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2312. (1868) Curiosités esthétiques « I. Salon de 1845 » pp. 1-76

2° Dernières paroles de Marc-Aurèle Marc-Aurèle lègue son fils aux stoïciens. — Il est à moitié nu et mourant, et présente le jeune Commode, jeune, rose, mou et voluptueux et qui a l’air de s’ennuyer, à ses sévères amis groupés autour de lui dans des attitudes désolées.

2313. (1739) Vie de Molière

Toutes les paroles qui se chantent sont de Quinault ; Lulli composa les airs.

2314. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Troisième série

C’est l’adoration du « modèle à imiter. » Du haut ou du bas, fabriquée par une cour ou élaborée par la foule, une opinion sur chaque chose se forme ; cette opinion construit un modèle de chaque action, de chaque doctrine, de chaque préjugé, de chaque démarche, de chaque attitude ; ce modèle s’impose à chaque individu, et il se croit tenu de s’y conformer exactement, en ses actes, pensées, paroles et gestes. […] Il ne faut point exagérer en amour, dépasser dans ses paroles la mesure juste du sentiment qu’on éprouve. […] Magistrat quelques années ; voyageur en Amérique et en rapportant un très beau livre ; député très considéré une douzaine d’années ; ministre sous la présidence Louis-Napoléon, après avoir combattu la candidature Louis-Napoléon ; rentré dans la vie privée après le coup d’Etat et publiant son admirable travail sur l’Ancien régime ; saisi, sur le tard, d’une maladie de poitrine, il s’en alla s’éteindre à Cannes à l’âge de 54 ans, très peu de temps après avoir cité quelque part cette parole d’un philosophe antique : « Supporte patiemment la mort en songeant que tu n’as pas à te séparer d’hommes qui pensent comme toi. » C’était ce que nos écrivains classiques appelaient un « généreux », une âme loyale, pure, dévouée aux grandes causes, très courageuse, très désintéressée, capable des sentiments de famille dans toute leur délicatesse, d’amitiés pour des amis obscurs, c’est-à-dire d’amitiés véritables, très dédaigneuse, mais par suite non pas de l’estime de soi, mais de cet étonnement que les médiocrités de l’esprit et du cœur inspirent aux natures élevées ; et dans ce cas le dédain n’est pas précisément de la répulsion, mais une sorte de désorientation et de gaucherie en pays inconnu. […] Quoi qu’on fasse, et plus on étudie cette question, plus on s’en persuade, une décentralisation, quelle qu’elle soit, est toujours un fédéralisme et à elle s’appliquent comme à lui ces paroles si justes de Tocqueville : « Le peuple qui, en présence des grandes monarchies militaires de l’Europe, viendrait à fractionner sa souveraineté me semblerait abdiquer par ce seul fait son pouvoir, et peut-être son existence et son nom ».

2315. (1910) Victor-Marie, comte Hugo pp. 4-265

Quand vous êtes avec moi, Halévy, quand vous êtes dans mon pays, dans mon pays de pensée et dans mon pays de parole, dans mon pays de langage ce que je vous demande c’est de bien savoir malgré les apparences, malgré les aspects, c’est de bien vous rappeler, c’est de n’oublier point, malgré des apparences trompeuses, malgré de trompeuses ressemblances, malgré l’École Normale et tant d’apparences, d’autres apparences, malgré un voisinage, des voisinages trompeurs c’est de bien faire attention que quand vous êtes avec moi c’est que vous avez en réalité fait le même voyage. […] Quand vous adressez ainsi la parole à un garçon de ferme, à quelque varlet de ferme, quand vous entrez en propos avec lui, il ne vous vient point à l’idée qu’il peut vous offenser, mais connaissant ce fin peuple, et sachant que c’est lui qui parle français, qu’il est la fine fleur du langage français, vous êtes résolu à prendre tous ses propos comme des propos d’amitié, d’hospitalité, de cordialité, comme des propos cordiaux, comme des propos peuples. […] Sous chacune de ses paroles, sous ses silences même, encore plus, sous chacun de ses silences couve une insolence qu’elle veut bien ne pas dispenser, une impertinence volontairement restreinte, réduite, reconduite, tenue en main, tenue en guide, une insolence, une impertinence royale, fille de roi, quel roi, (secrètement fille d’Atride) ; ou le dernier, le pire de tout, une insolence de tendresse, une impertinence tendre. […] Ne jugez pas afin que vous ne soyez pas jugés, c’est l’une des paroles les plus redoutables qui aient été prononcées, l’une de celles qui me sont partout présentes.

2316. (1884) L’art de la mise en scène. Essai d’esthétique théâtrale

Il faut à ses personnages des pourpoints de velours et de soie, des épées brillantes et souples ; il faut à ses heureux interprètes un visage majestueux ou farouche, une parole caressante ou hautaine, un jeu de proportion héroïque, de façon que, laissant bien loin d’eux le comédien, ils dépassent un peu le personnage lui-même. […] Au moment où la reine, émue d’un amour inconnu qu’elle sent monter jusqu’à elle, exhale en tristes plaintes l’ennui que lui causent sa solitude et son royal esclavage, des lavandières passent en chantant dans les bruyères et leurs voix qui meurent en s’éloignant jettent dans son âme des paroles enflammées d’amour. […] Que pourrait dire Sûzel et quelles paroles vaudraient l’éloquence de cette phrase musicale, qui arrive au public grossie de tous les sanglots qui gonflent le cœur de l’abandonnée ? […] Cela se conçoit ; car c’est là seulement que, lorsque les personnages n’agissent pas ou ne prennent pas la parole, un acteur, et le principal, reparaissant en scène, décrit les beautés sévères ou riantes de la nature, la mélancolie des bois ombreux, l’immobile majesté des monts, la pesante solitude des espaces déserts, la mystérieuse circulation de la vie, ses ardeurs et ses épuisements, et en même temps cherche à montrer le lien sympathique qui rattache les états psychologiques de l’être humain à tous ces aspects de la nature.

2317. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Madame de Verdelin  »

Oui, madame, je le sais bien ; c’est moi qui suis une bête, un bon homme, et pis encore s’il est possible ; c’est moi qui choisis mal mes termes au gré d’une belle dame française qui fait autant attention aux paroles et qui parle aussi bien que vous… « J’avais besoin sans doute d’être averti que je ne suis près de vous qu’une simple connaissance ; si vous me l’eussiez dit plus tôt, madame, je vous aurais épargné l’ennui de mes visites ; car, pour moi, je n’ai point de temps à donner à des connaissances, je n’en ai que pour mes amis. » À ces brusqueries et à ces boutades peu congrues, elle n’opposa que la douceur et le ton peiné de l’affection la plus sincère : « Mon voisin, vous me jugez mal, si vous croyez que je prétends à mieux qu’à être une bonne femme ; je fais cas de cette qualité, je borne toute mon ambition à la mériter et à trouver quelqu’un assez vrai pour me dire les choses qui m’en écartent.

2318. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (2e partie) » pp. 161-239

Mais le fugitif, plus hardi et paraissant heureux, leur adressa des paroles si rassurantes, que bientôt les uns et les autres semblèrent me regarder comme envoyé par la Providence pour les retirer de toutes leurs tribulations.

2319. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Conclusions »

D’autre part, la prose peut être poétique ; de Rousseau à Chateaubriand et aux romanciers modernes, il s’est produit en France de nombreux écrits qui ont pour caractère particulier d’exprimer, en une parole librement cadencée, le genre d’émotions élevées et vagues que suggèrent les beaux vers.

2320. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIe entretien. Boileau » pp. 241-326

Les fanatiques sur parole de La Fontaine reprochent à Boileau cet oubli de l’auteur des Fables et des Contes ; nous n’y voyons, nous, qu’une preuve de plus de l’exquise justesse de son jugement.

2321. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIe entretien. Littérature italienne. Dante. » pp. 329-408

Je n’ai pas de rancune contre ces patriotes de l’hémistiche et de la rime, qui se sont crus outragés parce qu’ils ne m’avaient pas lu, et qui m’ont excommunié sur parole.

2322. (1767) Salon de 1767 « Peintures — La Grenée » pp. 90-121

Si vous pouvez pardonner à cet ouvrage ce petit nombre de défauts, couvrez-le d’or sur la parole de Le Moyne.

2323. (1908) Jean Racine pp. 1-325

Première conférence1. Son enfance. — Son éducation Pourquoi vous parlé-je cette année de Racine ? Tout simplement parce que c’est Racine qu’on m’a le plus « demandé », et que, d’ailleurs, cela ne me déplaisait point. Je pourrais vous dire aussi qu’ayant étudié Jean-Jacques Rousseau l’an dernier, j’ai cherché un effet de contraste : Racine, traditionaliste ; Rousseau, révolutionnaire ; Racine, catholique français, monarchiste ; Rousseau, protestant genevois, républicain ; Racine, artiste pur ; Rousseau, philosophe et promoteur d’idées… Mais ce parallèle, suggéré par un hasard, serait fort artificiel, et j’aime mieux vous avouer qu’il y a peu de rapports, sinon antithétiques, et encore pas sur tous les points, entre les deux personnages (quoiqu’il y en ait peut-être entre la Nouvelle Héloïse et le théâtre de Racine, père indirect du roman passionnel). Ce qui est sûr, c’est que je suis content de n’avoir plus à examiner et à juger les idées.

2324. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre III. — Du drame comique. Méditation d’un philosophe hégélien ou Voyage pittoresque à travers l’Esthétique de Hegel » pp. 111-177

Les Français aussi sont pathétiques sous ce rapport, et leur éloquence des passions n’est pas toujours un simple fatras de paroles, comme nous le croyons souvent, nous Allemands, avec notre habitude de concentration profonde, qui nous fait presque regarder comme une injure faite à nos sentiments de les exprimer par des formes variées… L’homme dans lequel se manifeste le sentiment pathétique doit en être rempli et pénétré, mais en même temps être capable de le développer et de l’exprimer convenablement… On a apposé Voltaire à Shakespeare.

2325. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VII. Les poëtes. » pp. 172-231

voilà que tu rétablis ton funeste empire ; la lumière meurt devant ta parole mortelle ; ta main, grand anarque, laisse tomber le rideau, et l’obscurité universelle ensevelit le monde1119. » Tapage final, cymbales et trombones, pétarades et feux d’artifice.

2326. (1899) Les industriels du roman populaire, suivi de : L’état actuel du roman populaire (enquête) [articles de la Revue des Revues] pp. 1-403

L’abondance dans les paroles et la prolixité dans les discours passent généralement pour être le péché mignon des personnes du sexe.

2327. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paul Féval » pp. 107-174

Il ne connaissait pas, pour se les appliquer, les paroles de celui qui a dit : « Mon poids est doux et mon joug est léger », aux craintifs et aux mélancoliques de son temps.

2328. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « Remarques finales. Mécanique et mystique »

S’il ne va pas jusqu’à obtenir des actes, il manifeste par des paroles.

2329. (1865) Introduction à l’étude de la médecine expérimentale

Nous ne la sentons pas en nous, nous n’en avons pas conscience comme quand il s’agit de nous-même ; nous sommes donc obligés de l’interpréter et de la supposer d’après les mouvements que nous voyons et les paroles que nous entendons. […] Pour prouver ce que j’avance, il suffira de citer les paroles d’un grand mathématicien.

2330. (1856) À travers la critique. Figaro pp. 4-2

Le livre si sévèrement traité est resté en deçà de l’attente générale ; il n’a pas tenu ce qu’il semblait promettre ou ce qu’on croyait y trouver de révélations piquantes : l’auteur a trop bien tenu parole à l’épigraphe placée en tête de ses confessions : Charité envers les autres, dignité envers moi-même. […] Le Coq, supposant qu’une population de touristes est debout pour recueillir ses paroles avec avidité, veut bien nous apprendre que, dans la théogonie Hindoue, il existe des enfers de plusieurs sortes.

2331. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion statique »

Dans la religion que nous appellerons dynamique, la prière est indifférente à son expression verbale ; c’est une élévation de l’âme, qui pourrait se passer de la parole. […] Comment ne pas voir que cette habitude de prolonger l’idée du dieu, une fois évoquée, en paroles prescrites et en attitudes prédéterminées confère à son image une objectivité supérieure ?

2332. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre IV. Addison. »

III « La grande et l’unique fin de ces considérations, dit Addison dans un numéro du Spectator, est de bannir le vice et l’ignorance du territoire de la Grande-Bretagne906. » Et il tient parole.

2333. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Louis Veuillot »

, vous ne le surprendrez jamais, je le répète, à se servir contre ses victimes d’autre chose que leurs paroles et leurs actes publics, d’autre chose que ce qui le blesse et l’outrage, lui, dans sa foi.

2334. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre cinquième. Le réalisme. — Le trivialisme et les moyens d’y échapper. »

« L’idéal, a dit justement Amiel, ne doit pas se mettre tellement au-dessus du réel, qui, lui, a l’incomparable avantage d’exister. » L’artiste et le romancier doivent, comme le moraliste, tenir compte de cette parole.

2335. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XIII : Affinités mutuelles des êtres organisés »

D’après ses propres paroles : « Les embryons de mammifères, d’oiseaux, de Lézards, de Serpents, et probablement même ceux des Tortues, sont durant leurs premières phases de croissance d’une ressemblance parfaite, soit dans leur ensemble, soit par le mode de développement de leurs parties.

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