/ 2810
1780. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IV »

Lamoureux. » Le Figaro ajoutait ces renseignements : Hier matin (lundi), vers onze heures, M.  […] Lamoureux ajouta, en même temps, que le personnel n’avait aucune crainte à avoir, et que les intérêts de chacun seraient absolument sauvegardés. […] Ajoutons enfin les revues non spéciales comme l’Art moderne, la Revue Indépendante, la Revue d’art dramatique, etc.

1781. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre II, grandeur et décadence de Bacchus. »

. — Le Ciel et la Terre ne m’ont-ils pas ajouté une aile de plus ? […] La magie s’ajoute à l’orgie, les hallucinations activent le délire. […] Ses Ménades ajouteront plus tard à leurs noms celui de « Servantes de la mort » : Ditis famulae.

1782. (1902) Propos littéraires. Première série

J’ajoute que M.  […] Volland ajouta : “Meilleure qu’on aurait cru.” […] Il l’a loué magnifiquement plutôt qu’il n’ajoute à ce que nous en connaissions. […] Je m’empresse d’ajouter que j’aime infiniment mieux celui-ci. […] En bref, Rome n’ajoutera rien à la gloire de M. 

1783. (1884) La légende du Parnasse contemporain

Ils disent que je n’ai fait aucune résistance, aucun bruit, que l’humidité du cachot est déjà intolérable et que ce n’est pas la peine d’ajouter une souffrance de plus à celles que j’endure. […] Ajoutez que la renommée lui est venue en même temps que l’accumulation des trésors. […] D’après un historien suisse, Guillaume Tell est une création de l’esprit populaire, et pour ce qui est de Melchtal, il n’y a plus à Berne que les enfants qui ajoutent foi à ses aventures. […] Et si vous n’ajoutez point foi à leur rêverie, vous subirez l’influence pourtant de tout ce que leur rêverie contiendra de bon, de noble, de pur. […] Nous ajouterons les livres aux livres, les drames aux drames, et la renommée des meilleurs ne cessera pas de s’accroître.

1784. (1891) Esquisses contemporaines

Au tarissement des intuitions créatrices, à l’incertitude de l’idéal à poursuivre, s’ajoute l’influence grandissante des littératures étrangères. […] Gréard ajoutent, nous l’avons dit, au tragique de cet exemple. […] À cette différence considérable dans la direction, s’ajoute une différence plus considérable encore dans la méthode. […] Ce n’est donc plus assez de dire : tout n’est que relatif ; il faut ajouter : tout n’est que relation. […] Il faut ajouter Pêcheurs d’Islande, paru postérieurement et que nous jugeons être le maître d’ouvrage de l’auteur.

1785. (1902) Le problème du style. Questions d’art, de littérature et de grammaire

Il le dit, et j’en suis tout ébloui : « Les beautés littéraires sont fixes. » Il ajoute, il est vrai, que leurs formes sont diverses. […]Ajouter des traits frappants. — Surenchérir »), aborde la question de la nature du style. […] Ce livre est tellement personnel, tellement tissé comme avec des fibres nerveuses, qu’on n’a jamais pu y ajouter une page qui ne fit l’effet d’une pièce de drap à une robe de tulle. […] C’est que chaque poète nouveau ajoute une unité au petit auditoire qui écoute volontiers les poèmes inédits. […] On cite ici le texte de Buffon, identique à celui de son collaborateur, sauf deux mots ajoutés.

1786. (1887) George Sand

J’ajoute que, par la force des choses, dans ces épisodes de prédication intermittente, le talent ni le style ne sont plus les mêmes. […] Est-il besoin d’ajouter que l’amour se légitime par lui-même ? […] Au sentiment tout intellectuel de l’admiration l’aspect des campagnes ajoute le plaisir sensuel. […] Toujours un sentiment joue autour du paysage et ajoute à l’infini de la nature l’infini plus mystérieux de l’âme. […] » s’écrie-t-elle sans cesse, et elle ajoute : « Je parle comme si je devais vivre longtemps, et j’oublie que je suis très vieille.

1787. (1914) En lisant Molière. L’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

De même l’avocat fait de longs compliments à Sganarelle, mais encore l’auteur n’en écrit que la moitié et ajoute un « etc. » pour indiquer à l’acteur qu’il peut poursuivre en improvisant. […] J’ajoute qu’il ne faut pas dire tout à fait que le type de Don Juan est inconnu de la littérature antique la plus considérable. […] L’Avare a été très bien traduit par Fielding qui a ajouté plusieurs traits fort heureux, à la pièce de Molière. […] Mais après avoir déclaré l’argument très bon et avoir montré qu’on pouvait même y ajouter, examinons-le en son fond. […] Elle est dans un bonheur absolu et auquel elle ne voit rien à ajouter quand elle a dit : « J’ai eu du succès ce soir » et elle ne demande exactement rien déplus.

1788. (1835) Critique littéraire pp. 3-118

Chaque jour ajoute plusieurs souvenirs à son journal, plusieurs pages à sa correspondance qu’aucune adversité n’interrompt. […] Le successeur de Porus m’écrivait tous les huit jours, etc. » Ajoutons, comme dernier trait à ce tableau, qu’au moment où Jacquemont allait quitter le Punjaub, le successeur de Porus lui proposa très sérieusement la vice-royauté de Cachemyr. […] Un seul homme, le major sir Henri Hall, a opéré ce miracle de civilisation ; et comme je sais que la réflexion suivante doit être agréable à votre cœur et conforme à vos opinions5, j’ajouterai que le major Hall a pu accomplir son admirable expérience sans faire le sacrifice d’une seule vie. […] en mêlant le prosélytisme à la guerre, en déclarant par ultimatum, qu’il sera établi dans les provinces à conquérir un système calculé pour assurer le bonheur du peuple 6 ; j’ajoute que ce système aura pour effet d’augmenter aussi les revenus de la Compagnie dans un temps donné. […] Cette communication inattendue avait réveillé son zèle scientifique ; c’était comme un noble défi d’ajouter par ses observations personnelles aux expériences déjà si décisives de ces deux savants célèbres ; il espérait découvrir au pied des Ghates, et sur leurs croupes, des couches tertiaires et alluviales, et trouver, dans les accidents de leur stratification sur ces montagnes, des éléments supérieurs à toutes les conjectures précédentes pour la solution du problème important de leur âge géologique.

1789. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — III. (Fin.) » pp. 371-393

Il ajouta peu après : « Quand on attaque les conseils, c’est pour renverser celui qui les écoute : quand on veut abattre un arbre, on le déchausse. » Roederer savait ces choses ; il ne les appréciait pas seulement dans leur effet sur le caractère du premier consul, il les jugeait en tenant compte du caractère général des Français. […] Ce directeur imprévu de l’enseignement, qui s’était formé lui-même, qui n’avait point hérité des anciennes traditions classiques, et qui n’était pas non plus du groupe polytechnicien proprement dit, mais homme d’esprit, rempli d’observations et d’idées fines, un peu particulières, se mit aussitôt en devoir de les appliquer : J’avais depuis longtemps remarqué, dit-il, les caractères qui distinguent l’esprit des géomètres et des physiciens, de celui des hommes appliqués aux affaires, et de celui des personnes vouées aux arts d’imagination ; dans les premiers (je ne parle que généralement), exactitude et sécheresse ; dans les seconds, souplesse allant quelquefois jusqu’à la subtilité, finesse allant quelquefois jusqu’à l’artifice ; dans les troisièmes, élégance, verve, exaltation portée jusqu’à un certain dérèglement… Ce que je projetais d’après ces observations, ajoute-t-il, était : 1º de faire marcher de front, dès les plus basses classes des collèges, les trois genres de connaissances, littéraires, physiques et mathématiques, morales et politiques, en mesurant à l’intelligence des enfants dans chaque classe les notions de chaque science ; 2º de faire enseigner dans chaque classe, même les plus basses, les trois sciences par trois professeurs différents, dont chacun serait spécialement consacré à l’une des trois… Le but était défaire cesser le divorce entre les diverses facultés de l’esprit, de les rétablir dans leur alliance et leur équilibre, et d’arriver à une moyenne habituelle plutôt que de favoriser telle ou telle vocation dominante.

1790. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — I. » pp. 235-256

Il sent bien que de tels rapprochements peuvent paraître à d’autres superstitieux ou futiles, et il ajoute qu’il ne les note par écrit que pour lui seul. […] — Et c’est sur cette base-là, ajoute-t-il, qu’a été élevé ensuite tout mon édifice. » Ce fut à la campagne, à la maison d’Athée qui lui venait de sa mère, qu’il éprouva une autre vive impression de lecture ; il vient de parler des jeux de son enfance : J’y ai joui aussi bien vivement, nous dit-il, dans mon adolescence, en lisant un jour dans une prairie à l’âge de dix-huit ans les Principes du droit naturel de Burlamaqui.

1791. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — III » pp. 132-153

L’idéal du bonheur, avec considération et indépendance, s’offre le plus volontiers à ses yeux sous la forme assez bourgeoise d’un juge-consul ou d’un conseiller au Parlement de Paris ; mais il y ajoute certaines conditions supplémentaires qui en font une existence pas du tout ennuyeuse et des plus variées. […] Louis XV, ajoutait-il, par paresse et par trop de flegme, ne travaillera pas beaucoup pour son État, mais ce qu’il fera sera bon, fin et profond. » Ce favorable augure, que justifiait peut-être le bon jugement du prince, avait été bien déjoué depuis par l’abandon et la défaillance de volonté, qui était son grand vice23.

1792. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe, et d’Eckermann »

sa présence enivrait, et chacune de ses paroles semblait élargir le cœur48. » C’est bien là l’effet que produisent en général la lecture et le commerce de Gœthe : étendre les vues ; élargir l’intelligence ; — Eckermann, qui l’a aimé, ajoute : élargir le cœur. […] Ne déracinez pas les pensées sous prétexte de les montrer plus nettes et plus dégagées ; elles y perdent de leur sève et de leur fraîcheur. — Je reviens à la poésie d’après Gœthe, et à ce qui la fait naître et l’alimente : « Que l’on ne dise pas, ajoutait-il, que l’intérêt poétique manque à la vie réelle, car justement on prouve que l’on est poëte lorsque l’on a l’esprit de découvrir un aspect intéressant dans un objet vulgaire.

1793. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. (suite et fin.) »

Michel Nicolas ajoute que le Gouvernement trouva moyen de le punir de ce trop de zèle en le réduisant de commissaire général de quatre départements à n’être que préfet d’un seul. […] Margry, historiographe adjoint de la Marine, de pouvoir ajouter ici quelques extraits des rapports du temps qui viennent à l’appui de nos conclusions sur le rôle de Jean-Bon Saint-André dans les combats de prairial.

1794. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DE LA LITTÉRATURE INDUSTRIELLE. » pp. 444-471

Et moi qui écris ceci, ajoute Pascal… Et moi-même qui écris ceci, doit-on se dire lorsqu’on écrit sur ceux qui écrivent un peu pour vivre. […] Il y a tel écrivain de renom qui exigera (quand il condescend aux journaux) qu’on lui paye deux francs la ligne ou le vers, et qui ajoutera peut-être encore que ce n’est pas autant payé qu’à lord Byron.

1795. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DE BARANTE. » pp. 31-61

Il en est d’autres qui ajouteraient dans quelques points aux informations particulières sur les dissidences des chefs entre eux. […] Un critique historique distingué et modeste17, qui a pu, dans le Globe, entretenir le public jusqu’à six fois, et toujours avec intérêt, des livraisons successives des Ducs de Bourgogne, s’est appliqué à faire ressortir ce qui résultait des divers tableaux en conséquences politiques et en déductions morales sur le caractère des hommes et des temps ; il s’est plu à ajouter au fur et à mesure cette pointe de conclusion que le narrateur précisément se retranchait.

1796. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (6e partie) » pp. 129-176

Elle parlait avec l’abondance et l’éclat de Vergniaud, mais avec cette amertume de colère et cette âpreté de mépris que la passion d’une femme ajoute toujours à l’éloquence du raisonnement. […] Quant à Danton, ajouta-t-il, je sais bien qu’il me fraye la route ; mais il faut qu’innocents ou coupables nous donnions tous nos têtes à la république.

1797. (1892) Boileau « Chapitre II. La poésie de Boileau » pp. 44-72

D’autres fois, le poète ne peut se tenir d’ajouter un trait plaisant à l’image qu’il évoque : c’est comme une intention littéraire en peinture, et cette voix qui veut nous amuser, nous distrait de la contemplation de l’objet qui d’abord avait été seul mis devant nos yeux. […] Il n’a de passion sincère que pour les lettres ; il n’a d’idées personnelles que sur les lettres ; hormis dans les sentiments et les idées que les lettres lui inspireront, incapable d’invention et ne pouvant rien ajouter à son expérience, il ne pourra donc évoquer ou traduire que les sensations de son oreille et de son œil.

1798. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre II. Boileau Despréaux »

Il n’ajoutera rien à sa sensation : car il n’a pas d’imagination ; il réveillera exactement et représentera sa sensation. […] De cette conception du but de l’art, résultent certaines particularités du langage de Boileau ; au vrai, au simple, au naturel, qu’il réclame, s’ajoutent des expressions faites d’abord pour inquiéter : le pompeux, le noble, le fin, l’agrément, l’ornement.

1799. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre IV. Le patriarche de Ferney »

La métaphysique ne tient pas davantage de place dans son œuvre : l’affirmation de Dieu, la négation de la Providence et du miracle, voilà toute la métaphysique de Voltaire ; ajoutez-y ce fameux dada que de longue date il a emprunté à Locke, que Dieu, tout-puissant, a bien pu attribuer à la matière la faculté de pensée. […] A ses vieux griefs contre les Parlements jansénistes s’ajoutait une haine humanitaire contre les traditions surannées de ces corps, contre leur légèreté, leur présomption, contre leur égoïste indifférence, et la préférence qu’ils donnaient à leurs intérêts collectifs sur l’intérêt de la justice ou des particuliers : aussi applaudit-il des deux mains au coup d’État de Maupeou, à l’institution des nouveaux Conseils qui promettaient une justice plus rapide, plus sûre, plus humaine.

1800. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les poètes décadents » pp. 63-99

« La suite est connue… « Mais il convient d’ajouter à ces notes biographiques sommaires que Baju, indépendamment de son très réel mérite personnel, de son intelligence et de son énergie des plus remarquables, existe littérairement surtout par le journal le Décadent (second semestre de 1886) et la brochure l’École décadente (juillet 1887). […] Déchaînés aussi, mais liturgiques, sur les dômes et par les vals, que le tympanon et la saquebute ; que les cymbales clair-sonnantes et les harpes funéraires ; que le psaltérion décacorde ; que la viole d’amour et les orgues de douleur ; que les flûtes onaniaques des ithyphalliques adônies ; que les trompettes écarlates, les buccins de pourpre et de sinople, les tubas ; que les clairons vermeils ; que les hautbois agrigentins ; que le tambour des Mimallonnes où s’effare l’Evohé ; que le cri des Thyades et le rugissement des panthères ; que la fureur des Béhémoth et le souffle du Léviathan ; que l’onagre et l’étalon gorgé de chair humaine ; que la licorne et l’unicorne ; que l’hircocerf et le caprimulge ; que le guivre et l’alérion ; que l’âne priapique aux dons joyeux, vocifèrent la louange de ce poète bien venu… » Ce faire-part de naissance continuait longtemps sur ce ton et le Timbalier ne manquait pas d’ajouter : « Par un jeu coutumier à la professionnelle modestie, l’Auteur, exposa naguère, sous des noms aimés, ses poèmes, aveuglants joyaux, curieux de savoir, peut-être, ce que la vitre du pseudonyme interposée entre son œuvre et lui absorbait de rayons.

1801. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Huet, évêque d’Avranches, par M. Christian Bartholmèss. (1850.) » pp. 163-186

« Je puis donc dire, ajoutait Huet, que j’ai vu fleurir et mourir les Lettres, et que je leur ai survécu. » Ce qu’il disait là, ce n’était point par esprit chagrin, ni en qualité de vieillard qui dénigre le présent et se plaît à glorifier le passé ; personne n’eut l’esprit plus uni, plus égal et moins chagrin que Huet. […] » Ajoutons que si Huet put avoir dans un temps cette pensée ou porte de derrière, il en usa si peu, qu’elle finit par se condamner d’elle-même et par être en lui comme si elle n’était pas.

1802. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Gil Blas, par Lesage. (Collection Lefèvre.) » pp. 353-375

Le Diable boiteux, pour le titre, le cadre et les personnages, est pris de l’espagnol ; mais Lesage ramena le tout au point de vue de Paris ; il savait notre mesure ; il mania son original à son gré, avec aisance, avec à-propos ; il y sema les allusions à notre usage ; il fondit ce qu’il gardait et ce qu’il ajoutait dans un amusant tableau de mœurs, qui parut à la fois neuf et facile, imprévu et reconnaissable. […] On se dit « qu’une grande âme doit contenir plus de douleurs qu’une petite » ; et on ajoute tout bas qu’on pourrait bien être cette grande âme.

1803. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame Émile de Girardin. (Poésies. — Élégies. — Napoline. — Cléopâtre. — Lettres parisiennes, etc., etc.) » pp. 384-406

Ajoutons vite que si elle se dit fière et orgueilleuse, que si elle se sait belle, et que si elle se regardait souvent, elle restait gaie, franche d’abord, sans grimace aucune, vive et même naïve dans les mouvements, bonne enfant, disent tous ceux qui l’ont connue alors (Lamartine disait bien d’elle un jour : C’est un bon garçon ! […] Un grand sage, Confucius, disait, et je suis tout à fait de son avis quand je lis nos écrivains à belles phrases quand j’entends nos orateurs à beaux discours, ou quand je lis nos poètes à beaux vers : « Je déteste, disait-il, ce qui n’a que l’apparence sans la réalité ; je déteste l’ivraie, de peur qu’elle ne perde les récoltes ; je déteste les hommes habiles, de peur qu’ils ne confondent l’équité ; je déteste une bouche diserte, de peur qu’elle ne confonde la vérité… » Et j’ajoute, en continuant sa pensée : Je déteste la soi-disant belle poésie qui n’a que forme et son, de peur qu’on ne la prenne pour la vraie et qu’elle n’en usurpe la place, de peur qu’elle ne simule et ne ruine dans les esprits cette réalité divine, quelquefois éclatante, d’autres fois modeste et humble, toujours élevée, toujours profonde, et qui ne se révèle qu’à ses heures.

1804. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Correspondance entre Mirabeau et le comte de La Marck (1789-1791), recueillie, mise en ordre et publiée par M. Ad. de Bacourt, ancien ambassadeur. » pp. 97-120

Vous ne m’avez encore rien dit. » Ils renouèrent en quelques mots : « Avec un aristocrate comme vous, ajouta Mirabeau, je m’entendrai toujours facilement. » Au premier dîner qu’ils firent ensemble, tête à tête, Mirabeau débuta en disant : « Vous êtes bien mécontent de moi, n’est-ce pas ?  […] » Une fois même, poussé à un état d’exaspération plus violent que de coutume, il s’écria : « Tout est perdu ; le roi et la reine y périront, et vous le verrez : la populace battra leurs cadavres. » — Il remarqua, ajoute M. de La Marck, l’horreur que me causait cette expression. « Oui, oui, répéta-t-il, on battra leurs cadavres ; vous ne comprenez pas assez les dangers de leur position ; il faudrait cependant les leur faire connaître. » Après les journées des 5 et 6 octobre qui amenèrent le roi et la reine captifs à Paris, journées auxquelles, malgré d’odieuses calomnies, il ne prit aucune part que pour les déplorer et s’en indigner, Mirabeau, sentant que la monarchie ainsi avilie aurait eu besoin de se relever aussitôt par quelque grand acte, dressa un mémoire qu’on peut lire à la date du 15 octobre 1789.

/ 2810