IV Il se rouvre dans une vaste plaine sans horizon, sous un ciel gris comme le soir d’automne d’un jour qui va bientôt rentrer dans l’éternité mystérieuse. […] L’heure du soir allonge l’ombre des maisons sur la rue ; la foule rentre escortant la colonne fugitive. […] Une fois le soir venu, quand le feu de ses paroles avec ses amis est évaporé, il devient doux et maniable, et il sent ses torts envers les autres. […] « Comme le voyageur qui, le soir, fixant encore ses regards sur les derniers rayons du soleil, voit flotter son image dans un bosquet obscur, puis auprès d’un rocher, et, de quelque côté qu’il se tourne ensuite, croit toujours la voir courir devant lui et se reproduire en couleurs étincelantes, ainsi la suave image de la jeune fille se montre aux yeux d’Herman et paraît suivre le sentier qui s’en va à travers les champs de blé… Mais, ce n’est pas une illusion, c’est elle-même ! […] Un jardin l’entourait, un ruisseau en bordait les pelouses ; un banc de bois sur le seuil ombragé d’arbustes permettait au solitaire de venir assister le soir aux adieux resplendissants du soleil et aux concerts des oiseaux, dont il interprétait si bien les gazouillements dans ses vers.
. — La Voix du soir (1890). — De l’aube aux ténèbres (1893). — Les Symphonies pyrénéennes (1897).
Bon soir, mon ami, à la prochaine fois Robert.
Vivre à sa guise, se payer une voiture par semaine et l’omnibus tous les soirs, ne rien devoir à personne : tel est l’idéal. […] Chaque soir on s’assemblait chez Catulle Mendès, le Mécène de la bande, et, durant des heures, on théorisait à perdre haleine. […] … Ils parlent dans le soir, d’un air avertisseur. […] Un soir la conversation tombe sur la reine captive : — Comment supporte-t-elle sa détention ? […] Bientôt le cercle s’élargit et, un beau soir, Rougeville se trouva assis à table à côté de Michonis.
Pour moi, qui n’ai point pris racine sur la terre, Je m’en vais, sans effort, comme l’herbe légère Qu’enlève le souffle du soir. […] Quand la feuille des bois tombe dans la prairie, Le vent du soir se lève et l’arrache aux vallons ; Et moi je suis semblable à la feuille flétrie : Emportez-moi comme elle, orageux aquilons ! […] ………… Ainsi, quand je partis tout trembla dans cette âme ; Le rayon s’éteignit et sa mourante flamme Remonta dans le ciel pour n’en plus revenir ; Elle n’attendit pas un second avenir, Elle ne languit pas de doute en espérance, Et ne disputa pas sa vie à la souffrance : Elle but d’un seul trait le vase de douleur, Dans sa première larme elle noya son cœur, Et, semblable à l’oiseau, moins pur et moins beau qu’elle Qui le soir, pour dormir, met son cou sous son aile, Elle s’enveloppa d’un muet désespoir, Et s’endormit aussi, mais, hélas ! loin du soir… « Elle est morte pour lui, dit Sainte-Beuve, c’est dommage.
L’assemblée s’est terminée à 7 heures du soir. Le soir du même jour, à 8 heures, arrivait à Bayreuth le train des Viennois. […] Dans la première semaine d’août, la première représentation de l’œuvre entière doit avoir lieu de la façon suivante : Dimanche : à 7 heures du soir, le rheingold ; Lundi : à 4 heures, premier acte de la Walküre, à 6 heures deuxième, à 8 heures troisième ; (de longs entractes offriront un repos au public dans les environs du théâtre, et aux artistes dans des locaux arrangés près de leurs loges). […] Je prie donc les membres de l’Association qui ne seraient pas en scène le dernier soir, de me faire le sacrifice de mettre encore cette fois le costume de leur rôle pour ne pas trancher péniblement avec les acteurs de Goetterdaemmerung et aussi pour donner encore une fois — peut-être à moi-même seulement — un coup d’œil sur toute cette œuvre extraordinaire. » Bibliographie44 Katalog einer Richard Wagner-Bibliothek, par Nikolaus Oesterlein, deuxième volume (chez Breitkopf et Hiertel, 1 vol. in-8°, de 356 pages, à 12 fr. 50).
Castellan se servit, sous Henri II, du crédit que lui donnoit sa place de Grand-Aumônier, pour assurer des fonds qui fournissent à la subsistance des Filles-Repenties, qui, avant ce temps, alloient mendier le jour, & ne revenoient que le soir dans leur retraite ; genre de vie qui pouvoit les exposer à de nouveaux repentirs.
Il n’est pas inutile de confronter le point de départ avec le point d’arrivée, le frais tumulte du matin avec l’apaisement du soir, et l’illusion avec la conclusion.
Ils vivaient la tête, le cœur et la main, dans ce siècle… Ils soupaient tous les soirs avec les Revenants de ce siècle qu’ils faisaient revivre sous leur plume, Cagliostros plus magiciens que Cagliostro ! Celle-là qui s’appela un soir Iphigénie en Champagne, leur avait versé du sien… Depuis ce temps-là, les années sont venues, avec les mélancolies qu’elles apportent.
alors, c’est trop difficile… Mais le soir, au repas, on reparla du projet. […] Le soir, à table, pour me punir, on changeait mon couvert de place. […] C’était toujours une des tantes ; grand-père, qui souffrait d’un catarrhe, ne sortait pas le soir. […] — Non, non, je ne la sors jamais le soir, elle pourrait s’enrhumer. […] C’était un soir, où nous traversions la cour, en rangs, deux par deux, pour aller de la classe au réfectoire.
A la sortie de la paie, après force litres, notre sublime rentra à onze heures du soir moitié ivre et accompagné d’une prostituée du plus bas étage. […] Busnach dans les coulisses de l’Ambigu, un soir que l’on donnait La jeunesse de Louis XIV. […] » Le soir même, M. […] … Pas de pain, ce soir, pour commencer. […] » — Mais, puisque les applaudissements ont été accordés à la plus grande partie de l’œuvre, puisque le public se pressa tous les soirs aux portes de l’Ambigu, il faut croire que la question est intéressante.
Auguste Desplaces L’auteur de la Cape et l’Épée est un de ces charmants esprits qui ont pour lyre une mandoline et dont la voix n’a jamais plus de fraîcheur que les soirs de printemps, sous les balcons, lorsque des yeux très éveillés luisent à travers la persienne.
Ainsi nul œil, Ulric, n’a pénétré les ondes De tes douleurs sans borne, ange du ciel tombé ; Tu portes dans ta tête et dans ton cœur deux mondes, Quand le soir, près de moi, tu viens triste et courbé.
Voici, selon le Manuscrit de ma mère, l’emploi de la journée : « La messe tous les jours à sept heures ; lecture de la Bible ; leçon de grammaire ; lecture de l’histoire de France ou de l’histoire ancienne ; le soir, après dîner, quelques vers des fables de La Fontaine ; puis la prière en commun accompagnée d’une petite méditation improvisée à haute voix. » — À dix ans, on le met dans une petite pension, à Lyon. […] ……… Cependant le char roule, Il nous entraîne, et nous suivons la foule Vers ces jardins par Le Nôtre plantés, D’un peuple oisif chaque soir fréquentés. […] Repose-toi, mon âme, en ce dernier asile, Ainsi qu’un voyageur qui, le coeur plein d’espoir, S’assied, avant d’entrer, aux portes de la ville, Et respire un moment l’air embaumé du soir. […] Un beau soir qui s’endort dans son lit de nuages. […] Dans toutes ces images, Dans ces ondes, dans ces nuages, Dans ces sons, ces parfums, ces silences des cieux, Dans ces ombres du soir qui des hauts lieux descendent, Et dans ces horizons sans bornes, qui s’étendent Plus haut que la pensée et plus loin que les yeux.
ben, c’est un soir que je déblatérais contre Duval, que ton ami Cernay m’a dit : « Pourquoi ne choisis-tu pas un autre nom ? […] Un soir, on l’appelait en hâte pour mettre une charbonnière coupée en morceaux à même de figurer utilement dans une confrontation judiciaire. […] Moi qui ai soif de liberté, je vais me glisser un de ces soirs entre les barreaux. […] Sur les huit heures du soir nous partîmes, ma mère, ma tante Adélaïde et tous les enfants, dans un omnibus, afin de ne pas attirer l’attention. […] Le 11 avril 1814, vers onze heures du soir, le silence du palais de Fontainebleau fut tout à coup troublé par des gémissements et par le mouvement d’allants et venants.
[Courrier du soir (2 avril 1883).]
Parfois, le soir, cette eau sans vie et sans lumière, Au bruit d’un pas furtif parti d’une clairière, Brusquement se réveille et tressaille. — Il en sort Tout effaré, le cou raidi, criant d’angoisse Ennui les rameaux nus, qu’il éclabousse et froisse, Un canard au jabot de moire, — vert et bleu.
Un brouillard dérobait la côte voisine ; le vaisseau de saint Louis, en s’approchant le soir à force de rames, heurta contre un banc et reçut un si grand choc, que chacun criait : Hélas ! […] Et ces choses vous montrai-je parce que celui-là est bien fol et hardi qui s’ose mettre en tel péril, avec le bien d’autrui sur la conscience ou en péché mortel ; car l’on s’endort le soir là où on ne sait si on ne se trouvera pas au fond de la mer. […] On fait route non sans accidents merveilleux ; car, un soir, le vaisseau se trouve en vue d’une terre ou d’une île qui était, ce semble, aux Sarrasins, et, après avoir marché ou cru marcher toute la nuit, le lendemain on reconnaît qu’on n’a fait aucun chemin, et qu’on est encore en vue de la même terre ; cela se renouvelle par deux ou trois fois : on s’estime fort en danger d’être aperçu et pris.
Dans la lecture de Sénèque, ce passage surtout m’a souri (épître xii) : Pacuvius, qui s’appropria la Syrie à titre de prescription, célébrait tous les soirs ses obsèques par des flots de vin et des repas funéraires : de la salle du festin ses compagnons de débauche le portaient en pompe dans sa chambre, et un chœur de mille voix chantait autour de lui : Il a vécu, il a vécu ! […] Casaubon, je désire vous veoir et vous communiquer ung affaire que j’ay fort à cueur : c’est pourquoy vous ne faudrez, incontinent la présente receue, de vous acheminer en ce lieu et vous y rendre pour le plus tard dimanche au soir, et m’asseurant que vous n’y manquiez, je ne feray celle-cy plus longue que pour prier Dieu qu’il vous ait en sa sainte garde. — Ce soir, de Fontainebleau, ce 28e jour d’avril 1600.
Arrivé sur le soir à Hypate, la première ville qu’il rencontre, et descendu chez le vieil avare auquel on l’a assez maladroitement adressé, il se couche sans souper ; mais le lendemain matin, éveillé avec le jour, il ne songe plus qu’à satisfaire sa soif d’aventures. […] Tout cela est bien conduit ; un air d’hilarité mal contenue qu’il remarque de temps en temps sur les visages de la foule tempère à peine l’effroi croissant de l’accusé ; mais lorsque, invité par le magistrat à soulever le manteau qui recouvre le cadavre des victimes, il se trouve n’avoir transpercé que des outres pleines de vin, — des outres qui étaient, il est vrai, enchantées ce soir-là, — un rire frénétique, inextinguible, éclate et monte jusqu’aux cieux. […] Que le tout soit prêt le soir, à son retour !
La première scène se passe, j’en demande bien pardon pourtant aux amateurs de l’idéal, dans un omnibus, — oui, dans un omnibus : « Un de ces soirs, dit l’auteur, le Diable, après avoir corrigé dans quelque imprimerie la trente-septième édition de ses Mémoires par M. […] l’on ne voudrait pas surtout que le monde prît rien à votre amour ni qu’il lui donnât rien ; que le cher enfant ne vous apportât rien le soir des dégoûts, des ennuis du jour ; qu’il ne fût ni dandy, ni bourgeois, ni goujat, ni vilain, ni gentilhomme, rien de commun ! […] Il faut au moins s’entrevoir… « Vous allez voyager, il est tout simple de vous dire que vous penserez quelquefois à moi ; pensez-y surtout quand le soir viendra et que la voiture montera lentement une côte ; imaginez que je suis auprès de vous et que nous ne sommes pas seuls, mais que j’ai pris votre main sous votre mantelet.
Mais le soir on se reposait, on secouait sa fatigue, et la chambre de l’artiste se remplissait d’amis et de camarades qui se dédommageaient par une orgie de paroles d’avoir travaillé ou rêvé tout le jour : « Ces nuits, disait Gavarni en les dépeignant de sa plume la plus vive, ces nuits résument bien la journée elle-même. […] tel est le soir d’une victoire ! […] Tel autre passe des heures accoudé sur son journal ; tel a toujours l’œil à son baromètre ; tel qui se croit moins fou a la voisine d’en face qu’il lorgne du matin au soir ; celui-ci a la chasse à l’affût où il se morfond, celui-là la pêche à la ligne où il s’enrhume.
Que leur fait d’appeler, de baptiser du nom de Lisette une espèce de sainte, une bonne vieille qui, au coin d’un feu paisible, relit et rumine du matin au soir la Bible et qui, en fait de chansons, ne sait par cœur que les Psaumes de Marot ? […] Ainsi l’on dit, trompé par la désinence si douce qui insinue aux ignorants le féminin, les belles dimanches, le soir de la dimanche. […] Le soir un magnifique bal a réuni quatre-vingts femmes desquelles vous devinez qui n’était pas.
Voici une page que je trouve parfaite en son genre : lisez haut, lisez bien, accentuez et scandez chaque mot, chaque membre de phrase, comme Jean-Jacques le voulait pour son monologue de Pygmalion, et vous sentirez quelle est, en ce genre du pittoresque écrit, l’habileté de MM. de Goncourt : « Sept heures du soir. […] Devant moi, sur la rive en face, des ligues d’arbres, à la verdure jaune et chaude encore de soleil, trempent et baignent dans la chaleur et la poussière des tons du soir, dans ces glacis d’or qui enveloppent la terre avant le crépuscule. […] qui n’a observé que la pluie, qui est comme tenue en suspension dans l’air tant que le soleil est sur l’horizon, se met souvent à tomber vers six heures du soir !