/ 3391
1017. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Académie française — Réception de M. Jules Sandeau » pp. 322-326

Très répandu dans le grand monde, affectionnant particulièrement celui des duchesses dont les noms revenaient sans cesse comme par hasard à sa bouche58, il mettait de la méthode jusque dans les dissipations de chaque journée. […] Il se plaisait, dans les heures bien rares que lui laissait le monde, à écrire sur toutes sortes de sujets, et particulièrement à se souvenir de ses succès de salon, à en fixer la mémoire, à noter ses premières aventures d’esprit, à dénombrer ses nobles relations, et (plus homme de lettres en cela et moins homme du monde qu’on ne l’aurait cru) à tenir registre de tous les jolis mots qu’il avait semés dans sa carrière.

1018. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mort de M. Vinet »

Profondément estimé en France de tous ceux qui avaient lu quelques-uns de ses morceaux de morale et de critique dans lesquels une pensée si forte et si fine se revêtait d’un style ingénieux et savant, il laisse un vide bien plus grand que la place même qu’il occupait, et il serait impossible de donner idée de la nature d’une telle perte à quiconque ne l’a pas vu au sein de ce monde un peu extérieur à la France, mais si étendu et si vivant, dont il était l’une des lumières. […] La distance où il vivait du monde de Paris aidait et enhardissait M.  […] Vinet personnellement était résigné à tous les sacrifices ; mais, bien qu’il plaçât autre part que dans le monde sa patrie véritable, il dut souffrir et saigner au dedans pour sa chère patrie vaudoise ainsi ravagée et rabaissée.

1019. (1875) Premiers lundis. Tome III « Émile Augier : Un Homme de bien »

A défaut d’une comédie de caractère, il aurait pu y avoir un agencement de pièce mieux entendu, une intrigue mieux ourdie ; le second acte semblait promettre à cet égard, le troisième n’a pas tenu : tout ce monde convoqué dans l’appartement d’Octave n’y produit rien de bien vif, de bien inquiétant ni de bien amusant. […] Mais ce que nous voudrions surtout suggérer à un talent aussi net et aussi naturel d’expression, aussi tourné par vocation, ce semble, aux choses de théâtre, ce serait d’agrandir, avant tout, le champ de son observation, non pas de vieillir (cela se fait tout seul et sans qu’on se le dise), mais de vivre, de se répandre hors du cercle de ses jeunes contemporains, de voir le monde étendu, confus, de tout rang, le monde actuel tel qu’il est, de le voir, non pas à titre de jeune auteur déjà en vue soi-même, mais d’une manière plus humble, plus sûre, plus favorable au coup d’œil, et comme quelqu’un de la foule ; c’est le meilleur moyen d’en sortir ensuite avec son butin, et de dire un jour à quelque ridicule, à quelque vice pris sur le fait : Le voilà !

1020. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 6, des artisans sans génie » pp. 58-66

Il est des hommes qui viennent au monde avec un talent déterminé pour une certaine profession : d’autres naissent propres à differentes professions. […] La nature les met au monde pour suppléer à la disette des hommes de génie, destinez à faire des prodiges dans une sphere hors de laquelle ils n’auront point d’activité. […] Il versifie si correctement, et sur tout, il rime si richement, que ses ouvrages nouveaux ne laissent pas d’avoir un certain cours dans le monde.

1021. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

Chacun a son monde et se passe parfaitement du monde qui n’est pas le sien. […] Le monde a changé. […] C’est le monde renversé, j’en conviens, mais qui faire ? […] De ce monde surgissent chaque année de hautes et fières intelligences. […] C’est avec cela qu’il a conquis le monde.

1022. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Quelques documents inédits sur André Chénier »

Le tout devait se clore par un exposé du système du monde selon la science la plus avancée. […] Le monde est une branloire perpétuelle, dit Montaigne (à cette occasion, les conquérants, les bouleversements successifs des invasions, des conquêtes, d’ici, de là…). […] Chaque monde roule sur lui-même et roule aussi autour du centre. Tous ont leurs lois à part, et toutes ces lois diverses tendent à une loi commune et forment l’univers… Mais ces soleils assis dans leur centre brûlant, Et chacun roi d’un monde autour de lui roulant, Ne gardent point eux-même une immobile place : Chacun avec son monde emporté dans l’espace, Ils cheminent eux-même : un invincible poids Les courbe sous le joug d’infatigables lois, Dont le pouvoir sacré, nécessaire, inflexible, Leur fait poursuivre à tous un centre irrésistible. » C’était une bien grande idée à André que de consacrer ainsi ce troisième chant à la description de l’ordre dans la société d’abord, puis à l’exposé de l’ordre dans le système du monde, qui devenait l’idéal réfléchissant et suprême. […] Brizeux, insérées autrefois au Globe sur le portrait, une lettre de M. de Latour sur une édition de Malherbe annotée en marge par André (Revue de Paris 1834), le jugement porté ici même (Revue des Deux Mondes) par M. 

1023. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre V. Le roman romantique »

Le monde et la vie n’ont pas de sens : et comment vivre sans savoir pourquoi l’on vit ? […] C’est un monde, un chaos que ce roman, encombré de digressions, d’épisodes, de méditations, où se rencontrent les plus grandes beautés à côté des plus insipides bavardages. […] Elle est aussi un des rares écrivains qui aient su peindre le grand monde : elle en était, elle en avait la tradition par sa grand’mère Mme Dupin. […] Balzac lance les siens à travers le monde, chacun dans sa profession. […] Faguet, Stendhal, Rev. des Deux Mondes, 1er février 1892.

1024. (1904) En méthode à l’œuvre

S’appuyant sur la science, d’une Métaphysique à une Éthique va sa « Philosophie évolutive » d’où l’Œuvre entière découlera répondant à son concept, que : « toute œuvre poétique n’a de valeur eue si elle se prolonge en suggestion des lois qui ordonnent et unissent l’être total du monde, évoluant selon de mêmes rythmes ». […] Il en est, il est vrai, de notre génération ou même d’une précédente, qui peut-être du heurt avertisseur (et qui doit à nouveau éveiller les dons prophétiques) dont les sommèrent les Sciences nouvelles, oui, sentirent qu’ils devaient des données du monde et de l’homme, dans l’Intellect. […]   Ainsi qu’antérieurement, en les uns et les autres, manquait l’aptitude à trouver et harmonieusement unir, de l’être du monde, les relations essentielles. […] Et il sied de ne point songer et s’attarder à notre vœu, — si l’organisme poétique ne perçoit et ne conçoit pas le monde, spontanément et en immanence, à travers des sons qui parlent. […] Le mouvement d’ondes universelles en une Œuvre poétique, une et harmonieuse, qui, avons-nous dit encore, doit participer des ondes du Tout, — quand toute œuvre poétique n’a pour nous de valeur qu’autant qu’elle se prolonge en suggestion des lois qui ordonnent et unissent l’Être-total du monde… *** Il paraît inutile d’insister sur la nécessité naturelle de suppression de la Strophe.

1025. (1884) L’art de la mise en scène. Essai d’esthétique théâtrale

Dans le premier cas, le monde intérieur de l’âme nous enveloppe en quelque sorte tout entier et nous protège contre toute influence étrangère ; dans le second, le monde extérieur nous sollicite avec l’extrême diversité des sensations qui nous attendent de tous les côtés. […] Pour lui, le monde extérieur n’était qu’un décor et les hommes n’étaient que des comédiens. […] L’intérieur d’un jeune homme riche variera selon le monde au milieu duquel il vit, monde de cheval ou de galanterie. […] Enfin il faudrait que chaque objet du monde extérieur eût une représentation identique dans chaque cerveau humain. […] L’art dramatique suit en cela l’évolution de la vie moderne, et de même que dans le monde chacun prend une personnalité de plus en plus distincte, de même dans le théâtre qui reflète le monde les rôles augmentent en nombre à mesure qu’ils se différencient les uns des autres.

1026. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

Nulle part au monde on n’éprouve autant de plaisir ni autant de joie. […] Il se prétendait en communication constante avec le monde des esprits invisibles. […] Pas le moins du monde. […] Admiration, raison de vivre, point d’appui en ce monde au levier de l’esprit. […] Bergson a découvert que le domaine de l’intelligence, c’est le monde matériel et inorganique, tandis que le monde de la vie et de l’âme relève de l’intuition.

1027. (1912) Pages de critique et de doctrine. Vol I, « I. Notes de rhétorique contemporaine », « II. Notes de critique psychologique »

un bien petit monde, bien peu d’événements, bien peu de personnages. […] Il a goûté et connu la fleur suprême du monde antique et du monde moderne, d’Athènes et de Venise, de la Toscane et de l’Espagne, du Moyen Âge et de la Renaissance. […] Ils s’en vont, à travers l’espace, de monde en monde, de ciel en ciel, chercher quelque amour pour s’y poser et y passer la nuit. […] Il fait comme son monde, il la voile. […] Toutes les doctrines ont été critiquées dans leur rapport avec le monde extérieur.

1028. (1895) La comédie littéraire. Notes et impressions de littérature pp. 3-379

Il se répand dans le monde ; il y a quelques succès. […] Laurent Tailhade dira au monde, nous le pressentons. […] Ce bohémien de Paul Verlaine est le plus rassis du monde. […] M. de Tinseau, en douze ans, a mis au monde vingt volumes. […] Enfin, tandis que Maupassant aborde des sujets infiniment variés et prend ses modèles dans tous les coins du monde et dans tous les mondes, M. 

1029. (1905) Études et portraits. Sociologie et littérature. Tome 3.

Et qu’y a-t-il de changé dans le monde ? Sont-ce les lois générales du monde physique, qui en maintiennent l’ordre et en assurent la durée ? […] Mais nous savons aussi que, malgré tant d’abus, ce monde d’autrefois portait en lui des éléments de santé qui nous manquent […] Mais en achevant la lecture de ces quelques pages, un monde d’idée a été remué en vous. […] Ils ne décrivent du monde extérieur que ce qu’ils en voient, et ils n’en voient que ce qu’ils en sentent.

1030. (1896) Le livre des masques

Cette vérité, évangélique et merveilleuse, libératrice et rénovatrice, c’est le principe de l’idéalité du monde. Par rapport à l’homme, sujet pensant, le monde, tout ce qui est extérieur au moi, n’existe que selon l’idée qu’il s’en fait. […] C’est ce que Schopenhauer a vulgarisé sous cette formule si simple et si claire : Le monde est ma représentation. […] Autant d’hommes pensants, autant de mondes divers et peut-être différents. […] En ces instituts (et le monde civilisé n’est qu’un vaste Institut) toute nouveauté est tenue pour blasphématoire, et toute affirmation personnelle devient un acte de démence.

1031. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Pensées »

Contrée, empire, ou individu, ou monde, chacun a eu son jour ; et que ce jour ait eu des milliers d’années, ou des milliers de jours, ou des milliers de minutes, il est passé sans retour, et une fois passé, ce n’est plus qu’un point bientôt imperceptible dans la durée infinie. […] De là j’ai passé au romantisme poétique et par le monde de Victor Hugo, et j’ai eu l’air de m’y fondre. J’ai traversé ensuite ou plutôt côtoyé le Saint-Simonisme, et presque aussitôt le monde de La Mennais, encore très-catholique. […] Dans toutes ces traversées, je n’ai jamais aliéné ma volonté et mon jugement (hormis un moment dans le monde de Hugo et par l’effet d’un charme), je n’ai jamais engagé ma croyance, mais je comprenais si bien les choses et les gens que je donnais les plus grandes espérances aux sincères qui voulaient me convertir et qui me croyaient déjà à eux.

1032. (1890) L’avenir de la science « IX »

Le philosophe était pour elle le sage, le chercheur, Jupiter sur le mont Ida, le spectateur dans le monde. « Parmi ceux qui accourent aux panégyres de la Grèce, les uns y sont attirés par le désir de combattre et de disputer la palme ; les autres y viennent pour leurs affaires commerciales ; quelques-uns enfin ne s’y rendent ni pour la gloire, ni pour le profit, mais POUR VOIR ; et ceux-là sont les plus nobles, car le spectacle est pour eux, et eux n’y sont pour personne. […] Si nous concevons que l’esprit humain, dans sa légitime impatience et sa naïve présomption, ait cru pouvoir, dès ses premiers essais et en quelques pages, tracer le système de l’univers, les patientes investigations de la science moderne, les innombrables ramifications des problèmes, les bornes des recherches reculant avec celles des découvertes, l’infinité des choses en un mot, nous font croire volontiers que le tableau du monde devrait être infini comme le monde lui-même. […] Le monde n’est-il pas le premier objet qui excite la curiosité de l’esprit humain, n’aiguise-t-il pas tout d’abord cet appétit de savoir, qui est le trait distinctif de notre nature raisonnable, et qui fait de nous des êtres capables de philosopher ?

1033. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre X. Prédictions du lac. »

L’œil clair et doux de ces âmes simples contemplait l’univers en sa source idéale ; le monde dévoilait peut-être son secret à la conscience divinement lucide de ces enfants heureux, à qui la pureté de leur cœur mérita un jour de voir Dieu. […] A chaque pas, dans le nuage qui passait, le grain qui germait, l’épi qui jaunissait, on voyait le signe du royaume près de venir ; on se croyait à la veille de voir Dieu, d’être les maîtres du monde ; les pleurs se tournaient en joie ; c’était l’avènement sur terre de l’universelle consolation : « Heureux, disait le maître, les pauvres en esprit ; car c’est à eux qu’appartient le royaume des cieux ! […] En dégageant l’homme de ce qu’il appelait « les sollicitudes de ce monde », Jésus put aller à l’excès et porter atteinte aux conditions essentielles de la société humaine ; mais il fonda ce haut spiritualisme qui pendant des siècles a rempli les âmes de joie à travers cette vallée de larmes. […] Dans nos civilisations affairées, le souvenir de la vie libre de Galilée a été comme le parfum d’un autre monde, comme une « rosée de l’Hermon 504 », qui a empêché la sécheresse et la vulgarité d’envahir entièrement le champ de Dieu.

1034. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 12, des siecles illustres et de la part que les causes morales ont au progrès des arts » pp. 128-144

Le mot d’âge signifie un temps trop court pour m’en servir ici, et d’ailleurs le monde est dans l’habitude de se servir du mot de siecle, quand il parle de ces temps heureux, où les arts et les sciences ont fleuri extraordinairement. […] Ils ont du moins quelque lueur de ce qu’ils peuvent valoir au juste, et ils s’apprétient eux-mêmes dans le fond de leur coeur, à peu près à la valeur qu’ils ont dans le monde. […] C’étoit-là le véritable motif qui attiroit tant de monde aux jeux qui se célebroient en differentes villes. Les portiques publics où les poëtes venoient lire leurs vers, et où les peintres exposoient leurs tableaux, étoient les lieux, où ce qui s’appelle le monde se rassembloit.

1035. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre III. Mme Sophie Gay »

Prenez-les toutes, si vous voulez, celles qu’on ne lit plus, depuis Mlle de Scudéry, qui écrivait des romans, jusqu’à Mme Barbié du Bocage, qui écrivit un poëme épique, les femmes, même avec de l’esprit et du talent, n’arrivent jamais à des succès qui durent, et c’est une justice de la destinée, car les femmes n’ont pas été mises dans le monde pour y faire ce que nous y faisons… Quand l’homme y fait l’ange, il y fait la bête, dit ce brutal de Pascal, mais lorsque la femme y fait l’homme, cela suffit, à ce qu’il paraît, pour arriver au même résultat. […] En se travaillant immensément, en se tortillant, en se donnant beaucoup de courbatures, Mme Sophie Gay, qui pouvait rester une femme du monde spirituelle, était parvenue à faire de son esprit je ne sais quel talent sans naturel, sans originalité et sans grâce. […] Elle ignore s’il a sa raison d’être, s’il existe créé par l’opinion seule ou indépendant de cette opinion que Pascal appelait la reine du monde ; s’il est enfin la transgression d’une loi d’ordre et d’harmonie ou simplement une grimace, un faux pli de l’organisation humaine, une faute ou une infirmité. […] Observatrice myope, elle n’a vu, à ce qu’il paraît, que des ridicules gais, que les ridicules qui font rire et qui, pour cette raison, font rechercher par le monde ceux qui les possèdent pour qu’on puisse agréablement se moquer d’eux.

1036. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Le Christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet »

Sans beaucoup de peine et d’efforts, et en restant dans les travaux de toute sa vie, il pouvait conquérir littérairement le nom d’Asiatique et se faire une gloire éclatante et facile, à une époque où l’esprit d’aberration philosophique qui mène le monde s’est engoué de l’Asie, et poétiquement, scientifiquement, politiquement, — de toutes les manières enfin, — en a monstrueusement exagéré la grandeur. […] Ils désignent seulement des haches humaines dont le manche est dans la main de Dieu… Témoin plus que personne, par ses voyages et ses études, de cette stérilité historique dont l’Asie est frappée, Huc, qui n’est ni un panthéiste ni un matérialiste, puisqu’il est prêtre, a dédaigné de refaire sur des proportions sans justesse une histoire qu’on pourrait bloquer en quelques pages, tant elle est monotone et bornée, et il a choisi pour nous la raconter la seule chose qui soit vraiment digne d’une histoire, cette transfusion tant de fois essayée du Christianisme dans les veines du monde oriental, cette transfusion qui n’a pas réussi encore, mais qui doit réussir, si l’Asie n’est pas irrémissiblement condamnée ! […] Remontant aussi haut qu’on puisse remonter dans une pareille histoire, l’abbé Huc, qui a lu sur son sujet tout ce qu’on peut lire en Chine ou ailleurs, discute avec beaucoup de compétence la légende syriaque et grecque de saint Thomas l’apôtre évangélisant les Indes, et montre, sans l’affirmer positivement cependant, que le Christianisme a pu pénétrer des Indes en Chine presque au même moment où il faisait son apparition dans le monde occidental. […] … Et quelle notion prise dans ce Christianisme, repoussé par la Chine, empêcherait d’admettre aujourd’hui l’impossibilité d’une conversion à laquelle on a résisté pendant des siècles, et cette vue d’un châtiment, pour les peuples qui n’ont pas, comme les individus, d’autre monde pour expier leurs fautes, sans laquelle l’ordre croule et l’Histoire ne se comprend plus !

1037. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Eugène Talbot » pp. 315-326

Cela arrive parfois, dans le meilleur des mondes possibles. […] Aujourd’hui, un homme d’esprit, et audacieux… pour un professeur, s’est permis de donner une édition de Pierre Saliat et de manquer ainsi au pédantisme routinier qui mène le monde. […] Eugène Talbot nous dit qu’il avait traduit, avec les neuf livres de l’histoire d’Hérodote, le recueil de Georges Gémiste, dit Pléthon, l’oraison de Salluste contre Cicéron et celle de Cicéron contre Salluste, deux autres oraisons de Salluste à Jules César, un opuscule d’Aristote : du Monde, un autre (du Monde aussi) de Philon, le Songe de Scipion, etc.

1038. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXII. Philosophie politique »

Il fut des artistes en Italie qui ont su faire tenir un monde d’événements et de figures sur le diamètre d’un noyau de cerise, ciselé de la pointe d’un canif. […] Pénélope sans Ulysse, qui, dans l’oisiveté du cœur et de l’action, fait et défait éternellement sa tapisserie, la Philosophie n’a rien mis dans le monde qui n’y fût sans elle ; et si elle n’en a rien ôté des vérités qu’elle n’a pas faites, elle en a du moins beaucoup faussé, et son mérite, quand elle en eut, fut de redresser ses voies fausses et d’admettre enfin ce qu’elle avait d’abord repoussé. […] Qu’est-ce que toutes les philosophies du monde ont ajouté aux traditions de la vérité primitive et à celle qui les résume toutes, — à la doctrine de Jésus-Christ ? […] L’économique de la tradition place la richesse dans le monde en germe et dans le ciel en fleur.

1039. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXV. Le Père Ventura »

Les événements qui se sont accomplis dans le monde moderne ont été si puissants et si terribles, les esprits et les âmes ont été remués à de telles profondeurs que le prêtre lui-même, le prêtre qui vit dans un écart sublime et dans l’impassible lumière du sanctuaire, en a ressenti le contrecoup. […] Il faut léguer la paix au monde avec une dynastie. Écrivez le testament politique qui va assurer cette survivance nécessaire au monde, si le monde n’est pas condamné.

1040. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pécontal. Volberg, poème. — Légendes et Ballades. »

… Bien souvent la déesse féconde Fait éclore un hasard qui s’empare du monde ! […] Et celui que servent les anges, Qui tient le monde sur son doigt, Était là, tout transi de froid, Comme un pauvre enfant dans ses langes. […] Siméon Pécontal a publié, en 1854, un volume de Ballades et Légendes qui pourrait être la première pierre d’une renommée, si l’attention du monde était aux esprits délicats et à leurs œuvres, mais le monde est ailleurs.

/ 3391