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774. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Chapitre IV. Pourquoi le génie d’Homère dans la poésie héroïque ne peut jamais être égalé. Observations sur la comédie et la tragédie » pp. 264-267

La nouvelle comédie peignit les mœurs des âges civilisés, dont les philosophes de l’école de Socrate avaient déjà fait l’objet de leurs méditations ; éclairés par les maximes dans lesquelles cette philosophie avait résumé toute la morale, Ménandre et les autres comiques grecs purent se former des caractères idéaux, propres à frapper l’attention du vulgaire, si docile aux exemples, tandis qu’il est si incapable de profiter des maximes.

775. (1730) Discours sur la tragédie pp. 1-458

Un seul nom peint un caractere ; un fait en rapelle plusieurs autres ; et je me ferai mieux entendre à demi mot, en parlant d’eux, que je ne ferois par de longues expositions sur des auteurs moins connus ou déja tombez dans l’oubli. […] Peignez les malheurs d’une amante, voilà ceux qu’elles craignent ; voulez-vous flater leur orgueil ? […] Ce seul souvenir est pour eux une seconde jeunesse ; enfin tout avertit les poëtes de se tourner du côté de l’amour qui, dès qu’il est bien peint, leur est un garant presque assuré de tous les suffrages. […] Je n’ai point perdu de vuë le degré de fermeté où les livres saints nous le peignent. […] Il abuse de ce qu’on peint l’amour comme un enfant : mais si l’on pouvoit en abuser, ce seroit plûtôt pour excuser sa timidité que sa violence.

776. (1902) Le problème du style. Questions d’art, de littérature et de grammaire

Albalat, user d’un style « descriptif ou de couleur », c’est peindre. […] S’il s’entête à peindre, quelle pourra être la valeur de cette peinture ? […] Voilà ce que c’est que de vouloir peindre des morgues artificielles ! […] Cinq peintres de talent peindront différemment le même paysage. […] Ce qui vaut d’être peint vaut rarement d’être dit ; et l’inverse, puis qu’on n’a jamais pu illustrer un roman.

777. (1901) Figures et caractères

J’ai eu entre les mains une assez fine petite miniature, un portrait d’une femme de ce temps ; madame de Vigny l’avait peinte et vendue. […] Les ports où elle entre sont peints par Claude Lorrain. […] Certaines peignent un homme, d’autres avec lui toute une époque. […] Il existe de lui d’innombrables effigies, sculptées, peintes et gravées. […] Il le peint honnête, savant, vertueux et juste.

778. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Première série

Souvent ces tableaux sont intéressants et bien peints. […] Certains morceaux pourraient aussi bien avoir été peints par ces maîtres. […] Est-il nécessaire d’avoir de la sympathie morale pour ce qu’on peint ? […] Zola ne va qu’à nous peindre le progrès non combattu d’une idée fixe, d’une manie ou d’un vice. […] Zola voit en effet le monde comme il le peint ?

779. (1895) La comédie littéraire. Notes et impressions de littérature pp. 3-379

Jean Aicard consent à descendre de Pégase, à regarder sur la terre, à peindre fidèlement ce qu’il a vu. […] Georges Rodenbach ne se borne pas à peindre des intérieurs, il brosse des paysages — des paysages du Nord, aux lignes vagues, enveloppées de brouillard. […] Nul n’a su peindre avec plus de charme la douceur du foyer, les joies de la famille, les félicités paisibles de la vie provinciale. […] Il sait peindre, il est artiste. […] Zola a peint avec une vivacité singulière cette lente décomposition de la discipline, cet éveil de l’esprit d’indépendance qu’est la fin des armées.

780. (1905) Propos de théâtre. Deuxième série

Elle le peint, elle, oui, mais justement pour le railler. […] Les tableaux que peint avec complaisance la tragédie bourgeoise, sont inspirés par le même esprit. […] C’est toujours une famille au temps de Voltaire qu’il a l’air de nous peindre. Seulement il ne nous la peint aucunement. […] Il n’y a que deux choses qui manquent à La Chaussée : savoir peindre un caractère, savoir peindre les mœurs de son temps.

781. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome I

Je n’ai voulu ni discuter des talents, ni peindre des caractères. […] On remarquera qu’en effet Ellénore n’est peinte d’aucune manière. […] … » Et encore : « Charme de l’amour, qui pourrait vous peindre ? […] Pourquoi ne pas employer cette prose de sensations presque vivantes à peindre les images qui hantent un cerveau ? […] Il semble avoir tracé d’avance son portrait lorsqu’il a peint le M. 

782. (1902) Propos littéraires. Première série

Pourquoi dès lors me le peindre avec tant de complaisance et si minutieusement ? […] Car lorsqu’on peint la réalité, il ne s’agit que de faire dire aux lecteurs : « Comme c’est ça !  […] Lorsqu’on peint l’exception, il faut faire dire aux lecteurs : « Et c’est pourtant vrai. […] Les pays que vous traversez, vous les peignez très bien. […] Telle critique de telle scène égyptienne de Fromentin est une excellente leçon d’art de peindre.

783. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

La comédie ne choisit-elle pas les mœurs qu’elle veut peindre ? […] D’ailleurs, l’estimable écrivain calomnié dans cette rhapsodie maladroite, y est peint surtout comme un vil délateur, comme un espion de la tyrannie, lequel fait métier de lui dénoncer les malheureux et les proscrits. […] Les anciens ont connu l’amour aussi bien que nous ; mais ils l’ont regardé comme uniquement du ressort de la comédie, qui peint les travers et les folies de l’humanité. […] Crébillon, naturellement noir et terrible, a peint sa Sémiramis endurcie dans le crime, comme Sophocle a peint Clytemnestre : elle refuse de reconnaître son fils Agénor qu’elle aime. […] Ses comédies n’offrent ni tableaux ni portraits, mais des miniatures de fantaisie qui ressemblent à tout et ne ressemblent à rien : il n’a voulu peindre que les femmes ; ses figures d’hommes ne sont jamais que des accessoires qui se trouvent là par occasion ; et dans les femmes, il n’a peint qu’une seule chose, la manière dont elles se laissent surprendre par l’amour, et les efforts qu’elles font pour déguiser aux autres et à elles-mêmes une passion naissante.

784. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Note qu’il faut lire avant le chapitre de l’amour. »

On avait peint la tendresse maternelle, la tendresse filiale, l’amitié avec sensibilité, Oreste et Pilade, Niobé, la piété romaine, toutes les autres affections du cœur, nous sont transmises avec les véritables sentiments qui les caractérisent : l’amour seul nous est représenté, tantôt sous les traits les plus grossiers, tantôt comme tellement inséparable ou de la volupté, ou de la frénésie, que c’est un tableau plutôt qu’un sentiment, une maladie plutôt qu’une passion de l’âme.

785. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre V. Caractère du vrai Dieu. »

C’est l’Éternel qui se peint lui-même : « Sa colère a monté comme un tourbillon de fumée ; son visage a paru comme la flamme, et son courroux comme un feu ardent.

786. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (2e partie) » pp. 365-432

Je lis malgré cela, parce que le tableau est admirablement peint, mais je lis avec un remords : c’est de m’intéresser quelquefois à pire qu’un tigre. […] Oui, toute la biographie quelquefois un peu puérile, un peu niaise même, de l’évêque Myriel, de sa sœur, de sa dame de compagnie, la description de sa pauvreté volontaire, de son dévouement à Dieu et aux pauvres, ces privilégiés de la miséricorde, de son hôpital, de ses meubles, de son jardinet, de sa messe sur l’autel de bois, de ses visites pastorales parmi les pasteurs des Hautes-Alpes, tout cela a un charme, une vérité un peu exagérée, un peu ostentatoire, un peu déclamée, mais en réalité très touchante et fidèlement peinte par un peintre de premier ordre. […] II Ce n’est pas que cette rencontre d’un évêque émigré avec ce féroce conventionnel, presque régicide, ne soit peinte aussi avec l’énergie du pinceau de l’écrivain. […] Les autres écrivent, les poètes peignent.

787. (1834) Des destinées de la poésie pp. 4-75

Rien ne peut peindre à ceux qui ne l’ont pas subi, l’orgueilleuse stérilité de cette époque. […] Une petite ogive de pierre s’élevait d’un ou deux pieds au-dessus de la plate-forme qui servait de toit à cette masure, et une petite cloche semblable à celle que l’on peint sur la grotte des hermites y tremblait aux bouffées du vent. […]   Mais j’en vis une bien plus frappante image quelques mois après dans un voyage au Liban ; je demande encore la permission de le peindre. […] Rien ne peut peindre, si ce n’est le pinceau, la multitude et le pittoresque de ces retraites.

788. (1908) Dix années de roman français. Revue des deux mondes pp. 159-190

Ce groupe initial pourra réunir les romanciers qui se sont tout uniment imposé pour but de peindre dans leurs œuvres la misère du peuple et l’infortune des prolétaires industriels ou agraires, d’interroger la vie des pauvres diables, et de tenter de l’adoucir, soit en montrant sous des couleurs désolées et terrifiantes les plaies dont ils souffrent, soit en proposant quelque remède pour les guérir. […] Paul Adam intéresse toujours, soit qu’il ait pour principal objet de peindre la vie tumultueuse, grisante, la frénésie des appétits jouisseurs, comme dans la Force, soit qu’il choisisse pour sujet la Restauration, époque grise, contradictoire et confuse, et qu’il s’attache à en raconter les complots, les menées conspiratrices et tout le douloureux travail clandestin qui la mina. […] Margueritte de peindre sous des couleurs aussi vives ; et qui semblent palpiter, un tel passé de tristesse. […] Obligé de souligner le mal, de le peindre, de s’en servir comme d’un élément, suivant son but quand même et conformant son œuvre au secret idéal qu’il porte en son imagination de poète, il a fait du grand art et, sans pose ni artifice, de l’art fier et réconfortant.

789. (1856) Mémoires du duc de Saint-Simon pp. 5-63

. — Il voit aussi distinctement le moral que le physique, et il le peint parce qu’il le distingue. […] Un jour, impatienté, il dit de deux évêques : « Ces deux animaux mitrés. » Quand la Choin entra en faveur, « M. de Luxembourg, qui avait le nez fin, l’écuma », et pour Clermont, son amant, « il se fit honneur de le ramasser. » Ailleurs, il « s’espace » sur Dangeau, « singe du roi, chamarré de ridicules, avec une fadeur naturelle, entée sur la bassesse du courtisan, et recrépie de l’orgueil du seigneur postiche. » Un peu plus haut, il s’agit de Monaco, « souveraineté d’une roche, de laquelle on peut pour ainsi dire cracher hors de ses étroites limites. » Ces familiarités annoncent l’artiste qui se moque de tout quand il faut peindre, et fait litière des bienséances sous son talent. […] Ces étrangetés et ces abandons sont naturels, presque nécessaires ; seuls ils peignent l’état d’esprit qui les produit. […] Quand il peint les liaisons de Fénelon et de madame Guyon, en disant que « leur sublime s’amalgama », cette courte image, empruntée à la singularité et à la violence des affinités chimiques est un éclair ; quand il montre les courtisans joyeux de la mort de Monseigneur, « un je ne sais quoi de plus libre en toute la personne, à travers le soin de se tenir et de se composer, un vif, une sorte d’étincelant autour d’eux qui les distinguait malgré qu’ils en eussent », cette expression folle est le cri d’une sensation ; s’il eût mis « un air vif, des regards étincelants », il eût effacé toute la vérité de son image ; dans sa fougue, le personnage entier lui semble pétillant, entouré par la joie d’une sorte d’auréole.

790. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville (suite et fin.) »

Je ne puis rencontrer cela qu’en écrivant l’histoire, en m’attachant à une époque dont le récit me serve d’occasion pour peindre les hommes et les choses de notre siècle, et me permettre de faire de toutes ces peintures détachées un tableau. […] Plus j’y réfléchis, et plus je crois que l’époque à peindre serait bien choisie : en elle-même, elle est non-seulement grande, mais singulière, unique même. ; et cependant, jusqu’à présent, du moins à mon avis, elle a été reproduite avec de fausses ou de vulgaires couleurs. […] Il s’y définit et s’y peint lui-même admirablement dans une lettre à M. de Kergorlay : le portrait de son esprit y est fait par lui-même. — Je suis un curieux ; pourriez-vous me dire (s’il n’y a pas d’indiscrétion trop grande) quel est ce monsieur sans façon, un impérialiste évidemment, qui débarqué un matin au château de Tocqueville comme si de rien n’était, avec qui l’on se garde si fort de parler politique, et qui, huit heures durant, se jette à corps perdu dans la littérature, au point de citer quasi des vers de la Pucelle, devant Mme de Tocqueville ?

791. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « L’abbé Prévost »

L’écrivain qui nous l’a peinte restera apprécié dans le calme, comme étant arrivé à la profondeur la plus inouïe de la passion par le simple naturel d’un récit, et pour avoir fait de sa plume, en cette circonstance, un emploi cher à certains cœurs dans tous les temps. […] Comme ceci n’est pas un inventaire exact, ni même un jugement général des nombreux écrits de notre auteur, nous ne nous arrêterons qu’à ceux qui nous aideront à le peindre. […] Je me suis peint fidèlement, sans examiner si ce portrait flatte mon amour-propre ou s’il le blesse. » Le Pour et Contre nous offre aussi une foule d’anecdotes du jour, de faits singuliers, véritables ébauches et matériaux de romans ; l’histoire de dona Maria et la vie du duc de Riperda sont les plus remarquables.

792. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis »

Parmi les lettres de Ficino, on en trouve une de son vénérable protecteur, dans laquelle la trempe d’esprit de ce grand homme, et son ardeur à acquérir des connaissances, même dans l’âge le plus avancé, se peignent avec une grande vivacité. « Hier, dit-il, j’arrivai à Careggi, non pas tant avec le projet d’améliorer mes terres que de m’améliorer moi-même. — Venez me voir, Marsile, aussitôt que vous le pourrez, et n’oubliez pas d’apporter avec vous le livre de votre divin Platon sur le souverain bien. — Je présume que vous l’aurez déjà traduit en latin, comme vous me l’aviez promis ; car il n’y a pas d’occupation à laquelle je me dévoue avec autant d’ardeur qu’à celle qui peut me découvrir la route du vrai bonheur. […] Mariotto, abbé du monastère, présenta les uns aux autres ses doctes amis ; et le reste du jour, car c’était vers le soir que cette rencontre eut lieu, se passa à écouter les discours d’Alberti, dont Landino nous peint le génie et les talents sous le jour le plus favorable. […] Cette passion devint le sujet habituel de ses vers, et il nous reste de lui un nombre considérable de sonnets de canzoni, et d’autres compositions poétiques, dans lesquels, à l’exemple de Pétrarque, tantôt il célèbre la beauté de sa maîtresse et les qualités de son esprit en général, tantôt il s’arrête sur une des perfections particulières de sa figure ou de son âme, d’autres fois il s’attache à décrire les effets de sa passion ; il les peint et les analyse avec toute la finesse et toute la grâce possibles, jointes à une grande perfection de poésie et quelquefois même à une philosophie profonde.

793. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre X. La littérature et la vie de famille » pp. 251-271

Ces deux sortes de documents, si peu semblables qu’ils soient, offrent le même spectacle, avec cette différence que les comédies sont souvent en avance sur les mœurs et prêchent encore plus qu’elles ne peignent l’adoucissement de l’autorité paternelle et maternelle. […] Avant lui, on ne se souciait guère d’observer et de peindre les petits hommes et les petites femmes. […] Hors de la famille, il a sa cour ; il a ses journaux qui paraissent tout exprès pour lui ; il a une armée de conteurs qui travaillent à l’amuser et à l’instruire ; il a des artistes pour le peindre, des poètes pour le chanter, et parmi ceux-ci vous trouverez les plus grands.

794. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIII. La littérature et la morale » pp. 314-335

C’est un art de qui l’imposture est toujours respectée. » Bientôt paraît Tartufe, et la fausse dévotion est si bien le vice de cette seconde moitié du xviie  siècle que La Bruyère, vingt ans plus tard, peindra sous le nom d’Onuphre un Tartufe retouché et affiné. […] Que de romans fastidieux, que de pièces fades, où l’auteur a mutilé et défiguré la vie sous prétexte de la peindre, non telle qu’elle est, mais telle qu’elle devrait être ! […] Pour les œuvres qui s’attachent à peindre la réalité sans essayer de la transformer, qui mettent leur point d’honneur à ne pas trahir les préférences de l’auteur, qui s’efforcent de reproduire impartialement le spectacle du monde environnant, pour les œuvres réalistes, en un mot, il semble d’abord qu’elles soient, pour ainsi parler, amorales et, par conséquent, incapables d’exercer un genre d’action qu’elle ne recherchent pas, qu’elles font même profession de s’interdire.

795. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre Premier »

Lucrèce décrit la mélancolie, en plusieurs endroits de son poème, du même style dont il peint la peste. […] Le bourgeois Mucarade est devenu le seigneur Monteprade, et ce changement de nom peint d’un mot, sa transformation. […] Émile Augier, lui-même, a peint de main de maître ce type de la courtisane relapse dans l’héroïne du Mariage d’Olympe.

796. (1899) Le roman populaire pp. 77-112

Si j’avais à juger l’école naturaliste française, non dans sa formule, où il entre beaucoup de vérité, non pas même dans l’œuvre de tel ou tel auteur, mais dans l’ensemble des livres qui se réclament du naturalisme, je dirais que son principal défaut littéraire a été de méconnaître la réalité ; je montrerais ce qu’il y a de contraire aux règles de l’observation et de la sincérité, dans le procédé qui consiste à ne peindre de l’homme que les instincts, à supprimer les âmes, à expliquer le monde moral par des causes inégales aux effets, à murer toutes les fenêtres que l’homme, accablé tant qu’on le voudra par la misère, le travail, la maladie, l’influence du milieu, continue et continuera d’ouvrir sur le ciel. […] Pour peindre la fille de la malheureuse Fantine, abandonnée, livrée à un couple affreux d’aubergistes de campagne qui la maltraitent, il met presque autant de pages que pour raconter Waterloo ; il accumule des détails et des scènes d’une puérilité admirable et profonde. […] Et obligés de dire le mal, de le peindre, de vous en servir comme d’un élément trop réel et trop commun, ne le faites pas aimer.

797. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Appendice aux articles sur Roederer. (Voir page 393.) » pp. 533-543

Ce héros est le général Lasalle, un des Achille et des Roland de l’Empire, de la première qualité des braves, un des prochains maréchaux s’il avait vécu, et avec cela aimable, spirituel, étourdi, généreux, tel enfin qu’il va se peindre à nous. […] Ils étaient couverts de belles figures peintes, brodées.

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