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1506. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre III. La complication des sociétés »

La forme sociale dont nous venons d’établir la réalité peut, d’abord, exercer sur le mouvement des idées une influence indirecte, par l’intermédiaire d’autres formes sociales qu’elle provoque et dont l’influence nous est déjà connue. […] Mais, à ce régime dormant, substituez l’animation de notre fièvre commerciale : production à outrance, circulation incessante, hausses et baisses inattendues, — dans ce mouvement perpétuel de toutes les valeurs, les fortunes se font et se défont en un clin d’œil.

1507. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre VI. De la politique poétique » pp. 186-220

De l’opposition de ces éléments résulta une loi éternelle, c’est que les plébéiens veulent toujours changer l’état des choses, les nobles le maintenir ; aussi dans les mouvements politiques donne-t-on le nom d’optimates à tous ceux qui veulent maintenir l’ancien état des choses, (d’ops, secours, puissance, entraînant une idée de stabilité). […] L’inégalité des propriétés dut produire de grands mouvements, des révoltes fréquentes de la part du petit peuple.

1508. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Appendice. [Rapport sur les primes à donner aux ouvrages dramatiques.] » pp. 497-502

La Commission a dû s’arrêter là dans les propositions de cette année : elle eût trouvé, sans doute, parmi les productions qui lui étaient présentées, à distinguer d’autres pièces encore pour des qualités d’esprit, de talent littéraire ou de mouvement dramatique, mais elle n’eût pu les faire rentrer, sans complaisance et sans un véritable contresens, dans l’esprit de l’institution dont elle était l’organe.

1509. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — Oberman, édition nouvelle, 1833 »

J’aime à écouter, dans le silence de la vie d’habitude, le mouvement sourd de l’existence intérieure.

1510. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « PENSÉES » pp. 456-468

L’esprit (je l’entends au sens le plus fin) est une des choses dont on se passe le plus aisément entre soi dans la jeunesse : on a l’imagination, la sensibilité, le mouvement.

1511. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la Révolution française — II. La Convention après le 1er prairal. — Le commencement du Directoire. »

il était sur l’heure anéanti, et ceux qui, comme les mystérieux agents dont nous parlons, essayaient de porter la main aux rouages pour les accélérer, ceux-là couraient risque aussi de se briser avec toute leur malice, sans hâter d’une seule ligne le mouvement qui s’accomplissait sous une loi plus haute.

1512. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la Révolution française. IXe et Xe volumes »

Seulement le lieu de la scène a changé, et les orbites des mouvements se sont agrandis.

1513. (1874) Premiers lundis. Tome II « Thomas Jefferson. Mélanges politiques et philosophiques, extraits de ses Mémoires et de sa correspondance, avec une introduction par M. Conseil — II »

La première pensée de ces témoins judicieux fut donc de craindre que le mouvement d’émancipation ne pût sortir victorieusement d’une lutte prolongée.

1514. (1874) Premiers lundis. Tome II « Loève-Veimars. Le Népenthès, contes, nouvelles et critiques »

Loève-Veimars entre autres choses, c’est qu’il sait à merveille la langue, qu’il en observe les tours, le mouvement, le génie ; qu’il l’a étudiée dans ses différentes phases, dans ses sources larges et volontiers secrètes, dans ses curiosités et jusqu’en ses coquetteries légitimes.

1515. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Note sur les éléments et la formation de l’idée du moi » pp. 465-474

J’assistais en spectateur désintéressé à mes mouvements, à mes paroles, à tous mes actes.

1516. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre II. Utilité de l’ordre. — Rapport de l’ordre et de l’originalité »

Qu’il y ait eu des esprits privilégiés dont l’improvisation avait tous les caractères de la méditation, et qui dans le développement spontané de leur pensée gardaient l’ordre exact, la marche régulière, le mouvement égal et continu, qui n’appartiennent ordinairement qu’aux œuvres de patience et de réflexion : je ne le nie pas.

1517. (1911) La valeur de la science « Deuxième partie : Les sciences physiques — Chapitre VI. L’Astronomie. »

Le jour où Copernic a prouvé que ce qu’on croyait le plus stable était en mouvement, que ce qu’on croyait mobile était fixe, il nous a montré combien pouvaient être trompeurs les raisonnements enfantins qui sortent directement des données immédiates de nos sens ; certes, ses idées n’ont pas triomphé sans peine, mais, après ce triomphe, il n’est plus de préjugé si invétéré que nous ne soyons de force à secouer.

1518. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les poètes maudits » pp. 101-114

Quant à Pauvre Lélian (Paul Verlaine, pour mieux dire), l’École dont il est le chef l’a mis en pleine lumière et a donné à sa gloire une impulsion telle qu’il est impossible que ce mouvement ne se continue pas, en sa faveur, dans l’Avenir.

1519. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XV » pp. 175-187

Qu’on se figure la multitude de tours, d’images, de mouvements qui ont dû naître de ces conversations, où les sens, l’imagination, le cœur, étaient en jeu ; où l’émulation de plaire et d’étonner excitait les amours-propres ; où la critique n’était pas moins exaltée par les rivalités que le besoin de produire par l’émulation de plaire !

1520. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre III. Soubrettes et bonnes à tout faire »

Il n’aura jamais de succès à la cour, parce qu’il inspira au Roi un mouvement de jalousie et que le Roi a une mémoire tenace des visages même fugitivement aperçus.

1521. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Madame Therbouche » pp. 250-254

Seul avec elle, j’ajoutai que son amour était monotone, faible de touche, mince au point de ressembler à une vessie soufflée, sans teintes, sans passages, sans nuances ; que sa nymphe n’était qu’un tas ignoble de lys et de roses fondus ensemble sans fermeté et sans consistance, et son satyre un bloc de brique bien rouge et bien cuite, sans souplesse et sans mouvement.

1522. (1767) Salon de 1767 « Sculpture — Pajou » pp. 325-330

Une douleur capable de ce projet extrême est muette, tranquille, silencieuse, presque sans mouvement, et n’en est que plus profonde.

1523. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « De Cormenin (Timon) » pp. 179-190

Il est verbeux, mais avec des flots de mots qui sautent et qui tressautent ; car il est pétulant et piétinant, et même monotone dans sa pétulance, parce que son mouvement de phrase, il ne le change pas, mais le répète.

1524. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Lessing »

Mézières n’a rien ajouté dans son introduction à ce que le livre de Lessing nous apprend, avec le mouvement et le tour de la pensée de Lessing.

1525. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Roger de Beauvoir »

Malgré la beauté du mouvement dans le dernier vers, ce sont là des chagrins de beau, des pleurs de jeune premier de la vie, qui se regrette parce qu’il faut passer dans les seconds.

1526. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Le Conte de l’Isle. Poëmes antiques. »

Maladie du temps, mais qui est devenue sa nature, à lui, a ce poète qui a du mouvement, du coup d’aile cinglant fièrement et largement parfois, et qui aurait pu être lyrique, s’il avait été quelque chose !

1527. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Louis Bouilhet. Festons et Astragales. »

La Critique pourrait compter une par une les pièces qui appartiennent ou par la pensée, on par la manière, ou par le mouvement, aux maîtres de M. 

1528. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « J.-J. Ampère ; A. Regnault ; Édouard Salvador »

Quoique Salvador ne soit pas strictement parlant un voyageur dans son ouvrage, il est facile de voir que son intelligence a les instincts, le mouvement, l’horizon, l’expansibilité des hommes de race voyageuse.

1529. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre VIII. De Platon considéré comme panégyriste de Socrate. »

Nous suivons Socrate de l’œil ; nous ne perdons pas un de ses mouvements, pas un de ses discours ; nous le voyons quand on lui amène ses deux enfants, quand il donne ses derniers ordres pour sa maison, quand il fait éloigner les femmes ; quand ses amis mesurent avec effroi la course du soleil, qui bientôt va se cacher derrière les montagnes, et quand la coupe fatale arrive, et lorsqu’avant de la prendre, il fait sa prière au ciel pour demander un heureux voyage, et l’instant où il boit, et les cris de ses amis dans ce moment, et la douceur tranquille avec laquelle il leur reproche leur faiblesse, et sa promenade en attendant la mort, et le moment où il se couche sur son lit dès qu’il sent ses jambes s’appesantir, et la mort qui monte et le glace par degrés, et l’esclave qui lui touche les pieds que déjà il ne sent plus, et sa dernière parole, et son dernier, et son éternel silence au milieu de ses amis qui restent seuls.

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