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1054. (1836) Portraits littéraires. Tome I pp. 1-388

Le critique de Londres n’a pas voulu non plus rappeler les pièces fantastiques, telles que le Songe d’une nuit d’été. […] Le 24 février 1525, au commencement de la nuit, le combat s’engage avec les impériaux, et dure jusqu’au matin. […] combien ont dit au-dedans d’elles-mêmes : Une nuit dans ses bras, et puis mourir le lendemain ! […] En tacticien consommé, il lui avoue ses liaisons avec Noun, il lui avoue qu’il a passé toute une nuit dans ses bras. […] Son imagination malade et furieuse peuple ses nuits de fantômes menaçants.

1055. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

Je n’avais rien imaginé d’aussi familièrement improbable, depuis le temps où je croyais fermement que le petit Poucet avait pu reconnaître à tâtons les filles de l’ogre, parce que ces jeunes princesses couchaient avec leurs couronnes en guise de bonnets de nuit. […] Cela fait, — clic, clac, le conventionnel disparaît dans la nuit du tombeau, vous ne le reverrez plus jamais. […] « La mer, c’est l’inexorable nuit sociale où la pénalité jette ses damnés. […] Procédons chronologiquement : si humble que soit une besogne, un peu de méthode ne nuit pas. […] Il a fallu tout changer pendant la nuit.

1056. (1895) Nouveaux essais sur la littérature contemporaine

D’un autre côté, votre charmante image m’en donne jour et nuit. Mon amour pour vous croît de nuit en nuit. […] Elles ne pâlirent point, les nuits, à composer de longs traités de morale ; elles ne montèrent point dans les tribunes pour faire tonner les lois. […] ô noirs rochers, cavernes où sommeille Dans l’immobile nuit tout ce qui me fut cher. […] Ô nuit !

1057. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Benjamin Constant et madame de Charrière »

Elles et mon habit, qui est beaucoup trop gentleman-like, me donnent l’air d’un broken gentleman, ce qui me nuit on ne peut pas plus. […] — On raconte qu’un jour, une nuit, peu de temps avant la publication de l’ouvrage, quelqu’un rencontrant Benjamin Constant dans une maison de jeu, lui demanda de quoi il s’occupait pour le moment : « Je ne m’occupe plus que de religion », répondit-il. […] Votre nuit, madame, m’a fait bien de la peine. […] J’ai été fâché de voir qu’une lettre était une flamme qui allumait la raison et éteignait l’amour, et qu’Ulrique avait vu toutes ses joies mangées en une nuit par un renard. […] Je suis peut-être aussi sot à présent, mais au moins je ne me pique plus de veiller, de jouer, de me ruiner, et d’être malade le jour des excès sans plaisir de la nuit.

1058. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

« (24 décembre 1849)… Mon bon Richard, si votre amitié n’est pas sans inquiétude sur nous et notre silence, je suis tout à fait de même sur tout ce qui vous concerne ; et quoique je ne sache de quel côté donner de la tête, je prends sur la nuit pour vous écrire, — la nuit de Noël, mon cher Richard, qui changerait les destinées de ce triste monde et la vôtre, si le Sauveur écoutait son pauvre grillon, humblement à genoux dans la cheminée… où il y a bien peu de feu, sinon celui de mon âme, très-fervente, très en peine !

1059. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [III] »

Il s’adresse volontiers, dans ses confidences, à Olivier de Magny, agréable poète de sa volée, en exil, comme lui, dans la Ville éternelle ; il le prend à témoin de ses peines et de ses tracas ; il les soulage, dit-il, en chantant jour et nuit : Ainsi chante l’ouvrier109 en faisant son ouvrage, Ainsi le laboureur faisant son labourage, Ainsi le pèlerin regrettant sa maison, Ainsi l’aventurier en songeant à sa dame, Ainsi le marinier en tirant à la rame, Ainsi le prisonnier maudissant sa prison. […] En disparaissant à cette heure critique du siècle, il ne vit pas, du moins, les guerres civiles si fatales à la Muse, la discorde au sein de sa propre école poétique ; il n’eut point à prendre parti entre protestants et catholiques, et à chanter peut-être, comme plus d’un de la Pléiade, à célébrer en rimes malheureuses des journées et des nuits de néfaste mémoire.

1060. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre III »

On a vu que ses palefreniers allaient mendier pendant la nuit dans les rues de Versailles, que ses pourvoyeurs « se cachaient », que, sous Louis XVI, en 1778, il était dû 792 620 francs au marchand de vin, et 3 467 980 francs au fournisseur de poisson et de viande568. […] Tel sergent aux gardes françaises brode la nuit des gilets pour gagner de quoi acheter les nouveaux livres

1061. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre II. Lois de la renaissance et de l’effacement des images » pp. 129-161

. — Et, de fait, il y a des exemples nombreux où, sous l’empire d’une idée dominante, toutes les autres sensations, même violentes, deviennent nulles ; telle est l’histoire de Pascal, qui, une nuit, pour oublier de grandes douleurs de dents, résolvait le problème de la cycloïde ; telle est celle d’Archimède, qui, occupé à tracer des figures géométriques, n’avait pas entendu la prise de Syracuse. […] Nous rappelons nos pensées de la veille, mais non celles de la nuit pendant laquelle nous avons dormi ; si vives qu’elles aient été, quand même elles auraient provoqué des actions ou des commencements d’action, des cris, des gestes et tout ce qu’un homme agité fait en dormant, il est bien rare qu’au réveil nous puissions en ressaisir quelques parcelles.

1062. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Il s’évade une nuit de son palais, prend la route de Naples, s’arrête à San-Miniato, ville de Toscane, et publie inopinément une lettre aux états florentins. […] Voici ce qu’en dit un historien contemporain : « On n’entend parler ici, dit-il, ni de vols, ni de désordres nocturnes, ni d’assassinats ; de jour et de nuit, tout individu peut vaquer à ses affaires avec la plus parfaite sécurité : on n’y connaît ni espions ni délateurs : on ne souffre point que l’accusation d’un seul trouble la tranquillité générale ; car c’est une des maximes de Laurent, qu’il vaut mieux se fier à tous qu’à un petit nombre. » Son influence diplomatique en faisait le juge de paix de l’Europe.

1063. (1889) Les premières armes du symbolisme pp. 5-50

Je veux un amour triste ainsi qu’un ciel d’automne, Un amour qui serait comme un bois planté d’ifs Où dans la nuit le cor mélancolique sonne ; Je veux un amour triste ainsi qu’un ciel d’automne Fait de remords très lents et de baisers furtifs. […] Bourde se rassure ; les décadents se soucient fort peu de baiser les lèvres blêmes de la déesse Morphine ; ils n’ont pas encore grignoté de fœtus sanglants ; ils préfèrent boire dans des verres à pattes, plutôt que dans le crâne de leur mère-grand. et ils ont l’habitude de travailler durant les sombres nuits d’hiver et non pas de prendre accointance avec le diable pour proférer, pendant le sabbat, d’abominables blasphèmes en remuant des queues rouges et de hideuses têtes de bœuf, d’âne, de porc ou de cheval.

1064. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Août 1886. »

Dans la nuit de la salle, le prélude s’élève, en un mouvement d’abord extrêmement lent ; et maintenant va s’épandre ce flux ininterrompu d’émotions qui est le drame. […] Là, le mortel combat de l’esprit erroné de l’Apparence contre l’esprit tout véridique de la Réalité ; ce qu’on dit lumière, jour et vie, contre tout le nommé ombre et nuit et mort ; l’illusoire univers de nos habituelles créations, contre celui miraculeux de la pensée.

1065. (1863) Le réalisme épique dans le roman pp. 840-860

Une nuit, à travers mille dangers, il entraîne Mâtho dans Carthage, et, pénétrant au fond du sanctuaire redouté, il enlève le voile de Tanit. […] Flaubert ne sait que décrire, il décrit tout ce qu’il rencontre, tout ce qu’il voit, tout ce qu’il devine ; la nuit ainsi que le jour, dans les ténèbres comme en plein soleil, il décrit les riens, des misères, aussi consciencieusement qu’il décrit les grandes masses de ses tableaux.

1066. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Chamfort. » pp. 539-566

Ce n’est pas que le calme soit rétabli et que le peuple n’ait encore, cette nuit, pourchassé les aristocrates, entre autres les journalistes de leur bord. […] » Dans une publication d’alors, à laquelle il prit part (les Tableaux historiques de la Révolution), remarquant que peu d’hommes, parmi ceux qui avaient commencé, avaient été en état de suivre jusqu’au bout le mouvement, il ajoute : « C’est un plaisir qui n’est pas indigne d’un philosophe, d’observer à quelle période de la Révolution chacun d’eux l’a délaissée ou a pris parti contre elle. » Et il note le moment où s’arrêta La Fayette, celui où s’arrêta Barnave : « Que dire, s’écrie-t-il, en voyant La Fayette, après la nuit du 6 octobre, se vouer à Marie-Antoinette, et cette même Marie-Antoinette, arrêtée à Varennes avec son époux, ramenée dans la capitale, et faisant aux Tuileries la partie de whist du jeune Barnave ? 

1067. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1877 » pp. 308-348

J’entre chez les marchands de gravures, et dans la nuit en plein jour d’un orage terrible, je feuillette des estampes, en m’appliquant, sans réussir, à les trouver très amusantes. […] Ce sont des journées toutes noires, en proie à l’angoisse du matin, quand je demande à sa fille des nouvelles de la nuit, en proie à l’angoisse du soir, quand je rentre, et que je monte chez elle pour savoir comment elle a passé la journée.

1068. (1899) Esthétique de la langue française « La métaphore  »

Elles servent à Dieu, à ses saints, au diable, — ou au loup ; les Arabes disent : ou au chacal ; elles servent aux animaux que nous ne voyons pas manger et qui vivent ; elles servent aux êtres surnaturels qui descendent pendant les nuits claires et à ceux qui rôdent pendant les nuits sans lune.

1069. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre IV. Comparaison des variétés vives et de la forme calme de la parole intérieure. — place de la parole intérieure dans la classification des faits psychiques. »

Alfred de Musset, dans la Nuit de mai, n’a fait que développer à sa manière cette vérité psychologique : absorbé dans ses souvenirs douloureux, le poète ne saurait chanter Ni la gloire, ni l’espérance, Hélas ! […] citation légèrement inexacte de la « Nuit de mai » de Musset, Poésies complètes, « Pléiade », op. cit.

1070. (1879) L’esthétique naturaliste. Article de la Revue des deux mondes pp. 415-432

Plus il s’obstine à ne pas sembler comprendre, plus elle s’irrite et s’enflamme : elle sollicite des rendez-vous ; une nuit enfin elle n’y tient plus : elle se lève, quitte le lit conjugal, grimpe à la chambre du maître, le surprend dans son sommeil, va déposer un baiser bridant sur la poitrine velue du lourdaud qui ne s’éveille même pas. […] Quand on nous aura, par le menu, fait connaître la fabrication de tous les articles de Paris, quand on aura passé en revue tous les travailleurs du jour et de la nuit, il faudra cependant trouver autre chose en fait de « documents humains », à moins qu’on n’aime mieux se redire.

1071. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre IV. Conclusions » pp. 183-231

Le nombre même des œuvres littéraires nuit ainsi à leur netteté d’expression. […] À constater, dans la littérature, ce procédé de saturation progressive et de réaction, il semble qu’on assiste à quelque merveilleux spectacle de la nature : une journée d’été, toute embaumée dans la fraîcheur du matin, radieuse à son midi, puis brûlante et accablante, avec de lourds nuages qui montent de toutes parts, l’orage… et enfin dans la nuit le scintillement des étoiles. — La prédominance de tel ou tel genre littéraire donne une harmonie générale à l’infinie variété des formes et tendances personnelles ; les œuvres de valeur relative préparent les œuvres de valeur absolue ; elles les expliquent…, jusqu’à un certain point ; car, avec les personnalités puissantes et créatrices, nous touchons enfin à l’énigme suprême.

1072. (1773) Discours sur l’origine, les progrès et le genre des romans pp. -

Quand le vaisseau étoit arrivé à bon port, on députoit ce jeune homme pour porter à ces Druidesses des présents plus ou moins considérables ; une d’entre elles alloit se baigner avec lui dans la mer, & recevoit ensuite les prémices de son adolescence, en l’initiant aux plaisirs qu’il avoit jusqu’alors ignorés ; le lendemain, en s’en retournant, il s’attachoit sur les épaules autant de coquilles qu’il s’étoit initié de fois pendant la nuit*.” […] Les Détracteurs des Romans disent encore que cette lecture nuit à des lectures plus solides ; qu’elle en fait perdre le goût à ceux qui l’avoient, & qu’elle empêche les autres de jamais l’acquérir.

1073. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XVIII. Gentils conteurs » pp. 218-231

Mais sa nuit de noce qu’il escomptait difficile, douloureuse, saignante et écœurante, se passe très bien.

1074. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre V, la Perse et la Grèce »

Le livre d’Esther parle d’un festin donné par Assuérus — le Xerxès d’Hérodote — à ses commensaux, qui dura sept jours et sept nuits.

1075. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — II. La versification, et la rime. » pp. 257-274

Fuyons dans la nuit infernale.

1076. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VIII. Mme Edgar Quinet »

Au 17 septembre, elle écrit : « Mon mari a passé la nuit sur les cartes. » Au 19 décembre, au moment le plus palpitant, le plus étouffant de cet horrible siège, elle note comme un fait consolant pour elle et digne de la situation, que Berthall a fait aujourd’hui la photographie de son mari.

1077. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Quitard »

Ainsi qu’on le voit, ces reproches s’adressent bien plus à une manière de sentir qui nuit à la conception première de son travail qu’à sa science de parémiographe.

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