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514. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Appendice — Début d’un article sur l’histoire de César »

On en a vu ainsi, sans une goutte du sang héréditaire dans leurs veines, sans un seul trait primitif du génie fondateur de la race, en devenir, à force d’application, de méditation et de culte, les dignes et légitimes héritiers.

515. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bouchor, Maurice (1855-1929) »

Jean Richepin, qui l’accuse de n’avoir dans les veines que du sang bleu.

516. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre VIII. La Fille. — Iphigénie. »

Jésus-Christ n’a pas soif de sang ; il ne veut pas le sacrifice d’une passion.

517. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Doyen » pp. 244-247

Je vous ai dit dans le temps ce que j’en pensais, et ce soldat renversé sur son cheval abattu, percé d’un dard, et dont le sang descendant le long de la crinière du cheval allait teindre les eaux du Xante, m’est encore présent.

518. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre IV. Des éloges funèbres chez les Égyptiens. »

en prononçant sur lui, songez à leur sang. » Ainsi, au pied de ce tribunal de l’Égypte, retentissaient les plaintes des malheureux : mais il manquait quelque chose à la justice ; il eût été à souhaiter que l’oppresseur entendît sous sa tombe, et que sa froide cendre pût frissonner.

519. (1890) Impressions de théâtre. Quatrième série

Le meurtre engendre nécessairement le meurtre ; cela est dit vingt fois. « Qui tue doit périr, et le sang expie le sang. […] Si vous refusez, elle met tout à feu et à sang… Au reste, qui sait ? […] Elle me demande aujourd’hui tout mon sang : il est à elle. » Eh ! il sait pourtant bien que ce n’est pas la république, mais une bande de sanglants coquins, qui « lui demande tout son sang ». […] Sang de Chalier, coule dans mes veines !

520. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre II. Lois de la renaissance et de l’effacement des images » pp. 129-161

C’est que les images, ainsi qu’on le verra plus tard, ont pour conditions certains états de l’encéphale ; dès lors on comprend qu’une altération, un afflux, un appauvrissement du sang, un changement quelconque de la substance cérébrale puisse empêcher ou rétablir l’éveil de certains groupes d’images. […] Tous les mots et toutes les phrases allemandes avaient déserté ma mémoire ; c’est seulement après que j’eus pris de la nourriture et du vin et que je me fus reposé quelque temps que je les retrouvai. » — Des accidents semblables ne sont point rares après les fièvres cérébrales ou les grandes pertes de sang. […] Point du tout ; au bout de deux ou trois minutes, les objets si nettement aperçus se fondent en vapeurs ; et ces vapeurs s’évanouissent ; une demi-heure après, j’aurais peine à dire mon rêve ; pour m’en souvenir plus tard, je suis obligé de l’écrire à l’instant. — C’est que l’état physiologique et l’afflux du sang dans le cerveau ne sont pas les mêmes dans le sommeil et dans la veille, et que le second état, favorable au réveil de ses images, n’est pas favorable au réveil des images du premier état.

521. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Francesco Pazzi fut découvert couché dans un lit pour y étancher le sang de sa blessure. […] Je suis parti dans cette intention ; et peut-être est-ce la volonté de Dieu, que, comme cette guerre a commencé par le sang de mon frère et par le mien, elle se termine aujourd’hui par mon intervention. […] Du moment où leur sang eut coulé, les Médicis furent rois sans couronne.

522. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVe entretien. Chateaubriand, (suite) »

La France, qui suait le sang sur l’échafaud de la Terreur depuis trois ans, et qui avait horreur et peur d’elle-même, cherchait à retrouver son équilibre et son ordre matériel dans la force de ses armes et dans la pacification de ses doctrines. […] Decazes, le plus doux des hommes, cette phrase suspecte et terrible à propos de l’assassinat du duc de Berri : Les pieds lui ont glissé dans le sang. […] Mais l’aristocratie était son sang ; il était né grand.

523. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre cinquième »

C’est à l’imitation étrangère qu’appartiennent ces désespoirs, ces alternatives de feu et de glace, ces cœurs Meurdris, couverts de sang, percés de toutes parts, Au milieu d’un grand feu qu’allument des regards ; ces vies « ravies par des yeux foudroyants, ces yeux « où le beau soleil tous les soirs se retire » ; ces plaies incurables, et tout ce détail du martyre amoureux : … les angoisses mortelles, Les diverses fureurs, les peurs continuelles Les injustes rigueurs, les courroux véhéments, Les rapports envieux, les mécontentements etc.  […] Il y a un accent de mâle éloquence dans cette apostrophe aux rois qui accablent leurs sujets d’impôts, et qui boivent le sang du peuple dans des vases dorés : Mauvais pasteurs du peuple, écorchez vos troupeaux, Pour changer en draps d’or leurs misérables peaux. […] Il fut vrai avec lui-même, vrai avec ses lecteurs ; et c’est plaisir de l’entendre parler ainsi aux Muses, dont il venait de restaurer le culte : Quand le sang bouillant en mes veines Me donnoit de jeunes désirs, Tantôt vous soupiriez mes peines, Tantôt vous chantiez mes plaisirs.

524. (1863) Le réalisme épique dans le roman pp. 840-860

Il vous a paru commode de réduire l’Olympe punique à ces deux figures, d’opposer la Vénus à demi ascétique au minotaure toujours affamé, les prêtres-eunuques aux prêtres gorgés de sang, Tanit à Moloch. […] Les prétendus acteurs que l’écrivain met en scène ne sont pas de chair et de sang, ce sont de misérables marionnettes qui vont et viennent à sa fantaisie et auxquelles il fait exécuter toute sorte de grimaces et de contorsions. […] À écrire une œuvre sans âme, à peindre des scènes atroces, à se complaire dans la splendeur de l’horrible, à mêler ensemble le sang et la volupté, comme s’il y avait chez lui un penchant mauvais, — disons le mot, le mot terrible, puisqu’un des maîtres de la critique n’a pas craint de le prononcer à voix haute, — comme s’il y avait chez ce peintre des choses corrompues un coin d’imagination sadique.

525. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre septième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie. »

— C’est que tout en est vrai, — c’est qu’on trompe et qu’on aime ; C’est qu’on pleure en riant ; — c’est qu’on est innocent Et coupable à la fois ; — c’est qu’on se croit parjure Lorsqu’on n’est qu’abusé ; c’est qu’on verse le sang Avec des mains sans tache, et que notre nature A de mal et de bien pétri sa créature. […] Elle a raison, elle veut dire :            Pauvre petit, A ton insu, ton cœur respire,            Et t’avertit Que le peu de sang qui l’anime            Est ton seul bien, Que tout le reste est pour la rime            Et ne dit rien. Mais nul être n’est solitaire           Même en pensant, Et Dieu n’a pas fait pour te plaire            Ce peu de sang.

526. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Sainte-Beuve » pp. 43-79

Homère est l’homme et Virgile est la femme… Idée bien simple, mais que, pour cette raison sans doute, tous les parallèles entre Virgile et Homère ont oubliée… Sainte-Beuve lui-même, qui darde si bien sa lancette dans la veine des sujets dont il veut nous faire voir le sang, Sainte-Beuve a omis comme les autres cette différence de sexe, dans la même nature de génie, qui pose d’un trait le rapport à établir entre Homère et Virgile et que la Critique a toujours manqué ! […] Montez-les, redescendez-les, vous trouverez presque toujours le génie des grands poètes plus ou moins imbibé d’histoire, comme notre cœur est imbibé de sang. […] … Ainsi Mme Lenormand, qui n’est pas Troubat, troubatise ; et elle, la nièce par le sang de Mme Récamier, — qui avait déjà publié un volume sur cette femme dans lequel cette Légende de Beauté et de Bonté, cette Séduction en perpétuel exercice ne semble plus rien du tout dans les riens qu’on nous donne d’elle, — Mme Lenormand a republié d’autres chiffons de sa belle tante et elle en republiera tout le temps qu’elle en aura de quoi faire, seulement, une papillote !

527. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « II. M. Capefigue » pp. 9-45

Quand, au lieu du rayon de Fontenoy, Louis XV aurait eu de la gloire, à périr par elle, comme Napoléon, dans une hémorragie sublime, ces torrents d’un noble sang versé par le glaive n’auraient pas guéri du mal de ses mœurs la famille de ces rois très-chrétiens dont la conduite avait été païenne, hélas ! […] Capefigue a ajouté, il est vrai, à cette masse compacte de calomnies, l’injure abjecte de Fouquier-Tinville dans un de ces rapports où il éructait le sang qu’il avait bu ; mais cette injure, pour sortir de cette bouche basse et atroce, était-elle moins pour cela une vérité ! […] Ôtez-en les résistances de Louis XIV à la coalition européenne, les deux gouttes de sang versées à Fontenoy, l’épisode de Suffren aux Indes, et les magnifiques années de victoires expiatrices que Bonaparte, qui date le dix-neuvième siècle par une si fière rupture avec le siècle qui l’a précédé, mit par-dessus une tombe qui, sans cela, serait un cloaque, et le dix-huitième siècle vous paraîtra ce qu’il est réellement, un crime et une honte de cent ans.

528. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Du docteur Pusey et de son influence en Angleterre »

La flamme divine manqua toujours à ce cœur plein d’un sang grossier. […] Le Dr Pusey affirmait la présence réelle ; il disait que les éléments consacrés par le prêtre deviennent réellement le corps et le sang de Jésus-Christ. […] non plus dit à la manière des apostats, en lançant le sang de son flanc entrouvert vers le ciel, mais arraché d’une âme déjà sainte et déjà conquise, qui proclame avec résignation sa défaite.

529. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Octave Feuillet »

Cette lettre, éclaboussée de sang, est le Traité du Prince de ce Machiavel de père, supérieur à son élève, le contraire justement du Machiavel de l’histoire, très inférieur à Borgia, et qui n’écrivit son Traité du Prince que sous la dictée des actions de cet homme, qui fut, en somme, tout son génie. […] Je ne lui reproche pas de l’avoir faite de jalouse, généreuse : tout à coup attendrie par le sang du front de sa rivale qu’elle vient de faire couler. […] La marquise de Talyas, furieuse de voir sa triste marionnette d’amant aller d’elle, qu’il aimait tout à l’heure, à la femme qu’il n’aimait pas, sans transition, sans hésitation, sans la conscience du plus petit reproche, — la marquise de Talyas, outrée d’une si odieuse, d’une si froide, d’une si infâme infidélité, est, par vengeance, sur le point d’avouer son coupable amour à son mari, et de lui livrer les lettres qui la déshonorent et qui lui feront tuer son amant, après qu’elle-même se sera tuée, — la marquise de Talyas, ce monstre athée, corrompu, silencieux, beau et énigmatique comme la Joconde, se métamorphose tout à coup, foudroyée par la vue du sang qu’elle a versé, et rend les lettres, qui devaient tout perdre, à la fiancée de son amant : « C’est mon cadeau de noces », lui dit-elle.

530. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Joseph de Maistre »

Lors de la restauration de la maison de Savoie, il ne voulut pas rentrer dans cette carrière de judicature ni reprendre la responsabilité du sang à verser. […] n’a-t-on pas poussé l’extravagance et la cruaauté jusqu’à allumer des bûchers, jusqu’à faire couler le sang au nom du Dieu très-bon ? […] C’était un magistrat fort distingué, non pas précisément (quoi qu’en ait dit quelqu’un de bien spirituel) un mélange de courtisan et de militaire  : il n’avait de militaire que son sang de gentilhomme, et du courtisan il n’avait rien du tout. […] Je sens que la raison humaine frémit à la vue de ces flots de sang innocent qui se mêle à celui des coupables. […] Tout ce qui était là, même à travers la poussière, même dans le sang, il le vit bien ; mais ce qui se prépara ensuite, il n’était plus à côté pour l’observer.

531. (1897) Aspects pp. -215

D’Axa, le buveur de sang, l’effroi de M.  […] Charles Guérin : Le Sang des crépuscules (Mercure de France). — M.  […] Ce diable épris de sadisme et de saletés ne séduit que les avachis qui ont besoin pour sentir de se griffer au sang. […] Voici : « L’édifice social était pourri jusqu’à la base, tout croulait dans la boue et dans le sang. […] Un sang injecté de bile leur verdit la face dès qu’une œuvre de conscience descend illuminer la bourbe où grouille leur âme.

532. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Laprade, Victor de (1812-1883) »

Il descend sur la terre et le sanctifie de son exemple, de ses paroles, de son sang de sa croix.

533. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rodenbach, Georges (1855-1898) »

Rodenbach nous satisfait par ses condensations de mots lorsqu’il dépeint, par exemple, des eaux : Une eau candide où le matin se clarifie Comme si l’Univers cessait au fil de l’âme, ou définit des yeux : Reliquaires du sang de tous les soirs tombants ou bien Sites où chaque automne a légué de ses brumes.

534. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre X »

L’altération syllabique, intérieure ou finale, n’est pas plus dangereuse : ni la soudure de l’article ou du pronom, loriot pour l’oriot, l’oriol (aureolum), ma mie pour m’amie ; ni casserole pour cassole ; ni palette (de sang) pour poëlette  ; ni bibelot pour bimbelot ne sont des accidents graves dans l’évolution d’une langue.

535. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Louise Labbé, et Clémence de Bourges. » pp. 157-164

si tu veux que j’aime jusqu’au bout, Fais que-celui que j’estime mon tout, Qui seul me peut faire plorer & rire, Sente en ses os, en son sang, en son ame, Ou plus ardente, ou plus égale flamme.

536. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre V. Histoire littéraire. » pp. 212-219

Il y a de gens sortis d’un sang obscur qui usurpent hardiment des titres de noblesse pour s’attirer des égards qui ne sont dus qu’à une illustre naissance.

537. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 1, de la necessité d’être occupé pour fuir l’ennui, et de l’attrait que les mouvemens des passions ont pour les hommes » pp. 6-11

Mais, comme je l’ai dit, les personnes qu’un sang sans aigreur et des humeurs sans venin ont prédestinées à une vie interieure si douce, sont bien rares.

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