C’est là que saint Jérôme vint lire, sur le texte athénien, le fameux passage de Prométhée prophétisant le Christ : « Va dire à Jupiter que rien ne me fera nommer celui qui doit le détrôner. » D’autres docteurs de l’Église firent sur cet exemplaire la même vérification. […] Il raconte dans une de ses lettres qu’un jour François de Sales lui avait dit : L’Église rit volontiers.
Pensons à la sagesse et à la largeur de l’Église romaine. […] Maisons, châteaux forts, églises, rues, hommes d’armes, hauts barons et baronnes, moines, routiers, écoliers, ribauds et truands, il nous a montré tout cela comme tout cela fut (pittoresquement parlant), avec des détails infinis d’archéologie et des connaissances appropriées ; mais, selon moi, ce mérite, que je reconnais, est bien inférieur à celui qu’il a quelquefois (s’il l’avait toujours !)
La différence profonde qui, dans le sentiment de Rancé et d’après l’institution rigoureuse de l’Église, devait distinguer les moines proprement dits d’avec le corps du clergé séculier, s’effaçait de plus en plus dans les esprits et n’était plus parfaitement comprise, même des estimables Sainte-Marthe, même des vénérables Mabillon.
Le petit vers des fabliaux trotte et sautille comme un écolier en liberté, à travers toutes les choses respectées ou respectables, daubant sur les femmes, l’Eglise, les grands, les moines, Gabeurs, gausseurs, nos pères ont en abondance le mot et la chose.
Est-ce que, sous le feu même de l’événement du 24 février, à côté du chef du sacerdoce de Paris, Mgr Affre, de vaillante mémoire, nous n’avons pas rouvert les églises sous l’égide des citoyens armés, et mis le Dieu et l’autel libres hors la loi des révolutions et des sacrilèges ?
Une fée charmeresse sembla me dire ce que l’Église, en son hymne, dit au bois de la Croix : Flecte ramos, arbor alta, Tensa laxa viscera, Et rigor lentescat ille Quem dedit nativitas.
Mais de tout cela ne résulta ni une église établie a Jérusalem, ni un groupe de disciples hiérosolymites.
Quand Diderot insérait dans l’Encyclopédie des protestations de respect pour l’Eglise catholique, je n’oserais jurer de sa sincérité.
Eugène Montfort a prononcé des mots d’une force et d’une tendresse peut-être plus pures encore : « Puisqu’on ne se plaît plus à l’église, a-t-il écrit au cours de l’Essai sur l’amour, je voudrais qu’aujourd’hui la voix du poète — comme autrefois celle des cloches — sonnât dans toutes les âmes ; je voudrais qu’elle les réunît, elle aussi, dans un vol unanime ; je voudrais qu’elle les fît vivre ensemble dans ce temple incommensurable qu’est le monde. » Voilà l’expression positive de nos pensées.
Le passage sur l’Église d’autant plus forte qu’elle est faible, et qui apparaît revêtue de l’inviolabilité d’une femme et d’une mère ; ce pathétique mouvement, même pour ceux qui, à distance, ne prendraient ces choses qu’au point de vue du beau, devra rester comme une des plus heureuses inspirations de l’éloquence.
Edmond Schérer (1815-1889) : Pasteur réformé, professeur d’exégèse à l’École évangélique de Genève (1845-1850), ce critique prolixe, commentateur de la vie religieuse (Esquisse d’une théorie de l’Eglise chrétienne, 1845) et politique (La Démocratie et la France, 1883) de son temps, fit aussi une carrière politique : il fut élu député de Seine-et-Oise en 1871, puis sénateur en 1875.
Par là nous espérons (du moins aussi loin que s’étendent nos lumières) avoir fait connaître aux lecteurs quelques-unes des innombrables beautés des livres saints : heureux si nous avons réussi à leur faire admirer cette grande et sublime pierre qui porte l’Église de Jésus-Christ !
Si ce n’est pas là un tableau d’église, je n’y entends rien.
Rationalistes, sceptiques, éclectiques, et, par-dessus le marché, païennes de tendance, de portée et de volonté, — c’est-à-dire, sous des noms différents, ennemies de l’Église catholique et n’ayant de préoccupation et d’intérêt que pour les travaux qui la diminuent, — les Académies, et en particulier l’Académie française, dont il est seulement question ici à propos du livre de M.
Le fond de son caractère est un composé de petites passions mesquines, de vanité blessée, d’ambition inassouvie ; et, pour finir ce portrait insolent pour la fille de France, qu’il calomnie en la peignant, par une insolence qui atteigne jusqu’au Carmel où elle va entrer et jusqu’à l’Église dont elle va devenir l’édification et la gloire, l’odieux singe de Michelet ajoute : « La dernière des filles de France à la cour, elle sera dans un monastère la première des carmélites de la chrétienté !
L’église eut beaucoup de peine à leur faire abandonner cet usage (V.
L’église du village est éclairée à peine. […] ce grand cri que l’Église Jette en pleurant vers Dieu dans les heures de crise. […] L’Homme et l’Église en avaient produit douze autres, parmi lesquels le Paraclet et la Foi, l’Espérance et la Charité, le Parfait et la Sagesse, Sophia. […] Ouvrez un des livres d’histoire approuvés par l’Église, et lisez-y le récit des croisades. […] Un jour, en Italie, à Saint-Onuphre, il entre dans une petite église.
Mignard, le peintre célèbre de Louis XIV, avait peint une gloire au dôme de l’église du Val-de-Grâce ; Molière fut prié de célébrer en vers cette belle œuvre d’art. […] Il n’a pas été élevé, que je crois, dans un monde religieux, et il n’a pris que le jargon religieux et les mines religieuses ; car il n’a pas ce que Boileau appelle « l’esprit de l’Eglise ». […] S’il entre dans une église, il observe d’abord de qui il peut être vu, et selon découverte qu’il vient de faire, il se met à genoux et prie, ou il ne songe ni à se mettre à genoux, ni à prier. […] Chaque jour à l’église il venait, d’un air doux, Tout vis-à-vis de moi se mettre à deux genoux. […] D’un homme qu’on lui a proposé pour gendre et qu’il a accepté il dit avec scrupule et peut-être avec angoisse : « Je ne remarque pas qu’il hante les églises ».
Ce qui vous choque, convenez-en, c’est le nom de l’Église à laquelle Sibylle appartient ; mais écartons les noms et les étiquettes, et prenons la donnée en elle-même : nous la trouverons fondée sur la vérité morale et sur la nature. […] Feuillet reste vraie, qu’elle soit transportée de l’Église catholique à l’Église protestante, ou même, ce qui est bien plus fort, au simple rationalisme philosophique. […] Il y a là une connaissance intime d’une foule de détails du monde d’Église, où se trahit comme l’expérience rancuneuse d’une éducation première, qui a fourni les armes mêmes dont il se sert. […] Quant à la scène finale où Cordelia et Orso, murés dans l’église comme pestiférés, trouvent dans la mort l’union qui les aurait fuis dans la vie, elle est d’une tendresse désespérée et d’un coloris sombre vraiment superbes. […] depuis que j’existe, j’ai vu l’État en danger je ne sais combien de fois, et, quant à l’Église, je ne l’ai jamais vue une seule minute hors de danger. » Nous aussi, depuis que nous existons, nous entendons dire que la jeunesse n’existe plus.
Ici c’est le vent de la nuit qui tourne autour d’une église, qui tâte en gémissant, de sa main invisible, les fenêtres et les portes, qui s’enfonce dans les crevasses, et qui, enfermé dans sa prison de pierre, hurle et se lamente pour en sortir : « Quand il a rôdé dans les ailes, lorsqu’il s’est glissé autour des piliers, et qu’il a essayé le grand orgue sonore, il s’envole, va choquer le plafond et tente d’arracher les poutres, puis il s’abat désespéré sur le parvis et s’engouffre en murmurant sous les voûtes. […] Les haies, les arbres, les toits bas des chaumières, les clochers d’églises, les vieux troncs flétris, les jeunes pousses florissantes, sont devenus vaniteux tout d’un coup et ont envie de contempler leurs belles images jusqu’au matin. […] L’acquisition de ces habitudes, de ces facultés et de cet esprit, jointe au hasard d’une ancienne hostilité contre Rome et de ressentiments anciens contre une Église oppressive, a fait naître une religion orgueilleuse et raisonneuse qui remplace la soumission par l’indépendance, la théologie poétique par la morale pratique, et la foi par la discussion.
Les lettres de Cicéron donnèrent à Pétrarque l’idée d’une correspondance latine avec les personnages les plus éminents de son temps, soit dans les lettres, soit dans l’Église, soit dans la politique. […] Quelle que soit la légèreté des paroles de Lauzun, Bragelone devrait se souvenir qu’il parle à un homme de plaisir, et que les maximes de la cour ne sont pas celles de l’église. […] Quoique l’église compte l’orgueil parmi les péchés capitaux, nous consentirions volontiers à le ranger parmi les péchés véniels, lorsqu’il s’agit de juger un poète. […] Guizot a très bien montré que, derrière chaque parti politique, se trouvait un parti religieux, et que la réforme de l’état était liée très étroitement à la réforme de l’église. […] Dans la partie qui traite de la religion, l’auteur n’est pas moins partial ; il se complaît dans la peinture des vices du clergé ; il déroule sous nos yeux les scandales trop connus de l’Église gorgée de richesses, sans tenir aucun compte des bienfaits nombreux que la France doit à l’Église.
Est-ce l’Eglise catholique avec sa clientèle ? Est-ce l’Eglise protestante avec la sienne ? […] Les seules barrières au despotisme dans l’ancienne France étaient la Noblesse, l’Eglise et les Parlements, trois aristocraties constituées. […] Une fois même, au lieu de la brochure projetée, c’est trois volumes, c’est quinze cents pages (Justice dans la Révolution et dans l’Eglise) qu’il a écrites. […] Il l’avait déjà indiqué dans le livre même où il faisait la théorie de la Justice et de l’Égalité, dans la Justice dans la Révolution et dans l’Eglise.
et il n’y a pas de vrai Dieu dans les Petites Églises. Petites Églises, n’est-ce pas, ça ressemble à Petites-Maisons ? […] Mais le vers libre est une belle conquête, il a surgi en révolte de l’Idée contre la banalité du « convenu » ; seulement, pour être, qu’il ne s’érige pas en église dissidente, en chapelle solitaire et rivale ! […] — Je pense que les églises, chapelles et sectes littéraires — et artistiques aussi — par leurs divisions mêmes et par la passion que chacune d’elles apporte à la défense de ses doctrines, constituent la plus parfaite représentation de l’instant pathétique où notre civilisation latine, de toutes part entamée par les influences de l’Est et du Nord, en arrive. — Qui a tout à fait raison ?
Au lieu du christianisme, l’Église ; au lieu de la croyance libre, l’orthodoxie imposée ; au lieu de la ferveur morale, les pratiques fixes ; au lieu du cœur et de la pensée agissante, la discipline extérieure et machinale : ce sont là les traits propres du moyen âge. […] Puis cette troupe de païens marche vers l’église et le cimetière au son des flûtes, au roulement des tambours, dansant, faisant tinter leurs clochettes, faisant flotter, comme des fous, leurs mouchoirs sur leurs têtes, pendant que les chevaux de bois et autres monstres escarmouchent à travers la foule. Et en cette sorte ils vont à l’église comme des démons incarnés, avec un tel bruit confus, qu’il n’y a point d’homme qui puisse entendre sa propre voix. […] Après cela ils font des allées et venues dans l’église, puis dans le cimetière, où ils ont ordinairement leurs berceaux, bosquets, salles d’été et maisons de festin, où ils festoient, banquettent, dansent tout le jour, et parfois toute la nuit aussi. […] Contre le rigorisme des puritains, Chillingworth, Hales, Hooker, les plus grands docteurs de l’Église anglicane, font à la raison naturelle une large place, si large que jamais, même aujourd’hui, elle n’a retrouvé un tel essor.
3º Les Œuvres. — Les Œuvres de Joseph de Maistre comprennent : ses Considérations sur la France, 1796, qu’il est extrêmement intéressant de rapprocher de celles de Burke, et de celles de Fichte ; — son Essai sur le principe générateur des constitutions politiques, 1810-1814 ; — son livre du Pape, 1819 ; — l’Église gallicane, 1821 [posthume] ; — les Soirées de Saint-Pétersbourg, 1821 ; — et l’Examen de la philosophie de Bacon, publié seulement en 1836. […] Origine et première éducation de Lamennais. — Ses premiers écrits : les Réflexions sur l’état de l’Église en 1808, supprimées par la police impériale ; — et le livre de la Tradition de l’Église sur l’institution des évêques, 1814. — Séjour en Angleterre, 1814-1815 ; — et publication du premier volume de l’Essai sur l’indifférence en matière de religion, 1817. — Émotion qu’il excite ; — et qui augmente encore par la publication du second volume en 1821 […] C’est l’origine de ce que nous avons appelé depuis lors le « christianisme social » ou le « socialisme chrétien » ; — dont la pente irrésistible est vers le socialisme pur, — dès qu’il se sépare de l’autorité et de la tradition. — Mais nous n’en revenons pas moins au même point ; — et l’erreur de Lamennais ne consiste point à s’être contredit ; — mais à avoir voulu établir entre les deux termes de religion et de démocratie, — une identité qui les rendît en tout temps convertibles l’un en l’autre ; — et qui le condamnait donc lui-même à n’être qu’un pur démocrate, — si l’Église refusait d’admettre cette identité. […] — Observations à ce sujet ; — et qu’avec d’autres qualités, plus lyriques, — sa méthode est substantiellement analogue à celle d’Augustin Thierry ; — mais son inspiration sensiblement plus catholique ou moins hostile à l’Église. — C’est ce qui rend plus surprenant que ces premiers volumes n’aient pas tiré tout de suite Michelet de pair ; — et que les « romantiques » n’aient pas reconnu d’abord en lui l’un des plus grands d’entre eux. — Mais d’autres travaux, à ce moment même, le détournent de l’histoire pittoresque, — vers la philosophie de l’histoire ; — en même temps que son ami Quinet ; — et sa nomination au Collège de France, 1837, — les précipite ensemble tous les deux dans la politique militante. […] 2º Histoire religieuse. — Études d’histoire religieuse, 1857 ; — et Nouvelles études d’histoire religieuse, 1884 ; deux volumes, dont le second contient quelques-uns des premiers travaux de Renan, sur le Bouddhisme et sur Saint François d’Assise. — De la part des peuples sémitiques dans l’histoire de la civilisation, brochure, 1861 ; — Vie de Jésus, 1863 ; Les Apôtres, 1866 ; Saint Paul, 1869 ; L’Antéchrist, 1873 ; Les Évangiles, 1877 ; L’Église chrétienne, 1879 ; Marc-Aurèle, 1881, sept volumes, que complète un index ; — Histoire du peuple d’Israël, 1887-1892.