Mme de Tencin, qui aurait voulu pousser son frère le cardinal à la tête du ministère, ne savait par quel moyen avoir prise sur cette volonté apathique du monarque : elle en écrivait au duc de Richelieu, qui était pour lors à la guerre ; elle engageait ce courtisan à écrire à Mme de La Tournelle (duchesse de Châteauroux), pour qu’elle essayât de tirer le roi de l’engourdissement où il était sur les affaires publiques : Ce que mon frère a pu lui dire là-dessus, ajoutait-elle, a été inutile : c’est, comme il vous l’a mandé, parler aux rochers. […] Elle poussa l’amour de l’art jusqu’à imprimer de ses mains, à Versailles, une tragédie de Corneille, Rodogune (1760) : la pièce n’a été tirée qu’à une vingtaine d’exemplaires. […] Tous les maîtres de l’école française d’alors tirent le portrait de Mme de Pompadour : on a celui de Boucher, celui de Drouais que Grimm préférait à tous ; mais le plus admirable est certainement le pastel de La Tour, que possède le Musée. […] Il n’en était pas ainsi des personnes qui avaient su gagner les bonnes grâces de Louis XIV… » Malgré tout, elle fut bien la maîtresse qui convenait à ce règne, la seule qui pût venir à bout d’en tirer parti dans le sens de l’opinion, la seule qui pût diminuer le désaccord criant entre le moins littéraire des rois et la plus littéraire des époques.
Non, c’était le poète, l’homme de premier mouvement, l’homme ennuyé des premiers dégoûts et des lenteurs inévitables de la carrière, le jeune homme encore enivré de la poésie des déserts, qui la voulait aller ressaisir sous d’autres cieux, et qui n’avait point tiré de lui toutes les œuvres grandioses auxquelles il demandait la gloire. […] Rien de plus opposé au génie politique, lequel, au contraire, cherche à tirer le meilleur parti des situations les plus compromises, et ne jette jamais, comme on dit, le manche après la cognée. […] Quatre ans auparavant, dans ce singulier livre, vraiment fabuleux et tout bouffi de sentimentalité royaliste, Sur la vie et la mort de M. le duc de Berry, il avait dit, en concluant par une éloquente menace : Tirons au moins de notre malheur une leçon utile, et qu’elle soit comme la morale de cet écrit. […] c’est toujours comme un gentilhomme dans le commerce : il se croit au-dessus de son état, et il y a un moment où, si on le contrarie, il tire ses parchemins de sa poche et tranche du grand seigneur avec les vilains.
En un mot, nous fûmes très raisonnables à la fin d’une journée où nous avions joué à colin-maillard. » Pour tranquilliser le lecteur sur la source d’où je tire ces paroles de Sophie, je dirai que c’est du cahier manuscrit des Dialogues, dans lesquels Mirabeau, enfermé deux ans après à Vincennes, se plaisait à revenir sur les origines de leur liaison et à se repaître des moindres souvenirs de ces premiers temps heureux. […] Une correspondance même s’engagea indirectement ; il risqua une lettre : « Je la refusai d’abord ; je la reçus ensuite ; j’eus la faiblesse de répondre ; cela fut répété quelquefois : je n’écrivais que des choses très indifférentes, mais écrire ne l’était pas. » Heureusement ce M. de Sandone se retira à temps ; son service l’appela loin de Pontarlier avant que sa timidité eût tiré parti de la faiblesse de la marquise : « Je m’en suis consolée aisément, parce qu’il n’avait que bien légèrement effleuré mon cœur. […] Il tira de sa poche une lettre de son père, qu’il composa sur-le-champ conformément à ses vues, la commenta, et conversa avec la même netteté que s’il eut fait une visite ordinaire. […] J’ai à en tirer plus d’une réflexion sur sa méthode, sur la formation de son talent.
On en citerait des passages qui jureraient avec les doctrines futures de Saint-Just ; mais ce serait faire trop d’honneur à ces boutades rimées que d’en tirer la moindre conséquence un peu suivie. […] L’auteur ne s’est point encore tiré à clair lui-même. […] Pauvre Louis XVI, accusé d’avoir tiré l’épée au moment même où il la rendait ! […] » — « Ils parlent allemand, et nous français ; ils nous tirent des coups de fusil, et nous leur répondons par des coups de canon.
* * * — Un banquier, un banquier supérieur, déclarait que l’affaire la plus productive, était de prêter une petite somme d’argent à un honnête homme insolvable. « Dans ces conditions, disait-il, on tirait 200 p. 100 de son argent, en attentions, corvées, obligations imposées à l’emprunteur ». […] Il déroule lentement un long rouleau de papier, dont il tire, avec toutes sortes de précautions, trois flèches japonaises, et il me confesse qu’il tire de l’arc, et commence une dissertation sur la différence de l’arc du nord et l’arc japonais, dont le lancement se fait tout en bas, pour obtenir, suppose-t-il, une hausse. […] Des moments difficiles, des moments durs, des moments de misère, pendant lesquels Delâtre, qui tirait ses eaux-fortes, et auquel, un jour, il demandait à emprunter cent sous, lui disait qu’il allait lui faire vendre ses planches.
Mais qui nous dit que si, dès l’âge de vingt-cinq ans, La Bruyère, dans un siècle différent du sien, avait été obligé pour vivre, pour se faire connaître, de tailler sa plume, d’écrire moins bien d’abord, mais vite, mais toujours, il n’aurait point tiré de lui autre chose encore que ce que nous en avons, et je veux dire autre chose de bien, qui sait ? […] Louis XIV n’aimait pas le gaulois ; ses poètes et ses architectes ne tirent que du grec. […] De tout temps les gens de lettres ont pu tirer de leurs travaux un légitime bénéfice : aujourd’hui ils y cherchent un revenu régulier, une fortune. […] Enfin je ne suis pas plus sévère que Boileau ; je ne défends pas à un auteur de « tirer de ses écrits un profit légitime ».
Inversement, le réalisme échoue à tirer de la réalité la connaissance immédiate que nous avons d’elle. […] Tous les arguments de fait qu’on peut invoquer en faveur d’une accumulation probable des souvenirs dans la substance corticale se tirent des maladies localisées de la mémoire. […] Les premières lueurs qu’y vient jeter une conscience individuelle ne l’éclairent donc pas d’une lumière inattendue : cette conscience n’a fait qu’écarter un obstacle, extraire du tout réel une partie virtuelle, choisir et dégager enfin ce qui l’intéressait ; et si, par cette sélection intelligente, elle témoigne bien qu’elle tient de l’esprit sa forme, c’est de la nature qu’elle tire sa matière. […] L’esprit emprunte à la matière les perceptions d’où il tire sa nourriture, et les lui rend sous forme de mouvement, où il a imprimé sa liberté.
Si cette dénomination avait eu pour origine la convention des Sabins et des Romains, si les seconds eussent tiré leur nom de Cure, capitale des premiers, ce nom eût été Cureti et non Quirites ; et si cette capitale des Sabins se fût appelée Cere, comme le veulent les grammairiens latins, le mot dérivé eût été Cerites, expression qui désignait les citoyens condamnés par les censeurs à porter les charges publiques sans participer aux honneurs. […] Les sociétés politiques sont nées toutes de certains principes éternels des fiefs Conformément aux principes éternels des fiefs que nous avons placés dans nos axiomes (80, 81), il y eut dès la naissance des sociétés trois espèces de propriétés ou domaines, relatives à trois espèces de fiefs, que trois classes de personnes possédèrent sur trois sortes de choses : 1º domaine bonitaire des fiefs roturiers [ou humains, en prenant le mot d’homme, comme au moyen âge, dans le sens de vassal] ; c’est la propriété des fruits que les hommes, ou plébéiens, ou clients, ou vassaux, tiraient des terres des héros, patriciens ou nobles. 2º Domaine quiritaire des fiefs nobles, ou héroïques, ou militaires, que les héros se réservèrent sur leurs terres, comme droit de souveraineté. […] Les cités, selon Platon, eurent en quelque sorte dans la guerre leur principe fondamental ; la guerre elle-même, πόλεμος, tira son nom de πόλις, cité… Cette éternelle inimitié des peuples jeta beaucoup de jour sur le récit qu’on lit dans Tite-Live, de la première guerre d’Albe et de Rome : Les Romains, dit-il, avaient longtemps fait la guerre contre les Albains , c’est-à-dire que les deux peuples avaient longtemps auparavant exercé réciproquement ces brigandages dont nous parlons. […] De même que les Grecs, du mot χείρ, la main, qui par extension signifie aussi puissance chez toutes les nations, tirèrent celui de χύρια, dans un sens analogue à celui du latin curia.
Cette génération, en un mot, à peine montée, a tiré l’échelle des idées après elle. […] Il y aurait eu, si l’on avait voulu être entièrement vrai, à tirer de là une leçon toute naturelle sur les esprits non aguerris et non trempés qui entrent dans la politique et qui n’en recueillent que l’amertume. […] Le psychologiste en question peut se faire, selon moi, l’application de l’image : si ingénieux qu’il soit comme observateur, il n’a qu’une science de reflets et de miroitements, et, avec cela, il n’est pas peintre. — (Voir La Fontaine, et comment pour l’étude de l’homme, pour la connaissance de l’esprit, il était loin de s’interdire l’observation des animaux et les comparaisons tirées de l’histoire naturelle, fable première du livre X.)
Plein d’idées, capable d’invention, doué d’une promptitude ingénieuse et fine, tira-t-il de sa belle et puissante intelligence et de cette organisation si riche en semences secondes tout le parti qu’il aurait pu ? […] Arago, caractérisa heureusement l’intelligence à la fois forte et subtile de son ami, quand il la compara à la trompe, si merveilleusement organisée, dont l’éléphant se sert avec une égale facilité pour saisir une paille et pour déraciner un chêne. » Cela n’est pas tout à fait exact : Jeffrey n’a pas dit une telle chose ; c’est en parlant de la machine à vapeur et de ses merveilleux effets, et non de l’intelligence de Watt, qu’il a dit : « La trompe d’un éléphant qui peut ramasser une épingle ou déraciner un chêne n’est rien en comparaison. » Parlant de l’esprit de Watt, Jeffrey le peint plus délicatement : Il avait, dit-il, une promptitude infinie à tout saisir, une mémoire prodigieuse et une faculté méthodique et rectifiante pour tirer, comme par une chimie naturelle, quelque chose de précieux de tout ce qui s’offrait à lui, soit dans la conversation, soit dans la lecture. Tout sujet d’entretien lui était bon ; il acceptait volontiers celui qu’on mettait sur le tapis, et il étonnait les indifférents par les trésors qu’il tirait à l’instant de la mine qu’ils lui avaient offerte sans y songer.
Hâtons-nous de dire que Bailly ne paraît nullement avoir songé à en faire une arme contre la tradition ni contre des croyances révérées, comme plus tard cela se vit dans l’arsenal de Dupuis où s’arma Volney ; Bailly, plaidant entre Buffon et Voltaire, ne songeait qu’à défendre avec agrément et vraisemblance une opinion qui lui avait souri en étudiant les anciens peuples, à tirer tout le parti possible d’un jeu de la science et de l’imagination, et à satisfaire ce besoin d’un âge d’or en grand, qui était un des caractères optimistes de son temps et de son propre esprit. […] L’invention dépend essentiellement d’une certaine inquiétude de l’esprit qui sans cesse tire l’homme du repos, où il tend sans cesse à revenir. » Il y a un degré d’ignorance et de stagnation qui, selon lui, ne peut exister avec l’esprit inventeur : Quand je verrai dans la ménagerie de Versailles un éléphant qui ne produit pas, j’en conclurai que c’est un animal étranger, né sous un ciel plus chaud. […] M. de Mairan, ainsi défini, ressemble parfaitement à ce que Bailly aurait voulu être, à ce qu’il aurait peut-être été dans le souvenir des hommes, si les événements de la politique n’étaient venus le tirer brusquement de sa maison de Chaillot où il vivait en sage, et de sa fenêtre du Louvre où était aussi son observatoire, pour le porter au fauteuil de notre première assemblée publique, et l’installer bientôt en permanence au balcon populaire.
Vers la fin, il semble avoir tenté quelque chose d’impossible ; il exigeait trop de lui-même, il voulait mettre à des tableaux de nature une expression tirée du plus profond de l’âme, et qu’il faut rencontrer plutôt que l’aller chercher si loin. […] On pourra un jour tirer de ses lettres des pages intéressantes à propos d’Ingres toujours, et d’Horace Vernet. […] Feuillet de Conches de tirer de la précieuse correspondance qu’il possède assez d’extraits suivis pour qu’un second volume s’ajoute au premier.
Il n’avait donné que son Lucain, une suite de l’histoire romaine de Coeffeteau, tirée d’Aurelius Victor et autres, quelques versions de l’office de la Semaine sainte, des heures canoniales, des épîtres et Évangiles. […] Un autre jour, comme on débitait la prodigieuse nouvelle qu’un impie ayant tiré un coup de pistolet sur une enseigne de la Vierge au pont Notre-Dame, l’image s’était mise aussitôt à saigner, la princesse Marie, « dont le naturel doux avait toujours été facile à croire aux miracles », pria Marolles d’aller sur les lieux s’informer de la vérité du fait, dont quantité de personnes étaient venues lui parler, se donnant pour témoins oculaires. […] Il parle une fois très sensément contre l’astrologie judiciaire ; il paraît avoir une conception assez juste et assez saine du système du monde ; il démontre par des considérations physiques et naturelles la chimère qu’il y a à prétendre tirer des horoscopes sur la fortune des hommes ; et l’instant d’après, parlant d’un voyage en mer que fait devant Dieppe la princesse Marie et d’un vent violent qui, se levant tout d’un coup, aurait pu la mettre en danger : « Cela me fit souvenir, dit-il, d’un songe que j’avais eu la nuit précédente pour un certain débordement d’eaux que je m’étais imaginé, comme il arrive assez souvent. » Il ne croyait pas à l’astrologie, et il a l’air de croire aux songes.
À l’instant, toutes les énigmes qui l’avaient si fort inquiété s’éclaircirent à son esprit : le cours des cieux, la magnificence des astres, la parure de la terre, la succession des êtres, les rapports de convenance et d’utilité qu’il remarquait entre eux, le mystère de l’organisation, celui de la pensée, en un mot le jeu de la machine entière, tout devint pour lui possible à concevoir comme l’ouvrage d’un Être puissant directeur de toutes choses ; et s’il lui restait quelques difficultés qu’il ne pût résoudre, leur solution lui paraissant plutôt au-dessus de son entendement que contraire à sa raison, il s’en fiait au sentiment intérieur qui lui parlait avec tant d’énergie en faveur de sa découverte, préférablement à quelques sophismes embarrassante qui ne tiraient leur force que de la faiblesse de son esprit. […] En un mot, Rousseau ne fait dans ce morceau que mettre en action et commenter sous forme dramatique cette parole de la profession de foi du vicaire : « Oui, si la vie et la mort de Socrate sont d’un sage, la vie et la mort de Jésus sont d’un Dieu. » Et s’il conclut encore moins dans le songe que dans les pages de l’Émile, s’il n’éveille pas son philosophe pour tirer de lui un dernier mot, c’est qu’il n’a pas voulu le lui faire dire, c’est qu’il n’a pas osé conclure, et qu’il a reculé devant toute parole qui ne serait pas un hommage au Christ. […] Streckeisen-Moultou, qui nous promet de tirer de ses papiers de famille d’autres pièces intéressantes encore concernant Rousseau, a droit à nos remerciments ; qu’il me permette cependant une critique que je ne puis passer sous silence, et qui peut être utile pour l’avenir.
Guizot, et le lecteur impartial tire ses conclusions. […] Louis-Philippe tira un couteau de sa poche, en disant : « Quand on a été, comme moi, un pauvre diable vivant à quarante sous par jour, on a toujours un couteau dans sa poche. » Mais ce souvenir de sa misère ancienne le poursuivait trop quand il disait à M. […] Il me reste à tirer des Mémoires de M.
Il tirait sur nous, sur nos amis, mais il tirait bien. […] C’est plaisir de les gêner ; ils s’en tirent toujours, ils ne s’en trouvent que mieux ; et, comme il l’a reconnu lui-même, « la difficulté ajoute quelque chose à l’art 20. » Cependant chaque genre a ses écueils, et quelquefois, au point de vue du goût, M.
» — « Ils parlent allemand, et nous français ; ils nous tirent des coups de fusil, et nous leur répondons par des coups de canon. […] L’acier manquait, on n’en pouvait tirer du dehors, l’art de le faire était ignoré ; on demanda aux savants de le créer, ils y parvinrent ; et cette partie de la défense publique devint indépendante de l’étranger… La poudre était ce qui pressait le plus : le soldat allait en manquer. […] Elle déclara que ses produits annuels s’élevaient à trois millions de livres ; qu’ils avaient pour base du salpêtre tiré de l’Inde ; que des encouragements extraordinaires pouvaient les porter à cinq millions, mais qu’on ne devait rien espérer de plus.
C’était une rude affaire que de tirer de là un roi et un homme. Aussi, avec tous les soins de Fénelon et de ses collaborateurs, on n’en tira finalement qu’un saint, — c’est-à-dire plus et moins qu’un homme. […] C’est tiré d’un peu loin, c’est très mythologique, mais la leçon est aussi légère qu’ingénieuse ; elle est proportionnée au chagrin et à la contrariété du prince qui, très probablement, cette fois, n’avait été qu’un peu grognon et avait pris sur lui tant qu’il avait pu pour se modérer.
Il a tiré son coup de pistolet dans la rue, et chacun s’est retourné. Il avait tiré ce même pistolet trois ans auparavant dans une cave (comme lui-même il appelle poliment l’honnête journal qui lui avait prêté d’abord sa publicité clandestine), et personne n’y avait fait attention ; il a rechargé et tiré de nouveau avec la même balle en plein boulevard, en pleine rue Vivienne ; de là tapage et attroupement.
Gourgaud, Las Cases, Montholon, Bertrand, s’offraient à l’envi pour lui épargner les lenteurs d’une rédaction proprement dite, pour saisir sa pensée au vol et la fixer (sauf révision) sous sa dictée brûlante ; il refusait encore : « Que la postérité, disait-il, s’en tire comme elle pourra. […] Sa philosophie, à lui, restait toute pratique, non critique, non ironique, nullement pessimiste, mais toute en vue de l’usage qu’on peut faire, du parti qu’on peut tirer de ce merveilleux instrument qui s’appelle l’homme, dans une société, dans une nation. […] là elle se défend encore et par des raisons excellentes, judicieuses ou du moins dès plus spécieuses, appropriées au genre, tirées de la nature et de la grandeur même de l’œuvre en question.
Ajoutez que la pièce est dans la vraie mesure de l’art ; la moralité y est plutôt conclue qu’affichée ; elle reste à tirer, l’auteur ne l’impose pas ; et si l’on veut à toute force conjecturer que le jeune artiste au cœur trop faible, s’il avait écarté différemment, aurait trouvé un autre genre d’écueil dans le bonheur somnolent du mariage, comme il a trouvé sa perte sur la mer orageuse de la passion, il n’y a pas de raison absolue qui s’y oppose : vous êtes libre d’y rêver tout à votre aise. […] Si c’est une histoire, et comme elle prétend évidemment enseigner quelque chose, quel est cet enseignement qu’en veut tirer l’auteur ? […] Mais maintenant qu’il n’est plus en vue de la côte, qu’il est en pleine eau, il n’y a plus, pour s’en tirer, que la connaissance de ce vaste océan qu’un appelle la nature humaine.
On rapportait des guérisons de plus d’une sorte, faites par son intercession ; on en tirait des inductions favorables et triomphantes pour la cause augustinienne dont M. […] Despréaux demanda du secours pour tirer les mémoires qu’il lui faudrait de chez les secrétaires d’Ètat et d’ailleurs, et nomma M. de Valincour au roi, qui le lui accorda : sur quoi un homme d’esprit a dit que ce M. de Valincour serait le Résident de M. […] Racine : je les tire d’une lettre que m’a écrite une personne qui se trouva au petit discours que fit l’ecclésiastique de Saint-Sulpice qui avait accompagné le corps et qui le présenta, et à la réponse que fît le confesseur de la maison, nommé M.
On a réuni les deux genres en Italie ; l’invasion des peuples du Nord a transporté dans le Midi la tradition des faits chevaleresques, et les rapports que les Italiens entretenaient avec l’Espagne ont enrichi la poésie d’une foule d’images et d’événements tirés des contes arabes. […] L’Italie possédait les monuments anciens, et avait des rapports immédiats avec les Grecs de Constantinople ; elle tira de l’Espagne le genre oriental, que les Maures y avaient porté, et que négligeaient les Espagnols. […] Il n’existe point d’idées générales qui ne soient contredites par quelques exceptions ; mais l’esprit deviendrait incapable d’aucun résultat, s’il s’arrêtait à chaque fait particulier, au lieu de saisir les conséquences que l’on doit tirer de la réunion de tous.
Elle cessera aisément d’être particulière et complexe si elle l’est à peine ; on en tirera tout de suite la maxime si elle n’est que la maxime elle-même mal déguisée. […] Achille n’est pas seulement la force héroïque : c’est le jeune fils d’une déesse, le plus beau des Grecs, qui, outragé, pleure comme un enfant dans le sein de sa mère ; qui sur la grève solitaire chante avec la lyre en contemplant la mer immense ; qui console son ami affligé avec un accent aussi tendre et aussi ému que celui d’une jeune mère : « Pourquoi pleures-tu, Patrocle, comme une enfant qui ne sait pas encore parler, qui court après sa mère afin qu’on la prenne, la tire par sa robe, et l’arrête, et la regarde en pleurant pour être portée dans ses bras ? […] Que le lecteur tire du récit ce précepte ou cet autre, s’il est intéressé ou ému, nous sommes contents ; notre démonstration est assez solide, si est belle, et la fable est utile dès qu’elle a plu.