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777. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SÉVIGNÉ » pp. 2-21

Désormais séparée de sa fille, qu’elle ne revit plus qu’inégalement après des intervalles toujours longs, Mme de Sévigné chercha une consolation à ses ennuis dans une correspondance de tous les instants, qui dura jusqu’à sa mort (en 1696), et qui comprend l’espace de vingt-cinq années, sauf les lacunes qui tiennent aux réunions passagères de la mère et de la fille. […] Mme de Sévigné, à son tour, aimait beaucoup les champs ; elle allait faire de longs séjours à Livry chez l’abbé de Coulanges, ou à sa terre des Rochers en Bretagne ; et il est piquant de connaître sous quels traits elle a vu et a peint la nature. […] Seulement il est besoin de s’entendre : elle ne rêvait pas sous ses longues avenues épaisses et sombres, dans le goût de Delphine ou comme l’amante d’Oswald ; cette rêverie-là n’était pas inventée encore9 ; il a fallu 93, pour que Mme de Staël écrivît son admirable livre de l’Influence des Passions sur le Bonheur.

778. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SOUZA » pp. 42-61

Assises dans la campagne, les deux sœurs s’abandonnaient à de longues rêveries, se perdaient dans de vagues pensées, et, sans avoir été distraites, revenaient moins agitées. » Et un peu plus loin : « M. de Revel, dans la vue de distraire sa famille, se plaisait à lui faire admirer les riches pâturages du Holstein, les beaux arbres qui bordent la Baltique, cette mer dont les eaux pâles ne diffèrent point de celles des lacs nombreux don le pays est embelli, et les gazons toujours verts qui se perdent sous les vagues. […] Mme de Nançay a vécu aussi, contrariante et bonne, et qu’avec un peu d’adresse on menait sans qu’elle s’en doutât : « Mme de Nançay rentra chez elle disposée à gronder tout le monde ; elle n’ignorait pas qu’elle était un peu susceptible, car dans la vie on a eu plus d’une affaire avec soi-même, et si l’on ne se connaît pas parfaitement, on se doute bien au moins de quelque chose. » Eugénie et Mathilde, que nous avons déjà beaucoup cité, est le plus long et le plus soutenu des ouvrages de l’auteur, toujours Eugène et Adèle à part. […] Eugénie, qui a été forcée de quitter son couvent, et qui devient comme l’ange tutélaire des siens, attire constamment et repose le regard avec sa douce figure, sa longue robe noire, ses cheveux voilés de gaze, sa grande croix d’abbesse si noblement portée.

779. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXVIIIe entretien. Tacite (1re partie) » pp. 57-103

« Que Néron soit toujours devant tes yeux, lui qui, superbe de sa longue série d’aïeux dans les Césars, ne fut pas renversé par Vindex avec une seule province sans armes, ni par moi avec une seule légion, mais par sa férocité et par sa luxure, qui le précipitèrent du faîte des grandeurs publiques. […] « Ce n’est pas l’heure de te fatiguer de plus longs avis ; tout est dit, tout est fait, si j’ai bien choisi ! […] C’est le résumé d’une longue vie publique dans une haute intelligence touchant aux limites de la vie, et jugeant le passé, le présent, l’avenir, avec le calme du soir et le sublime désintéressement du lendemain.

780. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Henry Rabusson »

Il était du petit nombre de ces oisifs parisiens qui retiennent des spectacles multiples auxquels les convie la mode, de ce long et ininterrompu défilé de tableaux, de statues, de morceaux de musique, de pièces de théâtre, de cérémonies et de fêtes, des couleurs, des sons, voire des idées, qu’ils cataloguent, au fur et à mesure, dans leur mémoire et dont l’ensemble constitue pour eux une mine féconde, inépuisable d’impressions et de souvenirs, lesquels, habilement mis en œuvre et adaptés aux exigences du moment, leur fournissent toujours à propos le thème inutilement cherché par tant d’autres… III Il y a apparence, après tout cela, que vous ne rencontrerez ici ni les grandes passions, ni les héroïsmes, ni les crimes, ni le romanesque tour à tour délicieux et tragique des romans de M.  […] Seulement ils prennent le plus long. […] Avec cela, surtout dans les analyses de sentiments, des lenteurs, des nonchalances, et quelquefois la longue phrase un peu traînante, la période fluide qui s’étale dans la Princesse de Clèves et qu’on retrouve encore dans les romans du XVIIIe siècle.

781. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « M. de Féletz, et de la critique littéraire sous l’Empire. » pp. 371-391

On sortait d’une affreuse et longue période de licence, de dévergondage et de confusion. […] Toutes les fois qu’après un long bouleversement l’ordre politique se répare et reprend sa marche régulière, l’ordre littéraire tend à se mettre en accord et à suivre de son mieux. […] La leçon fut longue, disait Hoffman, elle fut sévère ; mais cependant elle commença par une exposition pleine de modération et même de douceur.

782. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Étienne Pasquier. (L’Interprétation des Institutes de Justinien, ouvrage inédit, 1847. — Œuvres choisies, 1849.) » pp. 249-269

Son style est de robe longue, même dans ses lettres où il ne vise point à être pompeux ; mais, à tout moment, il rachète ces défauts réels, ces longueurs de phrase, par des expressions heureuses qui honoreraient Montaigne ; il joint à sa gravité habituelle, à la justesse et à la prud’homie de ses pensées, un agrément qui sent le poète dans la prose. […] Si l’on voulait raconter sa vie (ce que viennent de faire si bien ses derniers biographes), il faudrait parler en détail de son plaidoyer pour l’Université contre les Jésuites, et de la longue guerre où ce premier acte l’engagea, lui et sa postérité. […] Les longs travaux et les années d’épreuves, quelques pertes même domestiques au sein de sa nombreuse famille, n’avaient en rien amorti l’esprit de Pasquier ni chagriné son humeur.

783. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Histoire du chancelier d’Aguesseau, par M. Boullée. (1848.) » pp. 407-427

Une autre raison très fine, très judicieuse, et qui va au fond du caractère, c’est que, dans ce long usage du parquet, d’Aguesseau, esprit étendu et lumineux, s’était accoutumé à ramasser, à examiner, à peser et à comparer en tout les raisons des deux parties, « à étaler, dit Saint-Simon, cette espèce de bilan devant les juges avec toutes les grâces et les fleurs de l’éloquence », et de plus, selon la recommandation voulue, « avec tant d’art et d’exactitude, qu’il ne fût rien oublié d’aucune part, et qu’aucun des nombreux auditeurs ne pût augurer de quel avis l’avocat général serait, avant qu’il eût commencé à conclure ». […] On le voyait rougir et se taire dans le même moment, la partie supérieure de son âme laissant passer ce premier feu sans rien dire, pour rétablir aussitôt le calme et la tranquillité dans la partie sensible, qu’une longue habitude rendait toujours également docile aux lois de la raison et de la religion. […] Quelques ordonnances que le chancelier d’Aguesseau a fait rendre dans l’exercice de sa longue magistrature ont été justement célébrées ; on s’accorde en même temps à dire qu’il est loin d’avoir réalisé en législation tout ce qu’il concevait d’utile, et qu’on aurait pu naturellement attendre de sa haute capacité et de ses lumières.

784. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Nouveaux documents sur Montaigne, recueillis et publiés par M. le docteur Payen. (1850.) » pp. 76-96

Achille Jubinal a trouvé dans les manuscrits de la Bibliothèque nationale, et il a publié (1850) une longue et remarquable lettre de Montaigne au roi Henri IV, du 18 janvier 1590, et qui se rejoint heureusement à celle qu’avait déjà trouvée M.  […] Pourtant daignons réfléchir, et disons-nous qu’en laissant en dehors l’Empire, lequel, à l’intérieur, était une époque de calme et, avant 1812, une époque de prospérité, nous qui nous plaignons si haut, nous avons vécu paisiblement depuis 1815 jusqu’en 1830, quinze longues années ; que les trois journées de Juillet n’ont fait qu’inaugurer un autre ordre de choses qui, durant dix-huit autres années, a garanti la paix et la prospérité industrielle ; en total trente-deux années de calme. […] Montaigne, ainsi que ferait Horace, leur conseille, tout en s’attendant de longue main à tout, de ne pas tant se préoccuper à l’avance, de profiter jusqu’au bout, dans un esprit libre et sain, des bons moments et des intervalles lucides ; il fait là-dessus de piquantes et justes comparaisons coup sur coup, et termine par celle-ci, qui me paraît la plus jolie, et qui d’ailleurs est tout à fait de circonstance et de saison : c’est folie et fièvre, dit-il, de « prendre votre robe fourrée dès la Saint-Jean, parce que vous en aurez besoin à Noël ».

785. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Rulhière. » pp. 567-586

Chamfort, alors son ami, lui en adressa des condoléances, auxquelles Rulhière répondit par une épître en vers un peu longue, mais dans laquelle il développe avec facilité ses principes de philosophie et de sagesse, qui ne sont autres que ceux d’Horace :      L’astre inconstant sous lequel je suis né,      Des biens aux maux m’a souvent promené ; Mais aux événements payant mon caractère, En jouissant de tout, rien ne m’est nécessaire. […] Daunou, dans son analyse des mérites de Rulhière, est allé jusqu’à remarquer que, dans les phrases courtes comme dans les plus longues, l’auteur varie sans cesse le ton, le rythme, les constructions, les mouvements : Il y a des livres, ajoute-t-il ingénieusement et en rhéteur consommé, où la plupart des phrases ressemblent plus ou moins, si l’on me permet cette comparaison, à une suite de couplets sur le même air ; et ce n’est pas sans quelque effort qu’un écrivain se tient en garde contre ce défaut ; car l’esprit ne s’habitue que trop aisément à un même genre de procédés, le style aux mêmes formes, l’oreille aux mêmes nombres. […] Après cela, j’avouerai que son style est ordinairement périodique (on avait reproché à Rulhière d’avoir la phrase trop longue), c’est-à-dire tel qu’il devait être pour représenter par l’enchaînement des expressions la liaison des idées, pour rapprocher et développer les circonstances des grands événements, et pour conserver à l’histoire sa magnificence et sa dignité.

786. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Charles Perrault. (Les Contes des fées, édition illustrée.) » pp. 255-274

Son début poétique fut un certain Portrait d’Iris, que Quinault trouva si joli qu’il s’en fit honneur auprès d’une demoiselle dont il était amoureux : Ses cheveux longs et noirs, luisants et déliés, Par boucles épandus et galamment liés, Ombragent doucement la fraîcheur de sa joue… Ce sont, en un mot, de ces vers à ravir Quinault et à mettre Boileau hors de lui. […] Perrault expose au long et il établit la vraie part qu’eut son frère le médecin au bâtiment de l’Observatoire et à la façade du Louvre. […] Comme Perrault lui avait envoyé son Apologie des femmes, Arnauld se crut obligé de lui répondre par une longue lettre où il étalait ses arguments et ses raisons, et que la personne qu’il en avait chargée ne jugea point à propos de remettre, de peur d’aigrir encore plus les disputants que le vieux docteur voulait chrétiennement réconcilier.

787. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — II. (Suite et fin.) » pp. 421-440

Il n’y a rien que j’aime tant que de faire raisonner les personnes qui font une figure distinguée dans le monde, et qui ont eu occasion, par de longues expériences, de remarquer les fautes de la plupart des hommes, aussi bien que leurs bonnes qualités ; on peut tirer une grande utilité de ces connaissances. […] Mme de Maintenon, à la vue de tant de maux, s’incline, s’agenouille, et, pourvu qu’il y ait repos et relâche après cet excès de souffrances, elle ne recule devant aucune extrémité : Nous ne pouvons faire la guerre, dit-elle (24 juin 1709) : il faut bien baisser la tête sous la main de Dieu, quand elle veut renverser les rois et les royaumes ; voilà, madame, ce que j’ai toujours craint… Nous avons éprouvé une suite de malheurs dont la France ne peut se relever que par une longue paix ; et la famine, qui est le dernier et le plus grand de tous, nous met aux abois. […] Tout porte à croire, en effet, que ce fut le roi d’Espagne qui, oubliant les longs services de Mme des Ursins, et à bout de sa domination dont il n’osait s’affranchir, donna l’ordre à sa nouvelle épouse de prendre tout sur elle ; et cette dernière qui, ainsi qu’Alberoni, son conseiller, était de la race des joueurs intrépides en politique, n’hésita pas un seul instant à faire pour son coup d’essai cette exécution de maître.

788. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame Sophie Gay. » pp. 64-83

À l’une des cérémonies qui accompagnèrent sa première communion, comme elle était en toilette avec une robe longue et traînante qui l’embarrassait, et qu’elle se retournait souvent pour la rejeter en arrière, une de ses compagnes lui dit : « Cette Sophie est ennuyeuse avec sa tête et sa queue. » — « Toi, ça ne te gênera pas, répondit-elle, car tu n’as ni queue ni tête. » Toute la personne même de Mlle de Lavalette était celle d’une jolie brune piquante, avec des regards pleins de feu, plus faits encore pour exprimer l’ardeur ou la malice que la tendresse ; d’une charmante taille, qu’elle garda jusqu’à la fin, d’une taille et d’une tournure bien françaises. […] Cette première remarque, jointe à celle d’une plus longue expérience, m’a convaincue que les femmes sont souvent plus compromises par la froide familiarité de celui qu’elles préfèrent, que par les soins empressés d’un amant passionné. […] Bref, le mariage est fixé à l’hiver prochain ; Alfred, qui a été blessé à l’armée, a lui-même besoin d’un délai, bien que ce terme de huit mois lui semble bien long.

789. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Marguerite, reine de Navarre. Ses Nouvelles publiées par M. Le Roux de Lincy, 1853. » pp. 434-454

Elle a le nez légèrement aquilin et très long, l’œil long, doux et fin, la bouche également longue, fine et souriante.

790. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1880 » pp. 100-128

L’examen fini, la juive s’est laissée tomber sur une chaise longue, et la tête penchée de côté, et montrant au sommet un enroulement de cheveux, qui ressemblait à un nœud de couleuvres, elle s’est indolemment plainte, avec toutes sortes d’interrogations amusantes de la mine et du bout du nez, de cette exigence des moralistes et des romanciers, demandant aux femmes qu’elles ne fussent pas des créatures humaines, et qu’elles n’eussent pas dans l’amour les mêmes lassitudes et les mêmes dégoûts que les hommes. […] Cette immense Seine, sur laquelle les mâts des bateaux, qu’on ne voit pas, passent comme dans un fond de théâtre ; ces grands arbres aux formes tourmentées par les vents de la mer ; ce parc en espalier ; cette longue allée-terrasse en plein midi, cette allée péripatéticienne, en font un vrai logis d’homme de lettres — le logis de Flaubert, après avoir été au xviiie  siècle, la maison conventuelle d’une société de Bénédictins. […] Dans la cohue insouciante, et qui trouve l’enterrement long, commence à sourire l’idée d’une petite fête.

791. (1899) Esthétique de la langue française « Le vers libre  »

Ou bien ce sera un rythme dont les brisures multipliées sembleront à merveille adoptées à une idée de légèreté et de grâce : L’universel baiser court sur les hautes tiges comme un menu vol de papillons, tendresse brève, espoir long sur la plaine humaine voltigent coquelicots, pivoines, pavots, l’heur est léger, longue est la peine mais partout partent les pollens pour de futurs étés toujours beaux. […] Des deux premiers vers, le plus long, si l’on nombrait avec une précision chimique, serait peut-être le second.

792. (1899) Musiciens et philosophes pp. 3-371

La réponse est également négative, car, loin d’apercevoir dans cette symphonie des sentiments qui unissent les hommes, je n’y vois qu’une œuvre artificielle, longue et obscure, où quelques courts passages, relativement nets, sont noyés dans l’incompréhensible et qui ne dit absolument rien aux hommes sains, non préparés par une longue hypnotisation. […] « Après que ce monologue eut duré un très long temps, continue-t-il, j’entendis à l’orchestre d’autres sons (?) […] Lisez sa longue correspondance avec Liszt, avec ses amis Heine et Fischer, avec son compagnon de 1848 Auguste Rœckel ; c’est un cri de douleur ininterrompu. […] Que l’on songe au long apprentissage que nous devons subir, depuis nos premiers balbutiements, jusqu’à ce que nous possédions seulement les premiers éléments de notre langue maternelle ! […] J’ai fait une si cruelle expérience en ce qui concerne cet homme et son art, — que ce fut une longue et complète Passion : je ne trouve pas d’autre mot.

793. (1888) Portraits de maîtres

Pendant de longues années il a, par ses sorties éloquentes, prêché, catéchisé la jeunesse avec la ferveur d’un apôtre, et dans quel esprit ! […] Dieu merci, j’ai été compris, et ce petit voyage qui me laissera de si longues traces ne sera pas nul pour toi. […] C’était Minna Moré, qu’Edgar Quinet, à partir de la première heure, aima d’un amour profond, préludant au mariage par de longues fiançailles. […] En conséquence il prêche la croisade contre ce peuple de mécréants. » Les Allemands s’y étaient pris de longue date pour élaborer leur acharnement de 1870. […] Quinet y avait mis toute sa longue tendresse pour la fiancée qui, un an après, devint sa femme.

794. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 295-296

La plus longue de ses Poésies, soit Latines, soit Françoises, n’a pas plus de vingt vers.

795. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Avant-propos » pp. -

Avant-propos Aujourd’hui que l’Œuvre des deux frères est terminé — l’un étant mort depuis des années, l’autre se trouvant trop vieux pour entreprendre à nouveau un travail d’imagination ou même un travail d’histoire de longue haleine, — il a paru intéressant au survivant de réunir, dans un volume, les préfaces et les manifestes littéraires, jetés en tête des diverses éditions de leurs livres.

796. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 11, que les beautez de l’execution ne rendent pas seules un poëme un bon ouvrage, comme elles rendent un tableau un ouvrage precieux » pp. 71-72

D’ailleurs il n’est point d’imitation de la nature dans les compositions du simple versificateur, ou du moins, comme je l’exposerai plus au long dans la suite de cet ouvrage, il est bien difficile que des vers françois imitent assez-bien dans la prononciation le bruit que le sens de ces vers décrit, pour donner beaucoup de réputation au poëte qui ne sçauroit pas faire autre chose.

797. (1896) Le IIe livre des masques. Portraits symbolistes, gloses et documents sur les écrivains d’hier et d’aujourd’hui, les masques…

Et, ― au fond de son ennui, il songe au plaisir simple d’être d’accord, de rire avec naïveté, de sourire d’un air discret, de s’émouvoir aux longues commotions. […] Il est charmant ce petit poème ; s’il contient quelques fautes d’harmonie, des vers rudes (surtout dans la longue laisse dont nous n’avons rien cité), c’est que M.  […] Tempérament fin et à longues fibres souple à la façon des ployantes cimes des pins, il s’incline sous les vents du large et accepte leur direction avec une fière simplicité. […] Un art si complexe demande un apprentissage et veut aussi la plus longue patience. […] Sur la mousse à l’ombre d’aulnes et d’ormes Les pêcheurs paisibles dorment Tandis qu’en l’eau presque mourante un long fil plonge.

798. (1940) Quatre études pp. -154

Nous épargnent-ils les longs développements où le jaillissement du lyrisme risque de se perdre ? […] Tout cela a été traduit, imité, lu, admiré — mais non sans hésitations et protestations, non sans de longues périodes d’attente. […] Et il avait mis dans quatre petits livres d’élégies les résultats de ce long effort : quatre livres d’élégies, qu’heureusement il a brûlés. […] Que de contrefaçons impunies de la pastorale ou de l’idylle, au long des siècles ! […] Le poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens.

799. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre quatrième. Les conditions physiques des événements moraux — Chapitre premier. Les fonctions des centres nerveux » pp. 239-315

Ils forment deux longues séries dont l’une est la condition nécessaire et suffisante de l’autre, et qui se correspondent aussi exactement que la convexité et la concavité de la même courbe. […] — D’autre part, le tissu fonctionne pour établir cette communication ; car, sitôt que sa continuité est rompue, la communication cesse entre le tronçon inférieur et le tronçon supérieur ; les impressions du premier n’arrivent plus au second ; les impulsions du second n’arrivent plus au premier. — On peut même désigner la portion du tissu dans laquelle les impressions sensitives se transforment en impulsions motrices ; c’est l’axe de la moelle, long cordon de substance grise. […] Une onde de changement moléculaire se propage le long d’un filet nerveux avec une vitesse qu’on évalue aujourd’hui à 34 mètres par seconde si le nerf est sensitif, et à 27 mètres s’il est moteur. […] Quand la préparation a été assez forte et assez longue, la pente devient irrésistible ; arrivé à la première cellule, désormais le courant prend toujours le chemin qui conduit à la seconde. […] Pendant ce long intervalle, la danse de cellules qui le constitue ne s’est point répétée incessamment ; au contraire, après quelques minutes ou quelques heures, elle a reculé graduellement jusque dans des groupes éloignés où elle a fini par s’amortir.

800. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1885 » pp. 3-97

De dures années, pendant lesquelles il ne reçut pas un bout de lettre de sa mère, de sa mère qui avait une telle adoration pour son mari, que dans la crainte de le contrarier, elle ne donna à son fils, pendant tout ce long temps, signe de vie, de tendresse maternelle. […] Puis Jeanniot nous raconte un long temps, passé à l’hôpital de Metz, où il avait écrit sur un calepin de petites notes, pas en faveur de la guerre. […] Des journées, remplies par de longues promenades, ventilées par les bourrasques des plateaux de Cour-Couronne, et par la lecture de morceaux de mon Journal, qui semblent faire une impression pénétrante sur le ménage. […] Coiffé d’un casque de toile blanche, comme en portent les officiers de l’Inde, avec ses longs cheveux, sa longue barbe, la fièvre de ses regards, il a quelque chose d’un ascète et d’un prophète de l’Extrême Orient. […] Hading, cette actrice, que je venais voir avec la prévention d’une actrice d’Ohnet, joue très intelligemment le rôle de Sapho, et même tous les dessous psychiques du rôle, avec le flottement mou et las de son corps, la volupté de ses regards longs, l’impudeur de sa bouche, la fermentation des mauvaises pensées qu’on sent habiter son front, les chatteries sensuelles de ses gestes.

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