Mérimée, M. de Rémusat, vengeant les anciens Romains de quelques accusations trop promptes, a dit : « Auprès des vices de Rome, au déclin même des anciennes mœurs, que d’exemples de dignité, d’empire sur soi, de mépris de la souffrance et du danger !
Mascurat répond à Saint-Ange, qui vient d’exprimer la conviction naïve qu’aucune doctrine pernicieuse ne saurait se fonder sur la Sainte-Écriture : « Si tu ajoutes bien entendue, dit Mascurat, je suis de ton côté ; mais, à faute de suivre l’interprétation que la seule Église catholique donne à ces Livres sacrés, ils sont bien souvent causés de beaucoup de désordres, tant es mœurs à cause du livre des Rois et autres pièces du Vieil Testament, qu’en la doctrine, laquelle est bien embrouillée dans le Nouveau et par les Épîtres de saint Paul principalement : Mare enim est Scriptura divina, habens in se sensus profundos et altitudinem tudinem propheticorum enigmatum, comme disoit saint Ambroise… » Quand j’entends un sceptique, citer si respectueusement un grand saint, je me dis qu’il y a anguille sous roche.
Il était né à Salzbourg, charmante petite ville allemande qui tient plus du Tyrol que de la Germanie par le site, par la physionomie, par les mœurs et par la langue.
Les Médicis vinrent et changèrent ces mœurs en les polissant.
La Henriade n’est qu’une chronique en bons vers que j’ai vue en soixante ans seulement grandir et déchoir sans gloire et sans mémoire ; Candide et ses autres romans sont des facéties à peine philosophiques ; Jeanne d’Arc, qu’on ne lit plus, est une mauvaise plaisanterie que son cynisme n’empêche pas d’être fade ; ses Annales de l’Empire et ses Mœurs des nations sont des ouvrages d’érudition laborieuse et de spirituelle critique, les commentaires de l’esprit humain écrit par un ennemi des moines et du moyen âge.
II Au commencement, un cri de reconnaissance et d’admiration s’éleva unanimement à la gloire de Macpherson, l’inventeur patient et laborieux de ce nouveau monde, le Christophe Colomb de cette terre des découvertes ; nul n’osait contester à cet homme extraordinaire l’authenticité et le mérite de son invention ; comment un seul homme aurait-il recomposé un monde évanoui, des paysages, des histoires, des mœurs, des héros, des chanteurs lyriques ou épiques, des sentiments et des tristesses inconnus jusqu’alors du genre humain et fait par une misérable supercherie ce qu’un Dieu seul pouvait faire, la résurrection d’un monde inconnu ?
Il lui est revenu, que le parquet n’étant pas sûr d’obtenir une condamnation sur les attaques à l’armée, va faire porter tout son effort sur l’outrage aux bonnes mœurs.
Sous l’inspiration de Paul Arène, esprit charmant et étroit, qui avait été du Parnassiculet (avec le même sentiment d’ironie un peu méchante pour les confrères), un excellent poète, Gabriel Vicaire, et un homme d’esprit, Henri Bauclair, maintenant secrétaire au Petit Journal et qui alors démontrait, dans de brèves nouvelles, des qualités d’humour à la Baric, écrivaient un petit volume, qui se ressentait infiniment du patronage d’Arène, par ses affinités avec le Parnassiculet, et la peinture de mœurs littéraires trop exactement transposées de la Gueuse Parfumée, une œuvre de Paul Arène d’ailleurs fort joliette. […] Il voit les humains partagés en deux castes ; ceux de la caste supérieure, dont l’ambition est de vivre du travail d’autrui, le payant et ainsi l’avilissant, créant autour d’eux les domestiques et les vices inhérents à cette condition ; ces gens de la caste supérieure occupent des logis, revêtent des toilettes, obéissent à des mœurs, qui créent entre eux et les déshérités une infranchissable barrière. […] Il faut bien admettre que, ainsi des mœurs et des modes, les formes poétiques se développent et meurent ; qu’elles évoluent d’une liberté initiale à un dessèchement, puis à une inutile virtuosité ; et qu’alors elles disparaissent devant l’effort des nouveaux lettrés préoccupés, ceux-ci, d’une pensée plus complexe, par conséquent plus difficile à rendre au moyen de formules d’avance circonscrites et fermées.
Nous admettrons volontiers, quant à nous, l’existence de représentations collectives, déposées dans les institutions, le langage et les mœurs. […] Mœurs et morale, règle au sens de constance et règle au sens d’impératif : l’universalité de fait et l’universalité de droit s’expriment à peu près de la même manière.
Le poète s’indigne à bon droit des mœurs efféminées de son temps, et compare le sort des hommes qui vivent de leur intelligence au sort des hommes qui vivent de leur voix. […] Les comédies de Shakespeare ne relèvent que de la fantaisie ; il ne faut donc pas leur demander la peinture des mœurs ; ce serait se condamner à méconnaître les qualités précieuses qui les distinguent. […] Les baisers qu’il prodigue à une rose cueillie par Gabrielle et tombée des mains de son amie, ses plaintes sur la ruine de la chevalerie, qui ramassait un gant parfumé au milieu d’une arène sanglante, sur nos mœurs prosaïques, sur notre vie sans émotions et sans dangers, ne suffisent pas pour faire de lui un personnage poétique.
La fureur antisémite, anti-protestante, antilibérale, déchaînée à l’occasion d’un déni de justice dont l’évidence est un scandale pour le monde étonné, menace, en ramenant des temps, des spectacles, des mœurs, qu’on ne croyait plus rencontrer que dans les anciens récits de l’histoire, de précipiter la ruine de la France, réduite au misérable néant de l’Espagne et des autres pays de la décadence latine. […] L’ancienne conversation française, qui était un art et une puissance, est devenue caduque, en même temps que cette branche de la littérature, qu’on appelait « le genre épistolaire », par suite de l’importance absolument sans rivale que les journaux ont prise, et des mœurs nouvelles qui se sont introduites dans la société.
Assurément, nous ne souhaitons pas remplir ici l’office de censeur des mœurs ; mais quel art, dans cette double tromperie ! […] Et, par exemple, il vient de relire la Nouvelle Héloïse ; écoutez-le : « Ces fantoches inhumains, cette emphase larmoyante, ces apostrophes à la vertu, à la sensibilité, à la Nature, ces divagations d’une tête malade, tout cela donne la nausée. » Il ne trouve pas moins de « niaiserie » dans un livre de Toussaint, les Mœurs, condamné au feu en 1748 ; après cela, il déterre une Basiliade qu’un régent de collège avait publiée en 1753 : elle lui paraît abominable. […] Leur histoire naturelle, consignée dans les bestiaires et divers livres de ce genre, le prouve : les caractères physiques et les mœurs des animaux sont les signes de vérités surnaturelles. […] Son petit ouvrage est une peinture des bonnes mœurs pyrénéennes.
Considérant l’œuvre de Shakespeare comme une image plus ou moins complète, plus ou moins fidèle du monde réel et du monde imaginaire, je vais avec lui de pays en pays, de siècle en siècle, passant d’Athènes à Rome, de l’antiquité grecque et latine à la Renaissance italienne, du midi au nord, d’Elseneur en Angleterre et en Écosse ; ici des légendes à l’histoire, là de l’histoire à la comédie, enfin de la comédie de mœurs à la comédie romanesque et à la comédie fantastique.
C’est que cela vit, que cela est essentiellement moderne et actuel, et dans nos mœurs, dans notre caractère français.
Ils ne négligeaient aucune occasion d’assurer le moindre droit, le moindre privilège à l’ordre sénatorial et au corps des patriciens, comme aux défenseurs des mœurs et des lois du passé.
L’hypocrisie vient, s’en va et varie selon l’état des mœurs, de la religion et des esprits ; aussi voyez comme l’hypocrisie de Pecksniff est conforme aux dispositions de son pays !
Kléber était licencieux dans ses mœurs et son langage, mais intègre, désintéressé comme on l’était alors ; car la conquête du monde n’avait pas encore corrompu les caractères.
ô mœurs !
[Alphonse Daudet, Le Nabab : mœurs parisiennes, Paris, Charpentier, 1877, p. 47-48 (début du ch.
En cet instant de mœurs littéraires et de civilisation prosaïques, le romancier pourrait être notre dernier poète épique s’il avait la langue spéciale et nécessaire du vers.
Rebell devient obscur, se confond volontiers avec la licence des mœurs. […] Quand Stendhal voulait coucher avec la Duchesse pour tirer de ses caresses le profit d’un avancement dans la carrière, il se dérobait à lui-même sa honte en se couvrant du nom de Banti ; il ne jouissait qu’en secret d’une turpitude imposée par les mœurs à un homme qui aurait eu le goût d’amours moins productives ; les Banti d’aujourd’hui avouent volontiers de telles combinaisons et les duchesses, qui en seraient froissées, n’en seraient pas surprises.
II Mais voici de la même main un nouveau fragment d’un roman de mœurs ; roman aussi prodigieux d’invention que l’autre est prodigieux de mémoire.
Par le chevalier Chardin (suite) I Après que ce voyageur parfait a puissamment éveillé et satisfait la curiosité de l’Europe sur ces merveilleuses terres des califes, des contes et des Mille et une Nuits, il passe à la religion, à l’histoire et aux mœurs.
Il entre chez nous, se met à causer de son père, du premier Empire, allume un cigare, et pris par l’intérêt de ce qu’il raconte, par le souvenir du passé et de la famille, nous fait toucher les changements survenus dans les habitudes, les mœurs, le train de vie de la bourgeoisie marchande.