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297. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — II » pp. 268-284

On a ensuite, il est vrai, l’admirable seconde guerre punique, les guerres de Macédoine et la première guerre d’Asie ; mais tout ce qui suit et ce qui eût été d’un si haut intérêt, manque, les luttes de Marius et de Sylla, la rivalité de Pompée et de César, la vraie histoire politique réelle, ces époques récentes que Tite-Live savait dans leur esprit et dans leur détail par les mémoires du temps, par les récits d’une tradition prochaine, par cette transmission animée et vivante qui est comme un souffle fécondant. S’il avait entrepris une si grande œuvre, c’était sans doute l’impression qu’il avait reçue de ces spectacles de son enfance et de ces récits émouvants des anciens, qui l’y avait le plus excité et déterminé. […] Au second livre De l’orateur, cette même question des rapports de l’histoire avec le talent de la parole (« quantum munus sit oratoris historia ») est pareillement mise sur le tapis et discutée entre les interlocuteurs supposés, l’orateur Antoine et Catulus ; Antoine y indique très nettement les différences qui distinguent en propre le genre historique, — l’horreur du mensonge, la vérité des faits pour base, la description fidèle des événements, des lieux, l’exposé intelligent des entreprises, et un courant de récit plus égal, plus doux, épandu, naturel, exempt des violences et des secousses de l’action oratoire.

298. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance de Voltaire avec la duchesse de Saxe-Golha et autres lettres de lui inédites, publiées par MM. Évariste, Bavoux et Alphonse François. Œuvres et correspondance inédites de J-J. Rousseau, publiées par M. G. Streckeisen-Moultou. — II » pp. 231-245

Buffon, dans un admirable récit philosophique, a supposé le premier homme s’éveillant à la vie et rendant compte de ses premiers mouvements, de ses premières sensations, de ses premiers jugements. Jouffroy, dans un récit moral célèbre, a fait parler le philosophe durant cette veille pleine d’angoisses, dans cette première nuit de doute et de trouble, où le voile du sanctuaire se déchire tout d’un coup devant ses yeux et où il cesse d’être un croyant. Rousseau, dans le récit qui nous occupe, s’est attaché à montrer, durant une belle nuit d’été, le premier homme qui s’avisa de philosopher et de réfléchir, et il a prêté à cette philosophie naissante tout le charme, au contraire, de l’admiration et de la foi, toute l’ivresse d’un premier ravissement : Ce fut durant une belle nuit d’été que le premier homme qui tenta de philosopher, livré à une profonde et délicieuse rêverie et guidé par cet enthousiasme involontaire qui transporte quelquefois l’âme hors de sa demeure et lui fait, pour ainsi dire, embrasser tout l’univers, osa élever ses réflexions jusqu’au sanctuaire de la nature et pénétrer, par la pensée, aussi loin qu’il est permis à la sagesse humaine d’atteindre.

299. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire de mon temps. Par M. Guizot. »

Je suis très frappé, d’après le récit même de M.  […] Je n’en veux pour témoin que le récit de M.  […] Guizot en est là de ses Mémoires ; je reviendrai, en terminant, sur le quatrième volume, qui contient le récit et le tableau de la Coalition en particulier.

300. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Etienne-Jean Delécluze »

Je vais justifier et développer ces divers traits avec les propres récits que cet homme estimable vient de publier en dernier lieu et qu’il avait commencé à nous donner déjà dans son livre sur le peintre David et son École18. […] « Au mois de mai 1789, nous dira t-il en commençant, Étienne, âgé de huit ans, était confié aux soins de Savouré, dont la pension relevait du collège de Lizieux, où le jeune enfant devait achever ses études… Pendant l’année 1793, Étienne, rentré dans sa famille, abandonna presque entièrement les études classiques, pour se livrer au goût naturel qui le dominait (le goût du dessin). » Et ainsi dans tout le cours du récit. […] Delécluze, parut s’apercevoir qu’il y en avait un peu trop sur ce point, et, à un instant, il essaya, de sauter un feuillet et d’enjamber ; mais, ayant mal pris sa mesure, il vit que ce ne serait plus assez clair pour la suite du récit, et il dut revenir en arrière sur ses pas ; de sorte qu’au lieu d’entendre une seule fois le passage désobligeant ; on eut à le subir une seconde.

301. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite.) »

Il suffit que « tout uniment et avec des paroles claires, honnêtes et bien disposées, dans une période sonore, et par le cours naturel d’un récit amusant, l’auteur peigne ce que son imagination conçoit et qu’il fasse comprendre ses pensées sans les embrouiller ni les obscurcir : « Tâchez aussi, se fait-il dire par un interlocuteur de ses amis, qu’en lisant votre histoire, le mélancolique s’excite à rire, que le rieur augmente sa gaieté, que le simple ne s’ennuie pas, que l’habile admire l’invention, que le grave ne la méprise point, et que le sage se croie tenu de la louer. […] Si vous en venez à bout, vous n’aurez pas fait une mince besogne. » L’objet et le but étant ainsi indiqués, l’auteur entame son récit et nous déroule son histoire. […] Ce pauvre Don Quichotte, répétant les exploits des anciens chevaliers avec une si parfaite bonne foi et une candeur si unique, donne jour à une telle variété de rencontres et d’aventures, — l’écuyer Sancho, dès la seconde sortie, accompagne et double si grotesquement son maître, avec ce perpétuel contraste de demi-bon sens et de demi-bêtise qui ne feront que s’accroître et se solidifier en avançant, — l’auteur, par des stations ménagées à propos, sait si naturellement entremêler d’autres récits et nous intéresser, chemin faisant, par les côtés passionnés et romanesques de notre nature, — il profite si justement et avec une si légitime hardiesse des instants lucides de son héros qui n’extravague que sur un point, pour le faire noblement et fermement discourir des matières que lui-même avait le plus à cœur de traiter, — tout cet ensemble vit, marche, se déduit si aisément, d’un cours si large, si abondant, et avec une telle richesse de développements imprévus et d’embranchements inépuisables, qu’on est bien réellement en plein monde, en plein spectacle, en plein air sous le ciel, qu’on nage dans un courant de curiosité humaine de tous côtés excitée et satisfaite, et que rien ne sent ni ne rappelle l’application critique et satirique née dans le cabinet.

302. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Alphonse Daudet  »

C’est au point qu’on pourrait diviser tous ses récits ou tableaux, depuis ses Lettres de mon moulin jusqu’à son premier grand roman, en cinq ou six groupes qui porteraient les noms des pays ou des milieux qu’il a le mieux connus et où il a fait ses plus longs séjours : Nîmes et la Provence, l’Algérie et la Corse, Paris enfin, Paris bohème, Paris populaire, Paris mondain, Paris interlope, Paris pendant le siège. […] Ce qui excite la pitié, Aristote l’écrivait il y a longtemps, c’est le malheur immérité d’un homme semblable à nous et en qui nous puissions nous reconnaître sans être dégoûtés de nous-mêmes : et la pitié est plus grande quand ce malheur est, en outre, exprimé par un homme semblable à nous, lui aussi, doué seulement d’une sensibilité plus délicate et du don prestigieux de peindre par les mots  Que de tendresse et que « d’humanité » dans les petits récits de notre conteur ! […] VI Une bonne part du charme de tous ces récits est dans le choix merveilleux des détails, des traits, des mots typiques, de ceux qui résument un caractère, qui rendent visible une attitude, qui fixent une situation dans la mémoire.

303. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre onzième. »

Bien différent de Retz, qui semble amuser sa vieillesse du récit de toutes ces complications où il avait été si activement mêlé, La Rochefoucauld se travaille pour leur donner les proportions d’événements généraux et il écrit des mémoires sur le ton de l’historien. […] Ses Mémoires sont le récit de la Fronde, ses Maximes sont la moralité du récit.

304. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre V. Premiers aphorismes de Jésus. — Ses idées d’un Dieu Père et d’une religion pure  Premiers disciples. »

On l’ignore, son histoire nous étant parvenue à l’état de récits épars et sans chronologie exacte. […] Voir Matth., IX, 9, et les autres récits analogues. […] La grande théorie de l’apocalypse du Fils de l’homme est en effet réservée, dans les synoptiques, pour les chapitres qui précèdent le récit de la passion.

305. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Hippolyte Babou »

Soit, en effet, qu’il eût compris qu’il faut plus d’art peut-être pour construire un drame ou un récit dans les proportions de Madame Firmiani ou de la Grande Bretèche que dans celle des Mystères de Paris ou de Monte-Cristo, soit qu’il ne se sentit dans l’esprit, pour chacune de ses conceptions, que le cadre étroit d’une nouvelle et qu’il ne voulût pas trop embrasser pour mal étreindre, il n’en a pas moins donné à la Critique le spectacle de deux choses l’une, auxquelles elle est peu accoutumée : — l’amour désintéressé de ce qui est difficile, et l’exacte conscience de soi. […] Comme les personnages de ses récits, il est païen, mais on le lui pardonne, et s’il est moins innocent qu’eux, parce qu’il en sait davantage, il songe si peu à être autre chose qu’un écrivain aimable et sincère, que les chrétiens n’auront pas grand’peine à lui témoigner une sympathie plus personnelle encore que la charité. […] Dans sa Gloriette, dans son Curé de Minerve, dans son Hercule chrétien et dans son Histoire de Pierre Azam, ce qui le préoccupe, c’est la couleur locale et morale, et les personnages de ses récits presque légendaires ne sont guères que des figures, pour la plupart, connues, et parfois d’une physionomie fatiguée.

306. (1900) Le lecteur de romans pp. 141-164

Sans doute, l’écrivain aura le choix de son milieu, de ses personnages, de l’intrigue et du dénouement de son drame, mais toujours son récit devra donner quelque figure de la réalité, en produire l’illusion. […] Qu’est-ce que le roman de Notre-Dame de Paris, de Victor Hugo, sinon l’exemple le plus extraordinaire qui soit, avec cet autre roman, les Travailleurs de la mer, d’un maximum de description où se mêle un minimum de récit ? […] Ceux qui ont souffert, ignorants ou savants, comprendront toujours quelque chose aux récits de la vie.

307. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre V : M. Cousin historien et biographe »

Cousin nous fait oublier ses personnages ; il entre lui-même dans le récit, un paquet de livres sous le bras. […] » Comme elles suspendent bien le récit ! […] Faites d’un orateur un historien : il laissera de côté les traits distinctifs et les caractères propres du temps qu’il décrit ; son récit deviendra un panégyrique et une leçon.

308. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXII. »

C’est ainsi que, dans quelques pâles récits du Bas-Empire romain, il nous est montré avec effroi parmi les hordes des Huns leurs poëtes, dont la voix ne pouvait retentir entre les chariots du camp qu’on ne vit aussitôt les hommes courir aux armes, et les enfants verser des pleurs d’impatience et de rage. […] Mais ce n’est encore que l’étude contemplative de l’artiste ; ce n’est pas l’ode épique et dramatique, comme Pindare l’a conçue dans son récit du voyage des Argonautes et de la fondation de Cyrène, ou dans ses allusions au combat de Salamine. Cette forme admirable de l’imagination, l’enthousiasme mêlé au récit, la brièveté tout à la fois dans le sublime et dans le pathétique, la poésie passant comme un météore sur un lieu, sur un nom qu’elle illustre à jamais, cette ambition ne pouvait manquer dans les rares et studieux efforts du poëte anglais.

309. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre III. Soubrettes et bonnes à tout faire »

Certes, le récit est agaçant de mièvreries, de puérilités séniles, d’habiletés bêtes. […] La petite René a puérilisé le récit déjà puéril.

310. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Ranc » pp. 243-254

Ici, ce n’est pas le récit, sans plus, le récit, clair ou ardent, d’un drame qui a ses personnages auxquels l’Histoire accroche, comme elle peut, çà et là, ses lumières.

311. (1894) Écrivains d’aujourd’hui

Aux souvenirs de la guerre il doit ses récits de l’invasion. Obligé pour les soins de sa santé d’aller vers le Midi, il en rapporte, avec ses récits de voyage, des aspects et des types nouveaux. […] Le « journal », destiné d’abord à n’être connu que de lui seul a fourni bientôt la matière de récits destinés au public. […] Et peut-être sa critique mêlée de fantaisie devait-elle quoique chose aux procédés du roman ; mais ses récits et ses drames sont conçus par un critique. […] Misères d’institutrices, mariages manqués, choses d’église, de cloître et de couvent, récits mouillés de larmes et récits où traîne une odeur d’encens.

312. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

Les intrigues politiques se mêlent aux aventures d’amour, qui constituent l’essentiel du récit. […] Le récit de M.  […] Point d’action, point de récit : rien que de l’analyse. […] Dans le récit, puisque récit il y a, M.  […] Il a laissé de son séjour dans l’Inde, un récit que Barbier de Meynard accueille avec méfiance.

313. (1908) Jean Racine pp. 1-325

Pourquoi l’élégance si ornée du récit de Théramène ?  […] Un jour, il rime un récit de la Légende dorée : la Captivité de saint Malc, pour faire plaisir à messieurs de Port-Royal. […] que ce récit donne bien la morale du drame ! […] Que Segrais ait reproduit assez fidèlement le récit du comte de Cézy, cela paraît probable. […] Le « récit du cinquième acte » est, pour la première fois, très développé et très travaillé.

314. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » p. 488

Ces récits particuliers se perdent dans la foule, quand ils ne nous apprennent que ce qu’on trouve dans les Histoires générales.

315. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bouchard, Joseph (1870-1907) »

Charles Fuster C’est, croyons-nous, de François Coppée qu’il s’inspire surtout, notamment dans quelques petits récits d’ailleurs bien menés et intéressants.

316. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Avenel, Paul (1823-1902) »

Charles Fuster Il y a bien des choses dans ce recueil (Chansons nouvelles), une comédie, des contes et récits, des dialogues, des chansons ; car, avant tout M. 

317. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Castaigne, Joseph Philippe Emmanuel (1871-1951) »

Émile Trolliet Tel récit (de cette œuvre : Le Coin vert) touchant et symbolique, qui a la même inspiration que certains poèmes de François Coppée ou d’Eugène Manuel, semble avoir la même valeur.

318. (1925) Proses datées

Je tâcherai de tracer, une fois, un tableau exact de ces réunions dont des récits, plus ou moins bien intentionnés ont quelque peu dénaturé le caractère. […] Ces échos lui étaient venus de lectures et d’auditions de concert et aussi des récits enthousiastes de Villiers et de Mendès, qui lui avaient conté les prestiges du magicien de Bayreuth. […] Le récit que nous en fait Faguet est ponctuel et réservé ; il nous en dit le nécessaire, mais il demeure en garde contre le sortilège qu’il ne veut pas subir. […] Il faut reconnaître, d’ailleurs, que, malgré ces améliorations, le récit du capitaine rochefortois vaut davantage par le fond que par la forme. […] C’est justement cette confiance en soi qu’un Daniel de Foë incarne dans le personnage de son Crusoé et que nous retrouvons un peu dans le récit de M. 

319. (1892) Sur Goethe : études critiques de littérature allemande

Et quelle merveilleuse variété de mouvements dans ce récit ! […] À ce récit de l’entrevue de Napoléon avec Goethe, M.  […] Voilà pourquoi son livre commence avec la vie même d’Antoine et ne finit qu’à la mort d’Itzig, embrassant trois récits qui s’ajustent l’un à l’autre, qui se mêlent, qui souvent s’interrompent et s’arrêtent pour livrer passage dans leurs intervalles à des récits et à des épisodes secondaires. […] On pourra, lorsque le départ de Fink et la ruine imminente de Rothsattel marqueront l’une des crises les plus attachantes du récit principal, laisser là ce récit et se mettre à décrire des émeutes polonaises, comprimées par les troupes allemandes. […] Freytag sa couleur ; c’est la poésie qui forme le fond des caractères et des récits.

320. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article »

Le style du Réfugié est clair & rapide ; il présente les faits avec ordre ; il démêle avec pénétration les principes des événemens : mais quand l’esprit de secte domine ses lumieres, ses récits sont rarement d’accord avec la vérité.

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