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813. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le capitaine d’Arpentigny »

Voués à la guerre et au mouvement par l’organisation que leur transmirent les gens de main et les héros d’audace accourus à la voix du nourrisson de la louve d’airain, les Romains reçurent en partage le génie des arts nécessaires aux hommes d’action.

814. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VI. M. Roselly de Lorgues. Histoire de Christophe Colomb » pp. 140-156

Roselly de Lorgues est autant élevée à la gloire de l’Église, car il n’y a que l’Église romaine dans le monde qui puisse faire des grands hommes d’une telle beauté de perfection !

815. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXI. De Thémiste, orateur de Constantinople, et des panégyriques qu’il composa en l’honneur de six empereurs. »

Cyrus n’aimait que les Perses, Auguste les Romains, Alexandre les Grecs ; aucun n’aimait les hommes, aucun n’était vraiment roi.

816. (1914) L’évolution des genres dans l’histoire de la littérature. Leçons professées à l’École normale supérieure

Il s’agit d’égaler la dignité de la langue française à la dignité des langues anciennes, de la grecque et de la romaine. Et, pour cela, rompant sans retour avec la tradition du moyen âge, Du Bellay nous propose, au lieu de continuer de nous traîner dans l’ornière gauloise, d’imiter les Romains et les Grecs. […] Grecs et Romains, ils vivaient sous un autre ciel, dans une société dont la structure différait tellement de la nôtre qu’à peine aujourd’hui nos érudits sont-ils d’accord de ce qu’elle pouvait être. […] Apelle et Phidias forcèrent tous les différents États de la Grèce et tout l’empire romain à les admirer. […] Les Grecs et les Romains reparaissent en foule sur la scène, avec les Chénier, les Arnault, les Legouvé, les Luce de Lancival : Caïus Gracchus, Horatius Coclès, Epicharis et Néron, Mucius Scaevola.

817. (1888) La vie littéraire. Première série pp. 1-363

Jules Lemaître répète, sous les formes les plus ingénieuses, le mot profond du vieux fonctionnaire romain : « Qu’est-ce que la vérité ?  […] Elle était facile dans le monde romain, au temps des premiers césars. […] Les récits de l’histoire romaine d’Amédée Thierry la captivent. […] C’est le lait de la louve romaine qui fait le plus beau de notre sang. […] Et voici qui nous en dira plus sur les Romains que toutes les harangues des historiens.

818. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins » pp. 185-304

VI Tu auras eu des aspirations romaines pour une république légale et pacifique, réconciliant dans une concorde unanime toutes les classes prêtes à s’entredéchirer ! […] « Quand j’aurai chanté en moi-même et pour quelques âmes musicales comme la mienne, qui évaporent ainsi le trop-plein de leur calice avant l’heure des grands soleils, je passerai ma plume rêveuse à d’autres plus jeunes et plus véritablement doués que moi ; je chercherai dans les événements passés ou contemporains un sujet d’histoire, le plus vaste, le plus philosophique, le plus dramatique, le plus tragique de tous les sujets que je pourrai trouver dans le temps, et j’écrirai en prose, plus solide et plus usuelle, cette histoire, dans le style qui se rapprochera le plus, selon mes forces, du style métallique, nerveux, profond, pittoresque, palpitant de sensibilité, plein de sens, éclatant d’images, palpable de relief, sobre mais chaud de couleurs, jamais déclamatoire et toujours pensé ; autant dire, si je le peux, dans le style de Tacite ; de Tacite, ce philosophe, ce poète, ce sculpteur, ce peintre, cet homme d’État des historiens, homme plus grand que l’homme, toujours au niveau de ce qu’il raconte, toujours supérieur à ce qu’il juge, porte-voix de la Providence qui n’affaiblit pas l’accent de la conscience dont il est l’organe, qui ne laisse aucune vertu au-dessus de son admiration, aucun forfait au-dessous de sa colère ; Tacite, le grand justicier du monde romain, qui supplée seul la vengeance des dieux, quand cette justice dort ! […] Cette occasion de sagesse perdue, le câble me paraissait rompu, le vaisseau en dérive, la France livrée au hasard de tous les vents, la révolution compromise par ses excès, la royauté engagée contre les royalistes, des règnes courts, des partis au lieu de nation, des républiques précaires, des dictatures militaires comme celles qui précédèrent la décomposition césarienne de la constitution romaine sous les Gracques, les Marius, les Sylla ; enfin une oscillation désordonnée qui brise les institutions politiques et qui donne le vertige aux nations, au lieu du mouvement régulateur qui maintient la vie et qui la modère.

819. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Discours prononcé à la société des visiteurs des pauvres. » pp. 230-304

On la fait dans une pensée de réparation et de restitution, comme le recommandaient les Pères de l’Église pour qui la conception romaine de la propriété — jus utendi et abutendi — était une damnable erreur, et aux yeux de qui certaines fortunes démesurées étaient par elles-mêmes un scandale et un péché. […] Bergerin pouvait aller beaucoup plus loin dans ce qu’il croit son devoir, être décidément romain et Cornélien. […] Dans le rôle de Cascart (le moins banal de la pièce), avec sa lourde face romaine de bel homme rasé et son triangle de cheveux luisants et plats entre les yeux, il est, de pied en cap, le chanteur de café-concert, le chanteur avantageux et gras ; et, en même temps que l’extérieur et l’allure du personnage, il en exprime avec plénitude l’âme molle et paisible, l’expérience toute spéciale et qui ne saurait avoir d’étonnements, le doux cynisme totalement inconscient, cordial, bonhomme, et dont la bassesse n’admet pas un grain de méchanceté.

820. (1913) Les livres du Temps. Première série pp. -406

Te rappelles-tu tout le temps que nous avons passé à songer à la figure de Cléopâtre et au bruit antique d’un char roulant, le soir, sur une voie romaine ? […] Où trouveront-ils un écrivain moderne plus sensible à la divine pureté hellénique et à la grandeur romaine, qui chérisse plus finalement Homère et Virgile ? […] Ce dégoût est celui d’un convive d’orgie romaine, trop vite repu à son gré. […] Lavisse suppose que la conquête romaine n’a peut-être pas été un bien, puisque les nations qui y ont échappé sont aujourd’hui puissantes (depuis peu de temps). […] « Je confirme au seuil de cette œuvre que je suis catholique romain, soumis très humblement à toutes les décisions de mon Pape S. 

821. (1881) Le naturalisme au théatre

imaginez un instant que les Romains puissent ressusciter et qu’on représente devant eux Rome vaincue. […] Enfin, arrive le costume romain, tel que le portaient les héros de Racine. Ce costume était copié sur celui des statues d’empereurs romains que nous a laissées l’antiquité. […] — Je les ai comme les avaient les Romains. — Mais, Talma, vous n’avez pas de culotte […] — Les Romains n’en portaient pas. — Cochon !

822. (1894) Études littéraires : seizième siècle

Commynes ne tarit pas sur Louis XI, comme Montesquieu « ne pouvait pas quitter les Romains ». […] Et depuis quand le roi des Romains y est entré, ils ont fait du roi comme ils avaient fait du lion ; et est la nature de ce peuple d’Italie de ainsi complaire aux plus forts. » Il a fait la plus grande attention à l’influence des climats. […] C’est un gouvernement copié sur celui des Romains, moins les tribuns du peuple, et cet oubli est un grand perfectionnement. […] Et y ont merveilleusement pourvu… car ils n’ont point de tribuns du peuple comme avaient les Romains (qui fut en partie cause de leur destruction) ; car le peuple n’y a crédit ni n’y est appelé en rien, et tous offices sont aux gentilshommes… Et si ont bien connaissance par Titus Livius des fautes que firent les Romains ; car ils en ont l’histoire et sien sont les os en leur palais de Padoue. […] Ne croyez que plus énorme fut la désolation du peuple romain entendant le décès de Germanicus.

823. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome IV pp. -328

Cette idée d’un paganisme plus grossier que celui des Grecs & des Romains, enté sur le christianisme, rejouissoit les jansénisnistes. […] C’est sans contredit le moderne qui a le mieux écrit dans la langue des Romains. […] Ce sont des cimetières dans des lieux souterrains proche de Rome, où les premiers chrétiens enterroient les corps des martyrs, & où ils se cachoient pour éviter la persécution sous les empereurs Romains. […] Il eut l’adresse de faire présenter ses Mémoires historiques à un des plus grands papes qui aient gouverné l’église Romaine. […] Ni révéré aucun ecclésiastique, Offre, dans un pays protestant libre, Cet encens mérité Au meilleur des pontifes Romains.

824. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Les nièces de Mazarin et son dernier petit-neveu le duc de Nivernais. Les Nièces de Mazarin, études de mœurs et de caractères au xviie  siècle, par Amédée Renée, 2e éd. revue et augmentée de documents inédits. Paris, Firmin Didot, 1856. » pp. 376-411

Il a très bien défini dans une lettre à M. de Puysieux (du 6 août) le genre de conduite et de procédé qui était fait pour réussir et imposer en cour romaine ; il parle d’un agent français qui, bien qu’à Rome depuis quinze ans et se proposant d’y passer sa vie, est resté très antiromain de cœur, d’esprit et de discours : On l’accuse d’ardeur et de hauteur dans les affaires, et j’ignore si ces accusations sont fondées. […] Il intervint utilement, et de la seule manière dont il le pouvait, en tâchant de faire prolonger indéfiniment les procédures : « Car il ne faut pas se flatter, écrivait-il, de terminer cette affaire autrement que par insensible transpiration, et en la traînant si longtemps que cela la fasse oublier, ce qui n’est pas même fort aisé ; car quand une fois un livre est dénoncé ici, vous ne sauriez croire avec quelle ardeur quatre zélés et quatre mille hypocrites le poursuivent. » Il réussit pourtant à rendre à son illustre confrère ce bon office auquel se prêta la partie sage de la cour romaine. — Le duc de Nivernais avait auprès de lui, dans son ambassade de Rome, un homme d’esprit et de talent, La Bruere, auteur d’opéras et capable de mieux, et qui, s’il avait vécu, aurait appris au public à distinguer son nom de celui de son presque homonyme.

825. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la liberté de l’enseignement »

Cette application de l’esprit d’examen, toute nouvelle et audacieuse à son heure, qui aurait été écrasée et foudroyée au moyen âge, qui l’avait été en la personne de quelques individus novateurs ou même de sectes en masse (comme celle des Albigeois), cette application, dis je, trouvant des esprits plus préparés, une autorité romaine moins forte et moins reconnue, très-compromise même moralement par ses vices qui avaient fait scandale, réussit et rallia en divers pays de nombreux adhérents. […] ratifiées par le Pontife romain dans un bref que tout le monde a pu lire, accusations portées à propos d’une institution utile contre l’un des plus louables ministres de l’Empereur et contre son secrétaire général, qui s’est vu qualifié, à cette occasion, de sectaire.

826. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque. Deuxième partie. » pp. 225-303

L’empire romain devait naître et mourir en peu de temps. XXXV La nécessité de la lutte contre les Romains devait prédisposer aussi la Gaule et la Germanie à l’unité monarchique, qui concentre les forces nationales défensives ; les chefs victorieux devaient logiquement devenir des rois.

827. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviie entretien. Un intérieur ou les pèlerines de Renève »

Si nous étions au temps des Romains, où le suicide était religieux et honorable aux hommes politiques malheureux, je me tirerais d’affaire comme un lâche, en fuyant dans un autre monde ; mais cette fuite serait une improbité envers le sort. […] L’église, avec son clocher romain du treizième siècle, s’élevait seule au bout du jardin, et il y avait une chapelle donnant sur le jardin.

828. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIVe entretien. Madame de Staël. Suite »

Une seule vertu émane de son livre, une haine romaine contre la tyrannie. […] C’est moins et plus que de la gloire littéraire, c’est de l’écho, mais c’est un écho romain.

829. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVIe Entretien. Marie Stuart (reine d’Écosse) »

L’idolâtrie romaine et les vices de France vont réduire l’Écosse à la besace. […] Il faut remonter jusqu’à l’empire romain pour retrouver, dans l’histoire des scandales du trône, un tel avilissement de la majesté royale dans le prince, une telle ostentation d’infidélité dans l’épouse.

830. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre II. Attardés et égarés »

Comme ils écrivent pour le monde, pour les femmes, leur public, qui méprise la science des collèges et n’est pas plié à la superstition de l’antiquité, leur inspire une doctrine, qui se trouve être essentiellement excellente : ils prennent des sujets chrétiens, donc modernes, Childebrand, Clovis, saint Louis, Jeanne d’Arc : le plus ancien est pris aux contins de l’antiquité romaine et des temps chrétiens, l’Alaric de Scudéry. […] On disait aussi que l’histoire de France devait être plus intéressante pour des Français, et que les hauts faits des Grecs ou des Romains ne pouvaient valoir pour nous le récit des luttes et des périls qui avaient fondé ou affermi la monarchie.

831. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Victor Hugo. Les Contemplations. — La Légende des siècles. »

Seulement, à dater des Contemplations, nous le prédisons, il faudra des dévouements absolus, des dévouements de famille, et de famille romaine, pour porter la lourdeur de pareils souvenirs ! […] Hugo a voulu nous frapper la médaille, — tout un bas-relief, — de la décadence romaine, et il a été fort au-dessous de Juvénal.

832. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Victor Hugo »

Ce furent à leur tour les poètes du temps, comme Sannazar et Pontano, les Épigrammatistes et les Renaissants qui imitaient l’ordure antique, les Suétoniens qui voyaient partout des Césars et des vices à la façon romaine, et tous ces ennemis de l’Église qui n’attendaient que Luther pour se faire protestants. […] Et, de fait, c’est toujours les mêmes conceptions, informes ou difformes à force de vouloir être grandioses, et la même manière apoplectique ou hémorragique de les exprimer ; c’est toujours le même mélodrame des choses, des hommes et de la langue, le même amour de l’impossible qu’avaient Néron, Caligula et les autres empereurs romains de la décadence, et qu’il a littérairement aussi, Hugo, cet empereur de notre décadence littéraire !

833. (1856) Mémoires du duc de Saint-Simon pp. 5-63

Vous diriez des vices et des vertus échappés de l’Éthique d’Aristote, habillés d’une robe grecque ou romaine, et occupés à s’analyser et à se réfuter. […] Cette crudité de style et cette violence de vérité ne sont que les effets de la passion ; voici la passion pure : Prenez l’affaire la plus mince, une querelle de préséance, une picoterie, une question de pliant et de fauteuil, tout au plus digne de la comtesse d’Escarbagnas : elle s’agrandit, elle devient un monstre, elle prend tout le cœur et l’esprit ; on y voit le suprême bonheur de toute une vie, la joie délicieuse avalée à longs traits et savourée jusqu’au fond de la coupe, le superbe triomphe, digne objet des efforts les plus soutenus, les mieux combinés et les plus grands ; on pense assister à quelque victoire romaine, signalée par l’anéantissement d’un peuple entier, et il s’agit tout simplement d’une mortification infligée à un Parlement et à un président.

834. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — I » pp. 248-262

Il était à cet âge dont parle Cicéron, et où l’orateur romain a dit que son éloquence elle-même se sentait blanchir (« quum ipsa oratio jam nostra canesceret ») ; il avait hâte d’en employer toute la maturité et la douceur pour la famille chrétienne qui lui avait été donnée.

835. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Quatre moments religieux au XIXe siècle. »

Se rappeler aussi, dans la Lettre de Chateaubriand à M. de Fontanes sur la Campagne romaine, le beau passage : Aujourd’hui je m’aperçois que je suis beaucoup moins sensible à ces charmes de la nature, etc.

836. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Frochot, Préfet de la Seine, histoire administrative, par M. Louis Passy. »

Je m’engage, sous la responsabilité de ma tête, à les démentir. » Telle alors, dans cette crise sociale, se montra plus d’une femme de cœur sous l’inspiration même du péril : s’il y eut bien des furies, il y eut aussi partout des Romaines et des héroïnes.

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