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39. (1928) Les droits de l’écrivain dans la société contemporaine

Cependant lorsqu’un jour un marchand lui offrit, au nom d’un collectionneur, la somme de cent mille francs pour son trésor, il ne put s’empêcher de céder à cette pression inattendue de la fortune. […] Mais il empêcherait par contre les amis de trahir en vendant les lettres qui leur ont été envoyées. […] Ils ne peuvent pas empêcher, en effet, que les conversations, qu’un artiste a tenues durant sa vie, soient rapportées après sa mort par ses familiers. […] Ce qui si souvent empêche de les attraper, c’est qu’on croit les avoir déjà vues dans les livres. […] Mais si les héritiers se multiplient, qu’est-ce qui empêcherait la création d’un organisme spécial, chargé de veiller au partage et à la distribution des droits de l’écrivain mort à ses successeurs ?

40. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 109-114

Notre but n'est pas d'empêcher qu'on ne l'admire, mais d'empêcher qu'on ne le croye toujours sur sa parole.

41. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre huitième. »

Mais l’échevin doit dire : Messieurs, volez tant qu’il vous plaira, je ne puis l’empêcher, je me retire. […] Les derniers traits de l’ombre empêchent qu’il ne voie Le filet…. […] En effet, une idée fausse qui nous empêche de porter sur une chose un jugement sain, est comme un voile interposé entre nous et l’objet que nous voulons juger.

42. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxve entretien. Histoire d’un conscrit de 1813. Par Erckmann Chatrian »

Devant chaque porte se trouvait une botte de paille, pour empêcher le froid de passer dessous. […] — Cela ne t’empêchera pas d’être boiteux, dit M.  […] — Tout cela, dit alors M. le maire, n’empêche pas ce jeune homme de boiter depuis sa naissance ; c’est un fait connu de Phalsbourg. […] » En entendant cela, je ne pus m’empêcher de répandre encore des larmes, et le grand Furst aussi, nous pleurions en marchant ; les autres, pâles comme des morts, ne disaient rien. […] La femme du boulanger avait mis sécher mes souliers près du four, après les avoir remplis de cendres chaudes, pour les empêcher de se racornir.

43. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mars 1886. »

Pour moi, il en est en ce moment de la place que certains français veulent assigner à Wagner, comme du fauteuil de l’Académicien ; on se soucie bien moins d’y recevoir quelqu’un que d’empêcher d’autres de s’y asseoir. […] Carvalho a été prévenu qu’il s’organisait une violente manifestation, on pourrait presque dire un complot, pour empêcher la représentation du Lohengrin. […] Je ne vois pas de raisons pour ne pas aller l’entendre nous-mêmes, et surtout pour empêcher les autres d’aller l’entendre. […] Et quel fou oserait soutenir qu’il faut dès lors interdire aux amateurs français d’entendre et le Freischütz et Don Juan pour ces deux morts et les empêcher de recommencer une autre fois. […] Les gens qui sont résolus à faire tout ce qu’ils pourront pour empêcher la représentation de Lohengrin sont extrêmement nombreux ; ils se comptent par milliers.

44. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Fanny. Étude, par M. Ernest Feydeau » pp. 163-178

Mais après avoir encore une fois savouré ces tristes délices de la lecture d’Adolphe, avoir goûté cette finesse consommée d’expérience sociale, cette vérité aride et terne, si bien dissoute et démêlée, et avoir reconnu, par-dessus tout, le cachet d’élégance et de distinction achevée empreint dans l’ensemble, je n’ai pu m’empêcher d’admirer la différence des temps, des sociétés, des écoles diverses. […] J’essayai donc de mille manières de fixer son attention : je ramenai la conversation sur des sujets que je savais l’intéresser ; nos voisins s’y mêlèrent : j’étais inspiré par sa présence ; je parvins à me faire écouter d’elle ; je la vis bientôt sourire : j’en ressentis une telle joie, mes regards exprimèrent tant de reconnaissance, qu’elle ne put s’empêcher d’en être touchée. […] Avec une politesse exquise qui excluait toute forme familière et nous tenait à distance l’un de l’autre comme il l’entendait, mais avec une tranquillité d’accent et une manière courtoise, il se mit immédiatement à conduire le discours, et je ne pus m’empêcher de le suivre. […] C’est une autre question qu’on ne peut s’empêcher de se poser d’abord après avoir lu Fanny, et qui tient surtout à la manière réelle, poignante et saignante, dont toutes choses y sont présentées. — À cette question, les réponses ne sont pas unanimes.

45. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Despréaux, avec le plus grand nombre des écrivains de son temps. » pp. 307-333

Despréaux & lui s’écrivirent des lettres pleines de témoignages d’estime & d’amitié ; mais cela n’empêcha point que le satyrique, en parlant des dangers d’épouser une femme coquette, ne lâchât ce vers : Me mettre au rang des saints qu’a célébrés Bussi. […] Louis XIV en fut si content, qu’il le nomma sous-précepteur de Monseigneur : mais l’ignorance d’une langue nécessaire pour ce poste l’empêcha de le remplir. […] Avec de pareils principes, & voulant empêcher que le parnasse ne fût une école d’impiété, qu’on n’y affichât une philosophie antichrétienne, est-il étonnant qu’il ait si peu ménagé Saint-Pavin & Liniere. […] Cette seule plaisanterie empêcha l’abbé Cassaigne de prêcher à la cour un carême pour lequel il avoit été nommé.

46. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence de la chaire. » pp. 205-232

Des personnes, qui n’avoient guère lu Cicéron ni Démosthène, qui connoissoient à peine de nom ces génies puissans & créateurs, joignirent leur voix à la sienne, pour empêcher tout jeune prédicateur de se remplir de leurs plus beaux traits, & de s’embraser de leur feu. […] L’abbé Goujet prétend que ces deux ou trois parties qui divisent communément un sermon, n’empêchent point d’en faire un tout régulier & bien suivi, d’approfondir les raisonnemens, de varier la matière. […] Mais Chéminais est foible : ses productions sont celles d’un génie heureux, qui n’est point encore parvenu à sa maturité ; & sa mort l’a empêché de mettre la dernière main à ses ouvrages. […] On ne peut s’empêcher de rire dans les sermons de celui-ci, sur l’enfant prodigue & sur la Magdelaine ; non plus que dans un panégyrique de la vierge d’un autre prédicateur, qui rapporte naïvement que Marie & son fils eurent des altercations au sujet du salut de l’ame d’un ecclésiastique libertin, quoique dêvot à la mère.

47. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Carle Vanloo  » pp. 117-119

Si on eût rendu la caverne sauvage ; si on l’eût couverte d’arbustes, vous conviendrez qu’on n’aurait pas eu besoin de ces deux mauvaises têtes de chérubin qui empêchent que la Magdelaine ne soit seule. […] Ces femmes ont tant d’habitude d’épier et de coudre en même temps que l’un n’empêche pas l’autre.

48. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Doyen » pp. 244-247

Derrière Andromaque un soldat empêche une des suivantes d’Andromaque d’approcher de sa maîtresse et de l’enfant. […] Or c’est ce qu’elle ne fait point, et ce qu’elle ne saurait faire ; car elle ne le voit pas, ce soldat mal placé l’en empêche.

49. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 14, qu’il est même des sujets specialement propres à certains genres de poësie et de peinture. Du sujet propre à la tragedie » pp. 108-114

Quelques reflexions que je vais faire sur les actions propres à la tragedie, empêcheront peut-être ceux qui voudront bien y faire attention, de se méprendre sur le choix des sujets qui lui conviennent. […] Un scelerat qui subit sa destinée ordinaire dans un poëme, n’excite pas aussi notre compassion ; son supplice, si nous le voïions réellement, exciteroit bien en nous une compassion machinale : mais comme l’émotion que les imitations produisent n’est pas aussi tyrannique que celle que l’objet même exciteroit, l’idée des crimes qu’un personnage de tragedie a commis nous empêche de sentir pour lui une pareille compassion.

50. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Lettres d’une mère à son fils » pp. 157-170

… Et s’il n’y est pas, s’il ne peut pas être en ces quelques lettres sur des points si peu nombreux, quand il fallait tant en toucher, y a-t-il, au moins, dans ce livre, la grande vue qui couvre tout de son illumination féconde et qui, à force de lumière, nous empêche de rien regretter ? […] … On le voit, dès le premier mot du livre, ce qui lui manque, c’est le robuste et le net d’une doctrine, d’une doctrine qui empêcherait un esprit aussi distingué que Corne de glisser dans les logomachies bêtes de ce temps ; c’est l’efficacité d’un enseignement précis ; ce sont les principes supérieurs qui engendrent forcément une pratique de vie et maîtrisent l’homme. […] Elle aurait empêché la mère d’Adrien, madame d’Alonville, de vouloir faire l’éducation morale de son fils sur le seuil du monde, à la veille des passions qui vont tout à l’heure éclater.

51. (1842) Discours sur l’esprit positif

La saine philosophie, toujours obligée d’apprécier le mode nécessaire suivant lequel chacune des grandes phases successives de l’Humanité a effectivement concouru à notre évolution fondamentale, rectifiera soigneusement ces injustes préjugés, qui empêchent toute véritable théorie historique. […] Personne, sans doute, n’a jamais démontré logiquement la non existence d’Apollon, de Minerve, etc., ni celle des fées orientales ou des diverses créations poétiques ; ce qui n’a nullement empêché l’esprit humain d’abandonner irrévocablement les dogmes antiques, quand ils ont enfin cessé de convenir à l’ensemble de sa situation. […] Ne pouvant empêcher le libre essor de la raison moderne chez les esprits cultivés, on s’est ainsi proposé d’obtenir d’eux, en vue de l’intérêt public, le respect apparent des antiques croyances, afin d’en maintenir, chez le vulgaire, l’autorité jugée indispensable. […] Si, en quelques cas exceptionnels d’extrême surcharge, cet obstacle continu semble, en effet, devoir empêcher tout essor mental, il est ordinairement compensé par ce caractère de sage imprévoyance qui, dans chaque intermittence naturelle des travaux obligés, rend à l’esprit une pleine disponibilité. […] Or, le peuple ne pouvait longtemps s’intéresser directement à de tels conflits, puisque la nature de notre civilisation empêche évidemment les prolétaires d’espérer, et même de désirer, aucune importante participation à la puissance politique proprement dite.

52. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XII » pp. 47-52

Les bourres de papier ne doivent pas être trop serrées, — assez pour empêcher le camphre de sortir, pas assez pour empêcher l’air de circuler.

53. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre III. Du meilleur plan. — Du plan idéal et du plan nécessaire. »

On ferait des têtes de chapitres sous lesquelles on n’aurait rien à mettre ; ces trous, devant lesquels le lecteur serait brusquement arrêté, l’empêcheraient de nous suivre où nous voulons le mener, et lui ôteraient toute confiance. […] Cet effort exaltera l’esprit, l’empêchera de se satisfaire à bon compte et de poursuivre par les petits moyens le succès du moment.

54. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 17, s’il est à propos de mettre de l’amour dans les tragedies » pp. 124-131

Comment un homme dont l’esprit est insensible à la gloire militaire, et qui ne regarde ce qu’on appelle vulgairement un conquerant que comme un furieux à charge au genre humain, peut-il être vivement interessé par les mouvemens inquiets de l’impetueux Achile quand il imagine qu’on conspire pour l’empêcher de s’aller immortaliser en prenant Troye. […] Ce qu’ils sçavent du passé, ce qu’ils prévoïent de l’avenir, les empêche de s’étonner de ce qu’ils voïent.

55. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 26, que les jugemens du public l’emportent à la fin sur les jugemens des gens du métier » pp. 375-381

Les fautes que les gens du métier s’obstinent à faire remarquer dans les ouvrages estimez du public retardent bien leur succès, mais elles ne l’empêchent point. […] En premier lieu, s’ils ne peuvent pas faire blâmer un ouvrage par ceux qui le connoissent, ils peuvent empêcher beaucoup de gens de le connoître en les détournant de l’aller voir ou de le lire.

56. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Madame de La Fayette ; Frédéric Soulié »

D’un autre côté, que madame de la Fayette fût de l’hôtel de Rambouillet et portât des jupons musqués de peau d’Espagne, la quintessence du goût dans une si délicate créature ne pouvait aller jusqu’au faux et au violent, et l’aurait, à ce qu’il nous semble, empêchée d’écrire l’épisode de la chemise, au madrigal sanglant, qui touche à l’impudeur, et qui est bien plus une idée du temps d’Henri IV qu’une idée du temps de Louis XIV. […] L’invincible droiture qui était en lui, et qui l’avait empêché d’être gauchi par l’action funeste de son temps, le fit mourir chrétiennement, posant à un de ses amis nouvellement converti toutes les questions du catéchisme, écoutant les réponses, et, foudroyé d’évidence, ne faisant pas une objection.

57. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « La Divine Comédie de Dante. traduite par M. Mesnard, premier vice-président du Sénat et président à la Cour de cassation. » pp. 198-214

Cependant je sens que je commence à te goûter, et je l’admire comme un rare génie, surtout pour le temps où il a vécu… Mais cette lecture ne profite pas à de Brosses, qui continue de trouver Dante un poète tout à fait sec et sans aménité : Je ne puis m’empêcher d’ajouter encore ici que plus je lis le Dante, plus je reste surpris de cette préférence que je lui ai vu donner sur l’Arioste par de bons connaisseurs : il me semble que c’est comme si on mettait le Roman de la rose au-dessus de La Fontaine. […] Villemain, et le tout s’animait d’un enthousiasme général qui laissait place pour les réserves que l’admiration elle-même ne saurait s’empêcher de poser. […] Cet amour, dont les principaux accidents et les aventures se bornèrent à quelques saluts, à quelques regards échangés et à quelques sourires, tout au plus à de rares paroles, et qui ne devait empêcher aucune des deux personnes qui s’en entretenaient ainsi, de s’engager un peu plus tôt ou un peu plus tard dans les liens positifs du mariage ; cet amour qui semblait d’ailleurs à jamais rompu par la mort prématurée de Béatrix vers l’âge de vingt-six ans, devint et continua d’être la pensée profonde, supérieure, le ressort le plus élevé de la conduite et des entreprises de Dante. […] Mesnard aurait désiré, sur sa traduction, un plus grand nombre de ces remarques de détail : c’est la convenance seule, et je dirai, la politesse qui m’a empêché de les multiplier de peur de paraître déprécier un travail dont l’ensemble est satisfaisant et dont l’intention avant tout est recommandable.

58. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Observations générales, sur, l’art dramatique. » pp. 39-63

Le vieil Horace s’applaudit de ce que ses enfants n’ont pas voulu qu’on les empêchât de combattre contre les trois Curiaces. […] Telle était, dans Tancrède, la difficulté d’empêcher que les deux amants ne pussent se voir et s’expliquer, ni avant ni après le combat. […] Cette reconnaissance empêche le crime de se consommer ; mais le spectateur n’en a pas moins frémi sur le sort d’Égiste et d’Oreste ; et le but de la tragédie est également rempli dans ces fables. […] Il faut observer, dans cette sorte de fable, que celui qui a entrepris le crime ne l’abandonne pas par un simple changement de volonté, mais qu’il en soit empêché, par une cause étrangère.

59. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre IV »

L’ouvrier tailleur est aigri contre le maître tailleur qui l’empêche d’aller en journée chez les bourgeois, les garçons perruquiers contre le maître perruquier qui ne leur permet pas de coiffer en ville, le pâtissier contre le boulanger qui l’empêche de cuire les pâtés des ménagères, le villageois fileur contre les filateurs de la ville qui voudraient briser son métier, les vignerons de campagne contre le bourgeois qui, dans un rayon de sept lieues, voudrait faire arracher leurs vignes792, le village contre le village voisin dont le dégrèvement l’a grevé, le paysan haut taxé contre le paysan taxé bas, la moitié de la paroisse contre ses collecteurs, qui à son détriment ont favorisé l’autre moitié. « La nation, disait tristement Turgot793, est une société composée de différents ordres mal unis, et d’un peuple dont les membres n’ont entre eux que très peu de liens, et où, par conséquent, personne n’est occupé que de son intérêt particulier. […] Il a tenu les hommes séparés, il les a empêchés de se concerter, il a si bien fait, qu’ils ne se connaissent plus, que chaque classe ignore l’autre classe, que chacune se fait de l’autre un portrait chimérique, chacune teignant l’autre des couleurs de son imagination, l’une composant une idylle, l’autre se forgeant un mélodrame, l’une imaginant les paysans comme des bergers sensibles, l’autre persuadée que les nobles sont d’affreux tyrans. — Par cette méconnaissance mutuelle et par cet isolement séculaire, les Français ont perdu l’habitude, l’art et la faculté d’agir ensemble.

60. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — Les traductions. » pp. 125-144

Le mécontentement de Pope ne fut pas le seul chagrin qu’eut à essuyer M. l’abbé Duresnel : on lui fit beaucoup d’autres tracasseries, qui l’ont empêché de donner une édition nouvelle de son ouvrage avec des corrections & des changemens. […] Selon lui, les beautés du goût de toutes les nations doivent être conservées : mais il ne juge pas qu’il en soit de même de certaines beautés locales, que des allusions, à des usages particuliers, empêchent d’être senties partout, & rendent le plus souvent des énigmes insipides. […] « Substituer, dit-il, des mots françois à des mots d’une autre langue, c’est faire comme les écoliers qui commencent à traduire. » D’ailleurs, ajoute-t-il, qu’est-ce qui empêche qu’on ne soit à la fois élégant & siecle ?

61. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XVII. Le Retour du Christ. Appel aux femmes ! »

Dumas, « la Vierge pleine de grâce, — si on veut, — n’est qu’une légende poétique, embarrassante pour le christianisme et qui l’empêchera de triompher !  […] Ordinairement, quand il parle des femmes, la science et le mépris qui se combinent dans son langage l’empêchent d’avoir peur des mots qu’il emploie. […] Dumas s’est permise contre la sainte Vierge, empêcheront aussi qu’on accepte, sur le grand et ridicule pied où il le donne, le livre malade de ce bas-bleu, — qui n’est pas bleu comme l’azur du ciel, mais plutôt comme un commencement de gangrène.

62. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Si j’avais une fille à marier ! » pp. 215-228

Cette distinction n’empêche nullement Weill de répéter, en la variant, cette affirmation, à laquelle il tient bien davantage : c’est que « la femme mariée qui fait son devoir est supérieure à l’homme (même quand il fait le sien ?) […] — qu’il empêchera les influences de ces romans ou leur curiosité, qui est déjà une influence, de pénétrer dans l’esprit de sa fille, en y opposant son système concentré de physiologie paternelle. […] Le grain de poésie qui est en lui, et qui l’a fait peintre d’intérieur et de paysages dans quelques nouvelles et quelques romans, l’empêchera toujours de se donner entièrement aux idées de ce monstre d’abstraction… et de concrétion, qui comparait les étoiles, ces radieuses fleurs du ciel, à une éruption de petite vérole.

63. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Byron »

… J’imagine qu’il serait peu flatté de la chose, et qu’il ressentirait une de ces superbes colères vert-pâle auxquelles il était sujet et comme il en eut une, par exemple, quand les directeurs de Drury-Lane firent le projet de jouer son Marino Faliero : « Je n’ai rien tant à cœur — écrivait-il alors de Ravenne à Murray (c’était en 1821) — que d’empêcher ce drame d’être joué. » Et cependant les directeurs de Drury-Lane ne travestissaient pas l’œuvre du poète ; ils voulaient seulement l’interpréter. […] Et pas moyen d’empêcher cela, à ce qu’il paraît ! […] III La violence donc, — car il est violent, et c’est cette violence de sentiment, ne troublant jamais la pureté de sa forme, qui fait de Byron ce mélange d’intensité et de pureté vraiment incomparables, — la violence donc, naturelle à Byron, a empêché de voir ce qui distinguait le plus son génie, comme d’autres choses, qui étaient plus ou moins en lui, ont fait illusion sur sa vie… J’ai dit plus haut que l’esprit de contradiction était naturellement développé en lui à un degré extraordinaire.

64. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XIII. Pascal »

Ils n’ont rien compris ou du moins ont compris peu de chose à ce Solitaire, plus solitaire que tous les solitaires de Port-Royal dont il faisait partie, car jamais la régie et la communauté de doctrine et de foi n’empêchèrent qu’il ne fût seul, éternellement seul, sur la montagne de son esprit. […] C’est même la raison, par parenthèse, qui m’a toujours empêché de croire qu’eût-il vécu plus longtemps et n’eût-il pas eu dans le cœur le néant de tout, qui empêche de rien achever, Pascal eût pu élever à la religion le monument que l’on regrette, non que l’ordonnance d’un beau livre ne fût dans les puissances de ce grand esprit de déduction et de géométrie, mais la peur fait trembler la main et dérange les combinaisons de l’artiste, tandis que la terreur, tout le temps qu’elle ne vous glace pas, fait pousser le cri pathétique ; et le cri pathétique chez l’écrivain, c’est l’expression !

65. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Jules Sandeau » pp. 77-90

Jules Sandeau nous donnent la sensation des lunettes bleues et empêchent l’ophthalmie. […] Ce talent a toujours ce degré de tempéré et de tempérance qui l’empêche d’être un danger pour personne, et surtout pour celui qui l’a, car le talent est dangereux, et l’on en devrait dégoûter les enfants, si l’éducation était mieux faite. […] Cette mésalliance fait sur la fière Renée l’effet de l’écarlate sur le taureau, et, pour l’empêcher à tout prix, elle part, Don Quichotte en robe bouffante, avec son Pyrmil, Sancho émacié, en soutane.

66. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Introduction »

Et sans doute, il nous est difficile d’empêcher que la conscience se mêle à la science, lorsque l’objet que nous proposons à notre étude scientifique est justement une idée morale. […] Par exemple, l’intervention de l’État hâterait-elle ou au contraire empêchera-t-elle une répartition des richesses conforme à l’idéal que vous acceptez ? […] À vouloir tirer trop tôt parti de la science, on risque de l’empêcher de porter ses fruits.

67. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Clément Marot, et deux poëtes décriés, Sagon & La Huéterie. » pp. 105-113

Le point le plus important pour eux étoit d’empêcher que Marot ne revînt dans sa patrie. […] Pour empêcher qu’on ne les exauçât, Sagon & la Huéterie se hâtèrent d’écrire aux mêmes personnes que Marot avoit sollicitées, & de leur écrire en vers, imitant son badinage & sa légèreté.

68. (1896) Écrivains étrangers. Première série

Ce n’est pas le tourbillon de la vie parisienne qui m’a empêché de vous répondre plus tôt, mais simplement ma paresse. […] Et en cela encore, je ne puis m’empêcher de penser qu’il a bien fait. […] Empêcheront-elles les hommes de souffrir, et de se haïr, et de s’entre-dévorer quand l’instinct fatal les y poussera ? […] Il ne les empêche point non plus, — si nous en jugeons par leurs réponses aux questions de M.  […] « Rien n’empêche, dit-il, de concevoir un roman mystique ayant une forme naturaliste. » Et M. 

69. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre II. De la reconnaissance des images. La mémoire et le cerveau »

On pourrait donc dire que les mouvements qui provoquent la reconnaissance machinale empêchent par un côté, et de l’autre favorisent la reconnaissance par images. […] Tantôt eues empêcheraient le corps de prendre, en face d’un objet, l’attitude appropriée au rappel de l’image : tantôt elles couperaient à ce souvenir ses attaches avec la réalité présente, c’est-à-dire que, supprimant la dernière phase de la réalisation du souvenir, supprimant la phase de l’action, elles empêcheraient par là aussi le souvenir de s’actualiser. […] Dans la seconde, l’évocation des souvenirs est elle-même empêchée. […] On suppose ici une lésion sous-corticale qui empêcherait les impressions acoustiques d’aller retrouver les images verbales auditives dans les centres de l’écorce où elles seraient déposées. […] La cécité psychique n’empêche pas de voir, pas plus que la surdité psychique d’entendre.

70. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Girac, et Costar. » pp. 208-216

Souvenez-vous de ces paroles qu’il vous dit dans un tête à tête : En considération de M. le marquis de Montausier, j’empêcherai ma compagnie d’aller chez vous ; c’est un seigneur à qui je dois tout. […] Il réclama leur autorité pour empêcher que ce libèle ne parût.

71. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIIIe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (1re partie) » pp. 5-96

Par suite, l’autorité du maître sur l’esclave est également juste et utile ; ce qui n’empêche pas que l’abus de cette autorité ne puisse être funeste à tous les deux. […] Rien n’empêche, en effet, qu’elle ne soit plus riche et plus vertueuse que la minorité, non point individuellement, mais en masse. […] « Rien n’empêche donc les monarques de se trouver en ceci d’accord avec les États qu’ils régissent, si de fait ils ne recourent à cet expédient que quand la conservation de leur propre pouvoir est dans l’intérêt de l’État. […] En se rangeant de l’un ou de l’autre côté, elle rétablit l’équilibre et empêche qu’aucune prépondérance excessive ne se forme. […] Dans la démagogie surtout il faut empêcher non-seulement qu’on en vienne au partage des biens des riches, mais même qu’on partage l’usufruit ; ce qui, dans quelques États, a lieu par des moyens détournés.

72. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 décembre 1886. »

Menacé par les Dieux, Loke trouve un expédient, empêche l’architecte de finir son travail, et le fait assommer par Thor (Donner). […] Un autre épisode est venu s’ajouter à celui-là, par une confusion très heureuse que Wagner a faite, de propos délibéré, entre Freia et Idun ou Iduna, déesse dont les pommes d’or empêchent les dieux de vieillir. […] Cela n’empêcha pas l’Association des Artistes musiciens de tenter, le 10 décembre 1853, un essai de musique wagnérienne par l’ouverture du Tannhaeuser. […] Les théâtres royaux ont fait quelque chose pour empêcher l’abrutissement complet du goût, mais eux aussi sont forcés de faire recettes, et l’intendant doit non seulement plaire au public, mais souvent aussi à certaines coteries. […] Fétis se montra plus tard hostile au compositeur et sa revue fit beaucoup pour empêcher la représentation à Paris de Tannhäuser.

73. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Vie militaire du général comte Friant, par le comte Friant, son fils » pp. 56-68

À la bataille de Sediman, où Mourad Bey à la tête de ses mameluks se brisait contre les carrés français, mais où un feu de quatre pièces tiré des hauteurs emportait bien des hommes, qui une fois tombés et laissés sur le champ de bataille étaient massacrés, le général Desaix, affligé de voir ces braves périr d’une mort horrible, eut un moment l’idée de rejoindre les barques pour les y déposer ; il demanda l’avis de Friant qui lui répondit aussitôt, en lui montrant les retranchements ennemis : « Général, c’est là-haut qu’il faut aller ; la victoire ou la mort nous y attend, nous ne devons pas différer d’un moment l’attaque. » — « C’est aussi mon sentiment, répliqua le général Desaix, mais je ne puis m’empêcher d’être ému en voyant ces braves gens périr de la sorte. » — « Si je suis blessé, repartit le général Friant, qu’on me laisse sur le champ de bataille !  […] … Et il entrait dans quelques brèves explications sur le débarquement de l’armée anglaise, qu’il n’avait pu empêcher. Bonaparte lui répondit : J’ai connu, citoyen général, les efforts que vous avez faits pour empêcher le débarquement des Anglais.

74. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre IV. La folie et les lésions du cerveau »

Appelez ce désordre comme il vous plaira, je l’appelle une maladie, et si vous reconnaissez l’âme comme le principe qui pense et qui sent, je ne vois pas ce qui empêche de dire que l’âme est malade lorsqu’elle pense et sent d’une manière absurde40. […] Lemoine sait qu’il n’est pas aisé non plus de définir l’erreur et de la distinguer du péché, ou réciproquement, ce qui n’empêche pas que l’un et l’autre ne soient très-distincts. […] En vérité, je ne vois pas ce qui peut empêcher d’admettre que le trouble initial qui détermine la folie est tantôt dans le corps et tantôt dans l’âme, que les modifications organiques qui l’accompagnent sont tantôt la cause, tantôt l’effet.

75. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Edgar Quinet »

C’est pour me faire place que ces monarques d’un jour sont tombés, depuis les trilobites cuirassés, depuis les royales ammonites, jusqu’aux grands vertébrés… « Moi seul je suis le dominateur suprême en qui s’achève toute vie », — ce qui ne l’empêche pas de dire, quelques lignes plus haut ou plus loin, que l’homme pourrait bien n’être qu’un monarque éphémère, et que le temps approche où il sera détrôné. […] Elle empêchera d’aller plus loin dans la lecture du livre de Quinet ceux qui l’auront commencée, et elle empêchera les autres de la commencer.

76. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mémoires de Mme Elliot sur la Révolution française, traduits de l’anglais par M. le comte de Baillon » pp. 190-206

Il me parut très impressionné de cette mort, et il avait fait, me dit-il, tout ce qui était en son pouvoir pour l’empêcher… Il resta quelque temps avec moi ; il était triste et dit que les révolutions devaient être très bonnes et très utiles pour nos enfants, car elles étaient vraiment terribles pour ceux qui en étaient témoins et qui les subissaient. […] Je ne pus m’empêcher de dire : — « J’espère, monseigneur, que vous voterez pour la mise en liberté du roi. » — « Certainement, répondit-il, et pour ma propre mort !  […] Elle ne put s’empêcher tout d’abord de lui jeter à la face la pensée dont son cœur était plein, et de lui dire qu’elle le supposait en deuil apparemment de la mort du roi : il sourit d’un air contraint et dit qu’il était en deuil de son beau-père le duc de Penthièvre. […] À peine sorti de prison, il m’envoya une livre de thé vert, le meilleur que j’aie jamais pris, et une petite provision de sucre. » Mais le souvenir du 21 janvier s’interposait toujours, et elle ne put s’empêcher d’être ingrate. — Le régime de la prison en vue d’une mort commune et prochaine est la plus grande leçon d’égalité.

77. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier (suite et fin.) »

« Le Prince-Régent peut empêcher tous ces malheurs. […] Pour moi, cette lettre lue, et avant toute question à son sujet, je ne puis m’empêcher de m’écrier : « Bien, très bien ! […] En revanche, un esprit supérieur comme Napoléon ne put-il pas reconnaître, à sa rentrée en France dans les Cent-Jours, que l’état de l’opinion exigeait désormais des procédés libéraux, des garanties constitutionnelles permanentes, et qu’on ne pouvait s’empêcher d’en accorder ? […] Or, dans les Cent-Jours, et pendant tout le temps qu’on discuta la Constitution, Napoléon eut du moins ce genre de sincérité qui consistait à empêcher ses nouveaux collaborateurs de pécher par excès et de compromettre leur œuvre en la rendant impraticable à l’usage ; il ne leur tendit aucun piège, et quand on voulait trop, il se montrait prêt aussitôt à se cabrer.

78. (1887) Discours et conférences « Appendice à la précédente conférence »

La renaissance scientifique de l’Europe ne s’est pas faite non plus avec le catholicisme, et, à l’heure qu’il est, sans qu’il faille beaucoup s’en étonner, le catholicisme lutte encore pour empêcher la pleine réalisation de ce qui résume le code rationnel de l’humanité, l’État neutre, en dehors des dogmes censés révélés. […] Le cheik Gemmal-Eddin me paraît avoir apporté des arguments considérables à mes deux thèses fondamentales : — Pendant la première moitié de son existence, l’islamisme n’empêcha pas le mouvement scientifique de se produire en terre musulmane ; — pendant la seconde moitié de son existence, il étouffa dans son sein le mouvement scientifique, et cela pour son malheur !

79. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Platon, et Aristote. » pp. 33-41

Toutes les fois qu’Aristote avoit cherché les moyens d’engager une affaire, ils l’avoient empêchée par attachement pour leur maître, dont ils craignoient de voir la réputation compromise. […] Il aimoit l’étude avec tant de passion, que, pour y passer les nuits & s’empêcher de dormir, il étendoit hors du lit une main, dans laquelle il avoit une boule d’airain : la boule répondoit à un bassin, & le réveilloit au bruit qu’elle faisoit en tombant.

80. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Troisième faculté d’une Université. Faculté de droit. » pp. 506-510

S’il faut une fermeté, un courage inouïs pour rectifier ce qui a été une fois mal institué, il faut tout son génie pour empêcher que ce qui a été une fois bien institué ne soit détruit ou gâté. […] S’il y a un souverain en Europe qui puisse former de grands projets et tirer de son fonds la solution à toutes les difficultés qui en empêcheraient ou qui en retarderaient l’exécution, c’est elle.

81. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. NISARD. » pp. 328-357

Nisard, ils n’ont pu s’empêcher de relever la sévérité extrême de l’auteur à l’égard des poëtes qu’il examine. […] Nisard donne tout l’avantage à Boileau, et parce que Perse oppose à l’Avarice qui pousse le marchand en Asie, Luxuria, la Volupté, ou plutôt ici l’amour du luxe et des aises et du bien-être, le critique chicane Perse sur cette Volupté qui empêche le marchand de partir : « Est-ce bien le plaisir, dit-il, qui fait hésiter le marchand anglais qui va s’embarquer pour Canton ? […] Au milieu de toute l’adhésion due aux principes et à la majesté de ton de l’illustre modèle, et aussi à la noblesse de propos de son admirateur, je n’ai pu m’empêcher, je l’avoue, de sourire de cette affinité élective si déclarée, de ce choix de M. de Buffon ; et je me suis rappelé que si M. de Buffon avait demandé sa voiture au plus beau de la lecture de Paul et Virginie, M. […] En prêchant votre tradition stricte, en l’appuyant surtout d’exemples et de détails plus féconds, vous empêcherez quelques défauts dans d’estimables esprits ; vous les empêcherez, s’il se peut, de porter dans des genres sérieux et sobres, philosophie, histoire, etc., la recherche de qualités étrangères au genre et à leur esprit même.

82. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — I. (Dialogues inédits.) » pp. 1-28

Son père, jusque dans ses plus grandes rigueurs, ne pouvait s’empêcher de le reconnaître : « Il y a bien du physique dans ses écarts. » Que ne pouvait-on pas attendre, en fait de fougue et d’exubérance, de celui qui, en venant au monde, avait dans la bouche deux dents molaires déjà formées ; qui, sortant de Vincennes après quarante-deux mois de réclusion, à l’âge de plus de trente ans, se trouvait non seulement grossi, mais grandi au physique, et dont la chevelure immense était douée d’une telle vitalité, que vers la fin, dans ses maladies, le médecin, avant de lui tâter le pouls, demandait en entrant au valet de chambre comment était ce jour-là la chevelure de son maître, si elle se tenait et frisait d’elle-même, ou si elle était molle et rabattue ? […] À dater de cette première conversation, les petites intrigues qui s’étaient ourdies pour empêcher Mirabeau de voir ce qu’il y avait de mieux en femmes à Pontarlier, furent complètement déjouées, et, une fois accueilli, il n’était pas homme à s’embarrasser du reste. […] Un droit que tout honnête homme a d’empêcher le crime et de défendre l’innocence. […] Pour empêcher un mal, vous en faites un plus grand. […] Belinde s’est affichée follement : je l’ai laissée faire, parce que je ne pouvais pas l’en empêcher, parce que d’ailleurs je n’ignorais pas qu’elle avait peu de chose à perdre en fait de réputation.

83. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Études sur Saint-Just, par M. Édouard Fleury. (2 vol. — Didier, 1851.) » pp. 334-358

Ces désordres de tempérament n’empêchaient pas Saint-Just de s’occuper ardemment des choses publiques, et de travailler à s’instruire et à se produire. […] Ce prochain démagogue fait un aveu peu propre à encourager : « Le peuple est un éternel enfant. » Et rien n’empêche chez lui de croire l’aveu sincère. […] Ses ennemis l’empêchèrent d’être nommé à l’Assemblée législative en dénonçant son âge ; il est certain qu’il en garda une rancune profonde, et quand il reparut, un an plus tard, député à la Convention, son cœur était envenimé. […] » Il aime et affecte ces métaphores de foudre, de coups de tonnerre : « La Révolution est comme un coup de foudre, il faut frapper. » C’est ainsi encore qu’il dira en paroles d’airain, que l’Histoire cependant ne peut s’empêcher de graver, car elles apportaient avec elles leurs actes terribles : Que le cours rapide de votre politique entraîne toutes les intrigues de l’étranger. […] [NdA] Un témoin dont on ne saurait récuser le patriotisme et l’impartialité, Gouvion Saint-Cyr, qui servait alors dans l’armée du Rhin (1793), n’a pu s’empêcher de parler incidemment de la mission de Saint-Just et de Lebas auprès de cette armée, et il le fait en ces termes (Mémoires sur les campagnes des armées du Rhin, t. 

84. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre III. De la nature du temps »

Elle est mémoire, mais non pas mémoire personnelle, extérieure à ce qu’elle retient, distincte d’un passé dont elle assurerait la conservation ; c’est une mémoire intérieure au changement lui-même, mémoire qui prolonge l’avant dans l’après et les empêche d’être de purs instantanés apparaissant et disparaissant dans un présent qui renaîtrait sans cesse. […] Or, rien ne nous empêche d’imaginer autant de consciences humaines qu’on voudra, disséminées de loin en loin à travers la totalité de l’univers, mais juste assez rapprochées les unes des autres pour que deux d’entre elles consécutives, prises au hasard, aient en commun la portion extrême du champ de leur expérience extérieure. […] Maintenant, rien n’empêche de supposer que chacun de nous trace dans l’espace un mouvement ininterrompu du commencement à la fin de sa vie consciente. […] Mais il est clair que la théorie de la Relativité elle-même ne pourra s’empêcher d’admettre les deux simultanéités que nous venons de décrire : elle se bornera à en ajouter une troisième, celle qui dépend d’un réglage d’horloges. […] Mais comment alors empêcher que notre imagination, et même notre entendement, traitent la simultanéité des indications de deux horloges très éloignées l’une de l’autre comme la simultanéité de deux horloges peu éloignées, c’est-à-dire situées « au même endroit » ?

85. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre III. La complication des sociétés »

Et c’est une des raisons qui empêchent celle-ci de porter nécessairement les conséquences anti-égalitaires qu’on lui attribue. […] Et il est vrai que les exigences de notre organisation économique, fondée sur la division du travail, et, parquant, trop souvent, l’homme dans la profession, empêchent la dissolution de la « conscience de classe ». […] En ce sens l’excès même de la grande industrie « mobilise » le travailleur ; et cette mobilité, autant que la variété des métiers exercés, l’empêche de s’enfermer exclusivement dans les cadres d’un groupement professionnel unique. […] Au contraire, si les différents côtés de sa personne ressortissent à des sociétés différentes, il n’est plus si facile à l’esprit de le classer du premier coup et une fois pour toutes ; nous établissons plus malaisément entre sa valeur et la valeur reconnue de telle collectivité cette solidarité qui nous empêche, comme le veut l’égalitarisme, de rendre à chacun ce qui lui est personnellement dû. […] D’une manière générale, par le « roulement » même, l’attention sociale tend à se reporter des fonctions aux hommes, et leurs titres n’empêchent plus de mesurer la valeur qui leur est propre.

86. (1896) Psychologie de l’attention (3e éd.)

Mais on sait aussi que certaines excitations peuvent empêcher, ralentir ou supprimer un mouvement. […] Mais, dans l’un et l’autre cas, la conscience ne connaît directement que deux choses : le départ et l’arrivée ; le « Je veux » et l’acte produit ou empêché. […] Le but à atteindre, c’est d’empêcher cette diffusion et, par des associations et dissociations appropriées, de produire le maximum de travail utile avec le minimum d’effort. […] L’idée fixe empêche toute diffusion. […] Si l’état d’épuisement nerveux empêche l’attention, nous toucherions donc ici à sa source.

87. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIV » pp. 126-174

La guerre et la pauvreté ont empêché et beaucoup diminué leur négoce. […] Empesche, empêche. […] L’estime de Boileau pour mademoiselle de Scudéry ne l’avait pas empêché de parodier ses écrits dans ses héros de roman. Le cas qu’il faisait de Chapelain ne l’avait pas empêché de le sacrifier à la risée générale : Qu’on vante en lui la foi, l’honneur, la probité, Qu’on prise sa candeur et sa civilité. […] Quelle précaution pouvait plus sûrement empêcher l’application de la pièce à la maison de Rambouillet, que la pièce elle-même, et avoir un autre effet que celui de la blesser ?

88. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Crétineau-Joly »

Ils empêchent que l’analogie des situations ne produise l’analogie des conduites. […] Détruire l’ordre ancien de fond en comble, briser le signe de la Rédemption, renverser le Saint-Siège, pour mieux, plus tard, renverser les trônes, tel était le but couvert ou montré, mais le but qui empêchait de dormir. […] Mais, comme leurs pères, ils trouvèrent vigilants et debout les hommes qui, au jour de sa nouveauté fascinatrice, avaient empêché le Protestantisme de gagner l’Europe tout entière à sa cause. […] D’un autre côté, les gouvernements qui s’en allaient perdant de plus en plus la notion de la politique, laissèrent s’organiser l’union impie, et, par le fait, ils l’appuyèrent ; car les gouvernements font toujours ce qu’ils n’empêchent pas. […] Il avait l’expérience de la difficulté de gouverner les peuples, et il ne pouvait s’empêcher d’admirer hautement les hommes d’un système qui diminuait cette difficulté.

89. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Bourdaloue. — II. (Fin.) » pp. 281-300

Mais c’est au second point que les auditeurs ne pouvaient s’empêcher de songer plus particulièrement à M. de Tréville. […] Toute cette maladie nouvelle et qui n’est que plus subtile et plus intérieure en ce qu’elle se croit une guérison, est développée par Bourdaloue dans une description admirable, et il offre en quelque sorte un miroir dans lequel ceux qu’il a en vue ne peuvent s’empêcher d’être reconnus et devaient eux-mêmes se reconnaître, Il rappelle excellemment « à ces sages dévots, à ces dévots superbes qui se sont évanouis dans leurs pensées », que la vraie austérité du christianisme consiste à être abaissé, à être oublié (Ama nesciri) : Car voilà, s’écrie-t-il, ce qui est insupportable à la nature : On ne pensera plus à moi, on ne parlera plus de moi ; je n’aurai plus que Dieu pour témoin de ma conduite, et les hommes ne sauront plus, ni qui je suis, ni ce que je fais. […] En traçant si curieusement ce qu’il nomme un détail de mœurs, si Bourdaloue n’avait pas en vue Pascal dans Les Provinciales, et s’il ne le traduit pas trait pour trait à sa manière devant ses auditeurs, dont plusieurs durent être à la fois choqués et transportés, et ne purent s’empêcher d’admirer tout en protestant, il n’y a pas un seul portrait chez Saint-Simon ni chez La Bruyère. […] Mille affaires me détournent et m’empêchent de travailler autant que je le voudrais à ma perfection, qui néanmoins est la seule chose nécessaire.

90. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Florian. (Fables illustrées.) » pp. 229-248

Capitaine de dragons et attaché en qualité de gentilhomme au duc de Penthièvre, ce dernier titre lui fut un frein et l’empêcha de devenir dragon jusqu’au bout. […] On ne peut s’empêcher de se rappeler le fameux : « Qui te l’a dit ?  […] Sa passion pour la pastorale ne l’empêcha à aucun moment de savoir comment on réussit et l’on fait son chemin dans la littérature et dans la société. […] C’est là la véritable épitaphe de Florian, de cet homme heureux, de ce talent facile et riant, que tout favorisa à souhait dès son entrée dans le monde et dans la vie, mais qui ne put empêcher un jour l’inévitable douleur, l’antique douleur de Job, qui se renouvelle sans cesse sur la terre, de se faire sentir à lui, et de lui noyer tout le cœur dans une seule goutte d’amertume.

91. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Marguerite, reine de Navarre. Ses Nouvelles publiées par M. Le Roux de Lincy, 1853. » pp. 434-454

Marguerite, vers ce temps, voit mourir à Lyon son mari, l’un des fuyards de Pavie ; elle le pleure, mais après les deux premiers jours où elle n’a pu surmonter sa douleur, elle prend sur elle de la dissimuler devant la régente ; car, ne pouvant rendre de services par elle-même, elle se tiendrait trop malheureuse, dit-elle, d’empêcher et d’ébranler l’esprit de celle qui en rend de si grands. […] Montaigne, qui d’ailleurs fait grand cas d’elle, n’a pu s’empêcher de noter, par exemple, sa singulière réflexion au sujet d’un jeune et grand prince dont elle raconte l’histoire en ses Nouvelles, et qui a tout l’air d’être François Ier. […] La mort l’empêcha de les terminer : au lieu de sept journées qu’on a, elle en voulait réellement faire dix à l’exemple de Boccace ; elle voulait donner non un Heptaméron, mais bien un Décaméron français. Elle suppose, dans son prologue, que plusieurs personnes de condition, tant de France que d’Espagne, s’étant réunies au mois de septembre aux bains de Cauterets, dans les Pyrénées, se séparèrent après quelques semaines ; que ceux d’Espagne s’en retournèrent le mieux qu’ils purent par les montagnes, mais que les Français furent empêchés dans leur chemin par la crue des eaux qu’avaient causée de grandes pluies.

92. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre V. Séductions pour la compréhension de la psychologie indigène. — Conclusion »

Le noir les prend gauloisement et considère que la jalousie est une maladie quelque peu ridicule puisqu’elle s’obstine à empêcher l’inévitable. […] Il ne méconnaît pas le parti fructueux que tirent les marabouts et prêtres de toute sorte des sentiments religieux des naïfs… ce qui ne l’empêche pas, à l’occasion, de tomber dans leurs filets. […] Il est vrai qu’ils n’agissent ainsi que pour empêcher que pareil don soit fait à quelque autre homme. […] Voyez les Diolof choisissant Diâdiane pour chef parce qu’il a su faire un partage juste du produit de leur pêche entre de petits pêcheurs130 et, par là, empêcher le retour des contestations quotidiennes auxquelles ce partage donnait lieu Auparavant.

93. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’empire russe depuis le congrès de vienne »

Et ce n’est pas seulement une raison politique (quoiqu’elle y soit pourtant) qui les empêche de se livrer à cette imitation dernière devant laquelle leur nature simiesque, pour la première fois, s’arrête court. […] ce n’est pas uniquement la peur de cet œil qui ne dort jamais, — qui s’ouvre au plafond entre deux lustres, — qui s’ouvre au parquet entre les deux roses d’un tapis, — et l’ombre menaçante de cette main retrouvée sur tous les murs et qui peut les saisir dans leur alcôve la mieux fermée, et les jeter, en deux temps, aux traîneaux fuyants de l’exil, qui empêchent les Russes de préparer leur histoire future en écrivant des Mémoires, — ces mines d’où l’Histoire doit sortir ! […] C’est le vieux type qui a couru le monde du xixe  siècle, un peu partout, que nous retrouvons dans le roman de Lermontoff, mais ni son bonnet caucasien ni sa redingote à brandebourgs d’or et à fourrures ne nous ont empêché de le reconnaître.

94. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le comte Gaston de Raousset-Boulbon »

Seul un grand artiste, un grand peintre, aussi difficile à rencontrer que les modèles comme Gaston de Raousset-Boulbon sont rares, pourrait peut-être, à la condition d’un chef-d’œuvre, empêcher de périr la mémoire de cet aventurier à qui tout a manqué, excepté lui-même, pour être le lord Clive de son pays ! […] Mais cela est surtout vrai des hommes d’action, qui crient sur le cœur d’un ami, dans leurs lettres, quand l’action impossible ou empêchée ne les révèle plus. […] Mais la Madelène, qui est de son temps, et de plus écrivain, n’a pu s’empêcher de découvrir ce petit côté de poésie et de phrase que le xixe  siècle aime à choyer dans les plus mâles et les plus réels d’entre nous.

95. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « IX. L’abbé Mitraud »

La chose est devenue si forte que ce ne sont plus les lauriers de Miltiade qui doivent empêcher de dormir ce nouveau Thémistocle : ce sont les siens. […] La théologie qu’il a étudiée et qui aurait dû donner de la trempe à son esprit n’a pu l’empêcher d’être et de rester un métaphysicien d’un ordre inférieur, qu’attire un problème qui échappe à sa portée. […] Ce qui lui manque, c’est donc le plus important, c’est l’intuition, l’observation, le principe net et subjuguant qui empêche de se méprendre sur la pensée d’un livre et d’un homme, et à la lueur duquel les amis se reconnaissent, — et les ennemis aussi, malgré la ruse de guerre de leurs perfides applaudissements !

96. (1887) Discours et conférences « Discours à l’Association des étudiants »

Ce qu’il y a de sûr, c’est qu’une des moitiés de l’activité de votre âge n’empêche pas l’autre. […] Le sol tremble quelquefois ; mais les tremblements de terre n’empêchent pas le pied du Vésuve d’être un lieu fort agréable.

97. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Jean-Baptiste Rousseau et M. de Voltaire. » pp. 47-58

La diversité de ses talens n’en a point empêché la supériorité. […] Un trait à sa gloire, & dont la postérité parlera, ce sont les regrets qu’il ne put s’empêcher de témoigner avec toute la France, lorsqu’elle apprit la mort de Rousseau.

98. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par. M. le Chevalier Alfred d’Arneth »

Son caractère est vrai, et quoiqu’il est gauche, il a toutes les attentions et complaisances possibles pour moi. (15 décembre 1775.) » Gauche et empêché, c’était, je le répète, le seul défaut de Louis XVI vis-à-vis de cette jeune princesse : il avait d’ailleurs toutes les bonnes intentions et toutes les vertus, excepté cette force qui est l’essence de la vertu même. […] Sa préoccupation s’étend à tout ce qui intéresse la réputation ou seulement le bon goût, le bon esprit de sa chère fille : elle ne peut croire, par exemple, à l’exagération des modes, à cette parure dite à la Marie-Antoinette, qui exhaussait tellement la tête et qui la chargeait d’un tel échafaudage de gazes, de fleurs et de plumes : « Je ne peux m’empêcher de vous toucher un point que bien des gazettes me répètent trop souvent : c’est la parure dont vous vous servez. […] Une jeune jolie reine, pleine d’agréments, n’a pas besoin de toutes ces folies, au contraire la simplicité de la parure fait mieux paraître et est plus adaptable au rang de reine ; celle-ci doit donner le ton, et tout le monde s’empressera de cœur à suivre même vos petits travers ; mais moi qui aime et suis ma petite reine à chaque pas, je ne puis m’empêcher de l’avertir sur cette petite frivolité, ayant au reste tant de raisons d’être satisfaite et même glorieuse sur tout ce que vous faites […] Louis XVI n’était pas impuissant, pas plus qu’on n’est muet pour être bègue : mari ou roi, il était le même ; il n’était que gauche, honteux et empêché.

99. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — Note »

Je ne promets pas de me rendre aveuglément à toutes vos critiques (quoique vous en soyez trop avare avec moi) : nous avons tous une partie de nous-même en jeu dans nos œuvres, et nous tenons souvent autant à nos défauts qu’à nos qualités ; mais un lecteur éclairé voit mieux que nous, quand nous rendons bien ou mal nos idées les plus personnelles, et nous empêche de donner une mauvaise forme à nos sentiments. […] Si elles sont défavorables, je ne vous impose pas, mon ami, la corvée de me les dire, mais vous pouvez d’un mot m’engager à insister ou m’en empêcher. […] Musset a souvent envie d’aller vous voir et de vous tourmenter pour que vous veniez chez nous, mais je l’en empêche, quoique je fusse toute prête à y aller avec lui, si je ne craignais que ce fût inutile. […] La même raison m’empêche de changer la manière générale du conte ; pour cela, il faudrait le recommencer, et il n’en vaut d’ailleurs pas la peine.

100. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame de Motteville. » pp. 168-188

Plusieurs de ces exilés d’autrefois, au moment où ils croient se ressaisir de la fortune, vont, à leurs dépens, provoquer son caprice encore et son inconstance : « Voilà donc la Cour belle et grande, mais bien embrouillée, nous dit Mme de Motteville qui ne peut s’empêcher de jouir du spectacle. […] c’est sa maxime quand il ne se croit pas sûr des gens : Comme il ne connaissait pas mes intentions, et qu’il jugeait de moi sur l’opinion qu’il avait de la corruption universelle du monde, il ne pouvait s’empêcher de me soupçonner de me mêler de beaucoup de choses contraires à ses intérêts. […] Le jour où le Parlement s’appuie de je ne sais quelle ordonnance de Louis XII pour demander « que nul ne puisse être mis en prison sans être renvoyé vingt-quatre heures après à ses juges naturels », elle ne peut s’empêcher de remarquer que cet article de garantie individuelle, comme nous dirions, « était agréable à toute la France. […] Les plus sages, qui jusqu’alors avaient désapprouvé les entreprises de cette compagnie, ne pouvaient dans leur cœur haïr cette proposition ; ils la blâmaient en apparence, parce qu’il était impossible de la louer à la vue du monde, mais ils l’aimaient en effet, et ne pouvaient s’empêcher d’estimer cette hardiesse, et de souhaiter qu’elle eût un favorable succès ».

101. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre VI. Le beau serviteur du vrai »

Aimer n’a jamais empêché de plaire. […] Cela n’empêche pas la république de remercier Juvénal et le temple d’approuver Jésus. […] Parler si haut, cela ne l’empêche point de parler bas. […] Avoir abrité sous ses escarpements ce serment redoutable de trois paysans d’où sort la Suisse libre, cela n’empêche pas l’immense Grütli d’être, à la nuit tombante, une haute masse d’ombre sereine pleine de troupeaux, où l’on entend d’innombrables clochettes invisibles tinter doucement sous le ciel clair du crépuscule.

102. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Innocent III et ses contemporains »

Le traité tardif que Leibnitz, ce grand esprit de juste milieu, avait entrevu, mais à son heure, au moment où il était possible, n’est pas seulement empêché par l’inertie peureuse du ministère prussien, dont le seul homme capable (Eichorn) est piétiste exalté, il rencontre un empêchement plus dirimant et plus honorable encore dans le bon sens de l’Allemagne, qui ne le réclame pas, qui ne s’en émeut pas, qui dit : À quoi bon ? […] Ne l’empêcha-t-elle pas parfois de manier avec l’énergie de ce Grégoire VII, dont l’habileté fut l’à-propos de l’audace, ces populations si admirablement disposées pour être gouvernées, puisqu’elles voyaient l’action immédiate de Dieu dans l’action des hommes qui parlaient en son nom3 ? […] Ce fut encore cette modération de caractère qui l’empêcha d’avancer beaucoup la solution d’une des plus grosses questions de son temps : la rivalité des deux concurrents à l’empire, Philippe de Souabe et Othon de Brunswick. […] C’est là ce qui rendit la soumission de l’Église d’Orient si lente, si empêchée, si difficile.

103. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre X. Zola embêté par les jeunes » pp. 136-144

. — N’empêche que ce dernier ne demeure, derrière le personnage aigri et diminué dont les superficiels s’étonnaient à la fin, « l’artiste divers, exquis, poignant, solide » que Régnier a reconnu qu’il est, et l’unique signataire de l’intéressante Faustin. […] Le sage respect de cette obligation n’a pas empêché que les épisodes successifs des Rougon-Macquart ne vaillent par la plus inouïe variété.

104. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Montmaur, avec tout le Parnasse Latin & François. » pp. 172-183

On imagina de le prendre par son foible, de le mortifier par l’endroit qui lui seroit le plus sensible ; c’est-à-dire, de l’empêcher de parler. […] Pour l’empêcher de s’emparer de la conversation, un certain avocat, clef de meute, s’écrie aussitôt, guerre, guerre.

105. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 3, que l’impulsion du génie détermine à être peintre ou poëte, ceux qui l’ont apporté en naissant » pp. 25-34

Des emplois, ou trop élevez ou trop bas, une éducation qui semble éloigner l’homme de génie de s’appliquer aux choses pour lesquelles il est né, rien ne sçauroit l’empêcher de montrer du moins qu’elle étoit sa destinée, quand même il ne la remplit pas. […] Les parens de Nanteüil firent les mêmes efforts pour l’empêcher d’être graveur, que les parens font ordinairement pour obliger les enfans à s’instruire dans quelque profession.

106. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIe entretien. Suite de la littérature diplomatique » pp. 5-79

XVIII La France, cependant, qui devait se borner à empêcher les envahissements autrichiens contre le Piémont, à prévenir les interventions étrangères dans les États italiens, à favoriser, sans y intervenir de la main, le système fédératif entre les nationalités italiennes, la France a prêté deux cent mille hommes, des millions et deux victoires à la pensée antifrançaise du Piémont. […] Empêcher l’Autriche d’empiéter sur les États italiens, piémontais ou autres dont les traités ont garanti l’indépendance, afin que l’Italie, destinée à être libre, ne devienne pas une monarchie autrichienne, trop pesante sur ces peuples libres, et trop pesante aussi contre nous-mêmes au midi de l’Europe. […] Que la Toscane, pays le plus mûr pour la liberté, parce qu’il a été mûri par les institutions de Léopold Ier, s’affranchisse d’une dynastie qu’elle aime, mais qu’elle suspecte, et se donne les lois de son ancienne république, nous devons regarder avec respect cette résolution spontanée de Florence, et empêcher qu’une intervention autrichienne ne vienne contester ce mouvement de vie dans une terre toujours vivante. […] La France seule empêche la Prusse de conspirer l’unité allemande par l’anéantissement de l’Autriche ; La France soutient l’Autriche contre le poids accablant de la Russie ; La France prévient, de concert avec l’Autriche, le démembrement européen de l’empire ottoman et l’annexion de cet empire à la Russie, toujours convoitante. […] De son côté, l’Autriche, en arc-boutant l’Allemagne méridionale contre la Prusse, empêche l’accomplissement fatal de l’unité allemande, qui serait la fin de tout équilibre sur le Rhin, en Belgique, en Hollande et sur le Danube ottoman.

107. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome I

Cette dernière ligature, placée du côté du foie, a pour but d’empêcher l’écoulement ultérieur de la bile ; l’autre, celle du côté de l’intestin, pourrait paraître sans utilité : cependant elle sert à empêcher l’écoulement du sang qui résulterait de la division d’une petite artériole qui accompagne ordinairement ce conduit. […] On introduit le thermomètre dans la veine cave, en appliquant convenablement des ligatures pour empêcher l’écoulement du sang. […] Alors on serre sur la tige du thermomètre des fils passés au-dessous de la veine cave, de façon à empêcher le sang de cette veine de remonter. […] Quand on veut pénétrer dans la veine cave, on y place d’abord une ligature pour empêcher le sang de la tête de redescendre, ensuite on fait une incision au-dessous de cette ligature, en ayant soin de comprimer la veine pour empêcher l’entrée de l’air dans le cœur. […] À l’aide de l’alcool, nous empêchons cette dernière, c’est ce qui fait que nous pouvons accumuler le sucre dans les liquides de fermentation.

108. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — II. (Suite.) » pp. 147-161

Choisir Paris pour le lieu de la tenue des États était donc un coup de maître ; c’était choisir un milieu relativement modéré, empêcher l’assemblée de se trop émanciper si elle en avait envie, et si elle était tentée de faire une royauté irréconciliable et non nationale ; c’était empêcher une armée étrangère de s’emparer du lieu où les États siégeaient et de les tenir en sujétion ; c’était à la fois brider Paris, en y étant présent, et pouvoir aviser à tout. […] À la fin nous vîmes Flessingue, première ville de Zélande ; et quelque devoir que fissent les matelots, il était sept heures de nuit que nous étions encore à trois milles du port, où les vaisseaux ne pouvaient entrer qu’au lendemain et au retour de la marée qui nous venait de faillir ; cela n’empêcha point que cet homme sans peur, contre le conseil du pilote, ne se mît à la nuit et par un mauvais temps dans la chaloupe du vaisseau, duquel on tira quelques coups de pièces pour avertir que l’ambassadeur arrivait.

109. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — I. La Poësie en elle-même. » pp. 234-256

Il s’éleva, de tous côtés, des voies pour le défendre, & pour empêcher qu’on ne ramenât la barbarie. […] En effet, rien n’empêche, en Angleterre, qu’on ne soit poëte & homme d’état. […] Quelques courtisans ne purent s’empêcher de lui témoigner leur étonnement de ce qu’elle appliquoit sa bouche sur celle d’un homme aussi laid.

110. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre VI : Règles relatives à l’administration de la preuve »

Car il peut se faire, ou bien que la cause ait été empêchée de produire son effet par l’action de quelque cause contraire, ou bien qu’elle se trouve présente, mais sous une forme différente de celle que l’on a précédemment observée. […] Non seulement, en voyant ces démonstrations, on ne peut s’empêcher de se dire qu’un seul fait pourrait suffire à les infirmer, mais les faits mêmes sur lesquels elles sont établies n’inspirent pas toujours confiance. […] En effet, l’état où se trouve une société jeune n’est pas le simple prolongement de l’état où étaient parvenues à la fin de leur carrière, les sociétés qu’elle remplace, mais provient en partie de cette jeunesse même qui empêche les produits des expériences faites par les peuples antérieurs d’être tous immédiatement assimilables et utilisables.

111. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre onzième »

Et le jour où elle sera dépassée, fût-ce d’un centime, qui l’empêchera de s’accroître ? […] On a vu le despotisme, non seulement arrêter la pensée sur les lèvres, mais l’empêcher de naître ; on l’a vu se rendre maître des âmes : il n’y a pas d’exemple qu’il se soit rendu maître de l’argent. […] Je vous donne à deviner ce qu’il propose pour empêcher l’enfant d’en casser d’autres. […] Voici mon cœur, ô mon Dieu, tu vois que je m’en souviens. » Et pourtant cette humilité, cette résolution de n’affirmer que ce qu’il croyait voir dans les obscurités de sa mémoire, sous le regard et avec le témoignage de Dieu, n’avaient pas empêché la complaisance pour lui-même de se glisser jusque dans sa pénitence. […] Ni les mœurs publiques n’ont jamais empêché personne de vivre honnêtement, ni l’éducation n’a jamais absous celui qui outrageait la nature.

112. (1890) L’avenir de la science « XVII » p. 357

Il est bien de pleurer sur ces redoutables nécessités, pourvu que les pleurs n’empêchent pas de marcher en avant. […] Et, pour remédier à ces crimes que vous n’avez pas su empêcher, vous n’avez que le bagne et l’échafaud. […] Toutes les formes sont également inoffensives, et la seule tâche du pouvoir est de maintenir entre elles la police, pour les empêcher de se dévorer. […] Les sectaires et les hommes de parti s’imaginent que la compression seule empêche leurs idées de parvenir et s’irritent contre cette compression. […] Ainsi toutes les réformes eussent été empêchées si la loi eût été observée à la rigueur ; mais la loi n’est jamais assez prévoyante, et l’esprit est si subtil qu’il lui suffit de la moindre issue.

113. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Conclusions »

Mais ce sont là des artifices et ils n’empêchent que les poètes de ce penchant, dans les pièces où ils sont particulièrement analystes psychologues, cessent d’écrire des poésies. […] Poussée à ce point d’ascendant, la sensibilité détermine évidemment une infériorité chez l’artiste, en ce qu’elle l’empêche de bien voir et de penser. […] La vie l’affligeait et la mort le désolait ; il ne pouvait s’empêcher de voir l’une et de réfléchir à l’autre. […] Empêchés par leur sang, leurs nerfs et leur moelle de s’adapter au milieu social qui les enserre, ils y subsistent péniblement et douloureusement, comme de souffreteuses fleurs pâlies dans l’ombre, sous l’essor rival de denses cimes d’arbres. […] Les monarchies comme les républiques s’attachent à empêcher par des institutions de bienfaisance et de prévoyance que la lutte pour la vie ne soit fratricide jusqu’au bout.

114. (1933) De mon temps…

Partout il ne voulait être qu’un curieux, ce dont s’accommodait son égoïsme qui ne l’empêchait pas de se montrer, à l’occasion, serviable et bienfaisant. […] Sa fidélité à la princesse Mathilde ne l’empêchait pas, chaque année, d’aller rendre ses devoirs à l’Impératrice Eugénie, soit à Farnborough, soit sur son yacht The Thistle. […] De cette éloquence et de cet accueil quelque peu exceptionnels Lemaître ne pouvait s’empêcher de sourire ironiquement. […] Il eut paru facilement insupportable si ce qu’il y avait en lui d’épineux et de difficile n’avait été tempéré par d’excellentes manières et par une parfaite éducation qui l’empêchaient « d’aller trop loin ». […] Henry Bordeaux prit séance dans notre Compagnie, j’eus le plaisir d’y saluer l’entrée du romancier de beau talent qu’un souci légitime de moralité n’empêcha jamais de peindre avec venté les passions et les mœurs de notre temps, même en ce qu’elles ont de moins conforme à ses convictions et à ses idées.

115. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — II. (Fin.) » pp. 109-130

Par dédain pour les qualités tempérées qui suffisent aux conditions d’une société vieillie, il disait : « Mêlez un peu d’orgueil qui empêche d’oublier ce qu’on se doit, de sensibilité qui empêche d’oublier ce qu’on doit aux autres, et vous ferez de la vertu dans les temps modernes. » Mais pour les anciens, tout en sachant en quoi nous les surpassons, il les montre bien supérieurs en énergie, en déploiement de facultés de tout genre : forcés par la forme de leur gouvernement de s’occuper de la chose publique d’en remplir presque indifféremment tous les emplois de paix et de guerre, de s’y rendre propres et de s’y tenir prêts à tout instant, de parler devant des multitudes vives, spirituelles, mobiles et passionnées : Quelle devait être, dit-il, l’explosion des talents animés, stimulés par d’aussi puissants motifs ! […] Aladin continua : « Quand tous les hommes essaieront les forces de leur esprit, le nombre des bons ouvrages sera infini. » — « C’est le nombre des écrits, dit le Kalender, c’est la facilité d’écrire qui empêchera l’essor du génie. […] Les Mémoires de Mme Du Hausset, femme de chambre de Mme de Pompadour, ont été conservés par M. de Meilhan, qui empêcha un jour M. de Marigny de les jeter au feu et qui les emporta ; ils passèrent de ses mains entre celles de M. 

116. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « La jeunesse du grand Condé d’après M. le duc d’Aumale »

Pelletier pour empêcher le jeune duc d’aller à un divertissement chez sa mère : M. le duc d’Aumale a le courage d’avouer que « cette conspiration contre d’innocents plaisirs ne fut pas du goût de M. le duc » et que « pendant quelques jours M. de Benjamin n’eut pas à se louer de lui ». […] Ce qui n’empêche point M. le duc d’Aumale d’attribuer pieusement à ce gouverneur de dix-sept ans tout le mérite des mesures qu’il prend et des rapports qu’il signe. […] Six pages plus loin, Gassion empêche les fuyards de se rassembler et veille du côté du nord, guettant l’armée de Luxembourg, car Beck peut encore survenir. […] Si Gassion ne parle que de lui, c’est peut-être qu’il eût été fort empêché de faire de son général en chef un éloge sans réserves.

117. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « L’abbé Galiani. » pp. 421-442

Mais, en même temps qu’il entra si bien dans les idées et dans les goûts de la société française, il sut garder son air, sa physionomie, son geste, et aussi une indépendance de pensées qui l’empêcha d’abonder dans aucun des lieux communs du moment. […] Un jour qu’une troupe française était à Naples et qu’elle y jouait la comédie, chargé de l’examen des pièces, il empêcha qu’on ne jouât Le Tartuffe. […] Cela ne l’empêche pas un autre jour de parler bien sévèrement de la liberté de la presse que M.  […] Mehl, dans Le Bibliographe alsacien, n’a pu s’empêcher de relever quelque chose du procédé, qui n’a pas échappé non plus à l’auteur d’une note dans la Revue critique du 6 octobre 1866.

118. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le comte-pacha de Bonneval. » pp. 499-522

Ces écrits faits à la hâte, et où je n’ai aucune part, même dans les aventures qu’ils m’attribuent, sont des ouvrages éphémères que je ne puis empêcher, mais que je désavoue formellement, comme vous pourrez en assurer tout le monde. […] Quoique j’aie lieu de croire qu’il ne vous est rien arrivé, personne n’en parlant, je ne puis m’empêcher de joindre à ma peine mille alarmes, qui me mettent dans un état que vous ne comprenez point, puisque vous pouvez être deux mois sans me donner le moindre signe de vie. […] Il fallait m’en avertir pour empêcher la surprise d’un effet si singulier. […] Ce même point d’honneur, qui l’avait déjà poussé si loin, l’empêcha de revenir à résipiscence et de se prêter à une réparation, à un raccommodement avec le prince Eugène.

119. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 35, de la mécanique de la poësie qui ne regarde les mots que comme de simples sons. Avantages des poetes qui ont composé en latin sur ceux qui composent en françois » pp. 296-339

Si quelques cas ont la même terminaison, le regime du verbe empêche qu’on ne s’y méprenne. […] Or si ces suites durent trop long-temps, elles empêchent qu’on ne sente aucun rithme dans la prononciation des vers. […] Il est vrai que cette uniformité de rithme n’a point empêché le succès de nos poëmes dramatiques en France et dans les pays étrangers ; mais ces poëmes qui n’ont que deux mille vers sont assez excellens pour le soutenir contre ce dégoût. D’ailleurs on ne le sent presque pas sur le théatre, qui est l’endroit où ils brillent davantage, parce que les acteurs qui enjambent presque toûjours sur le vers suivant avant que de reprendre haleine, ou qui la reprennent avant que d’avoir fini le vers, empêchent qu’on ne sente le vice de la cadence trop uniforme.

120. (1924) Souvenirs de la vie littéraire. Nouvelle édition augmentée d’une préface-réponse

Cette difficulté de s’exprimer le rendait timide et l’empêchait de parler en public. […] Le cocher ne put s’empêcher de rire. — Riez, mon ami, dit sévèrement Mariéton. […] Je ne pus m’empêcher de lui exprimer le regret qu’il n’eût pas encore publié son journal de route. […] Quant à Loti, son pessimisme ne l’empêchait pas d’être un grand enfant, très vivant et très gai. […] Ce qui ne m’empêche pas de travailler aussi l’après-midi et le soir.

121. (1874) Premiers lundis. Tome I « Madame de Maintenon et la Princesse des Ursins — I »

Tous les tons de la prière sont essayés auprès d’elle, depuis la bouderie jusqu’à l’enjouement, témoin ce début de lettre, d’une insinuation charmante : « Il ne tient qu’à vous, madame, de m’apaiser et de m’empêcher de gronder ; que le roi ait la bonté de laisser en Espagne les vingt bataillons que sa majesté espagnole lui demande, nous serons contents. […] Cependant des boutades de franchise échappent parfois qui purent bien scandaliser ; on écrivit un jour ces téméraires paroles : « De quoi se mêlent ceux qu’on appelle jansénistes et le parti contraire, d’empêcher qu’on envoie à Rome des personnes qui soient ou ne soient pas dans leurs opinions ?

122. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre VII. Éducation de la sensibilité »

Mais il faudrait pousser la réflexion à un degré où elle va rarement, et peu d’hommes ont souffert de cette double vie morale, où l’on s’empêche d’agir à force de se regarder faire. […] Que l’on vous demande si vous aimez de même façon votre mère, votre chien, votre bel habit, et votre poète favori, vous direz non sans doute : mais quant à dire la différence de ces affections et de ces goûts, quant à en distinguer la nuance et la portée, vous en seriez bien empêché, n’est-il pas vrai ?

123. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre IX. Beltrame » pp. 145-157

Il fait des menaces à Mezzetin pour l’empêcher de vendre l’esclave à Cintio, sur la conduite de qui, en sa qualité de correspondant, il est tenu de veiller. […] Fulvio, intrigué en reconnaissant sur le dos du courrier une défroque qui lui appartient, fait naître les soupçons de Mezzetin et empêche de nouveau le succès de la ruse.

124. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Jules Vallès » pp. 259-268

… Est-ce donc que l’ancien réfractaire aurait encore l’involontaire émotion du passé, la larme à l’œil qui empêche de bien voir et le tremblement de la main, quand il tire sur ses camarades d’indiscipline et de débandade ? […] Les intestins n’empêchent pas les entrailles.

125. (1892) Les idées morales du temps présent (3e éd.)

Sa nationalité n’a point empêché ses écrits de s’acclimater en France. […] Autrefois, sa mère lui reprochait de l’empêcher de dormir. […] Son martyre fut incrédule — mais cela ne l’empêcha d’être canonisé ni ses reliques de faire des miracles. […] Obstacles qui empêchent l’application de la réforme proposée. […] Qu’est-ce donc qui les empêche de les rejoindre ?

126. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

Ils n’avaient point d’artillerie: c’est ce qui les empêcha d’attaquer la place. […] Je n’étais pas moi-même bien résolu à m’en charger ; mais la fortune voulait que je le prisse, et je ne pus l’empêcher. […] Dès que la transpiration est empêchée dans ces pots, l’eau s’y empuantit, et il en faut prendre de neufs. […] Il se trouva empêché de répondre, et il supplia qu’on envoyât quérir le supérieur des capucins. […] En effet, on ne pouvait s’empêcher d’en rire, tant cet habit leur allait mal et les défigurait.

127. (1914) Enquête : Les prix littéraires (Les Marges)

Évidemment, il y a dans tout cela hasard, loterie, intrigues électorales : mais le mal ne doit pas nous empêcher de voir le bien. […] Mais cela ne saurait empêcher les prix littéraires d’exister. […] Au surplus, ces prix échoient de temps en temps à un jeune écrivain de talent, tandis qu’un échec de cet ordre n’a jamais empêché personne de réussir. […] Quant à une aide plus efficace, je n’en vois guère le moyen, pas plus que celui d’empêcher un Léon Deubel de se tuer. […] — J’oubliais votre deuxième question : la façon la plus sage de venir en aide aux jeunes écrivains est de les empêcher d’écrire.

128. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XIII] »

Mais on ne peut s’empêcher d’être révolté à chaque instant de la mauvaise foi des éditeurs, et des louanges qu’ils se donnent entre eux. […] Dans ce cas, la censure n’était donc qu’une mesure dérisoire, puisqu’elle n’a jamais pu empêcher un livre de paraître, ni un auteur d’écrire librement sa pensée sur toute espèce de sujets : après tout, le plus grand mal qui pouvait arriver à un écrivain, était d’aller passer quelques mois à la Bastille, d’où il sortait bientôt avec les honneurs d’une persécution, qui quelquefois était son seul titre à célébrité. […] Quand vous m’aurez ensevelie dans le tombeau de votre père, et que vous aurez réuni mes os à ses cendres, entreprenez alors d’aussi longs voyages, et naviguez sur telle mer que vous voudrez, personne ne vous en empêchera. […] Cette république conservera une paix constante, et se soutiendra sans armée… Ils affectent tous une sainte horreur pour la guerre… S’ils haïssent les armées et les généraux qui se rendent célèbres, cela ne les empêche pas de se battre à coups de plume, et de se dire souvent des grossièretés dignes des halles ; et, s’ils avaient des troupes, ils les feraient marcher les unes contre les autres… En leur style, ces beaux propos s’appellent des libertés philosophiques ; il faut penser tout haut, toute vérité est bonne à dire ; et comme, selon leur sens, ils sont seuls les dépositaires des vérités, ils croient pouvoir débiter toutes les extravagances qui leur viennent dans l’esprit, sûrs d’être applaudis. […] Je le crois bien, c’est que vous étiez de grands hommes, et ces soi-disant philosophes ne sont que des polissons, dont la vanité voudrait jouer un rôle : cela n’empêche pas que les injures si souvent répétées ne fassent du tort à la mémoire des grands hommes.

129. (1914) Boulevard et coulisses

Un mélange de nonchalance, de fatalisme et de bonne humeur, qui nous empêchait d’avoir de grands desseins, mais qui nous épargnait aussi la mesquinerie. […] Une garde sévère veillait jour et nuit pour empêcher les profanations. […] Elle a empêché, j’en suis sûr, beaucoup d’entre nous de sombrer à des heures difficiles. […] Certes, le vaste champ de la pornographie nous est ouvert et tout le monde a le droit de faire chanter des chansons obscènes par des femmes légèrement vêtues de deux boucles d’oreilles ; mais si nous avions le talent, ce n’est pas la censure qui nous empêcherait de faire jouer Tartuffe et le Mariage de Figaro ou de publier Candide. […] Mais la création d’une sorte de conseil de surveillance, qui aurait pour mission d’empêcher le plaisir de tomber trop bas et même d’en élever peu à peu la qualité.

130. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite.) »

J’étais goutteux comme un vieux braque ; cela ne m’a pas empêché d’être alerte comme un… de noce (Ici je saute un mot de bivouac ou de la Foire), et même cela m’a guéri pour quelques jours. […] J’ai fait l’acquisition de deux corbeaux qui sont gros comme des dindons, qui sont noirs comme des taupes, et qui se battent comme deux diables ; j’y vais mettre le holà ; c’est ce qui m’empêche de vous dire bien des choses plus importantes encore que celles que je vous ai mandées, quoiqu’elles ne laissent pas que de l’être. […] Les mêmes considérations d’incompatibilité qui l’avaient retenu pour sa propre réception l’empêchaient de présider à la réception des autres.

131. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Gaston Paris et la poésie française au moyen âge »

L’érudit a l’esprit court : l’épigraphie l’empêche de comprendre l’histoire ; la philologie l’empêche de comprendre la littérature ; l’archéologie l’empêche de comprendre l’art.

132. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le cardinal de Retz. (Mémoires, édition Champollion.) » pp. 238-254

Il sait que cette compagnie, esclave des règles et formaliste, n’entend faire la guerre que par arrêts et par huissiers ; que les plus grands tonnerres d’éloquence aboutissent à des conclusions d’enquête et à des décrets pour informer ; que rien n’empêcherait le Parlement de lever séance quand l’heure de midi ou de cinq heures, l’heure sacramentelle du dîner ou du souper, a sonné. […] Tel est, chez les hommes de l’esprit le plus supérieur, le malheur des vices ; ils éteignent les bonnes inspirations à leur source et les empêchent de naître. […] Mme de Sévigné conseillait à sa fille de lui écrire également à ce sujet et de rentrer par là en correspondance avec lui : « Quand vous aurez écrit cette première lettre, croyez-moi, ne vous contraignez point ; s’il vous vient quelque folie au bout de votre plume, il en est charmé aussi bien que du sérieux : le fond de religion n’empêche point encore ces petites chamarrures. » C’était mieux pourtant ou pis que des chamarrures que les Mémoires où se complaisait en secret le cardinal de Retz, et qu’il venait d’achever à cette date, pour obéir à Mme de Caumartin, qui lui avait demandé le récit de sa vie.

133. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Balzac, et le père Goulu, général des feuillans. » pp. 184-196

La mort seule du chef de la sédition empêcha que tout ne fût à feu & à sang. […] L’un n’a pu s’empêcher de s’écrier au sujet de l’autre(**) : Deux cœurs faits pour s’unir d’un lien éternel, Dieux !

134. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 18, reflexions sur les avantages et sur les inconveniens qui resultoient de la déclamation composée des anciens » pp. 309-323

C’est-à-dire que la faute venoit de l’artisan et non point de l’art qui avoit pourvû suffisamment à empêcher qu’on ne la fist. […] En premier lieu, comme les acteurs qui recitent des opera ne laissent pas d’être touchez eux-mêmes en recitant, comme l’assujetissement où ils sont de suivre la note et la mesure ne les empêche point de s’animer, et par consequent de déclamer avec une action aisée et naturelle, de même l’assujetissement à suivre une déclamation notée dans laquelle étoient les acteurs des anciens, n’empêchoit pas ces acteurs de se mettre à la place du personnage qu’ils representoient.

135. (1911) Études pp. 9-261

Mais les sentiments que porte cette musique, ont l’élan pur et direct des larmes qu’on ne peut empêcher. […] On ne peut s’empêcher de sourire à l’admirable Psyché. […] On ne s’empêche pas de le confronter à Pelléas et Mélisande. […] Comment la douleur empêcherait-elle sa joie ? […] Je suis homme et l’on ne peut pas du moins m’en empêcher.

136. (1864) Cours familier de littérature. XVII « Ce entretien. Benvenuto Cellini (2e partie) » pp. 233-311

Comme il était fort laid, que sa bouche, déjà fort grande, s’était élargie de la moitié, et qu’il parlait son baragouin milanais d’une manière fort ridicule, nous ne pouvions nous empêcher de rire, mais surtout lorsqu’il dit au chirurgien qui lui recousait sa bouche, de lui en laisser au moins pour passer sa cuiller. […] Il était évident que son génie aspirait à s’égaler à la fortune de son protecteur, et que les lauriers grandioses de Michel-Ange l’empêchaient de dormir. […] Altoviti m’a fait voir son portrait en bronze, et m’a dit qu’il était de vous : il m’a fait le plus grand plaisir ; mais il l’a placé dans un faux jour, ce qui l’empêche de produire le merveilleux effet dont il est susceptible.” […] Voyant ce désordre, j’avertis les gardes de la porte d’avoir soin qu’il n’arrivât pas comme à Turin, où un pareil embarras avait empêché d’abaisser la sarrasine qui resta suspendue sur les charrettes, et fit prendre la ville. […] La duchesse, l’ayant su, ne put s’empêcher de dire que, si je m’en étais rapporté à elle, j’aurais eu cinq mille écus d’or.

137. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIe Entretien. Le 16 juillet 1857, ou œuvres et caractère de Béranger » pp. 161-252

Cette guerre fatale les empêcha de se reconnaître et de fraterniser dans la même foi. […] C’est toi qui m’empêches de lever mes armées de 1792, d’Austerlitz, d’Iéna, de Wagram, et de reconquérir toutes ces capitales !  […] Le silence sous-entendu sauvait tout ; il nous empêchait de nous apostasier, il ne nous empêchait pas de nous chérir. […] Son origine gauloise, son goût excessif pour la raillerie, son père spirituel Rabelais, son trop d’esprit, faculté si nuisible au génie poétique d’une race humaine, l’empêcheront peut-être toujours d’être un peuple épique, et encore plus un peuple lyrique. […] Rousseau lui-même ne savait guère le latin quand il commença à écrire, et cette ignorance l’empêcha-t-elle de se faire le plus pénétrant, le plus harmonieux et le plus éloquent des styles ?

138. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CIXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (1re partie) » pp. 5-79

Cette position empêchait qu’on ne s’aperçût de son côté faible : il avait à peu près perdu l’usage des jambes, et il ne pouvait marcher que soutenu par deux bras robustes. […] Du reste, des considérations personnelles interdisaient aux cardinaux de le rappeler ; ces mêmes considérations l’empêchaient de s’offrir de lui-même. […] On était habitué à voir les princes occupant le siège de Pierre changer presque tous les sept ou huit ans, et les espérances de chacun empêchent d’ordinaire un choix qui, par sa durée, ne permet pas la réalisation de ces espérances. […] « Ces impossibilités extrinsèques étaient si nombreuses et d’un tel poids, qu’on peut avouer avec certitude qu’en toute autre circonstance, et spécialement si le conclave se fût tenu à Rome en temps ordinaire et calme, on aurait éloigné Chiaramonti du pontificat suprême ; tout au moins aurait-il été empêché de succéder immédiatement à Pie VI. […] Cet argument consistait à démontrer que le refus d’une petite minorité n’empêcherait pas l’élection projetée, puisque le nombre nécessaire de suffrages était acquis à Chiaramonti.

139. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1886 » pp. 101-162

Une sorte d’ivresse intellectuelle, hachichée, dit Rollinat, qui empêchait tout travail, le mettant tout entier dans la dépense orgiaque de la conversation, en ce logis, où se disait qu’on causait, comme en nul autre endroit de Paris. […] Elle le repêcha pendant quelques années, se faisant près de lui une bonne sévère, et l’empêchant de boire, comme on empêche un petit enfant de se donner une indigestion. […] Je ne puis m’empêcher de penser avec tristesse, au plaisir, que cette publication aurait fait à mon pauvre cher frère. […] Je n’ai pu m’empêcher de lui dire, qu’il devrait écrire ce qu’il parlait, qu’il ferait quelque chose de très beau littérairement, et même de très utile, à la mémoire de son ami. […] Ça m’a poussé à y fourrer des inventions, des aventures, et m’a empêché de mettre toute ma vraie enfance, dans le paysage lyonnais.

140. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Charles Dickens »

En un style baroque, outré, contourné, agité sans cesse de la plus féminine façon, par tous les mille petits sentiments que l’écrivain anglais ne peut s’empêcher de ressentir à propos de n’importe quoi, il raconte les histoires les plus compliquées, les plus follement invraisemblables à la fois et les plus mal construites, telles que le dernier feuilletoniste sait en échafauder de plus plausibles. […] Godefroy Nickleby et sa femme étaient pauvres et sans amis, — Dickens ne peut s’empêcher, dès qu’il a sommairement énoncé ces incidents, de s’agiter, de s’exalter, de prendre parti pour ou contre, de les considérer sous les plus étranges et imaginaires aspects, de les compliquer, de les grossir et de les dénaturer, de façon à révéler le plus verbeusement possible, ouvertement ou avec des façons détournées et artificieuses, la sorte d’impression que lui font ces événements et d’autres. […] Son domaine est circonscrit au grotesque, au malfaisant, au mystérieux, et ce qu’il s’attache à représenter, il ne peut s’empêcher de le modifier de mille manières dont nous venons d’étudier les principales, qui sont celles d’un humoriste, qui sont celles encore d’un caricaturiste. […] Tout le bel accueil qu’on lui a fait de l’autre côté de l’Atlantique ne l’a pas empêché de scandaliser ses hôtes en les rappelant publiquement, dans un banquet, au respect de la propriété littéraire. […] Tout au contraire, il associait à ses courageuses revendications d’écrivain d’étranges timidités pratiques, des inconséquences, une constante agitation nerveuse, des tendances restrictives, qui malgré toutes les sollicitations de sa sensibilité facilement émue, l’empêchèrent toujours de passer des paroles aux actes, le gardèrent de toute excentricité dans sa vie privée, et le défendirent ainsi contre lui-même presque jusqu’à la fin.

141. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis »

Parmi les dames que cette fête avait rassemblées, j’en remarquai une dont les manières étaient si douces et si séduisantes, que je ne pus m’empêcher de dire en la regardant : Si cette dame a l’esprit, la délicatesse et les perfections de celle qui mourut il n’y a pas longtemps, il faut avouer qu’elle lui est bien supérieure par l’éclat de sa beauté. […] Ces rares perfections me captivèrent au point, que bientôt il n’y eut pas une puissance ou une faculté de mon corps ou de mon âme qui ne fût asservie sans retour ; et je ne pouvais m’empêcher de considérer la dame dont la mort avait causé tant de douleurs et de regrets comme l’étoile de Vénus, dont l’éclat du soleil éclipse et fait disparaître entièrement les rayons. » Telle est la description que Laurent nous a laissée de l’objet de sa passion, dans le commentaire qu’il a fait sur le premier sonnet qu’il écrivit à sa louange16 ; et à moins que l’on n’en mette une grande partie sur le compte de l’amour, toujours partial dans ses jugements, il faut avouer qu’il y a eu bien peu de poëtes assez heureux pour trouver un objet aussi propre à exciter leur enthousiasme, et à justifier les transports de leur admiration. […] À en juger par les sonnets qu’il fit à cette occasion, il éprouva tous les degrés et toutes les vicissitudes de l’amour : il triomphe, il se désespère ; il brûle, et la crainte le glace ; il célèbre avec ravissement des jouissances ineffables, trop grandes, trop au-dessus d’un simple mortel, et il ne saurait s’empêcher d’applaudir à cette vertu sévère que ses plus ardentes sollicitations ne peuvent ébranler. […] La cérémonie était commencée quand François Pazzi et Bandini, voyant que l’une des principales victimes, Julien, était en retard et manquait au sacrifice, allèrent au-devant de lui pour presser sa marche, et l’ayant trouvé en chemin, affectèrent l’enjouement et la familiarité d’anciens compagnons de plaisirs, pour le prier de se rendre à l’église et pour tâter, en l’embrassant, s’il n’avait point de cuirasse sous ses habits ; ils badinèrent même avec lui en entrant dans l’église, pour prévenir tout soupçon et l’empêcher de songer à revenir sur ses pas.

142. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre II. La jeunesse de Voltaire, (1694-1755) »

Une bourgeoise hérédité de sens pratique l’empêcha pourtant de se repaître de fumée, et tourna ses pensées vers les solides acquisitions. […] C’est le caractère le plus mobile et le plus extraordinaire qu’il y ait : sensible, brusque, plein d’humeur, boudant toute une soirée pour un verre de vin du Rhin que Mme du Châtelet l’a empêché de boire parce que ce vin lui fait mal, se querellant sans cesse avec elle, déjà malade éternel, se droguant à sa fantaisie, se gorgeant de café, mourant et, l’instant d’après, vif et gaillard si un rien l’a mis en train : avec cela, travailleur acharné, infatigable. […] Elle a soin de sa dignité aussi ; elle l’empêche de se perdre dans d’avilissantes polémiques contre les Desfontaines512 et autres folliculaires. […] Quand on songe que ni la Henriade, ni les premiers chapitres du Siècle de Louis XIV, ni même l’innocent Charles XII n’ont eu permission de paraître en France, que ce pouvoir, qui n’a rien empêché, a tout prohibé, on comprend que Voltaire, depuis la Lettre à un premier commis jusqu’au Siècle de Louis XIV, ait réclamé la liberté de penser et d’écrire.

143. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — III. (Fin.) » pp. 162-179

Il empêcha du moins entre eux un éclat qui n’eut lieu que plusieurs années après. […] Sully, lui écrivant dans les derniers mois, n’avait pu s’empêcher de le louer : J’ai toujours fort estimé la vivacité de votre esprit et la solidité de votre jugement, lui disait ce témoin difficile, mais ces dernières actions m’en donnent meilleure opinion que jamais, ayant su vous débarrasser de tant de diversités et opinions différentes qui tombent d’heure à autre dans l’esprit de toutes les parties avec lesquelles vous avez à traiter ; car non seulement il faut concilier deux ou trois partis fort éloignés de désirs et intentions les uns des autres, mais il semble que vous ayez à faire autant de traités qu’il y a de personnes d’autorité de tous bords, y ayant autant d’opinions que de têtes. […] On voit par une réponse énergique de lui au maréchal de Bouillon (juin 1615) que, malgré son âge, il ne faiblissait pas devant les grands redevenus factieux, et qu’il leur disait assez haut leurs vérités : « La médisance contre ceux qui sont employés au maniement des affaires publiques, écrivait-il à M. de Bouillon, est un doux et agréable poison qui se coule aisément en nos esprits, et, quand ils en sont une fois infectés, il est malaisé que la vérité pour les défendre y soit reçue. » Il y donne la clef de sa conduite, qui dut consister souvent, en ces temps de trouble et de faiblesse, à tolérer, à souffrir un moindre mal pour en empêcher un pire : Le commandement n’est pas toujours absolu pendant les minorités.

144. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — I » pp. 39-56

Le portrait saillant, ineffaçable, qu’a tracé de lui Saint-Simon en sa fureur de peintre, reste dans les yeux, et empêche qu’on ne soit tenté de regarder le personnage en lui-même et d’une vue plus reposée. […] Le jeune Villars, qui se tenait le plus près possible, ne put s’empêcher de s’écrier, de manière à être entendu de lui : « Voilà la chose du monde que j’avais le plus désiré de voir, le grand Condé l’épée à la main !  […] Peu après, le maréchal de Luxembourg ayant emporté l’abbaye de Piennes et gagné le champ de bataille, mais voyant la droite des ennemis se retirer sans perte, ne put s’empêcher de dire à Villars : « Je voudrais que le cheval de Chamlay eût eu les jambes cassées quand il vous apportait ce maudit ordre. » Villars ne raconte sans doute dans ses Mémoires que ce qui peut lui faire honneur, et il ne serait pas plus juste de le suivre en tout aveuglément que de s’en remettre à Saint-Simon contre lui ; mais dans tout ceci il n’est rien qui ne réponde à la suite de sa carrière et que ne confirment ses futurs succès.

145. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mme de Graffigny, ou Voltaire à Cirey. » pp. 208-225

Mme du Châtelet, qui ne voulait point paraître trop tendre, riait pour s’empêcher de pleurer. […] Aimant peu l’histoire, et ne considérant Tacite que « comme une bégueule qui dit des nouvelles de son quartier », elle fait la guerre à l’historien dans Voltaire ; elle lui garde sous clef, par exemple, son histoire du Siècle de Louis XIV, et l’empêche de la terminer. […] C’est affreux d’empêcher Voltaire de faire des vers !

146. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une croisade universitaire » pp. 107-146

Hugo gêne fort les deux partis, il les empêche de se bien voir. […] Ses antécédents du Figaro n’ont point empêché Henry Schaunard de publier des romans au Moniteur et à la Revue des Deux-Mondes ; — Monselet a donné de la copie à La Presse (on a même trouvé qu’il n’en donnait pas assez) ; et toi-même, malgré toutes les chroniques dont tu es atteint et convaincu, n’es-tu pas arrivé à L’Opinion nationale ? […] Il faut un peu de dignité dans ces sortes de déclarations, mon cher Valentin ; et tu ne peux t’empêcher de montrer, de temps en temps, entre deux phrases, ce que M. 

147. (1874) Premiers lundis. Tome II « Thomas Jefferson. Mélanges politiques et philosophiques, extraits de ses Mémoires et de sa correspondance, avec une introduction par M. Conseil — II »

Condorcet, dans son bel éloge de Franklin, où perce toutefois une velléité de réticence, n’a pu s’empêcher de dire de ce dernier : « Il croyait à une morale fondée sur la nature de l’homme, indépendante de toutes les opinions spéculatives, antérieure à toutes les conventions ; il pensait que nos âmes reçoivent dans une autre vie la récompense de leurs vertus et de leurs fautes ; il croyait à l’existence d’un Dieu bienfaisant et juste, à qui il rendait dans le secret de sa conscience un hommage libre et pur. » Tel fut aussi Jefferson, tel Washington ; tels ont dû être, en effet, sur cette terre d’Amérique, en présence de cette vaste nature à demi défrichée, au sein d’une société récente, probe, industrieuse, où les sectes contraires se neutralisaient, tels ont dû être ces grands et stables personnages, nourris à l’aise, au large, sous un ciel aéré, loin du bagage des traditions, hors des encombrements de l’histoire, et dont pour quelques-uns, comme pour Washington, par exemple, l’éducation première s’était bornée à la lecture, l’écriture et l’arithmétique élémentaire, à laquelle plus tard il avait ajouté l’arpentage. […] Jefferson, au reste, doué d’un esprit exact et sagace, avait pénétré assez avant, sur la fin de la vie, dans les matières métaphysiques ; on voit dans une lettre à John Adams qu’à l’exemple de Locke, Stewart, Bonnet, il inclinait à être déiste matérialiste, c’est-à-dire à considérer la pensée comme liée nécessairement à quelque atome de matière subtile : ce qui ne l’empêchait nullement de croire à l’immortalité.

148. (1874) Premiers lundis. Tome II « E. Lerminier. De l’influence de la philosophie du xviiie  siècle sur la législation et la sociabilité du xixe . »

Dans cette grande route humaine où il marche, dans cette voie sacrée qu’il affecte, l’orateur, comme un héros d’armes, salue à droite et à gauche les groupes de marbre sur leur piédestal, il a besoin d’apostropher des statues de demi-dieux ; il fait faire place à l’entour ; il crie au large aux hommes médiocres qui empêchent de mesurer les grands ; il écrase un peu les uns : pour les autres est l’apothéose ! […] Lerminier n’a pu s’empêcher de faire ainsi, et nous ne lui en voulons pas ; cette perspective, selon laquelle il dispose et il étage ses hommes, perspective qui n’est pas tout à fait la nôtre, est peut-être celle du lointain et de l’avenir.

149. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Le marquis de Grignan »

Né avec un terrible défaut à la taille, comme le duc de Bourgogne, cet autre grand bossu aux jambes sublimes, on lui mit dans son enfance un corset de fer pour le redresser et on le suspendit par un clou comme un Polichinelle à la muraille pour lui faire rentrer sa bosse, à force de mur ; ce qui ne l’empêcha, du reste, ni d’être un soldat ni d’être un danseur, — un très joli danseur, ma foi ! […] Il ne peut pas s’empêcher de l’adorer et de s’en moquer, et cela est délicieux, cette impossibilité !

150. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Louis Nicolardot » pp. 217-228

On saura que penser de cet homme, dont le sang répandu fait pourpre sur sa vie entière et empêche de la voir et de la juger telle qu’elle fut, à travers l’auréole pourprée de ce sang. […] Vous l’auriez vu, lui qui, un jour, brutalisa à la chasse un de ses gentilshommes qui se mettait entre lui et la bête furieuse, crier comme son aïeul Henri IV à Ivry : « Vous m’empêchez de voir l’ennemi, messieurs ! 

151. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » p. 479

Le ridicule que lui donna Boileau, n’empêche pas que nous n’ayons encore des Peletier toujours prêts à faire des Sonnets en Prose, pour fêter dans leur légende les Ecrivains qui leur ressemblent.

152. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article »

Son Traité sur la Prudence n’annonce pas qu’il en eut beaucoup lui-même ; les pensées en sont triviales, & le style lâche & incorrect, deux raisons pour empêcher un homme prudent d’écrire.

153. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article »

L'enluminure de celle-ci a fait oublier la premiere ; ce qui n'empêche pas que la troisieme scene du troisieme Acte de la Tragédie de Riuperoux n'annonce plus de talent que toute la Piece de M.

154. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 353

On ne peut s’empêcher de remarquer que c’est pousser un peu trop loin l’exactitude.

155. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » p. 387

Le discernement, le goût, la bonne Littérature, se font sentir dans ces petits Ouvrages polémiques, que l’enthousiasme du Public pour de mauvaises Pieces de Théatre n’empêche que trop souvent de goûter.

156. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » p. 22

Sa mort, causée par la débauche, l’enleva dans la vigueur de l’âge, & l’empêcha de se faire une grande réputation dans la carriere dramatique.

157. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVIII » pp. 305-318

Madame de Sévigné avait douze ans de plus que madame Deshoulières ; mais ce n’était pas cette différence d’âge qui les empêchait de se voir, c’était l’opposition de mœurs et d’opinions politiques qui séparait de tous les Mancini, hommes et femmes, et de leurs affidés, tels que madame Deshoulières, tout ce qui était en relation d’amitié avec le grand Condé, avec sa sœur la duchesse de Longueville, avec le cardinal de Retz, le duc de La Rochefoucauld, société habituelle de madame de Sévigné. […] Elle n’empêchait pas le crédit de madame Scarron à la cour même, et l’inclination du roi vers les mœurs douces, honnêtes, et polies de la société dont elle était un ornement.

158. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence en général. » pp. 177-192

Le titre de confrère & d’ancien ami de l’auteur, ne parut pas suffisant à Gibert pour l’empêcher de le citer au tribunal du public, de vouloir le dépouiller d’une gloire usurpée, & faire mettre en balance qui des deux méritoit de l’emporter pour le goût, le talent & les lumières : il osa même adresser ses observations à Rollin. […] L’étiquette d’homme de collège ne l’empêcha point d’être lu des gens du monde : Et, quoiqu’en robe, on l’écoutoit ; Chose assez rare à son espèce.

159. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 9, des obstacles qui retardent le progrès des jeunes artisans » pp. 93-109

Delà naissent tant d’ouvrages ennuïeux, qui font prendre en mauvaise part le nom de poëte, et qui empêchent que personne veuille s’honorer d’un si beau titre. […] Il n’est pas encore satisfait de ses vers, quand ils sont déja assez bons pour plaire aux autres, et la peine qu’il ne sçauroit s’empêcher de prendre pour les perfectionner à son gré, l’impatiente souvent contre lui-même.

160. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Lenient » pp. 287-299

de la sobriété historique, de cette vertu qui empêche et prévient la dangereuse soif de l’originalité, laquelle certainement n’est pas défendue, comme l’absinthe, pour cause de santé, aux jeunes professeurs. […] Croyez-vous qu’il n’y ait pas, si maintenu qu’on soit par les faits, — ces fers aux pieds et aux mains, mais qui n’empêchent pas les hommes vraiment forts de se mouvoir et de se dilater dans la beauté de leur puissance, — croyez-vous qu’il n’y ait pas, au sein de tous les esclavages de l’histoire, des manières d’ouvrir ses points de vues qui sont de la plus haute, de la plus réelle originalité ?

161. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Francis Wey » pp. 229-241

Tel est, pourtant, le tour de force et de souplesse que Francis Wey a fait faire à cette vénérable Empêchée. […] Elles n’empêcheront pas le plaisir qu’on prendra à ce livre attachant, qu’on lira en wagon, et ailleurs.

162. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Mistral. Mirèio »

Que si, du reste, au lieu d’être en vers provençaux, le poème de Mirèio était en langue française, la grandeur dont il brille empêcherait peut-être sa fortune, mais il aurait du moins une chance de réussite dont actuellement il est privé. […] Frédéric Mistral a répondu au nom du provençal, dans ces malheureuses notes qui m’ont un peu dépoétisé sa personne, mais ce qu’il a dit ne modifiera pas l’opinion ; et comme il ne faut, dans notre heureux pays, qu’un lieu commun pour empêcher la vérité et la raison de faire leur chemin, il est bien probable qu’une telle impertinence barrera plus ou moins longtemps le passage à une œuvre digne par elle-même d’aller très-haut.

163. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Charles Didier » pp. 215-226

Charles Didier a quelque chose de robuste et de vulgaire dans le talent qui conviendrait, je crois, très-bien au mélodrame, mais c’est cela précisément ce qui l’empêchera toujours de peindre ressemblant et même de bien comprendre cette délicate, subtile et molle Italie, qui n’est pas qu’ardente et que violente, comme on le croit, et qui, n’en déplaise à messieurs les égalitaires, est au fond la plus aristocratique des nations ! On dirait même que cette vulgarité qui l’empêtre et l’empêche, M. 

164. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Duranty » pp. 228-238

mais n’a pourtant pas empêché le style de son livre d’être, dans son ensemble, d’une solidité de trempe, d’un acéré de fil et d’une clarté profonde, dont M.  […] Gustave Flaubert dans le cours de ce chapitre, et je n’ai pu m’empêcher de signaler, entre M. 

165. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre V. Autres preuves tirées des caractères propres aux aristocraties héroïques. — Garde des limites, des ordres politiques, des lois » pp. 321-333

Il n’en fut pas ainsi : la Providence empêcha que le monde ne retombât dans la communauté des biens qui avait caractérisé la barbarie de premiers âges, en assurant par la forme même du gouvernement aristocratique la certitude et la distinction des propriétés. […] Il fallut tout le talent de Cicéron pour empêcher Sextus Ebutius de garder la terre de Cecina, parce qu’il manquait une lettre à la formule.

166. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 301

Tous ces titres ne l’empêchent pas d’être un Auteur médiocre.

167. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — O. — article » p. 433

C’est ce qu’on ne peut s’empêcher de remarquer, à la lecture de ses Lettres, recueillies en un volume in-4°.

168. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — I. » pp. 162-179

D’une Sibour, qu’il perdit tout au commencement de 1675, il eut une fille unique… Il devint ensuite amoureux de la fille d’un apothicaire qui s’appelait Pajot, si belle, si modeste, si sage, si spirituelle, que Charles IV, duc de Lorraine, éperdu d’elle, la voulut épouser malgré elle, et n’en fut empêché que parce que le roi la fit enlever. […] Il avait en lui un ressort qui dérangeait le train de vie où il s’était mis et qui empêchait la suite, la persévérance nécessaire au plein succès. […] [NdA] Ce mécontentement de Louis XIV ne venait pas précisément de ce que Lassay avait épousé Marianne, puisqu’on voit que le roi lui-même, qui appréciait son caractère et la conduite qu’elle avait tenue, parla au père de Lassay pour lui faire accepter ce mariage ; il entretint plusieurs fois assez familièrement Marianne depuis qu’elle était marquise de Lassay et lui demanda même un jour si elle lui avait pardonné de l’avoir empêchée d’être duchesse de Lorraine.

169. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « La princesse des Ursins. Ses Lettres inédites, recueillies et publiées par M. A Geffrot ; Essai sur sa vie et son caractère politique, par M. François Combes » pp. 260-278

Comment, quand il s’agit de Mme de Maintenon, par exemple, qui évite de prendre hautement parti, qui s’abstient volontiers et se renferme dans une réserve prudente, comment venir nous dire : « Sûre d’elle-même, elle ne l’était pas autant des personnes qui recherchaient sa recommandation ; elle craignait les causeries et les commentaires de salon…, et tout ce bruyant désordre d’actes et de paroles que sa présence avouée dans tel ou tel camp aurait occasionné, et qu’une neutralité, qui n’était autre chose que le sage isolement d’une mystérieuse spontanéité, pouvait seule empêcher ?  […] Pardon si je n’ai pu m’empêcher d’exhaler une souffrance que j’ai tant de fois éprouvée (et je ne suis pas le seul) en lisant des écrits modernes qui traitent du xviie  siècle. […] Les lettres précédentes à la maréchale sont toutes remplies de détails domestiques, de calculs et de chiffres, tendant à faire augmenter sa pension, qu’elle juge insuffisante « pour la première princesse de Rome, née sujette d’un grand roi comme le nôtre. » Elle est gueuse, dit-elle, mais elle est fière ; ce qui ne l’empêche pas de demander bien souvent.

170. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Lettres inédites de Jean Racine et de Louis Racine, (précédées de Notices) » pp. 56-75

Je ne puis m’empêcher de faire une remarque. […] Cela ne l’empêche pas d’être plus naturel que Corneille qui prend ses beautés hors de la nature, au-dessus de la nature, tandis que Racine prend les siennes dans la nature et dans le cœur, mais en choisissant. […] Il y aurait pourtant moyen, tout noué et empêché qu’il est par nature et par éducation, de s’intéresser au fils du grand Racine, poète lui-même, versificateur élégant, modeste et pieux, ayant le culte d’un père illustre ; et si l’on en savait un peu moins sur son compte, si on le repoussait un peu dans le vague, on pourrait composer de cette figure secondaire une esquisse assez attrayante.

171. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée, par M. le chevalier Alfred d’Arneth et à ce propos de la guerre de 1778 »

Jugez de ma peine en particulier : l’empereur et votre frère (Maximilien) et le prince Albert (beau-frère) y seraient les premiers acteurs : l’idée seule me fait presque succomber, mais je ne saurais l’empêcher, et si je n’y succombe, mes jours seraient pires que la mort. […] Néanmoins, d’après tout ce que m’avait dit Mercy, et les réflexions que je ne puis m’empêcher de faire à chaque instant sur l’affaire la plus importante de ma vie, je les ai tant pressés qu’ils ont été obligés de changer un peu de ton. […] et tous les grands princes ne tiennent pas ensemble pour empêcher un malheur pareil qui tombera un peu plus tôt ou plus tard sur tous !

172. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — Lamennais, Affaires de Rome »

Ce que je ne puis m’empêcher de relever, c’est ce qui tient à la logique même, à la série d’idées et de doctrines du grand écrivain. […] À défaut de la foi, et après un désabusement aussi avoué sur des points importants crus vrais durant de longues années et prêchés avec certitude, ce qu’on a droit d’exiger du nouveau croyant pour son rôle futur de charité et d’éloquence, c’est, ce me semble, un léger doute parfois dans l’attaque ou dans la promesse : en un mot quelque chose de ce qu’on appelle expérience humaine, tempérant et guidant la fougue du génie. « Il y a, — lui-même le confesse excellemment, — une certaine simplicité d’âme qui empêche de comprendre beaucoup de choses, et principalement celles dont se compose le monde réel. […] Son principe de liberté, qui est tout protestant, l’empêche d’être du christianisme organique, comme l’entend M.

173. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jean Richepin »

Puis, ces mots qui nous tirent l’œil nous empêchent de voir le tableau. […] On ne peut s’empêcher de sourire, après cela, des grands airs qu’il prend dans sa préface. « Je doute que beaucoup de gens aient le courage de suivre, anneau par anneau, la chaîne logique de ces poèmes, pour arriver aux implacables conclusions qui en sont la fin nécessaire. » Et dans l’impayable post-scriptum à Bouchor, où il pardonne noblement à son ami d’avoir repris subrepticement goût au mauvais vin de l’idéal, des illusions spiritualistes, de la foi en l’éternelle justice : « Je ne chercherai désormais qu’en moi-même mes templa serena. […] Cela ne m’empêche pas d’admirer fort les Blasphèmes.

174. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Éloges académiques de M. Pariset, publiés par M. Dubois (d’Amiens). (2 vol. — 1850.) » pp. 392-411

Sans refuser enfin à son style toute espèce de qualité littéraire, il est impossible de n’y pas sentir des longueurs et des pesanteurs de phrases, des portions qui y sont comme opaques, et qui empêchent d’y pénétrer la lumière et l’agrément. […] Le profond divorce qui existait alors entre la chirurgie et la médecine empêcha les deux Sociétés de se fondre à aucun moment ou même de se rapprocher, comme il eût été si naturel. […] Je voudrais bien plutôt qu’avant de se mettre à écrire l’éloge d’un médecin, on relût auparavant les notices sur Dodart et sur Boerhaave, de Fontenelle, non pas pour les imiter, mais pour se donner la note et s’empêcher de forcer le ton.

175. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres inédites de l’abbé de Chaulieu, précédées d’une notice par M. le marquis de Bérenger. (1850.) » pp. 453-472

Être épicurien, quand on l’est avec art, n’empêche pas d’être habile, et Chaulieu, à partir de ce jour, le prouva. […] Ainsi, cette maladie n’empêcha pas que, pour divertir Monseigneur à Anet, M. de Vendôme, l’abbé de Chaulieu et moi, nous n’imaginassions de lui donner une fête, avec un opéra dont Campistron, poète toulousain aux gages de M. de Vendôme, fit les paroles, et Lully, notre ami à tous, fit la musique. […] On ne peut s’empêcher de conclure qu’il a été bien funeste à ce délicat esprit d’appeler, au secours d’une indolence chez lui si naturelle, la paresse raisonnée de Chaulieu, et d’insister sur une doctrine qui a pour effet immédiat d’amollir les courages et de supprimer le ressort des âmes.

176. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Mme de Genlis. (Collection Didier.) » pp. 19-37

Quelque opinion qu’on puisse garder d’elle en définitive, on conviendra qu’à cet âge elle dut être une enfant séduisante : les défauts ne se marquent comme tels que plus tard, la jeunesse couvre tout, et, puisque avec Mme de Genlis nous sommes à moitié dans la mythologie, je dirai : la jeunesse prête à nos défauts des ailes qui les empêchent de se faire trop sentir et de peser. […] Il apprend tout, il retient tout, il raisonnera bien de tout ; mais il n’est pas de ceux qui sentiraient naturellement ni la musique, ni la poésie, ni les beaux-arts fins, ni la fine littérature ; ce qui n’empêchera pas qu’il n’en ait assez vu, assez manié et assez pratiqué de bonne heure, par les soins de son gouverneur infatigable, pour avoir la certitude de s’y connaître. […] Il y avait comme plusieurs personnes en Mme de Genlis ; mais, dès qu’elle tenait la plume, le ton de la personne intérieure et qui dominait toutes les autres, le ton du rôle principal prenait le dessus, et elle ne pouvait s’empêcher d’écrire ce qu’il faut toujours répéter de la religion, des principes et des mœurs quand on enseigne.

177. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Droz. » pp. 165-184

C’est dans l’oisiveté et la petitesse que la vertu souffre, lorsqu’une prudence timide l’empêche de prendre l’essor et la fait ramper dans ses liens : mais le malheur même a ses charmes dans les grandes extrémités ; car cette opposition de la fortune élève un esprit courageux, et lui fait ramasser toutes ses forces, qu’il n’employait pas. […] L’idée qui a présidé à son Histoire est celle-ci : il y aurait eu moyen, si un homme éclairé et ferme s’était trouvé investi à temps du pouvoir, de régler la Révolution française, de l’empêcher de dégénérer en violence aveugle et en anarchie, et de la faire arriver au port avant d’avoir traversé et épuisé toutes les tempêtes. […] Ce qu’il y a d’un peu idéal et de conjectural dans cette manière d’étudier l’histoire, n’empêche pas M. 

178. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Regnard. » pp. 1-19

Le tour d’ironie et de plaisanterie qui s’y mêle n’empêche pas l’observateur de bien voir et de faire mille retours sur la singularité de la nature humaine selon les climats et les lieux. […] Je me reconnus tout entier dans l’un et dans l’autre de ces états, où l’inconstance avait plus de part que toute autre chose, sans que l’amour-propre vint flatter le moindre trait qui empêchât de me reconnaître dans cette peinture. […] Hector, le valet du Joueur, dira dans son rêve de fortune : J’aurais un bon carrosse à ressorts bien liants ; De ma rotondité j’emplirais le dedans… Et le fat marquis, s’étalant aussi tout à l’aise, lâchera ce couplet que chacun achève de mémoire, mais que nous ne pouvons nous empêcher de rappeler : Moi, j’aime à pourchasser des beautés mitoyennes ; L’hiver, dans un fauteuil, avec des citoyennes, Les pieds sur les chenets étendus sans façons, Je pousse la fleurette et conte mes raisons… J’ai rendu toute justice et tout hommage à Boileau ; mais ici, dans cette large et copieuse façon de dire, Regnard remontait par-delà Boileau, et dérivait en droite ligne de Régnier.

179. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1853 » pp. 31-55

Un cocher de fiacre du xviiie  siècle, blâmé comme nous par une Cour de justice, s’écria, après le blâme : — Mon président, ça m’empêchera-t-il de conduire mon fiacre ? […] Le conducteur voulait l’empêcher de fumer. […] Cette fille me racontait, cette nuit, que, lorsqu’elle avait tenté de se noyer, elle avait passé la nuit, toute la nuit, jusqu’à quatre heures du matin, à se promener au bord de la Gironde avec la tentation de rentrer à la maison, mais empêchée par la crainte d’une moquerie.

180. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Philarète Chasles » pp. 111-136

Ce rude travailleur en choses éphémères, ce bénédictin de robe… trop courte, avec ses vastes connaissances, son encyclopédisme littéraire, son amour des idées et de tout ce qui ressemblait à une idée, son besoin plus pressant que sûr de généraliser, son style fringant, piquant, brillant et trempé aux sources de tous les idiomes, Philarète Chasles, n’a pas laissé, en somme, un grand livre pense et voulu, construit avec art, ferme sur sa base, une œuvre centrale, enfin, qui eût donné exactement sa mesure et qui aurait empêché de la chercher confusément, ainsi qu’on le fait aujourd’hui, dans des travaux éparpillés, —  disjecta membra poetæ . […] Tel fut le mal — l’irréparable mal — pour Philarète Chasles, le mal au plus profond de facultés superbes et qui les empêcha de fonctionner avec l’éclat, la précision, la gravité, la profondeur, la toute-puissance d’ensemble qu’elles auraient eues s’il eût été élevé par un autre homme que par un père, qui en lit d’abord, le croira-t-on ? […] De Maistre est si grand que Philarète Chasles n’a pu s’empêcher d’en reconnaître la grandeur.

181. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IX : M. Jouffroy écrivain »

Cette emphase et ces abstractions l’empêchaient d’atteindre l’expression exacte. […] Est-il étonnant que l’écrivain ne reconnût pas le monde intérieur dans le tableau qu’il en faisait, lorsqu’il relisait cette phrase : « Nos facultés sont tout à fait sous l’impulsion des mobiles ou tendances de notre nature, qui réclament certains objets, aspirent à certaines fins, poussent nos facultés dans la direction qu’elles veulent, sans que nous intervenions, nous, pour empêcher cette direction ou la rectifier65. » Qu’entend-on par des facultés qui veulent ? […] C’est un esprit touffu, que ses ramifications trop nombreuses ont empêché de pousser assez droit et assez haut.

182. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » p. 233

Son style, en général, est pur, correct, élégant & varié, qualités qui ne sont pas capables d’empêcher qu’on ne s’apperçoive qu’il manque d’invention.

183. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 205

A ne juger de lui que par ses Ouvrages, on ne peut du moins s’empêcher de rendre justice à ses talens.

184. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviie entretien. Un intérieur ou les pèlerines de Renève »

Depuis ce jour je n’y puis plus penser, et quand, en allant à Saint-Point, je ne puis m’empêcher de passer sur la route où la colline aride surmonte avec son clocher et ses maisons le paysage, et où les sept sycomores font trembler leurs branches sur l’angle presque invisible du toit, je suis obligé de détourner la tête pour cacher mes larmes. […] — Je le leur ai dit, fit-elle ; mais puisqu’elles veulent voir la grande chambre et qu’elles ne s’inquiètent pas de ce qui se mange, puis-je les en empêcher ?  […] Nous ne pûmes nous empêcher de pleurer quand Marie nous récita ce passage. […] Il pouvait être midi, mais la force de nos émotions nous avait empêchées de remarquer l’heure. […] XXI Nous ne pûmes nous empêcher de pleurer en contemplant cette pauvre enfant.

185. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre III. Les immoralités de la morale » pp. 81-134

Cela n’empêche point d’étudier ensuite la valeur relative des peuples divers, mais c’est une question différente. […] Des inhibitions nombreuses les empêchent souvent d’y parvenir. […] Et des retouches continuelles sont indispensables pour parer aux déviations toujours menaçantes et pour les empêcher au moins de s’aggraver. […] Elles conviennent aussi à ceux qui veulent sincèrement être sincères avec eux-mêmes, ce qui ne les empêche pas toujours de s’aveugler. […] Il y a trois siècles la « dignité » de l’écrivain ne l’empêchait point de flatter, en des dédicaces, un homme puissant et riche ; aujourd’hui cela serait mal vu, mais il peut flatter les goûts de vingt mille sots.

186. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IV »

Le 28 mars, le Temps annonce les représentations de Lohengrin et résume la question wagnérienne : haine de Wagner contre la France ; mais, Wagner étant mort, rien n’empêche plus de jouer ses œuvres, etc. […] Reyert : Mon cher monsieur Meyer, la haine que Berlioz lui portait et mon affectueuse admiration pour Berlioz ne m’ont pas empêché d’aller à Lui. […] Et ces gens-là voudraient nous empêcher d’écouter Wagner ? […] Lamoureux a réuni l’orchestre, les chœurs et tout le personnel dans l’avant-foyer des artistes : « Vous savez, leur a-t-il dit, les motifs qui m’empêchent de jouer Lohengrin en ce moment. […] Des instructions ont été données au préfet de police pour empêcher le renouvellement des manifestations qui se sont produites hier soir.

187. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — IV. La Poësie dramatique. » pp. 354-420

Mais cette ivresse de la nation Françoise ne l’empêcha point d’essuyer beaucoup de contradictions. […] Le Préjugé à la mode, la fausse Antipathie, & l’Ecole des amis, doivent faire estimer cet écrivain, que son esprit, ni les agrémens qu’il met partout, n’empêchent point de parler au cœur. […] La satyre qu’elle renferme, quoique très-vive & inusitée, n’a pas empêché que l’attendrissement ne fut universel. […] Vous vous direz à vous-même qu’il faut être bien fou pour donner une tragédie, & que la crainte d’être parodié doit empêcher beaucoup de poëtes d’en faire. […] Fuzelier nioit à La Mothe qu’une bouffonnerie, telle que la parodie, empêchât l’effet du tragique ; qu’elle fît confondre les bons & les mauvais endroits d’une pièce & décider d’elle sur le jugement d’arlequin ; qu’elle décréditât la véritable vertu, puisque ce n’est que la vertu chimérique & romanesque qu’elle tourne en ridicule.

188. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » p. 489

Mahomet II, qu’il donna en 1714, eut des succès dans sa nouveauté, & est resté depuis dans le plus profond oubli : la foiblesse du cinquieme Acte est la principale cause qui a empêché cette Piece de paroître.

189. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » p. 485

Il est très-supérieur à celui qui l’avoit précédé, & l’on ne peut qu’être fâché que la perte de sa vue l’ait empêché de continuer son travail.

190. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXIX » pp. 277-278

Ce rôle très-hostile à l’Angleterre est, on ne peut s’empêcher de le remarquer, des plus favorables à l’intérêt russe.

191. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » p. 156

Il fut pere de Simon Arnaud, Marquis de Pompone, Ministre & Secrétaire d’Etat, qui, par son crédit, ne put empêcher [comme l’a remarqué M. de Voltaire] ni les disputes ni les disgraces de son oncle, dont nous allons parler.

192. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » p. 356

Nous ne pouvons nous empêcher de remarquer, au sujet de ce dernier, qu’à force d’avoir cherché à l’enrichir, on l’a tellement surchargé d’exemples & augmenté de volumes, qu’on en a rendu l’usage aussi difficile que l’acquisition couteuse.

193. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » p. 50

Il faut convenir que la rime est souvent gênante pour les Poëtes : mais puisqu’elle n’empêche pas que nous ne soyons inondés de mauvais Vers ; que seroit-ce si l’on diminuoit les difficultés ?

194. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre VI. Premiers pas hors de Saint-Sulpice  (1882) »

Elle se figurait ma position encore plus difficile qu’elle ne l’était, et, comme, en me gâtant malgré notre pauvreté, elle m’avait rendu très délicat, elle croyait qu’une vie rude et commune ne pourrait jamais m’aller. « Toi, qu’une pauvre petite souris empêchait de dormir, m’écrivait-elle, comment vas-tu faire ? […] Toutes les fois que j’ai voulu acheter un coin de terre quelconque, une voix intérieure m’en a empêché. […] L’idée que le noble est celui qui ne gagne pas d’argent, et que toute exploitation commerciale ou industrielle, quelque honnête qu’elle soit ravale celui qui l’exerce et l’empêche d’être du premier cercle humain, cette idée s’en va de jour en jour. […] Il est bien d’avoir sous ses ordres un homme armé d’une courbache dont on l’empêche de se servir.

195. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » p. 313

Ce seroit toujours beaucoup, si le Public eût confirmé les éloges du Tribunal ; mais le vernis philosophique, répandu sur le Poëme de la Rapidité de la Vie, & sur le Discours en vers sur la Philosophie, n’en a pas imposé aux vrais Connoisseurs sur le défaut d’intérêt, de poésie & de vrai talent qu’ils y ont remarqué ; ce qui n’a pas empêché de regarder ces deux Poëmes comme très-supérieurs à ceux qui ont eu le Prix.

196. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » p. 134

On dit que la mort l’a empêché d’exécuter le plan de défense de la Religion, dont Pascal a laissé les riches matériaux.

197. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — N. — article » p. 416

En lisant néanmoins ses Ouvrages, qui sont en très-grand nombre, on ne peut s’empêcher d’être étonné du feu, de l’imagination, & de la fécondité qu’il avoit reçues de la Nature.

198. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXII. Machinations des ennemis de Jésus. »

Pensant que le dernier mot du gouvernement est d’empêcher les émotions populaires, il croit faire acte de patriotisme en prévenant par le meurtre juridique l’effusion tumultueuse du sang. […] Le mouvement qu’il dirigeait était tout spirituel ; mais c’était un mouvement ; dès lors les hommes d’ordre, persuadés que l’essentiel pour l’humanité est de ne point s’agiter, devaient empêcher l’esprit nouveau de s’étendre.

199. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXII » pp. 222-236

Le grand Alcandre, pour avoir le plaisir de voir madame de Montespan, allait plus souvent chez madame de La Vallière, et madame de La Vallière, se faisant l’application de ces nouvelles assiduités, en aimais davantage encore madame de Montespan… Mais enfin… elle s’aperçut bientôt de la vérité… elle se plaignit au grand Alexandre, qui lui dit qu’il était de trop bonne foi pour l’abuser davantage ; qu’il aimait madame de Montespan ; mais que cela n’empêchait pas qu’il ne l’aimait comme il devait, et qu’elle devait se contenter de ce qu’il faisait pour elle… Nouveaux pleurs, nouvelles plaintes… Mais le grand Alcandre n’en étant pas plus attendri, lui dit une seconde fois que si elle voulait qu’il continuât de l’aimer, elle ne devait rien exiger de lui au-delà de sa volonté ; qu’il désirait qu’elle vécût avec madame de Montespan comme par le passé, et que si elle témoignait la moindre chose de désobligeant à cette dame, elle l’obligerait à prendre des mesures. […] Elle empêcha ses gens de la maltraiter, et tout éperdue remonta chez elle, s’y trouva mal, et tomba incontinent dans une maladie de langueur qui lui fit fermer sa porte à tout le monde.

200. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 22, que le public juge bien des poëmes et des tableaux en general. Du sentiment que nous avons pour connoître le mérite de ces ouvrages » pp. 323-340

Le raisonnement ne doit donc intervenir dans le jugement que nous portons sur un poëme ou sur un tableau, que pour rendre raison de la décision du sentiment et pour expliquer quelles fautes l’empêchent de plaire, et quels sont les agrémens qui le rendent capable d’attacher. […] Deux ou trois vers qu’il a laissez passer sans y faire attention, et qui lui auroient plû, s’il en avoit compris tout le sens, ne l’auroient pas empêché d’être ennuïé par quinze cens autres qu’il a parfaitement entendus.

201. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Royalistes et Républicains »

Pour Thureau-Dangin, ce jeu, sans fin en ce moment encore, aurait eu son accomplissement et son triomphe sans les partis extrêmes qui à toutes les époques ont tout empêché, tout bouleversé, rendu tout impossible ; et c’est contre les partis extrêmes qu’il élève son livre. […] Les partis extrêmes n’appartiennent pas au premier sermonnaire politique venu comme Thureau-Dangin, et ce n’est pas l’expérience du passé, qui, du reste, ne sert jamais à rien, qui les empêchera d’être ce qu’ils sont ou ce qu’ils ont toujours été, imbécilles ou sublimes, mais obtus !

202. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Vauvenargues » pp. 185-198

C’est la moralité du gentilhomme, de l’homme de qualité, élevé probablement par une mère chrétienne, qui a gardé en lui la première impression des leçons de sa mère, ce qui l’a empêché, dans un siècle de philosophie et malgré les entortillantes flatteries de Voltaire, d’être nettement un philosophe. […] C’est, en effet, cette ambition, même infortunée, qui empêcha Vauvenargues de toucher au malheur suprême ; car l’ambition est faite dans nos cœurs avec de l’orgueil et de l’espérance, et Vauvenargues mourut avant de désespérer.

203. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame Du Deffand »

Et c’était le bon sens, uniquement le bon sens, qui l’empêcha de chavirer dans la philosophie, au fond de laquelle Voltaire, le flatteur et l’irrésistible, la poussait avec des mains d’Hercule filant aux pieds d’Omphale. Ce fut le bon sens et sa charmante fille, la plaisanterie, qui l’empêcha de tomber là-dedans, puisque ce ne furent point la religion et ses bons anges… Eh bien, cela suffirait, je ne dis pas à la gloire, mais à l’excuse de sa vie !

204. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Collé »

Honoré Bonhomme s’est donné le mal d’un homme d’esprit qui voudrait que la bosse du chameau n’empêchât pas le chameau de passer par le trou de l’aiguille. […] La prose de Collé en ces Lettres n’est pas lourde, mais elle a je ne sais quelle épaisseur d’embonpoint qui n’empêche ni la souplesse, ni la finesse.

205. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Sophie Arnould »

Mais cela n’a pas empêché les baisers de toute une époque de pleuvoir sur cette bouche empoisonnée, qui se purifiait peut-être une minute au feu de l’esprit et de la passion qui y passait. […] L’opinion, erronée, selon moi, de MM. de Goncourt, sur l’esprit et le talent de ces lettres, les a empêchés de mesurer l’immense abjection de celle qui les a écrites.

206. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XV. Vauvenargues »

C’est la moralité du gentilhomme, de l’homme de qualité, élevé probablement par une mère chrétienne, qui a gardé en lui la première impression des leçons de sa mère, ce qui l’a empêché, dans un siècle de philosophie et malgré les entortillantes flatteries de Voltaire, d’être nettement un philosophe. […] C’est, en effet, cette ambition, même infortunée, qui empêcha Vauvenargues de toucher au malheur suprême, car l’ambition est faite dans nos cœurs avec de l’orgueil et de l’espérance, et Vauvenargues mourut avant de désespérer.

207. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Caro. Le Pessimisme au XIXe siècle » pp. 297-311

Caro, en sa qualité de philosophe, se garde bien de rire en discutant un tel sujet, mais, français, il ne peut s’empêcher de couper sa gravité de philosophe par de petits sourires que je trouve spirituels. […] Et l’inquiétude qu’il éprouve n’est pas seulement pour ses propres raisonnements ou pour la destinée d’un livre qui peut paraître la plus mauvaise des plaisanteries à ceux qui prennent les choses par le côté plaisant, mais c’est une inquiétude plus haute, plus nette et plus fondée… La pudeur du philosophe qui rougit de ces vésanies d’une ignominieuse extravagance, ne l’empêche pas de jeter sur le temps où ces vésanies courent le monde et ambitionnent de le dominer le regard inquiet de l’homme pénétrant que le philosophe ne peut abuser… C’est ici le côté profond de cette Étude sur le Pessimisme au xixe  siècle.

208. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « A. Dumas. La Question du Divorce » pp. 377-390

Il paraît que le Père Didon fut tancé par l’autorité ecclésiastique pour cette approbation trop étourdiment bienveillante, — ce qui ne l’a pas empêché d’être repris à nouveau par cette même autorité, et coupé court dans ses Conférences. […] Il est vrai que, depuis cette déclaration de catholicisme, il avait malproprement insulté la Vierge, justement dans cette lettre adressée à l’auteur de l’Appel au Christ, et ce souvenir nous a empêché de nous étonner beaucoup de ses insultes présentes.

209. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Georges Caumont. Jugements d’un mourant sur la vie » pp. 417-429

À nos yeux, à nous, c’est cette personnalité acharnée à vivre, quand elle meurt, qui empêche le blasphémateur et sacrilège Georges Caumont d’être tout à fait un impie ; car le blasphème implique la frémissante reconnaissance du Dieu qu’on blasphème : puisqu’on le blasphème ! […] je l’ai cherché — mais sans le trouver — dans la deux cent quarante-sixième page de ce volume, que je ne puis m’empêcher de citer tout entière : « Enfonçons.

210. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Le Docteur Favrot »

d’empêcher les hommes d’oublier, c’est au talent, c’est au cri du talent, à ce cri qui résonne et qui dure toujours quand il a été poussé une fois, qu’il est réservé de faire ce miracle. […] Quand on songe qu’il faut toute l’organisation d’une armée, avec la trame de son admirable hiérarchie, pour seulement empêcher quelques sentinelles de dormir, on se demande comment on peut obtenir la vigilance de surveillants abandonnés à eux-mêmes dans la solitude et dans la nuit.

211. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Charles Baudelaire. Les Fleurs du mal. »

Charles Baudelaire, il y en aurait certainement assez pour fixer l’attention de la Critique et captiver les connaisseurs ; mais dans ce livre difficile à caractériser tout d’abord, et sur lequel notre devoir est d’empêcher toute confusion et toute méprise, il y a bien autre chose que du talent pour remuer les esprits et les passionner… M.  […] Ce qui empêchera le désastre de ce poison, servi dans cette coupe, c’est sa force !

212. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Discours prononcé à la société des visiteurs des pauvres. » pp. 230-304

Mais vous ne pouvez tout faire et vous êtes bien obligés de vous en remettre, pour empêcher ceux-là de mourir de faim, à des œuvres plus anciennes et plus riches que la vôtre. […] Des conseils, des recommandations, des services plutôt que des aumônes ; l’aide spirituelle, qui rend efficace le secours matériel et l’empêche d’être humiliant, voilà la vérité. […] Ça n’empêche pas que vous ne soyez gentil, très gentil… » Et, tout en lui parlant, il lui tapote les joues comme à une petite femme, en effet ; et il apparaît ici que le jeune duc est qualifié et traité, fort exactement, comme il le mérite. […] La défiance qu’elle a l’empêche de se laisser prendre aux entrailles. […] Ramel vient la questionner, elle répond qu’elle n’est point la maîtresse d’Henri et qu’elle n’a aucune raison d’empêcher son mariage avec Mlle Ramel.

213. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Venancourt, Daniel de (1873-1950) »

Et cela n’empêche que déjà, dans une forme très osée, il sait manier avec souplesse les rythmes lamartiniens.

214. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 269-270

Toutes les inconséquences de sa conduite n’empêchent pas qu’on ne doive reconnoître en lui beaucoup de talent.

215. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 326-327

Une imagination trop impétueuse & trop féconde, une verve sans regle & sans frein, un style trop brillant & sans correction ; joignons à cela le mauvais goût de son Siecle, qui sortoit à peine de la barbarie ; l’ont empêché d’être un des premiers Poëtes de notre Nation.

216. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 563-564

Celui qui est intitulé Zamor & Almanzine, ou l’Inutilité de l’esprit & du bon sens, prouve tout au plus que l’Auteur manque de ces deux qualités, dont la premiere est pourtant indispensable quand on veut amuser & instruire, & dont la seconde doit empêcher d’écrire quand on ne sait être agréable ni instructif.

217. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Leconte, Sébastien-Charles (1860-1934) »

Ces réserves de détail ne m’empêchent pas d’admirer fort en son ensemble le livre de M. 

218. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rictus, Jehan (1867-1933) »

… Tout cela ne m’empêche pas de reconnaître le talent très particulier de Jehan Rictus.

219. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 289-290

On peut en juger par cette Chanson, que l’austérité de MM. de Port-Royal n’a pas empêché d’admirer & même de placer dans leur Commentaire sur Job.

220. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » p. 408

Giraud sont des Chansons, des Madrigaux, des Epîtres, & d’autres Pieces fugitives qui le disputent à ce que nous avons de plus agréable dans ce genre, mais que sa modestie l’a empêché jusqu’à présent de mettre au jour.

221. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — II. (Fin.) » pp. 213-233

C’est ainsi encore que le plus ou moins de goût que l’historien peut avoir pour les édits du chancelier de L’Hôpital ne l’empêche pas de nous rendre fidèlement l’état des esprits à cette époque critique où le parti des protestants faillit prendre le dessus dans le royaume. […] Henri III empêche donc qu’on ne réprime vigoureusement l’émeute dès le principe : il avait expressément défendu à ses capitaines d’enfoncer les bourgeois, « et il avait tant de peur que l’impatience des soldats et le désir de butiner ne leur fissent oublier ses ordres qu’il leur envoyait de ses officiers de moment en moment pour les réitérer. […] Son républicanisme, s’il faut se servir de ce nom, ne l’empêchait pas d’honorer le roi et de priser fort ses bienfaits.

222. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — II. (Suite.) » pp. 434-453

Et cela seul ne fait-il pas honneur au souverain qui l’avait choisi, et qui apprécia de bonne heure l’utilité dont il pouvait être, d’avoir pris goût à cette nature parfaitement droite, sincère, qui, dès qu’on la questionnait, disait vrai et répondait juste, et n’eût pu s’empêcher de le faire ? […] Daru qu’un visage immuable, averti par un ami de ce dernier, se mit tout d’un coup à lui parler d’Horace, d’une traduction dont il était curieux et qu’il n’avait pu se procurer encore : ici l’administrateur général ne put s’empêcher de sourire ; il ne s’attendait pas à ce mot sur Horace, qui était la clef du cœur, et il redevint un moment ce qu’il était toujours et si aisément quand l’absolu devoir ne l’enchaînait pas. […] Il était candidat pour l’Académie quand ce prompt avancement eut lieu dans sa fortune, et cela ne l’empêcha point d’y être nommé.

223. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — I » pp. 395-413

Traitons-la donc, sinon comme une Française à l’étranger, du moins comme une amie de la France, et qui, jusque dans le fort de la guerre de Sept Ans, écrivait à ce même Voltaire, en lui parlant des Français, alors adversaires déclarés : « J’ai un chien de tendre pour eux qui m’empêche de leur vouloir du mal. » Toutefois sachons bien une chose : la correspondance entre elle et son frère, que vient de publier M.  […] Votre générosité vous a fait oublier mes fautes passées, mais ne m’empêche pas d’y penser à toutes les heures du jour. […] Il raille fort piquamment sur le sujet de ce dernier, et je vous avoue, mon cher frère, que je n’ai pu m’empêcher de rire en lisant l’article ; car il est tourné si comiquement qu’on ne saurait garder son sérieux.

224. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Histoire du roman dans l’Antiquité »

Pourtant le génie attique, avec son goût net et simple, répugnait au roman proprement dit et à ce qu’il a de capricieux ; il apportait son correctif précis au génie fabuleux de la Grèce, et tant qu’il eut le dessus, il l’empêcha de trop s’égayer et de se donner toute carrière. […] Mais que de garanties, que de préservatifs et de vaccins qui l’arrêtent à temps, qui l’empêchent de s’étendre outre mesure, de redevenir cette épidémie immense et profonde qui allait couvrir l’univers et qui ne devait s’affaiblir et s’épuiser qu’en se saturant ! […] On y arrive d’ordinaire avec sa prévention, avec son symbole tout fait ; on se préoccupe, à l’exemple des commentateurs, de ce mot Psyché qui veut dire âme ; on cherche des sens profonds et mystérieux dans un conte de vieille qui n’a été fait et mis en ce lieu-là que pour divertir et empêcher une belle enfant de pleurer ; on y voit une allégorie, un mythe, quelque chose de pareil à ce que de graves et pieux commentateurs ont cherché dans les fables de l’Odyssée.

225. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Charles-Quint après son abdication, au monastère de Saint-Just »

il viendra, quelques années après, un sage appelé Montaigne qui remettra tout à sa place et à son rang dans l’estime, et qui ayant à développer cette idée, qu’un père sur l’âge, « atterré d’années et de maux, privé par sa faiblesse et faute de santé de la commune société des hommes, se fait tort et aux siens de couver inutilement un grand tas de richesses, et que c’est raison qu’il leur en laisse l’usage puisque la nature l’en prive », ajoutera pour illustrer sa pensée : « La plus belle des actions de l’empereur Charles cinquième fut celle-là, à l’imitation d’aucuns Anciens de son calibre, d’avoir su reconnoître que la raison nous commande assez de nous dépouiller, quand nos robes nous chargent et empêchent, et de nous coucher quand les jambes nous faillent : il résigna ses moyens, grandeur et puissance à son fils, lorsqu’il sentit défaillir en soi la fermeté et la force pour conduire les affaires avec la gloire qu’il y avoit acquise : Solve senescentem… » Mais entrons un peu plus avant dans les raisons qui persuadèrent à une de ces âmes d’ambitieux, si aisément immodérées, d’en agir si sensément et prudemment. […] C’est ce qu’on ne peut s’empêcher de penser en le considérant : Se passa-t-il, en effet, dans ses derniers jours, la fantaisie lugubre de faire célébrer ses propres funérailles ? […] Il me paraît clair que, s’il avait ces disciplines, ce n’était point par luxe ni ad honores ; c’était apparemment pour s’en servir une fois ou l’autre, et la goutte qu’il avait de temps en temps aux doigts ne dut pas l’en empêcher absolument ni toujours.

226. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Le maréchal de Villars. »

Louis XIV cependant voulait qu’on fît quelque chose : lui qui avait recommandé la prudence et d’éviter une affaire générale tant que la négociation se poursuivait avec l’Angleterre, il exigeait maintenant qu’on tentât plus qu’on ne le faisait, et qu’on jetât le dé plus hardiment : « Mon intention, mandait-il à Villars le 21 juillet, n’est pas de vous engager à faire ce qui est impossible ; mais, pour tout ce qu’il est possible d’entreprendre pour secourir Landrecies et empêcher que les ennemis ne se rendent maîtres de cette place, vous devez le faire ; votre lettre n’explique point en quoi consiste le désavantage qui peut se trouver en attaquant les ennemis entre la Sambre et le ruisseau de Prisches39. […] Ce pont rompu qui coupait le passage empêcha à la fois la retraite des fuyards et l’arrivée du secours d’Eugène, devenu ainsi spectateur impuissant. […] Je lui répétai tout ce qui devait l’en empêcher, après quoi il se rendit en me disant : « Puisque vous êtes d’avis d’attaquer, marchons. » Que Villars ait voulu différer l’attaque jusqu’à ce qu’il fût arrivé et présent de sa personne, c’est possible et c’est naturel ; mais il ne paraît pas qu’après les précautions prises pour assurer son arrière-garde contre un retour du prince Eugène, il ait hésité sur l’attaque du camp ; et comme le marquis d’Albergotti lui proposait de faire des fascines pour combler les retranchements : « Croyez-vous, lui répondit-il en lui montrant l’armée ennemie dont les têtes de colonnes s’apercevaient déjà, que ces messieurs nous en donnent le temps !

227. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois par M. Camille Rousset. Victor-Amédée, duc de Savoie. (suite et fin.) »

Toute la noblesse s’émut de cette scène blessante ; la duchesse elle-même ne put s’empêcher de se plaindre de n’avoir pas été prévenue. […] A l’entendre, si sa mère le poussait trop loin et prétendait lui imposer plus que des conseils, lesquels il serait toujours ravi de recevoir ; si l’on oubliait pourtant qu’il était majeur enfin et voulait être maître, il ne demandait pour juge et arbitre en ce conflit que le roi lui-même, ajoutant : « Qu’il ne pouvait, croire que le roi voulût empêcher un prince légitime de gouverner ses États ; qu’il lui enverrait quelqu’un de confiance pour lui marquer son zèle et son respect ; qu’il n’entrerait jamais dans d’autres intérêts que les siens ; qu’il ne se marierait que de sa main, et que, se tenant dans ces termes et que faisant encore plus pour son service que n’avait fait Madame Royale, il était persuadé de n’être point désapprouvé de lui dans les démarches qui pouvaient lui donner à lui-même un peu de considération. » Il allait plus loin à certains moments, et comme s’il avait obéi à un élan de son cœur : « Eh bien ! […] Puis bientôt, passant outre, il déclara ce voyage impossible et se montra prêt à l’empêcher à tout prix, à ce point, signifiait-il, que « si le duc de Savoie ne voulait pas absolument changer de résolution, il ferait passer les Alpes à sept or huit mille hommes qui séjourneraient en Piémont et tiendraient le pays. » L’ambassadeur de Louis XIV, ce même abbé d’Estrades, crut devoir taire les menaces qui auraient aigri le duc ; il lui en dit pourtant assez pour lui faire comprendre l’improbation royale.

228. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

Lanthenas, apparemment comme le vulgaire, content de ce qu’il a lorsque d’autres n’obtiennent pas davantage, s’aperçut que je ne demeurais point insensible, en devint malheureux et jaloux ; rien ne rend si maussade et même injuste : je le sentis, et j’étais trop fière pour l’épargner : il s’éloigna d’autant plus furieux, imaginant le pis ; ses opinions même prirent une nouvelle teinte ; son cœur l’empêchait d’être féroce comme les montagnards, mais il ne voulut plus voir comme moi, et bien moins comme celui qu’il me voyait chérir ; il prétendit se mettre entre le Côté droit dont il blâmait les passions, et le Côté gauche dont il ne pouvait approuver les excès ; il fut moins que rien, et se fît mépriser des deux parts. » C’est bien dur et bien écrasant pour Lanthenas, qui avait souffert pour elle, qui ne s’éloignait qu’à cause d’elle, et qui était dans le vrai en étant jaloux. […] toi que l’on connaîtra mieux un jour en plaignant nos communs malheurs, toi que la plus terrible des passions n’empêche pas de respecter les barrières de la vertu, t’affligerais-tu de me voir te précéder aux lieux où nous pourrons nous aimer sans crime, où rien ne nous empêchera d’être unis ?

229. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat. »

On rapporte que M. de la Feuillade voulant empêcher Catinat d’être major dans le régiment des gardes, idée première qu’avait eue le roi, lui avait dit pour l’en détourner : « On peut faire de lui un général, un ministre, un ambassadeur, un chancelier, mais non pas un major du régiment des gardes. ». […] Il a les intentions tout à fait bonnes pour le service du roi ; mais comme ses manières ne sont pas tout à fait polies, Sa Majesté vous recommande de bien vivre avec lui et de ne pas relever de petites choses dont un homme moins sage que vous aurait peine à s’accommoder. » Catinat devait se concerter avec M. de Quincy pour tout ce qui pourrait incommoder Mons, et pour empêcher qu’il n’y entrât rien ; il dut démolir des moulins à eau qui étaient dans les dehors et qui servaient à alimenter la place de farines. […] c’est ce que chacun bientôt se répéta et qui retentit en tous lieux et tout d’un cri comme dans un écho ; c’est ce que Bonfflers et Catinat lui-même, dans leurs lettres à Louvois, ne purent s’empêcher de relever avec admiration comme pour un coup de théâtre où ils avaient joué leur rôle sans en sentir d’abord tout l’étonnant et toute la grandeur.

230. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DISCOURS DE RÉCEPTION A L’ACADÉMIE FRANÇAISE, Prononcé le 27 février 1845, en venant prendre séance à la place de M. Casimir Delavigne. » pp. 169-192

» Mais lorsqu’on lui eut porté, quelque temps après, le Dithyrambe sur la Naissance du Roi de Rome : « Allons, dit-il, amenez-le-moi ; aussi bien on voudrait l’empêcher qu’il ne ferait jamais autre chose que des vers. » Et le jeune Casimir lui ayant été présenté, il le reçut comme un fils, lui donna des conseils particuliers, lui fit suivre son cours, le lia avec son autre lui-même, Picard, et insensiblement, bien peu d’années après, Casimir Delavigne, encore très-jeune, était devenu à son tour le conseiller de ses premiers maîtres, surtout de Picard qui lui lisait ses comédies : naïve et touchante réciprocité ! […] Car toutes ces discordes domestiques et ces guerres civiles littéraires n’empêchent pas, Messieurs, et tout devant moi le prouve, que les vrais lettrés, j’entends par là ceux qui aiment les lettres pour elles-mêmes, ne soient, toute rébellion cessante, d’une même cité, d’une même famille, et que le bien acquis et par les pères et par les neveux ne compose finalement le trésor de tous. […] Mounier, avec une douce gronderie, telle qu’on la peut supposer de sa part, ne put s’empêcher de le lui faire remarquer : « Voyez donc, comment cela se fait-il ? 

231. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SÉVIGNÉ » pp. 2-21

Il est une seule circonstance où l’on ne peut s’empêcher de regretter que Mme de Sévigné se soit abandonnée à ses habitudes moqueuses et légères ; où l’on se refuse absolument à entrer dans son badinage, et où, après en avoir recherché toutes les raisons atténuantes, on a peine encore à le lui pardonner : c’est lorsqu’elle raconte si gaiement à sa fille la révolte des paysans bas-bretons et les horribles sévérités qui la réprimèrent. Tant qu’elle se borne à rire des Etats, des gentilshommes campagnards et de leurs galas étourdissants, et de leur enthousiasme à tout voter entre midi et une heure, et de toutes les autres folies du prochain de Bretagne après dîner, cela est bien, cela est d’une solide et légitime plaisanterie, cela rappelle en certains endroits la touche de Molière : mais, du moment qu’il y a eu de petites tranchées en Bretagne, et à Rennes une colique pierreuse, c’est-à-dire que le gouverneur, M. de Chaulnes, voulant dissiper le peuple par sa présence, a été repoussé chez lui a coups de pierres ; du moment que M. de Forbin arrive avec six mille hommes de troupes contre les mutins, et que ces pauvres diables, du plus loin qu’ils aperçoivent les troupes royales, se débandent par les champs, se jettent à genoux, en criant Meà culpà (car c’est le seul mot de français qu’ils sachent) ; quand, pour châtier Rennes, on transfère son parlement à Vannes, qu’on prend à l’aventure vingt-cinq ou trente hommes pour les pendre, qu’on chasse et qu’on bannit toute une grande rue, femmes accouchées, vieillards, enfants, avec défense de les recueillir, sous peine de mort ; quand on roue, qu’on écartèle, et qu’à force d’avoir écartelé et roué l’on se relâche, et qu’on pend : au milieu de ces horreurs exercées contre des innocents ou pauvres égarés, on souffre de voir Mme de Sévigné se jouer presque comme à l’ordinaire ; on lui voudrait une indignation brûlante, amère, généreuse ; surtout on voudrait effacer de ses lettres des lignes comme celles-ci : « Les mutins de Rennes se sont sauvés il y a longtemps : ainsi les bons pâtiront pour les méchants : mais je trouve tout fort bon, pourvu que les quatre mille hommes de guerre qui sont à Rennes, sous MM. de Forbin et de Vins, ne m’empêchent point de me promener dans mes bois, qui sont d’une hauteur et d’une beauté merveilleuses ; » et ailleurs : « On a pris soixante bourgeois ; on commence demain à pendre. […] Ces éclairs-là et cette gaieté de couleurs font parfois comme un voile au-devant de sa sensibilité, qui, même aux moments de deuil, ne peut s’empêcher encore de prendre les livrées gracieuses : il faut s’habituer à la voir là-dessous.

232. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Campagnes d’Égypte et de Syrie, mémoires dictés par Napoléon. (2 vol. in-8º avec Atlas. — 1847.) » pp. 179-198

J’aime les peintres et les poètes, et ce n’est pas moi, certes, qui voudrais les amoindrir ; mais je ne puis m’empêcher de noter les différences. […] L’analyse a tellement pénétré partout aujourd’hui, que, lui aussi, il ne peut s’empêcher de dire ce qu’il a fait et pourquoi il l’a fait. […] Il ne parle que des fautes militaires de ce saint roi : « Il passa huit mois à prier, lorsqu’il eût fallu les passer à marcher, combattre et s’établir dans le pays. » On ne peut s’empêcher de sourire.

233. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mme du Châtelet. Suite de Voltaire à Cirey. » pp. 266-285

En lisant ces lettres de Mme de Staal à Mme Du Deffand, on ne peut s’empêcher pourtant de remarquer, au milieu de cette société la plus civilisée et la plus douce en apparence, de quelle nature triste est cette gaieté dénigrante de deux femmes qui s’ennuient, quel vide intellectuel et moral suppose une telle médisance plus désœuvrée encore que méchante, quelle sécheresse amère et stérile ! […] Elle insiste fort sur la direction positive qu’il faut se tracer et suivre, sans regret, sans repentir, sans plus regarder en arrière une fois qu’on s’est dit d’aller ; il faut partir d’où l’on est et vouloir ce qu’on veut : « Décidons-nous, dit-elle en concluant, sur la route que nous voulons prendre pour passer notre vie, et tâchons de la semer de fleurs. » Tâchons, en effet ; mais cet effort se marque trop, et ce propos si déterminé de semer des fleurs est tout fait pour les empêcher d’éclore. […] La perte de Mme du Châtelet lui arracha de vraies larmes, interrompues bientôt par quelques-uns de ces mots vifs, pétulants et sensés, comme il ne pouvait s’empêcher d’en dire, et qui donneraient envie de lui appliquer, en le parodiant, un mot d’Homère : Il pleurait tout en éclatant de rire.

234. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Vauvenargues. (Collection Lefèvre.) » pp. 123-143

Il revient en maint endroit, d’une manière détournée, sur ce qu’il y a d’étroit et de gênant dans une existence privée pour « un particulier qui a l’esprit naturellement grand. » On reconnaît à ces retours et à ces regrets mal étouffés l’homme qui, même en se vouant aux lettres, ne pouvait s’empêcher de penser que le cardinal de Richelieu était encore au-dessus de Milton. […] Voltaire, lui écrivant sur une première lecture de son livre, après maint éloge ne peut s’empêcher d’ajouter : « Il y a des choses qui ont affligé ma philosophie ; ne peut-on pas adorer l’Être suprême sans se faire capucin ? […] Vauvenargues, en opposition ouverte avec les illusions de son temps, disait encore ; « Jusqu’à ce qu’on rencontre le secret de rendre les esprits plus justes, tous les pas qu’on pourra faire dans la vérité n’empêcheront pas les hommes de raisonner faux » ; et c’est ainsi, selon lui, que « les grands hommes, en apprenant aux faibles à réfléchir, les ont mis sur la route de l’erreur ».

235. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand. (Berlin, 1846-1850.) » pp. 144-164

Darget (lecteur et secrétaire du roi de Prusse) vienne m’en parler, je l’assurerai fort que je n’ai nulle connaissance de cette impression, et que je vais prendre les ordres du roi pour empêcher qu’elle ne s’exécute en France. […] J’ai dit que le type qu’il se propose ; l’homme dont il fait dater à bon droit la grandeur de sa maison, est Frédéric-Guillaume, dit le Grand Électeur, celui qui prit en main le Brandebourg, au sortir de cette désastreuse guerre de Trente Ans « qui avait fait de l’électorat un désert affreux, où l’on ne reconnaissait les villages que par des monceaux de cendres qui empêchaient l’herbe d’y croître ». […] Dans le récit des événements de guerre, il est sobre, rapide, n’entrant pas dans les détails particuliers, sauf en un petit nombre de cas où il ne peut s’empêcher de payer un tribut de reconnaissance à ses braves troupes ou à quelque vaillant compagnon d’armes.

236. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Frédéric le Grand littérateur. » pp. 185-205

Le grand cardinal de Richelieu était de même : faire une belle tragédie eût été une chose presque aussi douce à son cœur et lui eût paru une œuvre presque aussi glorieuse que de triompher des Espagnols et de maintenir les alliés de la France en Allemagne : les lauriers du Cid l’empêchaient de dormir. […] Il composait également de la musique dans le goût italien, des solos par centaines, et il jouait, dit-on, de la flûte en perfection ; ce qui n’empêcha pas Diderot de dire : « C’est grand dommage que l’embouchure de cette belle flûte soit gâtée par quelques grains de sable de Brandebourg. » En Allemagne, où l’on disserte de tout, on a disserté sur les livres et les bibliothèques de Frédéric, sur les auteurs qu’il préférait, et on en a tiré des conséquences sur la nature et la qualité de ses goûts. […] Cette passion (c’est bien le mot) fut d’ailleurs réciproque : Voltaire ne peut le dissimuler ; lui-même, la grande coquette, il fut pris par Frédéric, et dans le spirituel mais si misérable libelle, et si peu digne de confiance, qu’il écrivit après sa fuite de Berlin pour se venger du roi, il ne peut s’empêcher de dire, en parlant des soupers de Potsdam : « Les soupers étaient très agréables.

237. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame Sophie Gay. » pp. 64-83

Et tout d’abord Alfred, à peine arrivé au château, trouve Suzette, une fille de concierge, mais élevée un peu en demoiselle, et, en la voyant, il ne peut s’empêcher de s’écrier assez militairement devant Léonie : « Ah ! […] Celle qu’il a sauvée, jeune veuve, pleine de beauté et d’une rare délicatesse de sentiments, le fait chercher sans le découvrir d’abord, et pendant longtemps elle ne le connaît qu’à demi et dans un mystère qui l’empêche d’avoir la connaissance de son infirmité. […] C’est à étudier cette langue de l’abbé Sicard et de l’abbé de L’Épée que Valentine a consacré ses matinées durant les trois derniers mois : « Lorsque j’ai senti, dit-elle, que rien ne pouvait m’empêcher de l’aimer, j’ai voulu apprendre à le lui dire. » Cette première veine délicate et nuancée, cette première manière de roman s’arrête pour Mme Gay avec Anatole, et elle ne la prolongea point au-delà de l’époque de l’Empire.

238. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Saint François de Sales. Son portrait littéraire au tome Ier de l’Histoire de la littérature française à l’étranger par M. Sayous. 1853. » pp. 266-286

Ce vœu de Henri IV, qu’ont mentionné les biographes, n’a rien qui doive absolument étonner ; la faiblesse de ses mœurs et de sa conduite n’empêchait pas la justesse de son sentiment, ni même les inclinations de son cœur. […] Il ne peut s’empêcher de sourire par le talent et de sembler presque se distraire par le langage, lors même qu’il est le plus sérieux au fond ; il ressemble à ces abeilles dont il parle si souvent : on dirait qu’il se joue, et il travaille. […] Cette lettre est admirable et montre comment saint François de Sales éludait et repoussait les difficultés, ou plutôt, comment, par sa manière élevée, douce et calme, il les empêchait de naître.

239. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Jean Richepin »

Mais je ne sache pas que la condamnation judiciaire qui l’a frappé ait supprimé le livre ; je ne sache pas qu’elle puisse l’ôter des mains qui l’ont acheté et de la mémoire de ceux qui l’ont lu ; je ne sache pas, enfin, que cette condamnation doive empêcher la Critique littéraire de rendre son jugement aussi, non sur la chose jugée, qu’il faut toujours respecter pour les raisons sociales les plus hautes, mais sur les mérites intellectuels d’un poète au début de la vie4 et aux premiers accents d’un talent qui chantera très ferme plus tard, si j’en crois la puissance de cette jeune poitrine. […] Le talent tourne sur lui-même au lieu de s’élever au-dessus de lui-même, et c’est ce que je voudrais empêcher· Je voudrais que la Critique sauvât le talent en péril d’un jeune homme qui me semble fait pour aller aux astres, comme disaient magnifiquement nos pères, mais à la condition de purifier ses ailes de l’imitation, cette glu qu’il prend peut-être pour une gomme d’or. […] L’absence de foi religieuse, l’indifférence de tout ce qui créait la vie morale autrefois, ont empêché son observation d’être complète et lui ont mutilé son œuvre.

240. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre IV. L’unification des sociétés »

Nous admettons volontiers que Les sociétés « uniques » aient une tendance à absorber les individus qu’elles englobent, à faire d’eux leurs choses et à les empêcher de se poser comme des personnes ; en ce sens on a raison de dire que les groupements primitifs, simples et fermés, tendent non pas à détruire l’individualisme, mais à l’empêcher de naître. […] Il peut très bien au contraire s’accorder avec ces associations multiples et entrecroisées qui, mêlant ses sujets pour les fins les plus différents, les empêchent de se constituer en grands corps nettement tranchés, et, les prenant chacun par un seul côté de leur personne, les laissent aussi, par un certain côté, également soumis à son gouvernement.

241. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre IV : Sélection naturelle »

Nous ne pouvons ni causer les variations, ni les empêcher de se produire, mais seulement conserver et accumuler celles qui se produisent. […] Les visites des Abeilles sont si nécessaires à beaucoup de fleurs Papilionacées, que de nombreuses expériences ont montré que leur fécondité diminue considérablement quand ces visites sont empêchées. […] Lors même que nul obstacle mécanique n’empêche le stigmate d’une fleur de recevoir le pollen de ses propres étamines, cependant, comme C. […] L’intransmissibilité de tout nouveau caractère acquis est, en fait, la même chose que le retour au type des aïeux ; et l’on ne saurait douter que cette tendance à revenir au type des ancêtres n’ait souvent arrêté ou empêché l’action sélective. […] Si la réversibilité des caractères n’a pas empêché l’homme de créer d’innombrables races héréditaires dans le règne animal et dans le règne végétal, pourquoi mettrait-elle une entrave absolue aux procédés sélectifs de la nature ?

242. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 203-204

L’Académie ne put s’empêcher de témoigner à M. de Noyon sa surprise de le voir manquer à un usage, jusqu’alors regardé comme indispensable.

243. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — J. — article » pp. 527-528

Cette remarque ne nous empêchera pas de dire à sa louange, que, malgré son zele pour l’Encyclopédie, l’esprit philosophique ne l’a jamais entraîné dans aucun de ces démêlés, où la Philosophie de notre siecle a si fort prouvé combien elle étoit éloignée de la véritable Philosophie.

244. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 16-17

La diversité des objets auxquels il s’est attaché, l’a sans doute empêché, non de réussir, mais d’exceller dans aucun genre, comme la trempe de son esprit sembloit l’annoncer.

245. (1759) Salon de 1759 « Salon de 1759 — La Grenée » p. 97

Les étincelles dispersées sous les coups auraient écarté les Amours ; dans un coin ces enfants turbulents auraient mis en désordre l’atelier du forgeron ; et qui aurait empêché qu’un des Ciclopes n’en eût saisi un par les ailes pour le baiser ?

246. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre IX et dernier. Conclusion » pp. 586-601

Que l’on se demande comment empêcher ce mal, si c’en est un, à moins de recourir à des moyens affreux en eux-mêmes, et définitivement infructueux ! […] Il faut invoquer tous les malheurs et tous les vices pour empêcher les nations de s’éclairer.

247. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre VII. Narrations. — Dialogues. — Dissertations. »

L’homme ne peut vivre sans manger ; ce qui n’empêche pas que, s’il n’y a pas une raison spéciale qui vienne du sujet, on ne fait pas dîner devant nous les héros du roman, ni les personnages de l’histoire. […] Vous écartez les difficultés qui peuvent empêcher de la recevoir, vous réfutez les objections, et quand vous avez ainsi doublement débarrassé et aplani le terrain, vous passez aux preuves directes, positives, décisives.

248. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Stendhal, son journal, 1801-1814, publié par MM. Casimir Stryienski et François de Nion. »

Tout cela n’empêche point Stendhal de se croire extraordinairement sensible. « Si je vis, ma conduite démontrera qu’il n’y a pas eu d’homme aussi accessible à la pitié que moi… La moindre chose m’émeut, me fait venir les larmes aux yeux… » Ces déclarations reviennent à chaque instant. […] Il fait d’excellentes remarques sur notre tragédie classique : « C’est une fausse délicatesse qui empêche les personnages d’entrer dans les détails, ce qui fait que nous ne sommes jamais saisis de terreur, comme dans les pièces de Shakespeare.

249. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « VIII »

J’ai lu de près ce que ce prosateur a laissé d’excellent, et je m’offre à prouver quand on voudra qu’il y a dans Bernardin tout le vocabulaire descriptif de Chateaubriand, non pas même sa langue, mais son style, ses plus belles épithètes, ses procédés de peinture écrite, ce qui ne m’empêche pas de distinguer aussi bien qu’un autre en quoi ces deux écrivains diffèrent et combien Chateaubriand dépasse son modèle par le génie de son style et la supériorité de ses images. « Il ne faut, dit M. de Gourmont, s’en laisser imposer ni par l’unanimité ni par la singularité. » Je suis de cet avis, et c’est pourquoi, m’étant fait une opinion personnelle, M. de Gourmont ne trouvera pas mauvais que sa « singularité » ne m’en « impose pas ».‌ […] « Ce jugement de Bossuet, dit-il, est inacceptable. » On peut le déclarer inacceptable tant qu’on voudra ; on n’empêchera jamais de bons critiques de le trouver parfaitement acceptable.

250. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Balzac »

… « Toute personnalité grandiose est odieuse, quand elle n’a pas le pouvoir », — a écrit Balzac, dans sa Correspondance, et il entendait certainement le pouvoir matériel, politique, absolu ; le pouvoir qui a les six laquais de Pascal, multipliés par une nation, et qui empêche toute contestation insolente ; le pouvoir qui crée des chambellans ! […] « Quand la maison est bâtie, — disent les Turcs, — la mort entre. » C’est pour cela, ajoutait Gautier, qu’ils ont toujours un palais en construction quelque part. — Mais ce n’était pas un palais que Balzac, le constructeur des palais de la Comédie humaine interrompue, avait en construction : c’était cent palais ; et ce n’est pas ces cent palais en construction qui ont empêché la mort d’entrer !

251. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XX. M. de Montalembert »

Probablement ce furent les émotions et les applaudissements sur place de la tribune qui empêchèrent, pendant vingt années, M. de Montalembert de publier son Saint Bernard et de prétendre à une gloire moins instantanée et plus sévère. […] C’est vice de conformation et de nature ; mais alors qu’il ne déclame pas, alors qu’il est le plus heureusement et le plus purement orateur, il a, de nature et de conformation aussi, cette force d’expression et d’idée vulgaire dont je parlais tout à l’heure et qui l’empêchera toujours d’atteindre à la hauteur de pensée et à la concentration de forme du grand écrivain.

252. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « MM. Delondre et Caro. Feuchtersleben et ses critiques. — L’Hygiène de l’âme » pp. 329-343

La liqueur de Van Swieten l’empêchait de dormir. […] Ce médecin, de par le spiritualisme, ne tue pas le corps au profit de l’âme, ce que font très bien les ascètes et les grands mortifiés religieux, mais il guérit le corps par la vertu médicinale de l’âme et l’empêche de mourir, — quoiqu’il soit très bien mort, lui, à la fleur de son âge, ou en plein fruit, si vous aimez mieux, et très inconséquemment aux préceptes du catéchisme de santé dont il vient de doter l’Allemagne !

253. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Alfred de Musset »

C’est précisément parce qu’on est parent qu’on est empêché ou maladroit à dire ce qu’il faudrait intégralement articuler, et que ce lien de la parenté vous garrotte ! […] Alfred de Musset, cet amoureux immortel de femmes mortes maintenant, heureux par toutes, malheureux par une seule, a fini par mourir de celle-là… mais il a vécu par les autres, et vous n’empêcherez jamais l’imagination humaine, éprise de ses poètes, de s’intéresser à toutes celles qui ont doublé, par le bonheur qu’elles lui ont donné, les facultés du poète qu’elle a peut-être aimé le plus, et d’en désirer obstinément l’histoire.

254. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Gogol. » pp. 367-380

Mais ce fait de n’être jamais que négativement et non pas affirmativement Russe, ce fait l’empêche, lui, d’être inventeur, comme les autres talents russes, qui ont toutes les puissances de l’esprit, excepté l’invention, la seule chose qui s’affirme et qu’on n’imite pas. […] … A-t-il au moins l’autre, encore plus utile et plus nécessaire, cette sincérité morale qui nous empêcherait de douter de la vérité et de la moralité de son livre contre son pays ?

255. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXIV. Siècles de barbarie. Renaissance des lettres. Éloges composés en latin moderne, dans le seizième et le dix-septième siècles. »

D’ailleurs, l’oppression, le malheur, les guerres renaissantes, les haines si actives entre des voisins jaloux, haines d’autant plus vives, qu’ils avaient moins de forces pour se nuire, mettaient partout des barrières, et empêchaient la communication. […] La petitesse même des intérêts devait rétrécir tous les esprits, et empêcher les idées de s’étendre.

256. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre cinquième. De l’influence de certaines institutions sur le perfectionnement de l’esprit français et sur la langue. »

Dans cette pièce admirable, ils déterminent leurs fonctions par l’idée même qu’ils se font de la langue française, « laquelle, disent-ils, plus parfaite déjà que pas une des langues vivantes, pourrait bien enfin succéder à la latine, comme la latine à la grecque, si on prenait plus de soin qu’on n’avait fait jusqu’ici de l’élocution, qui n’était pas, à la vérité, toute l’éloquence, mais qui en faisait une fort bonne et fort considérable partie. » Il ne s’agit donc pour eux que de l’empêcher de manquer à cette grande destinée, de l’épurer et non de la créer, et, comme ils le disent avec une naïveté énergique, de « la nettoyer des ordures qu’elle avait contractées, ou dans la bouche du peuple, ou dans la foule du palais et dans les impuretés de la chicane, ou par les mauvais usages des courtisans ignorants, ou par l’abus de ceux qui la corrompent en écrivant, ou par les mauvais prédicateurs53. » Ils se tiennent dans les bornes d’une institution réelle et pratique, n’outrant rien, ne s’exagérant pas leur autorité, n’entreprenant ni sur la liberté ni sur l’originalité des esprits. […] Il fut résolu « que l’on n’obligerait personne à travailler au-dessus de ses forces, et que ceux qui auraient mis leurs ouvrages au point qu’ils seraient capables de les mettre, en pourraient recevoir l’approbation, pourvu que l’Académie fût satisfaite de l’ordre de la pièce en général, de la justesse des parties et de la pureté du langage. » De cette façon, l’Académie n’empêchait pas plus l’invention qu’elle ne l’imposait : elle ne demandait aux écrivains que les qualités essentielles, d’obligation, sans lesquelles un écrit est mauvais et l’auteur de cet écrit ridicule. […] Cette institution, en effet, n’a rien fixé, ni rien empêché. […] « Il y a, dit Pellisson, dans tout le corps de l’ouvrage, je ne sais quoi d’honnête homme, tant d’ingénuité et tant de franchise, qu’on ne saurait presque s’empêcher d’en aimer l’auteur63. » C’est la gloire de Vaugelas qu’un contemporain ait fait de lui un éloge dont, après deux siècles, il n’y a rien à retrancher. […] Autant poursuivre les moyens de concilier tous les partis, d’empêcher la calomnie, de gouverner au contentement de tout le monde.

257. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre II. Prière sur l’Acropole. — Saint-Renan. — Mon oncle Pierre. — Le Bonhomme Système et la Petite Noémi (1876) »

 » Ferme en toi, je résisterai à mes fatales conseillères à mon scepticisme, qui me fait douter du peuple ; à mon inquiétude d’esprit, qui, quand le vrai est trouvé, me le fait chercher encore à ma fantaisie, qui, après que la raison a prononcé, m’empêche de me tenir en repos. […] Des circonstances extérieures auraient pu, comme il arrive souvent, dérouter ma vie et m’empêcher de suivre ma voie naturelle ; mais l’absolue incapacité où j’aurais été de réussir à ce qui n’était pas ma destinée eût été la protestation du devoir contrarié, et la prédestination eût triomphé à sa manière en montrant le sujet qu’elle avait choisi absolument impuissant en dehors du travail pour lequel elle l’avait choisi. […] De la sorte, il mangea le peu qu’il avait, une petite aisance, et devint un pur vagabond ; ce qui ne l’empêchait pas d’être doux, excellent, incapable de faire du mal à une mouche. […] Mes tantes X… n’avaient d’autre divertissement que, le dimanche, après les offices, de faire voler une plume, chacune soufflant à son tour pour l’empêcher de toucher terre. […] VI Quoique l’éducation religieuse et prématurément sacerdotale qui m’était donnée ait empêché pour moi les liaisons de jeunesse avec des personnes d’un autre sexe, j’avais des petites amies d’enfance dont une surtout m’a laissé un profond souvenir.

258. (1896) Les origines du romantisme : étude critique sur la période révolutionnaire pp. 577-607

Oscar aime Malvina, la femme de son ami, qui meurt au deuxième acte, ressuscite au quatrième, juste à temps pour empêcher le mariage d’Oscar et de Malvina. […] La Delphine de Mme de Staël s’engage dans un vœu analogue, c’était l’époque des engagements solennels ; les hommes étaient si variables qu’on ne savait quoi inventer pour les empêcher de changer avec les événements, d’opinion, de principes, de sentiments et de conduite : ils juraient une constitution à la fin de l’été et avant la chute des feuilles ils en votaient une autre. […] Il était inactif, l’ennui le rongeait ; il avait la fièvre, et était ivre de mouvement ; il abhorrait la solitude, ainsi que Mme de Staël, que Rivarol, que Fontanes, que tous ses contemporains, ce qui n’empêche pas René de chanter menteusement l’amour de la solitude sur tous les tons, tout en s’empressant d’en sortir pour se précipiter dans le torrent des humains. […] Les néologismes et « les excès du style figuré » de Chateaubriand troublaient sa cervelle académique, au point de lui faire accepter Chactas et Atala pour des sauvages de père et mère et de l’empêcher de distinguer dans « le bon Monsieur Aubry », dans « le dévot Chactas… ce sauvage qui a fui sa rhétorique » et dans « la Zaïre du Meschacébé15 » des personnages de sa connaissance. […] Mais Atala a avait été élevée en Angleterre ; ses parents ne l’avaient envoyée de l’autre côté de la Manche que pour l’empêcher de lire les romans publiés à Paris, qui tous à l’envie enseignaient aux femmes « qu’on ne peut résister à son cœur, qu’il faut aimer sans cesse, que l’amour est la source des vertus, des plaisirs et le bonheur suprême ».

259. (1774) Correspondance générale

Si vous saviez avec quelle joie ils ont appris la désertion de d’Alembert et toutes les manœuvres qu’ils emploient pour l’empêcher de revenir ! […] Je vous dirais là-dessus des choses assez plaisantes si l’honnêteté toute particulière dont les comédiens ont usé avec moi ne m’en empêchait. […] Luneau n’aurait pu s’empêcher de me croire. […] Tout cela ne nous a pas empêché de briser deux ou trois voitures. […] J’en chargerai un habile docteur de Sorbonne que j’empêcherai d’être ni fou, ni intolérant, ni atroce, ni plat.

260. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 437-438

Palaprat a beau assurer qu’elle n’est pas mal versifiée, qu’elle est assez noblement écrite, cela n’empêche point qu’elle ne soit mal imaginée, mal conduite, & c’en est assez pour justifier l’anathême.

261. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 120-121

Rollin n'empêcheront pas qu'il ne soit placé, par les justes appréciateurs du vrai mérite, au nombre de nos Littérateurs les plus estimables.

262. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre XIII. L’Enfer chrétien. »

L’injustice des dogmes infernaux était si manifeste chez les anciens, que Virgile même n’a pu s’empêcher de la remarquer : …… Sortemque animo miseratus iniquam.

263. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gérardy, Paul (1870-1933) »

Voici un recueil de mélodies douces et harmonieuses, où l’influence de Verlaine n’empêche point une très personnelle sensibilité, un tact frileux, quelque hésitation devant la vie, et beaucoup d’art.

264. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 401-402

Les Littérateurs les moins portés à lui rendre justice n’ont pu s’empêcher de reconnoître dans l’Ode sur le Jugement dernier, dans la Satire du dix-huitieme siecle, & dans celle que l’Auteur a intitulée Mon Apologie, un excellent ton de versification, des images grandes & sublimes, des pensées courageuses, des tableaux pleins de feu & d’énergie, & un grand nombre de vers que les meilleurs Poëtes du siecle dernier n’auroient pas désavoués.

265. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 433-434

Le Cardinal de Richelieu ne pouvoit s’empêcher de rire, quand il lui en entendoit prononcer.

266. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 286-288

La maniere noble & variée, dont elle exprime sa tendresse pour sa fille, n'empêche pas qu'on ne s'apperçoive de la répétition trop fréquente de ce sentiment ; mais elle la fait pardonner, & jamais les redites ne furent plus agréables & plus intéressantes.

267. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préfaces de « Bug-Jargal » (1826-1832) — Préface de 1826 »

L’épisode qu’on va lire, et dont le fond est emprunté à la révolte des esclaves de Saint-Domingue en 1791, a un air de circonstance qui eût suffi pour empêcher l’auteur de le publier.

268. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXV » pp. 254-255

L'éloquent secrétaire perpétuel, au moment où il posait la couronne sur le front du lauréat, avait tout l’air de s’en laver les mains : « Vous allez entendre, Messieurs, l’éloge de Voltaire, nous ne pouvons nous empêcher de le couronner, mais rendez-nous cette justice, ce n’est pas certes nous qui l’aurions fait. » Tel était le sens et des paroles et du geste, nous assure-t-on, de M.

269. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 424-425

Ce défaut moins sensible dans la seconde édition, est vraisemblablement ce qui a empêché le Gouvernement de permettre le débit de ce Livre, & l'a privé de la plénitude du suffrage des honnêtes gens.

270. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCIXe entretien. Benvenuto Cellini (1re partie) » pp. 153-232

J’ignore s’il était à pied ou à cheval, à cause de la fumée qui m’empêchait de distinguer les objets bien nettement. […] Mon premier mari, qui aimait beaucoup Benvenuto, à cause de ses talents et de ses bonnes qualités, avait raison de vouloir le retenir à Florence, et de l’empêcher de revenir à Rome ; et elle s’en alla en murmurant des paroles fort aigres. […] « Je fis ensuite réflexion sur la cause qui m’avait empêché de me donner la mort, et je la jugeai toute divine. […] Le jeune invisible qui m’avait empêché de me tuer vint encore vers moi ; et, d’une voix fort claire : Mon cher Benvenuto ! […] Tribolo, qui avait véritablement oublié les courroies de sa valise, voulait aussi retourner à l’auberge, et je ne pus l’en empêcher que lorsque je lui racontai le mal que j’y avais fait, en lui montrant des morceaux de couvertures.

271. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (3e partie) » pp. 5-96

La Henriade n’est qu’une chronique en bons vers que j’ai vue en soixante ans seulement grandir et déchoir sans gloire et sans mémoire ; Candide et ses autres romans sont des facéties à peine philosophiques ; Jeanne d’Arc, qu’on ne lit plus, est une mauvaise plaisanterie que son cynisme n’empêche pas d’être fade ; ses Annales de l’Empire et ses Mœurs des nations sont des ouvrages d’érudition laborieuse et de spirituelle critique, les commentaires de l’esprit humain écrit par un ennemi des moines et du moyen âge. […] Je ne pus m’empêcher de lui rappeler quelques Allemands haut placés auxquels, dans un âge avancé, n’avaient paru en aucune façon manquer ni l’énergie ni la dextérité que la jeunesse possède, qualités qui leur étaient nécessaires pour diriger des affaires de toute sorte très importantes. […] Et cependant, quand on pense qu’une fin pareille a frappé un homme qui avait foulé aux pieds la vie et le bonheur de millions d’hommes, la destinée, en se redressant contre lui, paraît encore avoir été très indulgente ; c’est une Némésis qui, en considérant la grandeur du héros, n’a pas pu s’empêcher d’user encore d’un peu de galanterie. […] Nous allions d’un personnage à l’autre, et Goethe ne put s’empêcher de répéter à plusieurs reprises qu’il devait à David un trésor dont il ne pouvait assez le remercier. […] J’aurais désiré une boucle de ses cheveux, mais le respect m’empêcha de la couper.

272. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 13, qu’il est probable que les causes physiques ont aussi leur part aux progrès surprenans des arts et des lettres » pp. 145-236

Après avoir fait refléxion sur toutes les choses que je viens d’alleguer, et sur plusieurs autres connuës generalement et qui prouvent notre proposition, on ne sçauroit s’empêcher d’être de l’opinion de Monsieur De Fontenelle, qui dit en parlant des lumieres et du tour d’esprit des orientaux : en verité, je crois toujours de plus en plus… etc. . […] Toutes les guerres n’empêchent pas leurs progrez. […] Les tumultes des cohortes prétoriennes n’ont pas empêché qu’il n’y eut de grands peintres, de grands sculpteurs, de grands orateurs et de grands poëtes, puisqu’ils n’empêchoient pas qu’il ne s’y trouvât un peuple entier d’artisans médiocres. […] Cependant ces premieres guerres n’avoient pas empêché les arts et les sciences d’y faire ces progrez qui font encore tant d’honneur à l’esprit humain. […] je ne sçaurois m’empêcher de mettre ici sur le papier des idées qui me viennent souvent dans l’esprit… etc.

273. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre IV. Services généraux que doivent les privilégiés. »

Député élu à la chambre basse, membre héréditaire de la chambre haute, il tient les cordons de la bourse publique et empêche le prince d’y puiser trop avant. […] Ils sont ses familiers, les hôtes de son salon, des gens de race comme lui, ses clients naturels, les seuls avec lesquels il cause et qu’il ait besoin de voir contents ; il ne peut s’empêcher de les assister. […] La cour est devenue le sénat de la nation ; le moindre valet de Versailles est sénateur ; les femmes de chambre ont part au gouvernement, sinon pour ordonner, du moins pour empêcher les lois et les règles ; et, à force d’empêcher, il n’y a plus ni lois, ni ordres, ni ordonnateurs… Sous Henri IV, les courtisans demeuraient chacun dans leur maison, ils n’étaient point engagés dans des dépenses ruineuses pour être de la cour ; ainsi les grâces ne leur étaient pas dues comme aujourd’hui… La cour est le tombeau de la nation. » — Quantité d’officiers nobles, voyant que les hauts grades ne sont que pour les courtisans, quittent le service et vont porter leur mécontentement dans leurs terres.

274. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Ernest Feydeau » pp. 106-143

D’abord, elle empêche tout intérêt de s’attacher à un être aussi faible et aussi chétif, dont les violences même ont quelque chose de grêle, et qui, tout à l’heure, exaspéré par les jalousies de l’amour-propre et de l’autre amour, n’arrivera jamais à une véritable énergie. […] Feydeau est écrit comme il est pensé, avec une ardeur qui n’empêche ni la correction, ni la finesse du trait, ni la solidité. […] Feydeau, ce Byron d’épiderme, mais qui a le réalisme sous la peau, ne peut s’empêcher de nous peindre avec le pinceau ramassé de M.  […] XII Catherine d’Overmeire n’est pas une idée comme Fanny, mais de l’art pour l’art, un conte pour un conte, c’est le récit d’une séduction que rien, à coup sûr, n’empêche d’être vraie.

275. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — Q — Quinet, Edgar (1803-1875) »

Elle a le double aspect, ce qu’on pourrait appeler le double versant, politique et littéraire, et par conséquent la double utilité dont notre siècle a besoin ; d’un côté le droit, de l’autre l’art ; d’un côté l’absolu, de l’autre l’idéal… Le style d’Edgar Quinet est robuste et grave, ce qui ne l’empêche pas d’être pénétrant.

276. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 142-143

Ce défaut n’empêche pas qu’elles ne soient supérieures à tout ce qu’on a fait de nos jours en ce genre, pourvu qu’on excepte les Pieces fugitives de M. de Voltaire, de M. le Chevalier de Bouffers, & une grande partie de celles de M.

277. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 32, de l’importance des fautes que les peintres et les poëtes peuvent faire contre leurs regles » pp. 273-274

Ainsi le mauvais empêche le bon de faire sur nous toute l’impression qu’il devroit faire.

278. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — XIV. Le procès funèbre de la bouche »

En tant de circonstances elle m’a empêché par son orgueil de me remplir à ma convenance ! 

279. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De l’état de la France sous Louis XV (1757-1758). » pp. 23-43

Je crois même sur cela que mon calcul aurait été à l’avantage de la conservation des hommes… J’ai pensé en mourir de honte et de douleur. » Et à un autre endroit il ajoute : J’ai fait la lettre que le roi a écrite au comte de Clermont pour l’empêcher de quitter le Rhin où, chose incroyable ! […] Il a la confiance de cette dernière compagnie, et son système est d’empêcher le choc des deux corps. […] Il faut que, puisqu’ils n’ont pu empêcher ma disgrâce, il ne leur ait pas été permis de s’y opposer.

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