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1003. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre II. Diderot »

Littérateur, il hante les ateliers, il cause, il dispute ; il frotte ses idées contre leurs théories, son esthétique poétique contre leur esthétique pittoresque ou plastique.

1004. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens II) Henry Fouquier »

Il est à cent lieues du sadisme, qui serait, dans cette théorie, tout le contraire du don-juanisme.

1005. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface du « Roi s’amuse » (1832) »

C’est la ligue des intérêts froissés du mouvement des théories.

1006. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — I. La Poësie en elle-même. » pp. 234-256

Il prétend que les premiers philosophes hermétiques, c’est-à-dire, ceux qui travaillèrent au grand-œuvre & à faire de l’or, sont les pères de la mythologie ; qu’elle leur étoit un langage particulier ; qu’ils l’avoient imaginé, pour dérober au public la connoissance de leurs secrets ; que la poësie représentoit la théorie de leur art ; qu’il leur servoit à parler énigmatiquement pour les autres, & très-intelligiblement pour les adeptes, à peu près comme les francs-maçons, qui se reconnoissent à certains mots & à certains signes.

1007. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XV. M. Dargaud » pp. 323-339

Au xvie  siècle, dont il vient de nous donner l’histoire, il aurait été protestant, comme il est aujourd’hui, nous dit-il, purement théiste, comme il sera demain, si c’est possible, quelque chose de plus dégagé encore de la forme religieuse qu’un théiste, le progrès pour lui étant de briser de plus en plus la forme religieuse, comme l’oiseau qui, en croissant, briserait sa cage avec ses ailes : c’est enfin (je le regrette assez) un soldat sans chef, sans uniforme et sans discipline, de ce bataillon débandé et maraudeur du progrès indéfini, qui ne sait où il va, et qui prétend aller toujours ; mais malgré la fausse philosophie, malgré l’empoisonnement des théories modernes, malgré les amitiés d’idées et les prétentions candides d’une imagination bien assez poétique pour s’égarer, M. 

1008. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VI. »

Non ; il faut, en admirant le génie du poëte, reconnaître ses égarements et les imputer à ce culte matériel et corrupteur, à cette ivresse des sens où l’âme était plongée sous le beau ciel des Cyclades, entre les charmes de la nature et de l’art, devant les théories gracieuses qui déployaient leurs voiles blanches sur cette mer d’azur, et les processions de jeunes filles qui s’avançaient, en chantant, du rivage au temple de la belle déesse..

1009. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VIII. »

Né à Samos, voyageur en Orient et législateur de villes grecques en Italie, sa science des nombres, sa théorie morale de la musique, et la part qu’il lui donnait dans l’ordre même du monde céleste, attestent dès l’origine quelle influence l’imagination devait prendre sur la civilisation des Grecs.

1010. (1882) Autour de la table (nouv. éd.) pp. 1-376

On pourra donner des théories, des définitions du goût, tout le monde tombera d’accord ; mais apportez des preuves, citez des exemples, tout le monde disputera. […] Ceci nous conduira plus tard à examiner la théorie du réalisme, à laquelle M.  […] La théorie de M.  […] Goethe est le vrai père de cette théorie, tant discutée et si mal comprise de part et d’autre, de l’art pour l’art. […] Cette théorie de Goethe ne devait pas et ne pouvait pas avoir d’application puissante dans d’autres mains que les siennes : ceci exige quelques développements.

1011. (1890) Dramaturges et romanciers

Il y aurait beaucoup à dire sur cette théorie, qui, comme toutes les théories, renferme cependant une part de vérité. […] Cherbuliez dans l’exposition et le développement de ses théories. […] Ces personnages sont plutôt indiqués qu’esquissés ; cependant ils sont assez vivants pour n’être pas de simples ombres et de vaines personnifications de théories esthétiques : une légère étincelle les anime. […] L’orateur examine rapidement cette théorie, qui soutient mal l’examen, et l’écarté aussitôt. […] Si la théorie d’Empédocle est vraie, s’il y a une âme dans le sang, ce cheval a une âme.

1012. (1889) La littérature de Tout à l’heure pp. -383

Autant vaudra l’Œuvre, autant vaille la théorie. […] Pourrait-on même pas dire — l’œuvre du génie étant à nous comme un objet de la nature, comme une montagne ou un océan dont les aspects varient avec les points de vue — que ce divin poëme d’Éloa, outre tant de sens que le temps n’a pas fanés, avait encore, à sa date, la signification d’une haute satire de ces incohérentes théories qui donnaient au grotesque et au monstrueux accès dans l’Art ? […] Bouchor railla les aînés qui avaient trouvé, — et cela l’un et l’autre, non pas, rationnellement, en prose de théories et de doctrines, mais en vers. […] Verlaine, en son art poétique, prescrit « de la musique avant toute chose », il recommande expressément aussi « la nuance », et si le titre des Romances sans paroles confirme la théorie de M.  […] Dans leurs théories on verra s’épaissir ou s’évanouir les brouillards où dort l’aurore future, on constatera les effets, dans les Formules nouvelles, des causes recelées dans les Formules accomplies. — Résumant les théories, ne les discutant pas, n’exprimant que le moins possible une opinion sur la valeur des tentatives, je serai court.

1013. (1898) Essai sur Goethe

Il se donne raison contre tous : de même que les résistances des corps savants n’ébranlent point sa foi en sa théorie des couleurs, il demeure fidèle à sa philosophie qui semble un anachronisme. […] Goethe se fit donc de son égoïsme une théorie à la fois raisonnée et poétique, savante et spécieuse : c’est ainsi qu’il le changea en olympisme. […] Si nous relevons ces taches, qui restent à la charge du caractère de Goethe bien plus qu’elles ne ternissent son ouvrage, ce n’est point certes pour le médiocre plaisir de constater les faiblesses morales d’un grand écrivain : c’est parce que, selon la théorie même de notre auteur, théorie plus vraie pour lui que pour aucun autre, il existe un rapport constant, un lien indissoluble entre l’homme et son œuvre ; nous ne pouvons donc comprendre celle-ci que si nous savons à peu près à quoi nous en tenir sur celui-là. […] Paul Bourget pendant la première partie de sa vie littéraire, comme avec la théorie de la « culture du moi » que professe M.  […] Imbu des théories de Rousseau, il invoquait volontiers la « nature », dont il se préparait à jouir, non sans quelque affection, sur les bords de l’Ilm.

1014. (1923) Au service de la déesse

René de Planhol s’est amusé à recueillir les principales théories ou utopies de l’amour qui, depuis trois siècles, ont été à la mode. […] Yves Delage et Goldsmith ont publié Les théories de l’évolution. […] Il y a, pour élucider ce problème, une théorie d’un Claudelien très distingué, M. Robert Vallery-Radot, théorie qu’a résumée M.  […] La théorie de M. 

1015. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre III. La nouvelle langue. » pp. 165-234

Depuis longtemps les Cours d’amour en avaient établi la théorie en Provence. « Toute personne qui aime, disaient-elles, pâlit, à l’aspect de celle qu’il aime. —  Toute action de l’amant se termine par penser à ce qu’il aime. […] C’est la douloureuse et violente vie du catholicisme exalté et de l’Italie haineuse qui apparaît chez Dante ; en sorte que de chacun d’eux on pourrait tirer une théorie de l’homme et du beau. […] Cette conception, infiniment compliquée et subtile, œuvre suprême du mysticisme oriental et de la métaphysique grecque, si disproportionnée à leur jeune intelligence, ils vont s’user à la reproduire, et, par surcroît, accabler leurs mains novices sous le poids d’un instrument logique qu’Aristote avait construit pour la théorie, non pour la pratique, et qui devait rester dans le cabinet des curiosités philosophiques sans jamais être porté dans le champ de l’action. « Si220 la divine essence a engendré le Fils ou a été engendrée par le Père. —  Pourquoi les trois personnes ensemble ne sont pas plus grandes qu’une seule ? 

1016. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Cromwell » (1827) »

Des contemporains distingués, étrangers et nationaux, ont déjà attaqué, et par la pratique et par la théorie, cette loi fondamentale du code pseudo-aristotélique. […] Mettons le marteau dans les théories, les poétiques et les systèmes. […] C’est une théorie, non une poésie.

1017. (1895) La science et la religion. Réponse à quelques objections

« Dans l’hypothèse mosaïque de la création, — dit Hæckel, — deux des plus importantes propositions fondamentales de la théorie de l’évolution se montrent à nous avec une clarté et une simplicité surprenantes. » Mais, de plus, ajouterons-nous, « l’hypothèse mosaïque de la création » nous donne une réponse à la question de savoir d’où nous venons, et la théorie de l’évolution ne nous en donnera jamais8. […] Comptez encore ce qu’il y a de théories sur la date et sur l’auteur du quatrième Évangile !

1018. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

C’est l’excuse dont il couvre les théories insensées d’un d’Holbach ou d’un Lamettrie, et avec laquelle il se rassurait peut-être lui-même. […] Pas un crime n’a été commis qui n’ait pris sa source dans une de ces théories, si inoffensives aux yeux de Voltaire. […] Il essaye ensuite de réaliser ses théories, et il y dépense beaucoup de talent, d’énergie et de volonté. […] Malgré les théories de Maxime Ducamp, la poésie s’occupe assez peu de l’époque où elle vit, et tourne encore la tête vers le passé au lieu de regarder vers l’avenir. […] Devait-elle conserver ses théories agressives et moins faites pour la conciliation que pour le combat ?

1019. (1875) Revue des deux mondes : articles pp. 326-349

Pour comprendre le mécanisme du retour à la vie, il faut nous rappeler le mécanisme de la mort, et si la théorie que nous en avons donnée est bonne, les deux mécanismes doivent se contrôler réciproquement et pouvoir se déduire l’un de l’autre. […] En un mot, si les savants sont utiles aux philosophes et les philosophes aux savants, le savant n’en reste pas moins libre et complétement maître chez lui, et je pense, quant à moi, que les savants dans leurs laboratoires font leurs découvertes, leurs théories et leur science sans les philosophes. […] Cette vue qui consiste à considérer les propriétés vitales comme des espèces d’entités métaphysiques qu’on ne définit pas clairement, mais qu’on oppose aux propriétés physiques ordinaires, a entraîné sans doute la recherche dans les mêmes erreurs que les autres théories vitalistes. […] Bichat, en un mot, s’est trompé, comme les vitalistes ses prédécesseurs, sur la théorie de la vie ; mais il ne s’est pas trompé sur la méthode physiologique. […] Arriveront-ils ainsi à tout ramener à leurs théories et ne restera-t-il pas malgré leurs efforts un quid proprium de la vie qui sera irréductible ?

1020. (1932) Les idées politiques de la France

Les théories syndicalistes sont prises dans un mouvement d’idées doctrinales, et, malgré certaines oppositions superficielles, on est en droit d’y voir des modalités de l’idée socialiste, et de les reporter dans le courant plus général des idées socialistes. […] La flambée économique que la guerre européenne a provoquée en Amérique y a été accompagnée et éclairée d’une théorie concomitante, d’un activisme doctrinal, auquel peut-être le terrain avait été préparé par le pragmatisme. […] Concluons qu’entre : 1º l’économie politique qui lui a fourni une théorie jusqu’à la guerre ; 2o un industrialisme à tendances moitié saint-simoniennes, moitié américanistes ; 3º un traditionalisme agrarien de tendance nationaliste, — le capitalisme, si fort par la politique et surtout par la presse, n’a pas creusé nettement son courant d’idées, n’aboutit pas à une doctrine, n’arrive pas à dépasser le cercle où il est bien chez lui : un opportunisme d’intérêts. […] » et d’en tirer une théorie de la France mais, qu’il impute à l’esprit républicain. […] Les malveillants pourraient attaquer avec vraisemblance une théorie « de la paix mais… » qui ferait pendant à la théorie Ranc-Maurras de « la France mais… » « La paix à l’appel et sous l’égide de la France. » « La paix dans la force, l’honneur et la dignité. » Ce que je mets entre ces derniers guillemets n’est pas de moi : c’est la paix que voulait M. 

1021. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (2e partie). Littérature de l’Allemagne. » pp. 289-364

« On a souvent fait la remarque, peu consolante en apparence, que tout ce qui n’a pas ses racines dans les profondeurs de la pensée, du sentiment et de l’imagination créatrice, que tout ce qui dépend du progrès de l’expérience, des révolutions que font subir aux théories physiques la perfection croissante des instruments, et la sphère sans cesse agrandie de l’observation, ne tarde pas à vieillir. […] Dans ce livre, ainsi que dans la Chaumière indienne, et même dans les Études de la nature, déparées malheureusement par des théories aventureuses et par de graves erreurs de physique, l’aspect de la mer, les nuages qui s’amoncellent, le vent qui murmure à travers les buissons de bambous, les hauts palmiers qui courbent leurs têtes, sont décrits avec une vérité inimitable.

1022. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIIe Entretien. Montesquieu »

De tous ces écrivains législateurs, le plus sensé eût été incontestablement Machiavel, si Machiavel n’avait pas trop souvent la théorie de la tyrannie à la solde des tyrans. […] Le législateur est l’homme qui, mesurant l’absolu à la portée de la capacité humaine de son temps, n’en verse ni trop ni trop peu dans la coupe, et fait des lois et non des théories.

1023. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre VI. Bossuet et Bourdaloue »

Sa théorie du pouvoir royal est ce que l’on peut attendre d’un prêtre gallican, de famille parlementaire : les rois sont absolus, mais ils doivent respecter les lois, les droits des divers corps de la nation. […] Mais Bossuet ne fait la théorie de la monarchie que parce qu’elle est établie en France : sa doctrine politique, en réalité, n’est liée à aucune forme de gouvernement, précisément parce qu’elle est rigoureusement orthodoxe436.

1024. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre quatrième »

Il a voulu faire, d’un instinct naturel à tous les hommes, une science ; d’une croyance universelle, une théorie : entreprise sublime ! Mais cet instinct et cette croyance ne seront-ils pas toujours de meilleurs gardiens des vérités qu’ils nous révèlent que la science et la théorie cartésiennes ?

1025. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre quatrième. Les émotions proprement dites. L’appétit comme origine des émotions et de leurs signes expressifs. »

Descartes a beau dire : « L’étonnement est antérieur à toutes les autres passions, puisqu’il peut se produire avant que nous sachions aucunement si tel objet nous est convenable ou ne l’est pas » ; Descartes raisonne d’après les résultats présents de notre organisation très développée, devenue de plus en plus intellectuelle ; s’il avait connu la théorie de l’évolution, il eût compris qu’à l’origine l’étonnement dut être un mouvement de défensive, avec effort protecteur. […] Le vrai défaut de la théorie exposée par Spencer, c’est qu’elle est trop purement physiologique : il n’a pas tenu compte des effets différents produits par le caractère agréable ou pénible des émotions.

1026. (1896) Les origines du romantisme : étude critique sur la période révolutionnaire pp. 577-607

. — Les théories ont parfois de curieuses vicissitudes : un pasteur écossais, Malthus, invente une prétendue loi de population et aussitôt des sociétés de bourgeois honnêtes et modérés se fondent pour propager dans le peuple anglais l’art de ne pas procréer des enfants ; elles échouent ; en France, on assourdit le public de déclamations morales contre le malthusianisme et on le pratique au point d’inquiéter les statisticiens. […] L’homme en effet n’est pas l’être invariable des romantiques et des moralistes, qui répètent docilement la leçon des économistes ; et c’est sur cette prétendue invariabilité que ces défenseurs bien rétribués des privilèges capitalistes basent leur irrésistible réfutation des théories communistes.

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