Les proses comprennent, outre des morceaux de pur métier, une sorte de conte médiéval, La mort du page, d’une mélancolie charmante encore qu’un peu jeune. […] La femme restée seule vivante sur la colline du sacrifice croit voir, dans une sorte de songe éveillé, le Christ descendre de sa croix : l’ancien crucifié vient donner au crucifié nouveau le baiser de paix. […] Je salue en deux sortes de poèmes une sincérité égale : dans les uns, le poète, ému de sa merveilleuse diversité, exprime avec fougue ou en souriant chacun de ses aspects, chacun de ses moments, se réjouissant surtout à ce qu’il y a d’extrême en lui.
Il débordait de cette double ardeur où s’amalgamaient une pensée rapide et ferme, une énergie active et magnifique, d’où résultait une force conquérante, une sorte d’équilibre entièrement dynamique, toujours en création, en mouvement, en progrès, en travail, en combat, en conquête. […] Avec un prodigieux mélange de raison et de violence magnifiques, avec cette résolution que son esprit exceptionnellement lucide joignait à une sorte de fougue méthodique, il assurait que les assauts vainqueurs étaient obtenus par le sacrifice résolu, la témérité contagieuse de quelques meilleurs, de même que la panique venait du cri, même absurde, d’un seul. […] Une sorte de poussière recouvre leur pensée ; mais ils existent très nombreux et pour les voir en beauté on peut songer à Renouvier.
On ne peut nier non plus l’instinct de sociabilité des animaux quand on les voit, non-seulement se réunir et s’associer accidentellement pour la chasse et la guerre, comme les loups, mais encore vivre en communauté, former des sortes de républiques, comme les abeilles, les fourmis et les castors. […] D’une part, l’école dite rationaliste, l’école de l’a priori, ainsi que l’appelle Stuart Mill, avait abusé des idées innées, des vérités soi-disant indépendantes de l’expérience, produit d’une sorte de faculté révélatrice qu’elle nomme raison. […] Et c’est la conscience qui a raison contre la science, parce qu’elle est seule compétente dans ces sortes de problèmes.
L’un des types le plus complet de cette sorte de journaliste est assurément M. […] Avec une semblable méthode, cependant, le critique ne se vouera plus à cette sorte de travail qui consiste à éplucher les textes, non sans pédanterie, à s’acharner sur quelque détail, tout en négligeant la pensée harmonieuse, l’ensemble général de l’œuvre dont il veut rendre compte. […] Il les a regardés avec une sorte de tendresse mêlée d’une pitié vague, avec ce genre d’émotion triste et résignée qu’exprima dans des toiles mémorables le peintre François Millet. […] Malgré cette sorte d’enflure brillante qui est commune à tant d’auteurs, Retté, je crois, n’eut sans doute jamais aspiré à prendre un rôle aussi éclatant, aussi sûr. […] L’auteur est avant tout un amant, qui écrit dans une sorte d’extase, qui baigne perpétuellement dans l’atmosphère enchantée de la vie amoureuse.
La seule excuse qu’un homme ait d’écrire, c’est de s’écrire lui-même, de dévoiler aux autres la sorte de monde qui se mire en son miroir individuel ; sa seule excuse est d’être original ; il doit dire des choses non encore dites et les dire en une forme non encore formulée. […] Une telle sorte d’art fut pratiquée jadis, à la suite du Roman de la Rose, par de pieux romanciers qui firent, en des livrets d’une gaucherie prétentieuse, évoluer des abstractions et des symboles. […] Il a réussi une œuvre vraie ; il a trouvé un cri sourd inentendu, ne sorte de gémissement frileusement mystique. […] Un romancier encore a besoin d’une large érudition et de toutes sortes de notions que l’on n’acquiert solides que lentement, par hasard, par le bon vouloir des choses et la complaisance des événements. […] De sincérité nulle, caractère de femme, de fille, nativement méchant et même féroce, Rimbaud a cette sorte de talent qui intéresse sans plaire.
Il leur a fait mettre leurs mains dans les siennes, jurer de respecter leur roi comme s’il était leur conscience, et leur conscience comme si elle était leur roi ; de ne point dire de calomnie et de n’en point écouter ; de passer leur douce vie dans la plus pure chasteté ; de n’aimer qu’une jeune fille, de s’attacher à elle ; de lui offrir pour culte des années de nobles actions. » Il y a une sorte de plaisir raffiné à manier un pareil monde ; car il n’y en a point où puissent naître de plus pures et de plus touchantes fleurs. […] Il y a dans l’herbe de grands bœufs couchés, des moutons aussi blancs que s’ils sortaient du lavoir, toutes sortes de bestiaux heureux et modèles, capables de réjouir l’œil d’un amateur et d’un maître. […] Voilà ce monde élégant et sensé, raffiné en fait de bien-être, réglé en fait de conduite, que ses goûts de dilettante et ses principes de moraliste renferment dans une sorte d’enceinte fleurie et empêchent de regarder ailleurs. […] Nous montons quatre étages, nous trouvons un appartement verni, doré, paré d’ornements en stuc, de statues en plâtre, de meubles neufs en vieux chêne, avec toutes sortes de jolis brimborions sur les cheminées et sur les étagères. « Il représente bien », on peut y recevoir les amis envieux et les personnages en place.
« Ceux d’entre les principaux disciples qui étaient habitués dans les royaumes voisins, et qui n’avaient pas assisté aux funérailles, vinrent à leur tour faire les cérémonies funèbres, et apportèrent, comme une sorte de tribut, chacun une espèce d’arbre particulier à son pays, pour contribuer à l’embellissement du lieu qui contenait les respectables restes du sage qui les avait instruits. […] L’histoire est le miroir de ma conscience : dans les autres je vois ma propre image, et j’entends, dans le jugement que je porte de mes prédécesseurs, le jugement qu’on portera de moi-même. » « Ces sortes de journaux sont dans les mœurs de la nation chinoise. […] Mon unique consolation est de ne prononcer que sur les crimes évidents, et aucune sorte de travail ne me coûte pour m’en assurer. […] « Quoique j’aie déjà poussé ma carrière jusqu’à la soixante-huitième année de mon âge, je me sens encore aussi fort et aussi robuste que je l’ai jamais été ; je ne suis sujet à aucune sorte d’infirmité.
Il y en avait de toute sorte : l’italien de Naples, moitié espagnol, moitié francisé, moitié grec, moitié lazzarone ; on ne pouvait tenter ce mélange, plus propre à faire rire que pleurer. […] De cette méthode, que j’ai voulu caractériser avec détail, il est peut-être résulté une chose : c’est que mes tragédies dans leur ensemble, et malgré les nombreux défauts que j’y vois, sans compter tous ceux que peut-être je n’y vois pas, ont du moins le mérite d’être, ou, si l’on veut, de paraître pour la plupart venues d’un seul jet et rattachées à un seul nœud, de telle sorte que les pensées, le style, l’action du cinquième acte s’identifient étroitement avec la disposition, le style, les pensées du quatrième, et ainsi de suite, en remontant jusqu’aux premiers vers du premier, ce qui a du moins l’avantage de provoquer, en la soutenant, l’attention de l’auditeur, et d’entretenir la chaleur de l’action. […] Une sorte de ressemblance entre nos caractères, une même façon de penser et de sentir (bien plus rare, bien plus remarquable chez lui, dont la vie était si différente de la mienne), un besoin mutuel de soulager nos cœurs du poids des mêmes passions, que fallait-il de plus pour nous unir bientôt d’une vive amitié ? […] Mais quand j’ai imprimé ce livre, je n’ai pas voulu, avec le froid des années et le pédantisme de mon petit savoir, étouffer le feu de la jeunesse, et la généreuse, la légitime indignation que j’y vois briller à chaque page, et dont l’éclat n’ôte rien à une sorte de franche et véhémente logique qui me paraît y dominer le reste.
Il nous dit donc en substance que nous avions commis un crime d’État, et que nous étions coupables de lèse-majesté ; que nous avions comploté contre l’Empereur, et qu’on en relevait la preuve dans le secret observé à son égard et à l’égard des autres cardinaux intervenus ; que nous devions cependant nous en ouvrir à lui, ministre des cultes, étant, en cette qualité, notre supérieur ; que le secret dont nous nous étions enveloppés prouvait aussi la malice de nos pensées et notre conspiration contre l’Empereur ; que nous n’avions pas voulu être éclairés sur la fausseté de notre opinion concernant le prétendu droit privatif du Pape dans les causes matrimoniales entre souverains, car si nous eussions agi de bonne foi, et si cette fausse idée eût été le véritable motif de notre conduite, nous aurions cherché à être mieux édifiés ; ce que lui et les autres auraient très facilement fait et avec succès, si nous nous étions entretenus de cela avec lui et avec eux ; que notre crime aurait de très graves conséquences pour la tranquillité publique, si l’Empereur, par sa force prépondérante, n’empêchait que cette tranquillité ne fût compromise ; qu’en agissant de la sorte, nous avions tenté de mettre en doute la légitimité de la succession au trône. […] « Quand il eut terminé je pris la parole, et je répondis que nous étions accusés à tort de complot et de rébellion, crimes indignes de la pourpre et de notre caractère personnel ; que notre conduite avait été très simple et très franche ; qu’il était faux que nous eussions fait un secret de notre opinion à nos collègues intervenus, que nous leur avions même parlé à ce sujet, mais avec la mesure qui était nécessaire afin de nous garantir de l’accusation d’avoir cherché à recruter des prosélytes pour accroître le nombre des non-intervenants ; que si, malgré notre prudence, on nous traitait de la sorte, on nous aurait blâmés bien davantage si nous avions endoctriné ceux dont l’avis était contraire au nôtre ; qu’aucun d’eux ne pouvait nier de bonne foi que nous ne lui avions pas manifesté notre opinion et les motifs sur lesquels elle se basait ; que nous n’avions pas, il est vrai, fait des ouvertures au ministre des cultes, mais que nous étions allés chez le cardinal Fesch, auquel, comme à notre collègue et à l’oncle de l’Empereur, nous avions cru pouvoir parler avec plus de liberté et moins de publicité, justement pour envelopper la chose dans le mystère ; que le plus ancien d’entre nous lui avait confié, avec abandon et sincérité, notre détermination ; que nous lui avions aussi suggéré le moyen d’empêcher tout éclat, en le priant d’obtenir de l’Empereur qu’on ne nous invitât pas, et qu’il voulût bien se contenter de l’intervention de ceux qui étaient d’un avis différent du nôtre, et qu’on n’avait pas accepté ce moyen terme. […] « En parlant de la sorte, il se plaça à son bureau et rédigea des brouillons de phrases et des projets que l’on aurait pu, sous forme de modèle, accepter et copier dans la lettre pour l’Empereur. […] Nous déclarions ensuite qu’il n’y avait jamais eu de complot entre les cardinaux ; que la conduite tenue par nous résultait de nos sentiments propres, manifestés tout au plus dans des entretiens confidentiels ; que l’idée de voir le Pape exclu de cette affaire avait été la véritable cause de notre abstention ; qu’en agissant de la sorte, nous n’avions pas prétendu nous ériger en juges, ni semer dans le public des doutes sur la validité du premier mariage, ou sur la légitimité des enfants qui naîtraient du second ; qu’enfin il nous restait à prier Sa Majesté de bien se convaincre de notre obéissance.
Je fis doucement sortir le gentil habitant de sa demeure, et en retirai les œufs à l’aide d’une sorte d’écope que j’avais façonnée pour cela. […] Partout où ces sortes de rochers existent, j’ai vu ou entendu de ces oiseaux durant la saison des œufs. […] Durant l’hiver, ils se nourrissent, en attendant mieux, de baies de différentes sortes ; très adroits à découvrir les insectes empalés sur les épines par la pie-grièche de la Caroline, ils les dévorent avec avidité. […] Après plusieurs essais, nous réussîmes à la lancer par-dessus la branche brisée de façon à ce que les deux bouts revinssent toucher la terre ; ensuite, m’étant armé d’un grand bambou, je grimpai sur l’arbre au moyen de cette sorte de câble et parvins sans accident jusqu’à la branche sur laquelle je m’assis.
Il rédigea ensuite une sorte de traité de critique et de poétique à son intention. […] Goethe, en effet, s’occupe beaucoup de la France et du mouvement littéraire des dernières années de la Restauration ; il est peu de nos auteurs en vogue dont les débuts en ces années n’aient été accueillis de lui avec curiosité, et jugés avec une sorte de sympathie ; il reconnaissait en eux des alliés imprévus et comme des petits cousins d’outre-Rhin. […] Par une sorte de flatterie envers les Allemands, auxquels il devait faire tant de mal, il avait pris quelque connaissance de la littérature allemande ; il était d’ailleurs versé dans la littérature latine, et avait édité Horace. […] Je fis quelques pas en arrière, et me tins près du cabinet dans lequel, il y a plus de trente ans, j’avais passé bien des heures, tantôt de plaisir, tantôt d’ennui… L’Empereur se leva, vint vers moi, et, par une sorte de manœuvre, me sépara des autres personnes au milieu desquelles je me trouvais ; leur tournant le dos, et me parlant à demi-voix, il me demanda si j’étais marié, si j’avais des enfants, et me fit toutes les questions habituelles sur ma situation personnelle.
Les arts qui ont rompu avec l’ordre établi ou qui ont eu à se développer en l’absence de l’ordre, prennent une allure, ont un accent que ne tolère pas cette sorte de salon qu’est une société bien organisée. […] Néanmoins on discerne chez la plupart des écrivains une sorte d’effort critique sur eux-mêmes et sur leur temps pour acheminer la France intellectuelle à ses destinées normales et pour l’aider à remplir son rôle d’initiatrice, d’excitatrice et de guide dans l’évolution du monde moderne. […] Je crois que la Littérature n’a rien à gagner à ces sortes de discussion. […] Et ce sont ces hommes, dont les traits, aux yeux de l’univers, représentent la France moderne, que l’on voudrait montrer aujourd’hui dans une sorte de fresque grotesque, brossée avec des fards et des tons cadavériques, à la Van Dongen, comme une troupe de bouffons noirs, de canailles emphatiques, de gâteux grandiloquents, de diaboliques gredins, je ne crains pas de le dire, ceux qui agissent ainsi font, au regard de la vérité critique, une œuvre impie et méprisable, et, si l’on se place au point de vue national, une besogne de malfaiteurs.
Il se peut qu’un Verlaine, un Mallarmé aient obtenu de la sorte quelques effets inattendus de délicatesse caressante ; il se peut qu’ils aient réussi à charmer quelques initiés par de petits morceaux raffinés où il n’est pas très nécessaire de savoir ce qu’on veut dire. […] Des cantilènes populaires sont l’origine et le noyau de nos chansons de geste, et, plus tard, les jongleurs qui les débitent en font une sorte de récitatif ou de mélopée, comme ce Taillefer « qui moult bien cantait » et qui, en tête de l’armée de Guillaume le Conquérant, lançait à pleine voix la Chanson de Roland, vraie Marseillaise de ce temps-là. […] De la sorte, si l’on veut que chacune reste à la place qui lui appartient, c’est la poésie qui commande d’abord, tandis que la musique est obligée de se plier docilement aux inventions du poète, aux rythmes qu’il a choisis, à l’accent tonique des mots qu’il a entrelacés. […] Si l’historien peut glaner de la sorte quelques renseignements utiles, plus riche est la moisson qu’il a droit d’espérer des fêtes religieuses ou patriotiques, populaires ou princières, auxquelles l’esprit a été si souvent intéressé.
6 mars Tant d’ennuis, tant de contrariétés, une sorte de désespoir de la vie venant de ses impitoyables taquineries, nous ont mis en bon état philosophique pour le refus de notre pièce : ce sera une amertume qui passera dans la masse. […] Par une porte on entrevoit la bibliothèque, les rayons de bois blanc, le désordre de gros livres brochés, roulés et empilés à terre, des outils d’érudition moyenâgeuse et orientale, des in-quarto de toutes sortes, au milieu desquels un fascicule d’un lexique japonais, et sur une petite table les épreuves de Saint Paul qui dorment, et, par les deux fenêtres, une immensité de vue, une de ces forêts de verdure cachées dans les murs, et la pierre de Paris, le vaste parc Galliera, cette ondulation de têtes d’arbres que dominent des bouts de bâtisses religieuses, des dômes, des clochers, et qui mettent là un peu de l’horizon pieux de Rome. […] Nous restons stupéfaits de la légèreté qui préside aux clauses, aux vérifications de toutes sortes, sous la conduite étourdie de notaires folâtres, feuilletant l’acte en causant de choses légères : vrais tabellions de pantomimes, légers, volages et hannetonnant, et qui ne savent rien du premier mot de l’affaire, ni du contrat qu’ils font signer. […] Un singulier persifleur, ce fils Giraud : un bouffon sentimental, galant et un peu poitrinaire, disant aux femmes d’une voix soupirante, avec un sourire de jeune faune, des choses énormes et de terribles blagues de tendresse, — une sorte de guitarero de l’ironie de l’amour.
Ces hommes, que l’on pourrait être tenté de considérer comme des types, l’auteur les réalise jusqu’au bout par mille traits adventices, les implique dans des épisodes, de menues aventures, les complique et les diversifie de toute manière, les met sans cesse en opposition avec eux-mêmes, use en un mot non pas de la méthode romanesque habituelle qui consisterait à les rendre le plus plausibles et le plus nus possible, mais d’une sorte de méthode historique fictive dans laquelle le personnage est d’abord posé comme existant, puis est narrée une histoire sans omission d’écarts ou de contradictions. Le prince Pierre est sans doute par certains côtés le Russe et la Russie, lourd, bon, à peine dégrossi, avec de pesants instincts animaux, sourdement inquiet cependant et ne sachant comment vivre ; mais il est aussi un débauché ordinaire, un idéologue enthousiaste de Napoléon, de la franc-maçonnerie, un homme timide, gauche, myope, amoureux, d’une certaine sorte d’humeur avec ses domestiques, un mari ayant avec sa femme des relations particulières de colère et de faiblesse. […] La contrainte de connaître et l’impuissance d’aimer ce qui leur répugne, le désir graduel et l’incapacité de supprimer ces causes d’aversion ou d’en dériver l’esprit, cette alternative de se soumettre, de se renier ou de souffrir sans recours, conduit chez des esprits de cette sorte à une âpre lutte des deux ordres de facultés inversement froissées ; chez Tolstoï, le sentiment triompha de l’intelligence. […] Pour remonter enfin de cette connaissance des dehors essentiels et subjectifs, de cette connaissance des corps, des physionomies, des actes, des situations, des conditions, à la sorte de mouvements psychiques qu’ils causent ou dont ils sont causés, Tolstoï dut posséder tout d’abord une notion absolument exacte du seul rapport d’homme à âme qui lui était accessible, du sien, — et compléter cette intuition par des aptitudes miraculeuses au raisonnement par analogie pour autrui, par la divination des variations de la relation entre le monde et les êtres selon la variété de ces derniers, par d’audacieuses, sagaces et instinctives hypothèses, par une souveraine imagination psychologique qui lui ouvrit le cœur des simples et des femmes, comme l’esprit des méchants et des penseurs.
Il faut citer quelques-uns de ces mots de lui, et un peu au hasard, pour qu’il y en ait de toutes les sortes. […] Dans ses lettres écrites à M. de Ségur, et datées d’Otchakov, de ce triste siège où, malgré les lenteurs et les intrigues, il y avait eu pourtant quelques brillantes canonnades et des combats, le prince de Ligne parlait du prince de Nassau, ce brillant paladin, sorte de chevalier errant par tous les pays, tour à tour et à volonté colonel d’infanterie, de cavalerie, ou vice-amiral.
Ce n’était sans doute qu’un dégoût passager qui le faisait parler de la sorte. […] il débuta de la sorte : Sire, Si le monde parlait ici à la place de Jésus-Christ, sans doute il ne tiendrait pas à Votre Majesté le même langage.
La facilité avec laquelle je travaillais m’a permis d’embrasser beaucoup d’objets à la fois, et de suffire à une assez lourde tâche ; de telle sorte que je suis peut-être redevable, en fin de compte, à mes études d’Horace et de Cicéron, du peu de succès que j’ai eu dans ma vie administrative et politique. […] C’était une sorte de Raynouard, me dit-on, pour la vigueur et la simplicité, mais plus distingué et plus étendu, qui avait connu les cours et les camps, et qui avait participé aux plus grandes affaires.
C’était pour le duc de Chevreuse enfant qu’Arnauld avait composé par une sorte de gageure la Logique dite de Port-Royal. […] Ces courtes entrevues si observées, et que chacun dévorait du regard, ont été peintes par Saint-Simon avec ce feu de curiosité et de mystère qu’il met à tout ce qu’il touche : il en a même un peu exagéré le dramatique, car, dans l’un des cas, il fait de Saumery, qui était à côté du prince, une sorte d’espion et d’Argus farouche, tandis que ce n’était qu’un ami et un homme très sûr.
Pour qu’il ne soit pas dit que je ne cherche chez lui que les leçons aux grands et aux puissants, dans ce même Sermon sur l’honneur, où il énumère et poursuit les différentes sortes de vanités, il n’oublie pas les hommes de lettres, les poètes, ceux aussi qui, à leur manière, se disputent le renom et l’empire : Ceux-là pensent être les plus raisonnables qui sont vains des dons de l’intelligence, les savants, les gens de littérature, les beaux esprits. […] Cousin une sorte d’éblouissement.
On conçoit d’ailleurs ces dissidences naturelles et cette sorte d’antipathie instinctive entre une école scientifique tout analytique et précise, et une autre qui ne se refusait ni l’éclat ni les couleurs ; mais d’Alembert se laissait emporter à ses préventions personnelles lorsqu’il disait à propos des systèmes de Bailly et de Buffon qu’il associait dans sa pensée : « Supplément de génie que toutes ces pauvretés ; vains et ridicules efforts de quelques charlatans qui, ne pouvant ajouter à la masse des connaissances une seule idée lumineuse et vraie, croient l’enrichir de leurs idées creuses… » Dans la familiarité de la correspondance et lorsqu’il n’est point retenu par le public, d’Alembert s’abandonne souvent ainsi à des injustices presque injurieuses, dites d’un style assez commun. […] Son jugement sur les choses publiques en est affecté et va changer dès lors de point de vue : lui qui jusque-là considérait la Révolution comme une sorte de grand chemin uni où l’on n’avait qu’à marcher droit en se tenant, il croira, à dater de ce moment, à je ne sais quel moteur invisible et qu’il ne désigne pas ; il lui attribuera toutes les fausses nouvelles, les craintes, les défiances, ce qui corrompra et dénaturera désormais la liberté : « Pour avoir tissu et suivi ce plan abominable, il faut, disait-il, et un esprit profond et beaucoup d’argent.
Contremont vont les grands bateaux jusques à Niort, où il y a douze lieues ; infinis moulins et métairies insulées ; tant de sortes d’oiseaux qui chantent ; de toute sorte de ceux de mer : je vous en envoye des plumes.
On eut le Henri IV à la Collé, du moins le plus gai de tous, — le Henri IV à la Legouvé, et précédemment à la Bernardin de Saint-Pierre, une sorte de Henri dans le genre de Stanislas le philosophe bienfaisant. […] Je ferai en sorte, Dieu aidant, que l’Église sera aussi bien qu’elle était il y a cent ans ; j’espère en décharger ma conscience, et vous donner contentement.
Il se plaît à ce jeu, il se met à rédiger chaque pensée avec soin, et tout aussitôt avec talent : une sorte de grandeur de vue se mêle insensiblement sous sa plume à ce qui ne semblait d’abord que l’amusement de quelques après-dînées. […] La Rochefoucauld échappe à cette loi presque inévitable, et, dans ces matières délicates et subtiles, lui qui n’avait pas lu les anciens et qui les ignorait, n’obéissant qu’aux lumières directes de son esprit et à l’excellence de son goût, il a, aux endroits où il est bon, retrouvé, soit dans l’expression, soit dans l’idée même, une sorte de grandeur.