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667. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Les regrets. » pp. 397-413

La prétention, en effet, des principaux chefs de cette génération qui ne relevait ni du droit divin ni d’aucun principe préconçu, et qui arrivait à la politique par l’étude des choses et de l’histoire, était de tout comprendre ; et, depuis quelque temps, ils me semblent, en vérité, ne se plus mettre en peine de cela. […] Les principes, je les conçois aussi, je les respecte également, à condition qu’ils soient nets et avérés. Si dans les hommes irrités dont je parle, il en est qui aient gardé le culte des purs sentiments libéraux, de la vieille liberté entendue comme en 89 ou en 1819, qui aient aimé cette liberté de la même manière avant et pendant le pouvoir, qui n’aient jamais senti, alors qu’ils étaient les maîtres, qu’il fallait faire fléchir les principes eux-mêmes devant les nécessités publiques et les périls imminents, s’il est de tels hommes qui aient conservé chastement en eux ce premier idéal de la nature humaine et de la nature française gouvernable, à ceux-là je leur accorde tout ; de tels modèles sont beaux de temps en temps à contempler à distance dans l’histoire.

668. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Paragraphe sur la composition ou j’espère que j’en parlerai » pp. 54-69

Sur deux mille enfants, à peine y en a-t-il deux qu’on puisse élever d’après leurs principes. […] Un des plus beaux vers de Virgile et un des plus beaux principes de l’art imitatif, c’est celui-ci : Sunt lacrymae rerum, et mentem mortalia tangunt. […] Cependant, s’il est vrai qu’un art ne se soutienne que par le premier principe qui lui donna naissance, la médecine par l’empirisme, la peinture par le portrait, la sculpture par le buste, le mépris du portrait et du buste annonce la décadence des deux arts.

669. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IX. Seconde partie. Nouvelles preuves que la société a été imposée à l’homme » pp. 243-267

Dieu a voulu que dans l’homme l’amour fût le principe de la reproduction : c’est une grande et belle loi morale. […] Voyez ce qui est arrivé dans la révolution française, où l’on a marché dans cette voie du dégoût : on a commencé par abolir toutes les hiérarchies sociales, et il n’y a plus eu de ces barrières concentriques où les principes conservateurs peuvent, en se retirant, se retrancher avec quelque succès. […] Sitôt que le principe de l’égalité recule les barrières, il tend toujours à les reculer de plus en plus.

670. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IV : M. Cousin écrivain »

De qui les hommes ont-ils reçu ces nobles principes : qu’il est plus beau de garder la foi donnée que de la trahir ; qu’il y a de la dignité à maîtriser ses passions, à demeurer tempérant au sein même des plaisirs permis ? […] Plus que jamais, fidèle à la méthode psychologique, au lieu de sortir de l’observation, je m’y enfonçai davantage, et c’est par l’observation que, dans l’intimité de la conscience et à un degré où Kant n’avait pas pénétré, sous la relativité et la subjectivité apparentes des principes nécessaires, j’atteignis et démêlai le fait instantané, mais réel, de l’aperception spontanée de la vérité, aperception qui, ne se réfléchissant point elle-même, passe inaperçue dans les profondeurs de la conscience, mais y est la base véritable de ce qui, plus tard, sous une forme logique et entre les mains de la réflexion, devient une conception nécessaire. […] C’est alors qu’il s’écrie, sauf à s’en repentir plus tard : « Le Dieu de la conscience n’est pas un Dieu abstrait, un roi solitaire, relégué par-delà la création sur le trône désert d’une éternité silencieuse et d’une existence absolue qui ressemble au néant même de l’existence ; c’est un Dieu à la fois vrai et réel, un et plusieurs, éternité et temps, espace et nombre, essence et vie, indivisibilité et totalité, principe, fin et milieu, au sommet de l’être et à son plus humble degré, infini et fini tout ensemble, triple enfin, c’est-à-dire à la fois Dieu, nature et humanité. » Et combien le style vague et allemand convient à ces effusions lyriques !

671. (1874) Premiers lundis. Tome II « Thomas Jefferson. Mélanges politiques et philosophiques, extraits de ses Mémoires et de sa correspondance, avec une introduction par M. Conseil — II »

Les principes que suit Jefferson, lors de sa présidence, au sujet des destitutions nécessaires, sont comme une réponse, admirable de mesure et de scrupules, à tout ce qu’on a débité ici de grossièrement servile ou de mystiquement sentencieux sur ce sujet. […] Ceux-ci, en effet, tout échauffés, tout aigris encore de la lutte contre l’infâme, adoptent en morale le principe de l’intérêt, et leur théologie se borne à une négation sèche ou au scepticisme railleur qui ne vaut pas mieux.

672. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre II. Utilité de l’ordre. — Rapport de l’ordre et de l’originalité »

« Il remonte d’abord au premier principe, dit-il, sur la matière qu’il veut débrouiller ; il met ce principe dans son premier point de vue ; il le tourne et le retourne, pour y accoutumer ses auditeurs les moins pénétrants ; il descend jusqu’aux dernières conséquences par un enchaînement court et sensible.

673. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Notre critique et la leur »

La critique, la critique qui dise d’où elle vient et où elle va, la critique qui se réclame d’un principe moral plus haut qu’elle, il n’y a pas plus de cette critique-là à la Revue des Deux Mondes, veuve de Gustave Planche, qu’à la Revue Contemporaine, qui n’a plus besoin de se chercher un Gustave Planche puisque la Revue des Deux Mondes a perdu le sien. […] C’était un critique, — un des maçons de cette Babel qu’on appelle la critique en France, — mais il n’avait pas de critique au fond, pas plus que la revue magazine à laquelle il appartenait, pas plus que les autres journaux d’une époque qui, si elle continue, sera tristement remarquable dans l’histoire par l’indigence des doctrines générales et des principes absolus.

674. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « V. Saint-René Taillandier »

Ce christianisme sans gêne est fort au-dessous d’un protestantisme quelconque, car le Protestantisme a des liens qui l’embrassent et qui le retiennent en des Communions déterminées, et comme le Catholicisme, mais avec moins de bonheur et de facilité que le Catholicisme, il a toujours essayé de défendre son unité, sans cesse menacée et faussée d’ailleurs par son principe même. […] Et pour légitimer cette affirmation qui, vous le voyez, se détruit seulement en s’exprimant, et prouver qu’il est de l’essence de la vérité éternelle d’être moins forte que le temps et de changer avec lui, après avoir posé le principe faux du changement nécessaire, il le complète en l’appuyant sur des affirmations historiques d’une égale fausseté.

675. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre cinquième. Retour des mêmes révolutions lorsque les sociétés détruites se relèvent de leurs ruines — Chapitre IV. Conclusion. — D’une république éternelle fondée dans la nature par la providence divine, et qui est la meilleure possible dans chacune de ses formes diverses » pp. 376-387

Sans doute les hommes ont fait eux-mêmes le monde social, c’est le principe incontestable de la science nouvelle ; mais ce monde n’en est pas moins sorti d’une intelligence qui souvent s’écarte des fins particulières que les hommes s’étaient proposées, qui leur est quelquefois contraire et toujours supérieure. […] Mais les jurisconsultes romains l’ont prise pour premier principe du droit naturel.

676. (1929) La société des grands esprits

Il semblait bien que leur beauté fût, au moins en principe, universellement reconnue. […] Son principe, c’est l’intérêt de la civilisation. […] Notons que c’était uniquement par principe que Byron défendait les catholiques. […] Ces vertus ont été rabaissées et contestées dans leur principe. […] C’est son principe de pensée et d’action.

677. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article »

Les Gens de Lettres peuvent les lire avec plaisir, parce qu’ils sont écrits avec aisance, avec méthode, & même avec une sorte d’élégance ; les Gens de Loix peuvent les lire avec fruit, parce que les principes en sont clairs, bien discutés, & presque toujours sûrs.

678. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article »

Le Traité de la paix intérieure est tout à la fois un Ouvrage de Religion & de Belles-Lettres : de Religion, par les réflexions sages, les maximes solides, les principes lumineux, les sentimens pleins d’onction qu’il offre à son Lecteur : de Belles-Lettres, par la maniere dont il est écrit, c’est-à-dire, avec netteté, élégance & précision.

679. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article »

Il savoit la Musique & les Mathématiques, qu’il fit toujours marcher de pair, & expliquoit le premier Art par les principes du second.

680. (1901) Figures et caractères

Michelet l’étudié en son principe et ses effets, dans le couple et dans la foule. […] Remarquez de plus qu’il ne s’évertue pas dans une société comme la nôtre, ouverte en principe à tous. […] Le principe de ce réquisitoire est le mécontentement. […] Toute chose porte en elle-même le principe de sa caducité. […] Cette vérité, c’est le principe de l’idéalité du monde.

681. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre II. La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) » pp. 107-277

Ils croyaient tous les quatre que le principe de l’art consiste essentiellement dans l’imitation de la nature, et, à ce propos, je me suis efforcé de montrer, en plus d’une occasion, que, ce qu’ils admiraient dans les anciens, c’était la fidélité de cette imitation [Cf.  […] Et ils croyaient enfin que le moyen le plus sûr d’atteindre ce but, ou, — si l’on me permet cette expression un peu pédantesque, — de dégager cette « fin » de ce « principe », était le perpétuel souci de la forme ou du style. […] Disciple non seulement convaincu, mais passionné de Descartes, il s’avise un beau jour de vouloir appliquer les principes de son maître à la démonstration ou au développement des vérités de la foi ; et voici tout d’un coup que, par une déchirure du rideau, la grande contradiction apparaît. […] Mesnard, II, 367]. = — Conséquences de ce principe. — 1º Les actions rares, extraordinaires et « complexes » de Corneille remplacées par des actions simples, « chargées de peu de matière », et d’expérience quotidienne [Cf.  […] Époques du théâtre français] ; — et que le soin qu’il met à les dissimuler nous ramène encore en finissant au principe de la vraisemblance.

682. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIe entretien. L’homme de lettres »

Jean-Jacques, n’ayant ni but ni principe arrêté, promena longtemps son oisive jeunesse entre l’opprobre et la misère. […] Toujours ferme dans ses principes, il fut éprouvé et non avili par ses passions. […] L’amour de la solitude et de la nature les réunit, et dans les douces relations qui s’établirent entre eux, ils furent toujours d’accord sur les grands principes de la morale, et toujours divisés sur les opinions purement humaines. […] Ne pouvant réfuter ses principes, ils essayèrent d’en affaiblir l’effet en publiant que le clergé lui faisait une pension, voulant montrer une âme vénale où l’on voyait une âme religieuse. […] L’analyse des mémoires fut écoutée assez tranquillement ; mais, aux premières lignes de la déclaration solennelle de ses principes religieux, un cri de fureur s’éleva de toutes les parties de la salle.

683. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 327

Les Etymologistes & les Curieux peuvent tirer de cet Ouvrage de grandes lumieres & de petites instructions ; les Médecins & les Naturalistes ne pourroient trouver dans les premiers, que la répétition des vieux principes auxquels ils paroissent peu attachés à présent.

684. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article »

Le style du Réfugié est clair & rapide ; il présente les faits avec ordre ; il démêle avec pénétration les principes des événemens : mais quand l’esprit de secte domine ses lumieres, ses récits sont rarement d’accord avec la vérité.

685. (1895) Nouveaux essais sur la littérature contemporaine

et au contraire, démentant ce jour-là les principes de toute sa vie, son mari l’avait épousée sans dot. […] C’est Dieu qui parle par la voix des foules, et Lamennais n’a reculé devant aucune des conséquences de son principe. […] À cet égard même il avait un principe : c’était que l’esprit romanesque est la véritable et même l’unique cause de la perdition des femmes. […] et que la gravité de ses conséquences condamnerait encore de fausseté, s’il n’y suffisait pas du paradoxe de son principe ! […] — et en second lieu parce que d’admettre le surnaturel, ce serait poser en principe l’impossibilité de la science.

686. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article »

En fait d’Ouvrages élémentaires, les premiers sont rarement bons ; le temps seul peut développer les vrais principes, en les soumettant au creuset de l’expérience.

687. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » p. 58

Celui qui a rapport à l’Ecriture-Sainte, donne sur-tout l’idée d’un Ecrivain laborieux, attentif, éclairé, qui sait relever à propos les falsifications que les Ministres Protestans se sont si souvent permises, pour ajuster les textes aux principes de leur doctrine.

688. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 202

Il seroit à souhaiter que la politique fût appuyée sur des principes invariables ; ce seroit le vrai moyen d’obliger les Princes à suivre les loix de la justice & de l’équité.

689. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » p. 323

Thomas en a senti tout le mérite, & y a* puisé les principes d’administration & d’économie dont il a enrichi son Eloge du Duc de Sully.

690. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » p. 4

Elle cultiva la Poésie dans un temps où les moindres principes de goût étoient encore inconnus.

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