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1282. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Joséphin Soulary »

Une autre preuve qu’il est bien de sa province, c’est sa malveillance à l’endroit de Paris : Que Paris nous fasse la loi Par un côté brillant qui frappe, Par un certain… je ne sais quoi, Par une certaine… (aidez-moi, Le mot m’échappe), Je tiens ce point pour éclairci… Eh bien !

1283. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « « L’amour » selon Michelet » pp. 47-66

Si faible est ma volonté, que d’heure en heure elle glisse, elle va m’échapper… » etc… Dans le roman de Mme de La Fayette, M. de Clèves reçoit de sa femme une confidence pareille, suivie des mêmes supplications : « Conduisez-moi ; ayez pitié de moi et aimez-moi encore si vous pouvez ! 

1284. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lamartine, Alphonse de (1790-1869) »

La matière en est d’une extrême ténuité ; elle échappe à la prise de la pensée comme un nuage se dérobe à la pression de la main.

1285. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre V. L’antinomie esthétique » pp. 109-129

Si le monde tel qu’il est en lui-même nous échappe et si nous n’en saisissons que d’illogiques et incompréhensibles apparences, l’artiste ne peut ambitionner de donner de la réalité qu’une expression symbolique et il choisit forcément les symboles appropriés à sa propre sensibilité44.

1286. (1890) L’avenir de la science « XXI »

Un journal sommait, il y a quelques mois, l’Assemblée nationale de proclamer le droit au repos ; ingénieuse métaphore dont le sens n’échappait à personne.

1287. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XVII. Forme définitive des idées de Jésus sur le Royaume de Dieu. »

Jésus y échappait en déclarant formellement que dans la vie éternelle la différence de sexe n’existerait plus, et que l’homme serait semblable aux anges 805.

1288. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXI. Dernier voyage de Jésus à Jérusalem. »

N’ayant nulle idée du monde, accoutumé à son aimable communisme galiléen, il lui échappait sans cesse des naïvetés, qui à Jérusalem pouvaient paraître singulières 947.

1289. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre I : Des sens, des appétits et des instincts. »

La douleur trouble la digestion, la joie l’active, la peur dessèche la langue et cause une sueur froide ; le cœur, les poumons, la glande lactée chez les femmes ressentent le contre-coup des émotions ; la glande lacrymale qui secrète constamment son liquide, le laisse échapper avec plus d’abondance, sous l’action des émotions tendres.

1290. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXV » pp. 259-278

Si, par la méthode que j’ai suivie, j’ai découvert une autre madame de Maintenon que celle dont nous avons été entretenus jusqu’à présent, si seulement je puis faire remarquer quelques traits échappés aux recherches et à la sagacité d’un biographe tel que M. 

1291. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires touchant la vie et les écrits de Mme de Sévigné, par M. le baron Walckenaer. (4 vol.) » pp. 49-62

Ses imprudences la perdirent : elle s’aliéna Louvois ; Villeroi lui échappa ; reléguée en province par son mari, elle y céda à une séduction vulgaire et se vit convaincue.

1292. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Chefs-d’œuvre de la littérature française (Collection Didot). Hamilton. » pp. 92-107

Je crois saisir dans ce portrait-là comme un reflet d’Hamilton en personne ; mais c’est surtout quand il nous peint sa sœur, la belle Mlle d’Hamilton qui épousa Grammont, c’est dans cette page heureuse entre tant d’autres qu’il lui échappe des traits que je lui renvoie à lui-même, et que j’applique non pas à sa muse (ce sont des noms solennels qui ne lui vont pas), mais à sa grâce d’écrivain : Elle avait, dit-il, le front ouvert, blanc et uni, les cheveux bien plantés, et dociles pour cet arrangement naturel qui coûte tant à trouver.

1293. (1761) Apologie de l’étude

Dans cet état comme dans les autres, quelques prédestinés échappent à la loi commune ; et chacun se flatte qu’il sera le prédestiné : sans cela, il faudrait être imbécile pour ne pas brûler ses livres, à commencer par ceux qu’on pourrait avoir faits.

1294. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Nièces de Mazarin » pp. 137-156

« Les visites fréquentes du roi à sa femme — dit Renée — le jetèrent dans une inquiétude extrême, et il n’imagina pas d’autre moyen d’échapper aux dangers qu’il entrevoyait que de tenir la belle Hortense dans un état de locomotion perpétuelle.

1295. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « De Stendhal »

Il n’a jamais frappé qu’un petit nombre d’hommes, mais il les a frappés, de sorte qu’ils sont restés timbrés à l’effigie de ses sensations et de ses idées, tandis que la masse lui a toujours échappé.

1296. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Stendhal » pp. 43-59

Il n’a jamais frappé qu’un petit nombre d’hommes, mais il les a frappés, de sorte qu’ils sont restés timbrés à l’effigie de ses sensations ou de ses idées, tandis que la masse lui a toujours échappé.

1297. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre II. La relativité complète »

La nature et même le lieu précis de cette modification nous échappent ; nous ne pouvons que noter certains changements de position qui en sont l’aspect visuel et superficiel, et ces changements sont nécessairement réciproques.

1298. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre premier : M. Laromiguière »

Attaquez une psychologie par une psychologie ; vous convaincrez quatre ou cinq esprits solitaires, mais la foule vous échappera.

1299. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VI. »

Mais les injures violentes, les noms de débauché nocturne, de ventru, de pied-bot, qu’il jeta plus tard au sage Pittacus, furent sans puissance, comme ses armes : « Répète un chant romain, nous dit Horace, ô lyre modulée d’abord par le citoyen de Lesbos, qui, forcené pour la guerre, savait pourtant, soit au milieu des armes, soit quand son navire battu des flots reprenait le rivage, chanter Bacchus et les Muses, Vénus et l’enfant qui la suit toujours62. » Puis ailleurs, lorsque, échappé à un danger de mort, Horace, qui a cru voir de près l’Élysée, y place le belliqueux Alcée, comme Virgile osait y mettre Caton : « De combien peu, dit-il, nous avons failli voir l’empire de la sombre Proserpine, et le tribunal d’Éaque, et les demeures réservées des âmes pieuses, et Sapho sur la lyre éolienne se plaignant des jeunes filles ses compatriotes, et toi aussi, Alcée, redisant plus haut sur ton luth d’or les maux de la tempête, les maux de l’exil, les maux de la guerre !

1300. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VIII. »

Sa peinture des grossiers essais de formation échappés aux seules forces de la nature était le démenti d’une semblable origine pour l’homme ; et on peut supposer que c’est contre une telle erreur qu’il proteste dans un des plus poétiques débris qui nous restent de ses vers : « Mais, ô dieux92, écartez de ma langue la folie de ces hommes, et faites sortir pour moi de quelques bouches saintes des eaux salutaires.

1301. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

Michaut devrait laisser à d’autres les accusations d’immoralité ou de calomnie contre la vie française ; Berquin seul, dans ce système, échapperait à de tels soupçons. […] Faguet, « presque tous les hommes illustres sont, dans leur vie, plus petits que leurs œuvres : il y en a très peu qui échappent à cette dissection ». […] Je ne serais nullement surpris que certaines nuances m’eussent échappé. […] André Gide sait que les choses sérieuses doivent échapper à la convention mondaine de l’approbation systématique. […] Aucune contrée n’échappe donc à ce fléau !

1302. (1891) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Quatrième série

On y verrait comme on se trompe, quand on va répétant que Pascal, à partir de la Cinquième Provinciale, changeant adroitement l’état de la question, et laissant aux théologiens l’objet essentiel de la dispute, se serait en quelque sorte échappé sur la morale et sur les Jésuites. […] À ce sujet, ne pourrait-on pas dire que l’erreur capitale du xviie  siècle est d’avoir voulu soumettre à la raison tout ce qui lui échappe, tout ce qui, par nature et par définition, ne saurait être de sa compétence ? […] et alors, qu’avant qu’elle nous échappe, on se hâte d’en jouir ? […] Les désirs changent d’objets : ce qu’on aimait, on ne l’aime plus ; on était libre avec les lois, on veut être libre contre elles ; chaque citoyen est comme un esclave échappé de la maison de son maître : ce qui était maxime, on l’appelle rigueur ; ce qui était règle, on l’appelle gêne ; ce qui était attention, on l’appelle crainte. […] Il ne perd pas sa matière de vue, mais elle lui échappe d’elle-même, et les « mains paternelles », selon son expression, lui en tombent de découragement : Bis pairiæ cecidere manus.

1303. (1885) L’Art romantique

» C’est par cette gêne, résultat du manque d’habitude, que peuvent être expliquées certaines locutions un peu usées, un peu poncif, empire même, qui échappent trop souvent à cette plume naturellement distinguée. […] Maintenant, à l’heure où les autres dorment, celui-ci est penché sur sa table, dardant sur une feuille de papier le même regard qu’il attachait tout à l’heure sur les choses, s’escrimant avec son crayon, sa plume, son pinceau, faisant jaillir l’eau du verre au plafond, essuyant sa plume sur sa chemise, pressé, violent, actif, comme s’il craignait que les images ne lui échappent, querelleur quoique seul, et se bousculant lui-même. […] Une seule fois, Dupont a constaté, peut-être à son insu, l’utilité de l’esprit de destruction ; cet aveu lui a échappé, mais voyez dans quels termes : Le glaive brisera le glaive, Et du combat naîtra l’amour ! […] Ainsi, le compositeur, dans la traduction musicale, a échappé à cette vulgarité qui accompagne trop souvent la peinture du sentiment le plus populaire, — j’allais dire populacier, — et pour cela il lui a suffi de peindre l’excès dans le désir et dans l’énergie, l’ambition indomptable, immodérée, d’une âme sensible qui s’est trompée de voie. […] Au point de vue moral, la poésie établit une telle démarcation entre les esprits du premier ordre et ceux du second, que le public le plus bourgeois n’échappe pas à cette influence despotique.

1304. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

la poésie des chansons de geste, des fabliaux et des mystères — eût seule échappé ! […] Malheureusement ici nous perdons une première fois sa trace : nous ignorons à quelle date précise il quitte Paris, et, jusqu’au commencement de 1648, il nous échappe. […] Mais d’autres dates nous échappent. […] Ce fut même à titre de client des Pâris qu’il eut le bonheur d’échapper à cette fièvre de l’or que Law inocula deux ans à la nation tout entière. […] On serait impardonnable de laisser échapper de telles occasions.

1305. (1896) Les idées en marche pp. 1-385

À quoi tient alors le prestige incroyable de la littérature auquel nul n’échappe ? […] Ces élans spirituels eux-mêmes n’échappent point hélas ! […] Mais qui donc échappe à ce mal ? […] Ils lui sont reconnaissants d’être plus et mieux qu’un écrivain, d’échapper aux banalités ambiantes, à la vision qui diminue. […] Certes la Chine n’a pas échappé aux lois générales.

1306. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

Plusieurs nobles maisons d’Espagne échappèrent ainsi à de fâcheux créanciers et donnèrent quoique lustre à leurs blasons décrépits. […] Il est aisé de voir que plusieurs écrivains nouveaux, dans le roman et sur le théâtre, veulent échapper à la tradition, naguère impérieuse, des calembredaines et des pornographies. […] Elles sentent que l’homme leur échappe. […] Le sceptre d’or et le globe, échappés aux mains débiles des derniers « autocrates » du Bas-Empire, étaient ramassés par la poigne vigoureuse des premiers tsars. […] Grâce à la nécessité où l’on était de faire de solides murailles, beaucoup de marbres échappèrent au four à chaux.

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