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2583. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque (1re partie) » pp. 145-224

Ce procédé, qui fait briller sans doute l’adresse du maître, embarrasse l’intelligence du disciple ; il fait du chemin de la vérité, au lieu d’une route droite, large et bien jalonnée, un labyrinthe de sentiers étroits, tortueux, obscurs où l’écrivain a l’air de conduire le lecteur à un piège, au lieu de le mener à la lumière, à la vérité et à la vertu.

2584. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CIXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (1re partie) » pp. 5-79

Or, du moment où les papes ont un gouvernement, ils ont des ministres ; et si au nombre de ces ministres ils ont le bonheur de trouver un homme supérieur, modéré, dévoué jusqu’à l’exil et jusqu’à la mort, comme Sully était censé l’être à Henri IV ; si ce rare phénix, né dans la prospérité, éprouvé par les vicissitudes du pouvoir et du temps, continue pendant vingt-cinq ans, au milieu des fortunes les plus diverses, en butte aux persécutions les plus acerbes et les plus odieuses, à partager dans le ministre, sans cause, les adversités de son maître ; si le souverain sensible et reconnaissant a payé de son amitié constante l’affection, sublime de son ministre, et si ce gouvernement de l’amitié a donné au monde le touchant exemple du sentiment dans les affaires, et montré aux peuples que la vertu privée complète la vertu publique dans le maître comme dans le serviteur ; pourquoi des écrivains honnêtes ne rendraient-ils pas justice et hommage à ce phénomène si rare dans l’histoire des gouvernements, et ne proclameraient-ils pas dans Pie VII et dans Consalvi le gouvernement de l’amitié ?

2585. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 mai 1885. »

Jean-Marie Mathias Philippe Auguste, comte de Villiers de L’Isle Adam (1838-1889) est un des écrivains français wagnériens de la première heure.

2586. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1886 » pp. 101-162

Oui, dans Henriette Maréchal, le Monsieur en habit noir dit à Mme Maréchal, pour la détourner d’aller dans les corridors : « Il y a des gens qui disent des choses qui corrompraient un singe, et feraient défleurir un lis sur sa tige. » La grande valeur, la grande originalité de Diderot — et personne ne l’a remarqué — c’est d’avoir introduit dans la grave et ordonnée prose du livre, la vivacité, le brio, le sautillement, le désordre un peu fou, le tintamarre, la vie fiévreuse de la conversation : de la conversation des artistes, — avec lesquels, il est le premier écrivain français, qui ait vécu en relations tout à fait intimes.

2587. (1856) Cours familier de littérature. I « IIIe entretien. Philosophie et littérature de l’Inde primitive » pp. 161-239

Post-scriptum Un admirable écrivain qui vient d’adresser à mon nom, dans la Presse, un hymne à l’amitié déguisé sous la forme d’une critique, me reproche d’avoir désespéré du monde, d’avoir découragé l’esprit humain de sa sainte aspiration au progrès, d’avoir exhumé, dans une lecture de l’Imitation et ailleurs, ce qu’il appelle les miasmes méphitiques du moyen âge, d’avoir désossé l’homme de ses forces et de sa virilité, en lui enlevant les mirages, selon nous très-dangereux, d’un progrès indéfini et continu sur ce petit globe.

2588. (1857) Cours familier de littérature. III « XIVe entretien. Racine. — Athalie (suite) » pp. 81-159

Le règne de Louis XVI lui avait donné la politique littéraire et oratoire, dans cette foule d’écrivains dont Mirabeau avait été la dernière voix ; il lui avait donné enfin la Révolution, qui n’était au fond qu’une dernière explosion des lettres françaises.

2589. (1840) Kant et sa philosophie. Revue des Deux Mondes

Ce sont là les beaux jours de l’empire germanique, dont de grands écrivains invoquent encore le souvenir avec enthousiasme.

2590. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Robert » pp. 222-249

C’est une observation assez générale qu’on devient rarement grand écrivain, grand littérateur, homme d’un grand goût, sans avoir fait connaissance étroite avec les anciens.

2591. (1868) Curiosités esthétiques « I. Salon de 1845 » pp. 1-76

Quelques mots d’introduction Nous pouvons dire au moins avec autant de justesse qu’un écrivain bien connu à propos de ses petits livres : ce que nous disons, les journaux n’oseraient l’imprimer.

2592. (1902) La politique comparée de Montesquieu, Rousseau et Voltaire

…  » — Il faut tolérer les ouvrages bons, médiocres et ennuyeux, mais être impitoyable pour les satires contre le gouvernement ou contre les philosophes : L’abbé François écrit ; le Léthé sur ses rives Reçoit avec plaisir ses feuilles fugitives… Mais ne pardonnons pas à ces folliculaires, De libelles affreux écrivains téméraires, Aux stances de la Grange, aux couplets de Rousseau, Que Mégère en courroux tira de son cerveau. […] D’un écrivain pervers ils font toujours justice. […] Les raisons qu’on apporte pour les exclure sont que plusieurs ont été ennuyeux écrivains ; — que les frères Jésuites depuis leur fondation ont excité des troubles en Europe, en Asie et en Amérique, et que, s’ils n’ont pas fait de mal en Afrique, c’est qu’ils n’y ont pas été… — que cinquante-deux de leurs auteurs ont enseigné le parricide ; — que le frère. […] Mais, d’une part, comme, au XVIIIe siècle, les politiques et publicistes s’étaient occupés plutôt de politique générale que de tout autre objet, et d’autre part la centralisation politique étant le bien ou le mal le plus éclatant de l’époque et qui frappait le plus tous les yeux ; c’est sur cette dernière affaire que tous les écrivains politiques — excepté Voltaire —, ont porté le plus grand effort de leur attention.

2593. (1911) Psychologie de l’invention (2e éd.) pp. 1-184

Un autre écrivain, différemment doué, aurait pris pour symbole une impression abstraite, une formule générale, peut être un accord ou un rythme. […] Ils font des causeurs étincelants, des écrivains captivants et paradoxaux. […] Je ne parlerai guère non plus des phrases incohérentes qu’on recueille chez quelques écrivains.

2594. (1858) Du vrai, du beau et du bien (7e éd.) pp. -492

Malebranche est l’écrivain français qui peut-être rappelle avec le moins de désavantage, quoique bien imparfaitement encore, la manière de Platon : il en exprime quelquefois l’élévation et la grâce ; mais il est loin de posséder le bon sens socratique, et, il faut en convenir, personne n’a plus nui à la théorie des Idées par les exagérations de tout genre qu’il y a mêlées48. […] Pour dernier exemple, supposez d’un côté un écrivain qui en deux ou trois coups de crayon trace une analyse de l’intelligence agréable et simple mais sans profondeur, et de l’autre un philosophe qui s’engage dans un long travail pour arriver à la décomposition la plus rigoureuse de la faculté de connaître, et vous déroule une longue chaîne de principes et de conséquences, lisez le Traité des sensations et la Critique de la raison pure, et, même à part le vrai et le faux, au seul point de vue du beau, comparez vos impressions. […] Il compose ses personnages et les met en scène avec l’habileté de Molière ; il sait prendre dans l’occasion le ton d’Horace et mêler l’ode à la fable ; il est à la fois le plus naïf et le plus raffiné des écrivains, et son art échappe dans sa perfection même. […] Louis XIV lui demandant quel était l’écrivain qui honorait le plus son règne, c’est Molière, répondit Boileau ; et quand le grand roi à son déclin persécutait Port-Royal et voulait mettre la main sur Arnauld, il se rencontra un homme de lettres pour dire en face à l’impérieux monarque : « Votre Majesté a beau chercher M. 

2595. (1896) Hokousaï. L’art japonais au XVIIIe siècle pp. 5-298

Durant les années de l’ère Kwanseï (1789-1800) Hokousaï écrit de nombreux contes et romans pour la lecture des femmes et des enfants : romans dans lesquels il fit lui-même des illustrations, romans où il signe comme écrivain Tokitaro-Kakô, et comme peintre Gwakiôjin-Hokousaï. […] Oui, en ces premiers temps, souvent Hokousaï est à la fois l’illustrateur et l’écrivain du roman qu’il publie, et sa littérature est goûtée, grâce à des observations intimes de la vie japonaise, est même parfois attribuée, comme on l’a vu pour son premier roman, à des romanciers de la réputation de Kiôdén. […] Ce double rôle d’écrivain et de dessinateur ne dure guère que jusqu’en 1804, où il n’est plus que peintre. […] Mais quand les dessins furent terminés et communiqués à Bakin, il trouva que les dessins ne correspondaient pas avec le texte, demanda qu’ils fussent modifiés, et Hokousaï, auquel on fit part de cette prétention de l’écrivain, répondit que c’était le texte qui avait besoin d’être modifié.

2596. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Alfred de Vigny. »

Rien de ce qui est histoire n’y est exact, rien n’y est vu naturellement ni simplement rendu : l’auteur ne voit la réalité qu’à travers un prisme de cristal qui en change le ton, la couleur, les lignes ; il transforme ce qu’il regarde ; mais, malgré tout, la pensée comme l’expression ont, à chaque page, une élévation et un lustre qui attestent un écrivain de prix.

2597. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Delille »

il le connut ce tourment si bizarre, L’écrivain qui nous fit entendre tour à tour La voix de la raison et celle de l’amour, etc. 

2598. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Théocrite »

« Je ne comprends pas de peinture, a dit un grand écrivain qui est peintre lui-même, s’il n’y a de la lumière et du soleil. » Le dialecte dorien chez Théocrite, et dès la première idylle, répond à ce soleil, à cette lumière.

2599. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

On vante avec raison les ouvrages des anciens comme des modèles ; les auteurs en sont appelés classiques et forment, parmi les écrivains, comme une noblesse dont les exemples sont des lois pour peuple.

2600. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIIe entretien. Littérature politique. Machiavel (2e partie) » pp. 321-414

Un diplomate de premier ordre, le marquis de Gabriac, longtemps ambassadeur à Turin, et aujourd’hui sénateur, atteste, dans un écrit récent et très informé, les insistances de la maison de Savoie auprès des puissances coalisées, pour obtenir d’elles le démembrement du Dauphiné à son profit. « Heureusement », dit l’écrivain diplomatique, « l’empereur de Russie, aussi généreux dans la victoire que courageux dans les revers, s’opposa énergiquement à ce démembrement de la France, et son veto fit renoncer à ce projet ; mais il (p. 389) consentit à la restitution à la maison de Savoie de ce qui avait été alloué l’année précédente à la sécurité des frontières françaises en Savoie. » Mais le gouvernement piémontais, en revendiquant contre nous les influences protectrices de la Russie, n’en reçut pas des influences libérales.

2601. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIe entretien. Cicéron » pp. 81-159

Les uns ont été plus poètes, les autres aussi éloquents, quelques-uns aussi politiques, ceux-ci aussi philosophes, ceux-là aussi écrivains ; mais nul, sans en excepter Voltaire, n’a été, dans tous les exercices de la pensée, de la parole ou de la plume, aussi vaste, aussi divers, aussi élevé, aussi universel, aussi complet que Cicéron.

2602. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (2e partie) » pp. 1-80

C’est bien le poète aussi, le poète toscan irrité, le petit-fils de Dante et l’héritier de ses colères, qui maudit en passant l’immense cloaque parisien, et les écrivains ignorants qui de toute la littérature italienne comprennent tout au plus Métastase, et le jargon nasal de ce pays, ce qu’il y a de moins toscan au monde.

2603. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxve entretien. Histoire d’un conscrit de 1813. Par Erckmann Chatrian »

Et quand on lit cet évangile du pauvre peuple en 1814, et qu’on voit les enfants de ce peuple vaniteux épris d’un nom, qu’il a grandi, tantôt avec raison, plus souvent avec démence, oublier tant de misères pour ne se souvenir que de quelques grands jours marqués d’un bulletin menteur dans sa mémoire, proclamer qu’il n’a jamais été battu et qu’il a marché de triomphe en triomphe de Moscou, de Rome, de Madrid, de Lisbonne à Paris et à Fontainebleau ; niant Moscou, niant Eylau, niant Ulm, niant Leipzig, niant Salamanque, Vittoria et Abrantès, niant Montmartre, niant Waterloo, niant à peu près autant de mémorables revers qu’il a proclamé de victoires ; on est tenté de déchirer ces pages d’histoire falsifiée par des écrivains trompés ou trompeurs, et de ne reconnaître pour historiens vrais que deux noms et un romancier Erckmann Chatrian.

2604. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIe entretien. Ossian fils de Fingal, (suite) »

Nous n’avons jamais considéré le premier des Bonaparte comme une autorité en matière de goût poétique, ni de haute raison philosophique et diplomatique, mais nous l’avons toujours reconnu le plus grand écrivain de son temps, et l’homme de la plus forte imagination, toutes les fois que ses passions ambitieuses ne l’emportaient pas à mille lieues, du triste et du vrai.

2605. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1864 » pp. 173-235

Toujours étudier la vie des êtres et des choses — loin de l’imprimé : c’est la lecture de l’écrivain moderne.

2606. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1874 » pp. 106-168

J’ai entendu hier dans un coin du salon, Tardieu et Demarquay se lamenter, une partie de la soirée, sur la possibilité d’un échec de l’écrivain à l’Académie, comme s’il s’agissait d’une maladie de leurs enfants, et Demarquay s’est levé, en disant : « Je devais faire une opération en province demain, mais je n’y vais pas, je veux savoir un des premiers… Alexandre m’a promis de m’envoyer un télégramme, aussitôt la nomination connue ! 

2607. (1894) Textes critiques

L’écrivain est beaucoup plus fort qui comprend l’impossibilité d’écrire, que celui qui peut tout exprimer, sentant rudimentairement.

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