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432. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Note préliminaire » pp. 5-6

Il s’agit d’avoir du bon sens, mais de l’avoir sans fadeur, sans ennui, de se mêler à toutes les idées pour les juger, ou du moins pour en causer avec liberté et décence.

433. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préfaces de « Bug-Jargal » (1826-1832) — Préface de 1826 »

Plusieurs personnes distinguées qui, soit comme colons, soit comme fonctionnaires, ont été mêlées aux troubles de Saint-Domingue, ayant appris la prochaine publication de cet épisode, ont bien voulu communiquer spontanément à l’auteur des matériaux d’autant plus précieux qu’ils sont presque tous inédits, l’auteur leur en témoigne ici sa vive reconnaissance.

434. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre premier. Beaux-arts. — Chapitre V. Sculpture. »

Un guerrier expirant au champ d’honneur, dans la force de l’âge, peut être superbe, mais un corps usé de maladies est une image que les arts repoussent, à moins qu’il ne s’y mêle un miracle, comme dans le tableau de saint Charles Borromée138.

435. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Valéry, Paul (1871-1945) »

La poésie doit nous exprimer tout entiers : passions, douleurs et joies mêlées, aspirations, désirs, actions, confondus, dans les limites que lui marque le goût, faculté qui préside au choix, l’acte esthétique par excellence… M. 

436. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 424-425

Il est arrivé de là, que de petits Esprits, qui se mêlent cependant de décider, ont pris pour des éloges ce qui n'étoit dans le but de l'Ecrivain qu'une satire des ridicules systêmes qu'ils avoient follement adoptés.

437. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre IX. Caractères sociaux. — Le Prêtre. »

Un grand prêtre, un devin, une vestale, une sibylle, voilà tout ce que l’antiquité fournissait au poète ; encore ces personnages n’étaient-ils mêlés qu’accidentellement au sujet, tandis que le prêtre chrétien peut jouer un des rôles les plus importants de l’Épopée.

438. (1761) Salon de 1761 « Gravure —  Casanove  » pp. 163-164

Il faut la voir ; comment rendre le mouvement, la mêlée, le tumulte d’une foule d’hommes jetés confusément les uns à travers les autres ; comment peindre cet homme renversé qui a la tête fracassée et dont le sang s’échappe entre les doigts de la main qu’il porte à sa blessure ; et ce cavalier qui, monté sur un cheval blanc, foule les morts et les mourants.

439. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome IV pp. 5-

Ne mêlent-ils pas leurs attributs païens aux apparitions de saint Louis ? […] Voltaire s’est donc, en sa composition, très sagement rapproché des mœurs : il serait à désirer qu’il n’eut pas donné lieu de le reprendre à l’égard de l’exécution, et qu’il eût cédé moins à l’usage habituel de mêler des êtres mythologiques parmi les agents du catholicisme. […] Au contraire, il en est un des plus beaux ornements, s’il se mêle à l’action sans l’interrompre, et s’il s’y incorpore comme un des membres animés de la fable. […] Quand le merveilleux se mêle à ses narrations dans les chants de la Pythie et de la Thessalienne, il participe au sombre caractère de toute la Pharsale : rien ne l’égaie, rien ne détend la roideur des liens qui enchaînent cette composition trop sévère. […] Sa gravité ne se tempère que par les effets de son art qui, devant mêler le doux au sévère, entrelace l’aventure d’Hélène à de tristes scènes de carnage, afin que les grâces riantes viennent interrompre ses terribles récits.

440. (1930) Le roman français pp. 1-197

Comme d’ailleurs sans doute dans la réalité, les deux choses se mêlent de manière inextricable. […] La seule originalité de l’œuvre est d’avoir mêlé dans Tartarin, Don Quichotte à Sancho Pansa. […] Les deux courants se mêlent dans deux chefs-d’œuvre : Madame Bovary et L’Éducation sentimentale. […] On ne la regardait que de loin, avec un sentiment où se mêlaient la rancune, la méfiance et la crainte. […] pourquoi s’est-il mêlé d’écrire des romans, soupirait-il, sans cela il serait à l’Académie des sciences ! 

441. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre III. L’Âge moderne (1801-1875) » pp. 388-524

Les véritables savants en sont encore à demander vainement qu’on leur cite une seule découverte réelle qui soit due à cette méthode si vantée. » Et en conséquence, la méthode qu’il a voulu substituer à celle de Cousin, comme étant non seulement la meilleure, mais à vrai dire la seule bonne, c’est celle qui consiste, si vraiment nous voulons nous connaître, à commencer par sortir de nous-mêmes ; et, quand ensuite nous essayons de systématiser nos observations, à n’y rien mêler de notre fond. […] Comme d’ailleurs aucun cerveau ne saurait faire ainsi, de lui-même, naturellement, spontanément, œuvre ou « métier de chambre noire », une conséquence résulte du principe, laquelle est que nous commencerons par nous mettre en état de ne mêler à nos impressions que le moins que nous pourrons nous-mêmes de nous-mêmes. […] On applaudit bien aux Châtiments, parce qu’en effet, ils contiennent, mêlés à des grossièretés sans nom, quelques-uns des plus beaux vers d’Hugo ; mais on n’a garde de les imiter, pour diverses raisons, parmi lesquelles il y en a de politiques, mais de littéraires aussi, et en plus grand nombre. […] L’Oiseau, L’Insecte, La Femme, L’Amour]. — Étonnement produit sur les contemporains par cette manière de mêler ensemble — ce que le réalisme physiologique a de plus cru, d’une part ; — et d’autre part ce que le mysticisme romantique a de plus lyrique. — Il applique cette méthode à l’histoire [Cf.  […] Le Cœur d’Hialmar, La Vérandah, La Tête du comte]. — En quoi ces descriptions diffèrent profondément de celles du romantisme ; — par le souci de l’exactitude ; — par l’attention qu’y met le poète à ne rien mêler de lui-même ; — par l’intensité du courant de vie profonde qu’il y fait circuler [Cf. 

442. (1714) Discours sur Homère pp. 1-137

Il n’y doit rien mêler qui n’en augmente l’intérêt. […] Est-il croyable que dans une mêlée, deux soldats transformés mal à propos en orateurs, puissent achever si tranquillement leurs discours ? […] Et d’ailleurs, quand il eût été obligé à ce détail, ne pouvoit-il pas l’interrompre plus sensement, comme il le fait quelquefois, en racontant de quelques uns de ses héros, des histoires variées, où il étoit le maître de mêler des circonstances propres à soutenir et à réveiller l’attention ? […] Le courage et la force des héros ne leur suffisent pas pour vaincre, si les dieux ne s’en mêlent. […] Homere mêle les mots les plus durs avec les plus polis et les plus doux, et il en fait, dit-on, une composition moyenne qui tient de l’austere et de la gracieuse.

443. (1868) Curiosités esthétiques « II. Salon de 1846 » pp. 77-198

Plaisir et douleur mêlés, amertume dont la lèvre a toujours soif ! […] Il mêle quatre procédés différents qui ne produisent qu’un effet noir, une négation. […] Il est à remarquer que le titre du tableau n’en dit jamais le sujet, surtout chez ceux qui, par un agréable mélange d’horreurs, mêlent le sentiment à l’esprit. […] Il sait étudier la nature et y mêler un parfum romantique de bon aloi. […] Il y mêle beaucoup de son âme, comme Delacroix ; c’est un naturaliste entraîné sans cesse vers l’idéal.

444. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIIe entretien. Vie du Tasse (3e partie) » pp. 129-224

C’est là qu’on peut apprendre à mêler les sujets sans les confondre ; l’art avec lequel le Tasse vous transporte d’une bataille à une scène d’amour, d’une scène d’amour à un conseil, d’une procession à un palais magique, d’un palais magique à un camp, d’un assaut à la grotte d’un solitaire, du tumulte d’une cité assiégée à la cabane d’un pasteur ; cet art, disons-nous, est admirable. […] « Elle pleure ; mais tout à coup ses gémissements sont interrompus par des chants qui se mêlent aux accords des musettes champêtres ; elle se lève et se traîne à pas lents vers l’endroit d’où viennent ces sons ; elle voit un vieillard assis à l’ombre et travaillant une corbeille d’osier ; son troupeau paît auprès de lui, et son oreille est attentive aux chants de trois jeunes bergers qui l’entourent. […] Je ne désire ni les sceptres ni les trésors ; les soucis de l’ambition ou de l’avarice n’habitent point dans mon âme ; une onde pure me désaltère, et je ne crains point qu’une main perfide y mêle des poisons ; mes brebis, mon jardin, fournissent à ma table frugale des mets qui ne me coûtent que des soins. […] À ces mots des larmes s’échappent de ses yeux ; elle raconte une partie de ses infortunes et le berger attendri mêle ses pleurs avec les siens. […] « Sur ses joues la pâleur des violettes se mêle à la blancheur des lis : elle fixe ses yeux éteints vers le ciel, et, soulevant sa main froide et glacée, elle la présente comme un gage de paix à son amant.

445. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

Autrefois il eût fait une exception pour l’amour… il n’en veut plus depuis qu’il s’est enfoncé dans l’âge mûr et que tout le monde s’en mêle. — « Ah ! […] , quand je vois ces grossières créatures se mêler d’amour, je suis tenté de m’écrier, de quoi se mêlent ces gens-là ? […] En trois cris, la voix tonnante de Mirabeau avait brisé la flûte d’or et de cristal où Marivaux soufflait ses élégies mêlées d’épigrammes. […] La critique a beaucoup perdu en perdant mademoiselle Mars ; elle portait un de ces noms très rares que le public aime à rencontrer dans nos discours ; elle était hardie et se mêlait volontiers aux œuvres nouvelles ; elle enfantait à chaque instant des choses inconnues, elle s’est battue, au premier rang, dans la première œuvre de M.  […] Que d’esprit elle avait, — et, mêlée à cet esprit, quelle intelligence sûre et prompte, nette et vive !

446. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre I. Des poëtes anciens. » pp. 2-93

Ce sont toujours des plaintes, dictées par la lâcheté & mêlées de flatteries qui prouvent une ame basse & sans énergie. […] On remarque plus de travail dans les Elégies de Properce, & l’art s’y fait trop appercevoir, “non, dit l’Abbé Souchei, que les choses qu’il exprime s’éloignent toujours de la vérité ; mais ce qu’elles pouvoient avoir de naturel, il le gâte par les traits historiques ou fabuleux, qu’il y mêle continuellement. […] Il s’est servi tantôt de grands vers, tantôt de petits vers libres & mêlés de toutes sortes de mesures. […] L’histoire perdroit beaucoup de ses avantages, si tous ceux qui se mêlent de l’écrire, se permettoient de pareilles libertés. […] Dans ses œuvres mêlées, Paris, 1732.

447. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite et fin.) »

Nous parlerions de lui et de tant de personnes que nous avons connues, et de tant d’événements auxquels nous avons été mêlés. […] M. de Talleyrand avait eu beau se mêler à la Révolution, il était resté, lui, un homme de race, gardant au fond beaucoup des idées ou des instincts aristocratiques. […] J’accepte en général les jugements de l’auteur anglais, mais je les complète, et j’y mêle le grain de poivre que la politesse avait toujours chez nous empêché d’y mettre. […] ripostait Montrond ; c’est qu’il n’en a pas du tout. » Mais la légende elle-même s’en est mêlée, et elle leur en prête.

448. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXIXe entretien. Tacite (2e partie) » pp. 105-184

On voit la mêlée des orateurs dans les assemblées, on entend les apostrophes et les insultes. […] Grands témoignages, conclut l’historien, de l’instabilité des choses humaines, qui mêle et confond les sommets et les précipices de la fortune ! […] Les prodiges et les superstitions d’un peuple théocratique s’y mêlent au carnage, à la famine, à l’incendie. […] Mais là, les tendres caresses de son fils, qui l’avait reçue avec tant d’empressement et qui l’avait fait asseoir au-dessus de lui-même dans la salle du festin, avaient dissipé de son cœur toute inquiétude : car, par d’intarissables discours, tantôt empreints d’une familiarité puérile, tantôt mêlés de ces retours de gravité qui semblent associer les choses sérieuses aux badinages, Néron prolongea le festin.

449. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (2e partie) » pp. 305-367

Je touche à peine à ma pleine maturité ; j’ai vu de mes yeux d’enfant la première république sans la comprendre et sans me souvenir d’autre chose que des sanglots qu’elle faisait retentir dans les familles décimées par les prisons ou les échafauds ; j’ai vu l’empire sans entendre autre chose que les pas des armées allant se faire mitrailler sur tous les champs de bataille de l’Europe, et les chants de victoire mêlés au deuil de toutes ces familles du peuple qui payaient ces victoires du sang prodigué de leurs enfants ; j’ai vu l’Europe armée venir deux fois, sur les traces de nos armées envahissantes, envahir à son tour notre capitale ; j’ai vu les Bourbons rentrer avec la paix humiliante mais nécessaire à Paris et y retrouver la guerre des partis contre eux au lieu de la guerre étrangère éteinte sous leurs pas ; j’ai vu Louis XVIII tenter la réconciliation générale, dans le contrat de sa charte entre la monarchie et la liberté ; je l’ai vu manœuvrer avec longanimité et sagesse au milieu de ces tempêtes de parlement et d’élection qui ne lui pardonnaient qu’à la condition de mourir ; j’ai vu Charles X, pourchassé par la meute des partis parlementaires, ne trouver de refuge que dans un coup d’État désespéré qui fut à la fois sa faute et sa punition. […] III J’avoue qu’un sentiment plus vain, un mobile profane de gloire personnelle, se mêlait dans ma pensée à ce sentiment tout moral de préparer les masses à répudier les immoralités, les iniquités, les crimes, la guerre même, qui avaient souillé le nom du peuple dans la première république. […] Quant au style, je ne m’en occupai pas ; j’étais sûr que les événements eux-mêmes m’inspireraient, malgré mon peu d’habitude de la prose, la clarté, l’ordre, la lumière, le naturel et même la seule éloquence de l’histoire, la sensibilité communicative qui mêle du cœur au récit. […] On doit justice même à ce que l’on réprouve, et, s’il y a une vertu mêlée par hasard au crime dans un homme justement abhorré de ses ennemis ou de ses victimes, il ne faut point nier cet amalgame monstrueux, mais souvent réel ; il faut séparer, avec une sincérité loyale, cette vertu du crime, et dire à l’histoire : Ceci était vertu, ceci était crime ; et ceci, crime et vertu, était l’homme.

450. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIVe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (3e partie) » pp. 365-427

« Ce philosophe astronome s’élève de l’hypothèse des forces motrices de la nature à l’idée d’un grand esprit moteur et régulateur de tout esprit de matière. » Mais, un peu plus tard, lorsque la physiologie ionienne eut pris un nouveau développement, Anaxagore de Clazomène s’éleva de l’hypothèse des forces purement motrices à l’idée d’un esprit distinct de toute espèce de matière, mais intimement mêlé à toutes les molécules homogènes. […] Ces anneaux s’élargissent à mesure que le parasite grandit, et vont soutenir jusque dans les airs sa couronne de feuillage mêlée à celle de la victime, qu’ils tuent à la longue en arrêtant le cours de la sève. […] L’homme sent qu’il est en face de l’immensité de la nature. » XXI « On peut se faire une idée de l’aspect des basses terres en se représentant une végétation de serre chaude qui s’étendrait sur une vaste surface marécageuse, des palmiers mêlés à de grands arbres exotiques semblables à nos chênes et à nos ormes, couverts de plantes grimpantes et parasites, un sol encombré de troncs déracinés et pourris, de branches, de feuilles ; le tout illuminé par les rayons ardents d’un soleil vertical et saturé d’humidité. […] Ici il se compose surtout de jeunes individus de la même espèce que les grands arbres ; plus loin, de diverses sortes de palmiers, dont les uns s’élèvent à vingt ou trente pieds, dont les autres, grêles et délicats, ont une tige épaisse comme le doigt ; plus loin encore, d’une variété infinie de buissons et de lianes qui se mêlent et se disputent l’espace.

451. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série «  Leconte de Lisle  »

Toute la poésie contemporaine est faite, semble-t-il, d’inquiétude morale et d’esprit critique mêlé de sensualité. […] Il eut des jours difficiles et souffrit d’autant plus qu’il apportait dans la mêlée des compétitions féroces une âme déjà touchée de la grave songerie orientale. […] Aussi, même chez les meilleurs, si la charité vient des entrailles, toujours il s’y mêle une arrière-pensée surnaturelle. […] Et le poète ne proteste point contre elle, et il ne mêle à sa vision aucun ressouvenir humain.

452. (1920) Enquête : Pourquoi aucun des grands poètes de langue française n’est-il du Midi ? (Les Marges)

Ceci n’est plus de l’histoire, et les malveillants pourraient aller racontant que je me mêle de politique… Fernand Divoire À première vue, je ne vois pas que M.  […] Mais enfin notre grande épopée appartient surtout au Nord, — qu’elle soit guerrière ou qu’elle soit féerique ; au Nord encore les romans bretons ; et c’est en langue d’oïl qu’écrit Marie de France, et c’est en langue d’oïl que nous pouvons lire ce gracieux chef-d’œuvre de prose et de vers mêlés : Aucassin et Nicolette. […] Mais, si quelques-uns de nos meilleurs prosateurs (citons Montaigne, Montesquieu, Rivarol) sont des méridionaux, peut-être que cette spontanéité qui est nécessaire à la poésie, et qui fait qu’elle est plus une chose d’instinct que de raison, ne peut s’épancher que dans une langue dont les sons, la construction ont été mêlés à notre vie familière en ces années d’enfance où nous apprenons à sentir. […] Les gens des diverses provinces se mêlent depuis bien des siècles et n’ont pas attendu pour cela l’invention des chemins de fer.

453. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre quatrième »

La poésie de Jean de Meung, de Villon, de Marot, avait eu d’ailleurs son Art poétique, ouvrage en prose de Thomas Sebilet, qui parut en 1547, et qui n’est qu’une apologie de Marot, où Sebilet a mêlé quelques préceptes excellents. […] Aumônier, dès 1525, du Dauphin, qui fut depuis Henri II, Saint-Gelais ne se mêla point aux querelles de religion. […] Le mérite en est si grand qu’il ne saurait être diminué par les erreurs que Du Bellay mêle à ces vues et notamment par le conseil d’imiter les modernes. […] Une belle demoiselle lui versa sur la tête de l’eau de rosé mêlée de jus d’herbes odoriférantes, symbole évident de sa douce et savoureuse poésie.

454. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre sixième. »

« Il étoit peu adroit », dit son biographe Roulliard, « en son génie poétique. » « Il se mêla de poésie, dit Bayle, et n’y réussit pas. » La version des vers grecs en vers français, ajoute-t-il, à laquelle Amyot se voulut assujettir dans son Plutarque, est « affreuse. » Charles IX la trouvait grossière, « en quoi, dit Roulliard, son opinion a esté suivie de beaucoup d’aultres. » Amyot n’a pas même eu, à cet égard, l’espèce d’adresse que donnait aux auteurs les plus médiocres l’habitude générale au xvie  siècle d’écrire en vers ; outre que, dans la traduction des poëtes grecs, les analogies des deux langues étant beaucoup plus rares, il lui arrive plus souvent d’éteindre l’original que d’enrichir sa propre langue. […] En effet, quoique fort épris du loisir et jaloux de sa commodité, il ne put se dérober tellement aux affaires publiques, qu’on ne le forçât de s’y mêler dans cette mesure qu’il portait en toutes choses. […] Méthode attrayante, mêlée de tous les genres et de tous les tons ; le dogmatique arrêté à temps, coupé par des récits et de piquantes confidences sur lui-même, jamais pédantesque, même aux endroits où Montaigne paraît être le plus sérieusement de l’opinion qu’il professe la causerie jamais vaine ; l’auteur remplaçant à propos par un discours serré le laisser-aller du causeur ; tous les genres de style agréablement mêlés, depuis le plus relevé jusqu’au plus familier, sans attendre que le relevé ait trop tendu l’esprit du lecteur, ni que le familier l’ait relâché, toutes les formes du discours appelant toutes les ressources de la langue.

455. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Émile Zola »

Il le mêle à un complot de cabaret et le fait reconduire à Cayenne. […] L’auteur du Ventre de Paris, dont la chair, pour parler comme lui, est faite des chairs mêlées de Victor Hugo, Théophile Gautier et Flaubert, malgré son amour monstrueux des choses basses, des couleurs criantes jusqu’à vociférer, et son cynique mépris des inspirations morales et des beautés intellectuelles dans les œuvres, a du talent encore. […] » C’est ainsi qu’il mêle le drame aux fromages. […] Et déjà, dans une foule de livres que je pourrais nommer, il l’y avait prise… Mais il y était mêlé à des choses plus ou moins élevées, qui en atténuaient l’effet immonde.

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