par quel chemin son esprit va-t-il passer en un instant de la ville de Zénobie à la nuit du 4 Août et à l’anniversaire du 14 Juillet ? […] « Quand la puissance secrète qui anime l’univers forma le globe que l’homme habite, elle imprima aux êtres qui le composent des propriétés essentielles qui devinrent la règle de leurs mouvements individuels, le lien de leurs rapports réciproques… » C’est ainsi que s’exprime ce Génie, qui n’est pas un de ceux des Mille et Une Nuits. […] L’Assemblée constituante y est saluée la première assemblée d’hommes raisonnables : on a la séance du Jeu de paume, la nuit du 4 Août, résumées en manière d’allégorie, et vues dans une sorte de lanterne magique abstraite.
Hugo, et le mot a toujours servi ; de là l’impossibilité d’exprimer l’émotion. » — « Eh bien non, répond Guyau, et c’est là ce qu’il y a de désolant pour le poète, l’émotion la plus personnelle n’est pas si neuve ; au moins a-t-elle un fond éternel ; notre cœur même a déjà servi à la nature, comme son soleil, ses arbres ses eaux et ses parfums ; les amours de nos vierges ont trois cent mille ans, et la plus grande jeunesse que nous puissions espérer pour nous ou pour nos fils est semblable à celle du matin, à celle de la joyeuse aurore, dont le sourire est encadré dans le cercle sombre de la nuit : nuit et mort, ce sont les deux ressources de la nature pour se rajeunir à jamais. » La masse des sensations humaines et des sentiments simples est sensiblement la même à travers la durée et l’espace, mais ce qui s’accroît constamment et se modifie pour la société humaine, c’est la masse des idées et des connaissances, qui elles-mêmes réagissent sur les sentiments. « L’intelligence peut seule exprimer dans une œuvre extérieure le suc de la vie, faire servir notre passage ici-bas à quelque chose, nous assigner une fonction, un rôle, une œuvre très minime dont le résultat a pourtant chance de survivre à l’instant qui passe. […] Il s’est peint lui-même et il a peint le véritable artiste, en disant : « Pour comprendre un rayon de soleil, il faut vibrer avec lui ; il faut aussi, avec le rayon de lune, trembler dans l’ombre du soir ; il faut scintiller avec les étoiles bleues ou dorées ; il faut, pour comprendre la nuit, sentir passer sur nous le frisson des espaces obscurs, de l’immensité vague et inconnue.
Conrad : Miracle d’une nuit de printemps, que je ne puis m’empêcher de mettre sous les yeux de mes lecteurs : Hier j’étais souffrant, épuisé, plein de morgue. […] Une nuit ! Des roses de pourpre sur un fond bleu-noir, Orné d’étoiles et bardé d’éclairs : Une nuit de printemps créa le miracle, Dans les bras voluptueux de l’Amour.
Dans la confuse nuit où l’orage nous laisse, Que ne découvres-tu l’Étoile de promesse, Qui ramène l’errant vers le bercail chéri !
Angellier, qui s’est tout particulièrement imprégné du génie de nos voisins, une fraîche et mouvante campagne britannique, une de celles qu’emplit le clair de lune du Songe d’une nuit d’été, une de celles qui chantent dans les poètes pénétrants et subtils dont la voix nous arrive d’outre-mer.
. — Le Songe d’une nuit d’été, féérie (1886). — Struensée, drame en cinq actes et en vers (1898).
C’est la religion qui fait gémir, au milieu de la nuit, la vestale sous ses dômes tranquilles ; c’est la religion qui chante si doucement au bord du lit de l’infortuné.
Avez-vous jamais été visité la nuit par des anges ?
Ils partirent la nuit en grande hâte, afin de surprendre les barbares. […] Les Grecs passèrent la nuit en cet endroit. […] Une nuit, il tomba tant de neige que le camp et les hommes couchés à terre en furent couverts. […] J’essayerai d’éviter et la nuit et le jour. […] La nuit, scène plus étonnante !
Et, pour rêver, attendez cette nuit. […] Il part pour le royaume de la nuit : « Orgueilleuse druidesse, adieu ! […] Nuit singulière et toute illuminée de plaisir. […] Pendant la nuit, l’oncle Anthime a un songe. […] Mais il a un frère puiné qui, cette nuit, ne peut dormir et qui l’interroge.
N’oublions pas les vingt-quatre bonnets de nuit, les trente-six fichus de nuit en mousseline et dentelles, les vingt-quatre peignoirs, etc. […] Il s’occupait aussi, avec un soin touchant, de la table de nuit et de tout ce qui s’ensuit. […] La nuit était noire. […] Je les ai vues à toute heure du jour et de la nuit. […] Le meurtre a été commis dans la nuit du 9 au 10 août.
« Si l’on ajoute à ces tortures de l’âme les tortures du corps de cette malheureuse famille, jetée, après une nuit d’insomnie, dans cette espèce de cachot ; l’air brûlant exhalé par une foule de trois ou quatre mille personnes, s’engouffrant dans la loge, et intercepté dans le couloir par la foule extérieure qui l’engorgeait ; la soif, l’étouffement, la sueur ruisselante, la tendresse réciproque des membres de cette famille multipliant dans chacun d’eux les souffrances de tous, on comprendra que cette journée eût dû assouvir à elle seule une vengeance accumulée par quatorze siècles. […] Les deux événements les plus saillants de l’année révolutionnaire de 1848 sont le mouvement même du 24 février, qui inonde tout à coup les rues d’hommes armés qui élèvent des barricades au cœur de Paris, qui lasse l’armée pendant deux jours de lutte, qui établit un camp insignifiant mais inexpugnable dans le centre d’une capitale, qui bivouaque toute une nuit sur les toits, qui paraît dissous, et qui, le matin du troisième jour, sort de ce camp, attaque et disperse les troupes royales, marche sur le palais, en chasse la royauté, entoure l’Assemblée, et ne se dissipe que devant quelques citoyens tout à fait étrangers à la sédition, qui proclament du droit d’un interrègne le règne provisoire de la nation. […] Le gouvernement provisoire lui avait remis, à ma requête, le ministère de la guerre et le commandement général de toutes les troupes militaires ou civiles : quatre-vingt mille hommes de toutes armes dans Paris ou dans le rayon de Paris ; seize mille hommes de gardes mobiles, jeunesse intrépide de la capitale, formée par moi-même dans la nuit du 24 février, et brûlant de se signaler par un service héroïque à l’ordre ; la garde républicaine à pied et à cheval, vigoureuse élite de l’ancienne gendarmerie de Paris ; enfin trois cent mille hommes à peu près de garde nationale, dont la majorité était disposée à défendre au moins ses foyers et ceux des citoyens : en tout environ quatre cent mille baïonnettes, dont cent vingt mille au moins de troupes de ligne. […] Des barricades s’élevèrent inopinément dans quelques faubourgs, des coups de feu éclatèrent dans la nuit.
Mon très cher ami, Je suis arrivé à Riga le jeudi au soir, après avoir couru la poste constamment le jour et la nuit. […] On m’en offre deux roubles et il faut les prendre ; voilà encore du chagrin. — Je suis accablé de sommeil ; hier je n’ai point dormi, et c’était la troisième nuit. […] Vous croyez, mon cher ami, qu’on s’égorge ici, qu’on se tire jour et nuit des coups de pistolet ; que tous les sabres sont en l’air. […] Je passe une partie de la nuit à vous écrire.
Considérée comme existence visible, comme occupant sous le nom d’empire, de république, de race, de tribu, de nation, telle ou telle place dans l’espace et dans le temps, elle ne vaut pas plus que cela : car tout ce qu’elle remue n’est que poussière, tout ce qu’elle crée n’est que néant, tout ce qu’elle laisse après elle n’est qu’éblouissement, puis nuit profonde. […] voilà ce qui grandit démesurément à la proportion des choses infinies cette petite fourmilière inaperçue sur ce petit globe à peine aperçu lui-même dans cette poussière de mondes lumineux que l’astronomie nous dévoile à travers la nuit !
« Je juge le monde et le considère comme les ombres chinoises… Je pense au néant de la gloire… Je pense au néant de l’ambition. » Et la nuit descend, enveloppant le songeur ; les Tartares font rentrer leurs moutons ; une voix tombe du haut minaret : recueillant ses pensées, l’homme s’enfonce dans la nuit sur un cheval tartare611 .
Comme un grand chien noyé dans les ombres d’Hécate, Et puis tu fus noyer ta pensée délicate Dans la nuit, de la parole et du geste, complètement. […] Et qu’il existe ou non une terre sacrée, Chaque nuit, le torrent des astres croule et crée Un continent de gemme, aux verts palmiers d’éclairs !
Alexandre Dumas fils Si vous prenez Le Lac de Lamartine, la Tristesse d’Olympio de Victor Hugo, le Souvenir ou une des Nuits, celle que vous voudrez de Musset, vous aurez avec les chœurs d’Athalie, d’Esther et de Polyeucte, avec l’admirable traduction en vers de l’Imitation par Corneille, vous aurez à peu près le dernier mot de notre poésie d’amour terrestre et divin. […] Mais il est des heures où les Harmonies, les Contemplations et les Nuits ne nous satisfont plus, où l’on est infâme au point de trouver que Lamartine fait gnangnan, que Hugo fait boum-boum et que les cris et les apostrophes de Musset sont d’un enfant.
Lui, pour tenir sa famille en gaieté et aider au travail de la nuit, chante en s’accompagnant de la cornemuse. […] Il inscrit, par exemple, dans la liste des robbe per la commedia : « des bâtons pour bâtonner (bastoni da bastonare), beaucoup de lanternes, une chatte vivante et un coq vivant, quatre chiens de chasse, un pot de nuit avec du vin blanc dedans, des costumes de notaires, de pèlerins ou de voyageurs, une lune simulée qui se lève, etc. » Le nombre des personnages est habituellement de douze ou quinze, divisés par groupes.
Dès qu’il nuit, il est, pour ainsi dire, hors de sa nature. […] Et que n’étant plus nuit, il n’est pas encor jour.
Et je ne vais pas sans doute en lisant jusqu’à scander comme j’ai entendu un acteur de la Comédie Française le faire : Passer des jours entiers | et des nuits à cheval, mais j’ai bien quelque tendance à en user ainsi. Et, quand je me récite à moi-même, je scande : Passer | des jours entiers et des nuits | à cheval, Quand on se récite des vers, on les possède plus intimement en quelque sorte ; on les couve en soi ; il vous semble qu’on les fasse et on les fait selon le rythme vrai qu’ils doivent avoir, que la pensée qu’ils expriment doit leur donner.
En ces incroyables Mémoires, qui ressemblent à un conte… des Mille et une Nuits, Véron se drape en calife qui, quand il a des actrices à dîner, offre, au dessert, à ces demoiselles, deux cent mille francs de diamants et de perles sur des assiettes qu’il fait passer, pour que chacun y prenne, comme si c’étaient de simples pralines ! […] Buloz est toujours de l’humeur d’un portier qu’on réveille la nuit C’est le chien Brusquet avec les premiers symptômes de la rage.
Ces personnes furent surprises d’entendre, une nuit, deux ou trois petits coups secs, frappés quelque part dans la maison. La nuit suivante, à la même heure, les petits coups recommencèrent. […] En proie à de fréquentes insomnies, il se levait la nuit pour aller fumer une pipe sur son balcon. […] C’est après ces nuits de désœuvrement fumeux qu’il trouvait ses vers les plus purs. […] Au loin, sous l’or remuant des étoiles, la mer se taisait, glacée de nuit et de silence.
. — Les Mille et Une Nuits parisiennes (1876). — Les Confessions.
Les rayons d’Hélios offusquent ses regards, son âme s’intimide des nudités diurnes et ne s’épanouit, semble-t-il, qu’à travers les fraîcheurs de la nuit ou de crépusculaires décors.