Sa force n’aura d’effets sociaux que si elle repose elle-même sur une sorte de consentement public, c’est-à-dire si les individus qu’elle prétend soumettre la même loi ont bien la volonté de vivre ensemble. […] En Amérique comme en Angleterre toute une administration publique s’installe. […] Tous les théoriciens du Droit public ont montré comment la centralisation conduisait à l’uniformité. […] Ainsi, à l’impuissance des institutions publiques correspond la prospérité des groupements séparatistes du moyen âge : et à leur absence, le pullulement des castes en Inde219. […] Tous les droits personnels s’effaceraient devant le droit public.
Arcq, [Philippe – Auguste de Sainte-Foi, Chevalier d’] né avec beaucoup d’esprit & de talent ; il a cultivé les Lettres par goût, & les Ouvrages qu’il a publiés ont été accueillis du Public. […] Les vûes sages & utiles qu’il a répandues dans ces deux Ouvrages, & sur-tout dans le dernier, lui assurent la double gloire d’avoir su amuser & instruire le Public.
Le public ne fait jamais beaucoup de cas des ouvrages d’un poëte qui n’a pour tout talent que celui de réussir dans la mécanique de son art. On auroit tort cependant d’accuser le public de rigueur envers les poëtes et d’indulgence envers les peintres.
J’aurais mauvaise grâce à nier un fait aussi public. […] Hugo n’est plus qu’un escamotage de place publique. […] Ce n’est pas eux qui s’étonneraient de l’indifférence publique. […] Le public est-il changé ? […] Après le public indifférent et blasé, nous aurons le public attentif.
l’artiste aura fait comme font les gens pauvres, comme la ville de Paris et le gouvernement qui mettent des papiers mâchés dans les monuments publics. […] Il le faudrait surtout, lorsque, recherché du public, on peut, en quelques semaines de travail, se procurer ce qui eût suffi à l’année d’un grand écrivain frugal d’autrefois. […] Pourquoi initier le public à ces misères que la fierté dérobe si elles sont vraies ?
Mais il y a dans ce discours une autre idée toute pratique, et qui mérite qu’on la mette en vue et en saillie ; c’est ce que j’appellerai l’idée de centralisation historique provinciale : réunir dans un seul et même local tout ce qui se rapporte à l’histoire de la province sous forme graphique, c’est-à-dire tout ce qui est écrit ou tout ce qui peut se dessiner ; et pour être plus précis, j’emprunterai les termes de M. de Persigny lui-même : « fonder une sorte de cabinet historiographique où soient réunies toutes les sources d’informations ; par exemple, une bibliothèque de tous les livres ou manuscrits qui peuvent concerner le pays ; une seconde bibliothèque de tous les ouvrages faits par des compatriotes ; un recueil des sceaux et médailles de la province, ou fac-similé de ces objets ; une collection de cartes géographiques et topographiques du pays, de plans, dessins, vues, portraits des grands hommes ; des albums photographiques pour la reproduction des monuments archéologiques ; un cabinet de titres, chartes, actes authentiques, originaux ou copiés, et surtout un catalogue suffisamment détaillé de tous les documents qui peuvent intéresser la province, dans les collections publiques ou particulières, dans les archives, bibliothèques, musées et cabinets de Paris, des départements et de l’étranger. » Voilà l’idée dans son originalité, et elle peut trouver son application ailleurs. […] Le ministre de l’instruction publique a, par une fondation heureuse, réuni depuis quelques années, les travaux des diverses Sociétés provinciales et les a fait en quelque sorte comparaître à son ministère pour être, après examen en commission et rapport, analysés ou mentionnés dans la Revue des Sociétés savantes : une solennité annuelle rassemble à Paris sous sa présidence et met en contact, dans une sorte de congrès, les membres de ces Sociétés qui correspondent utilement avec son ministère. […] Tout ce qu’on pourra réunir de livres, de manuscrits, on le réunira, et, pour ces derniers, à défaut des originaux qui appartiennent le plus souvent à des dépôts publics ou de copies longues à faire et inutiles, on aura du moins les indications précises, immédiates.
Mais j’y apportais sans doute trop de zèle, et je vois bien maintenant que je me rendais importun à mes ministres et à mon peuple en m’occupant trop minutieusement des affaires publiques, après les avoir trop longtemps négligées. […] Le jour même où je perdais ma couronne, M. le président Carnot m’offrait les palmes d’officier de l’Instruction publique. […] Les autres croient tout au plus à l’utilité de leur mission publique et de la tradition qu’ils représentent.
Cependant, il m’est impossible de passer sur ces noms illustres en n’y laissant que du blâme, comme si rien n’eût racheté les fautes où ils ont été entraînés, et j’encourrais moi plus que le blâme public, si aucun hommage ne rachetait la témérité de ma censure. […] Il était grand citoyen aussi quand il livrait à la moquerie publique la manie de se faire noble, de se donner des titres, de se séparer du commun état. […] Mais il était ami plus fidèle que courtisan habile, quand il écrivait son élégie Aux Nymphes de Vaux, en faveur de Fouquet, il implorait pour lui la clémence de Louis XIV, sachant très bien, et son élégie même en contient la preuve, qu’il avait à défendre, non, comme le croyait le public, le ministre prévaricateur, mais le galant magnifique et téméraire, qui avait osé prétendre au cœur de la maîtresse du monarque et essayé de la séduire.
de la Beaumelle, que nous connoissons par quelques fragmens, & dont nous nous flattons que le Public jugera aussi favorablement que nous. […] d’Alembert trouve cet heureux tempérament dans son caractere autant que dans sa politique, & il respecte trop le Public, pour ne pas se faire un devoir de donner du poids à son zele, par sa prudence. Quant à ses Eloges lus dans les Séances publiques de l’Académie Françoise, la maniere dont ils sont écrits est si mesquine, si incohérente, si remplie d’afféterie, si forcée, que les partisans les plus intrépides de M.
On a tiré sa couverture sur sa tête, et le public vous laisse mourir dessous. […] Si son livre ne révèle aucune de ces manières éclatantes et familières au public qui disent, dès les premiers mots, les plumes dont elles sont sorties, il n’accuse pas non plus quelque grande manière nouvelle, — une initiative dans le fond ou la forme des choses ; il confirme assez modestement les bruits qui ont couru. […] Il ne fallait pas l’adorer et l’épouser dans sa pensée ; car bien évidemment le comte Zélislas est une espèce de sarbacane à travers laquelle l’auteur souffle au public ses propres idées, ses théories, ses espérances, ses désespoirs, et la condamnation (éloquente, croit-il, comme une victime !)
Dans tous les cas on veut avoir ou de l’éloquence ou de l’esprit, car il est juste que dans le public on parle du mort ; mais il est un peu plus juste (comme tout le monde le sent) qu’on parle de l’orateur. […] Le public écoute, applaudit l’orateur, quand il le mérite, et laisse le mort pour ce qu’il est. […] Le public n’aime ni les tyrans d’autorité, ni les tyrans d’opinions.
Daudet me dit, que la seule crainte qu’il éprouve pour moi, c’est que la fin de mes tableaux, sans effet théâtral, ne déroute le public. […] Un public de première, comme jamais on n’en a vu à l’Odéon, assure Porel. […] Il y a deux mots, dans le premier tableau, sur lesquels je comptais pour m’éclairer sur la disposition du public. […] Je ne suis pas de ceux qui disent : « Quand j’arriverai au vrai public ! […] Merci de ne point sacrifier au goût du gros public, de ne point lui faire de concessions, ni même de demi-concessions.
En quelques païs le souverain a été obligé d’exciter par des actes publics le peuple devenu protestant, à prendre les mêmes divertissemens les jours de dimanche après le service, qu’il prenoit bien avant que le culte religieux y eut été changé avec la confession de foi, sans qu’on l’y exhortât. […] C’est ce qui arrive toujours dans les nouveautez qui sont goûtées du public. […] Mais le public qui sçait discerner entre les défauts de l’art et les fautes de l’artisan, ne trouve pas que les inventions nouvelles soient de mauvaises choses, parce qu’on en abuse. Ainsi le public s’est si bien accoutumé à la nouvelle danse de théatre, qu’il trouveroit fade aujourd’hui le goût de danse, lequel y regnoit il y a soixante ans.
Nul, sans le dévouement de l’amitié ou ces engagements de la vie qui nous mènent souvent plus loin que nous n’avions dessein d’aller, ne supportera, sans en souffrir, l’insignifiance d’un livre qui n’était pas un livre, d’ailleurs, écrit pour le public, et dont la médiocrité ne doit pas être reprochée à l’auteur ; car on a le droit d’être médiocre chez soi tout à son aise comme on a le droit d’y être en pantoufles, surtout quand on vit au milieu de gens qui sont disposés à vous trouver charmant, quoi que vous soyez… Malheureusement, il n’en est pas tout à fait ainsi pour cet indifférent de public. […] Dans les livres écrits pour le public, il y a toujours — indépendamment du talent qu’on y ajoute ou qu’on n’y ajoute pas — un sujet qui peut le passionner ou des faits qui peuvent l’intéresser et qu’on n’a eu que la peine de recueillir ; mais dans une correspondance, non ! […] III Telles sont cependant cette Correspondance et ces Œuvres inédites d’où l’on a tiré un Tocqueville de pure fantaisie et qui nous en ont dévoilé un autre, lequel, lui, avait la sienne, pendant que le Tocqueville de la réalité était, de fait, moins grand dans ces Œuvres inédites et cette Correspondance que dans les livres officiels, écrits laborieusement pour le public, et qu’il a lui-même publiés.
C’est une sorte de galerie, que nous continuerons jusqu’où nous pourrons, si Dieu nous prête vie, et si le grand public se montre aussi bienveillant à notre égard que le public particulier du Collège de France. […] Il n’est pas nécessaire que les œuvres qu’on étudie soient nouvelles, lorsque le public est nouveau. […] Ce fut un changement de front, un pas considérable, une révélation pour le public et pour le poète lui-même. […] et plus difficile peut-être que l’autre, car on ne lui tend pas des palmes publiques pour le couronner devant l’univers. […] Dans une de ses préfaces, il parle au public (al volgo) en ces termes : « Canaille !
Il veut persuader le public ; bien plus, le peuple. […] Les insultes publiques qu’il essuya de moi sans nombre ne le rebutèrent pas. […] Le public court à lui comme au plus intéressant des historiens. […] Ils sont les ennemis de la civilisation, du bon ordre, de la paix publique. […] Ils étaient jadis les ennemis de l’ordre public ; ils sont maintenant les ennemis de la caisse publique.
On la lit, on l’écoute, on l’applaudit, mais on ne la croit pas ; et il en résulte pour elle un défaut absolu d’influence et d’action, tant sur les jugements du public que sur les tendances littéraires. […] On sentait que la vie, le public, la raison du plus fort, étaient du côté des vengeurs des principes monarchiques et chrétiens, longtemps calomniés et méconnus. […] Serait-ce que le public aime à voir une œuvre dramatique se perdre dans les nuages ? […] La mode s’en mêla ; on fit circuler les vers, on s’arracha les autographes de ce poétique assassin, qui venait de parader et de faire la roue devant le public, en attendant le bourreau. […] Un soir, ce public, si bénévole d’ordinaire et si facilement enthousiaste, se montrait d’assez maussade humeur.
Il a le premier traité cette histoire dans un esprit vraiment laïque et l’a rendue accessible au grand public. […] Le ministre de l’Instruction publique, M. […] Combinées avec le fâcheux état des affaires publiques, elles ont produit la catastrophe de 1789 et la très imparfaite réorganisation de 1800. […] Cette activité nouvelle eut sur Michelet une influence décisive que vinrent encore fortifier les événements de la vie publique. […] J’oubliais de dire qu’ils comptent beaucoup, surtout à Naples, sur l’augmentation de la richesse publique.
L’indignation publique demande un organe public. […] comment aurait-il consulté la volonté nationale, si la pensée publique n’était manifestée ? […] Un journal avait apparemment critiqué cet acte public comme étant d’un mauvais exemple. […] Un service public à rendre à ses compatriotes lyonnais, un legs considérable à recueillir au profit des hôpitaux, l’obligea vers ce temps d’aller à Londres. […] Il avait d’abord songé, dès les premières atteintes du mal, à renoncer à la vie publique, à refuser sa réélection de député (octobre 1818) : désapprouvé, blâmé fortement par ses amis politiques (Royer-Collard, M.
À quoi Jeannin répondit en riant : « Oui, mon père, c’est moi, et j’en ai bien fait d’autres depuis que je ne vous ai vu : mais il faut commencer à devenir sage et à étudier. » Ce qui paraît certain, c’est que de bonne heure, et dès ses premiers exercices aux écoles publiques, il se fit remarquer, au milieu de ses vivacités, pour être d’un parfait et merveilleux jugement, « et capable de terminer un jour les différends des hommes ». […] Les élus étaient une commission de cinq membres, qui représentaient les états dans l’intervalle des sessions, et qui dirigeaient l’assiette des impôts, les travaux publics, et presque toute l’administration du pays. […] Aussitôt après le massacre des deux frères, le duc et le cardinal de Guise, à Blois, Henri III expédia au duc de Mayenne, à Lyon où il était encore, un gentilhomme avec une lettre d’excuses par laquelle il disait avoir été contraint à l’acte auquel il s’était porté, ajoutant qu’il savait bien son innocence, à lui Mayenne, qu’il désirait sa conservation et lui donner des marques particulières et publiques de sa bienveillance. […] Ainsi, peu avant la bataille d’Ivry (mars 1590), le président, qui est à l’affût d’un changement dans les dispositions du duc, s’empresse d’écrire à Villeroi, également jaloux d’attacher une négociation pour la paix publique, qu’il croit le moment propice, et le duc plus enclin à y prêter l’oreille que jamais : « Cette lettre me réjouit, dit Villeroi, étant dudit président qui était à la suite dudit duc, auquel il se confiait grandement, et qui était homme de bien et clairvoyant. » Mais la défaite d’Ivry, survenue dans l’intervalle, produit sur Mayenne un effet tout opposé à celui qu’on aurait pu croire : elle fait évanouir ses dispositions pacifiques ; il n’est plus question que de prendre une revanche. […] J’appelle le moment où, sous un roi magnanime et brave qui sait distinguer les hommes, la carrière se rouvrira pour le président Jeannin, carrière d’honneur, d’utilité manifeste, de services publics non équivoques, et qui parleront d’eux-mêmes : on y verra enfin se dessiner tout entier le vieillard illustre et consommé, qui a en lui les talents d’un Forbin-Janson, et qui tient aussi des vertus de L’Hôpital.
Sainte-Beuve, au nom du jury d’examen pour les prix proposés par la Société des gens de lettres, et lu dans la séance publique du jeudi 17 avril. […] Quand ce sont les pouvoirs publics, quand c’est l’État qui prend à cet égard l’initiative, cela s’appelle protection, et cette protection favorisée d’heureuses rencontres et entourée de hautes lumières, a pris, à de certaines époques, un caractère d’immortelle grandeur. […] S’ils sont aimés du public, et si la faveur, si l’estime ou l’admiration les récompense, il importe de plus que cette récompense, sous ses différentes formes, aille bien à eux, leur revienne en une juste proportion et ne reste point en chemin : c’est à cette condition que leur talent vieillissant ne sera point condamné à une production toujours recommençante, et que là aussi, au bout de la carrière, il y aura la dignité d’un certain loisir. Être homme de lettres comme on est avocat, comme on est médecin, ne vivre que de sa plume, ne relever que du public, des nombreux amis et des clients qu’on s’y est faite, quoi de plus noble et de plus honorable ? […] Plusieurs de ceux qui n’ont pu y atteindre et qui sont restés en deçà, s’étant hâtés d’en appeler au public et de faire imprimer leurs vers, je n’ai point à m’en occuper ici.
Les hommes de lettres d’Allemagne vivent entre eux en république ; plus il y a d’abus révoltants dans le despotisme des rangs, plus les hommes éclairés se séparent de la société et des affaires publiques. […] La société ayant encore beaucoup moins d’agréments en Allemagne qu’en Angleterre, la plupart des philosophes vivent solitaires, et l’intérêt des affaires publiques, si puissant chez les Anglais, n’existe presque point parmi les Allemands. […] Néanmoins la plupart des gouvernements n’appellent que les anciens nobles à se mêler de la politique ; et il n’y a d’ailleurs que les gouvernements représentatifs qui donnent à toutes les classes un intérêt direct aux affaires publiques. […] On ne doit pas se mettre au niveau du plus grand nombre, mais tendre au plus haut terme de perfection possible : le jugement du public est toujours, à la fin, celui des hommes les plus distingués de la nation. […] Ne vous permettez jamais une action que la morale puisse réprouver ; n’écoutez point ce que vous diront quelques raisonneurs misérables sur la différence qu’on doit établir entre la morale des particuliers et celle des hommes publics.
Mais, sans compter que d’autres les lisent toujours aux étages inférieurs de la société, ce public même a d’étranges rechutes dans ses péchés d’autrefois. […] Un livre que la police correctionnelle avait à grand-peine épargné, a eu dans ce public d’élite un succès de curiosité avide. […] Le jugement favorable dont il a été l’objet de la part de l’éminente compagnie m’encourage à le soumettre aujourd’hui au public. […] Et la conscience publique n’a pas élevé contre de tels outrages le cri de son indignation ! […] N’a-t-on pas vu l’intérêt passionné du public faire cortège à des empoisonneuses, et leur dresser comme des arcs de triomphe ?
Tocqueville, à son entrée dans la carrière publique, eut certainement l’idée et l’ambition d’être un Royer-Collard jeune. […] Mais si son expression n’est pas simple, elle est toujours grande, originale et unique ; il ne dit rien comme un autre : « (31 juillet 1837.)… Dans un temps d’instabilité, il n’est pas bon d’entrer très-jeune dans les affaires publiques ; si j’avais eu ce malheur, j’aurais été incapable de la conduite que j’ai eue sous la Restauration, et tout ce que j’ai de vie publique est là. […] Royer-Collard fatigué et sentant sa robuste constitution fléchir se décide enfin à quitter la scène publique ; il renonce à faire partie de la Chambre et à continuer de siéger au sein de ces débats journaliers auxquels il n’assistait plus guère depuis longtemps que par son dédain et son silence. […] Rien de pareil ne saurait se présenter de notre temps : la vie publique manque d’objet… » M. […] Royer-Collard, vient de nous être bien nettement accusé : ce fut là l'embarras et comme l’empêchement de sa vie publique.