Il fut soutenu dans cette entreprise par feu M. le Duc d’Orleans, père de celui d’aujourd’hui ; & ce fut par la protection de ce Prince qu’il obtint de la Cour de Madrid tous les Mémoires dont il avoit besoin.
Ses Dissertations, insérées dans les Mémoires de l’Académie des Inscriptions & Belles-Lettres, sont autant de morceaux précieux qui enrichissent ce Recueil, & prouvent que la délicatesse de notre Langue n’étoit pas moins familiere à leur Auteur, que celle des Latins.
Nos meilleurs Grammairiens ont parlé avec éloge de ses Ouvrages, qui concernent tous notre Langue, si on en excepte des Mémoires pour servir à l’Histoire de la Province d’Artois.
Quiconque lira avec réflexion ses Mémoires historiques & critiques, sur les objets les plus importans du grand Empire des Egyptiens, sera forcé de convenir qu’il a su allier au mérite du savoir, celui d’un style simple, concis, énergique, qualités qui lui donnent un nouveau prix.
Elle raconte cette lecture dans ses Mémoires. […] Un exemple récent et présent à toutes les mémoires rendra ceci parfaitement clair. […] Elles ont plus de prise sur l’imagination et restent mieux gravées dans la mémoire que de grandes pages d’histoire générale. […] Dans ce mémoire paraît nettement, comme aurait dit Retz, l’envers de l’auteur des Maximes. […] Bayle préférait les Mémoires de La Rochefoucauld aux Commentaires de César.
J’irais plus haut peut-être au Temple de Mémoire, Si dans un genre seul j’avais usé mes jours, a dit La Fontaine, lequel pourtant n’était ni Recteur ni président d’aucun Conseil sous Louis XIV. […] Il en expliquait à ses amis le plan, par malheur trop peu fixé dans leur mémoire. […] Les Mémoires du savant botaniste de Candolle, récemment publiés (1862), contiennent une anecdote singulière sur Fontanes, laquelle se rapporte à cette époque voisine de fructidor. […] Cet injurieux bulletin arriva à travers le vote de je ne sais quelle loi fort innocente (une portion du Code d’instruction criminelle, je crois), qui essuya du coup plus de quatre-vingts boules noires ; ce qui, de mémoire de Corps législatif, ne s’était guère vu. […] Je trouve, au xviie siècle, une pièce de vers dans ce rhythme, par un abbé de Villiers, Stances sur la Vieillesse (et tout à fait séniles), qu’on lit au tome II de la Continuation des Mémoires de Sallengre.
Qui me présente un compte, une lettre, un mémoire, Qui me dit que demain est jour de consistoire, Qui me rompt le cerveau de cent propos divers : Qui se plaint, qui se deult, qui murmure, qui crie ; Avecques tout cela, dis, Panjas, je te prie, Ne t’ébahis-tu point comment je fais des vers ? […] Revillout, dans le Mémoire qu’il a lu sur Du Bellay à la réunion des sociétés savantes en Sorbonne au mois d’avril dernier, en même temps qu’il mérite tous nos remerciements pour les communications précieuses qu’on lui a dues, m’a paru un peu sévère dans ses conclusions sur l’aimable poète. […] En disparaissant à cette heure critique du siècle, il ne vit pas, du moins, les guerres civiles si fatales à la Muse, la discorde au sein de sa propre école poétique ; il n’eut point à prendre parti entre protestants et catholiques, et à chanter peut-être, comme plus d’un de la Pléiade, à célébrer en rimes malheureuses des journées et des nuits de néfaste mémoire. […] La biographie du poète commence par une sorte de mémoire sur la commune et municipalité de Cahors, sa ville natale.
Au contraire, parmi les écrivains, plus on descend, plus l’imperfection se fait voir, jusqu’à ce qu’on en rencontre qui n’ont fait que sentir par la mémoire et écrire par l’imitation, et dont la connaissance, inutile aux esprits bien faits, pourrait être un piège pour ceux qui ne sont pas formés. […] Que de termes qui n’appartiennent pas à la matière, et qui s’y introduisent par le relâchement de l’attention par la mémoire, par l’imitation ? […] A qui n’en vient-il pas dans l’esprit par cette porte de la mémoire, toujours ouverte à tout ce qui est imitation et mode ? […] Il faut que la science les place dans notre mémoire avec le titre qu’ils ont reçu des hommes de génie, lesquels font des mots une monnaie à effigie dont la valeur est déterminée ; après quoi c’est à l’inspiration de les en tirer, et de les animer de notre propre vie dans la composition, afin qu’en même temps qu’ils ont une même valeur de circulation pour tout le monde, par l’emploi que nous en faisons ils nous appartiennent en propre.
… J’hésite à citer le grand nom qui m’est revenu souvent à la mémoire en présence de quelques folles tentatives de ces derniers temps. […] Si l’auteur manquait de mémoires, au moins aurait-il dû nous apprendre qu’il en manquait… » Pourquoi faut-il, hélas ! […] Ces mémoires, ces documents secrets, qui peut-être faisaient défaut à Polybe, M. […] Celui-là seul qui aime et respecte l’humanité est assuré de vivre dans la mémoire des siècles.
Je ne vous apprendrai pas grand’ chose, mais cela est utile pour ma thèse, je ne vous apprendrai pas grand’ chose en vous citant le fameux passage sur la solitude que vous avez très certainement, tout au moins en partie, dans vos mémoires, et je ne veux que réveiller vos souvenirs. […] Je suis chose légère, et vole à tout sujet, Je vais de fleur en fleur et d’objet en objet ; A beaucoup de plaisirs je mêle un peu de gloire ; J’irais plus haut, peut-être, au Temple de Mémoire, Si dans un genre seul j’avais usé mes jours. […] Nos noms unis perceront l’ombre noire ; Vous régnerez longtemps dans la mémoire Après avoir régné jusques ici Dans les esprits, dans les cœurs même aussi… Philis, vous seriez la première, Vous auriez eu mon âme tout entière, Si de mes vœux j’eusse pu présumer. […] La Fontaine l’a été, une fois aussi, et, vous y songez bien, c’est dans l’épilogue des Deux Pigeons, qu’il est absolument superflu de citer, qu’il est inutile de lire, puisqu’il est dans toutes les mémoires, mais qu’il est indispensable pourtant de produire ici, de lire en cette circonstance, parce que c’est un hommage à rendre à La Fontaine comme poète de l’amour.
Le trait qui honore davantage la mémoire du Président Cousin, est le don qu’il fit de sa Bibliotheque à celle de S.
On connoît peu ses Ouvrages de Métaphysique & d’Histoire naturelle, très-estimés cependant de ceux qui sont capables d’apprécier ce genre de mérite ; tels sont les Elémens de Métaphysique, tirés de l’Expérience ; l’Examen sérieux & comique du Livre de l’Esprit ; les Mémoires pour l’Histoire des Araignées ; & les Lettres à un Américain sur l’Histoire Naturelle de M. de Buffon.
On a de lui une Histoire du Duc de Villars, les Mémoires de Berwick, ceux de Tourville, les Lettres de Filiz-Moris, Ouvrages écrits avec une vivacité plus importune qu’agréable, à cause du fiel & de la malice qu’il y distille, sans aucun égard.
N’eût-il fait que la belle Préface du premier volume des Mémoires de l’Académie Royale de Chirurgie de Paris, son nom mériteroit d’être placé à côté de celui de nos habiles Littérateurs.
Napoléon, rencontrant son nom à l’occasion des événements qui amenèrent la chute de l’antique république de Venise, a dit de lui dans ses Mémoires (t.
Albert Blanc se l’est peut-être mieux rappelé que Sainte-Beuve, dont la généreuse mémoire ne se souvient probablement que de ce qu’il a fait lui-même, et si Blanc se l’est rappelé, ce lui fait honneur, mais ce lui en eût fait davantage s’il en était convenu avec la noblesse de la bonne foi. […] si dans les Mémoires de Lamarck (une révélation aussi comme ces Lettres diplomatiques) nous souffrons amèrement de voir Mirabeau, cette grande canaille de Mirabeau, qui veut sauver la monarchie et qu’on paie pour cela, avoir des coups de sang d’honnête homme indigné parce qu’il ne gagne pas son argent et qu’on ne suit pas ses conseils, si c’est là un de ces spectacles qui relèvent Mirabeau du mépris dans lequel l’aurait tenu l’Histoire, mais, hélas !
… Enseveli dans la gloire de Mazarin et de Louis XIV, et, dès qu’on parle d’eux, revenant derrière eux, n’était-ce donc pas une assez belle place dans la mémoire des hommes ? […] Ainsi je conçois très bien les mémoires d’un cardinal Duperron ou d’un Talleyrand, et je regrette que Lionne n’ait pas écrit les siens.
Ce livre, qui est intitulé : Histoire des réfugiés protestants de France depuis la révocation de l’Édit de Nantes jusqu’à nos jours 18, n’est pas, comme l’ouvrage de Moret, l’histoire du déclin d’un grand règne dans sa majesté et dans ses orages : c’est tout simplement l’histoire d’une faute, — pour parler comme la plupart des appréciations de notre époque, — et, entre toutes les fautes de Louis XIV, de celle contre laquelle la philosophie a poussé le plus furieux cri de haro dont elle pût honorer une mémoire. […] On eût dit qu’à partir des commencements de la monarchie cette question s’endormait par moments, puis avait ses réveils de lion, avec quelque grand homme qui tout à coup venait à naître… Quand Charlemagne conférait le baptême sous peine de mort ; lorsque Louis XI frappait la féodalité à la tête ; lorsque Catherine de Médicis ne craignait pas de laisser peser sur sa mémoire l’effroyable décision de la Saint-Barthélemy ; quand Richelieu, plus tard, abattait de la même main les restes de l’aristocratie féodale et le protestantisme de son temps retranché dans la Rochelle, achevant à lui seul la double besogne de Louis XI et de Catherine de Médicis, nulle de ces grandes têtes politiques n’avait cédé à des passions vulgaires.
— car on les trouve pêle-mêle dans les Mémoires du temps, léchés par la flamme de la Passion ou gravés sous les acides du Vice ; — mais, au contraire, la femme qui fait les mœurs et dont rien ne reste quand les mœurs d’un siècle ne sont plus : la femme générale, le type de toutes les autres femmes à une certaine hauteur de société. […] La haine et la jalousie des âmes basses que souleva l’immense Fortune qui s’abattit sur elle, comme un aigle, et qui l’enleva dans ses serres d’or à toutes les misères de la vie ; cette haine et cette jalousie semblent, après plus d’un siècle, fouler sa tombe et charger sa mémoire.
C’est qu’elle a son cœur sur ses lèvres. » Les livres, les mémoires, — les espions du temps, — nous disent tous qu’elle avait l’haleine infecte, l’haleine de ses mœurs. […] Accablantes pour la mémoire de Sophie Arnould, elles ajoutent au mépris qu’elle mérite.
Il lisait d’ailleurs, comme on lit quand on n’a que très peu de livres, avec une mémoire qui retient tout et une intelligence avivée par le besoin et devenue intuitive, qui devine ce qui manque et dégage l’inconnue de l’équation. […] L’ouvrage de M. l’abbé Gorini, malgré son titre, est moins un plaidoyer et un jugement après plaidoyer sur les choses de l’Église qu’un long mémoire à consulter.
Un jour, le vieux Sully, qui avait un orgueil assez hugotin, quoiqu’il eût plus de bon sens que Hugo, inventa, non pas d’écrire ses Mémoires, — c’était inventé avant Sully — mais de se faire raconter ses Mémoires par ses quatre secrétaires parlant à sa personne : « Vous avez fait cela, Monseigneur !
C’est celle d’un vieillard plein de sens, accoutumé au spectacle des choses humaines, qui ne s’échauffe pas, ne s’éblouit pas, admire avec tranquillité et blâme sans indignation ; sa marche est mesurée, et il ne la précipite jamais : semblable à une rivière calme, il s’arrête, il revient, il suspend son cours, il embrasse lentement un terrain vaste ; il sème tranquillement, et comme au hasard sur sa route, tout ce que sa mémoire vient lui offrir ; enfin partout il converse avec son lecteur : c’est le Montaigne des Grecs ; mais il n’a point comme lui cette manière pittoresque et hardie de peindre ses idées, et cette imagination de style que peu de poètes même ont eue comme Montaigne. […] Il ne fait donc point de ces portraits brillants dont Salluste le premier donna des modèles, et que le cardinal de Retz, par ses mémoires, mit si fort à la mode parmi nous ; il fait mieux, il peint en action ; on croit voir tous ses grands hommes agir et converser ; toutes ses figures sont vraies et ont les proportions exactes de la nature ; quelques personnes prétendent que c’est dans ce genre qu’on devrait écrire tous les éloges : on éblouirait peut-être moins, disent-elles, mais on satisferait plus ; et il faut savoir quelquefois renoncer à l’admiration pour l’estime.
Heureusement la mémoire de Fénelon est vengée : la postérité, qui n’a ni crainte, ni lâche respect, a élevé sa voix. […] Ces monuments superbes ne font qu’attirer sur leurs cendres l’envie attachée autrefois à leurs personnes, à moins que la vertu ne consacre leur mémoire, et n’éternise pour ainsi dire cette fausse immortalité qu’on cherche inutilement dans des colonnes et des statues. » Il nous rappelle ensuite les idées de Rome, de Sparte et d’Athènes, qui eussent honoré le maréchal de Boufflers, comme elles honorent leur Miltiade, leur Phocion, les Caton, les Décius et les Fabrice.