Ce nom tant de fois fait, défait et refait par les factions alternatives qu’il a servies et desservies tour à tour avec un talent plus effronté qu’éclatant, est retombé déjà dans l’indifférence, et il ne fut jamais qu’une gloire de parti. […] Cet homme était le général Bernadotte, depuis roi de Suède, qui caressait alors les restes du parti jacobin. […] Bonaparte était un parti, Bernadotte n’était qu’une intrigue. […] D’abord Bonaparte voulait rassurer le parti révolutionnaire, en contractant avec lui l’alliance du sang. […] Ainsi ceux de leur parti qui s’attachaient au sien, brûlaient leurs vaisseaux sans retour.
L’époque de la Fronde, où les partis, déjà à demi-désarmés se combattaient avec la plume autant qu’avec l’épée, fournit à l’esprit aiguisé plus que malin de Saint-Évremond l’occasion de railler spirituellement et gracieusement ses adversaires. Son bon sens l’avait rangé de bonne heure dans le parti du jeune roi Louis XIV, de la reine-mère et de l’habile ministre Mazarin. Il ne voyait, avec raison, dans les partis opposés que des queues de factions, d’intrigues et d’ambitions sans tête, propres à perpétuer les désastres de la France, mais nullement à y constituer la liberté pratique et morale. Mazarin, aussi spirituel que lui, se délectait jusque sur son lit de mort à entendre la lecture de ses facétieuses ripostes au parti des princes et du parlement. […] Il te fallait un poète à l’image de ta politique ; car enfin les poètes sortent de terre comme en France sortent les soldats, quel que soit le parti qui frappe du pied cette terre féconde.
Necker, nous saisissons la dissidence à l’origine, le divorce à sa naissance ; mais les partis, ou du moins les familles politiques auxquelles ils se rattachent l’un et l’autre, se sont assez perpétuées ensuite, pour qu’on puisse en généraliser les caractères hors de leurs personnes. […] Entre tous ces hommes de bien et de mérite elle cherche vainement un grand caractère propre à rassurer dans cette crise et à rallier le bon parti par ses conseils. […] Mme Roland pressentait et ruinait d’avance ces justifications futures, quand elle lui écrivait de sa prison : « Fais maintenant de beaux écrits, explique en philosophe les causes des événements, les passions, les erreurs qui les ont accompagnés ; la postérité dira toujours : Il fortifia le parti qui avilit la représentation nationale, etc. » Quant à Brissot, nous adoptons tout à fait le jugement de Mme Roland sur lui, sur son honnêteté profonde et son désintéressement ; nous le disons, parce qu’il nous a été douloureux et amer de voir les auteurs d’une Histoire de la Révolution qui mérite de s’accréditer, auteurs consciencieux et savants, mais systématiques, reproduire comme incontestables des imputations odieuses contre la probité du chef de la Gironde. […] Il y avait lieu entre eux à des discussions sur l’étendue du droit, à des dissidences sur la mesure de la liberté ; mais l’incompatibilité radicale de principes, comme de mœurs, comme de tempérament, un abîme enfin, qui se déchira au 2 septembre sous les pas de la Gironde, les séparait eux tous d’avec les hommes une fois engagés dans les partis extrêmes et sanglants, dans les systèmes farouches. […] des partis analogues pussent se reformer, il faudrait surtout le dire et mettre en garde contre la confusion.
La tombe, comme le lever du vrai jour, rendra à M. de Marcellus toute la justice que l’ignorance ou le préjugé des partis lui a fait attendre. […] Sa personnalité rigoureuse le tourmente et tourmente tout le monde, jusqu’à ce qu’il ait forcé la main à M. de Villèle et à l’opposition du parti libéral, à la politique méticuleuse de M. de Villèle, à la jalousie de M. […] Son importance s’en accrut ; nommé pair de France par le roi, il changea de parti plusieurs fois par d’habiles transactions qui le menaient au but, tantôt foudroyant dans M. Decazes un favori du roi, tantôt caressant dans M. de Villèle et dans ses amis royalistes modérés un parti dont il pressentait l’avenir ; il se fit craindre et aimer, selon les temps. […] L’âme totalement dégagée de l’esprit de parti, et se remettant entièrement à la Providence du sort de sa cause, il se contentait de rester fidèle pour lui-même, et ne s’inquiétait plus des fidélités ou des infidélités des autres.
Quant à la crise du français, il me suffit à moi de lire les journaux et les livres d’aujourd’hui pour en être convaincu, et d’entendre parler ceux qui se disent appartenir à des partis de progrès. […] Mais laissons la plaisanterie, et déplorons, une fois de plus, que notre pays soit infecté par la politique à tel point que toute question d’intérêt national y soit immédiatement considérée comme une affaire de parti. […] Donc, n’espérons rien, mais protestons, sans distinction de partis, réunis dans le même souci qui est celui de l’avenir littéraire de notre pays… D’ailleurs si tant de lecteurs bénévoles prennent, hélas ! […] Je ne vois pas ce que la question peut avoir de politique : il me semble que c’est une question nationale, supérieure par conséquent à tous les partis. […] La lutte des partis y absorbe tout.
Cette tourbe néfaste, personnification de l’esprit catholique du temps, ne prétendait à rien moins qu’à diriger la politique française ; l’objet de ses désirs, c’était avant tout l’extermination du parti de la Réforme en France. […] L’abjuration du nouveau roi de France ne lui fit pas méconnaître ce qu’il devait à ses anciens compagnons et à la justice, et malgré les hurlements de haine du parti catholique, il ne dissimula jamais sa sympathie pour la Réforme. Il est probable que si Henri IV avait montré plus de fermeté, s’il avait refusé l’abjuration, et surtout si le parti qui l’aida à conquérir le pouvoir avait été plus fort, l’avenir religieux de la France aurait alors changé brusquement. […] Durant la honteuse régence de Marie de Médicis, le clergé, Rome, l’épiscopat reprirent le terrain perdu sous Henri IV ; les jésuites et le « parti dévot » dirigèrent la politique de la cour. […] Est-ce Louis XIV qui, de sa propre inspiration, prélude à l’extermination du parti de la Réforme ?
Hénault naquit à Paris, le 8 février 1685, d’un père fermier général, homme riche, qui aimait les lettres, et même assez particulièrement pour prendre le parti de Corneille contre Racine, et pour se mêler à cette petite guerre que soutinrent Thomas Corneille et Fontenelle. […] Vers l’âge de cinquante ans (1735), le président fit une maladie grave, et Mme de Castelmoron en profita pour déterminer sa conversion ou tout au moins sa résipiscence ; il fit une confession générale et prit dès lors le parti de la dévotion qu’il soutint assez bien, et où il se fortifia dans les dernières années. […] Le président Hénault n’appartenait point au parti, et semblait même avoir donné des gages au parti contraire34.
Il est donc parti, incertain quel asile il choisirait. […] Mme du Deffand, dans son esprit de dénigrement et sa sévérité habituelle pour « la divine comtesse », suppose dès le commencement de la querelle, en la voyant rester neutre et s’abstenir, qu’elle attend d’où le vent viendra et qu’elle sera pour le parti « duquel il résultera le plus de célébrité. » Elle se trompe : Mme de Boufflers est meilleure que Mme du Deffand ne le suppose. […] Parmi les personnes de la galerie et du public qui jugèrent de cette querelle en dehors de toute considération de parti et sur le simple informé général, il en est une dont la sagesse et la modération m’ont charmé. […] Mme Riccobini, quoiqu’elle restât en dehors de tout parti, était une amie de Hume, et on la trouve nommée dans la Vie et Correspondance de ce dernier.
Barbey d’Aurevilly, prend hautement le parti de ceux qu’il appelle les Prophètes du passé, et nous retrace, à côté de la grande figure de Joseph de Maistre, la figure ingénieuse et forte de Bonald, pour dire mon mot sur ce dernier, et pour assigner les principaux traits de sa manière. […] Sa prévention était telle, qu’à peine si lui et les siens passaient l’esprit proprement dit à leur parti et pour la défense de leur cause. […] Il y a de la force, de la dignité, un sentiment profond, à la fois historique et religieux ; mais ce chapitre me paraît gâté encore et interrompu dans ce qu’il a de simple et de grave par des raisonnements de théoricien et d’homme de parti. […] Tel qu’il était, il mérita une double réputation durant tout ce temps des quinze années, la réputation d’oracle et d’homme de génie dans son parti, parmi le petit nombre des esprits opiniâtres et immuables, et même, jusqu’à un certain point, dans tous les rangs des royalistes intelligents : auprès des autres, des libéraux, il passait pour un gentillâtre spirituel, entêté, peut-être un peu cruel, et il jouissait de la plus magnifique impopularité.
Jamais elle ne désespère, et tant qu’on peut oser encore, elle se déclare pour le parti de l’audace. […] C’est moi qui ai désiré ardemment l’archevêché de Paris : quelles terribles affaires avons-nous contre un prélat (le cardinal de Noailles) qui, étant irréprochable dans ses mœurs, tolère le plus dangereux parti qui pût s’élever dans l’Église ; qui désole sa famille, et afflige sensiblement le roi dans un temps où sa conservation est si nécessaire. » Il faut le dire, cependant, cette vénération excessive pour la personne du vieux monarque n’est souvent qu’un devoir d’épouse qui honore madame de Maintenon ; il semble que ce soit le seul sentiment capable d’enlever cette âme froide à elle-même, et d’en tirer des accents de véritable émotion.
Il est plus facile à un orateur politique d’écraser ses ennemis, de conjurer des spectres, de contenir des torrents, de figurer vivement le mal que fera le parti contraire, et le bien que son parti fera, que d’indiquer en termes propres un seul moyen d’écarter le moindre des dangers et de produire le plus léger des biens : on manque d’ordinaire à la transformation des métaphores en idées.
À vingt ans, il avait des opinions républicaines et une grande barbe, et il portait un chapeau pointu couleur feuille morte, disait : « mon parti », écrivait dans la Liberté de penser, rédigeait de terribles articles contre l’inquisition, et prêtait de l’argent au philosophe X… Tel était notre jeune cousin, Pierre-Charles, comte de Villedeuil. […] » Il nous quitte, bat les usuriers, imagine un frontispice où la foudre tombait sur l’Institut, avec les noms de Hugo, de Musset, de Sand dans les zigzags de l’éclair, achète un almanach Bottin, fait des bandes, et, le dernier coup de fusil du 2 décembre parti, le journal L’Éclair paraît.
Mais, à notre sens, un poëte complet, que le hasard ou sa volonté aurait mis à l’écart, du moins pour le temps qui lui serait nécessaire, et préservé, pendant ce temps, de tout contact immédiat avec les gouvernements et les partis, pourrait faire aussi, lui, une grande œuvre. […] Il serait libre de barrer le chemin à tous les mensonges, de quelque part ou de quelque parti qu’ils vinssent ; libre de s’atteler aux principes embourbés dans les intérêts ; libre de se pencher sur toutes les misères ; libre de s’agenouiller devant tous les dévouements.
Le chef du parti contraire étoit abbatu. […] On y a couvert tout récemment les deux partis de ridicule dans un ouvrage imprimé à Venise en 1740, in-8°., sous ce titre* : Observations critiques concernant la langue latine, moderne, par le seigneur Paul Zambaldi, gentilhomme de la ville de Feltre.
Nous laissons ça au parti intellectuel, de faire les malins. […] Une domination temporelle d’un parti intellectuel. […] Je vais enfin organiser mon parti. […] Ou plutôt les partis Péguy. […] C’est le grand parti.
Jeune, dans un moment de frénésie, il avait coiffé sa muse du bonnet rouge ; il avait donné des gages éclatants à un parti : quoi de plus simple et de plus inévitable que ce parti, se voyant quitté, le calomniât, méconnût ses intentions intimes les plus pures, travestît grossièrement les ressorts délicats et secrets de sa conduite ? […] Le poëte prend son parti du labeur et de la peine que tout noble effort suppose, surtout quand il s’agit d’associer des contraires, de ne rien sacrifier, de ne verser d’aucun côté, de ne donner ni dans un idéal trop subtil et trop froid, ni dans une matière trop sensuelle et trop colorée.
Enfin, il n’est point d’homme qui ait été possesseur paisible d’une place éminente ; le plus grand nombre en a marqué la perte par une chute éclatante ; d’autres ont acheté sa possession par tous les tourments de l’incertitude et de la crainte ; et cependant, tel était l’effroi que causait le retour à l’existence privée, qu’un seul homme ambitieux, Sylla, ayant volontairement abdiqué le pouvoir, et survécu paisiblement à cette grande résolution ; le parti qu’il a pris est encore l’étonnement des siècles, et le problème dont les moralistes se proposent tous la solution. […] Il n’est point de factieux de bonne foi qui puisse prédire ce qu’il fera le lendemain ; car c’est la puissance qu’il importe à une faction d’obtenir plutôt que le but d’abord poursuivi ; on peut triompher en faisant le contraire de ce qu’on a projeté, si c’est le même parti qui gouverne, et les fanatiques seuls retiennent les factieux dans la même route ; ces derniers ne cherchent que le pouvoir, et jamais ambition ne coûta tant au caractère. […] Quel que soit le parti qu’on ait embrassé, la faction est démagogue dans son essence, elle est composée d’hommes qui ne veulent pas obéir, qui se sentent nécessaires, et ne se croient point liés à ceux qui les commandent ; elle est composée d’hommes prêts à choisir de nouveaux chefs chaque jour, parce qu’il n’est question que de leur intérêt, et non d’une subordination antérieure, naturelle ou politique : il importe plus aux chefs de n’être pas suspects à leurs soldats, que redoutables à leurs ennemis.
Plus le danger était grand, plus sa détermination était prompte ; et, quand il avait pris son parti, jamais il ne doutait du succès. […] Le maréchal, « doué de ce talent d’homme de guerre qui apprend à tirer parti des moindres circonstances », remarqua dans la plaine une ligne de glace et la fit casser pour voir le sens du courant, pensant bien que ce devait être un ruisseau qui allait au Dniepr. […] Même après avoir franchi le Niémen, et lorsqu’on a lieu enfin de se croire en sûreté, cette extrême arrière-garde se retrouve tout à coup en danger d’être enlevée par un parti de Cosaques, et l’on se voit obligé de renouveler à travers champs une marche de nuit, conduite encore par Ney, et qui rappelle, mais plus tristement, l’aventure du Dniepr.
Que deux promeneurs partis de points différents, et errant dans la campagne au gré de leur caprice, finissent par se rencontrer, cela n’a rien que de très ordinaire. […] De tout temps, la doctrine de la finalité a tiré parti de la structure merveilleuse des organes des sens pour assimiler le travail de la nature à celui d’un ouvrier intelligent. […] Or, la matière vivante paraît n’avoir d’autre moyen de tirer parti des circonstances, que de s’y adapter d’abord passivement : là où elle doit prendre la direction d’un mouvement, elle commence par l’adopter. […] Notre oeil tire parti de la lumière en ce qu’il nous permet d’utiliser par des mouvements de réaction les objets que nous voyons avantageux, d’éviter ceux que nous voyons nuisibles. […] On conçoit, en effet, que le même effort pour tirer parti des mêmes circonstances aboutisse au même résultat, surtout si le problème posé par les circonstances extérieures est de ceux qui n’admettent qu’une solution.
Attaqué par les Français, qui soutenaient le parti opposé au sien, Paul Frégose remporte sur eux une des victoires les plus meurtrières pour la chevalerie française. […] André Doria, leur concitoyen, le plus illustre des hommes de guerre de son temps, condottiere de mer, qui passait tour à tour du parti de l’empire au parti de la France, la leur rend. […] Nous le vîmes alors profondément humilié et du rôle qu’il avait joué et de la disgrâce où il se cachait à tous les partis. […] Infidèle à tous les partis et à lui-même, ce prince ne fut un héros que sur le champ de bataille. Son malheur patriotique lui fut imputé à vertu par le parti de l’ambition piémontaise et de l’unité monarchique en Italie.
Quand on a vécu un certain nombre d’années sur cette terre et qu’on a sondé jusqu’au tuf le sol de cette vie, il n’y a que deux conclusions à tirer et deux partis extrêmes à prendre : le mépris de soi-même, de l’homme et du monde créé, ou le respect de l’œuvre divine et l’adoration de l’ouvrier divin ; en d’autres termes, le sarcasme, le suicide, ou la résignation et la prière. Et il ne faut pas croire que ce soient des âmes vulgaires que celles qui délibèrent un certain temps avec elles-mêmes avant de prendre le parti de l’espérance contre celui du désespoir, le parti de l’enthousiasme pieux contre le parti du rire amer, le parti de la vie morale contre le parti du suicide de l’âme. […] Ce sont là tous les philosophes, tous les prosateurs, tous les poètes burlesques qui, profondément impressionnés de la misère morale de l’humanité, mais pas assez généreux pour la plaindre, ont pris le parti de la railler.
S’il choisit le premier parti, l’intérêt qu’on prend à ces épisodes, ne sert qu’à mieux faire sentir la froideur de l’action principale, et il a mal rempli son titre. […] Il faut, de plus, que le parti qu’on prendra ait de l’influence sur tout le reste de la pièce. […] Ptolomée pouvait délibérer en son cabinet s’il recevrait Pompée ou s’il lui donnerait la mort, et rentrer en apprenant au spectateur le parti qu’il a pris. […] Il faut, de plus, que les deux intérêts, mis en opposition, soient assez forts pour se balancer et assez grands pour être dignes du combat qu’ils se livrent, que le parti le plus vertueux soit aussi le plus violent et le plus pénible pour la nature, et qu’enfin le personnage intéressant se décide pour le parti le plus vertueux, et qui exige de lui un sacrifice plus coûteux à son cœur. […] Il n’y a point non plus de milieu à l’alternative ; ou il faut qu’il s’expose au murmure de toute la Grèce et à son mépris, ou qu’il perde sa fille : enfin il se décide pour le parti le plus vertueux.
Je connais bien des gens qui allient comme vous, monsieur, à un goût sûr une raison libre de tout esprit de parti. […] Il y en a peu néanmoins qui aient le courage de lutter contre la multitude : ils attendent à juger d’un ouvrage que le public ait prononcé ; ils recueillent les voix et se rangent du parti dominant. […] Vous voyez dans ce prélude que cette espèce de savants a pris parti contre M. de La Motte. […] La santé affaiblie de l’abbé de Pons et ses infirmités croissantes, qui ne lui permettaient plus les relations de société, lui firent prendre le parti de se retirer en 1727 à Chaumont, dans le sein de sa famille.
— À travers toutes ses déclamations et le mépris qu’il répandait sur les ministres, il se montrait monarchique, et répétait que ce n’était pas sa faute si on le repoussait et si on le forçait, pour sa sûreté personnelle, à se faire le chef du parti populaire : « Le temps est venu, dit-il, où il faut estimer les hommes d’après ce qu’ils portent dans ce petit espace, là, sous le front, entre les deux sourcils. » Ceci se passait à la fin du mois de juin 1789. […] M. de La Marck, après s’être bien assuré du fond de la situation, et particulièrement que Mirabeau ne trempait en rien, comme ses ennemis l’en accusaient, dans le parti d’Orléans, ne trouvant en lui qu’un homme du plus haut talent et de la première capacité entravé par des « embarras subalternes », résolut de l’aider à en sortir et à reconquérir dignité, liberté d’action, indépendance : ce point gagné, le reste devait suivre immanquablement. […] Le gouvernement me repousse, et je ne puis que me placer dans le parti de l’opposition, qui est révolutionnaire, ou risquer de perdre ma popularité, qui est ma force. […] À quelque temps de là, M. de La Marck fit dire un mot à la reine au sujet de ses liaisons déjà intimes et remarquées avec Mirabeau ; il faisait pressentir discrètement quel était son espoir en les entretenant, et qu’il y avait peut-être à tirer parti d’un tel homme, dans l’intérêt même de la monarchie.