Par allusion à une opération de fonderie élémentaire usitée dans les imprimeries, on a donné à ces phrases, à ces blocs infrangibles et utilisables à l’infini, le nom de clichés . […] Que l’on se figure donc un atelier typographique où les casses, organismes géants, contiennent non pas des lettres, non pas des mots entiers, comme on l’a expérimenté, mais des phrases ; cela sera l’image de certains cerveaux : « A…, destiné à la noble carrière des armes, recevait une éducation virile, et se préparait à porter dignement le nom de son père […] Les amnésiques du verbe oublient d’abord ce qu’il y a de plus particulier dans le langage, les noms propres, les substantifs, les adjectifs ; les parties du langage qui ont la vie la plus dure sont les phrases toutes faites, les locutions usuelles. […] L’oubli serait préférable si l’admiration ne laissait du moins surnager, après le naufrage, deux mots : le nom de l’auteur ; le titre du livre. […] Aucun mot ne possède un sens unique ni ne correspond exactement à un objet déterminé, exception faite pour les noms propres.
Philarète Chasles, qui n’avait pas, comme Jules Janin, dans sa spécialité, la jambe des danseuses et la douce liberté du feuilleton ; Philarète Chasles, qui était un pur littérateur de la troisième page, au nom à moitié grec, bonne fortune pour un professeur de littérature païenne, avait le mérite de détonner parmi les sérieux de l’endroit qui y écrivaient des Variétés invariables. […] les noms mêmes y auraient été mis en toutes lettres ! […] — le livre qu’on publie sous le nom de Philarète Chasles n’est pas du tout celui qu’on avait annoncé et qui, depuis qu’on en avait parlé, était le rêve et l’espoir et la caresse de ma pensée. […] Tout neuf de vertu et de charité, Philarète Chasles, qui veut justifier, en le méritant, son nom de Philarète, a habillé l’indigent abbé depuis ses pauvres pieds jusqu’à sa pauvre tête. […] Mais le critique humouristique et esthétique qui se fit un nom de critique si charmant à porter, il faut l’appeler maintenant le ci-devant Philarète Chasles !
. — Au lieu de sortir ce matin, après le déjeuner, je me mis à ciseler mon ziegenhain (corne de bois très dur où les étudiants gravaient alors les noms de leurs amis). […] Puis enfin, comme je flânais, en fumant un cigare, sous les arceaux d’une longue rue à arcades, comme la rue du Pô à Turin, j’entendis des voix éloignées qui prononçaient mon nom ; je me retournai, restant un instant immobile et dans l’attente, et peu à peu je vis autour de moi les camarades qui venaient de me relever et me soutenaient encore de leurs mains. — Aucune impression douloureuse n’a été le résultat de cet accident, qui n’eut point de suite et ne s’est jamais renouvelé. »
Vingt fois par jour nous prononçons le nom de Dieu sans penser à Dieu. Quand Massillon, entamant l’oraison funèbre de Louis le Grand, nous dit : « Dieu seul est grandi mes frères », alors le nom de Dieu dresse l’idée même de Dieu dans nos cœurs.
Tant que les idées de la bonne Comédie subsisteront, son nom sera mis à la tête de tous les Disciples de Thalie, soit anciens, soit modernes. […] Ses autres Pieces, quoique moins parfaites, seroient capables de faire un nom à quiconque eût eu assez de génie pour en être l’Auteur.
Ces raisons nous ont engagé à parler de toutes sortes de querelles, des personnelles comme des autres, en choisissant néanmoins celles qui nous ont paru les plus dignes d’attention, ou par le nom des auteurs, ou par leur objet. […] Il ne paroît guère ici sur la scène que des combattans dont le nom est connu.
On la connoissoit encore à Lyon sous le nom de capitaine Loys : c’est qu’elle montoit à cheval mieux qu’aucun gentilhomme. […] Mais comment la belle cordière, surnommée la dixième muse, à plus juste titre que tant d’autres femmes auxquelles on a prodigué ce nom, répondit-elle à la satyre ?
On veut bien connoître les Généraux & les Officiers d’une armée ; mais l’on se soucie fort peu d’être instruit du nom & des actions des subalternes, sur-tout si leurs prouesses sont aussi obscures que leur nom.
Et le baisser du rideau, après l’annonce du nom des deux auteurs, a lieu dans les applaudissements. […] Il se moquait de ces formules, nous parquant dans un compartiment, avec sur la porte un écriteau du Jardin des Plantes, spécifiant notre espèce, quand il y a des naturalistes, comme Flaubert, qui font la Tentation de saint Antoine, et des naturalistes du nom de Goncourt qui font Madame Gervaisais, — roman qui, s’il n’avait pas sur la couverture le nom des auteurs, pourrait passer pour le plus spiritualiste des romans modernes. […] » À propos du portrait de Baudelaire, Stevens me raconte, qu’il l’avait vu à sa première perte de mémoire, au retour de chez un marchand, chez lequel il avait acheté quelque chose, et à qui, dans le premier moment, il n’avait pu donner son nom, et il ajouta que la désolation du pauvre diable faisait peine. […] Aujourd’hui je prononce le nom d’Octave Mirbeau devant ma cousine, qui me dit : « Mais Mirbeau… attendez, c’est le fils du médecin de Remalard, de l’endroit où nous avons notre propriété… eh bien, je lui ai donné deux ou trois fois des coups de fouet à travers la tête… Ah ! […] Un débutant du nom de Burguet, remarquable par un jeu tout de nature, fait de gaucherie de corps et de simplicité de la parole.
dont les noms, flétris par la satire, sont aujourd’hui une raillerie et une insulte. […] L’histoire a fait des villages d’Albe et de Rome d’illustres cités, des noms fameux, et la poésie de Corneille leur prête encore un nouvel éclat. […] Cependant l’unité de temps et de lieu y est beaucoup mieux observée que dans une foule de tragédies si fières de leur nom et de leur prétendue régularité. […] Il faut convenir que Pierre Messier n’était pas un nom brillant et digne d’un héros de théâtre ; il prit celui de Bellerose, nom galant et fleuri, sous lequel il se signala par le talent d’exprimer la tendresse, et par des grâces qui approchaient de la fatuité. Les poètes et les acteurs ne s’illustrent guère sous leur nom véritable ; et peut-être Voltaire n’eût-il pas eu tant de vogue, s’il n’eût pas changé le nom sec et rude d’Arouet contre le nom sonore et pompeux de Voltaire ; Arouet était bon pour un notaire, Voltaire était un beau nom de poète.
Avec eux, historiens dogmatiques, dès qu’ils prennent la parole en leur propre nom, on se sent entrer dans un cycle tout nouveau. […] On n’a pour opposer véritablement à cette triste vue que le nom de Washington, qui va rejoindre à travers les siècles ces noms presque fabuleux des Épaminondas et des héros de la Grèce. […] Des prisons de Magdebourg, en juin 93, La Fayette écrivait à la princesse d’Hénin : « Le nom de mon malheureux ami La Rochefoucauld se présente toujours à moi… Ah ! […] Veut-on des noms ? […] Des noms paraîtraient nécessaires peut-être pour préciser, mais le présent est trop riche et le passé trop pauvre en échantillons.
Il n’y a pas de définitions de choses ; s’il y a des définitions, ce ne sont que des définitions de noms. […] La première exprime une relation possible entre trois lignes droites, la seconde donne le nom de cette relation. […] Ils ont pris l’explication des noms pour la nature des choses, et la transformation des idées pour le progrès de l’esprit. […] Ce sont eux que l’on désigne sous les noms de forces, causes, lois, essences, propriétés primitives. […] Sans doute on vous apprend par là le sens d’un nom, mais on vous apprend encore bien autre chose.
Et Gide avouera plus tard : « Quel drôle de nom a ce jeune homme, ai-je longtemps pensé. […] Quelle ne fut pas ma stupéfaction d’entendre un adjudant appeler des noms d’une sonorité fort commune et qui m’étaient tout à fait inconnus. […] Ce nom ne vous dit rien ? […] La villa Olga, où demeure Romain Rolland, se trouve, en effet, dans les jardins d’un hôtel qui porte ce nom. […] La maison natale de Bossuet se situe au n° 10 de la place qui porte son nom.
Mon nom prononcé suffit pour les guérir de leurs blessures et les arracher à leur folie ! […] Qu’est-ce que l’amour par exemple, et de quel nom appeler les excès auxquels il nous porte ? […] Jusque-là, l’action s’était confondue avec la passion, dont elle pouvait justement porter le nom. […] Ce que le cœur décore des noms de passion, d’entraînement, d’amour, l’intelligence l’appelle ici de son vrai nom : désordre, aveuglement, crime. […] Malheureusement, ici il n’y avait à faire aucune supposition semblable : le malade était un homme sans nom.
Sous de faux noms, ils n’ont montré qu’eux-mêmes. […] Il soupirait après un idéal sans nom. […] Il lui donne les noms de belle et de charmante. […] Vaste et magnifique composition dont les chapitres portent, non les noms des Muses comme les livres d’Hérodote, mais des noms de victoires ! […] Elle tremble à son nom.
Il est superbe, nom de Dieu ! […] Quel est le vrai nom de ce séjour sublime que le poète ne nous nomme pas ? […] Maintenant, il n’a plus de nom, puisque personne ne le nomme. […] Et il mérite ce nom. […] La Genèse nous dit qu’il nomma d’abord les animaux par leur nom.
Les Grecs touchés de la douceur & de la facilité de son style, donnerent le nom des neuf Muses aux neuf livres de son histoire. […] Ils cherchent les phrases, & les phrases doivent se présenter d’elles-mêmes à un historien digne de ce nom. […] Comme cet historien étoit étranger, il n’est pas étonnant qu’il ait quelquefois défiguré les noms propres des villes & des hommes. […] Il acheta, sous le nom de la Comtesse de Barres, une terre auprès de Tours. […] C’est un tissu de rescrits, de déclarations & d’autres piéces, qui se font d’ordinaire au nom des Rois, quand ils sont en guerre.
Quarante ans après l’avoir perdue, il est mort dans les bras d’une seconde femme, mais le nom de la première dans la bouche et son image au fond du cœur. […] L’ivresse monta à la tête de la France et surtout des femmes ; son nom courut avec ses notes sur toutes les lèvres. […] Quant à la duchesse de Luxembourg, elle avait été célèbre autrefois par sa beauté sous le nom de Boufflers, son premier mari. […] Devenue veuve, elle avait épousé un de ses anciens adorateurs, le duc de Luxembourg, illustre par son nom, insignifiant par son esprit, respectable par ses mœurs. […] Le nom de Rousseau se répandit et s’éleva aux proportions de l’engouement et du fanatisme.
Cela était nécessaire à vous dire pour ne pas vous laisser confondre cette philosophie surnaturelle, ou cette science des choses invisibles et impalpables, avec toutes ces autres sciences naturelles qui se sont appelées aussi improprement du nom de philosophie, mais qui n’ont pour objet que les choses sensibles et matérielles, telles que la physique, la chimie, l’astronomie, les mathématiques. […] Pouvait-on appeler d’un autre nom que sagesse cette science qui enseigne à l’homme où il est, ce qu’il est, où il va, et comment il doit penser, agir, adorer, vivre, mourir et revivre ? […] Un jeune homme d’Athènes, plus politique que religieux, nommé Mélitus, qui voulait se faire un nom populaire en se posant en vengeur des dieux chers à l’ignorance et au fanatisme du bas peuple, porte l’accusation contre Socrate ; il l’accuse de corrompre la jeunesse par des doctrines qui sapent le ciel. […] Quels sont donc ces dogmes, que nous allons retrouver sous d’autres noms, mais sous le même sens, tout à l’heure dans le Phédon ? […] On a vu, dans ce que j’ai cité d’Hermès, que les Égyptiens adoraient un seul et premier principe, de qui émanait, comme des rayons, toute leur théologie populaire ; les Perses redoutaient le mauvais principe sous le nom d’Arimane, mais ils n’adoraient que le bon principe sous le nom d’Oromasde.
Je choisirai ce moment de l’histoire de France connu sous le nom d’époque de la Fronde (1643-1661). […] On pourrait signer du nom d’un des grands écrivains de l’époque antérieure chaque réforme accomplie ou tentée. […] Quand on va plus loin, quand on célèbre le culte de la déesse Raison, quand on supprime les noms des saints, quand on remplace la semaine par la décade, ce sont les opinions de Diderot, de d’Holbach qui mènent le branle. […] Ecrits anonymes datés de l’étranger, quoique imprimés à Paris, ouvrages signés de noms de fantaisie ou attribués à des morts, ironies, demi-mots, réticences, tout cela pullule de toutes parts. […] C’est en ce temps-là que le socialisme reçoit son nom de baptême.
Enfin, comme si la pensée ne pouvait s’élancer de la terre au ciel à moins d’attacher sous le nom de rime à chacun de ses vers deux consonances métalliques, comme la bayadère de l’Inde attache deux grelots à ses pieds pour entrer et pour adorer dans le temple ? […] Il faudrait rougir du nom de poète, le plus beau des noms de l’homme dans la région des âmes. […] Ton nom ne signifie-t-il pas celui qui enlève les douleurs aux hommes ? Ô bel arbre, que ton nom soit une vérité pour moi ! […] Des scènes de mœurs orientales se déroulent pendant des chants intarissables, tantôt dans le palais de Damayanti, tantôt dans celui où Nala gémit inconnu sous le déguisement qui le cache et sous le faux nom de Wacouba.
Mais surtout c’est ce qui explique cette absence entière de toute préoccupation d’art, qu’on a déguisée sous les noms spécieux de « spontanéité » ou de « naïveté ». « Les hommes d’alors, a-t-on dit, ne font pas à la réflexion la même part que nous ; ils ne s’observent pas ; ils vivent naïvement, comme les enfants. » [Cf. […] Sans doute, il y a Villon, François Villon, « né de Paris emprès Pontoise », vrai gibier de potence, mais vrai poète aussi, grand poète même, oserait-on dire ; et quelques-unes de ses Ballades ne sont assurément pas pour démentir ce que ce nom de poète, quand il est mérité, signifie de grâce et de force de style, de sincérité d’émotion, d’originalité de sentiment et d’idées. […] Le seul nom de cette période, avec celui de Villon, qui surnage, et qui vive, c’est celui de Philippe de Commynes. […] De la Farce de Maître Pathelin ; — et s’il y faut voir les « origines » de la comédie classique. — et dans son auteur un « précurseur de Molière ». — De l’abus qu’il y a dans cette perpétuelle recherche des « origines » ; — et qu’il ne suffit pas de quelques scènes d’un bon comique pour qu’on prononce le nom de Molière. […] Nous empruntons ces deux listes de noms à M.
Le Catalogue ou Inventaire de Bailly, très connu sous ce nom des amateurs de tableaux, et auquel on se réfère souvent, a été dressé par le grand-père de Bailly, peintre et graveur. Le père de Sylvain Bailly était à la fois peintre et auteur dramatique, homme d’esprit et de plaisir, qui faisait des parodies, de petits opéras-comiques et toutes sortes de bluettes pour la scène italienne ; je ne sais si le nom de baptême de Sylvain, qui fut donné à son fils, ne vient pas d’une de ces réminiscences pastorales. […] Voltaire en revenait à ses moutons, à sa prédilection pour les brachmanes, qu’il tenait pour plus d’une raison à opposer à d’autres sages anciens ; il faisait semblant de croire que c’était là l’idée de Bailly, laquelle était tout autre en effet, et qui dépossédait les brachmanes indiens, tout aussi bien que les sages Chinois, de la science primitive originale, pour en doter un autre peuple plus ancien et sans nom. […] Je l’ai connu chez le président de Ménières, et sa modestie, comme son embarras, étaient tels qu’on aurait eu peine à lire dans sa physionomie et sa conversation le nom de l’auteur des très spirituelles Lettres sur l’Atlantide, adressées par lui à M. de Voltaire.
Depuis Fénelon, et durant tout le xviiie siècle, nous n’avons à attendre, si nous prononçons le nom d’Homère, que des réponses négatives et sèches ; trop heureux quand ce ne sont pas des épigrammes et des impertinences ! […] la chose vaut mieux que le nom. […] D’où vient cette servile et désagréable imitation des anciens que chacun remarque dans ses ouvrages, jusques à vouloir introduire dans tout ce qu’il faisait en notre langue tous ces noms des déités grecques, qui passent au peuple, pour qui est faite la poésie, pour autant de galimatias, de barbarismes et de paroles de grimoire, avec d’autant plus de blâme pour lui, qu’en plusieurs endroits il déclame contre ceux qui font des vers en langue étrangère, comme si les siens, en ce particulier, n’étaient pas étrangers et inintelligibles. […] Édouard Thierry dans son article du Moniteur 1, j’en reste à me demander si de tels vers d’opposition sont bien de Ronsard, ou s’ils ne sont pas plutôt de quelque anonyme qu’on aura couvert ensuite d’un nom célèbre.