié ?