Le ciel d’où tombe cette lumière est un ciel d’automne pâle et froid, dont la pâleur s’interrompt par intervalles de nuages sombres. […] Les chats-huants eux-mêmes, l’orfraie, la chouette, toute la bande des oiseaux funèbres, stupéfiés, se retiennent de leurs griffes aux branches des arbres pour ne pas tomber… Une chauve-souris, qui s’entêtait à voler, sent tout à coup ses ailes se détendre, et va sombrer dans une mare. — Par terre sont éparpillés des crânes et des carcasses de squelettes. — Le dos appuyé contre un vieux tronc, les bras pendants, un homme regarde vaguement devant lui d’un œil hébété par la lourde ivresse de la mort ; un autre serre sa tête dans ses deux mains pour ne rien voir.
on tombe rudement de haut, quand on tombe de ces maréchaux et de la fonction dont ils étaient investis par le Roi à l’intervention, sans caractère public et obscurément paternelle, de témoins choisis par les combattants qui se fient à eux ; mais, il faut bien le dire, c’est encore le meilleur moyen de moraliser le duel et d’en prévenir les conséquences désastreuses… Pour mon compte, à moi, j’aime à voir refaire la seule législation qui soit possible sur le duel au xixe siècle, libéral et républicain, avec les miettes de la législation brisée de ce despote de Louis XIV, comme on fait une petite maison avec les débris d’un palais… Mirabeau disait un jour, à propos d’un duel qu’il avait refusé : « J’ai refusé mieux !
Ce littérateur amateur, qui ne fit point de littérature comme nous autres les faiseurs de livres, ce paresseux occupé, ce penseur pour la volupté pure de penser, cet écrivain qui, comme il l’a dit, et même comme il en a fait un précepte, attendait, pour écrire un mot, que la goutte d’encre qui devait tomber de sa plume se changeât en goutte de lumière, ce sybarite de l’esprit qui passa sa vie à bien déplier ses feuilles de rose pour ne pas en trouver le repli qui l’aurait fait souffrir, fut une rareté dans la littérature française en ne voulant rien être du tout. […] Que la Critique ne l’oublie pas : malgré les encharmements de la Correspondance de Joubert, sa supériorité distinctive, absolue et qu’il porte jusque dans cette Correspondance, c’est la pensée, l’intuition, l’aperçu sur toutes choses, le fruit qui tombe du tronc caché, la lueur qui filtre comme d’une étoile de cet esprit haut, sans vapeur, et qui a jusque dans la rêverie la clarté du jour.
., reste donc dans le désert de l’inconnu, comme Saint Siméon Stylite sur sa colonne, mais avec cette différence que des populations tout entières allaient se grouper d’admiration et de respect aux pieds du Solitaire miraculeux, comme autour d’un Prophète, pour entendre tomber ses oracles, tandis que le Saint Siméon Stylite du xixe siècle reste sur la colonne de ses écrits, sans que la foule qui passe y prenne garde et s’aperçoive que cette colonne est rayonnante ! […] L’horrible et l’inepte oubli dans lequel est tombé Lamartine, le plus grand poète que la France ait jamais eu, vient de cet hébétement mortel du sens religieux.
« Pour un prince déjà pauvre, — dit Lecoy de la Marche, — ayant une expédition maritime, des luttes à soutenir en Italie, et des charges de toute espèce, c’était là un véritable désastre, et jamais sa position financière ne devait s’en relever. » Et, de fait, elle ne s’en releva pas, et jusqu’à l’heure où elles lui tombèrent du front, il resta embarrassé et empêtré dans ses couronnes, ce Roi qui finit par les perdre, et par les perdre avec tout ce qu’il fallait pour les conserver ! […] Tous ces bonheurs, qui ressemblent à des moqueries du hasard, tous ces royaumes que Dieu lui jette dans les jambes et qui finissent par le faire tomber, ne mettent en lumière que son impuissance à les garder.
Il savait et écrivait le toscan — cet Athénien de l’Italie — avec une supériorité qui a fait la seule partie solide de sa gloire ; car ce qui a été fait par sa politique est déjà tombé sous le plus mérité des mépris. […] Adam devient tout à coup un homme important, distingué, considérable, aux yeux de ces nobles dont il va faire tomber, un à un, tous les préjugés.
Le xviiie siècle, tombé de cette hauteur, s’était pulvérisé en tombant. […] Ils y tombent de la plume d’une femme qui ne se doute même pas de leur beauté, tant elle est vraie, et spontanée, et naturelle, cette femme qui n’écrit que pour apaiser son âme, dans ce siècle faux et déclamatoire qui n’avait que l’hypocrisie de la nature dans ses déclamations et qui procédait déjà par avance à l’ampoulé de la Révolution Française !
Ceux qui prient pour le monde font plus que ceux qui combattent. » Et en effet, lui, l’ambassadeur, qui n’a jamais fait comme Chateaubriand, ce fat d’affaires, ce porteur d’empire sur le bout du doigt, ennuyé à la mort, si on l’en croyait, et lassé de ce faucon qui pèse si peu au poing du génie, il allait, lorsque la tombe le prit, quitter simplement ses costumes de palais qu’il n’appelle nulle part des guenilles, et revêtir une soutane. […] On les lira encore quelque temps, puis ils tomberont des mains, ne laissant dans les esprits d’autre impression que l’impression du bruit qu’ils firent, et ce sera bientôt effacé !
Pelletan fourvoyer le sien dans de misérables théories, comme on regretterait de voir la graine de l’encens tomber par terre, au lieu d’aller s’embraser sur les trépieds d’or des tabernacles. […] Assurément on peut abuser de cette supériorité-là comme de toutes les autres ; car c’est une observation qui n’a pas été assez faite, que plus les facultés sont rares et grandes, plus l’usage en peut tourner vite à l’abus, apparemment par la raison qu’il est plus aisé de tomber, à mesure qu’on s’élève.
Trois faiseurs d’épitaphe pour une tombe qui n’a peut-être pas de pierre sur laquelle ils puissent graver la leur, et qui, sur la poussière où ils récrivent, ne sera plus lisible demain ! […] L’esprit de Brucker était plus vivant que le livre le plus vivant, Seulement, quels que soient ses livres, qui certainement ne donnent pas la valeur intégrale de l’homme, il y a dans tous — comme dans ces Docteurs du jour qu’on a republiés — des beautés de points de vue, d’idées et d’éloquence qui devraient le défendre contre l’indifférence méprisante de la génération présente, dépravée par l’éducation des œuvres busses, et le tirer de cette insolente obscurité qu’on a fait tomber et qui s’épaissit sur son nom !
même celle de Rome, la plus glorieuse de toutes les histoires, et qui est tombée dans l’histoire de l’Église comme dans un gouffre et y a disparu, mais en y laissant des échos immortels. […] à ce parlementarisme politique dont les nations sont actuellement excédées, ne fait pas illusion à son bon sens éclairé par la foi ; mais, au moment où il écrit, j’aurais voulu qu’il en eût marqué davantage la radicale erreur, tombée de si haut dans le monde, ne fût-ce que pour ajouter à la force d’opinion qui doit un jour l’emporter !
Gabriel de Chénier, lequel ne se doutait pas du tort qu’il fait à l’homme qu’il admire, tombe, dans son récit, au rang des hommes de lettres, des honnêtes gens de lettres du xviiie siècle. […] Il tombait du ciel, comme un bouclier salien.
Seulement, après les chefs-d’œuvre, il faut compter pour les seconds ces livres spirituels dont le cœur humain fait le fond, qui s’appellent René ou Werther, Ourika, Édouard, Frère Ange ou Adolphe, et qui furent écrits avec cette goutte d’encre dont parle Joubert, qui peut bien mettre du temps à tomber, mais qui, en tombant, devient une goutte de lumière. La goutte d’encre qui servit à écrire celui-ci est tombée d’une plume dont l’habitude n’est point le sentiment et la rêverie.
Je ne suis jamais tombé de plus haut… Quoi ! […] Depuis longtemps, il est tombé de la préoccupation publique par morceaux… Quant à Balzac, qui nous donna tant de choses sur Paris et sur ses mœurs, grandes ou petites, aristocratiques ou canailles, il y mêla de si grandes choses, d’une telle généralité de nature humaine et de pathétique universel, que la préoccupation parisienne, qui l’aurait rapetissé comme un autre si elle avait été seule, disparaissait même dans ses Scènes de la vie exclusivement parisienne, mises en regard des autres Scènes qu’il a tracées avec ce génie et cette volonté encyclopédiques qui devaient embrasser tout entier le monde de son temps.
Honoré de Balzac2 I On s’occupe beaucoup de Balzac, et, amis ou ennemis, on s’en occupera longtemps encore, car, à trois pas d’une tombe, une grande gloire est presque une importunité. […] On peut lui chercher des analogues, une parenté, une filiation intellectuelle ; et, comme tous les génies qui ne tombent pas du ciel, il en a une, mais il transfigure sa race en lui.
Il y a au faubourg Saint-Germain une illustre et antique maison, — la maison de La Tour-d’Embleuse, — laquelle est tombée de la splendeur dans la misère et qui n’a pour tout rejeton qu’une fille de quatorze ans minée de consomption et qui va mourir. […] On les saute, et d’autant mieux qu’on ne pèse guère ; mais ce qui tombe au fond du fossé et ce qui y reste, c’est le talent, c’est l’honneur littéraire, c’est l’art enfin, qui jamais n’en sortiront plus.
Des démons malfaisants, une myriade de vilains gnomes lilliputiens pèsent de tous leurs efforts réunis sur le couvercle de la tombe entrebâillée. […] Pourtant il a, même à cette époque, fait de grandes lithographies très-importantes, entre autres des courses de taureaux pleines de foule et de fourmillement, planches admirables, vastes tableaux en miniature, — preuves nouvelles à l’appui de cette loi singulière qui préside à la destinée des grands artistes, et qui veut que, la vie se gouvernant à l’inverse de l’intelligence, ils gagnent d’un côté ce qu’ils perdent de l’autre, et qu’ils aillent ainsi, suivant une jeunesse progressive, se renforçant, se ragaillardissant, et croissant en audace jusqu’au bord de la tombe.
Les corps tombent en vertu de la loi de la pesanteur ; cela équivaut, dans le sérieux, à la bouffonne virtus dormitiva. […] S’il y avait un autre but à son activité, il ne serait plus un animal ; et nous tombons dans le christianisme. […] Euclide allait lui tomber sous la main. […] Dieu écarté, la morale tombe, comme un cérémonial de cour à la chute de la royauté. […] Sa force relative n’est pas atteinte, puisque tous ses frères tombent aux même rets.
De quelle haute dignité, de quel comble de bonheur, je suis tombé parmi les hommes ! […] tombent sur moi tous les fléaux de la fortune et de la nature pour me rendre un remède si doux ! […] Il est certain que, pendant quelque temps, il tomba dans une profonde misanthropie. […] Senancour ne tombe pas dans ces excès. […] Le roman de Gœthe étant tombé dans ses mains alors qu’il avait vingt ans, il conçut le projet d’en faire le guide de sa conduite.
Il tombe même à ce sujet dans un excès contraire à celui de Balzac. […] Pour la cause royale sont tombés son père, ses frères, son mari. […] Un écrivain vulgaire serait tombé dans les fossés scabreux. […] Il se leva ; sa casquette tomba. […] Zola tombe dans l’excès contraire.
Un drame de nos jours Peut bien tomber, mais rebondit toujours.
Presque tous les vers semblent tombés de la plume d’André Chénier.
Il ne tombe point dans les « polymorphies » où vagabondent les Palais nomades de M.
Bien qu’il se soucie plus de l’idée, de la pensée, que de la forme dans laquelle elle tombe, ce de quoi on ne saurait trop le louer, son vers est naturellement harmonieux et élégant.