Le roi trouvait dans madame Scarron une femme qui lui plaisait et une femme qui lui convenait. […] Voulant être distinguée du roi, lui être agréable, parce qu’elle l’aimait, mais voulant son estime et conserver le respect d’elle-même, pouvait-elle employer des moyens à l’usage des femmes ordinaires, mettre en pratique cet art de plaire, cet art de la cour, qui comprend l’art de nuire à tout ce qui n’est pas soi ; à intriguer contre une favorite a qui et le doit sa place ; à lui tendre des pièges, à lui opposer d’autres femmes dont elle pourra avoir bon marché, à rechercher les occasions de s’introduire près du maître, de surprendre ses regards, de les attirer par des soins et des parures qui déguisent son âge ; à se faire vanter, célébrer par des prôneurs ; à se distinguer tantôt par la finesse de la louange, tantôt par son enthousiasme, toujours par l’à-propos ; à rappeler d’une dis tract ion, à faire revenir d’un caprice par des bouderies, par des querelles, par des minauderies ; en un mot, à pratiquer le manège d’une coquetterie subalterne ?
Les cœurs s’ouvrent sans défiance, ils se soudent tout de suite… » Est-ce Bernardin de Saint-Pierre encore qui dans cette scène, jolie d’ailleurs, où Graziella, pour mieux plaire à celui qu’elle aime, essaie de revêtir la robe trop étroite d’une élégante de Paris, est-ce lui qui viendrait nous dire, après les détails sans nombre d’une description toute physique : « Ses pieds, accoutumés à être nus ou à s’emboîter dans de larges babouches grecques, tordaient le satin des souliers… » Ce défaut, dont je ne fais que toucher quelques traits, est presque continuel désormais chez M. de Lamartine ; il se dessine et reparaît à travers les meilleurs endroits. […] J’ai déjà nommé M. de Balzac ; ce romancier original a trouvé, je l’ai dit, une veine qui est bien à lui ; elle peut nous plaire plus ou moins, mais elle est sienne ; il n’a pas prétendu faire du chaste, et de l’idéal ; il se pique avant tout de physiologie, il pousse à bout la réalité et il la creuse.
Conservez tous les traits de ce beau visage comme ils sont, relevez seulement un des coins de la bouche ; l’expression devient ironique, et le visage vous plaira moins. Remettez la bouche dans son premier état, et relevez les sourcils ; le caractère devient orgueilleux, et il vous plaira moins.
C’est par elle qu’il plaît à plus ou moins d’hommes et que son oeuvre reste vivante pendant un temps plus ou moins long.
Ils me plaisent seulement comme les improvisations d’un pianiste.
Ajoutons encore deux volumes de prose, Roseaux pensants et Autels privilégiés, où, par un goût très rare, l’auteur se plaît à évoquer des physionomies d’artistes oubliés ou méconnus.
Lionel des Rieux S’il vous plaît de voir un appareillage vraiment miraculeux, je vous ouvrirai le livre (Les Poèmes de mes soirs) à la première page : Appareillons vers l’horizon clair des étoiles, Parmi les boucliers qui jonchent les galères, Carguons la vergue autour du mât, carguons les voiles.
C’est dommage qu’une trop grande abondance d’expressions poétiques, recherchées, qu’une surcharge d’épithetes, que des détails quelquefois minutieux, ôtent à ses Histoires cette vivacité qui entraîne, cette aisance qui plaît, cette gravité qui recommande également le Personnage & l’Historien.
La modération & l’équité sont toujours indispensables dans la critique, quand d’ailleurs le même homme n’en met point dans la louange qu’il plaît de départir.
Il est même curieux de remarquer que, dans ce siècle incrédule, les poètes et les romanciers, par un retour naturel vers les mœurs de nos aïeux, se plaisent à introduire dans leurs fictions, des souterrains, des fantômes, des châteaux, des temples gothiques : tant ont de charmes les souvenirs qui se lient à la religion et à l’histoire de la patrie !
Ce ton d’emportement ne plaît pas même aux malins, qui aiment les plaisanteries satyriques & non les sarcasmes grossiers.
Je n’y trouve rien qui me transporte, mais tout m’en plaît et m’arrête.
Animez votre scène comme il vous plaira.
Qu’ils ne sçauroient les choisir trop interressans par eux-mêmes Des que l’attrait principal de la poësie et de la peinture, dès que le pouvoir qu’elles ont pour nous émouvoir et pour nous plaire vient des imitations qu’elles sçavent faire des objets capables de nous interresser : la plus grande imprudence que le peintre ou le poëte puissent faire, c’est de prendre pour l’objet principal de leur imitation des choses que nous regarderions avec indifference dans la nature : c’est d’emploïer leur art à nous répresenter des actions qui ne s’attireroient qu’une attention mediocre si nous les voïions veritablement.
Nibelle, comme inspiration et comme forme, a goûté à cette candide coupe de lait écumant dans laquelle buvait Yorick… Lorsque la visée commune est la force, soit dans l’expression des caractères ou des passions, soit dans les situations dramatiques, à une époque de corruption et de décadence où l’on a transporté dans le langage, cette forme rationnelle de la pensée, la couleur torrentielle des peintres les plus éclatants, il faut savoir bon gré à un jeune homme d’avoir, dans ses premiers récits, été sobre et simple comme s’il avait eu l’expérience, et de ne s’être adressé qu’aux saintes naïvetés du cœur pour plaire et pour intéresser.
Nous ne sommes pas de ceux qui se plaisent à dogmatiser sur ce qu’ils ignorent, et qui mettent la philosophie en catéchisme. […] Toutefois, que l’ambitieux se multiplie tant qu’il lui plaira, il ne faut toujours pour l’abattre qu’une seule mort. […] Il ne pourrait plaire que comme singulier. […] D’une beauté et d’une force peu communes, d’un naturel aimable, sympathique et facile, son esprit, sa gaieté, sa libéralité, plaisaient à tous. […] Wilson, âme volontiers mélancolique, se plaît à exprimer les couleurs de l’automne ; c’est le peintre de la chute des feuilles.
« Comment appelez-vous cette fleur-là, s’il vous plaît ? […] Et maintenant à l’émeute, s’il vous plaît. […] Un seul but : amuser ; un seul mérite : plaire. […] Ne sachant plus blesser, sut-il encore plaire ? […] Le rôle semblait ne lui plaire qu’à moitié.
Notre génération, que je n’aime pas à flatter, parce qu’elle est jeune, mais qu’il faut pourtant bien défendre puisqu’on se plaît à la rabaisser, notre génération est sortie du creuset des révolutions, plus éprouvée, plus grave, plus morale aussi. […] À Dieu ne plaise que je cherche à tirer aucun parti contre la religion de cette indifférence religieuse, si vainement combattue ! […] Sainte-Beuve, il a tenté, dans son dernier roman, de fonder, je ne dirai pas une nouvelle école de style, à Dieu ne plaise que je lui en fasse un reproche ! […] Chacun de ces domestiques est armé ; les deux premiers, ceux du cheval, courent à côté de leur maître, la carabine au poing, quand il lui plaît de galoper ; et ils font avec lui, en suivant toutes ses allures, de six à sept lieues par jour. […] Leur esprit léger, frondeur, satirique, c’est là un défaut horrible en présence de la gravité asiatique, et c’est par ce défaut qu’ils plaisent, qu’ils dominent.
La foi naïve plaît. […] Si, sous ces traits nouveaux, je venais à lui plaire ? […] Il me plairait que le combat intérieur de Carlos ne se réduisît pas aux trente ou quarante vers de son monologue. […] Il me plairait aussi que le drame fût moins épars dans le temps. […] Cette fois, nous avons mieux encore : une fille de général, s’il vous plaît !
Le public, à son tour, exaspéré de la mort d’un homme qui lui plaît, envahit le théâtre et décapite le roi. […] — Non, mais bien, s’il vous plaît, ce soir vous épouser. […] Pour rendre à mes désirs son âme résignée, S’il vous plaît, j’emploierai le fard et la saignée. […] La coquette était madame de Chavigny ; la visionnaire qui ne se plaît qu’au théâtre, était madame de Rambouillet. […] Vois si l’humeur te plaît, ou si, sans jalousie, Tu pourras me servir ainsi toute ma vie ?
Il ne veut ni plaire, ni divertir, ni entraîner, ni toucher ; il ne lui arrive jamais d’hésiter, de redoubler, de s’enflammer ou de faire effort. […] Le charmant maître de maison qui veut plaire, qui sait plaire, qui n’a horreur que de l’ennui, qui ne se défie point de moi, qui ne se contraint pas, qui est toujours lui-même, qui pétille d’idées, de naturel et d’enjouement ! […] Plaise à Dieu que jamais Swift ne badine sur mon compte ! […] s’il plaisait aux dieux de couper en deux ta beauté, ta taille, tes années et ton esprit, aucun siècle ne pourrait fournir un couple de nymphes si gracieuses, si sages et si belles993 ! […] Ainsi Pausanias dit qu’il y eut une race d’hommes qui se plaisait à grignoter les superfluités et les excroissances des livres ; ce que les savants ayant enfin observé, ils prirent d’eux-mêmes le soin de retrancher de leurs œuvres les branches mortes et superflues.
Jules Renard, l’homme aux Sourires pincés, lui plaît. […] S’il plaît à ces gens d’être si ridicules, qu’est-ce que cela nous fait ? […] C’est surtout rendre un très mauvais service à l’auteur à qui l’on veut plaire. […] La mesure et la symétrie nous plaisent. […] Elles se plaisent aux récits d’amour courtois.
Les livres nés de cette race ne peuvent me plaire, puisque j’appartiens à l’autre. […] vous en parlez à votre aise ; plût au ciel que j’en pusse faire d’autre, et sortir de moi ! […] … Et, si Brunetière a dit : « Vous louez toujours ce qui vous plaît ; moi jamais ! […] Lisée, qui ne se plaît qu’au braconnage, ne travaille pas. […] Gustave Geffroy se plaît à une extrême lenteur.
N’ayant pas réussi à plaire, Mme de Staël essaya de se faire craindre. […] Pas un instant elle ne perd le souci d’être agréable, pas une minute elle ne renonce à plaire. […] Cela durera le temps qu’il plaira à Dieu, c’est-à-dire à l’ennui, qui est bien le dieu de ma vie. […] C’est un genre qui peut plaire ; mais il faut l’aimer, sans quoi, il vous met au supplice. […] Et, si chacun est maître de sa forme, ne suis-je pas libre d’entendre les mots au sens où il me plaît et de les associer à mon gré ?