Wundt en conclut que l’émotion élémentaire est la surprise, « qui se comporte, à l’égard des mouvements de l’âme plus complexes, à peu près comme le sentiment esthétique éveillé par une forme géométrique simple vis-à-vis de l’effet produit par une œuvre d’art. » Wundt aurait pu ajouter, dans le même sens, que la surprise est l’analogue intellectuel du choc mécanique avec ses effets d’élasticité bien connus.
Dans les œuvres de l’Inde, comme dans celles de la Grèce ou de l’Italie, le caractère pour ainsi dire granitique des premiers poètes est une certaine brièveté mâle et sobre qui calque la nature de plus près, et qui ne pare d’aucun vêtement et d’aucun ornement inutile le nu et le muscle de la pensée.
» On voit, à ces pittoresques descriptions de la nature opulente et majestueuse de l’Inde, des arbres, des ondes, des animaux, que le sentiment du paysage dans la poésie, et de la mélancolie dans l’âme, ne sont point, comme on le dit, des inventions récentes de notre poésie, mais que la plus haute antiquité sentait et exprimait avec la même force l’œuvre de Dieu et le cœur de l’homme.
— Expliquez-moi d’où vient la défaveur qui s’attache à présent aux œuvres de Marlinski ? […] Ce n’était pas sans raison qu’elle vantait les œuvres de Marlinski : elle les avait étudiées et en avait profité.
D’un autre côté, Bichat, en fondant l’anatomie générale et en rapportant les phénomènes des corps vivants aux propriétés élémentaires des tissus, comme des effets à leurs causes, vint établir la vraie base solide sur laquelle est assise la physiologie générale ; non pas que les propriétés vitales des tissus aient été considérées par Bichat comme des propriétés physico-chimiques spéciales qui ne laissaient plus de place aux agents mystérieux de l’animisme et du vitalisme ; son œuvre a uniquement consisté dans une décentralisation du principe vital. […] Magendie ayant été mon maître, j’ai le droit de m’enorgueillir de ma headendance scientifique, et j’ai le devoir de chercher, dans la mesure de mes forces, à poursuivre l’œuvre à laquelle resteront attachés les noms des hommes illustres que j’ai cités. […] Hypothèses sur la vie : hypothèses spiritualistes et matérialistes ; Pythagore, Platon, Aristote, Hippocrate, Paracelse, Van Helmont, Stahl ; Démocrite, Épicure ; headartes, Leibnitz. — École de Montpellier. — Bichat, etc. — Nous repoussons également hors de la physiologie les hypothèses matérialistes et spiritualistes, parce qu’elles sont insuffisantes et étrangères à la science expérimentale. — L’observation et l’expérience nous apprennent que les manifestations de la vie ne sont l’œuvre ni de la matière ni d’une force indépendante ; qu’elles résultent du conflit nécessaire entre des conditions organiques préétablies et des conditions physico-chimiques déterminées. — Nous ne pouvons saisir et connaître que les conditions matérielles de ce conflit, c’est-à-dire le déterminisme des manifestations vitales. — Le déterminisme physiologique contient le problème de la science de la vie ; il nous permettra de maîtriser les phénomènes de la vie, comme nous maîtrisons les phénomènes des corps bruts dont les conditions nous sont connues. […] Toutes ces finalités utilitaires à notre usage, sont des œuvres qui nous appartiennent36 et qui n’existent point dans la nature en dehors de nous.
On peut la lire aujourd’hui dans les œuvres complètes ; c’est une page qui ne déshonorerait certes pas Racine lui-même.
Il les réprime toutefois, non pas par crainte d’être entendu des ennemis et par aucun soin de sa propre vie, dont il lui serait plus doux d’être délivré, mais par peur qu’on ne l’empêche d’accomplir l’œuvre pieuse pour laquelle il s’est dévoué.
C’est ce qu’ont fait Spencer et Taine, et ils ont accompli par là une œuvre utile, mais ils se sont fait illusion sur la portée de leur travail et sur sa véritable signification : en se croyant dans le domaine de la qualité et de la sensation, ils étaient dans celui de la quantité, du mouvement, de la force et de l’appétit, de la volonté ; ils mettaient en évidence, sous toutes les sensations, un mode commun d’action et de réaction, qui n’est pas la sensation même et n’en explique pas la qualité spécifique.
* * * — L’homme qui fait un roman ou une pièce de théâtre, où il met en scène des hommes et des femmes du passé, peut avoir la certitude que c’est une œuvre destinée à la mort, — et quand même il aurait tout le talent possible.
Kant n’était pas appelé à cette œuvre ; la sienne était bien différente : il devait faire une révolution contre tous les faux dogmatismes, et contre les grandes hypothèses de l’idéalisme du xviie siècle, et contre les hypothèses mesquines et tout aussi arbitraires du sensualisme de son temps ; et cette entreprise, il l’a accomplie, grâce à cette méthode dont je viens de faire connaître le caractère d’après les deux préfaces et l’introduction de la Critique de la raison pure.
Rien de plus simple et de plus ingénieux que l’art de construire des cadrans, de tracer une méridienne, d’élever un gnomon, de construire des globes et des sphères ; des planisphères qui indiquent à chaque instant l’état du ciel, l’œuvre principale du Créateur, imité et réduit par la créature dans un espace de quelques pieds.
Il règne partout une âme, un esprit, un souffle dont on pourrait dire comme Virgile ou Lucrèce de l’œuvre entière de la création : deum namque ire per omnes… etc.
Qu’ils s’arrangent ; les grandes œuvres de l’humanité sont anonymes, un roman peut bien l’être.
Une femme seule pouvait le faire, et je l’engage à écrire un volume, où sa préoccupation soit de faire avant tout, une œuvre de femme.
Mais il ne suffit pas même d’étudier les Principes de géologie ou de lire quelques traités spéciaux écrits par divers observateurs sur telle ou telle formation et de prendre note des supputations de chaque auteur s’efforçant de donner une idée adéquate de la durée de chaque période, ou même du temps nécessaire à la formation de chaque couche ; il faut avoir examiné soi-même, pendant des années, de puissantes masses de strates superposées ; il faut avoir vu la mer à l’œuvre, rongeant continuellement les vieux rochers de ses plages pour en faire de nouveaux sédiments.
La division est l’œuvre de l’imagination, qui a justement pour fonction de fixer les images mouvantes de notre expérience ordinaire, comme l’éclair instantané qui illumine pendant la nuit une scène d’orage.
Ces morceaux n’étaient pas des chefs d’œuvres, mais ils offraient des beautés. […] D’ailleurs ils ne formaient qu’un hors d’œuvre. […] Or, une musique qui n’ajoute rien à l’expression du Poëte est un hors d’œuvre assez inutile. […] On rebuta quelques Alchymistes du siecle dernier qui parlaient encore & d’Alkaest & de grand Oeuvre. […] En citer des exemples formerait ici un hors d’œuvre.
Nous avons indiqué les principes ; c’est au lecteur à les appliquer : il sait à quel poids il doit peser Cicéron, Longin, Petrone, Quintilien, en fait d’éloquence ; Aristote, Horace, & Pope, en fait de Poésie : mais ce que nous aurons le courage d’avancer, quoique bien sûrs d’être contredits par le bas peuple des critiques, c’est que Boileau, à qui la versification & la langue sont en partie redevables de leur pureté, Boileau, l’un des hommes de son siecle qui avoit le plus étudié les anciens, & qui possedoit le mieux l’art de mettre leurs beautés en oeuvre ; Boileau n’a jamais bien jugé que par comparaison. […] Qu’on ne dise pas que le genre de ses oeuvres n’en étoit pas susceptible. […] Ainsi tout sujet tragique n’est pas susceptible de merveilleux : il n’y a que ceux dont la religion est la base, & dont l’intérêt tient pour ainsi dire au ciel & à la terre qui comportent ce moyen ; tel est celui de Polieucte que nous venons de citer ; tel est celui d’Athalie, où les prophéties de Joad sont dans la vraissemblance, quoique peut-être hors d’oeuvre ; tel est celui d’OEdipe, qui ne porte que sur un oracle. […] Son érudition, son éloquence, sa philosophie, sa politique, tout ce qu’il a d’imagination, de mémoire, & de sentiment, il met tout en oeuvre de la meilleure foi du monde pour vous persuader ; & ce sont tous ces efforts, c’est le sérieux avec lequel il mêle les plus grandes choses avec les plus petites, c’est l’importance qu’il attache à des jeux d’enfans, c’est l’intérêt qu’il prend pour un lapin & une belette, qui font qu’on est tenté de s’écrier à chaque instant, le bon homme !
Donc mettons hardiment la main à l’œuvre, et si Gelpfrât avec Else ose attaquer notre suite, qu’il leur en arrive malheur !
» Dimanche 6 juillet Ils donnent vraiment à réfléchir, ces nihilistes russes, ces artisans désintéressés du néant, se vouant à toute une vie de misère, de privations, de persécutions pour leur œuvre de mort, — et cela sans l’espoir d’une récompense, ni ici-bas, ni là-haut, mais seulement comme par un instinct et un amour de bête pour la destruction !
C’est de plus faire des œuvres de Dieu une sorte de moquerie mensongère.
Parlons maintenant de ce qui couronne l’œuvre ; & de quoi donc ? […] De-là vient que Virgile est beau pour tout le monde, & que Claudien ne l’est que pour un petit nombre ; qu’on admire toutes œuvres de Racine, & que les sentimens son partagés sur celles de Crébillon. […] Je ne fis que le mettre sur les voies, en lui communiquant une simple réflexion, & il partit de là pour me developper son grand systême, son grand projet, son grand œuvre, son grand moyen, car c’est ainsi qu’il nommoit la superbe découverte qu’il avoit faite en genre d’administration & d’économie.
L’interprétation et l’application de ces lois générales du style varient d’ailleurs suivant les artistes et les œuvres.
Dans la pratique, et lorsque les naturalistes sont à l’œuvre, ils s’embarrassent peu de la valeur physiologique des caractères dont ils se servent pour définir un groupe, ou pour désigner la place que doit occuper quelque espèce particulière.