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510. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre III. Inconvénients de la vie de salon. »

., que, lorsque je reviens de Versailles, je m’arrête quelquefois dans les rues à regarder un chien ronger un os297. » L’homme, s’étant livré tout entier au monde, n’avait gardé pour soi aucune portion de sa personne, et les convenances, comme autant de lianes, avaient enlacé toute la substance de son être et tout le détail de son action. […] On a des amies de cœur pour qui « on éprouve quelque chose de si vif et de si tendre que véritablement c’est de la passion », et qu’on ne peut se passer de voir trois fois par jour. « Toutes les fois que des amies se disent des choses sensibles, elles doivent subitement prendre une petite voix claire et traînante, se regarder tendrement en penchant la tête, et s’embrasser souvent », sauf à bâiller tout bas au bout d’un quart d’heure et à s’endormir de concert parce qu’elles n’ont plus rien à se dire. […] Où trouver la résistance dans un caractère formé par les mœurs qu’on vient de décrire   Avant tout, pour se défendre, il faut regarder autour de soi, voir et prévoir, se munir contre le danger.

511. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre I. La lutte philosophique »

Regardez cet original et puissant marquis de Mirabeau527 : je le nomme d’autant plus volontiers qu’il a des parties de grand écrivain, dans son style âpre, tourmenté, obscur, débordant d’imagination et de passion. […] Il regarde le monde et la vie, comme un capitaine étudie son terrain. […] Il me faut laisser tous ces représentants de la philosophie du dernier siècle, pour regarder seulement les grands littérateurs, ainsi replacés dans leur milieu.

512. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « La comtesse Diane »

Quel dommage que La Rochefoucauld ait déjà dit : « Le soleil ni la mort ne se peuvent regarder fixement !  […] Vous allez vous montrer là-bas à des hommes de peu d’art et de peu de littérature, qui vous comprendront mal, qui vous regarderont du même œil qu’on regarde un veau à cinq pattes, qui verront en vous l’être extravagant et bruyant, non l’artiste infiniment séduisante, et qui ne reconnaîtront que vous avez du talent que parce qu’ils payeront fort cher pour vous entendre.

513. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Du Rameau » pp. 288-298

Regardez bien ce tableau, Monsieur De La Grenée ; et lorsque je vous disais : donnez de la profondeur à votre scène ; réservez-vous sur le devant un grand espace de rivage ; que ce soit sur cet espace que l’on présente à César la tête de Pompée ; qu’on voie d’un côté, un genou fléchi, l’esclave qui porte la tête ; un peu plus sur le fond et vers la droite, Théodote, ses compagnons, sa suite ; autour et par derrière, les vases, les étoffes, et les autres présens ; à droite, le César entouré de ses principaux officiers ; que le fond soit occupé par les deux barques et d’autres bâtimens, les uns arrivant d’égypte, les autres de la suite de César ; que ces barques forment une espèce d’amphithéâtre couvert des spectateurs de la scène ; que les attitudes, les expressions, les actions de ces spectateurs soient variées en tant de manières qu’il vous plaira ; que sur le bord de la barque la plus à gauche il y ait, par exemple, une femme assise, les pieds pendans vers la mer, vue par le dos, la tête tournée, et allaitant son enfant ; car tout cela se peut, puisque j’imagine votre toile devant moi, et que sur cette toile j’y vois la scène peinte comme je vous la décris ; et convenez que lorsque je vous l’ordonnais ainsi, vous aviez tort de m’objecter les limites de votre espace. […] J’en aime moins l’expression que du précédent, il regarde et puis c’est tout ; mais le faire en est incomparablement plus libre, plus fougueux, plus hardi, plus chaud et plus beau. […] Sa position est naturelle ; elle regarde son gros joufflu d’enfant avec une complaisance vraiment maternelle.

514. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « I »

Le jeu connu, reste à savoir si vous saurez jouer ; ceci ne nous regarde plus. […] Cela ne regarde pas les profanes », Que répondre  ? […] La conclusion, s’il y en a une, ne nous regarde plus.

515. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « PENSÉES » pp. 456-468

Je la regarde, je ne fais guère que la regarder, mais j’y prends plaisir, je l’avoue ; j’aime à la voir près de moi, à la promener un jour de soleil, et en la voyant là riante, qu’est-ce autre chose ?

516. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Relation inédite de la dernière maladie de Louis XV. »

Ce qui se passe dans son royaume paraît ne pas le regarder : il n’est affecté de rien ; dans le Conseil, il est d’une indifférence absolue ; il souscrit à tout ce qui lui est présenté. […] On ne peut s’empêcher de penser, à bien regarder la situation de la France au sortir du ministère du cardinal de Fleury, que si le duc de Choiseul et Mme de Pompadour elle-même n’étaient venus pour s’entendre, et redonner quelque consistance et quelque suite à la politique de la France, la révolution, ou plutôt la dissolution sociale, serait arrivée trente ans plus tôt ; tant les ressorts de l’État étaient relâchés !

517. (1874) Premiers lundis. Tome I « Diderot : Mémoires, correspondance et ouvrages inédits — I »

» « Au milieu de cela, j’envoie quelquefois ma pensée aux lieux où vous êtes, et je me distrais… Avec vous, je sens, j’aime, j’écoute, je regarde, je caresse, j’ai une sorte d’existence que je préfère à toute autre. […] Ils me peignaient la vertu, et leurs images m’échauffaient ; mais j’aurais encore mieux aimé voir mon amie, la regarder en silence, et verser une larme que sa main aurait essuyée ou que ses lèvres auraient recueillie.

518. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Note sur les éléments et la formation de l’idée du moi » pp. 465-474

Je me regardai dans une glace, et je pus constater que je n’avais pas de déviation de la face. […] Je regardais autour de moi avec terreur et étonnement ; le monde m’échappait.

519. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Guy de Maupassant »

Il regarde et il raconte. Il regarde si bien que je ne puis douter de la vérité de son livre (lequel porte en lui-même le témoignage de cette vérité) ; et il raconte si bien que, l’ayant lu voilà trois semaines, j’ai encore le cœur serré en y songeant.

520. (1856) Cours familier de littérature. I « IIe entretien » pp. 81-97

Mais laissez-lui à la fois cette enveloppe matérielle des sens qui le dégrade, et cette pensée parlée qui le divinise, ce n’est plus ni un vermisseau ni un Dieu, c’est un homme, c’est-à-dire un être complexe et énigmatique, qui fait pitié quand on le regarde ramper, qui fait envie et gloire quand on le regarde penser.

521. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Dante »

Bien des choses lui manquent, nous le savons et il le sait aussi, mais il y a peut-être un critique futur dans cet enfant qui n’a pas craint de regarder le Dante au front, de voir la ride sous le laurier, l’infirmité humaine sous le rayon, et qui n’a pas eu peur de chercher la tache dans une telle splendeur de lumière. […] Du moins, si le critique était chétif en proportion de son poète, il n’a pas été terrassé par l’aspect de la tête superbe et terrible qui, à l’opposé de celle de la fable, ne terrasse jamais qui s’obstine à la regarder.

522. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre VIII. De Platon considéré comme panégyriste de Socrate. »

On peut donc regarder tous les dialogues de Platon ensemble comme une espèce de drame composé en l’honneur de son maître. […] Regardez mon âge ; je ne tiens presque plus à la vie, et déjà je touchais à ma tombe. » Socrate continue ; il parle tranquillement à ses juges ; il peint le plaisir qu’il aura de converser, dans un autre univers, avec les grands hommes de tous les temps, avec ceux qui ont été, comme lui, les victimes d’un jugement injuste, et il fait des vœux pour que ses enfants meurent un jour comme leur père, s’ils ont le bonheur d’importuner aussi les Anitus par leur vertu.

523. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre cinquième. Retour des mêmes révolutions lorsque les sociétés détruites se relèvent de leurs ruines — Chapitre IV. Conclusion. — D’une république éternelle fondée dans la nature par la providence divine, et qui est la meilleure possible dans chacune de ses formes diverses » pp. 376-387

Comme la souveraineté devait avec le temps être étendue à tout le peuple, la Providence permit que les plébéiens rivalisassent longtemps avec les nobles de piété et de religion, dans ces longues luttes qu’ils soutenaient contre eux, avant d’avoir part au droit des auspices, et à tous les droits publics et privés, qui en étaient regardés comme autant de dépendances. […] Mais comme tout devait s’y ramener à l’urne du sort ou à la balance, la Providence empêcha que le hasard ou la fatalité n’y régnât en ordonnant que le cens y serait la règle des honneurs, et qu’ainsi les hommes industrieux, économes et prévoyants plutôt que les prodigues ou les indolents, que les hommes généreux et magnanimes plutôt que ceux dont l’âme est rétrécie par le besoin, qu’en un mot les riches doués de quelque vertu, ou de quelque image de vertu, plutôt que les pauvres remplis de vices dont ils ne savent point rougir, fussent regardés comme les plus dignes de gouverner, comme les meilleurs120.

524. (1895) La comédie littéraire. Notes et impressions de littérature pp. 3-379

L’amiral regarde Georges fixement : — Restez, lui dit-il d’une voix brève. […] Jean Aicard consent à descendre de Pégase, à regarder sur la terre, à peindre fidèlement ce qu’il a vu. […] Je vous répète que je regarde la vie de haut, comme un monsieur regarde la rue de son balcon. […] Je ne veux pas regarder ce qui vaut le mieux de ses tragédies ou de ses chansons. […] Il regardait ces hommes graves, ces jeunes gens élégants, et il était prêt à les admirer de bonne foi.

525. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre II. Les Normands. » pp. 72-164

Regardez leurs épopées qui naissent, on n’en a jamais vu de plus prosaïques. […] Poussez cette littérature à bout, regardez-la comme celle des Scaldes, au moment de la décadence, lorsque ses vices exagérés comme ceux des Scaldes manifestent avec un grossissement marqué le genre d’esprit qui la produit. […] Légère gaieté prompte à passer, comme celle que fait naître un de nos paysages d’avril ; un instant le conteur a regardé la fumée des ruisseaux qui monte autour des saules, la riante vapeur qui emprisonne la clarté du matin ; puis, quand il a chantonné un refrain, il revient à son conte. […] Regardez chez Froissart, en France comme ici, les débauches et les meurtres de la grande guerre de Cent ans, puis ici les tueries de la guerre des Deux Roses ; dans les deux pays, l’indépendance féodale aboutit à la guerre civile, et le moyen âge sombre sous ses vices. […] Car, regardez le contraste qu’ils font en ce moment avec leurs voisins.

526. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article »

Aujourd’hui l’indulgence s’est ralentie, & l’on ne regarde plus ses Tragédies & ses Opéra que comme de foibles essais qu’on peut négliger sans conséquence.

527. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » p. 149

Ses Dissertations insérées dans les Mémoires de l’Académie des Inscriptions, sont plus propres à le faire regarder comme un sage Erudit & un bon Littérateur.

528. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » p. 147

Ces deux Ouvrages, médiocres pour le style, peuvent fournir des lumieres à ceux qui veulent s’instruire dans la Politique, ou, pour mieux dire, la Politique changeant à peu près comme les modes, les Ouvrages anciens, en ce genre, ne peuvent être regardés que comme ces monnoies qui n’ont plus de cours, & qu’on garde par curiosité.

529. (1761) Salon de 1761 « Sculpture —  Vassé  »

Le buste du père Le Cointe n’est assurément pas une mauvaise chose, ni la Nymphe qui se regarde dans l’eau ; ni le Vase, ni les autres morceaux.

530. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 348

Ses Ouvrages peuvent être regardés comme une école de bon goût : ils offrent par-tout un Auteur nourri de la bonne Littérature des siecles de Périclès, d’ Auguste & de Léon X ; un Ecrivain exact, poli, correct, mais quelquefois trop scrupuleux.

531. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » p. 195

Il suffit de le regarder comme un bon Jurisconsulte & un Littérateur médiocre, quoiqu’il ait été Académicien.

532. (1896) Hokousaï. L’art japonais au XVIIIe siècle pp. 5-298

Vever : La promenade, dans un temple, de Japonais et de Japonaises examinant les tableaux accrochés au mur, et où est représenté un groupe de deux Japonais arrêtés devant un kakémono, dont l’un regarde la peinture et l’autre regarde les femmes. […] regardez-la bien !  […] Une apparition à faire peur, regardée le soir à la lueur d’une lampe. […] Un balayeur tendant un gâteau à un singe que regarde un enfant. […] Une feuille d’un grand caractère : l’exposition d’une tête coupée, regardée par toute une foule.

533. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « À mon frère, l’abbé Léon Barbey d’Aurevilly »

Je te le dédie à toi, théologien, que les choses qu’il contient regardent et qui as mieux que du génie pour en connaître, puisque tu as grâce d’état pour en juger.

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