Cela ne viendrait-il pas de ce que, dans l’impossibilité reconnue et peut-être heureuse de la rendre avec une précision absolue, il y a une lisière de convention sur laquelle on permet à l’art de se promener ?
Ainsi les italiens, après avoir négligé long-temps le Poussin, le reconnurent enfin pour un des grands maîtres qui jamais ait manié le pinceau.
. — Dans ce livre d’Au lit de mort, que Mme Sand n’eût certainement pas écrit, je le reconnais, dans ce livre qui affecte l’accent chrétien, mais dans lequel la langue chrétienne est mal parlée ; où l’on sent l’âme troublée, l’idée fausse, l’esprit sans forte direction et sans guide, et cette religiosité corrompue par les sensibilités romanesques et morbides de ce temps, Mme Marie-Alexandre Dumas n’invente-t-elle pas un confesseur sans sacrement, sans fonction, sans autorité ; un confesseur qui n’est pas prêtre, un confesseur-femme, — elle-même !
… — Il faut savoir le reconnaître… Nous nous tenons pour tels, et la politique de Forneron nous tient pour tels aussi.
Mais j’atteste qu’il ne l’a pas toujours ; j’atteste qu’en voyant cette gargouille à vociférations de cabaret, personne ne pourrait reconnaître la bouche pensive et souriante du chaste poète des Véroniques.
Il est entendu et reconnu que la peinture de M.
Quelque puissant du jour pourrait s’y reconnaître ; Le public en rirait, cela ne doit pas être.
Mais ce qui me plaît surtout, c’est le ton sociable de tous ces articles : on voit toutes ces personnes penser et parler au milieu d’une compagnie nombreuse ; au contraire, en Allemagne, on reconnaît à la parole du meilleur d’entre nous qu’il vit dans la solitude, et toujours c’est une seule voix que l’on entend. » Goethe revint souvent en ces années sur ces articles d’Ampère à son sujet ; il les traduisit en allemand ; il disait82 : « Le point de vue de M. […] Ampère, littérairement, ne fit que reconnaître les rivages du Nord ; il n’y prit point pied d’une manière solide, il n’y fonda point d’établissement proprement dit. […] Les traductions d’Ampère sont des à peu près ; on a de la peine à y reconnaître le génie du Nord, comme on a de la peine à saisir le génie hébraïque dans la traduction latine de la Vulgate. […] Reconnaissons toutefois qu’Ampère en cela a porté la peine de sa négligence. […] Par exemple : — il disait de Balzac et de certaines de ses descriptions sales, ignobles, triviales : « C’est drôle, quand j’ai lu ces choses-là, il me semble toujours que j’ai besoin de me laver les mains et de brosser mes habits. » — A propos du ton un peu sec et de la manière froide et peu liante de Lamartine dans la conversation, du peu d’accord qu’on trouvait au premier aspect entre la personne et les œuvres du poète, il disait : « On sent bien qu’il y a là-dessous une harpe, mais elle est enfermée, et nous n’en avons que la boîte. » — A propos de de Vigny et de ses airs pincés en présence surtout de ceux qui n’étaient pas de son monde, il disait : « C’est singulier, chaque fois que je rencontre M. de Vigny, je ne puis m’empêcher de me rappeler ces vers de Boileau : A repris certain fat qu’à sa mine discrète Et son maintien jaloux j’ai reconnu poète.
Guizot a raconté la même histoire ; mais vous reconnaissez dans son livre le jugement calme et l’émotion impartiale d’un philosophe. […] Qu’on juge de cette passion emportée et de cette logique accablante par un seul passage : Pendant plus de dix ans, le peuple avait vu les droits qui lui appartenaient à double titre, par héritage immémorial et par achat récent, brisés par le roi perfide qui les avait reconnus. […] Ce principe non-seulement n’est pas reconnu par l’Acte de Tolérance, mais encore il est rejeté positivement. […] Que les articles résumés tout à l’heure soient gênants, puérils, incompatibles entre eux, incompatibles avec la vraie théorie de la liberté religieuse, chacun doit le reconnaître. […] 1388 Ne reconnaît-on pas ici l’Anglais élevé parmi les essais et les sermons psychologiques et moraux, qui involontairement, à chaque instant, en répand quelqu’un sur le papier ?
Charbonnel a expliqué cela, en analysant une doctrine à laquelle il reconnaît « la grandeur et aussi le caractère absolu de l’héroïsme ». […] Nous sommes à ce plus tard, et voici qu’un soldat déserteur survient et dans la mendiante de pain reconnaît la princesse, et comme elle est seule et faible, il se venge sur cette beauté dégradée de sa lâcheté, de sa misère, de sa bassesse. […] C’est un petit traité de chimie biologique ou peut-être d’histologie élémentaire ; il est assez difficile de s’y reconnaître ; mais cela serait bien inutile, puisque nous avons sur toutes ces matières une abondante littérature scientifique. […] Finalement le Pauvre reconnaît qu’il a interpellé son lamentable reflet dans la glace d’un marchand de vins. […] Tout cela ne m’empêche pas de reconnaître le talent très particulier de Jehan Rictus.
En les regardant assis là tous les sept, jeunes, forts et brillants de santé, il fallait bien reconnaître qu’ils étaient les plus beaux et les plus hardis du village, même de tous les environs. […] On reconnaissait les serruriers à leurs bourgerons bleus, les maçons à leurs cottes blanches, les peintres à leurs paletots, sous lesquels de longues blouses passaient. […] Fressermann s’avoue vaincu ; il reconnaît que toute lutte est devenue impossible contre la mâchoire du défunt turco. […] s’écria Roger-Bontemps, vous avez reconnu un nègre ? […] Elle le regarda d’abord avec un vague étonnement, puis elle le reconnut et sourit.
Il a échoué comme candidat officiel dans une circonscription de l’Ouest ; mais aussitôt le gouvernement, pour reconnaître ses services, l’a nommé préfet d’un de nos plus beaux départements. […] qu’il n’est guère possible d’habiter davantage un monde où « chaque mot que nous disons, chaque acte que nous accomplissons est un mensonge à l’égard de ce que, dans le fond de notre cœur, nous reconnaissons comme la vérité ». […] Elle ne l’eut pas plutôt vu assis en la haute chaire, qu’elle reconnut fort bien que c’était celui-là que Dieu lui avait montré. […] Il ne sait pas reconnaître ceux qui ont gardé une déférence chevaleresque pour sa majesté ridicule et bafouée. […] Les poètes latins reconnurent pour leurs maîtres les versificateurs décadents du Musée.
Je te reconnais ! […] On reconnaît les snobs au costume prétentieux et laid dont ils s’affublent. […] Vous reconnaissez, dans ces images poussées au noir, la théorie des « milieux ». […] » Les universitaires du Nord-Dakota se reconnaissent à cet appel : Odz-dzo-dzi ! […] On les exerce à reconnaître les pièces apocryphes, à dénoncer les fraudes, à déjouer la malice des mystificateurs.
On meurt avant d’avoir eu le temps de se reconnaître. […] Chacun peut se reconnaître dans mes bouquins, et tout le monde, à ce compte, pourrait venir protester ». […] Tu les reconnais, hein ? […] Ce style-confection est aussi bien le vôtre que celui du voisin… Mais il y a un autre style, celui qui n’est qu’à vous et qui vous fait reconnaître entre mille. […] Il me répondit textuellement ce mot, qu’il applique quelque part à Sainte-Beuve : « je n’aime pas à être dupe. » D’autres fois, cependant, il reconnaissait volontiers ses erreurs.
C’est à cet homme éminent et solide, et qui grandit jusqu’à la fin, que Saint-Arnaud s’attacha avec affection, avec zèle, et qu’il dut d’être assez mis en vue pour être reconnu ensuite, et l’occasion échéant, le plus digne de le remplacer. […] mais la vraie guerre contre des masses, contre du canon, contre des manœuvres, rien qui y ressemble, vu de si loin, qu’il faut une lunette pour y reconnaître quelque chose. […] La puissance française s’est fait reconnaître et craindre en des contrées jusque-là hors d’atteinte, et où elle semblait ne pouvoir pénétrer.
J’y entrai et y restai jusqu’en 1834, y ayant rendu quelques services qui ne furent pas toujours très bien reconnus. […] Sainte-Beuve redisant presque de souvenir la strophe entière : Reconnais-tu ce beau rivage ? […] Sa qualité de marchand de vin, demeurant à Paris, me le fait reconnaître. — Nous savons aussi par M.
Le plus beau château dans un site agréable est un affreux « désert » ; on n’y peut voir personne, sauf des grotesques de petite ville ou des rustres de village76. « L’exil seul, dit Arthur Young, force la noblesse de France à faire ce que les Anglais font par préférence : résider sur leurs domaines pour les embellir. » Dix fois Saint-Simon et les autres historiens de la cour disent en parlant d’une cérémonie : « Toute la France était là » ; en effet, tout ce qui compte en France est là, et ils se reconnaissent à cette marque. […] » Une preuve sûre que leur absence est la cause du mal, c’est la différence visible du domaine affermé par l’abbé commendataire absent et du domaine surveillé par les religieux présents. « Un voyageur instruit les reconnaît » tout d’abord à l’état des cultures. « S’il rencontre des champs bien environnés de fossés, plantés avec soin et couverts de riches moissons, ces champs, dit-il, appartiennent à des religieux. […] Quantité de cahiers de la noblesse demandent pour les nobles, hommes et femmes, une marque distinctive honorifique, par exemple une croix ou un cordon qui les fasse reconnaître.
Songez que les pyramides d’Égypte, rigoureusement orientées, précèdent toutes les époques certaines de l’histoire ; que les arts sont des frères qui ne peuvent vivre et briller qu’ensemble ; que la nation qui a pu créer des couleurs capables de résister à l’action libre de l’air pendant trente siècles, soulever à une hauteur de six cents pieds des masses qui braveraient toute notre mécanique, sculpter sur le granit des oiseaux dont un voyageur moderne a pu reconnaître toutes les espèces ; que cette nation, dis-je, était nécessairement tout aussi éminente dans les autres arts, et savait même nécessairement une foule de choses que nous ne savons pas. […] Cela est bon, car, sous une aristocratie plus ou moins forte, la souveraineté ne l’est plus assez. » Le sacre des monarques par l’autorité de Dieu, l’extinction de la liberté civile dans le monde, l’administration morale par le sacerdoce, la suppression des schismes par la puissance armée de l’unité dans la main du souverain pontife, de tristes et éloquentes prophéties contre l’indépendance de la Grèce à moins qu’elle ne reconnaisse l’autorité du pape, une adjuration aux protestants pour recomposer l’unité en sacrifiant leur liberté usurpée par la révolte contre Rome, des imprécations contre toute philosophie non orthodoxe, une hymne à Rome, véritable Te Deum d’un autre Ambroise, complètent ce livre. […] Crois-tu que ce grand comique, ce juge infaillible des ridicules, eût traité ce sujet s’il n’avait pas reconnu que le titre de femme savante est en effet un ridicule ?
Le génie riche, léger et naturellement éloquent d’Horace, est en effet ce qu’il y a de plus attique dans les écrivains romains : l’eau pure de la source se reconnaît jusque dans l’égout. […] L’Inde, la Grèce et Rome leur reconnaissaient un rang social, inférieur aux femmes chastes légitimement mariées et mères de famille (matrones), mais supérieur aux femmes de débauche perdues dans la fange de la population des faubourgs. […] Combien de fois n’en ai-je pas reconnu les ressemblances dans les groupes pâlissants des montagnes du Beaujolais et du Vivarais, du haut des rochers de Saint-Point, cet Ustica de mes beaux jours, hélas !
Qu’on n’admette pas le mélange sacrilège du spirituel et du temporel, c’est libre à chacun ; mais qu’on ne reconnaisse pas le gouvernement temporel de la papauté parce que le pape exerce comme pape des fonctions ecclésiastiques à Rome ou ailleurs, c’est confondre les deux puissances et passer soi-même d’un ordre d’idées dans un autre. […] « Tous consentirent d’autant plus volontiers qu’ils admettaient unanimement le mérite personnel de Chiaramonti, et qu’ils reconnaissaient que les difficultés soulevées contre lui étaient seulement extrinsèques. […] Après son oraison, il répondit brièvement qu’il se reconnaissait indigne d’une charge si sublime à laquelle auraient dû être élevés de si nombreux et de si méritants sujets qui étaient dans le Sacré-Collège.
Dans le règlement des rapports du pouvoir civil et de la religion, quand on enlève au clergé ses biens, quand on ouvre les couvents, quand on impose aux prêtres le serment à la Constitution, vous pouvez reconnaître l’inspiration de Voltaire. […] Robespierre combat l’athéisme et fait décréter que le peuple français reconnaît l’existence de l’Être suprême. […] Ils peuvent, quoique ce soit assez rare, reconnaître dès l’abord la grandeur de la tragédie où ils ont été enveloppés ; ils y verront même parfois je ne sais quoi de vertigineux et de surhumain ; mais pourtant, soit effarement prolongé, soit bouillonnement excessif de colère et de haine, leurs sentiments ont grand peine à se traduire en beaux développements littéraires.
Ceci ne nous empêche nullement de reconnaître que Sigurd a déjà parcouru une brillante carrière, et nous admettons même volontiers que c’est là un ouvrage de réel mérite. […] Ayant reconnu l’identité du drame chez Beethoven et Shakespeare, nous pouvons dire, encore, que ce drame complet devra être, par rapport à l’Opéra, ce qu’est à un Drame littéraire une pièce de Shakespeare, et une symphonie de Beethoven à une Musique d’Opéra. Beethoven, dans le cours de sa Neuvième symphonie, est, simplement, revenu au formel Choral avec Chœurs et Orchestre : et cela ne nous a point trompé, dans notre jugement de cette mémorable évolution musicale : nous avons mesuré la signification de cette partie chorale de la symphonie, et nous avons reconnu qu’elle appartenait, exclusivement, au champ de la Musique ; sauf cet anoblissement — déjà exposé — de la Mélodie, l’œuvre de Beethoven ne nous offre, ici, nulle nouveauté formelle : elle est une Cantate avec un texte de paroles, et son rapport à la musique est le même que celui de tout autre texte chanté.
Il y monte, s’y faire raser, et reconnaît encore au mur le papier de la chambre. […] Qu’ils sachent donc qu’après dix ans de travail, la publication de 13 volumes, tant de veilles, une si persévérante conscience, des succès même, une œuvre historique qui a déjà une place en Europe, après ce roman même, dans lequel nos ennemis mêmes reconnaissent « une force magistrale », il n’y a pas une gazette, une revue petite ou grande qui soit venue à nous, et nous nous demandons si le prochain roman que nous publierons, nous ne serons pas encore obligés de le publier à nos frais ; — et cela quand les plus petits fureteurs d’érudition et les plus minces écrivailleurs de nouvelles, sont édités, rémunérés, réimprimés. […] J’ai lu trois fois son Jeune Homme pauvre… qui a une place de 10 000 francs… Et savez-vous à quoi on reconnaît que son jeune homme est distingué : c’est qu’il sait monter à cheval… Oui, et puis, tu sais, il y a dans tous ses livres, des jeunes gens qui ont des albums et qui prennent des sites… — Savez-vous, vous autres, avec quoi un jeune homme était riche, il y a vingt ans, soupire un dîneur, lisez Paul de Kock, vous y trouverez : Charles était riche, il avait 6 000 livres de rente, mangeait tous les soirs un perdreau truffé, entretenait un rat de l’Opéra, — et c’était vrai !
Il oublie qu’il m’a entendu, bien des fois, proclamer mon admiration pour des épithètes, comme la nudité intrépide des pêcheuses de Boulogne, de Michelet, comme gambades rêveuses de Hugo, dans La Fête à Thérèse, — et c’est curieux, ce reproche de sa plume s’adressant à moi, qui ai écrit dans Idées et sensations — un livre qui lui est dédié par parenthèse, — qui ai écrit, que c’était avant tout à l’épithète, et à l’épithète du caractère de celle qu’il cite, que se reconnaît le grand écrivain. […] Moi, au jour d’aujourd’hui, je suis à peu près reconnu et je me vends : oui je remplis les deux conditions du succès, tel qu’on le jauge à l’heure présente. […] Mardi 13 mai Dans une société, on reconnaît les gens bien élevés à une chose assez simple ; ils vous parlent de ce qui vous intéresse.