Ainsi en pensaient les Daru, les Raynouard, les Laplace eux-mêmes, et le traducteur harmonieux de Lucrèce, notre cher confrère M. de Pongerville, le représentant le plus accrédité du genre sur la fin de la Restauration, était appuyé et porté par eux d’an vœu unanime à l’Institut. […] Qu’on veuille donc penser à ce que c’était que Térence, ce premier Romain qui, à côté de Scipion et de Lélius, sut être l’urbanité même dans la langue latine. […] Venu plus tard, Térence eût sans doute pensé différemment, et il aurait tenté au théâtre ce que Virgile accomplit pour l’épopée ; il aurait essayé de combiner les éléments étrangers et l’inspiration latine en des productions toutes neuves, et de rester Romain en imitant.
« J’espère bien, disait un jour Sancho à son maître, en voyant les histoires d’Hélène et de Paris, d’Énée et de Didon, représentées sur de mauvaises tapisseries d’auberge, j’espère bien et je parierais qu’avant peu de temps d’ici il n’y aura pas de cabaret, d’hôtellerie, de boutique de barbier, où l’on ne trouve en peinture l’histoire de nos prouesses ; mais je voudrais qu’elles fussent dessinées de meilleure main… » Si Sancho, dans son prosaïsme, pensait ainsi, que dirait Don Quichotte ? […] Après être revenu en Italie et avoir séjourné plus d’une année à Naples, toujours sous les drapeaux, Cervantes pensa à quitter le service, et en 1575 il s’embarquait pour l’Espagne avec son frère aîné, soldat comme lui, et emportant d’honorables lettres de recommandation de ses chefs, le duc de Sesa et Don Juan. […] Je montrai, ou pour mieux dire je fus le premier à personnifier les imaginations et les pensers cachés au fond de l’âme, produisant des êtres moraux au théâtre au grand applaudissement des auditeurs.
Racine pensait à marier sa fille. […] Il m’invita bonnement à y penser. […] La foi communique à tout ce qu’ils sentent et ce qu’ils pensent un caractère d’éternité. — La joie de la famille Racine dura peu : « Nous passâmes avant-hier l’après-dînée chez votre sœur.
« De bonne heure j’ai demandé aux hommes quelle loi il fallait suivre ; quelle félicité on pouvait attendre au milieu d’eux, et à quelle perfection les avaient conduits quarante siècles de travaux : ce qu’ils me répondirent me parut étrange ; ne sachant que penser de tout le mouvement qu’ils se donnent, j’aime mieux livrer mes jours au silence et achever dans une retraite ignorée le songe incompréhensible. […] « Je pense que ce reproche tombera et que c’est précisément par cette sorte de tendance que peut-être mes écrits devancent les temps. […] D’ailleurs le malheur devrait à la longue influer bien plus sur mon humeur que sur mes opinions : or, j’aime extrêmement la gaieté de l’intimité, et je rirais comme un autre, quoique je sente le poids de cette main de fer qui reste appuyée sur moi : mais je pense que c’est dans ce qu’on appelle (bien ou mal) mélancolie que nous trouverons les lumières désormais utiles.
On pensa à introduire une part du jeune romantisme aux Débats. […] La forme atteste une main habile et presque virile d’artiste ; le fond exprime une âme de femme délicate et ardente, mais qui a beaucoup pensé, et qui ne prend guère l’harmonie des vers comme un jeu. […] Les objections qu’on peut faire à l’auteur, à chaque pas, sont de toutes sortes et des plus considérables ; mais il est instruit, il est ingénieux, il fait penser.
L’esprit de parti unit les hommes entre eux par l’intérêt d’une haine commune, mais non par l’estime ou l’attrait du cœur ; il anéantit les affections qui existent dans l’âme, pour y substituer des liens formés seulement par les rapports d’opinion : l’on sait moins de gré à un homme de ce qu’il fait pour vous que pour votre cause ; vous avoir sauvé la vie est un mérite beaucoup moins grand à vos yeux que de penser comme vous ; et, par un code singulier, l’on n’établit les relations d’attachement et de reconnaissance qu’entre les personnes du même avis : la limite de son opinion est aussi celle de ses devoirs ; et si l’on reçoit, dans quelques circonstances, des secours d’un homme qui suit un parti contraire au sien, il semble que la confraternité humaine n’existe plus avec lui, et que le service qu’il vous a rendu est un hasard qu’on doit totalement séparer de celui qui l’a fait naître. […] Cette passion étouffe dans les hommes supérieurs les facultés qu’ils tenaient de la nature, et cette carrière de vérité, indéfinie comme l’espace et le temps, dans laquelle l’homme qui pense jouit d’un avenir sans bornes, atteint un but toujours renaissant ; cette carrière se referme à la voix de l’esprit de parti, et tous les désirs, comme toutes les craintes, vouent à la servitude de la foi les têtes formées pour concevoir, découvrir et juger. […] Aussi se réveilleront-ils un jour ceux qui seuls sont sincères, ceux qui seuls méritent les regrets ; accablés de mépris, tandis qu’ils auraient besoin de considération ; accusés du sang et des pleurs, tandis qu’ils seront encore capables de pitié ; isolés dans l’univers sensible, tandis qu’ils pensaient s’unir à toute la race humaine ; ils éprouveront ces douleurs alors que les motifs qui les ont entrainés auront perdu toute réalité, même à leurs yeux, et ne conserveront de la funeste identité, qui ne leur permet pas de se séparer de leur vie passée, que les remords pour garants ; les remords, seuls liens des deux êtres les plus contraires ; celui qu’ils se sont montrés sous le joug de l’esprit de parti ; celui qu’ils devaient être par les dons de la nature.
« On ne peut pas, me disait un, quaker intelligent, on ne peut pas s’empêcher de le respecter comme une œuvre d’art. » Il a toujours fait ce qu’il venait de penser qu’il pouvait faire là est la touchante unité de sa vie, le charme presque esthétique de sa démarche ingénue dans le siècle. […] Il a dit, comme il a pensé : Sagesse d’un Louis Racine, je t’envie ; il a vécu les épisodes d’Amour : Âme, te souvient-il au fond du Paradis… ……………………………………………………… Oh ! […] Comme on ne l’a pas lu, mais comme on s’est familiarisé avec les plus discutables sinon les plus naïfs procédés de cet admirable mécanicien, vous pensez qu’on a induit de l’origine du poète cette facile assertion que les plus admirables de ses sonnets sont ceux des Tropiques.
Pensez donc ! […] Ils empruntent comme un porte-voix l’éloquence des Pères de l’Église, mais, en s’insinuant dans leur doctrine, ils me font songer à ce personnage d’opérette qui, glissé dans l’armure géante d’un paladin, pense nous effrayer à manœuvrer sa mécanique rouillée. […] Il veut y joindre la pratique indispensable, car, pense-t-il, si la tradition est l’une des colonnes du temple ésotérique, l’expérience en est l’autre.
La cour le combla d’honneurs & de pensions. […] Si je ne puis, disoit-il, écrire ce que je pense là-dessus, J’irai creuser la terre, &, comme ce barbier, Faire dire aux roseaux, par un nouvel organe, Midas, le roi Midas a des oreilles d’âne. […] Le poëte lui répondit brusquement : Je pense que dieu a de sots ennemis.
Son art de plaire et de n’y penser pas. […] Mais nous avons déjà vu plusieurs traits sanglans de satire contre l’humanité : et ce dernier montre assez ce qu’il pensait des hommes. […] Il faut revenir à son ami sans y penser et sans l’y faire songer lui-même.
Mais je pense que l’étude des langues anciennes pourrait être abrégée considérablement, et mêlée de beaucoup de connaissances utiles. […] Je pense qu’on devrait donner dans les écoles une idée de toutes les connaissances nécessaires à un citoyen, depuis la législation jusqu’aux arts mécaniques, qui ont tant contribué aux avantages et aux agréments de la société ; et dans ces arts mécaniques, je comprends les professions de la dernière classe des citoyens. […] Il en est d’autres encore qu’on appelle stipendia ; car, en tout, on a cherché à décorer l’éducation publique et littéraire de termes militaires : ce sont des pensions plus ou moins fortes qu’on paye aux étudiants pendant les années de l’université, afin de les aider à subvenir aux frais de leur séjour et de leurs études.
« Pardonnez-moi toutes ces folies, — écrivait mélancoliquement à un de ses amis Lord Byron, à la veille de se marier, et qui pensait un peu sur le mariage comme l’évangéliste Beaumarchais ; — ce sont mes adieux de bouffon que je vous fais, les larmes aux yeux ! […] C’est avec cette poitrine délabrée qu’il prêcha ses sermons à ses deux paroisses, jusqu’à l’âge de quarante-sept ans, sans penser à mal ni à Tristram. […] Il y a plus, c’est par le sentiment chrétien infusé en lui et gardé au milieu des libres penseurs de sa terre natale, que le compatriote de Bolingbroke et de Tindal atteignit sans y penser à cette originalité qui n’est plus l’originalité anglaise, cette superbe de l’orgueil et de la personnalité, et qui fait de lui comme un charmant étranger dans son pays.
Je n’ai pas pensé ainsi. […] Je le ferai brièvement, car, on le pense bien, il serait quelque peu téméraire de prétendre juger en quelques pages d’aussi vastes conceptions. […] Écoutez cette touchante parole : « … Peut-être que la vieille chanson n’est pas si finie qu’on pense et pourrait bien être le prochain remède, la solution de demain aux attentes de l’heure actuelle… Qui sait si, cette fois encore, ce n’est pas la « vieille chanson » qui sera le remède et la conclusion de tant d’agitations douloureuses.
Il aura d’ailleurs de la peine à définir ce sujet sous forme d’une « histoire » suivie : si la psychologie est la connaissance de l’homme individuel en tant qu’il sent, pense et agit, nous voyons que cette connaissance, extériorisée en livres, résulte de quatre lignées qui, au XIXe siècle, tantôt se coupent et tantôt divergent : les philosophes, les médecins, les moralistes et les romanciers ; et il va falloir sans doute (pensons à Tarde et à un livre comme les Fonctions mentales dans les sociétés inférieures de M. […] Il cristallise sur ces deux registres, et aussi sur un troisième, celui dont témoignent les Mémoires d’un touriste, les Promenades dans Rome, le Journal, celui des idées : penser, apercevoir des rapports, lui donne une joie aussi vive peut-être que découvrir des perfections nouvelles chez sa maîtresse ou descendre au fil voluptueux d’une musique italienne.
Des hommes estimables pensent que les meilleurs modèles de ces sortes d’ouvrages sont ou les vies des hommes illustres de Plutarque, ou les éloges des savants de Fontenelle ; c’est-à-dire, qu’ils voudraient un simple éloge historique, mêlé de réflexions, sans qu’on se permît jamais ni le ton, ni les mouvements de l’éloquence. […] Faites agir ou penser les grands hommes ; vous verrez naître vos idées en foule ; vous les verrez s’arranger, se combiner, se réfléchir les unes sur les autres ; vous verrez les principes marcher devant les actions, les actions éclairer les principes, les idées se fondre avec les faits, les réflexions générales sortir ou des succès, ou des obstacles, ou des moyens ; vous verrez l’histoire, la politique, la morale, les arts et les sciences, tout ce système de connaissances liées dans votre tête, féconder à chaque pas votre imagination, et joindre partout, aux idées principales, une foule d’idées accessoires. […] L’esprit aime surtout les idées qu’il paraît se créer à lui-même ; plus vous ferez penser, et plus l’espace qu’on parcourra avec vous s’agrandira.
On pensait que la représentation serait tumultueuse, et il fallait des jeunes gens enthousiastes pour soutenir la pièce. […] Il pensa aux illettrés, qu’oublient trop en France les poëtes, punis de ce dédain par une réputation circonscrite. […] Avec raison, il ne voulait pas diviser son œuvre en petits tableaux de drame ou de vaudeville ; il ne pensait qu’au livre. […] Nous pensions fermement qu’il nous enterrerait tous. […] Une fantaisie lui passait par la tête, une émotion par le cœur : il l’exprimait et n’y pensait plus.
Tantôt, on se souvient avec complaisance, et l’on substitue, à ce qu’on a senti ou pensé, ce qu’on aimerait avoir pensé ou senti ; on se voit invinciblement en plus beau : et c’est le cas ordinaire. […] et que puis-je penser ? […] Et ce n’est pas non plus d’avoir pensé de cette façon dans le Livre primitif que j’ai à le louer, mais d’avoir dit, ce jour-là, le fond de sa pensée et de n’avoir pas confondu ce qu’il pensait avec ce qu’il pouvait se ressouvenir d’avoir cru et aimé. […] Marcher seul, affranchit ; penser seul, divinise. […] Il faut se séparer, pour penser, de la foule, Et s’y confondre pour agir.
Quoique le Chevalier pense et agisse par sentiment, ce n’est peut-être pas néanmoins l’homme du monde le plus passionné ni le plus tendre ; il est affecté par trop de divers objets pour pouvoir l’être fortement par aucun en particulier. […] La fille d’Aïssé et du chevalier avait deux ans ; leur liaison continuait avec des redoublements de tendresse de la part du chevalier, qui bien souvent pensait à se faire relever de ses vœux pour épouser l’amie à laquelle il aurait voulu assurer une position avouée et la paix de l’âme. […] Je ne veux pas faire de morale exagérée ; c’est la mode aujourd’hui de parler légèrement des femmes du xviiie siècle ; j’en pense tout bas bien moins de mal qu’on n’en dit. […] A-t-elle pu penser de l’homme qui l’avait tirée du vil état d’esclave, et de la femme qui l’avait élevée, le mal que l’on trouve dans le recueil que l’on vient de publier ? […] J’espère que vous penserez un peu à moi pendant votre séjour à Sens.
À quelle homme pensera-t-elle s’être unie ? […] Que pensez-vous actuellement de ces diverses circonstances ? […] Souvent, nos prédictions s’accomplissent ainsi par les moindres événements, et les présages contenus dans les songes se résolvent par les plus petites choses. — Et moi aussi, je pense comme vous, répliqua Astyage. […] Toutefois, nous avons la confiance que votre songe est maintenant sans objet, et nous vous engageons à voir de même ; mais nous pensons aussi qu’il faut bannir cet enfant de vos yeux, et l’envoyer chez les Perses, auprès de ceux qui lui ont donné le jour. » « Astyage se rendit aisément à cet avis, qui lui était d’ailleurs agréable. […] Les habitants d’Héliopolis passent pour les plus instruits de tous les Égyptiens dans l’histoire de leur pays ; mon intention n’est pas cependant de publier tout ce que j’ai appris sur la religion des Égyptiens, mais seulement de donner les noms de leurs divinités, parce que je pense qu’ils sont connus généralement de tous.
Et pourtant, que serait un monde qui ne serait ni pensé, ni senti ? […] Nietzsche a pensé sur la montagne. […] Il m’a toujours été impossible de regarder un Degas sans penser à Mallarmé. […] Je pense que peu de personnes sensées seront tentées d’en user. […] C’est que, pense M. de la Grasserie, l’espoir est une espérance limitée, précise.
J’ignorais même ce que Verlaine pouvait penser de mon livre à l’envoi duquel il n’avait pas répondu. […] Pensez-vous qu’il voudrait venir me voir ? […] Mais l’on ne pense pas à tout. […] Ceci nous paraît plus noble et mieux pensé. […] Nous ne le pensons pas, trouvant preuve du contraire dans les chefs d’œuvre de la pensée.
Pensez-y sérieusement. […] La raison ne se modifie pas à son gré ; vous ne pensez pas comme vous voulez. […] Je veux penser, et je pense. Mais ne m’arrive-t-il pas quelquefois de penser sans avoir voulu penser ? […] Pensez-vous et quelqu’un a-t-il jamais pensé que l’homme des montagnes ait et puisse avoir les mêmes habitudes, le même caractère, les mêmes idées que l’homme de la plaine, le riverain, l’insulaire ?
Ai-je tort de penser aux épigrammes antiques ? […] Je ne le pense pas, ni Richepin., qui sait le prix d’une œuvre antique. […] Au début de sa conclusion, il cite cette parole échappée à Taine dans un moment d’enthousiasme ou de parfait contentement de soi : « Penser, surtout penser vite, est une fête. » M. Giraud ajoute simplement : « Il a pensé trop vite. » Que pourrait-on dire de mieux ? […] Se demandant après tant d’autres ce qu’il faut penser de la religion de Montaigne, M.
Pascal disait : « L’homme est visiblement fait pour penser. […] Le tsar Alexandre pensait tour à tour pour rétablir l’ordre en France à Bernadotte ou à une République constitutionnelle. […] Mme Homais n’a pas pu penser au garrot du Scythe et à la splendeur du mage. […] Alors, en venant ici, à pied, et ruminant mon idée, j’ai pensé : Mais si je les racontais dans leur langue ! […] Je pensai : « Du moment que le chancelier de l’empire ; à l’Empereur lui-même.