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1176. (1882) Types littéraires et fantaisies esthétiques pp. 3-340

On pourrait s’y tromper, et vraiment on aurait raison de s’y tromper, car il serait impossible, pour exprimer la volupté, d’employer d’autres paroles et d’autres accents que ceux par lesquels le véridique poète exprime très exactement les effets de la musique. […] L’honnête fantôme lui-même s’est trompé, car il ne voulait certainement pas la destruction de son royaume. […] Goethe nous enseigne au contraire que la vie ne trompe jamais celui qui agit loyalement avec elle et qui est assez fort pour ne pas désespérer. […] Ceux qui l’accusent de manquer de cœur, parce qu’il était incapable de folies, et ceux qui attribuent sa dignité à je ne sais quelle sagesse ignorante de l’erreur, se trompent également. […] Nous disons cela et nous nous trompons grossièrement.

1177. (1892) Portraits d’écrivains. Première série pp. -328

On s’y trompe maintes fois ; et lui-même, et lui surtout, M. Edmond de Goncourt s’y est trompé. […] Il le fait tromper et il le fait mystifier. […] Et il s’y trompe. […] Les médecins se trompent ; ce n’est point une fluxion de poitrine.

1178. (1929) La société des grands esprits

Il ne s’est pas trompé en espérant qu’on lui tiendrait compte de ce culte, si noblement exprimé. […] C’est catégorique, et il n’y a pas à s’y tromper. […] Ce n’est pas à dire, sans doute, qu’on ne les puisse pas discuter, mais on trouve toujours chez eux un fond solide et fertile : et s’il leur arrive de se tromper, ils se trompent comme il faut, dit encore Alain à propos de Descartes, c’est-à-dire dans la bonne direction, qu’ils ont au moins entrevue, si les moyens de l’époque ne leur ont pas permis d’atteindre le but. […] Michelet, génial, mais un peu femmelin, s’y est pareillement trompé. […] Et tout le monde l’a constaté, mais l’on s’est parfois trompé dans l’application.

1179. (1890) La bataille littéraire. Troisième série (1883-1886) pp. 1-343

Le mari, le vicomte Julien de Lamare, est le type de l’égoïsme banal ; il a des défauts, mais les défauts d’une âme vulgaire ; il a des vices, mais ces vices bourgeois qui n’ont pas la grandeur de la franchise ; il trompe sa femme bestialement, pour la tromper, et noue finalement une intrigue avec une amie de sa femme, la comtesse Gilberte de Fourville. […] Tout trompait, tout mentait, tout faisait souffrir et pleurer. […] Combien il est heureux d’avoir été trompé par une jeune personne des Bouffes-Parisiens et d’avoir écrit là-dessus des vers éplorés ! […] Blitz répondit par un mouvement des épaules sur la signification duquel on ne pouvait se tromper ; puis il ferma les yeux et sœur Saint-Maurice soupira. […] Michelet est avant tout, lui aussi, un homme de sincérité qui a puisé dans son cœur et qui appartient à tous ; passionné, ardent, il a dû se tromper quelquefois ; toujours il a été de bonne foi.

1180. (1864) Histoire anecdotique de l’ancien théâtre en France. Tome I pp. 3-343

Et qu’on ne s’y trompe pas, Mairet non-seulement n’était pas le seul qui usât aussi largement et d’une façon aussi ridicule du galimatias sentimental, mais encore c’était un poëte d’un certain mérite. […] Telle en trahit un cent, et se fait aimer d’eux ; Et tu n’espères pas d’en pouvoir tromper deux ? […] — Vous vous trompez, reprit le cardinal, je trouvedans Paris même des personnes qui me résistent. […] Le succès était fait par le public, qui pouvait se tromper et se trompait quelquefois, sans doute, mais qui ne se trompait pas avec connaissance de cause. […] Molière, alors en assez mauvais termes avec Racine, ne se trompa point sur la valeur de l’ouvrage, et après l’avoir lu un jour, il dit que ceux qui s’en moquaient étaient des sots qui méritaient qu’on se moquât d’eux.

1181. (1895) Nos maîtres : études et portraits littéraires pp. -360

Mais on se tromperait à croire qu’il est aussi leur maître en poésie : il n’a point d’élève, il n’en veut pas avoir. […] Carmenta la Sybille et le sonore prophète Jérémie s’étaient trompés. […] Là est même, si je ne me trompe, la signification dernière du Lys rouge. […] Mais elle continua d’affirmer qu’elle ne s’était pas trompée. […] L’exégèse voltairienne se trompait.

1182. (1891) Essais sur l’histoire de la littérature française pp. -384

Que font-ils cependant pour tromper les longueurs de l’attente ? […] Elle a pu se tromper sur ce qui était vertu, ennoblir ce qui était vice, ne point distinguer nos besoins vrais de nos appétits illégitimes. […] « C’est la faute de la fatalité. » Cette parole de Charles Bovary à Rodolphe résume le livre, et, pour qu’on ne s’y trompe point, l’auteur la note comme la seule profonde qu’ait jamais dite Charles. […] On se tromperait de croire que le fatalisme soit une doctrine naturellement dure. […] Comme tous ceux qui se tiennent à l’écart du présent, il se réservait l’avenir ; d’autant plus sûrement que, dans ce rôle de frondeur où il se renferma alors, il y avait un sincère amour du bien, et que si le dépit personnel et l’impatience de l’ambition trompée y entraient pour quelque chose, il ne s’y mêlait du moins aucun bas calcul d’égoïsme.

1183. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. de Rémusat (passé et présent, mélanges) »

M. de Rémusat a beaucoup de projets pour l’avenir ; de ce nombre il en est un très-simple, très-facile à réaliser, et qui mérite bien d’occuper sa plume quelque matin : c’est de tracer un portrait de M. de Serre, de cette figure si élevée, si intéressante, de cet orateur à la voix noble et pure , et qui, même lorsqu’il se trompait, ne cédait qu’à des illusions généreuses. […] C’est en 1824, si je ne me trompe, dans l’été qui suivit la défaite électorale, qu’étant seul à la campagne, assez ennuyé, il se mit à improviser ses deux coups d’essai en ce genre ; le premier, le Croisé ou le Fief, dont la scène était au moyen âge, se ressentait d’Ivanhoé et un peu de Gœtz de Berlichingen. […] Royer-Collard comme homme et comme écrivain, je ne sais si je me trompe, mais j’aurais préféré qu’il terminât sans rentrer dans cette thèse générale, plus que douteuse, de l’alliance de la philosophie et de la politique, sans se croire tenu de faire la péroraison obligée.

1184. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre I. Le Roman. Dickens. »

Le premier mot qu’épela cet excellent jeune homme fut « gain. » Le second (quand il arriva aux dissyllabes) fut « argent. » Cette belle éducation avait produit par hasard deux inconvénients ; l’un, c’est qu’habitué par son père à tromper les autres, il avait pris insensiblement le goût d’attraper son père ; l’autre, c’est qu’instruit à considérer tout comme une question d’argent, il avait fini par regarder son père comme une sorte de propriété, qui serait très-bien placée dans le coffre-fort appelé bière. « Voilà mon père qui ronfle, dit M.  […] On n’essaye plus d’affecter une piété qui ne trompe personne et qui ne mène à rien. […] Les hommes sont raffinés aujourd’hui, ils ont lu beaucoup de poésies élégiaques ; leur sensibilité est plus vive ; on ne peut plus les tromper avec la grossière impudence de Tartufe.

1185. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers » pp. 81-176

En effet, avec ce que je nomme l’intelligence on démêle bien le vrai du faux, on ne se laisse pas tromper par les vaines traditions ou les faux bruits de l’histoire ; on a de la critique ; on saisit bien le caractère des hommes et des temps, on n’exagère rien, on ne fait rien de trop grand ou trop petit, on donne à chaque personnage ses traits véritables ; on écarte le fard, de tous les ornements le plus malséant en histoire, on peint juste ; on entre dans les secrets ressorts des choses, on comprend et on fait comprendre comment elles se sont accomplies ; diplomatie, administration, guerre, marine, on met ces objets si divers à la portée de la plupart des esprits, parce qu’on a su les saisir dans leur généralité intelligible à tous ; et, quand on est arrivé ainsi à s’emparer des nombreux éléments dont un vaste récit doit se composer, l’ordre dans lequel il faut les présenter, on le trouve dans l’enchaînement même des événements ; car celui qui a su saisir le lien mystérieux qui les unit, la manière dont ils se sont engendrés les uns les autres, a découvert l’ordre de narration le plus beau, parce que c’est le plus naturel ; et si, de plus, il n’est pas de glace devant les grandes scènes de la vie des nations, il mêle fortement le tout ensemble, le fait succéder avec aisance et vivacité ; il laisse au fleuve du temps sa fluidité, sa puissance, sa grâce même, en ne forçant aucun de ses mouvements, en n’altérant aucun de ses heureux contours ; enfin, dernière et suprême condition, il est équitable, parce que rien ne calme, n’abat les passions comme la connaissance profonde des hommes. […] Le premier Consul, cherchant à tâtons la main qui a voulu le frapper, soupçonne au premier moment les républicains terroristes, découvre les royalistes, mais, feignant de s’y tromper encore, frappe les jacobins d’une immense proscription. […] À l’exception de quelques institutions financières d’un mérite contesté, il ne créa rien en Angleterre ; il se trompa souvent sur les forces relatives de l’Europe, sur la marche des événements ; mais il joignit aux talents d’un grand orateur politique l’amour ardent de son pays, la haine passionnée de la Révolution française.

1186. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre huitième »

Les pièces de Quinault furent longtemps à la mode ; je soupçonne donc qu’elles étaient mauvaises : car la mode ne s’y trompe pas ; elle ne s’attache jamais à ce qui doit lui survivre, et je pense avec mélancolie au lendemain de ses admirations. […] Il y avait tant de gravité véritable sous cette gravité composée, tant de naturel sous cette étiquette, que les plus habiles pouvaient s’y tromper. […] Racine y a bien songé, dans le fameux discours de Mithridate à ses enfants ; mais plus le vieux roi est grand en parlant de ses défaites et de ses invincibles espérances, plus il s’abaisse par sa jalousie de vieillard amoureux et par les stratagèmes dont il use pour s’assurer s’il est trompé.

1187. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviiie entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

Ton orgueil t’a trompée. […] On sonna une seule fois très-fortement de la trompe, afin qu’on sût au loin qu’on pouvait trouver le noble prince à la halte. « Un des piqueurs de Sîfrit parla : « J’entends par le son de la trompe que nous devons nous rendre au campement. […] « — Quoi qu’elle puisse vous mander par ses envoyés des Hiunen, ne vous laissez pas tromper, dit Hagene.

1188. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. de Fontanes »

Voltaire au seul hasard a dû quelques beaux vers  ; Ses succès, soixante ans, ont trompé l’univers. […] Ils doivent, si je ne me trompe, changer les destinées de l’Europe et de l’Asie. […] Un autre errata s’ajouta ensuite au premier, nous le verrons ; et, même en plein Empire, à dater d’un certain moment, il pouvait dire tout bas à sa muse intime dans ses tristesses de l’Anniversaire : De tant de vœux trompés fais rougir mon orgueil ! […] Sortant du Lycée où il avait entendu une leçon de La Harpe et revenant à pied avec Fontanes, de Candolle ne put s’empêcher de lui exprimer son étonnement du discours violent de La Harpe et de ce qu’il avait l’air d’y applaudir : « Ne vous y trompez pas, lui aurait dit Fontanes ; notre but n’est pas de rétablir la puissance des prêtres, mais il faut frapper l’opinion publique de l’utilité d’une religion, et ensuite nous avons l’intention de pousser la France au protestantisme. » De Candolle, qui croit avoir eu à se plaindre plus tard de Fontanes Grand-Maître, triomphe de la contradiction. […] La tromper en lui retraçant des souvenirs, c’est lui préparer des erreurs pour l’avenir.

1189. (1837) Lettres sur les écrivains français pp. -167

En disant armée, je me trompe peut-être, car la littérature française n’est pas précisément une armée qui combat en faveur de quelque bonne idée en soumettant l’indifférence publique, mais plutôt une mêlée où chacun a une devise, et au sein de laquelle la cuirasse et le haubert qui préservent des coups du voisin, sont aussi indispensables que la hache et l’épée qui conquièrent. […] D’abord, je dois vous dire que M. de Balzac est bavard et menteur ; mais il est menteur comme il est écrivain, et jamais ses mensonges ne sont dépourvus de littérature : ce sont des mensonges exorbitants qui ne peuvent tromper personne. […] Sue est un homme de talent, cela n’est pas douteux ; seulement il s’est trompé dans la forme qu’il a donnée à son histoire, et cette bévue coûtera 60 ou 80 mille francs à son éditeur. […] Gozlan pour actif rédacteur, et on ne risque pas de se tromper en disant que les plus jolis articles de ce journal découlent de sa plume incisive. […] C’est surtout à le voir sans le connaître qu’on doit être trompé.

1190. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

Rétrécissons cette comédie et la mettons en vers, alors on verra comme quoi Molière s’est trompé en donnant cette vaste étendue à son drame ; on comprendra, grâce à Thomas Corneille, qu’il n’y avait pas le plus petit mot pour rire dans ce trop sérieux Don Juan, et qu’enfin cette prose éloquente nuisait au plaisir du spectateur. […] — Monsieur, vous vous trompez, dit le pauvre, et Molière, inquiet de l’aventure : Où diable, a-t-il dit, la vertu va-t-elle se nicher ? […] Vous riez, Monseigneur l’inflexible, vous chantez ; vous trompez des duchesses, vous trahissez de pauvres innocentes qui n’en peuvent mais ; vous allez d’Elvire à Mathurine, c’est très bien fait ; mais à travers toutes ces gaietés funèbres, je comprends le vide et la tristesse de votre cœur, où la plainte se mêle au bruit des baisers ; dans vos folies je vois la ruine de votre maison ; M.  […] » Ainsi finit ce malheureux drame. — Je me trompe ; il n’y avait que le marquis de Montespan qui pût le finir dignement et de manière que le dernier couplet fût à la hauteur de tous les autres. […] « La vie est un ennui que chacun trompe à sa manière.

1191. (1898) La poésie lyrique en France au XIXe siècle

Ils laissent s’égayer ceux qui vivent un temps, Mais les festins humains qu’ils servent à leurs fêtes Ressemblent la plupart à ceux des pélicans ; Quand ils parlent ainsi d’espérances trompées, De tristesse et d’oubli, d’amour et de malheur, Ce n’est pas un concert à dilater le cœur, Leurs déclamations sont comme des épées : Elles tracent dans l’air un cercle éblouissant, Mais il y pend toujours quelque goutte de sang. […] Et, à coup sûr, il est triste de voir tromper la confiance qu’on avait dans autrui. […] Le soleil te parle en paroles sublimes ; Dans sa flamme implacable absorbe-toi sans fin ; Et retourne à pas lents vers les cités infimes, Le cœur trompé sept fois dans le néant divin. […] Parmi les poètes qui composaient l’école du Parnasse, il y en avait, si je ne me trompe, cent trente-sept. […] Puis, comme c’est un matin froid Où l’eau gèle dans la rigole, Et comme il faut que l’enfant soit En état d’entrer à l’école, Écartant le vieux châle noir Dont la petite s’emmitoufle, L’aînée alors tire un mouchoir, Lui prend le nez et lui dit : « Souffle. » Et si vous ne saviez pas encore pourquoi la poésie a été inventée, vous le savez maintenant, c’est pour exprimer de pareilles opérations… Je crains donc que François Coppée ne se soit souvent trompé dans l’exécution, et qu’ayant eu une idée très juste, à savoir, que les humbles, les petits ont droit à la vie littéraire, il n’ait cherché l’intérêt de ses peintures dans l’extérieur, dans les détails qui, par eux-mêmes, n’ont rien d’intéressant, et non pas dans l’intérieur, dans les sentiments qui, eux seuls, méritent de nous arrêter.

1192. (1886) Le naturalisme

Le marquis, trompé par l’admirable naturel du récit, s’empressa d’envoyer de l’argent et d’offrir sa protection à l’héroïne imaginaire de Diderot. […] Latouche a dit d’elle, sans aucune courtoisie, qu’elle était un écho qui grossissait la voix ; et, ma foi, il ne se trompait point en ce qui est de la pensée, car George Sand dogmatisait toujours pour le compte d’autrui. […] Zola ne se trompe pas non plus quand il assure que les héros de Stendhal raisonnent trop. […] Ne se trompe-t-il pas ? […] Je ne voudrais pas me tromper en jugeant Zola, ni l’attaquer ni le défendre plus qu’il n’est juste.

1193. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXIXe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe (2e partie) » pp. 161-232

Théocrite devient Sophocle au besoin ; mais nous nous trompons, ni Théocrite n’a de telles puretés virginales au commencement, ni Sophocle n’a de telles mélancolies à la fin. […] Retournez auprès de mon père et de ma mère, pour leur dire que leur fils ne s’était pas trompé et que l’étrangère est digne d’être aimée.

1194. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVIe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (2e partie) » pp. 417-487

Mais que peut-on attendre d’un législateur, ou aussi grossièrement trompeur, ou aussi stupidement trompé dès sa première ligne ? […] Le peuple trompe presque constamment la loi française de l’égalité des partages, en privilégiant les aînés de ses enfants sur les puînés, ou les fils sur les filles.

1195. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIIe entretien. Revue littéraire de l’année 1861 en France. M. de Marcellus (1re partie) » pp. 333-411

L’un et l’autre furent emportés longtemps, par le courant politique, loin des études qui immortalisent, vers les grandeurs qui trompent ; quand la politique les rejeta comme des naufragés sur les rivages, Chateaubriand était trop vieux, Marcellus trop timide. […] Imitez les Arabes ; au moins chez eux la parole d’un homme ne change et ne trompe jamais… « Et ce pauvre, colonel Boutin, que n’ai-je pas fait pour prévenir ses malheurs ?

1196. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIe Entretien. Marie Stuart, (Reine d’Écosse). (Suite et fin.) »

Cette comédie ne trompa personne, mais sauva à Marie Stuart la honte d’épouser par choix l’assassin de son mari. […] On craignait les reliques qui font revivre les fanatismes. » Mais le fanatisme trompa ces prudences cruelles de la politique.

1197. (1914) Note sur M. Bergson et la philosophie bergsonienne pp. 13-101

Ici encore les uns elles autres se trompent, ou plutôt les uns et les autres abusent. […] « Même je remarquais, touchant les expériences qu’elles sont d’autant plus nécessaires qu’on est plus avancé en connaissance ; car, pour le commencement, il vaut mieux ne se servir que de celles qui se présentent d’elles-mêmes à nos sens, et que nous ne saurions ignorer pourvu que nous y fassions tant soit peu de réflexion, que d’en chercher de plus rares et étudiées : dont la raison est que ces plus rares trompent souvent, lorsqu’on ne sait pas encore les causes les plus communes, et que les circonstances dont elles dépendent sont quasi toujours si particulières et si petites, qu’il est très malaisé de le remarquer.

1198. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Lettres de m. l’Abbé Sabatier de Castres ; relatives aux trois siecles de la littérature françoise.ABCD » pp. -641

En attendant que cette nouvelle Edition soit publique, je vais transcrire ici une Note du Discours Préliminaire, capable seule de ramener à la justice & à la vérité, les Esprits que l’Auteur du prétendu Problême auroit pu tromper. […] « Vous ne sauriez croire, me dit-il, en parlant toujours de l'Homme qui l'a trompé, vous ne sauriez croire avec quel acharnement il vous poursuit.

1199. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre III »

Mais, chose étrange, ce personnage, si flambant au premier acte, va pâlissant et se décolorant de scène en scène : il a trompé le public ; ce n’était que le masque d’un caractère. […] J’aurais admis que la bohémienne décrassée eût reconnu en lui un homme de sa caste et de sa tribu, et qu’elle eût fait à son mari le violent et suprême outrage de le tromper pour si peu.

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