Que de fois on passe dans la vie, sans le deviner, à côté de ce qui en ferait le charme, comme le navigateur franchit les eaux d’une terre aimée du ciel qu’il n’a manquée que d’un horizon et d’un jour de voile26 ! […] Cependant, au milieu de cet éclat extérieur du monde, la santé de Mme de Duras était depuis plusieurs années altérée, sans qu’elle changeât sa vie ; mais vers 1820 elle dut cesser à peu près de sortir. […] Il n’y a pas trace jusqu’ici dans la vie de Mme de Duras d’essai littéraire ni d’intention d’écrire. […] Ainsi se couronne une des vies les plus brillantes, les plus complètes, les plus décemment mélangées qu’on puisse imaginer, où concourent la Révolution et l’ancien régime, où la naissance, et l’esprit, et la générosité, forment un charme ; une vie de simplicité, de grand ton, de monde et d’ardeur sincère ; une vie passionnée et pure, avec une fin admirablement chrétienne, comme on en lit dans les histoires de femmes illustres au dix-septième siècle ; un harmonieux reflet des talents délicats, naturels, et des morts édifiantes de ce temps-là, mais avec un caractère nouveau qui tient aux orages de nos jours, et qui donne un prix singulier à tout l’ensemble. […] On trouvera quelques lettres de Mme de Duras dans l’ouvrage publié par M. de Falloux : Madame Swetchine, sa Vie et ses Œuvres (1860), tome I, pages 207 et suiv.
Son histoire n’est pas si obscure qu’on le prétend ; tous les écrivains de ces lieux et de ces temps s’accordent parfaitement sur les principales circonstances de cette vie. […] » Maintenant relisons sa vie à travers le demi-jour des traditions et des récits populaires de l’Archipel. […] Phémius les faisait filer par ses servantes, les teignait et les échangeait ensuite, prêtes pour le métier, contre les choses nécessaires à la vie de l’homme. […] Les matelots du navire qui le portait ayant été retenus par la tempête dans la rade de la petite île d’Ios, Homère sentit que la vie se retirait de lui. […] De nos jours, comme dans l’antiquité, il faut que les hommes qui sont doués de ce don choisissent entre leur génie et leur bonheur, entre la vie et l’immortalité.
Sa vie, par M. […] De telles études, ennoblissement et délices de la vie, ne sont jamais une erreur ; mais celle-ci, avec la forme qu’il y donna, fut au moins un anachronisme. […] Venise et son originalité de site et de mœurs, le sang si doux de ses heureux habitants, cette vie molle et de volupté silencieuse qui se berce et glisse sur les eaux, y est délicieusement retracée. […] En même temps que, dans sa seconde visite à Rome, de Brosses voit chaque jour quelque belle et grande chose, il ne néglige pas du tout de vivre de la vie romaine de société. […] De retour à Dijon (1740), il devient président de simple conseiller qu’il était ; il se marie ; il vit plus en plein que jamais de sa vie de magistrat, de sa vie d’homme du pays, et aussi d’homme de lettres au sens d’autrefois.
Dans les sens les plus nécessaires à la vie et les plus primitifs, comme ceux du goût, de l’odorat, du toucher, de la température, il n’y a rien d’indifférent, tout est agréable ou pénible. […] Même chez les animaux rudimentaires et primitifs, le mouvement a existé dès l’abord avec une certaine direction, car il n’y a point de vie sans mouvement et sans une composition de mouvements, par conséquent sans une direction et une sorte de tension. […] Les plaisirs et douleurs différenciés et centralisés ne l’aideraient pas à conserver son individualité ni la vie de son espèce. […] Dans l’hypothèse contraire, il reste assurément un mystère sur l’action primordiale, identique à la vie ou à l’être et source primitive du mouvement. […] Or, à ce double point de vue, la douleur est inintelligible si on ne suppose pas un obstacle à la vie, à l’être, à l’activité, au mouvement, par conséquent une résistance.
Fragments d’abord, publiés en 1818, il donnèrent assez de jouissances inattendues à l’imagination contemporaine pour qu’elle ressentit soudainement l’amour d’un livre qui faisait si largement immerger la vie dans l’histoire, et pour qu’elle désirât ardemment connaître l’ensemble et l’effet intégral de cette vaste fresque, comme l’a dit si heureusement M. Sainte-Beuve, dont quelques groupes lui étaient montrés épars ou mutilés, mais d’une vie et d’une beauté si prodigieuse ! […] « Elle sentait et pensait en petit. » La première misère de sa vie — cette sainte misère qui nous lave le cœur avec nos larmes et qui nous le parfume pour toujours lorsque nous l’avons respirée ! — la première misère de sa vie, ose-t-il dire, l’avait avilie dans son cœur et dans son esprit. […] Michelet, un grand magicien aussi par le coloris et la vie, mais la vie fantastique, la vie transposée.
Amédée Pichot a bien fait quelques contresens dans sa vie (et quel traducteur n’en fait pas ?) […] Rien depuis, dans sa vie, n’a valu ce premier cri de la vocation. […] qui atteignent, tous les deux, la vie de son style et son originalité. […] Enfin il fut créé baronnet comme Walter Scott, et pair d’Angleterre à moitié de sa vie, ce que ne fut pas ce vieux génie de Walter Scott, qui se coucha sans ce manteau dans la terre ingrate de son pays ! Le seul malheur de la vie de Macaulay fut sa mort prématurée ; mais ce malheur-là, qu’il ne vit pas venir, ne put avoir aucune influence sur son talent, qu’il fallait que la vie meurtrît pour lui donner ses teintes les plus touchantes !
Il a l’âme ouverte à tous les sentiments de la vie, et il les mêle — et fougueusement ! […] Lamartine, cet homme d’un idéal habituellement céleste, a eu des moments dans sa vie où il blasphéma et fut Richepin, et Richepin a été toute sa vie ce Lamartine-là. […] La vie de la pensée et la vie de l’action vulgaire bifurquent et ne s’impliquent point. Quels que soient donc les antécédents dans la vie de M. […] On en meurt, et la vie en est faite pourtant !
Le prêtre est un ami, mais un ami qui hausse les âmes, qui apporte aux soldats les promesses et les secours de la religion. « Après tout, si tu meurs, tu ne perdras qu’une vie matérielle précaire pour trouver une vie de meilleure qualité. » Voilà le soldat plus tranquille. […] Les difficultés, les révoltes apparaissent jusque dans la vie des saints. […] On touche au moment où la religion elle-même se dépasse en se réalisant d’une manière parfaite. « Personne n’a plus d’amour que celui qui donne sa vie. » C’est là que le christianisme veut nous amener. […] L’abbé Ligeard, du grand séminaire de Lyon, caporal au 28e bataillon de chasseurs alpins, avant de partir pour l’action, le jour même de sa mort, écrit : « J’offre ma vie pour que se dissipent les malentendus qui existent entre le peuple de France et les prêtres. » (Communiqué par l’A. […] Vous savez qu’avant de partir j’avais fait le sacrifice de ma vie.
Cette fois les deux époux ne sont pas séparés, et ils respirent d’une même haleine ce délicieux climat où Réginald Héber devait bientôt laisser sa vie. […] Le Dieu pour lequel ils ont donné leur vie est venu s’offrir pour eux. […] La vie de Réginald Héber s’épuisa vite sous le ciel brûlant île l’Inde. […] Ce caractère, marqué dans les essais mêmes de sa jeunesse, dans un poëme sur la Palestine et dans presque tous ses hymnes, anima toute sa vie, comme il sanctifia sa mort. […] Sa jeune femme, initiée aux mêmes études, rapporta en Angleterre ses ouvrages, qu’elle a publiés en y joignant sa vie.
Il y a eu dans sa vie un moment critique où ce penchant et cette vocation particulière qu’il se sentait pour la direction intérieure et pour les mystères délicats de la piété l’ont abusé et légèrement enivré. […] C’est vers l’âge de quarante-cinq ans que la comtesse de Grammont commença ainsi à changer et à vouloir régler sa vie. […] Au-dedans, vous avez à surmonter le goût d’une vie délicate, un esprit hautain et dédaigneux, avec une longue habitude de dissipation. […] ma chère fille, elles s’en vont ces années et courent à la file imperceptiblement les unes après les autres, et, en dévidant leur durée, elles dévident notre vie mortelle ; et, se finissant, elles finissent nos jours. […] Voilà ce qu’on appelle la vie du monde… On a toute la grâce.
Interrogez en effet : l’auditeur, même bienveillant, croyait et croit encore avoir, après une heure de lecture, entendu au milieu du tumulte quelque chose comme ces mots : « Il nous reste maintenant à parcourir les trente dernières années de la vie de M. […] Desnoyers, assis sur un banc de charmille, va lui-même raconter sa vie : c’est la un cadre par trop riant pour un artiste aussi appliqué et aussi sévère que doit l’être un graveur en taille-douce : cela sent trop le conte à la Marmontel ou l’idylle à la Florian. […] Sa curiosité était inépuisable ; tout l’intéressait, l’attachait, lui inspirait un désir ou plutôt un regret, celui de n’avoir pas fait de ce dont il était question l’occupation de sa vie. […] Ils voudraient ressusciter des fantômes, rendre la vie à des ombres, et le souvenir des triomphes qui ne sont plus est pour eux si amer et si plein de regrets, qu’il semble les poursuivre comme un remords. […] Voir les Mémoires inédits sur la Vie et les Ouvrages des membres de l’Académie royale de Peinture et de Sculpture, publiés par MM.
Ravaisson et Lachelier, rendent particulièrement de l’intérêt à l’Epître à lui adressée par Loyson, qui aura eu l’honneur d’être son ami et son poète129. — Plus loin, parmi les Élégies du petit volume, à côté de la pièce reproduite, le poète au lit de mort, on en lit une plus forte et plus neuve, le Retour à la vie. […] Tandis que mon œil vous contemple, L’avenir tout à coup a refermé son temple, Et dans la vie enfin je rentre avec effort : Mais nul impunément ne voit de tels mystères ; Le jour me rend en vain ses clartés salutaires, Je suis sous le sceau de la mort ! […] Le Retour à la vie de Loyson peut se comparer avec quelqu’une des pièces où Lamartine, — le Lamartine des Méditations, — après une première langueur, revient aussi à la vie et renaît à l’espérance ; avec la pièce intitulée Consolation, par exemple. […] Si tu voulais, ainsi le torrent de ma vie, A sa source aujourd’hui remontant sans efforts, Nourrirait de nouveau ma jeunesse tarie, Et de ses flots vermeils féconderait ses bords, Ces cheveux dont la neige, hélas ! […] Publiciste et poète, la courte vie de Loyson, si amoindrie encore par la maladie, fut partagée entre ces deux vocations opposées ; il a vivement exprimé cette gênante contrariété de goûts et d’occupations dans son Épitre à M. de Biran ; Quelle étoile sinistre, à me nuire obstinée, En guerre avec mes goûts a mis ma destinée !
On est un peu las de la vie, du festin, non pas assez pour quitter la table ; c’est le dessert. « Je ne sors point, si ce n’est pour aller un peu à l’Académie, afin que cela m’amuse, disait La Fontaine. […] Cette fois, les sollicitations, les efforts désespérés du jeune homme ne purent rien ; il passait sa vie à épier à la sortie quelques membres du tribunal ou de la Convention, quelque ancienne connaissance, telle que Hérault de Séchelles, qu’il avait vu chez son père. […] La Harpe, au Lycée, rouvrait son cours ; les acteurs français, sortis de prison, rendaient la vie aux chefs-d’œuvre. […] » S’il est en effet, au milieu des luttes et des travaux de a vie active, tel jour méritoire où l’homme se sent le plus lui-même, il est aussi, pour quelques-uns, dans l’honorable loisir qui suit le combat et dans l’arrière-saison éclairée, tel jour de retour où la vie retrouve toute sa grâce. Je me figure que c’était là l’autre fois un de ces jours doux et ornés qui comptent dans une vie.
Desjardins950, dans tout ce qu’on appelle le néo-christianisme, je ne vois que deux choses : la profonde conviction de la valeur moralisatrice des croyances religieuses, l’affirmation énergique du postulat moral, et de la nécessité d’en faire la règle de la vie, même quand on a perdu le Dieu qui prescrit et qui récompense. […] Et surtout il a rappelé notre théâtre, qui se perdait dans l’insignifiance dégoûtante ou féroce, dans la « rosserie » plate ou grimaçante, il l’a rappelé au souci des idées, à l’expression de la lutte des volontés affirmant leurs diverses conceptions de la vie ou du bien. […] La direction commune semble être de mettre des idées dans la poésie, mais des idées larges qui soient l’expression de la plus intime personnalité, qui traduisent les vibrations profondes de l’être au contact des choses et devant la grande énigme de la vie. […] Les revues de ces divers groupes, telles que : Mercure de France, Ermitage, Revue Blanche, l’Art et la Vie, etc. […] De Vogüé et Desjardins : Études sur le xixe siècle, 1888 ; les Idées morales du temps présent, 1892 ; le Sens de la vie, 1889 ; Michel Teissier, 1892 ; La Seconde Vie de Michel Teissier, 1893, etc.
La vie se transforme et devient autre en dehors de tout dessein prémédité. […] Or, qu’il soit inhérent à l’essence même de la vie humaine, qu’il soit une condition de son progrès, cela explique et justifie qu’il survive & sa nécessité. […] C’est grâce à cette imperfection que la vie demeure pour lui un spectacle. […] La monotonie de la représentation engendrerait un ennui destructeur de la vie même, et le pouvoir d’imiter se verrait aboli faute de types différenciés, proposés à l’imitation. […] On trouve au sommet de l’angle une virtualité que l’on peut croire illimitée, un germe que l’on peut croire gros de toutes les formes futures de la vie.
Le duc Jean Floressas des Esseintes, éraillé et froissé par tout ce que la vie contient de grossier, de brutal, de bruyant et de sain, se retire des hommes en qui il ne voit point ses semblables, et se détourne de la réalité qui ne contente ni ne réjouit ses sens. […] Il a acquis à cette connaissance de la vie, la dose de véracité qui est indispensable au roman moderne, la force, la précision, la richesse et le pittoresque du style, les moyens, en somme, l’outil lui permettant d’élaborer et de ; réaliser sa conception particulière de l’âme et de la destinée humaine. […] L’épanouissement de leurs facultés réceptives a étouffé toutes leurs autres énergies, les a réduites à la vie végétative d’une plante passive par essence, régie et affectée par tout ce qui l’entoure, dépendant des aubaines du ciel et du hasard de sa situation. […] Ds leur impuissance volitionnelle, on peut déduire leur incapacité de vivre dans la société, leur aspiration, vaine pour les uns, satisfaite pour des Esseintes, vers une existence monacale, solitaire et recluse, enfin leur absolu pessimisme, leur misanthropie acerbe, leur dégoût de toute vie active. […] Huysmans n’aperçoivent la vie que comme une suite d’infortunes.
Mais Maurice Rollinat n’en est qu’où ils en furent toute leur vie avant de mourir. Il est en train, comme eux, d’acheter des tortures de la vie entière la justice qu’ils n’eurent que quand ils n’étaient plus. […] C’est, lui, le naturel dans l’étrange, si on peut dire de l’étrange qu’il soit naturel… et on ne se douterait jamais, en l’entendant parler des choses de la vie réelle, que c’est là un poète visionnaire ! […] Comme on le voit, c’est le côté noir de la vie, réfléchi dans l’âme d’un poète qui l’assombrit encore. […] La seule différence entre eux (avec celle du génie dont il ne peut pas être question ici), c’est que l’Hamlet du théâtre anglais est un sceptique désespéré qui n’a que mépris pour la vie humaine et pour le néant de l’humanité, et que l’Hamlet des Névroses n’a pour l’humanité et la vie que l’horreur, mais l’horreur la plus épouvantée !
La vie de l’abbé Prevost fut, on le sait, romanesque comme ses écrits. […] J’aimois un corps auquel j’étois attaché par mes promesses ; je souhaitois d’y être aimé ; et, fait comme je suis, j’aurois perdu la vie plutôt que de commettre quelque chose d’opposé à ces deux sentiments. […] Sans prétendre peser les torts, on sent qu’il y avait entre la vie monastique et lui de ces incompatibilités d’humeur qui devaient s’accumuler à la longue et finir par un éclatant divorce. […] On trouve d’assez curieux renseignements sur sa personne et sur sa situation vers cette époque de sa vie, dans le récit du Voyage littéraire de Jordan. […] Les méchants propos qui avaient poursuivi Prevost durant la partie orageuse de sa vie ne respectèrent pas toujours sa mémoire.
Si, un beau jour, hors de la vie, nous nous trouvons face à face avec lui, dans son monde, eh bien, Dieu n’est pas assez mauvais diable pour nous en vouloir de l’avoir nié, quand nous n’avions aucune raison de l’affirmer. […] Donc, il y aura d’abord chez Diderot un art naturaliste, expressif de la vie telle qu’elle est, des êtres tels qu’on les voit. […] Il y a de tout dans son style : analyse, synthèse, idée, sensation, hallucination, réalisme, romantisme ; c’est un monde grouillant, qui n’a pas toujours la beauté, qui du moins a souvent la vie. […] La nature n’a souci que de la vie : voilà ce qui est beau, naturellement beau. Les formés de la vie, et l’activité de la vie, c’est cela que l’artiste doit s’attacher à rendre : plus ces formes auront de particularité, plus cette activité sera intense, et plus il y aura de beauté dans l’être.
Il remet cet homme sur pied, en pleine réalité, il le rattache par tous les côtés à la terre, selon son expression ; il suit dans son origine, dans son éducation, dans ses fréquentations, dans toute sa vie intime et domestique, la formation, les agrandissements, les abaissements du caractère et de l’esprit. […] Les Fables de La Fontaine s’expliquent par le caractère de la Champagne, patrie de l’auteur, par la vie qu’il a menée, et par les habitudes intellectuelles et morales de la société du xviie siècle. […] Or le sens exquis de la vie ne va pas sans l’amour de la vie, sans la capacité de jouir des formes particulières de la vie. […] Il y a des morceaux de toute la nature, et je ne sens pas la nature, la vie de la nature, comme les apportent parfois les impressions irraisonnées d’une âme. […] Il a été toute sa vie ce qu’il était à ses débuts : il s’est épanoui, développé, élevé ; il n’a pas changé.
Un certain nombre de disciples s’étaient groupés autour de lui, partageant sa vie et méditant sa sévère parole. […] Quiconque aspirait à une grande action sur le peuple devait imiter Élie, et comme la vie solitaire avait été le trait essentiel de ce prophète, on s’habitua à envisager « l’homme de Dieu » comme un ermite. On s’imagina que tous les saints personnages avaient eu leurs jours de pénitence, de vie agreste, d’austérités 276. […] La vie anachorétique, si opposée à l’esprit de l’ancien peuple juif, et avec laquelle les vœux dans le genre de ceux des Nazirs et des Réchabites n’avaient aucun rapport, faisait de toutes parts invasion en Judée. […] Ses disciples menaient une vie fort austère 309, jeûnaient fréquemment et affectaient un air triste et soucieux.
Les recherches et les réflexions de Lamarck avaient d’ailleurs été préparées en France par beaucoup de travaux originaux sur la nature et la vie. […] Lui aussi remit tout en question ; il voulut remodeler la société, la morale, l’éducation, la vie entière de l’homme sur des principes « naturels ». […] Si les trois siècles précédents avaient vu naître et se développer les sciences abstraites et concrètes de la matière inorganique, — mathématiques, mécanique, astronomie, physique et chimie, — le XIXe siècle devait approfondir en outre les sciences de la vie : vie organique et même, jusqu’à un certain point, vie sociale. […] Bref, il a conçu l’idée d’une métaphysique qui s’élèverait de plus en plus haut, vers l’esprit en général, à mesure que la conscience descendrait plus bas, dans les profondeurs de la vie intérieure. […] Moins célèbre que Nietzsche, Guyau avait soutenu, avant le philosophe allemand, en termes plus mesurés et sous une forme plus acceptable, que l’idéal moral doit être cherché dans la plus haute expansion possible de la vie.
Une Histoire de la Littérature française devrait être le couronnement et le résultat d’une vie tout entière. Mais encore une vie suffirait-elle ? […] On l’a prise pour matière de programme, qu’il faut avoir parcourue, effleurée, dévorée, tant bien que mal, le plus vite possible, pour n’être pas « collé » : quitte ensuite, comme pour tout le reste, à n’y songer de la vie. […] Je n’ai admis dans le texte que les faits biographiques qui éclairaient les œuvres : les notes offriront très succinctement les biographies qui, sans expliquer les talents, rendent un peu de vie aux hommes en les localisant dans le temps et l’espace. […] Dans le plan de cette Histoire, on verra aisément que je me suis attaché à respecter la succession chronologique des hommes et des œuvres : c’est-à-dire, en somme, à représenter le plus possible le mouvement de la vie.
C’est donc bien la vie familiale et sociale qui a disparu ; ce sont les rapports avec les autres êtres animés qui ne viennent plus se représenter dans la tête de l’animal. […] Concluons que, dans l’animal, il n’est aucune partie qui n’ait quelque vie psychique en même temps que physique. […] Les organes importants du système nerveux sont des concentrations de la vie sensitive et appétitive ; le cerveau n’est qu’une concentration encore plus puissante, où la sensation devient idée, l’appétition volonté, où la vie enfin prend conscience de soi. […] Il suffit donc de diminuer l’intensité et la durée d’une modification dc la conscience ou de l’appétit vital pour diminuer par cela même sa qualité distinctive, c’est-à-dire la nuance qu’elle offre comme sensation, émotion ou impulsion ; elle tend alors à se fondre dans l’ensemble confus des autres modifications qui constitue le sens total de la vie. […] Et cette association est un phénomène qui se produit sans cesse dans la vie normale.