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2999. (1864) Le positivisme anglais. Étude sur Stuart Mill

Nous pouvons bien admettre qu’il y a en nous une âme, un moi, un sujet ou « récipient » des sensations et de nos autres façons d’être, distinct de ces sensations et de nos autres façons d’être ; mais nous n’en connaissons rien. […] Le corps de nos vérités n’a point une âme différente de lui-même, qui lui communique la vie ; il subsiste par l’harmonie de toutes ses parties prises ensemble et par la vitalité de chacune de ses parties prises à part.

3000. (1904) Le collier des jours. Souvenirs de ma vie

Qui sait ce que cachait cette bonne humeur, et cette gaieté exubérante, qui me réjouissait tant aujourd’hui et combien de longues, de douloureuses années de regrets et de renoncements avaient trempé cette âme, encore romanesque et naïve ? […] de luttes secrètes, dans des âmes douloureusement domptées ! […] Cette architecture maussade a l’avantage de ne pas distraire les âmes qui doivent être abîmées en Dieu. […] Elle avait une âme romanesque et éprouvait une respectueuse et naïve admiration pour l’art et pour les artistes.

3001. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Note I. De l’acquisition du langage chez les enfants et dans l’espèce humaine » pp. 357-395

En tout cas, ils annonçaient le premier éveil de l’intelligence : ils n’étaient plus aigus, prolongés, monotones ; c’étaient, pour ainsi dire, les sons d’une langue nouvelle ; cette langue, très différente du cri primitif, ne traduisait plus seulement la douleur brute, le simple malaise ; quoique rudimentaire et bornée, elle manifestait des nuances de sentiment, des états variés et compliqués de l’esprit et surtout de l’âme.

3002. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 321-384

Hyeronimo avait ses guêtres de cuir serrées au-dessus du genou par ses jarretières rouges, son gilet à trois rangs de boutons de laiton, sa veste brune aux manches vides, pendante sur une épaule ; son chapeau de feutre pointu, bordé d’un ruban noir, qui tombait sur son cou brun et qui s’y confondait avec ses tresses de cheveux ; sa cravate lâche, bouclée sur sa poitrine par un anneau de cuivre, sa zampogne sous le bras gauche qui semblait jouer d’elle-même, comme si elle avait eu l’âme des deux beaux enfants dans son outre de peau.

3003. (1912) Enquête sur le théâtre et le livre (Les Marges)

Dans un livre, les profonds écrivains font passer des expressions d’âme, traduisent noblement leur idéal, témoignent de la profondeur de leurs visions et nous imprègnent de leur personnalité.

3004. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIV » pp. 126-174

Au fond, mademoiselle de Scudéry avait de l’esprit, de l’imagination, une âme délicate et noble.

3005. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1878 » pp. 4-51

Il me semblait, qu’en entendant cet air vieillot, j’avais les cordes tendres de l’âme, caressées par de l’ingénu rococo.

3006. (1772) Éloge de Racine pp. -

âmes sensibles et presque toujours malheureuses, qui avez un besoin continuel d’émotion et d’attendrissement, c’est Racine qui est votre poëte, et qui le sera toujours : c’est lui qui reproduit en vous toutes les impressions dont vous aimez à vous nourrir ; c’est lui dont l’imagination répond toujours à la vôtre, qui peut en suivre l’activité et les mouvemens, en remplir l’avidité insatiable ; c’est avec lui que vous aimerez à pleurer ; c’est à vous qu’il a confié le dépôt de sa gloire ; et vous la défendrez sans doute, pour prix des larmes qu’il vous fait répandre.

3007. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre V : Règles relatives à l’explication des faits sociaux »

En s’agrégeant, en se pénétrant, en se fusionnant, les âmes individuelles donnent naissance à un être, psychique si l’on veut, mais qui constitue une individualité psychique d’un genre nouveau74.

3008. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IX. Première partie. De la parole et de la société » pp. 194-242

Il fallait commencer par faire comprendre ce qu’il y a de l’âme dans cette voix de l’homme, qui est un souffle de Dieu.

3009. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1894 » pp. 185-293

mais chez nous, quand l’âme est prise si violemment, se peut-il que la chair s’absente d’un concert, où tout chante le désir d’aimer !  […] Jean Lorrain, peint à l’huile par de la Gandara (1894), sur un exemplaire des : Buveurs d’âmes.

3010. (1914) Note sur M. Bergson et la philosophie bergsonienne pp. 13-101

… « sans rien considérer pour cette effet que Dieu seul qui l’a créé, ni les tirer d’ailleurs que de certaines semences de vérités qui sont naturellement en nos âmes.

3011. (1898) Introduction aux études historiques pp. 17-281

Clément, dans la plupart des éditions des « Œuvres » de saint Bonaventure et dans un grand nombre de manuscrits du moyen âge, un poème intitulé Philomen a  : le poème intitulé Philomena est de saint Bonaventure, et « on y recueille de précieuses notes sur l’âme même » de ce saint homme80. […] Par exemple, il avait visité la ville d’Adélaïde, en Australie : « Je vis, dit-il, à nos pieds, dans la plaine, traversée par un fleuve, une ville de 150 000 habitants dont pas un n’a jamais connu et ne connaîtra jamais, la moindre inquiétude au sujet du retour régulier de ses trois repas par jour » ; or Adélaïde est bâtie sur une hauteur ; aucune rivière ne la traverse ; sa population ne dépassait pas 75 000 âmes et elle souffrait d’une famine à l’époque où M.  […] De cette conception est née la théorie du Volksgeist (esprit du peuple), dont une contrefaçon a pénétré depuis quelques années en France sous le nom d’âme nationale ». Elle est aussi au fond de la théorie de l’âme sociale exposée par Lamprecht.

3012. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre III. De la signification de la vie. L’ordre de la nature et la forme de l’intelligence. »

Quand un instinct puissant proclame la survivance probable de la personne, elles ont raison de ne pas fermer l’oreille à sa voix ; mais s’il existe ainsi des « âmes » capables d’une vie indépendante, d’où viennent-elles ? […] Ainsi se créent sans cesse des âmes, qui cependant, en un certain sens, préexistaient.

3013. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « PARNY. » pp. 423-470

Ce n’est que lorsqu’il avance et que la douleur l’éprouve à son tour, qu’il s’élève par degrés et qu’il rencontre de ces accents dont toute âme sensible peut se ressouvenir, à tout âge, sans rougeur.

3014. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre deuxième »

., de toutes sortes de souvenirs d’érudition ; mais, si je ne me fais illusion, quand on s’est amusé jusqu’à la satiété des charmants récits de Froissart, ce n’est pas sans plaisir qu’on sent pour la première fois, dans cette vie de Charles V, l’âme de l’histoire.

3015. (1914) Boulevard et coulisses

Si la légende a péri, c’est qu’elle n’avait plus ni vertu ni signification profonde, et que nos âmes n’y trouvaient plus de charme ; si la fantaisie a disparu, c’est qu’elle était devenue trop légère et trop frivole.

3016. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre premier. Les caractères généraux et les idées générales. » pp. 249-295

Ce groupe est fort abondant ; on s’en aperçoit à la multitude des détails qu’on est obligé de donner quand on essaye de décrire une figure et une âme humaines.

3017. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (1re partie) » pp. 81-159

J’attachais mon esprit et mon âme à ces phénomènes dont la variété me surprenait.

3018. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre II. L’antinomie psychologique l’antinomie dans la vie intellectuelle » pp. 5-69

Maeterlinck, aboutirait assez logiquement à la conception d’une société idéale des âmes unies spirituellement dans un mode d’existence supérieur où les barrières de l’individualité seraient tombées, à la conception d’une communion transcendantale des moi, dans l’acte religieux ou dans l’acte esthétique.

3019. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — I. Faculté des arts. Premier cours d’études. » pp. 453-488

Ce que j’attribue au petit nombre d’idées qui les absorbent et bornent l’esprit au lieu de l’étendre, comme on l’imagine. » LA METTRIE, Histoire naturelle de l’âme.

3020. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre premier. Nature et réducteurs de l’image » pp. 75-128

Il faut laisser de côté les mots de raison, d’intelligence, de volonté, de pouvoir personnel, et même de moi, comme on laisse de côté les mots de force vitale, de force médicatrice, d’âme végétative ; ce sont des métaphores littéraires ; elles sont tout au plus commodes à titre d’expressions abréviatives et sommaires, pour exprimer des états généraux et des effets d’ensemble.

3021. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre deuxième. La connaissance des corps — Chapitre premier. La perception extérieure et les idées dont se compose l’idée de corps » pp. 69-122

L’homme primitif, l’Aryen, le Grec, imprégnait de son âme les sources, les fleuves, les montagnes, les nuées, l’air, tous les aspects du ciel et du jour ; il voyait dans les êtres inanimés des vivants semblables à lui-même.

3022. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVe entretien » pp. 317-396

II De tous ces personnages historiques devenus aussi immortels que le nom du continent qui les a produits, Confucius est certainement celui qui personnifie en lui le plus grand nombre de siècles et la plus grande masse d’hommes ; car il a inspiré de son âme vingt-trois siècles, et il est devenu, non pas le prophète ou le demi-dieu, mais le philosophe législatif d’un peuple de quatre cents millions d’hommes !

3023. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1857 » pp. 163-222

Oui, nous sommes de ce monde, nous en avons le langage, les gants, les bottes vernies, et cependant nous y sommes dépaysés et mal à l’aise, comme des gens déportés dans une colonie, dont les colons n’auraient que les dehors à notre portée, mais l’âme à cent lieues de la nôtre.

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