On établit en effet ainsi que, sur ce point encore, elle est l’aboutissement naturel et peut-être nécessaire de toute une évolution. […] Mais cela devient au contraire très simple et tout naturel, si l’on prend pour substitut du temps une ligne de lumière extensible, et si l’on appelle simultanéité et succession des cas d’égalité et d’inégalité entre lignes de lumière dont la relation entre elles change évidemment selon l’état de repos ou de mouvement du système.
Il était naturel qu’on cherchât, après Descartes, à l’utiliser en la rapprochant du cartésianisme. […] Lui aussi remit tout en question ; il voulut remodeler la société, la morale, l’éducation, la vie entière de l’homme sur des principes « naturels ».
On y aime avant tout la facilité abondante et le naturel heureux. […] Ils ont observé le mouvement naturel de la pensée, et le reproduisent ; ils savent que ses premières opérations consistent dans la connaissance de faits particuliers, déterminés, et le plus souvent sensibles, que peu à peu elle se porte involontairement sur certaines parties détachées de ces faits, qu’elle les met à part, qu’aussitôt les signes apparaissent d’eux-mêmes, que les idées abstraites et les jugements généraux naissent avec eux ; ils suivent cet ordre dans les vérités qu’ils nous présentent, et en retrouvant la manière dont l’esprit invente, ils nous apprennent à inventer.
Barre a employé une méthode d’autant plus dangereuse qu’elle paraît d’abord très naturelle. […] Le vers libre n’est vers qu’en tant qu’il épouse, par son accentuation ou ses homophonies, des courants naturels et des habitudes ancestrales du français.
Scribe ressemble en un sens aux poëtes dits de la forme qui s’inquiètent, avant tout, des circonstances de l’art et négligent souvent l’inspiration toute naturelle.
Que les hommes qui vivent dans une révolution, et qui en sont ou spectateurs éclairés ou acteurs principaux, lèguent à la postérité le dépôt fidèle de leurs souvenirs, c’est un devoir que nous réclamons d’eux ; que ceux mêmes qui, dans une situation secondaire, n’ont vu qu’un coin du vaste tableau et n’en ont observé que quelques scènes, nous apportent leur petit tribut de révélations, il sera encore reçu avec bienveillance ; et si surtout l’auteur nous peint l’intérieur d’une cour dans un temps où les affaires publiques n’étaient guère que des affaires privées, s’il nous montre au naturel d’augustes personnages dans cette transition cruelle de l’extrême fortune à l’extrême misère, notre curiosité avide pardonnera, agrandira les moindres détails ; impunément l’auteur nous entretiendra de lui, pourvu qu’il nous parle des autres ; à la faveur d’un mot heureux, on passera à madame Campan tous les riens de l’antichambre et du boudoir : mais que s’en vienne à nous d’un pas délibéré, force rubans et papiers à la main, mademoiselle Rose Bertin, modiste de la reine, enseigne du Trait galant, adressant ses Mémoires aux siècles à venir, la gravité du lecteur n’y tiendra pas ; et, pour mon compte, je suis tenté d’abord de demander le montant du mémoire.
Je ne conseillerais donc à personne de se priver de l’usage de cet aimable talent quand il est naturel, facile et qu’il se confond avec la sensibilité.
Quoique les deux éditions de Tahureau portent sucrant, il me paraît bien plus naturel de lire suçant.
Ce sont là les grandes lignes de son travail ; ce sont les cadres où doit venir s’enchâsser l’étude des grandes œuvres individuelles qui retrouveront ainsi leur place naturelle dans la série des œuvres environnantes.
L’histoire naturelle ainsi que l’histoire humaine a ses espaces vides.
Ses Poésies annoncent une imagination douce & brillante ; les expressions en sont naturelles & délicates, le style simple & plein de graces ingénues.
Nous ne parlerons pas de celui qui a pour titre, Voyage du Parnasse, où l’esprit de satire animant sa fécondité naturelle, l’a entraîné au delà des bornes de la précision & du bon goût ; nous ne nous attacherons qu’à son Poëme de Clovis.
Semblable à ces femmes qui faisoient profession de pleurer aux funérailles des Anciens, & qui regrettoient avec de grands cris ceux même qu'elles n'avoient jamais vus, l'Eloquence gémit indistinctement sur toute sorte de tombeaux, &, confondant le Génie dans la médiocrité, veut quelquefois consacrer à celle-ci des monumens dont on a privé jusqu'à ce jour la cendre des Corneille & des Racine, &c. » * Au reste, l'Histoire de Pologne passe pour le meilleur Ouvrage de M. de Solignac, & seroit une excellente Histoire aux yeux de tout le monde, si le naturel, la simplicité & la correction étoient les seules qualités qu'on dût exiger d'un Historien ; mais ces qualités, pour être précieuses, ne sont pas les seules nécessaires, & malheureusement M.
Les talens naturels d’Horace, ainsi secondés, percèrent de bonne heure.
On n’a jamais conté avec plus de vivacité & de naturel.
Et vous ne songez pas que ces arbres doivent être touchés fortement, qu’il y a une certaine poésie à les imaginer selon la nature du sujet, sveltes et élégans, ou brisés, rompus, gercés, caducs, hideux ; qu’ici pressés et touffus, il faut que la masse en soit grande et belle ; que là rares et séparés, il faut que l’air et la lumière circulent entre leurs branches et leurs troncs ; que cette terrasse veut être chaudement peinte ; que ces eaux imitant la limpidité des eaux naturelles, doivent me montrer comme dans une glace l’image affaiblie de la scène environnante ; que la lumière doit trembler à leur surface ; qu’elles doivent écumer et blanchir à la rencontre des obstacles ; qu’il faut savoir rendre cette écume ; donner aux montagnes un aspect imposant ; les entr’ouvrir, en suspendre la cime ruineuse au-dessus de ma tête, y creuser des cavernes, les dépouiller dans cet endroit, dans cet autre les revêtir de mousse, hérisser leur sommet d’arbustes, y pratiquer des inégalités poétiques ; me rappeller par elles les ravages du temps, l’instabilité des choses, et la vétusté du monde ; que l’effet de vos lumières doit être piquant ; que les campagnes non bornées doivent, en se dégradant, s’étendre jusqu’où l’horizon confine avec le ciel, et l’horizon s’enfoncer à une distance infinie ; que les campagnes bornées ont aussi leur magie ; que les ruines doivent être solennelles, les fabriques déceler une imagination pittoresque et féconde ; les figures intéresser, les animaux être vrais ; et que chacune de ces choses n’est rien, si l’ensemble n’est enchanteur ; si composé de plusieurs sites épars et charmans dans la nature, il ne m’offre une vue romanesque telle qu’il y en a peut-être une possible sur la terre.
Mais, dira-t-on, Phédre viole volontairement les loix les plus saintes du droit naturel, elle aime le fils de son mari, elle lui parle de sa passion, elle tente tout pour le seduire, enfin ce qui fait le caractere le mieux marqué d’un scelerat, elle accuse l’innocent du crime qu’elle même a commis.
Les Légendes de la Vallée 5 se recommandent précisément par ce naturel et cette simplicité qui firent de Sterne un si grand modèle, et il faut remercier le hasard de ce que nous pouvons placer à côté de ce roi des conteurs mélancoliques6 les essais d’un jeune homme qui sent sa vocation littéraire l’entraîner du côté des récits rêveurs et touchants.
Cette question est ici à sa place naturelle, car il s’agit de l’influence morale et sociale du roman. […] Elle donne la confession de sa grand’mère, fille naturelle du maréchal de Saxe, celle de son père, M. […] Le dessin est incorrect, la couleur tient de l’enluminure, l’action languit, les personnages sont guindés, le dialogue manque de naturel et de vérité. […] Pourquoi l’homme résisterait-il aux attractions qui lui sont naturelles ? […] C’est qu’aussi il est plus naturel aux chiens de Terre-Neuve de sauver les hommes à la nage qu’aux hommes de repêcher les chiens de Terre-Neuve.
A notre insu, nous l’admettons comme une chose courante et naturelle. […] Et cela semble fort naturel. […] C’est une intimité, un coin naturel et charmant. […] La jeune fille a peur de lui, ce qui est naturel. […] Le précipité a lieu, d’après les lois naturelles, et le public s’effare.
Il est naturel que nous commencions notre tâche par celui des livres de Goethe où nous avons le plus de chances de trouver son intelligence et son cœur, et où nous trouverons, en tout cas, l’image qu’il désirait laisser de lui-même, — par ses Mémoires. […] Elle est naturelle, elle tient au laisser-aller où nous entraîne le spectacle des choses lointaines dont nous avons été les acteurs, à l’étonnement, souvent naïf, que nous éprouvons en présence des êtres successifs dont la mobilité a fait notre âme. […] Ce goût du sang lui est si naturel que, loin de s’en excuser, il s’en vante. […] Nous sommes tous nés avec le sens de la liberté naturelle, et, nous trouvant dans un monde vieilli, il faut que nous apprenions à nous trouver bien dans ses cases étroites. […] Quand Ulysse parle de la mer immense et de la terre infinie, cela est vrai, humain, intime, saisissant et mystérieux… » Charlotte est comme lui, bien qu’elle nous soit présentée comme un modèle de grâce naturelle.
Elle débuta par les vers, comme cela est naturel quand on débute à seize ans. […] Les crimes sont le produit naturel des passions humaines, et ne relèvent que fort indirectement de la politique. […] Puisse-t-il trouver faveur devant les hommes en laissant à leur développement naturel la force et l’énergie d’une nation libre ! […] Rien de plus naturel que de le voir présenter comme candidat par les professeurs du Collège de France et par la classe compétente de l’Institut ; rien de plus naturel aussi que de voir ratifier ce choix par le gouvernement. […] La chose est toute naturelle.
, chap. vi), on y trouve plus d’étrangers que de naturels. […] , cap. xvi) à enchâsser les mots de l’empereur dans des vers dénués de naturel, vides d’enthousiasme et bigarrés de différents styles. […] Rien n’était plus naturel, dans cette circonstance, que de s’associer celui avec qui l’on avait partagé les mêmes fonctions, s’il en avait reçu la même récompense. […] De tous les Athéniens, le plus sage n’était pas aussi heureusement né : il pratiqua la vertu malgré le penchant naturel qui le portait au vice. […] Que Sénèque eût étayé sa faiblesse naturelle des principes de la philosophie la plus roide, je ne l’en estimerais que davantage.
Il y eût apporté peut-être une érudition moins exacte de textes et de transcriptions ; mais pour l’intelligence, pour l’étendue, pour le contraire du chauvinisme en littérature, pour le véritable esprit critique, pour la classification naturelle des genres et l’orientation à travers les ensembles, il n’y aurait pas eu de comparaison. […] Mais entre eux ce peu de sympathie naturelle n’eut pas lieu de se prononcer. […] Pourquoi substituer des combinaisons d’école ou de cabinet à l’ensemble et au mouvement naturel des choses ? […] Cette amitié d’Ampère et de Tocqueville était si connue et si bien établie que lorsqu’on abordait Tocqueville dans le monde, c’était une entrée en matière toute naturelle et toute flatteuse que de lui parler d’Ampère. […] Les Lettres d’Ampère, écrites sans beaucoup de soin, le plus souvent griffonnées précipitamment, sont vives, naturelles, affectueuses, et rendent bien le mouvement et le train habituel de son esprit.