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811. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. NISARD. » pp. 328-357

On s’attache d’ordinaire à son sujet, on y prend goût, on y porte amour et indulgence : ici c’est le contraire. […] Nisard, qui se pique en général de suivre les lois de Malherbe et de Boileau, s’est mis, après force précautions ingénieuses, en contradiction avec ce dernier à propos de Perse ; et j’avoue que, de tous les jugements de son livre instructif, celui qu’il porte sur ce satirique latin m’a le plus étonné, et, pour parler franc, m’a tout à fait révolté par l’injustice criante et la latitude de la conjecture. […] Nisard, il a de plus en plus, en effet, accru ses qualités sérieuses, ses connaissances diverses ; il prend intérêt à toutes sortes de choses, peinture, machines, histoire, etc., et y porte une expression abondante, redondante quelquefois, mais facile, claire, sensée, une foule d’observations morales qui plaisent à beaucoup d’esprits modérés et distingués, qui enchantent beaucoup d’esprits solides, qui ne satisfont peut-être pas toujours au même degré quelques délicats, subtils et dédaigneux.

812. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mémoires sur la mort de Louis XV »

Il avait entendu dire que, pendant la maladie du roi à Metz, M. de Richelieu s’était enfermé seul avec lui et avait interdit la porte à M. de Bouillon et à mon grand-père, qui avaient eu l’un et l’autre la faiblesse de souscrire à cette volonté ridicule de M. le maréchal. […] Forgeot (c’est le nom du maître apothicaire), placé avantageusement, allait poser et mettre en place la canule, quand tout à coup le garçon de la chambre, voyant que la lumière qu’il porte donne en plein sur le derrière royal, et imaginant apparemment que son effet peut être dangereux pour la santé ou au moins la commodité de Sa Majesté, arrache avec précipitation de dessous le bras d’un médecin un chapeau, et le place entre la bougie et le lieu où M.  […] Leur espérance ou plutôt leur certitude d’une guérison prochaine ne tarda pas à s’évanouir, et ils s’aperçurent, après quelques moments de réflexion, qu’un vieillard de plus de soixante ans, qui a la petite vérole, ne se porte pas bien, et est dans quelque danger.

813. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Discours préliminaire » pp. 25-70

Les grands talents obtiennent des applaudissements, et une bienveillance qui porte à la douceur l’âme de ceux qui les possèdent. […] L’homme, créé par la nature pour les relations domestiques, ne porte son ambition au-delà que par l’irrésistible attrait de l’estime générale ; et c’est sur cette estime, formée par l’opinion, que le talent d’écrire a la plus grande influence. […] Mais il ne faut jamais comparer l’ignorance à la dégradation ; un peuple qui a été civilisé par les lumières, s’il retombe dans l’indifférence pour le talent et la philosophie, devient incapable de toute espèce de sentiment vif ; il lui reste une sorte d’esprit de dénigrement, qui le porte, à tout hasard, à se refuser à l’admiration ; il craint de se tromper dans les louanges, et croit, comme les jeunes gens qui prétendent au bon air, qu’on se fait plus d’honneur en critiquant, même avec injustice, qu’en approuvant trop facilement.

814. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre II. Littérature dramatique — Chapitre II. Le théâtre du quinzième siècle (1450-1550) »

Ainsi, quand Charles VII fait son entrée solennelle à Paris en 1437, de la porte de la ville, par la rue Saint-Denis, jusqu’au pont du Châtelet, s’échelonnent de place en place diverses scènes de l’Évangile, Passion, Résurrection, Annonciation, etc., sans parler de saint Denis qui naturellement reçoit le roi à la porte Saint-Denis, entouré de saint Louis, saint Thomas, saint.Maurice et sainte Geneviève. […] Une gouache du manuscrit de la Passion, jouée à Valenciennes en 1547, figure onze lieux juxtaposés : le Paradis, une salle, Nazareth, le Temple, Jérusalem, le Paradis, la maison des Évêques, la Porte Dorée, la mer, l’Enfer.

815. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre I. Les mondains : La Rochefoucauld, Retz, Madame de Sévigné »

Elle la porte gaiement, bravement ; elle a une nature énergique où l’intelligence domine. […] Elle vit d’une petite pension, et des cadeaux de quelques amis, qu’elle s’ingénie à payer par des services : à l’Hôtel d’Albret, à l’Hôtel de Richelieu, chez les Montchevreuil, elle porte sa belle humeur, son activité, son humilité, tenant peu de place, et faisant toutes les besognes. […] Il fut très grièvement blessé au combat de la Porte Saint-Antoine.

816. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Ferdinand Fabre  »

Et pensez un peu à ce que c’est que la continence absolue, la nécessité de promener partout sa robe noire, le renoncement à toutes les curiosités de l’esprit, l’idée que l’on porte un signe indélébile et qu’on ne s’appartiendra jamais plus. […] Ainsi pas une phrase qui ne sente en plein l’église ; pas une qui ne porte la soutane. […] On a dit que sa passion du pouvoir n’avait guère les allures d’une passion ecclésiastique ; qu’elle était trop fougueuse, imprudente et emportée ; qu’il n’est pas vraisemblable qu’un vicaire général laisse dehors, la nuit, devant la porte fermée de la cathédrale, sous le vent et la pluie, le cercueil d’un évêque : l’esprit de corps est si puissant dans le clergé qu’il est infiniment rare que les haines particulières s’y manifestent par des actes capables de compromettre le clergé tout entier, de scandaliser les fidèles et de réjouir les impies ; et comme ici la publicité de la vengeance s’aggrave d’une sorte de sacrilège, on peut hardiment contester la vérité de cet épisode si lugubrement dramatique.

817. (1868) Alexandre Pouchkine pp. 1-34

J’appelle masculine une rime qui porte un accent sur la dernière syllabe ; féminine, lorsque cet accent tombe sur la pénultième syllabe d’un mot. […] Pour le réveiller, Rousslan lui porte la pointe de sa lance dans les narines ; le géant éternue, la steppe tremble… mais c’en est fait du merveilleux. […] Les portes sont assurées par des barres et de lourds cadenas.

818. (1890) L’avenir de la science « XXII » pp. 441-461

Tout est également risible, tout porte également sur une appréciation, et s’il y a quelque chose de sérieux, c’est le penseur critique, qui se pose dans l’objectivité des choses : car les choses sont sérieuses. […] Toute doctrine, comme toute institution, porte en elle le germe de vie et le germe de mort. […] Le fruit, dès ses premiers jours, porte en lui le principe de sa pourriture ; étouffé d’abord durant la période de croissance par les forces organisatrices, ce principe se démasque à la maturité et prend dès lors le dessus, jusqu’à l’entière décomposition.

819. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Discours préliminaire, au lecteur citoyen. » pp. 55-106

Ceci nous rappelle le dîner du grand Kan des Tartares, qui, après avoir bu un peu de lait & mangé un morceau de jument crue, fait crier à la porte de sa tente par un de ses Marabous : Tous les Potentats de la Terre peuvent dîner, le grand Kan a pris sa réfection. […] Helvetius dans l’article qui porte son nom, ajoutant que j’ai été, non son flatteur, mais son ami jusqu’à sa mort. […] On n’aura pas de peine à se le persuader, si l’on pense qu’un homme de Lettres n’arrive aux honneurs, aux places, aux récompenses, & même aux bénéfices, que par les Philosophes, & que, se déclarer contre eux, c’est se fermer la porte à toute espece de fortune.

820. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XIV, l’Orestie. — Agamemnon. »

Son regard perce les portes, pénètre les murs ; la prophétesse a la vision anticipée de la scène de mort qui va se passer ; deux fantômes la répètent pour elle, l’un en frappant et l’autre en tombant. — « Ah ! […] Cassandre se précipite, tête basse, dans le palais meurtrier : la porte roule et retombe sur elle comme la pierre d’un tombeau. […] L’antique usage de tous les sénats est de mettre aux voix les faits accomplis : — Il n’est plus temps d’ailleurs, car les portes s’ouvrent : Clytemnestre se dresse sur le seuil, devant les cadavres, toute sanglante et la hache au poing.

821. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de Pompadour. Mémoires de Mme Du Hausset, sa femme de chambre. (Collection Didot.) » pp. 486-511

On voit que, dans une chose quelconque, son goût apathique le porte du côté où il y a le moins d’embarras, dût-il être le plus mauvais. […] Pourtant, dès l’abord (et c’est en cela que je la trouve fidèle à ses origines), elle porte je ne sais quoi des sentiments bourgeois, des affections et des goûts de la vie privée jusque dans les scandales brillants de sa liaison royale. […] Sur la table encore, au pied de la sphère, se voit un volume bleu renversé qui porte inscrit au dos : « Pierres gravées » ; c’est son œuvre.

822. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « André Chénier, homme politique. » pp. 144-169

Il est signé du nom de l’auteur et porte la date de Passy, 24 août 1790. […] Le sentiment qui le jette hors de lui et le porte en avant, est surtout moral : c’est la haine de l’homme intelligent contre les brouillons, de l’homme d’esprit contre la sottise, de l’homme de cœur contre les lâches manœuvres et les infamies ; c’est le dédain d’un stoïcien passionné et méprisant contre la tourbe de ceux qui suivent le torrent populaire et qui flagornent aujourd’hui la multitude comme ils auraient hier adulé les rois ; c’est l’expression irrésistible d’une noble satire qui lui échappe, qui se profère avec indignation et bonheur, qui se satisfait quand même, dût-elle ne produire d’autre effet en s’exhalant que de soulager une bile généreuse. […] En vertu d’une ordre du comité de sûreté générale du quatorze vantose qu’il nous a présenté le dix-sept de la même anée dont le citoyen Guenot est porteur de laditte ordre, apprest avoir requis le membre du comité révolution et de surveillance de laditte commune de Passy les Paris nous ayant donné connaissance dudit ordre dont les ci-dessus étoit porteurs, nous nous sommes transportés, maison quaucupe la citoyene Piscatory ou nous avons trouvé un particulier à qui nous avons mandé quil il était et le sujest quil l’avoit conduit dans cette maison11 il nous à exibée sa carte de la section de Brutus en nous disant qu’il retournaist apparis, et qu’il étoit Bon citoyent et que cetoit la première foy quil renoit dans cette maison, quil étoit a compagnier d’une citoyene de Versaille dont il devoit la conduire audit Versaille apprest avoir pris une voiture au bureaux du cauche il nous a fait cette de claration à dix heure moins un quard du soir à la porte du bois de Boulogne en face du ci-devant chateaux de Lamuette et apprest lui avoir fait la demande de sa démarche nous ayant pas répondu positivement nous avons décidé quil seroit en arestation dans laditte maison jusqua que ledit ordre qui nous a été communiquié par le citoyent Genot ne soit remplie mais ne trouvant pas la personne dénomé dans ledit ordre, nous lavons gardé jusqua ce jourdhuy dix huit.

823. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Études sur Saint-Just, par M. Édouard Fleury. (2 vol. — Didier, 1851.) » pp. 334-358

Il porte le millésime 1789, avec cette indication dérisoire : Au Vatican ; et pour toute préface, on lit ces mots qui font un singulier contraste avec la destinée prochaine de Saint-Just : « J’ai vingt ans ; j’ai mal fait ; je pourrai faire mieux. […] La seule conclusion que permette le poème d’Organt, et qui porte sur l’ensemble, c’est que l’âme de jeune homme, qui se complut à vingt-ans dans ces combinaisons et ces images, était dure, grossière, sensuelle, sans délicatesse. […] Arrivé à Paris, déposé à la porte de sa mère, M. 

824. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre I. Le Bovarysme chez les personnages de Flaubert »

Tout fragment d’un Rembrandt, d’un Mozart, d’un Shakespeare, d’un Corneille porte l’empreinte de ce joug : quelles que soient, dans ces productions diverses du génie, l’abondance des développements de second plan et la variété des sujets, un mode de vision tyrannique s’y fait toujours sentir. […] Le Bovarysme intellectuel admet lui-même des distinctions ; tandis qu’il porte, avec Frédéric Moreau, sur presque toutes les facultés de l’esprit, il devient plus spécialement avec Homais un Bovarysme scientifique, avec Pellerin un Bovarysme artistique. […] Tandis que, dans La Tentation, le délire du saint évoque la cohorte des religions et des métaphysiques se réfutant les unes les autres par le seul fait de leur confrontation, l’enthousiasme intellectuel de Bouvard et de Pécuchet qui les porte à tout apprendre, à s’élancer sans cesse dans toutes les directions de l’esprit, prête à une revue encyclopédique de toutes les philosophies et de toutes les sciences.

825. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1859 » pp. 265-300

Et, à tout moment, les carreaux tintent, et trois enfants joufflus, comme des derrières d’anges, collent leurs visages aux vitres, et, à tout moment, la porte s’ouvre et les trois enfants roulent dans les jambes de l’homme qui prépare la planche, et ressortent. […] La porte de cette pièce, qui était mansardée, a tout au plus la hauteur d’un homme un peu grand. […] Puis des pompiers nous dégringolent sur le corps d’un petit escalier, et au bout d’un corridor noir, nous entrons dans une loge tout engorgée de monde, et à la porte de laquelle on fait queue, un bon moment.

826. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre V. La parole intérieure et la pensée. — Premier problème : leurs positions respectives dans la durée. »

Or notre langue maternelle ne nous est devenue familière qu’avec le temps, et les réflexions que nous trouvons toutes simples aujourd’hui, enfants, elles eussent fait honneur à notre sagacité ; enfin, l’inspiration et la verve supposent un esprit cultivé et exercé : d’ordinaire, on n’est inspiré que dans l’ordre d’idées sur lequel la réflexion se porte de préférence ; le génie, a-t-on dit, est une longue patience ; en d’autres termes et plus exactement, la découverte est l’effet et la récompense d’une longue et patiente recherche ; si l’on trouve sans chercher, c’est qu’on avait cherché sans trouver244. […] Voilà une autre variété de l’inspiration ; mais, comme la première, — et nous le montrons ici même, — elle suppose dans le passé de longs efforts de réflexion, dont nous profitons aujourd’hui sans avoir besoin de les renouveler ; la qualité des concepts usuels que chacun de nos mots porte avec lui fait pour une grande part la qualité de nos jugements nouveaux ; et l’influence du passé ne se borne pas là : les jugements nouveaux supposent nécessairement des concepts préétablis dans l’esprit ; mais la réunion de ces concepts, pour être imprévue, n’est pas absolument nouvelle ; un jugement nouveau imite toujours des jugements anciens ; il suit des habitudes dont il s’écarte ; or ces habitudes n’existent pas dans la pensée sans correspondre à certaines habitudes du langage ; certains mots sont dans notre mémoire à l’état de camaraderie, pour ainsi dire [ch. […] A mesure que se fait la coordination du langage et de la pensée, l’enfant cherche toujours ses mots quand il porte un jugement nouveau, mais il les trouve de plus en plus facilement ; d’autre part, quand il parle pour parler, les mots éveillent des pensées de plus en plus riches, nettes et cohérentes ; et, à la longue, l’accord de la parole et de la pensée devient si étroit que l’enfant devenu un adolescent ne peut plus guère trouver une pensée sans la bien exprimer, ni se rappeler des mots sans y attacher un sens plein et sérieux.

827. (1899) Le roman populaire pp. 77-112

Il va d’un pas rapide, jetant le Petit Journal, le Petit Parisien, la Lanterne, sous la porte d’un client, rattrapé par des gamins ou des femmes en cheveux, qui courent après lui, un sou au bout des doigts, et reviennent lentement vers la maison prochaine, le cou déjà plié et les yeux attentifs à la page imprimée. […] Elle remplit toute sa destinée quand elle va au-delà, quand elle élève l’homme, le rend meilleur, le porte à la vaillance, au sacrifice et à Dieu. […] Remarquez d’ailleurs, qu’en peinture également, toutes nos préférences s’attachent aux peintres de la vie d’intérieur… Une vieille fille qui file près d’une fenêtre, d’où tombe un rayon de soleil ; une porte s’entrouvrant sur une chambre qu’on devine paisible ; la perspective d’une rue calme et déserte, retiennent longtemps notre attention et nous suggèrent mille pensées.

828. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre I. La conscience et la vie »

Tout porte à croire qu’il en est ainsi de la conscience en général. […] Elle peut, d’autre part, abandonner la faculté d’agir et de choisir dont elle porte en elle l’ébauche, s’arranger pour obtenir sur place tout ce qu’il lui faut au lieu de l’aller chercher : c’est alors l’existence assurée, tranquille, bourgeoise, mais c’est aussi la torpeur, premier effet de l’immobilité ; c’est bientôt l’assoupissement définitif, c’est l’inconscience. […] Mais cette nécessité paraît expliquer les arrêts de la vie à telles ou telles formes déterminées, et non pas le mouvement qui porte l’organisation de plus en plus haut.

829. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’impératrice Catherine II. Écrits par elle-même, (suite.) »

Un jour que Catherine était dans sa chambre à coucher, attenante à celle où se faisait ce vacarme, et qu’elle lisait peut-être du Bayle ou du Platon, elle entendit de tels cris qu’elle ouvrit la porte : « Je vis qu’il tenait un de ses chiens en l’air par le collier, et qu’un garçon, Kalmouck de naissance, qu’il avait, tenait le même chien par la queue (c’était un pauvre petit Charlot de la race anglaise), et avec le gros manche d’un fouet, le grand-duc battait ce chien de toute sa force. […] Voyant cela, je sortis, en fermant la porte après moi, et tout de suite je m’en allai trouver sa belle-sœur, à laquelle je dis qu’il fallait aller prendre une bonne poignée d’orties et en fouetter cet homme, qui se conduisait si insolemment depuis longtemps avec nous, afin de lui apprendre à nous respecter.

830. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Bossuet. Œuvres complètes publiées d’après les imprimés et les manuscrits originaux, par M. Lachat »

Bossuet meurt en combattant en écrasant Richard Simon, c’est-à-dire en repoussant la critique exacte, consciencieuse, qui se présentait sous la forme théologique, et il se flatte d’avoir fermé la porte à l’ennemi : la critique élude la difficulté, elle tourne la position ; elle s’élance à la légère, à la française, à la zouave, sous forme persane et voltairienne, et elle couronne du premier jour les hauteurs du xviiie  siècle. […] … » toutes vivacités et brusqueries grandioses, familières à l’orateur romain et à la nation qui porte la toge.

831. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens, par M. Le Play, Conseiller d’État. »

On sort du collège, et, à peine sorti, on a déjà choisi son point de mire, son modèle dans quelque écrivain célèbre, dans quelque poète préféré : on lui adresse son admiration, on, lui porte ses premiers vers ; on devient son disciple, son ami, pour peu qu’il soit bon prince ; on est lancé déjà ; à sa recommandation peut-être, un libraire consent à imprimer gratis vos premiers vers ; un journal du moins les insère ; on y glisse de la prose en l’honneur du saint qu’on s’est choisi et à la plus grande gloire des doctrines dont on a le culte juvénile : comment revenir après cela ? […] Quoi qu’il en soit, en fait l’ouvrier littéraire, dans son imprévoyance, se multiplie et pullule chaque jour ; son existence est devenue une nécessité, un produit naturel et croissant de cette vie échauffée qui se porte à la tête et qui constitue la civilisation parisienne.

832. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LA REVUE EN 1845. » pp. 257-274

. — « Il y a dix ans que je ferme la porte aux Barbares, » disait un jour le fondateur de cette Revue. […] Or ce sens de vérité est précisément ce qui, dans tous les genres, dans l’art, dans la littérature d’imagination et, ce qui nous paraît plus grave, dans les jugements publics qu’on en porte, s’est le plus dépravé aujourd’hui.

833. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « HOMÈRE. (L’Iliade, traduite par M. Eugène Bareste, et illustrée par M.e Lemud.) —  second article  » pp. 342-358

C’est pour le venger que Jupiter châtie les Grecs et porte son tonnerre du côté des Troyens. […] Oui, on lèverait la carte stratégique de la campagne de Troie entre les portes Scées et les lignes des vaisseaux et du rivage, de même que dans l’Odyssée on pourrait et l’on devrait faire un plan architectural du palais d’Ulysse avec ses fenêtres et ses issues ; cela aiderait à tout comprendre, et on n’aurait pour ce double travail qu’à relever les éléments précis que fournissent les deux poëmes.

834. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. Rodolphe Topffer »

J’étais bien petit alors, et je ne suis pas plus grandaujourd’hui ; néanmoins je ne vous ai point oublié, et c’est pourquoi, bien que je n’aie rien à vous dire, je n’éprouve pas que le silence soit l’expression convenable de la bonne amitié que je vous porte et de la reconnaissance que je vous ai vouée, à vous et à M. de Maistre, mon autre parrain269. […] R… m’a édifié si bien, et tout s’est trouvé être tellement à mon gré, qu’il n’y a aucun doute que je me promets d’aller quelque jour frapper à votre porte, monsieur, et vous demander la faveur d’un bout de soirée employé en causeries.

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