Écoutons ensemble si vous voulez : Voyez-vous comme la tirade sur les ruelles, comme la conversation sur les portraits, les impromptus, l’histoire romaine mise en madrigaux, etc., paraissent froids ; le public ne rit que du bout des dents. […] Il a même donné chez les dames romaines.
Je suis descendu à cheval jusqu’au moulin du Rummel, j’y ai mis pied à terre pour voir la belle cascade digne du plus beau site de la Suisse ; de là je suis remonté avec les pieds et les mains par les restes de ce magnifique escalier romain taillé dans le roc depuis le torrent jusqu’à la casba ; puis je suis redescendu sous la première grande arcade, et, en me mouillant les pieds, je suis parvenu à la seconde, qui est admirable. […] Faisant ensuite le tour de la ville, en passant par les bains romains et par la fontaine chaude qui est à l’entrée de l’engouffrement du Rummel, je vais au pont.
Quoique la très détestable politique puisse inventer, elle n’empêchera pas que la France ait dans les veines une majeure partie de sang romain et qu’en Italie, comme ici, chaque nation sente qu’elle a une sœur au-delà des Alpes. […] J’ai vu à Philippeville, dans un jardin tout plein de rosiers en fleurs, sur le bord de la mer, une belle mosaïque romaine représentant deux femmes, l’une assise sur un cheval et l’autre sur un monstre marin.
Il est d’abord et avant tout un homme de l’âge d’or, un homme semblable à ceux dont parle Goethe dans son Élégie romaine : « Dans les temps héroïques, quand les dieux et les déesses aimaient encore aux cieux comme sur terre, le désir succédait au premier regard, et la jouissance au désir. » Mais il est prêt à faire légitimer cet état de choses pour lui si naturel, à condition toutefois que la nature aura fait d’abord valoir ses droits. […] La chute de l’empire romain nous a montré ce qui pourrait arriver de nouveau.
Si assurément la pudeur est vieille comme les sexes, et si elle fut connue et pratiquée du monde antique (rappelez-vous l’Hippolyte porte-couronne voué à Diane, comme un jeune moine à la Vierge Marie, et les couvents de filles grecques sous l’invocation de la vierge Cassandre, et la décence d’Homère et des tragiques, et la chasteté des matrones romaines, etc. ), toutefois, il est clair que le christianisme renouvela et paracheva cette délicate vertu, fit, par la doctrine du péché inhérent à la chair, une obligation étroite de ce qui était presque un luxe moral, et, par là même, transforma et enrichit l’amour. […] Entre les écrits obscènes des anciens et toute une portion de notre littérature des vingt dernières années, ou, si vous voulez, entre certaines épigrammes des Catulles romains et certains contes de nos Catulles à nous, il n’y a aucune comparaison à faire, au point de vue spécial qui nous occupe.
Aussi, et aussi bien, les pouvoirs sont égoïstes assez volontiers et assez facilement, et ce n’est peut-être pas par générosité que les patriciens romains ont fini par conférer les droits sociaux à la plèbe ; et quant à la Chambre de censitaires qui a établi le suffrage universel, j’avoue que je ne connais pas du tout cette Chambre-là et que je croyais que le suffrage universel avait été décrété par le gouvernement insurrectionnel et révolutionnaire de 1848.
L’antiquité égyptienne, l’antiquité romaine avaient des autels pour les divinités qui représentaient ce que vous appelez une incongruité, et, outre les ouvrages spéciaux, il existe en France cinquante sociétés diplômées de francs-p… ! […] les jambes, le tutu de ma petite Déa. » Le nonce, grand nez, lèvres minces, spirituelle figure romaine aux yeux noirs dans un teint de bile, écoute aussi, penché de côté, l’historique de l’habitation humaine et songe en regardant ses ongles luisants comme des coquillages : « J’ai mangé ce matin à la nonciature un délicieux misto-frito qui m’est resté sur l’estomac… Gioachimo a trop serré ma ceinture… Je voudrais bien être sorti de table. » L’ambassadeur de Turquie, lippu, jaune, abruti, son fez jusqu’aux yeux, la nuque en avant, verse à boire à la baronne Huchenard et se dit : « Ces roumis sont abominables d’amener leurs femmes dans le monde à cet état de décomposition… le pal, plutôt le pal, que de laisser croire que cette grosse dame ait jamais couché avec moi !
S’il y a une opposition générale entre l’esprit romantique et la discipline gréco-latine de l’homme, notamment en ce qui touche à la conception des droits de l’individu, un peuple réfractaire à l’ordre romain, comme furent les Celtes inassimilés, était romantique par destination.
Les héros de ces romans, tout en portant des noms grecs, turcs et romains, parlaient et sentaient comme des Français contemporains des Précieuses.
S’il avait conservé un vif et beau souvenir de la lagune vénitienne, de la campagne romaine et des collines toscanes, celui qu’il avait gardé de l’Espagne n’était pas, il me semble, très enthousiaste.
Comme l’empire romain jadis, notre groupement social se meurt à la fois de pléthore et d’anémie sous un lacis de fonctionnaires inféodés à quelques gros mangeurs qui absorbent la vie de la race.
Au xviiie siècle l’homme de lettres vit comme un empereur romain dans une domination inquiète et un triomphe précaire (voyez Voltaire sur la frontière de Ferney), jusqu’au jour où, éclatée en Révolution, l’idéologie couvre la France de parole et de papier.
Les Considérations de Montesquieu sur les Romains, la Cité antique de Fustel de Coulanges, les chefs-d’œuvre de nos moralistes classiques, ou encore ce beau livre sur l’Avenir de la Science, publication de la vieillesse sceptique de Renan, mais production enthousiaste de sa grave et ardente jeunesse, peuvent être cités comme types de ces ouvrages historiques ou philosophiques d’un grand style, qui, plus sûrement peut-être que les meilleurs poèmes et les meilleurs romans, honorent leurs auteurs et la littérature française, le solide intérêt qu’ils joignent aux qualités exquises de la forme leur obtenant d’emblée dans tout le monde lettré l’estime et l’admiration des lecteurs sérieux et délicats. […] Semblable, écrit magnifiquement Schopenhauer, à l’imperator romain qui, se vouant à la mort, lançait son javelot dans les rangs ennemis, le génie jette ses oeuvres bien loin en avant sur la route où le temps seul viendra plus tard les ramasser.
Halévy, Crémieux et Decourcelles n’aient un peu oublié les enseignements du catéchisme romain. […] Jacques Bonhomme et les paysans jurent sur le cadavre de Jeanne, comme les Romains de Tite-Live sur le corps de Lucrèce, de se venger de leurs tyrans.
Ce sont eux qui sont parvenus à persuader à nos peintres, gens crédules, de ne jamais produire que des visions, visions grecques, romaines, moyen-âge, xvie , xviie et xviiie siècle, avec interdiction de toucher au xixe (on n’a fait grâce qu’aux soldats, probablement parce que la guerre amène les rimes les plus redondantes).
La corruption grecque, l’oppression romaine et la dissolution du monde antique l’avaient fait naître ; à son tour elle avait fait naître la résignation stoïque, l’insouciance épicurienne, le mysticisme alexandrin et l’attente chrétienne du royaume de Dieu. « Le monde est mauvais et perdu : échappons-lui par l’insensibilité, par l’étourdissement, par l’extase. » Ainsi parlaient les philosophies, et la religion, arrivant par-dessus elles, avait ajouté qu’il allait finir : « Tenez-vous prêts, car le royaume de Dieu est proche. » Mille ans durant, les ruines qui se faisaient de toutes parts vinrent incessamment enfoncer dans les cœurs cette pensée funèbre, et quand du fond de l’imbécillité finale et de la misère universelle l’homme féodal se releva par la force de son courage et de son bras, il retrouva pour entraver sa pensée et son œuvre la conception écrasante qui, proscrivant la vie naturelle et les espérances terrestres, érigeait en modèles l’obéissance du moine et les langueurs de l’illuminé.
Pareille disgrâce était-elle arrivée au Quintius romain ?
Un groupe de jaune pierre de Vérone y fait face à deux vases d’un goût tout romain.
Si vous voulez un bon modèle de cette forme de description, — sauf, bien entendu, le détail déjà tout romantique, — relisez dans les Martyrs la description de la bataille des Francs et des Romains. […] Jadis, lorsque sur les Romains de la vieille souche pesait encore le fardeau des antiques superstitions italiotes, et que des dieux cruels présidaient aux moindres actions de la vie, ni dans la maison, ni dans la place publique on ne pouvait éternuer, tousser même, ou cracher, que l’on ne risquât d’offenser ces arbitres exigeants du bonheur ou du malheur de l’existence entière, et l’involontaire oubli de la formule expiatoire provoquait leur vengeance aussi sûrement que les hauts lieux attirent la foudre.
Et, parti de cette image, il esquisse la hiérarchie des dévoreurs de provinces au temps de l’Empire romain.
Et l’on voit s’effondrer les palais romains, les colonnades grecques, s’enfuir les fantômes surannés, comiquement empêtrés dans les plis des tuniques et des péplums.
Dupanloup, une onction et une politesse dont il ne se départira jamais Aussi, à l’inverse du puissant pamphlétaire qui déchire la question romaine avec une éloquence de sang, il préférera toujours le dédain, qui est une fine et discrète volupté et produit presque toujours un style délicat, à la colère, qui cherche indiscrètement à se communiquer, ne recule pas devant les déclamations et tombe dans le mauvais goût.
Le vers antique marque un équilibre essentiellement instable entre ces deux forces qui tiraient à elles le langage ; avant la fin de l’empire romain, on ne comprenait déjà plus le vers latin ou grec ; aujourd’hui, aucun de nous n’est capable de se représenter l’effet qu’il produisait exactement sur l’oreille : les hexamètres allemands ou russes n’en sont que des imitations assez grossières.
Que vous vous fussiez décidés obscurément ou nettement pour le petit romain, je veux le cicéro.