Moi aussi, j’ai connu le malheur ; mais, regardant en arrière, je vois que je n’ai pas toujours été inutile à mes semblables, qu’il en est encore deux ou trois avec qui je partage le petit morceau de pain que je ne dois qu’à mon travail. […] J’y voudrais un peu plus de travail. […] Alors nous voyons tout en noir, hommes et choses… Mais employons-nous l’encre de notre écritoire à noircir du papier, aussitôt notre esprit se rassérène ; notre imagination se purge, et, nos œuvres fussent-elles œuvres de misanthrope, notre humeur, charmée par le travail, ferme cette plaie dont vous vous plaignez.
Flousset aurait beaucoup le talent d’écrire et de peindre, d’être éloquent, comme on dit, dans le cas où il marcherait tout seul et où il aurait à composer, pour son compte, quelque morceau de sa propre étoffe ; mais aujourd’hui il ne nous donne pas le temps d’y songer : dans ce long travail d’analyse, d’extrait, de résumé et d’assemblage, il a fait preuve partout d’un excellent jugement, d’un goût sobre, d’un choix sévère, d’une fermeté de pensée et d’expression qui inspire toute confiance. […] Tout se tient et s’explique : la politique avec tous ses ressorts joue devant nous, et nous assistons au fur et à mesure au travail de l’histoire. […] Louis XIV, enfin, s’y montre dans sa grandeur d’âme et son ambition de roi, avec son esprit de travail, son application de détail, son besoin de tout prescrire et de tout régler, ou du moins de tout comprendre, de se rendre un compte exact de la marche et de la conduite suivie en chaque affaire.
Il y a un certain travail qu’on peut faire sur soi-même. […] Cette soif insatiable de gloire au bord du tombeau, cette inquiétude fiévreuse, cette complexion voltairienne, je ne comprends rien de tout cela. » En revanche il apprend avec plaisir que son ami s’est livré, comme un bon paysan, aux travaux de la fenaison, et qu’en fatiguant le corps il a forcé au repos son âme trop active. […] » Ce maudit discours pourtant lui aura coûté bien des soins ; il faut écarter tout ce qui est scabreux, tout ce qui peut être matière à reproche, maintenir les bienséances, et ne laisser arriver que le respect : « Mon discours touche à sa fin, écrit-il à Deleyre (janvier 1779), mais vous ne sauriez croire, mon ami, combien ce travail me déplaît et me fatigue.
Édouard Fournier a rassemblé quantité d’heureuses trouvailles ou de conjectures curieuses comme il aime à en faire sur nos grands auteurs69, etc, etc ; entre tous ces volumes et sans en exclure aucun, je m’attacherai à deux publications qui me paraissent offrir mérite et nouveauté, le travail critique de M. […] Bazin, esprit ironique et critique, homme d’humeur, fit en 1847, sous le simple titre de Notes historiques sur la Vie de Molière, un premier examen très sévère de tout ce qu’on avait précédemment écrit à ce sujet ; il trancha et retrancha fort librement, tantôt se fondant sur des faits, tantôt se confiant à des raisonnements ou à des conjectures ; et, s’il fut quelquefois injuste pour le travail de ses devanciers, il a du moins obligé tous ceux qui, depuis, sont venus ou revenus à la charge, à plus d’exactitude et de prenez-y garde qu’on n’en mettait auparavant. […] Enfin sa critique éclectique, au meilleur sens du mot, fait un choix dans tous les travaux antérieurs et y ajoute non-seulement par la liaison qu’il établit entre eux, mais par des considérations justes et des aperçus fins qui ne sont qu’à lui.
Il n’y a pas longtemps que, me trouvant distrait et peu capable d’un travail suivi, je me mis, à mes menus instants et dans mes quarts d’heure de loisir, à refeuilleter tout Vaugelas. […] » La pension, d’ailleurs, comme le fait remarquer Chapelain, était à titre onéreux, toute conditionnelle, « pour une chose longue et pénible à faire », qui était ce travail du Dictionnaire, et de plus elle dépendait du bon plaisir du surintendant, M. de Bullion. […] « … Au reste vous pourriez toujours assurer Son Éminence de la continuation des travaux de M. de Vaugelas, qui fournit aux trois bureaux qui se tiennent toutes les semaines avec assiduité pour l’avancement du Dictionnaire.
Chatel, à qui l’on doit ces renseignements, a mis pour épigraphe à son travail une parole de Ménandre, qui revient à dire : « Faute d’observer les petites choses, on se fourvoie dans les grandes » ; et un autre mot de Quintilien, qui en est comme la traduction : « Ce sont de petites choses, à la vérité, mais sans lesquelles les grandes ne peuvent trouver de point d’appui122. » Dans cette mesure, c’est parfait, et il n’y a rien de minutieux dans les curiosités biographiques ainsi entendues. […] La Bruyère, en causant, sans jamais pouvoir être ennuyeux, pouvait parfois paraître un peu fatigant ; il avait la figure et tout le corps comme en travail. […] Il devra surtout, dans la Notice qu’on attend de son savoir et de sa fermeté d’esprit, tenir compte de tous les travaux antérieurs, profiter des vues justes, faire justice des fausses, accueillir et rejeter avec choix dans ce qu’on propose, être un rapporteur enfin et même un juge en dernier ressort.
Il dévoile également les travaux têtus de François Zola et « son heure de folie ». […] Vous êtes écœurée devant cette hypocrite exploitation du pauvre, l’assistance par le travail, comme devant « cette institution indiscutablement néfaste qui s’appelle le bureau de bienfaisance », et vous raillez, douloureuse, « toutes ces risibles parodies de la charité ». […] Du moins, ils sont, pour un travail impossible mais noble, des instruments fragiles mais nobles.
Homme du monde, du commerce le plus aimable et le plus sûr, il ne considéra jamais la société comme un obstacle à son genre d’esprit et de travail : il y aurait vu plutôt une inspiration. Quand j’ai dit travail, j’ai employé un terme impropre. […] Dans cette vie doucement occupée et où le travail lui-même ne semblait qu’un ornement du loisir, sans autre ambition que celle de cultiver ses goûts et ses amitiés, M. de Féletz, en vieillissant, arriva tout naturellement aux honneurs littéraires.
Des lettres ainsi refaites et retouchées laissent toujours à désirer quelque chose, je le sais bien ; elles n’ont pas la même autorité biographique que des lettres toutes naïves, écrites au courant de la plume, oubliées au fond d’un tiroir et retrouvées au moment où l’on y pense le moins : mais Courier, homme de style et de forme, n’a guère dû faire de changements à ses épîtres que pour les perfectionner par le tour ; ses retouches et ses repentirs, comme disent les peintres, n’ont pas dû porter sur les opinions et les sentiments qu’il y exprime, et le travail qu’il y met, le léger poli qu’il y ajoute n’est qu’un cachet de plus. […] C’était, comme vous voyez, un Cupidon dérobant les armes d’Hercule, morceau d’un travail exquis, et grec si je ne me trompe. […] Mais il arriva que, pendant ce travail, une feuille de papier qu’il mit dans le manuscrit, étant tachée d’encre en dessous, couvrit et tacha une page de ce manuscrit précieux.
. — But de l’auteur : planter des jalons pour faciliter le travail de ceux qui voudront approfondir une matière digne d’une étude plus poussée que celle-ci. […] Le lièvre, notamment, a toute la sympathie de l’auditeur des contes quand il trouve moyen de tirer profit du travail auquel il a refusé de participer (V. […] Je me suis préoccupé avant tout d’effectuer un premier tri des matériaux que je présente au public afin de préparer son travail à celui que la littérature merveilleuse indigène intéressera et qui voudra en faire une étude plus approfondie et plus savante que celle-ci.
Au moins, quand un homme cesse d’être un homme, on sait ce qu’il devient, et, parfois encore, c’est Narsès, Abeilard, Origène ; mais quand une femme cesse d’être femme et que dans l’impiété d’un travail terrible et la folie d’une ambition, elle porte sur elle-même des mains suicides, ce qu’elle devient n’a plus de nom que celui qu’elle se donne, et voilà pourquoi, hors la mascarade, ce n’est pas vraiment plus madame Daniel Stern qu’il faut dire aujourd’hui que monsieur ! […] … Prenez part de la science un peu amère et du travail compliqué de ce siècle. […] — mais tout de suite, elle est retournée aux austères travaux pour lesquels, de bonne foi, elle se croit faite.
« Fais, dans l’intervalle, que sur les mers et par toute la terre les rudes travaux des armes sommeillent et reposent. Seule tu peux assurer une tranquille paix aux mortels : car les rudes travaux de la guerre sont sous la loi de Mars tout-puissant, qui souvent se jette sur ton sein, comme enchaîné par la blessure d’un immortel amour ; et, les yeux élevés vers toi, la tête mollement renversée en arrière, nourrit d’amour ses regards avides, aspirant à toi, ô déesse ! […] « Pour les épouses en travail d’enfant, tu es Lucine Junon ; tu es aussi la puissante Trivia, et la Lune brillante d’une lumière empruntée.
Enfin, seul, devant votre table de travail et votre papier blanc, vous vous demanderez : « Que veulent les femmes ? […] Ces sortes d’événements n’arrivent point sans qu’on y pense et sans qu’on y pousse ; ils impliquent nécessairement un travail et un consentement. […] Jules Simon prononçait, à la séance publique annuelle de l’Académie des sciences morales et politiques, un fort beau discours sur la vie et les travaux de M. […] Il était miné par la lutte, par le travail ; le corps trop frêle, pour une âme si ardente, n’a pu supporter l’assaut de la maladie. […] Tout lui était bon : travaux de librairie, articles spéciaux de science ou de voyage.
La partie des Sciences, & sur-tout la Physique, a fixé particuliérement ses travaux, sans doute par le désir d’être utile, préféré à celui de n’être qu’agréable.
Quarante Ouvrages différens, qui forment près de cent cinquante volumes, dont quelques-uns in-folio, sont les fruits des travaux de cet infatigable Ecrivain.
De petits Ouvrages & de très-grands succès, telle a été la destinée de cette femme estimable, dont les travaux méritent autant d’éloges que de reconnoissance.
Débrouiller la Chronologie, faire revivre plusieurs Auteurs ignorés, commenter des Ouvrages obscurs, les rendre intelligibles, faire naître, pour ainsi dire, l'ordre & la lumiere du sein du chaos ; voilà l'idée qu'on doit se former des travaux de cet Ecrivain, plein, d'ailleurs, d'exactitude & de pureté dans le style.
Si ce travail peut attirer l’attention des savants et des penseurs de toutes les écoles sur le problème capital qui en fait l’objet, et de provoquer une solution décisive après un examen approfondi, il n’aura pas été tout à fait inutile à la philosophie de notre temps.
Les étudier c’est tout à fait pénétrer dans le cabinet de travail de Victor Hugo et se pencher sur son épaule. […] Guettons-le et surprenons-le dans son travail. […] Si ce travail préliminaire est lourd, il y en a un autre qui est anxieux. […] Seul, dans ce travail de sept ans, j’avais exhumé la Révolution des Archives. […] Cette uniformité est-elle compatible avec les divers travaux, les différentes professions qui occupent les citoyens ?
Et enfin (c’est par là qu’il est poète) ce travail n’est point aride. […] Fabié a donc quitté le toit de chaume de ses aïeux pour se livrer à des travaux supérieurs. […] Elle redouble d’activité, de travail, elle remet à flots le navire submergé. […] Daniel se laissa, avec joie, écraser par le travail. […] Il se mit au travail, et brocha une longue étude dialoguée sur l’histoire de Cromwell.
Mais, sans examiner ici lequel des deux a eu le premier cette idée, nous devons également leur savoir gré de leur travail, & nous avouerons que, si les Auteurs dont ils nous ont conservé les noms & indiqué les ouvrages, ne méritent pas tous l’espèce d’immortalité qu’ils leur ont procurée, ils en ont du moins parlé avec une impartialité digne d’éloge. […] Les Arts agréables sont les enfans de nos plaisirs ; les Arts utiles sont le produit du hasard ou de la nécessité ; les sciences au contraire sont le fruit de nos travaux & de nos veilles. […] Mais il falloit des hommes retirés du monde, consacrés à la retraite par choix, à l’étude par goût, au travail par devoir, animés du même esprit & du même zèle, vivant en commun sous un même régime, qui voulussent employer les loisirs de leur solitude à la fastidieuse occupation de transcrire sans cesse. […] Quels sujets pouvoit-on choisir, pour amuser l’oisiveté des Grands, & délasser le Peuple de ses travaux ? […] La gloire exige de ceux qui la recherchent, des peines, des veilles, des sacrifices & de longs travaux : l’homme riche, énervé dès sa naissance, est incapable de les soutenir.
Rodenbach croit plus tard, à un grand mouvement lyrique sur l’industrie, et il parle éloquemment des attitudes recueillies, de l’aspect presque religieux des occupations mécaniques, enfin d’une synthèse poétique du travail ouvrier, d’une étude au-delà de la simple photographie littéraire. […] Il ajoutait : « Cependant, j’en avais fait un à quinze ans qui s’est perdu, mais qui était imbécile… ce qu’il y a de certain, c’est que la première chose que j’ai faite, je l’ai tirée de moi-même. » Puis au bout de quelques instants de silence, il reprend : « C’est vraiment curieux, chez moi, depuis 1858 — je ne vous connaissais pas — ce sont de petits cahiers, ce sont des notes jetées, au jour le jour, certes moins poussées que les vôtres, mais enfin c’est le même procédé de travail. […] Salles, le père de Mme Benedetti, à propos de Germinal me contait aujourd’hui, à Saint-Gratien, en sa qualité d’intéressé dans une houillère de Belgique, l’attachement des mineurs pour leurs mines, et me donnait ce détail, qu’une grève de huit jours étant accordée là, pour l’arrachement des pommes de terre, les femmes ont toutes les peines à décider leurs hommes, pour ce travail, à ciel ouvert. […] Une salle, où l’on doit jouer samedi, et qui semble demander encore un mois de travail, une salle, où il y a partout des brasero allumés, pour sécher la salle, où l’on commence à poser les rideaux des loges, où Porel, pour qu’on entende les acteurs, est obligé de crier : « Deux minutes sans coups de marteau ! […] Oui, ce gros et épais normalien, il est pour le travail courant, sans prétention, lui, qui ne laissera dans toute sa prolixe et abondante copie, ni un jugement durable, ni une pensée, ni une phrase, ni une expression… lui, ô blasphème !
Il n’est pas un naturaliste qui révoque en doute les avantages de ce qu’on a nommé la division du travail physiologique. […] À ma requête, le docteur Hooker a dressé la liste des arbres de la Nouvelle-Zélande, et le docteur Asa Gray s’est chargé du même travail pour ceux des États-Unis : les résultats ont été tels que je les avais prévus. […] La diversité des caractères chez les habitants d’une même région a les mêmes avantages que la division du travail physiologique entre les organes d’un même individu. […] Milne Edwards, d’après la division plus ou moins complète du travail physiologique. […] Sommes-nous sûrs encore qu’une longue trompe n’entraînerait pas, en vertu de la corrélation de croissance, l’accroissement des autres parties de la bouche, et ne mettrait pas obstacle au travail si délicat de la construction des cellules ?
Toinet a dressé récemment la liste des « épopées » au xviie siècle ; ce travail est méritoire, bien qu’il ne mentionne que des œuvres oubliées à juste titre ; il montre l’étendue du mal. […] Encore un travail utile à faire, dont le résultat n’est pas douteux pour moi. […] Il faut avoir suivi de près le travail créateur d’un artiste, connaître l’influence du Salon sur un sculpteur, sur un peintre, lire par exemple la correspondance de Flaubert, pour savoir ce que peuvent sur une œuvre d’art les critiques, les encouragements, l’esprit ambiant. […] En France, c’est Napoléon III, auquel on commence à rendre justice ; puis les débuts de la troisième République, difficiles et héroïques ; un travail immense, que la guerre de 1870 semble scinder en deux par une catastrophe ; et si c’était une nécessité heureuse ? […] Ce sont là des faits intellectuels que rien ne saurait hâter ; la science y est impuissante ; il y faut des siècles de travail en commun, et des légions d’ouvriers petits et grands.