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577. (1949) La vie littéraire. Cinquième série

Il disait : « J’ai été vaincu par Dieu !  […] Il avait offensé Dieu, dans la personne de Louis. […] tout en moustaches et ne croyant ni à Dieu ni au diable. […] Et que Dieu te juge, si tu agis contre sa loi !  […] Dieu sait si vous l’admirez, celui-là !

578. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Malherbe »

Et quel plaisir encore à leur courage124 tendre, Voyant Dieu devant eux en ses bras les attendre, Et pour leur faire honneur les Anges se lever ! […] Les perfides et les rébellions avaient des récompenses, et Dieu sait si, après cela, il fallait douter qu’elles n’eussent des imitateurs ! […] Dieu nous conserve l’un et l’autre 1 Je ne crois pas qu’il y ait homme de bien en France qui ne fasse le même souhait. […] Quittons ces vanités, lassons-nous de les suivre ;         C’est Dieu qui nous fait vivre,         C’est Dieu qu’il faut aimer. […] Ne savez-vous pas que la diversité des opinions est aussi naturelle que la différence des visages, et que vouloir que ce qui nous plaît ou déplaît plaise ou déplaise à tout le monde, c’est passer des limites où il semble que Dieu même ait commandé à sa toute-puissance de s’arrêter ?

579. (1880) Goethe et Diderot « Gœthe »

Il y a sur Dieu, dans Faust, quand Faust parle de Dieu à Marguerite, le sublime du naturalisme ; mais c’était le super-sublime du surnaturalisme qu’il fallait. […] Il s’était même brouillé avec Jacobi, l’auteur des Choses divines, parce que Jacobi croyait que la Nature cachait Dieu, tandis que lui, Gœthe, croyait que la Nature était dans Dieu et Dieu dans la Nature, ce qui est le panthéisme indou aussi bien que le panthéisme allemand. Le Dieu-Nature, qui ne fait comprendre ni la Nature ni Dieu, il l’accepta, sans bien s’en rendre compte (il n’en était pas capable), comme une solution qui mettait à jamais son esprit en repos ; mais c’est trop lui faire honneur que de croire qu’il fût autrement spinoziste. […] Le seul chagrin de la vie de Gœthe, de cet insolent de bonheur, de ce Nabuchodonosor qui resta sur pied et à qui Dieu n’a pas fait manger l’herbe à laquelle il avait droit, a été le peu de succès de sa Critique de Newton et le mépris dans lequel elle est tombée. […] Il l’avait trouvée trop difficile à couper, et elle était restée sur les épaules immortelles où Dieu l’avait mise, comme un phare de lumière inextinguible pour tous les envieux de l’avenir.

580. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXIXe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe (2e partie) » pp. 161-232

Les joies de l’enfance et les joies de Dieu dans un même cœur ! […] Dieu ! […] Dieu ! […] Justice de Dieu, je m’abandonne à toi ! […] , le monde physique comme le monde moral avait commencé par un état plus parfait, plus pur et plus lumineux, par un Éden dans lequel l’homme naissant avait entendu les confidences de Dieu par des révélateurs divins.

581. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre II. Attardés et égarés »

Henri IV est un renégat, et le crime de Ravaillac est un jugement de Dieu. […] Dans le champ qu’il veut couvrir de ses couleurs, D’Aubigné trace sept compartiments : les Misères, composition générale qui rassemble sous les yeux toutes les iniquités et toutes les hontes ; les Princes, où les figures des rois persécuteurs, le féroce et le coquet ressortent avec une admirable énergie ; la Chambre Dorée, où la justice des magistrats étale ses horreurs ; les Feux, qui sont comme les annales du bûcher, le martyrologe de la Réforme depuis Jérôme de Prague et depuis les Albigeois ; les Fers, tableaux des guerres et des massacres ; les Vengeances, où apparaissent les jugements de Dieu sur les ennemis d’Israël et de l’Évangile, sur Achab et sur Néron, tout un passé sinistre qui répond de l’avenir ; enfin le Jugement, où le huguenot vaincu, déchu de toutes ses espérances terrestres, assigne les ennemis de sa foi, les bourreaux, les apostats, devant le tribunal de Dieu, à l’heure de la Résurrection. […] Vaincu, il a été dispensé de traduire en détestables faits ses passions et ses vengeances ; il a dû tourner ses yeux au ciel, remettre à Dieu de récompenser et de punir ; la défaite a ouvert, élevé son âme dure, elle y a mis, avec les larmes et les tendres regrets, la foi sereine, l’amour confiant, l’espérance et la soif de la justice. De là les fortes parties des Tragiques : cette sorte de psaume où le croyant appelle son Dieu, et crie vers lui pour qu’il se montre et se venge ; ces chants de triomphe en l’honneur des martyrs qui ont vaincu l’iniquité, les tourments et la mort ; ces scènes d’épopée lyrique qui placent d’Aubigné entre Dante et Milton, celle où la Justice et la Paix portent leurs plaintes à Dieu, celle surtout qu’a dictée à la fin le désespoir de l’irrémédiable défaite, quand, à la trompette de l’Ange, les morts s’éveillent, les éléments de la nature viennent témoigner de l’infâme abus qui a tourné entre les mains des hommes les excellentes oeuvres de Dieu en instruments d’injustice ; et Dieu, appelant les élus, qui ont souffert pour lui, aux délices éternelles, envoie les maudits aux gouffres ténébreux d’où il ne sort Que l’éternelle soif de l’impossible mort. […] Il fut difficile aussi de parler à ce public de ce qui n’était pas lui : et par là la matière littéraire se restreignit encore ; l’homme, mais l’homme de la société, soumis aux rapports, aux lois, aux accidents sociaux, ayant affaire un peu a Dieu, beaucoup aux hommes, nullement à la nature, fut l’original nécessaire de tous les portraits.

582. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hugo, Victor (1802-1885) »

. — Dieu (1891). — Toute la lyre, 2e série (1893) […] Il lui vient l’ambition d’être comme Didier la voit. — Chose profonde : le croyant fait le Dieu ! […] Voltaire, au nom d’un admirable bon sens, proclame que l’on blasphème Dieu quand on croit servir sa cause en prêchant la haine. […] Que sa folie lui serve d’excuse devant Dieu. […] Une page, grand Dieu !

583. (1914) Note sur M. Bergson et la philosophie bergsonienne pp. 13-101

La faute de l’homme fait manquer Dieu même. […] Quand l’homme manque Dieu, Dieu manque l’homme. […] Il est presque permis de se demander si l’expérience n’est point venue au devant de lui jusqu’au commencement de Dieu. […] De Dieu, il n’y a eu qu’une incarnation, et des idées même il y a bien peu d’incorporations. […] Il n’y a pas plus de philosophie contre la raison qu‘il n’y a de bataille contre la guerre, d’art contre la beauté, de foi contre Dieu.

584. (1927) Approximations. Deuxième série

Et cependant la paix ne correspond-elle pas à tout l’entre-deux entre la joie jaculatoire et l’anéantissement devant Dieu ? […] S’il n’y a pas ici de point d’arrivée, ne serait-ce pas parce que Dieu — l’unique point d’arrivée pour cette âme — fut aussi son point de départ ? […] Car en cette âme — provisoirement désaffectée — si l’amour jette une flamme si vive, c’est que l’amour lui est alors un absolu, qu’Aimée lui tient lieu de Dieu, — oh ! […] La seule différence est que dans un cas l’homme s’oppose à l’absence de Dieu tandis que dans l’autre il s’oppose à Dieu lui-même (en un sens, c’est pire !) […] Venait-elle « relever Dieu pendant les intervallesjs » ?

585. (1907) Jean-Jacques Rousseau pp. 1-357

Dieu sait pourtant s’il a besoin d’être défini ! […] Voltaire en paraissant toujours croire en Dieu n’a réellement jamais cru qu’au diable, puisque son Dieu prétendu n’est qu’un être malfaisant qui, selon lui, ne prend de plaisir qu’à nuire. […] Et le moment est venu aussi de lui faire connaître Dieu. […] — Le vicaire croit du moins à la formation et à la mise en ordre du monde par Dieu. Et Dieu ?

586. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre premier. Aperçu descriptif. — Histoire de la question »

» La phrase citée par Egger clôt la troisième objection initiale : « La prière doit être présentée à Dieu dans le secret, dit le Seigneur (Mt 6,6) : ‘Lorsque tu pries, entre dans ta chambre, ferme la porte et prie ton Père dans le secret.’ […] La Logique de Bossuet (publiée en 1827) a dû être composée, comme le Traité de la connaissance de Dieu (publié en 1722), vers 1675. […] Ailleurs (Instr., VII, 16), Bossuet admet une « oraison passive » ; alors, dit-il, « Dieu tient l’école du cœur, où il se fait écouter en grande tranquillité et en grand silence » ; ce sont là des métaphores ; sauf que la quiétude remplace l’élan, Bossuet décrit toujours le même état ; il ne prétend pas qu’un discours de Dieu remplace la parole intérieure personnelle. […] I, p. 122 à 125 : vues empruntées à de Bonald et à Bossuet, Connaiss. de Dieu et de soi-même. […] Locke par les mêmes principes par lesquels ce philosophe démontre l’existence et l’immatérialité de Dieu (1747) et Défense du sentiment du P.

587. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIIe entretien. Madame de Staël. Suite. »

On peut citer des strophes admirables dans quelques-unes de nos odes ; mais y en a-t-il une entière dans laquelle le Dieu n’ait point abandonné le poëte ? […] « Ma fille, lui dit-il avec une voix émue, que la bénédiction de Dieu soit avec toi. Aimable et vertueux enfant, que la bénédiction de Dieu t’accompagne sur la terre et dans le ciel. […] Je vais bientôt reposer sans regret ma tête blanchie dans le tombeau de mes pères, car ma fille est heureuse ; elle l’est, parce qu’elle sait qu’un Dieu paternel soigne notre âme par la douleur comme par le plaisir. […] Mais bientôt, réprimant mes larmes, j’élèverai vers le ciel mes mains suppliantes, et je me prosternerai devant la volonté de Dieu qui commande à la femme de quitter sa mère et son père pour suivre son époux.

588. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Geoffroy de Villehardouin. — I. » pp. 381-397

Le doge s’entendait à ménager ses effets, et à mettre en jeu ce qui restait du fonds démocratique dans le gouvernement vénitien de cette date : Quand la messe fut dite, le duc manda les députés, et leur dit, pour l’amour de Dieu, qu’ils priassent le commun peuple d’octroyer ce qui était convenu. […] Alors, Geoffroy de Villehardouin, le maréchal de Champagne, prit la parole par l’accord et par la volonté des autres, et commença à dire en telle manière : « Seigneurs, les barons de France les plus hauts et les plus puissants nous ont vers vous envoyés, et vous crient merci pour qu’il vous prenne pitié de la cité de Jérusalem, qui est en servage des mécréants, et pour que vous vouliez, en honneur de Dieu, les aider à venger la honte de Jésus-Christ ; et par ce motif vous ont-ils choisis qu’ils savent bien que nulle nation, ni gent qui soit sur mer, n’ont si grand pouvoir comme vous avez, et en partant nous commandèrent que nous eussions à en tomber à vos pieds, et de ne point nous en relever que vous ne l’ayez accordé. » « Et alors les six députés s’agenouillèrent, pleurant beaucoup ; et le doge et tous les autres commencèrent à pleurer de la pitié qu’ils en eurent, et s’écrièrent tous d’une voix, et tendant les mains en haut : « Nous l’octroyons ! […]  » Là y eut si grand bruit et si grande noise qu’il semblait vraiment que toute terre tremblât ; et quand ce bruit fut apaisé, Henri (Dandolo), le bon duc de Venise, monta au lutrin et, parlant au peuple, leur dit : « Seigneurs, voilà un très grand honneur que Dieu nous fait, quand les meilleurs et les plus braves gens du monde ont négligé toute autre nation et ont requis notre compagnie pour une si haute cause que la vengeance de Notre-Seigneur. » Cette scène si parlante et si pathétique, précédée par un traité de commerce et de conquête en commun, si bien conçu et si sagement combiné, peint l’esprit d’un gouvernement et d’un peuple. […] Si vous vouliez octroyer que mon fils demeurât dans le pays en ma place pour le garder et gouverner, je prendrais maintenant la croix et irais avec vous vivre ou mourir, selon ce que Dieu m’aura destiné. » À ces nobles paroles du vieillard un grand cri s’éleva et l’acclamation publique répondit. […] Dieu !

589. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Jean-Baptiste Rousseau »

Tantôt, flottant entre un passé gigantesque et un éblouissant avenir, égarée comme une harpe sous la main de Dieu, l’âme du prophète exhalera les gémissements d’une époque qui finit, d’une loi qui s’éteint, et saluera avec amour la venue triomphale d’une loi meilleure et le char vivant d’Emmanuel ; tantôt, à des époques moins hautes, mais belles encore et plus purement humaines, quand les rois sont héros ou fils de héros, quand les demi-dieux ne sont morts que d’hier, quand la force et la vertu ne sont toujours qu’une même chose, et que le plus adroit à la lutte, le plus rapide à la course, est aussi le plus pieux, le plus sage et le plus vaillant, le chantre lyrique, véritable prêtre comme le statuaire, décernera au milieu d’une solennelle harmonie les louanges des vainqueurs ; il dira les noms des coursiers et s’ils sont de race généreuse ; il parlera des aïeux et des fondateurs de villes, et réclamera les couronnes, les coupes ciselées et les trépieds d’or. […] Grand Dieu, votre main réclame Les dons que j’en ai reçus ; Elle vient couper la trame Des jours qu’elle m’a tissus : Mon dernier soleil se lève, Et votre souffle m’enlève De la terre des vivants, Comme la feuille séchée, Qui, de sa tige arrachée, Devient le jouet des vents. […] Et pourtant il aurait dû, ce semble, comprendre la force de ce cantique si rempli d’une pieuse tristesse, l’homme malheureux, et peut-être coupable, que Dieu avait frappé à son midi, et qui avait besoin de retrouver le reste de ses jours pour se repentir et pleurer. De notre temps, auprès de nous, un grand poëte s’est inspiré aussi du Cantique d’Ézéchias ; lui aussi il a demandé grâce sous la verge de Dieu, et s’est écrié en gémissant : Tous les jours sont à toi : que t’importe leur nombre ? […] Quelques-uns de ses vers religieux (en les supposant écrits depuis cette date fatale) semblent même s’inspirer du sentiment énergique qu’il a de sa propre innocence : « Mais de ces langues diffamantes Dieu saura venger l’innocent, etc. », et plusieurs semblables endroits.

590. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre III. Madame de Staël »

Dieu lui est nécessaire, afin que son effort vers le bonheur n’ait pas été vain. Dieu, en son infinité, est bien cet objet d’amour infini qu’elle a cherché à travers tant d’expériences douloureuses. […] Mais, en femme qu’elle reste toujours, l’impératif catégorique ne peut rester en elle à l’état de commandement intérieur, abstrait et formel : il faut qu’il se réalise ; et du devoir, Mme de Staël passe à Dieu. […] Et la foi, chez elle, donne satisfaction à la raison : Dieu est pour elle la lumière qui éclaire l’univers et la rend intelligible. Dieu donnait à son esprit l’infini de la science comme à son cœur l’infini de l’amour.

591. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame, duchesse d’Orléans. (D’après les Mémoires de Cosnac.) » pp. 305-321

Cette lettre, qui avait été remise avec assez de mystère, avait fait mauvais effet, et Madame là-dessus lui disait : Je vous ai plusieurs fois blâmé de la tendresse que vous avez pour ma fille : au nom de Dieu, défaites-vous-en. […] En cette soudaine atteinte où la mort la prit comme à la gorge, elle garda sa présence d’esprit, pensa aux choses essentielles, à Dieu, à son âme, à Monsieur, au roi, aux siens, à ses amis, adressa à tous des paroles simples, vraies, d’une mesure charmante et, s’il se peut dire, d’une décence suprême. […] Étant arrivé proche de son lit, elle fit retirer tout le monde, et me dit : « Vous voyez, monsieur Feuillet, en quel état je suis réduite. » — « En un très bon état, madame, lui répondis-je : vous confesserez à présent qu’il y a un Dieu que vous avez très peu connu pendant votre vie. » Il lui dit que toutes ses confessions passées ne comptaient pas, que toute sa vie n’avait été qu’un péché ; il l’aida, autant que le temps le pouvait permettre, à faire une confession générale. […] Feuillet, mon père, lui dit-elle avec une douceur admirable (comme si elle eût craint de le fâcher) ; vous parlerez à votre tour. » Cependant ce docteur Feuillet lui disait à haute voix de rudes paroles : « Humiliez-vous, Madame ; voilà toute cette trompeuse grandeur anéantie sous la pesante main de Dieu. […]  » Prière de Bossuet prosterné à genoux au lit de mort de Madame, épanchement naturel et prompt de ce grand cœur attendri, vous fûtes le trésor secret où il puisa ensuite les grandeurs touchantes de son Oraison funèbre, et ce que le monde admire n’est qu’un écho retrouvé de ces accents qui jaillirent alors à la fois et se perdirent au sein de Dieu avec gémissement et plénitude !

592. (1896) Le IIe livre des masques. Portraits symbolistes, gloses et documents sur les écrivains d’hier et d’aujourd’hui, les masques…

Nous fûmes tous anarchistes, Dieu merci ! […] Dieu veut ce que Hello croit. […] Voit-on Dieu ? Ecoute-t-on Dieu ? […] On ne me voit pas et on ne m’écoute pas, parce que je suis l’envoyé de Dieu et le porte-parole de Dieu.

593. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

Le Génie du Christianisme (et Dieu merci !) […] adoration de Dieu admiré dans ses œuvres. […] Au Dieu qui t’avait envoyé. […] Dieu lui dit : « Pourquoi as-tu détruit ton corps ?  […] Nous disons « Dieu merci » pour dire « j’en suis bien aise ».

594. (1893) Alfred de Musset

Dieu sait maintenant ce que deviendront ma tête et mon cœur. […] Souviens-toi que tu me l’as promis devant Dieu. […] J’aime, j’en mourrai, ou Dieu fera un miracle pour moi. […] S’il en est ainsi, Dieu soit loué !  […] Dieu de bonté !

595. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre II. Les Normands. » pp. 72-164

Les Normands, hommes avisés, calculèrent les chances du paradis et de l’enfer et voulurent mettre Dieu dans leurs intérêts. […] Si jamais ils essayent de chanter, fût-ce dans le ciel, sur l’invitation de Dieu « un rondel haut et clair », ils produiront91 de petits raisonnements rimés aussi ternes que la plus terne des conversations. […] C’est que cette vieille poésie populaire n’est pas l’éloge d’un bandit isole, mais de toute une classe, la yeomanry. « Dieu fasse miséricorde à l’âme de Robin Hood,  — et sauve tous les bons yeomen !  […] Mais, béni soit Dieu ! […] Mais cette parade sacrilége n’a qu’un temps, et Dieu met la main sur les hommes pour les avertir.

596. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 544-547

M. de Voltaire, qui a adressé une Epître à l’Auteur de cette infame Production, pour lui reprocher ses excès, auroit dû se garantir lui-même de ceux dans lesquels il est tombé, & que ces beaux Vers, sur la nécessité d’un Dieu, ne sont pas capables de lui faire pardonner. […] Si les Cieux, dépouillés de son empreinte auguste, Pouvoient cesser jamais de le manifester ; Si Dieu n’existoit pas, il faudroit l’inventer.

597. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Anatole France »

Kallista, malade, fait vœu, si Dieu la guérit, de lui consacrer la virginité de sa fille, non par égoïsme, mais parce que la vie de la vieille femme est encore utile aux siens, aux pauvres et aux fidèles. […] L’anneau que je reçus dans une autre espérance… Réjouis-toi, Dieu triste à qui plaît la souffrance ! […] Christ est le Dieu des morts : que son nom soit béni ! […] Il eut cette impression que la vie est bien un songe et que Dieu, s’il fait à la fois le songe de tous et s’il le sait, doit se divertir prodigieusement. […] Et je lui réponds : — Dieu vous bénisse, Jeanne, vous et votre mari, dans votre postérité la plus reculée !

598. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre douzième. »

L’explication qu’il en donne est peut-être plus prudente que vraie. « Les hommes de goût, pieux et éclairés, dit-il100, n’ont-ils pas observé que, de seize chapitres qui composent le livre des Caractères, il y en a quinze qui, s’attachant à découvrir le faux et le ridicule qui se rencontrent dans les objets des passions et des attachements humains, ne tendent qu’à ruiner les obstacles qui affaiblissent d’abord et qui éteignent ensuite dans tous les hommes la connaissance de Dieu ; qu’ainsi ils ne sont que des préparations au seizième et dernier chapitre, où l’athéisme est attaqué et peut-être confondu, où les preuves de Dieu, une partie du moins de celles que les faibles hommes sont capables de recevoir dans leur esprit, sont apportées, où la providence de Dieu est défendue contre l’insulte et les plaintes des libertins ? » Ainsi, en 1696, la pensée de son livre était de ramener les hommes à Dieu. […] Puis il s’élève un mortel privilégié, à qui Dieu donne l’instinct qui devine que cette matière est prête, et le génie qui sait la façonner. […] Toutes les conditions n’ont-elles pas des points communs par où la même leçon peut les toucher ; et l’homme, tel que Dieu l’a fait, ne déborde-t-il pas toujours les cadres et les compartiments dans lesquels l’esprit de société tend à l’enfermer ?

599. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chansons de Béranger. (Édition nouvelle.) » pp. 286-308

Mais tout est vite racheté et regagné par la gaieté du refrain, et par des couplets comme celui-ci : Quel Dieu se plaît et s’agite Sur ce grabat qu’il fleurit ? […] Dans Le Dieu des bonnes gens il y a une idée élevée, morale même dans un certain sens, dans le sens de l’abbaye de Thélème ; mais l’exécution, de tout point, y répond-elle ? […] Moi, pour braver des maîtres exigeants, Le verre en main gaiement je me confie Au Dieu des bonnes gens. […] Aussi, toute part faite à l’intention du Dieu des bonnes gens, j’aime mieux, comme petit exemple de perfection, la pièce : Un jour le bon Dieu s’éveillant. […] Ce que j’appelle le coup de cordon est très sensible dans les derniers couplets du Dieu des bonnes gens.

600. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Rivarol. » pp. 62-84

Il considère la parole comme « la physique expérimentale de l’esprit », et il en prend occasion d’analyser l’esprit, l’entendement, et tout l’être humain dans ses éléments constitutifs et dans ses idées principales ; il le compare avec les animaux et marque les différences essentielles de nature : puis il se livre, en finissant, à des considérations éloquentes sur Dieu, sur les passions, sur la religion, sur la supériorité sociale des croyances religieuses comparativement à la philosophie. […] Le ciel à ses yeux se déchire, et Dieu enfin lui apparaît : Il me faut, comme à l’univers, s’écrie-t-il, un Dieu qui me sauve du chaos et de l’anarchie de mes idées… Son idée délivre notre esprit de ses longs tourments, et notre cœur de sa vaste solitude. […] dira-t-il encore avec un accent bien senti et qui ne se peut méconnaître ; les objections contre l’existence de Dieu sont épuisées, et ses preuves augmentent tous les jours : elles croissent et marchent sur trois ordres : dans l’intérieur des corps, toutes les substances et leurs affinités ; dans les cieux, tous les globes et les lois de l’attraction ; au milieu, la nature, animée de toutes ses pompes. Il est un quatrième ordre non moins essentiel, qui consiste à voir et à démontrer Dieu et sa Providence jusque dans les catastrophes et les calamités même des empires. […] Or, l’esprit est le côté partiel de l’homme ; le cœur est tout… Aussi la religion, même la plus mal conçue, est-elle infiniment plus favorable à l’ordre politique, et plus conforme à la nature humaine en général, que la philosophie, parce qu’elle ne dit pas à l’homme d’aimer Dieu de tout son esprit, mais de tout son cœur : elle nous prend par ce côté sensible et vaste qui est à peu près le même dans tous les individus, et non par le côté raisonneur, inégal et borné, qu’on appelle esprit.

601. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Révolution française »

Elle n’est pas seulement de la grande peinture, elle est aussi — et avant tout — un jugement prononcé par l’homme au nom de Dieu et de la vérité, et, comme tous les jugements, elle ne s’établit que sur une enquête sagace et profonde. […] Je ne crains pas de l’avancer, son livre se rattache à la destinée des monarchies et doit contribuer à les sauver, si Dieu n’a pas voulu qu’elles périssent. […] Il s’est dévoué à prouver que cette supériorité n’existe pas, que ce qu’elle a de mystérieux n’est qu’un mensonge de plus, et que les dons de Dieu, dont on abusa dans cette époque criminelle, n’étaient pas, après tout, si grands ! […] Je vais montrer comment ces hommes passent à leur tour sous le laminoir implacable et s’y réduisent jusqu’à n’être plus que ce qu’ils furent aux yeux de Dieu même, — des sots, des lâches et des méchants. […] Grâce à Dieu, l’auteur de l’Histoire des Causes a senti que de telles manières de procéder n’étaient que des méthodes d’erreur pour soi et de mensonge pour les autres.

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