On s’imagina que les grands hommes n’avaient exécuté leurs actions prodigieuses que par l’assistance des êtres immortels, et le poème épique embrassa bientôt dans ses récits tous les intérêts des habitants de la terre, du ciel, et des enfers. […] De tous les biens que Grégoire de Nazianze avait acquis, nous dit-il, en parcourant les terres et les mers, l’art de la parole était le seul qu’il estimait. […] Le monde entier lui répondra que ce fut celle qui exprima le mieux ce qu’il y a de meilleur, la liberté, intérêt recommandable et précieux à tous les peuples de la terre. […] Le silence de l’homme-dieu devant Hérode, qui le jugeait insensé parce qu’il méprisait les rois de la terre, est un des traits sublimes de l’Évangile. […] Toutes les fleurs semées dans la rhétorique des Romains se raniment sur la nouvelle terre où les transplante son soin judicieux.
Le monde est agité par l’inquiétude de chaque homme, et ces armées innombrables qui couvrent la surface de la terre, sont l’invention cruelle des soldats, des officiers, des rois, pour chercher dans la destinée quelque chose que la nature n’y a point mis, ou tout au moins, pour obtenir cette interruption momentanée de la durée successive des idées habituelles, cette émotion qui soulage du poids de la vie.
Quand mon esprit aspire à la pleine lumière, Je sens tout un passé qui le tient enchaîné ; Je sens rouler en moi l’obscurité première : La terre était si sombre, aux temps où je suis né !
En théorie, il est optimiste, absolument et sans examen ; il professe la croyance à la possibilité proche de la fraternité et de la répartition égale et durable des biens de la terre et des produits du travail.
La pensée est terre vierge et féconde dont les productions veulent croître librement, et, pour ainsi dire, au hasard, sans se classer, sans s’aligner en plates-bandes comme les bouquets dans un jardin classique de Le Nôtre, ou comme les fleurs du langage dans un traité de rhétorique.
Ils achetoient son amitié par des présens considérables, & flattèrent tellement son orgueil, qu’il croyoit faire les fonctions du juge suprême, & remplir sa place sur la terre.
Il m’a dit qu’il ne faut jamais Vendre la peau de l’ours qu’on ne l’ait mis par terre.
Au moment où j’écris, je ne doute point qu’il ne se fasse cent actions fortes sur la surface de la terre ; il s’en fait même dans le fond des forêts habitées par l’homme sauvage ; en aucun lieu du monde, il ne s’écrit peut-être pas une page sublime, sans en excepter nos capitales, le centre des beaux-arts.
C’est ce désir de voir les choses de très près, mais au jour des bonnes lumières naturelles, qui m’a donné l’idée de cette étude, assez terre à terre, et qui ne cherche point le fin du fin, je le confesse. […] ce monde, c’est précisément celui que M. le duc de La Rochefoucauld a vu sur cette terre. […] Une partie des graines ira dans les cailloux et dans les ronces, une partie seulement dans la bonne terre. […] On écoute, l’oreille contre terre. […] Il la considérait comme l’honneur du pays et comme le sel de la terre.
En vieille terre de France nous n’avons pas le sens du diminutif. […] C’est ici que repose mon camarade, sous cette terre froide. […] Et celle femme, elle gît ensevelie sons la terre. […] La Terre et La Bête humaine sont ses Amadis. […] Sa Terre promise est un beau roman.
En cette Babel d’industrie, c’était comme une promenade dans un songe, où un élève de l’École centrale aurait montré à Paris, inondé du rendez-vous des peuples et de la fraternisation de l’Univers, un raccourci en liège de tous les monuments de la terre…. […] * * * — Un chalet d’opéra-comique et de vaudeville, sur le balcon duquel on s’attend toujours à voir des groupes chanter une ronde, comme au théâtre, en levant au ciel des flûtes de Champagne ; un jardin qui n’est presque qu’une salle à manger en treillage, avec des médaillons de célébrités en terre cuite, fouillés par Garrier-Belleuse : c’est le chalet de l’administrateur des eaux, C…, une maison dont on tourne sans cesse le bouton de cuivre, maison toujours mangeante, chantante, recueillant au passage toutes les notoriétés, et toutes les voix jeunes et vieilles : hier les frères Lionnet, aujourd’hui le vieux Tamburini ! […] Ç’a été un spectacle étonnant et tout inattendu, que ce gros Farnèse de Bonnet, étendu, aplati par terre, rendu inerte, la puissance de sa masse brisée sous cet homme, à tête de satin noir, couché presque doucement sur lui avec la pesée légère et fantastique d’une chimère et d’un cauchemar. […] Le coup partit, à l’instant où la silhouette du Suédois se levait de terre. « Je crois avoir touché, mon capitaine », dit le pointeur, et la canonnade continua toute la journée. […] Il vient de recevoir de lui une lettre désespérée, dans laquelle il lui dit, que dans l’ancienne patrie de Phidias, il n’y a plus de modèle, plus même de terre à modeler, et qu’un sculpteur qu’il a fini par découvrir lui déclarait que, lorsqu’en Grèce, quelqu’un s’avisait de vouloir faire une œuvre d’art quelconque, il se rendait à Rome, et qu’à Athènes on ne sculptait absolument plus que d’après des gravures.
En tout sujet, il garde cette suprême discrétion, cet art d’indiquer sans appuyer, ces réticences, ce sourire qui ne va pas jusqu’au rire. « Dans ma Défense de l’Esprit des lois, disait-il, ce qui me plaît, ce n’est pas de voir les vénérables théologiens mis à terre, c’est de les y voir couler tout doucement. » Il excelle dans l’ironie tranquille, dans le dédain poli463, dans le sarcasme déguisé. […] Si les hommes écoutent le moraliste qui gronde, ils se précipitent sur les pas du magicien qui les charme ; les femmes surtout, les jeunes gens sont à celui qui leur fait voir la terre promise. […] Chaque fois qu’une veine de talent, si mince qu’elle soit, jaillit de terre, c’est pour propager, porter plus avant la doctrine nouvelle ; on trouverait à peine deux ou trois petits ruisseaux qui coulent en sens contraire, le journal de Fréron, une comédie de Palissot, une satire de Gilbert.
Quand l’enfant, sans soupçon, fut assis par terre, occupé à tresser sa première natte, j’ouvris la seconde porte donnant sur la cour du cloître, une corbeille de criblure de froment à la main pour les ramiers, et je me dirigeai vers le puits, pour tirer l’eau dans les auges et pour en remplir les cruches des prisonniers. […] C’est une belle loi de Lucques, n’est-ce pas, celle-là, c’est une loi de vrais chrétiens qui donne le temps de revenir à Dieu avant que de quitter la terre, et qui suppose déjà innocents ceux à qui Dieu lui-même va pardonner au tribunal de sa miséricorde ? […] lui dis-je, Hyeronimo, mon frère, mon compagnon dans le paradis comme sur la terre, ce sera la vie, sois-en sûr !
Les procès l’assaillent en foule ; on en veut à ses terres, à son argent. […] Ce diplomate croit aux instruments diplomatiques, aux droits créés par les conventions de chancellerie, à la validité des titres poudreux et archaïques : terre d’Empire n’est pas terre de France, et il s’arrête, avec son maître Louis XI, devant cette distinction.
Je serai le véritable Nazaréen, tandis que, renonçant aux vanités et aux superfluités de la terre, je n’aurai d’amour que pour les belles choses et ne proposerai à mon activité d’autre objet ici-bas. […] Les cheveux ont repoussé sur ma tête ; mais toujours je fais partie de la sainte milice des déshérités de la terre. Je ne me tiendrai pour apostat que le jour où des intérêts usurperaient dans mon âme la place des choses saintes, le jour où, en pensant au Christ de l’Évangile, je ne me sentirais plus son ami, le jour où je prostituerais ma vie à des choses inférieures et où je deviendrais le compagnon des joyeux de la terre, Funes ceciderunt mihi in praeclaris !
La volition n’avait point disparu, mais elle était sans efficacité… L’eau de rose dont ta tendresse avait humecté mes lèvres, au moment suprême, me donnait de douces idées de fleurs, — fleurs fantastiques infiniment plus belles qu’aucune de celles de la vieille terre…. […] Et le corbeau sans voleter, siège encore, — siège encore, sur le buste, pallide de Pallas, juste au-dessus de la porte de ma chambre, et ses yeux ont toute la semblance des yeux d’un démon qui rève, et la lumière de la lampe ruisselant sur lui, projette, son ombre à terre ; et mon âme, de cette ombre qui gît flottante à terre, ne s’élèvera jamais plus 8.
Cet homme ne s’asseyait jamais qu’à terre. […] Il était de la faction des dieux de la terre. […] Il semblait alors que la Terre fût plutôt en Asie qu’ailleurs.
On a dit, un jour, que la Terre se tut devant Alexandre. […] La Terre ne se tait jamais devant personne. […] Elles ne sont pas souillées et déformées sous leurs pas en tombant du ciel en terre ; ils ne les ont pas vues se changer dans leurs mains en hideuses caricatures.
Il n’y a pas jusqu’au cochon de la légende, dans lequel le symbolisme profond du Moyen Âge voyait la personnification des vices de l’humanité qui traînent encore derrière le talon des plus saints dans leur sillon de lumière, où la légion des farceurs, qui est éternelle, ne vît je ne sais quelles sales et sottes analogies entre ce porc, gris ou noir, encapuchonné de ses oreilles et baissant humblement son groin vers la terre, et le moine qu’il accompagnait et qu’il fallait bien (histoire de rire !) […] sous la terre. […] Au lieu de grandir et de fortifier son talent, elle le débilita et le réduisit à ce radotage innocent de Bouvard et Pécuchet, sur lequel il comptait pour nettoyer la terre du bourgeoisisme et des bourgeois.
Il n’a rien d’ailleurs du soldat laboureur qui met lui-même la main à la charrue ; mais il est bien pour nous le représentant de la haute noblesse militaire et rurale, je l’ai dit, ménageant et administrant admirablement ses terres, bâtissant et fortifiant ses châteaux, les embellissant, se promenant sur des terrasses ou dans de longues allées de grands arbres le long d’un canal, les jours où il ne se promène pas de préférence dans les grandes halles pleines de canons qui étaient entre l’Arsenal et la Bastille ; et le soir, même quand il est aux champs et dans la tranquillité, aimant à rentrer dans un château flanqué de six tourelles, comme l’était la Bastille encore, ou comme l’était son château de Villebon, et à dormir derrière les fossés et les ponts-levis. […] Retiré dans ses terres et châteaux, il ne mourut que le 21 décembre 1641, à l’âge de quatre-vingt-deux ans, et vit toute la grandeur et toute la restauration monarchique accomplie par le glorieux ministre de Louis XIII.
C’est ainsi qu’après l’assassinat de Blois, Mézeray paraît douter que Henri III, du moment que Guise est par terre, « soit sorti de son cabinet l’épée à la main comme victorieux, qu’il lui ait mis le pied sur le front ; que, revenant par deux ou trois fois et faisant lever la couverture pour voir s’il ne respirait point encore, il ait demandé aux uns et aux autres s’il était mort. […] Il n’est pas mal, après un temps de vogue et de renom, de s’écouler dans la foule, d’être de ceux qui aiment à vivre et à mourir aussi près de terre que possible.
je la brisai : — elle tomba à terre. […] Je suis un brave drapier qu’on estime à la ronde : certainement, pour cette fête, mon ami le décatisseur me prêtera sa bête. » Il est convenu aussi qu’on emportera le vin du logis, car le vin cette année-là est cher. « Le matin venu, la chaise s’avance, mais non jusqu’à la porte, afin qu’on ne puisse pas dire que Mme Gilpin est fière. » Surviennent les contretemps du voyage : au moment où part la chaise de poste, Gilpin, prêt à la suivre et déjà en selle, voit arriver trois pratiques ; on ne refuse jamais des pratiques, et il met pied à terre pour les servir.
Il y eut même un moment où, en achetant à vie la comté de Tourney, du président de Brosses, Voltaire se trouva, à plus de titres encore, le seigneur qualifié de quelques-uns même des gros bonnets de Genève qui avaient des terres dans le ressort de Tourney. […] Voltaire se moque quelque part du bruit qui avait couru qu’on allait ériger sa terre de Ferney en marquisat : « Le marquis Crébillon, le marquis Marmontel, le marquis Voltaire, ne seraient bons qu’à être montrés à la foire avec les singes de Nicolet. » C’est avec son goût qu’il se moque du titre ; mais son esprit, sa nature était aristocratique au fond, et cette fois sa première impression l’a emporté plus loin, il a été brutalement féodal.
Eh bien, hier j’ai ressenti un vrai plaisir ; on suit l’âpre échine de la montagne sous la maigre couche de terre qu’elle bosselle de ses vertèbres ; le gazon pauvre et dru, battu du vent, brûlé du soleil, forme un tapis serré de fils tenaces ; les mousses demi séchées, les bruyères noueuses enfoncent leurs tiges résistantes entre les fentes du roc ; les sapins rabougris rampent en tordant leurs tiges horizontales. […] J’ai deux vallées sous les yeux, qui semblent deux petites bandes de terre perdues dans un entonnoir bleu.