Il a déshonoré autant qu’il étoit en lui, à force de passions & de vices, & les belles-lettres qu’il entendoit parfaitement, & le saint chrême qu’il avoit malheureusement reçu. » Partout il s’attira des affaires terribles.
Concluons donc que c’est au changement des affaires humaines, à un autre ordre de choses et de temps, à la difficulté de trouver des routes nouvelles en morale, en politique et en philosophie, que l’on doit attribuer le peu de succès des modernes en histoire ; et, quant aux Français, s’ils n’ont en général que de bons mémoires, c’est dans leur propre caractère qu’il faut chercher le motif de cette singularité.
Et c’est aussi un petit livre, à l’adresse de cette société détournée des choses littéraires, qui se rue au gain avec une ardeur famélique, et qui ne lit plus, par suite d’affaires, comme dit si comiquement le vieux Turn-Penny dans le Redgauntlet.
Nous avons déjà traité séparément de toutes ces choses dans plusieurs endroits de cet ouvrage ; nous montrerons ici l’ordre qu’elles suivent dans le cours des affaires humaines.
Cardan, Pic de la Mirandole, Scaliger, ces colosses de science, ou mieux, pour parler comme notre auteur, ces preux de pédanterie, aussi merveilleux et plus vrais que ceux de la Table-Ronde, étaient donc les maîtres familiers de Naudé et les rudes jouteurs auxquels avait affaire incessamment son adolescence. […] Par une attention touchante et qui ne pouvait venir que de lui, sachant la sauvagerie de bien des gens de lettres, il avait fait pratiquer une porte particulière afin de leur éviter l’embarras d’avoir affaire aux grands laquais de l’hôtel et de passer même devant eux, ce qui en pouvait effaroucher quelques-uns233. […] Courier, avec son fameux pâté sur le manuscrit de Longus, sut ce que c’est que d’avoir affaire à des pédants antiquaires et chambellans ; Naudé, si prudent, si modéré, apprit bientôt à ses dépens ce que c’est que d’avoir affaire à des pédants, de plus théologiens, surtout à un Ordre tout entier et à des moines. […] On peut voir, si l’on veut, sur cette sotte et désagréable affaire, la Bibliothèque critique de Richard Simon, tome Ier, et aussi le tome Ier, des Ouvrages posthumes de Mabillon.
Cette administration mélangée ne pouvait être défavorable à Swift, qui se déclarait Whig en politique et Tory en affaires religieuses ; qui, d’une part, se disait dévoué à la succession protestante et aux libertés nationales, et qui, de l’autre, défendait les intérêts de la Haute-Église6 contre la Basse-Église7, alliée des Whigs et contre les Dissidents8. […] Il la discutait comme une affaire, sans voir qu’on la respectait comme une croyance. […] On se plaint de l’observation du dimanche, mais on oublie l’utilité des églises pour les marchés, les rendez-vous d’affaires et d’amour, et surtout le sommeil. […] Mais Wood est appuyé par les Anglais, il veut imposer cette monnaie ; il la fera donner en solde à l’armée et alors il croira son affaire faite « et ce sera pour vous, dit Swift, une grande difficulté, car le soldat ira offrir cette monnaie au marché et au cabaret, et si on la refuse, il menacera de tout ravager, de battre le boucher et la cabaretière, et prendra les marchandises en vous jetant la pièce fausse. […] En vain le gouvernement fit-il publier l’excellent rapport des Lords du conseil privé sur l’affaire de Wood45, réfutation plus que suffisante des Lettres du Drapier.
Il aurait suffi que la Banque de France fût autorisée à avancer un million à la maison Récamier, avance en garantie de laquelle on donnerait de très bonnes valeurs, pour que les affaires suivissent leur cours heureux et régulier ; mais, si ce prêt d’un million n’était pas autorisé par le gouvernement, le lundi suivant, quarante-huit heures après le moment où M. […] Récamier fit à ses créanciers l’abandon de tout ce qu’il possédait, et reçut d’eux un témoignage honorable de leur confiance et de leur estime : il fut mis par eux à la tête de la liquidation de ses affaires. […] Il voulait aller au congrès de Vérone, qui se préparait, pour traiter les affaires d’Italie. […] » « L’affaire est faite !
Il faut ajouter que Chabrillat avait risqué deux ou trois fois sa vie dans la journée pour ne pas perdre un détail de l’affaire, et il y avait là un mélange de crânerie, de fantaisie, de courage, d’ironie et de bêtise qui est très caractéristique de la presse et du boulevard vers 1885. […] Cette affaire fit beaucoup de bruit à cette époque. […] Les membres du cercle, les membres sérieux, ceux qui jouaient et exerçaient une profession, les gens d’affaires, déjeunaient à onze heures, puis ils allaient à la Bourse ; à midi et demi ou une heure, arrivaient les oisifs, couchés tard, ayant joué au baccara une partie de la nuit, éreintés. […] Elle sera actrice, c’est une affaire entendue.
Le public les dédaigne, il les feuillette d’un doigt distrait, et passe outre pour aller à ses affaires ! […] Quand un homme s’arrête sur le chemin de ses affaires et demande à lire, la librairie lui offre, faute de mieux, le dernier volume qui vient de paraître ; l’homme le prend, remporte et le lit. […] Suivez bien ses phrases ampoulées, développez ses traînantes périphrases, soulevez ses images vieillies, et vous trouverez quelques pauvres allusions qu’on débite courageusement, car il n’y a pas de danger à les dire ; vous y verrez à chaque phrase, à chaque mot, l’éloge du temps où il avait voix délibérative dans les affaires du pays ; vous y sentirez, cachée sous des réticences, l’attaque envieuse contre tout ce qui est jeune, contre tout ce qui vit, contre tout ce qui a de l’avenir ; c’est la malédiction de la mort contre la vie ; c’est l’exaltation de tout ce qui est médiocre, mesquin, incolore, ordinaire, connu, ressassé, pauvre et croulant ! […] À quoi bon, en effet, s’occuper de choses immortelles, lorsqu’on peut si bien bavarder inutilement sur ses petites affaires particulières ?
Nous croyons avoir affaire au recommencement intégral d’une ou de Plusieurs minutes de notre passé, avec la totalité de leur contenu représentatif, affectif, actif. […] Janet a étudiés d’une manière si originale : le sujet, dérouté par ce qu’il y a d’incomplètement réel et par conséquent d’incomplètement actuel dans sa perception, ne sait trop s’il a affaire à du présent, à du passé, ou même à de l’avenir. […] Or un moment arrive, sans doute, où vous ne pouvez plus dire si vous avez affaire à une sensation faible que vous éprouvez ou à une sensation faible que vous imaginez, mais jamais l’état faible ne devient le souvenir, rejeté dans le passé, de l’état fort. […] C’est donc à peine si l’on peut parler ici d’illusion, puisque la connaissance illusoire est l’imitation d’une connaissance réelle, et que le phénomène auquel nous avons affaire n’imite aucun autre phénomène de notre expérience.
Quand ils virent ces hauts murs et ces riches tours dont elle était close, et ces riches palais et ces hautes églises dont il y avait tant que personne ne l’eût pu croire, s’il ne l’eût vu proprement à l’œil ; et quand ils virent le long et le large de la ville, qui de toutes les autres était souveraine, sachez qu’il n’y eut homme si hardi à qui la chair ne frémît par tout le corps ; et ce ne fut merveille s’ils s’en effrayèrent, car jamais si grande affaire ne fut entreprise d’aucunes gens depuis que le monde fut créé. […] Et quant au caractère même de l’homme, du guerrier si noblement historien, je dirai pour conclure : Villehardouin, tel qu’il apparaît et se dessine dans son Histoire, est bien un homme de son temps, non pas supérieur à son époque, mais y embrassant tous les horizons ; preux, loyal, croyant, crédule même, mais sans petitesse ; des plus capables d’ailleurs de s’entremettre aux grandes affaires ; homme de conciliation, de prudence, et même d’expédients ; visant avec suite à son but ; éloquent à bonne fin ; non pas de ceux qui mènent, mais de première qualité dans le second rang, et sachant au besoin faire tête dans les intervalles ; attaché féalement, avec reconnaissance, mais sans partialité, à ses princes et seigneurs, et gardant sous son armure de fer et du haut de ses châteaux de Macédoine ou de Thrace des mouvements de cœur et des attaches pour son pays de Champagne.
Dès son entrée au barreau, il fut reconnu de tous, dit Saumaise, « facile aux affaires, subtil aux conseils, fertile aux raisons, haut à parler et profond à écrire ». […] Toute cette première partie de la carrière parlementaire et politique de Jeannin est pour nous d’un intérêt secondaire, et a été éclipsée par la seconde moitié, dans laquelle il appartient non plus à sa province, mais aux affaires de la France et de l’Europe : il n’y arriva cependant que formé par ce long apprentissage.
Ce qui est certain, c’est qu’ayant affaire à un adversaire digne de le comprendre, sans aucune stipulation directe il se vit traité par lui sur le pied qu’il avait souhaité ; le dimanche matin, 22 avril (1555), il fut reçu au sortir de la ville par le marquis de Marignan et par toute cette armée, non comme un vaincu, mais comme un héros et le plus noble des compagnons : Les trois mestres de camp des Espagnols me vinrent saluer, et tous leurs capilaines. […] Malgré sa dureté de nature, dans toute cette affaire de Sienne et dans les actes qui s’y consomment, Montluc n’est point inhumain.
Il commence ce pèlerinage, qui asurtout pour objet la Suisse catholique, par une diatribe violente contre Genève, où l’on célébrait, quand il ypassa, l’inauguration de la statue de Jean-Jacques, un sujet tout trouvé d’anathème : « Tristes fêtes dont nous n’osons plus rire, s’écrie l’auteur, quand nous songeons qu’il est une autre vie et que probablement ce malheureux Rousseau, mort dans l’hérésie, sans sacrements et, selon toute apparence, sans repentir, a plus affaire à la justice de Dieu qu’à sa clémence… » Je laisserais ce passage et le mettrais sur le compte de la jeunesse, si les mêmes sentiments d’exécration ne revenaient sans cesse sous la plume de l’auteur ; si, dans ces volumes de Çà et Là où il y a de charmants paysages et de beaux vers pleins de sensibilité, je ne voyais, lors d’une nouvelle visite à Genève (chapitre Du Mariage et de Chamounix), la même répétition d’injures contre la statue et les mêmes invectives contre les Genevois en masse. […] L’auteur a mis là, sous forme dramatique, ses observations de journaliste en province ; il a réuni tous les personnages plats et ridicules auxquels il a eu affaire, dans un chef-lieu idéal qu’il appelle Cignac.
En vain, quand l’affaire s’entame, essaye-t-il de se justifier, tout en se confessant coupable à demi : elle oppose une vigoureuse duplique à sa réplique ; elle veut en avoir raison une bonne fois. […] Voilà comme nous disposons de vos affaires. » On avait rayé tout cela comme trop vulgaire, trop domestique, et trop peu fait pour les jolies petites bouches du xviiie siècle ; — et ceci encore, qui est dans la même lettre : « Votre petite devient aimable, on s’y attache.
Les Carthaginois effrayés leur envoyèrent des vivres ; le Sénat leur dépêchait chaque jour de nouveaux parlementaires et cédait en détail à toutes leurs demandes : pour régler le gros de l’affaire, on convint de s’en remettre à Giscon, ce même général qui avait commandé les étrangers en Sicile, qui savait, aussi bien qu’Hamilcar, leurs services et leurs exploits, et qui avait plus de prise sur eux qu’Hannon général de l’intérieur. Giscon était près de réussir dans la composition qui se négociait, lorsque deux hommes dont l’histoire a conservé les noms se jetèrent à la traverse : un certain Campanien nommé Spendius, autrefois esclave chez les Romains, homme fort et hardi jusqu’à la témérité, et qui craignait, si les affaires s’arrangeaient, d’être rendu à son maître comme fugitif ; et un certain Mathos, Africain, qui, engagé dans la première sédition, avait tout intérêt à pousser les choses à l’extrémité.
Frédéric, le royal historien, trop peu apprécié chez nous, raconte, qu’au moment le plus critique de ses affaires, après Kloster-Zeven et avant Rosbach, obligé d’avoir recours à tout, d’employer la ruse et la négociation, il envoya à Richelieu un colonel Balbi déguisé en bailli. […] Il ne fit que suivre le courant de l’opinion publique en se mettant du parti contraire à la Cour dans l’affaire des Parlements et en s’abstenant de paraître à la séance royale pour le Parlement-Maupeou.
Mais quand la fluctuation des idées ramène les affaires au point juste et possible, la puissance, la considération de l’esprit de parti est finie, le monde se rassoit sur ses bases ; l’opinion publique honore la raison et la vertu ; et cette époque inévitable peut se calculer comme les lois de la nature ; il n’y a point de guerre éternelle, et point de paix cependant sous la dictée des passions, point de repos sans accord, point de calme sans tolérance, point de parti donc qui, lorsqu’il a détruit ses ennemis, puisse satisfaire ses enthousiastes. […] Tout homme extrême dans son parti n’est jamais propre à gouverner, les affaires de ce parti, lorsqu’il cesse d’être en guerre ; et la haine que les opposants portaient à la cause, prend la forme du mépris pour ses plus criminels défenseurs.
Pour y réussir, comme dans le vers classique, et dans toutes les proses, il n’est point de métrique, ou, si vous préférez, de rhétorique qui tienne ; c’est l’affaire du seul talent. […] Dès lors le fossé se creusa profond et sombre entre la petite troupe des intellectuels et la masse mal fortifiée par la préparation d’un baccalauréat pénible, puis débilitée par les soucis d’affaires ou mondains.
Si vous avez affaire à une nature fine, délicate et sensitive, l’enfant ne se laissera toucher que par ce qui convient à sa propre sensibilité et est susceptible de l’intéresser ; si vous avez affaire à une nature apathique et flegmatique, l’appel au sentiment restera lettre morte.
Il ne me reste plus qu’à jeter mes vues ailleurs, si toutefois… mais saurons-nous jamais le dernier mot de cette affaire ? […] N’oublions pas que Racine faillit être impliqué dans un procès de sorcellerie, qu’on l’accuse d’avoir pris part à l’affaire des messes noires, au temps de la Montespan, ce qui lui valut la disgrâce royale et que Victor Hugo, adepte du spiritisme, se plaisait à faire tourner les tables à Guernesey, ce qui démontre une fois de plus la pente irrésistible du génie à s’égarer dans les avenues du mystère.
Après le dîner, Mme Récamier sortit et voulut voir Fouché, qui refusa de la recevoir, « de peur d’être touché, disait-il, et dans une affaire d’État ». […] Elle justifiait bien par sa douce influence auprès de lui le mot de Bernardin de Saint-Pierre : « Il y a dans la femme une gaieté légère qui dissipe la tristesse de l’homme. » Et ici à quelle tristesse elle avait affaire !
L’auteur a eu affaire ici à une vie très belle, très pure et très uniment développée, même à travers les orages ; il s’est plu à l’exposer avec charme, avec étendue et lumière, et à composer une grande biographie de Moyen Âge, qui, cette fois, est faite pour plaire à bien des esprits, pour désarmer (tant M. de Rémusat y a mis d’impartialité et de réserve !) […] Lorsqu’il eut été élu malgré lui archevêque de Cantorbéry le 6 mars 1093, pendant un voyage qu’il faisait en Angleterre (l’Angleterre alors et la Normandie n’étaient presque qu’un même pays depuis la conquête), Anselme ne trouva point en lui toutes les qualités et les ressources nécessaires à sa position nouvelle ; en gardant toutes ses vertus, il ne sut point les armer suffisamment pour les conflits et les combats du siècle ; cette haute dignité ecclésiastique de primat d’Angleterre, à laquelle il dut un surcroît de célébrité, un mélange d’éclat et de disgrâce, deux exils, des retours triomphants et bénis, et finalement sa canonisation peut-être, cette haute dignité nous le montre plutôt inférieur à lui-même et dépaysé dans les affaires, craintif, obstiné et indécis, débile sinon d’âme, du moins de caractère.
Après la mort de ce digne soutien de l’art de prêcher, ils eurent affaire à Nicole & au P. […] Quand je fais un sermon, disoit-il encore, j’imagine qu’on me consulte sur une affaire ambigue.
Le poëme de Sidonius Apollinaris, qui a pour titre, Narbonne , et qui est adressé à Consentius citoïen de cette ville-là, fait foi que plusieurs pantomimes joüoient leurs pieces sans prononcer un seul mot. " Sidonius y dit à son ami : lorsqu’après avoir terminé vos affaires vous alliez vous délasser au théatre, tous les comédiens trembloient devant vous. […] Un romain qui veut parler en secret à son ami d’une affaire importante, ne se contente pas de ne se point mettre à portée d’être entendu ; il a encore la précaution de ne se point mettre à portée d’être vû, craignant avec raison que ses gestes et que les mouvemens de son visage ne fissent deviner ce qu’il va dire.