C’est la Folie & l’Amour qui prennent querelle au sujet du pas de préséance.
Joignez-y l’indigence et ces infortunes de l’âme dont la religion est le seul remède, et vous aurez tout le sujet du poème.
Son style est froid, mais ses raisonnemens sont profonds, & il tire d’un sujet toutes les réfléxions qu’il fournit.
Qui ne croirait sur le sujet qu’il est rempli de variété et de mouvement ; que des Amours les uns s’exercent à percer un cœur de flèches, les autres à s’élancer comme des traits, à voler avec vitesse et légèreté, à dérober un baiser, à déranger un mouchoir, à relever un jupon, à donner le croc-en-jambe à une bergère, à tromper un mari jaloux[,] à rendre adroitement un billet, à grimper à des fenêtres, à séduire une surveillante, etc. ?
En effet, la poësie et les expressions en sont aussi touchantes que celle du tableau où Raphaël a traité le même sujet, et l’execution du sculpteur, qui semble avoir trouvé le clair-obscur avec son cizeau, me paroît d’un plus grand mérite que celle du peintre.
Les décisions des gens du métier, bien que sujettes à toutes les illusions dont nous venons de parler, ne laissent point d’avoir beaucoup de part à la premiere réputation d’un ouvrage nouveau.
Oui, c’est un sujet à tenter le pinceau d’un grand artiste : Prendre huit verres, remplis chacun d’un vin différent, et les peindre avec une telle vérité qu’on puisse dire, au premier coup d’œil jeté sur la toile, le cru de chaque vin et l’année !
Le sujet du livre est la conversion d’une belle juive qui devient chrétienne pour épouser un seigneur français, ou qui épouse un seigneur français pour devenir chrétienne.
De la sagesse philosophique que l’on a attribuée à Homère Nous accorderons, d’abord, comme il est juste, qu’Homère a dû suivre les sentiments vulgaires, et par conséquent les mœurs vulgaires de ses contemporains encore barbares ; de tels sentiments, de telles mœurs fournissent à la poésie les sujets qui lui sont propres.
Je reviendrai tout à l’heure sur ce sujet. […] C’est pourtant le sujet qu’ils traitent le mieux. […] Et puis le sujet est heureux et nous touche profondément. […] Il parlait sur tous les sujets avec beaucoup de raison et d’intelligence. […] L’espace me manque pour un si grand sujet.
Huet est assez formel à ce sujet dans ses Origines de Caën ; il l’est plus encore dans son Commentaire latin sur lui-même : « Des gens mal informés, y dit-il, ont pris pour une injure que j’aurois voulu causer à la renommée de Segrais ce que j’ai écrit dans les Origines de Caën ; mais je puis attester le fait sur la foi de mes propres yeux et d’après nombre de lettres de Mme de La Fayette elle-même ; car elle m’envoyoit chaque partie de cet ouvrage successivement, au fur et à mesure de la composition, et me les faisoit lire et revoir. » Enfin Mme de La Fayette disait souvent à Huet, qui avait mis en tête de Zayde son traité de l’Origine des Romans : « Savez-vous que nous avons marié nos enfants ensemble ? […] Nous l’avons été autrefois pour des bagatelles112. »Et dans les Mémoires de Mme de La Fayette sur les années 1688 et 1689, à propos de la comédie d’Esther, on lit : « Elle (madame de Maintenon) ordonna au poëte de faire une comédie, mais de choisir un sujet pieux : car, à l’heure qu’il est, hors de la piété point de salut à la cour aussi bien que dans l’autre monde… La comédie représentoit, en quelque sorte, la chute de Mme de Montespan et l’élévation de Mme de Maintenon ; toute la différence fut qu’Esther étoit un peu plus jeune et moins précieuse en fait de piété. » En citant ces paroles de deux femmes illustres, je ne me plais pas à en faire ressortir l’aigreur qui gâta une longue affection. […] Rœderer a mille fois raison au sujet des relations de Molière avec le monde de Mmes de Sévigné, de La Fayette, et en montrant que la pièce des Femmes savantes ne les regardait en rien. […] Il est à remarquer qu’à l’endroit où on lui fait dire cela, dans le Segraisiana, on lui prête une erreur au sujet du roman qui aurait été le sien : il parle en effet de la rencontre de M. de Nemours et de Mme de Clèves chez le joaillier, tandis que c’est M. de Clèves qui y rencontre celle qui doit être sa femme.
C’est que Le Quénoy répondit à un amateur éclairé qui le regardait travailler, et qui craignait qu’il ne gâtât son ouvrage pour le vouloir plus parfait : vous avez raison, vous qui ne voyez que la copie ; mais j’ai aussi raison, moi qui poursuis l’original qui est dans ma tête… ce qui est tout voisin de ce qu’on raconte de Phidias qui projettant un Jupiter, ne contemplait aucun objet naturel qui l’aurait placé au-dessous de son sujet ; il avait dans l’imagination quelque chose d’ultérieur à nature. […] Les poëtes, prophètes et presbytes, sont sujets à voir les mouches comme des éléphans ; les philosophes myopes, à réduire les éléphans à des mouches. […] On ne peut se tirer avec succès d’un pareil sujet que par la magie de la peinture, aussi Robert l’a-t-il fait : son tableau est très-beau et de très-grand effet. […] Il prépare bien le lieu, mais il ne trouve pas le sujet de la scène.
Je n’ai point à analyser ces discours qui d’ailleurs ne sentent point du tout le panégyrique, et qui se recommandent par une étude consciencieuse de l’écrivain célèbre qui en était l’occasion et le sujet. […] Comme Térence, avec qui il a plus d’une ressemblance pour le fond des sujets, il a de ces grâces de diction et de ces finesses rapides qui enchantent.
Daru, le sujet d’un marché plutôt que d’un traité. Le doge remit la réponse à huitaine, et, à cette date, il ne la donna encore que sous la réserve qu’il faudrait faire agréer la décision à l’assemblée du peuple, s’estimant assuré d’ailleurs de l’adhésion de son grand Conseil, qu’il avait sondé à ce sujet.
Saint François de Sales court de çà et de là et sort de son sujet, ou du moins voltige alentour ; il chante comme un oiseau en sautant de branche en branche ; il a l’ébriété de la vigne mystique, et il ne le cache pas. […] Aujourd’hui, je n’ai pu qu’effleurer le sujet ; ces choses de spiritualité ne sauraient se donner en grande quantité à la fois.
Pourquoi sommes-nous ainsi faits en France, que lorsqu’un homme distingué et de talent n’est pas entré à un certain jour dans le courant de la vogue et dans le train habituel de l’admiration publique, nous devenions si sujets à le négliger et à le perdre totalement de vue ? […] Il ne faudrait pas croire cependant que toutes les notes du voyage de Ramond soient de ce ton, qui deviendrait fatigant à force de sublimité ; il proportionne son langage à ses sujets ; il a ses anecdotes piquantes ; et, quand il traite une question historique ou physique, il y est tout entier.
Cet écrivain laborieux et instruit, ayant été ministre de France à Turin sous le Directoire, y apprit à fond la littérature italienne et y amassa les matériaux du cours qu’il professa, et de l’ouvrage qu’il écrivit ensuite, sur ce sujet alors très nouveau. […] Ainsi dès l’entrée de L’Enfer (chant III) : Per me si va nelta città dolente ; Per me si va nell’eterno dolore ; Per me si va tra la perduta gente… « Toute oreille, a dit à ce sujet M. de Chateaubriand, sera frappée de la cadence monotone de ces rimes redoublées où semble retentir et expirer cet éternel cri de douleur qui remonte du fond de l’abîme.
Dans le temps qu’il tyrannise Mme de Châtillon, un des amis de celle-ci, Vineuil, écrit à la dame pour lui faire hontep : « Vous êtes devenue le sujet continuel de toutes les conversations. […] Après plus de vingt ans d’exil, il est revenu dans un état humilié, sans charge, sans emploi, sans considération parmi les courtisans, et sans aucun sujet raisonnable de rien espérer.
Dans un autre voyage et séjour à Forges, bien des années après, on le voit conversant de toutes sortes de sujets, et notamment de l’astrologie judiciaire, dans la chambre de la princesse avec les doctes visiteurs qu’il y rencontre : « C’est ainsi, ajoute-t-il après le résumé d’un de ces entretiens où il a brillé, que nous agitions tous les jours quelque belle question pour le divertissement de celle qui nous ordonnait de parler, et qui se plaisait en cette sorte d’entretiens. » Pendant vingt ans et plus (1623-1645) l’abbé de Marolles fut ainsi l’homme de lettres familier, le latiniste ordinaire, une façon de bibliothécaire de la princesse Marie ; sa curiosité y trouvait son compte. […] Tout en envisageant ces dignités ecclésiastiques d’une manière beaucoup trop mondaine, il eut pourtant le bon sens de reconnaître ses limites et de sentir qu’il n’avait rien de la capacité ni de la vocation épiscopale : « Car pour en dire la vérité, bien que je tinsse à honneur d’avoir été proposé pour un état si sublime, si est-ce que, ne m’en trouvant pas digne, je me contentais seulement d’avoir donné sujet d’en parler. » C’était déjà, en effet, beaucoup d’honneur pour lui qu’on eût songé, un moment, à en faire un évêque.
Il est de niveau avec les grands sujets qui s’offrent à sa vue, mais il aime peu à se baisser pour cueillir des fleurs. […] Entre les faits et lui, pour peu qu’il y eût retard, son imagination était sujette à projeter des systèmes : combien de fois à ses débuts, quand il voulait découvrir trop de choses, et trop vite, avec les seuls yeux de l’esprit, le sourire fin de Daubenton, l’homme du scalpel, l’avertit et l’arrêta !
Joseph de Maistre, qui distinguait toujours entre la cour et le cabinet autrichien, avait eu des paroles fort vives ; car il ne pouvait s’empêcher de les avoir fort vives, fort ardentes, sur tous les sujets qui lui traversaient la pensée. […] Ce n’est pas le jour d’une bataille qu’on la gagne, c’est le lendemain et quelquefois deux ou trois jours après. » Et il conclut que Koutousov n’a pas eu la force de gagner la bataille. — Sur tout sujet, en toute rencontre, on n’a pas plus de trait, de mordant.
Nous avons à rappeler l’idée même et le sujet de l’important travail qu’il vient de mener à fin. […] Sayous le sujet de ses chapitres peut-être les plus intéressants et les plus neufs.
Thiers, et je m’attache avec lui à l’homme qui vient de tomber de la scène de l’histoire et dont la vie, désormais confinée à Sainte-Hélène, n’est plus que le sujet de la plus magnifique des biographies. […] Il ne supportait à ce sujet ni une plaisanterie, ni un sourire équivoque.
Rousset, sans sortir de son sujet, a trouvé moyen de le fertiliser et de le nourrir. […] Son cœur seul put être rapporté en France, Le major du régiment de Champagne, M. de Vignolles, appelé par le mourant, et qui avait reçu ses derniers soupirs, écrivait du camp près de Cologne, le 28 juin 1758 : « Nous venons de perdre le meilleur sujet du royaume et la plus belle âme ; il était doué de trop de vertus pour vivre dans un siècle aussi corrompu.