Lorsqu’il écrivit ces lignes, l’auteur n’avait pas encore lu Pro aris, nouvelles poésies de M. de Laprade pleines de mouvement et de vigueur.
Ils ne peuvent rester dans leur famille ; après avoir juré cent fois qu’ils ne s’exposeront plus à la mer, il leur est impossible de s’en passer ; comme un jeune homme ne se peut arracher des bras d’une maîtresse orageuse et infidèle. » Le magnifique effet rythmique de la fin est dû au contraste entre les lignes sans rythme du commencement et le rythme imprécis et flottant, mais singulièrement séducteur, de la fin : « comme un jeune homme, | ne se peut arracher des bras, | d’une maîtresse orageuse | et infidèle ».
C’est une épée à deux tranchants32. » Ces lignes suffisent, je crois, à clore la discussion.
À la dixième ligne, et sans savoir de qui elles sont, vous êtes prévenu ; vous sentez la femme !
Il fallait appuyer patiemment, tendrement, longuement, pour les faire mieux voir, sur toutes les lignes de ce profil si fier, de cette tête ardente, énergique et fatale.
Seulement, la malheureuse renie maintenant son origine et son génie, et Louis Teste n’écrit pas une ligne sans les lui rappeler.
Mais Saint-Victor s’assied devant ces figures à peine indiquées, et remplit les blancs, prononce les lignes, dessine et ombre, et colorie, et fait tourner avec l’ongle, et arrive enfin par tous les moyens à ces saillies que Goethe, s’il revenait au monde, admirerait.
Sans le mot enthousiaste de Mme de Staël dans son Allemagne, un autre mot plus grave et mieux, pesé de J. de Maistre dans ses Soirées de Saint-Pétersbourg, l’image de Joubert qui en fait un aigle avec des ailes de chauve-souris, et quelques lignes impertinentes de Chateaubriand dans ses Mémoires d’outre-tombe, qui donc, dans le monde du dix-neuvième siècle, connaîtrait de vue Saint-Martin, sinon les curieux qui lisent tout et qui se font des bibliothèques de folies ?
La Critique, cette dissection sur le vif, comme disait Rivarol, nous a trop appris la physiologie littéraire pour que nous ne voyions pas très bien, sous les lignes de la composition, quel a dû être le procédé de l’auteur.
Est-ce que, pervers ou vertueux, tout ce qui a jamais écrit quatre lignes d’histoire ne s’est pas toujours réclamé de la vérité et de la justice, et la critique a-t-elle le temps ou la puissance d’écouter ces trop naïves ou trop rusées déclarations ?
Jamais les faiseurs de ce temps-ci, les forçats à la ligne du feuilleton, qui rompent leur ban en sautant par-dessus tous les murs de la vraisemblance, ne s’étalent mieux par terre, dans le mélodrame impossible, que ce sauteur d’abbé Prévost !
D’où qu’elles viennent et si mystérieuses qu’elles soient ou qu’elles veuillent rester, toutes les lettres d’amour ont une histoire plus ou moins révélée par elles, le point d’or nécessaire de leur clair-obscur… Que me fait, après tout, à moi, la petite construction romanesque bâtie par les dix lignes de l’avant-propos et les deux de la note qui termine le volume !
En effet, il a placé, avec l’entente d’un art profond, sa madame Bovary, cette nature si peu exceptionnelle, dans les circonstances qui devaient le plus repousser ce qu’elle a de commun, et accuser le plus énergiquement les lignes de son type.
Je ne veux pas dire par là que tel détail vous attire par son heureuse inspiration ou que tel fragment dénote, à vos yeux, l’artiste de race qui l’a conçu : je dis que de l’œuvre dans sa totalité, de ses moindres détails comme de ses lignes maîtresses, jaillit une incomparable expression de beauté.
Quelques lignes, en effet, lui suffisent pour pousser plus avant qu’aucun de ses maîtres avant lui, que M. […] Je voudrais seulement que son dessein fût quelquefois encore plus net, que les grandes lignes en fussent plus faciles à saisir, et surtout que son style, moins monotone, moins froid, moins triste, fût moins constamment le style de la dissertation. […] Pellissier n’avait écrit, quelques lignes plus haut, que « les romantiques portèrent dans les formes qu’ils restauraient une science de facture qu’eussent enviée les plus délicats artistes de la renaissance ». […] Et s’il faut enfin l’avouer, les grandes lignes du sujet, assez claires, assez faciles à démêler, jusqu’ici, s’embrouillent, à si courte distance des œuvres et des hommes. […] Nous ne saurions avoir l’intention, en quelques lignes et avec une demi-douzaine de citations, de le mieux caractériser.
Elles sont en mains sûres, mais non pas toutefois si fidèlement gardées qu’on n’en ait pu détourner quelques lignes à la dérobée. […] Mais il importe de suivre ce mouvement qui commence ; il faut le suivre avec sollicitude, et dans celle humeur bienveillante qui nous pénétrait au moment d’écrire ces lignes. […] J’ai noté quelques lignes charmantes sur la Samarie. […] Je prendrai soin d’en citer tout à l’heure quelques lignes. […] Maison blanche où la vigne Tordait en longue ligne Son feuillage qui boit Les pleurs du toit !
Les cinq croisées percées à chaque étage ont de petits carreaux et sont garnies de jalousies dont aucune n’est relevée de la même manière, en sorte que toutes leurs lignes jurent entre elles. […] L’amour infini, sans autre aliment qu’un objet à peine entrevu dont mon âme était remplie, je le trouvais exprimé par ce long ruban d’eau qui ruisselle au soleil entre deux rives vertes, par ces lignes de peupliers qui parent de leurs dentelles mobiles ce val d’amour, par les bois de chênes qui s’avancent entre les vignobles sur des coteaux que la rivière arrondit toujours différemment, et par ces horizons estompés qui fuient en se contrariant. […] Le bas de sa tête n’offrait point ces creux qui font ressembler la tête de certaines femmes à des troncs d’arbres, ses muscles n’y dessinaient point de cordes, et partout les lignes s’arrondissaient en flexuosités désespérantes pour le regard comme pour le pinceau.
C’est là le défaut qui se trouve à chaque page, à chaque ligne du livre de M. […] Tout compte ici : pas un feuillet qui n’apporte sa découverte, et pas une ligne qui ne soit une révélation ; — tout sert ici, même un parchemin roussi, un grain de sable, un fragment, un écho. […] Plus n’est besoin, pour se retrouver dans ces lignes qui s’entrecroisent, de savoir quelles constellations répondent à ces lignes mêlées. Sans être un grand sorcier, vous allez dire à coup sûr : Voici la ligne de vie, — et la ligne de la fortune, — et la ligne qui conduit à la maison des parents, — et celle qui mène au berceau de l’enfant, — et celle qui pousse dans les voyages ; la ligne qu’on appelle la joie du soleil, et, en un mot, toutes les traces que laissent à la main laborieuse ou inoccupée l’aiguille de la mère de famille, la harpe de la baladine, et même le sceptre des reines. […] Au besoin, celui qui écrit ces lignes, avec une douleur profonde et une conviction bien sentie, pourrait attester toute l’amitié que cet excellent homme portait à la jeunesse.
Le rôle de la Littérature défini selon ses lignes essentielles, il reste à le préciser pour notre heure, à l’appliquer aux conditions actuelles. […] Il ramenait le naturalisme dans la ligne droite. […] La tâche se complique donc de nouveaux modes de penser, à définir, de nouvelles lignes logiques à tracer et on comprend alors qu’elle n’avance que très lentement malgré tant d’efforts qui déjà l’entreprennent. […] Sur sa même ligne prolongée en avant dans la même direction, pourquoi une esthétique propre à la nouvelle littérature ne se créerait-elle pas ?
Ce qui a dû frapper dans ces premières lettres, c’est combien l’esprit de moquerie, l’absence de sérieux, l’exaltation factice, et qui tourne aussitôt en risée, percent à chaque ligne : nulle part, un sentiment ému et qui puisse intéresser, même dans son égarement ; nulle part, une plainte touchante, un soupir de jeune cœur, même vers des chimères ; rien de cet amour de la nature qui console et repose, rien de ce premier enchantement où Jean-Jacques était ravi, et qu’il nous a rendu en des touches si pleines de fraîcheur. […] Je crois que si l’on me disait que vous ne liriez ma lettre que dans un an, je vous en écrirais tout de même, tantôt quelques lignes, tantôt quelques pages, et presque avec le même plaisir. […] Elle attendra le jour du courrier, elle prendra une feuille, écrira trois pages, à lignes bien larges, et l’adresse sur la quatrième. […] Il y a autant d’absurdités que de lignes dans ce fameux livre ; aussi a-t-il un plein succès dans toutes les sociétés anglaises et allemandes. […] Sa ligne girondine s’établit et se dessine de plus en plus : il s’obstine à croire une république possible sans la Terreur, et il ne veut des recettes de restauration à aucun prix.
Je puis considérer la distance qu’il y a d’une ville à une autre, & n’être occupé que de cette distance ; je puis considérer aussi le terme d’où je suis parti, & celui où je suis arrivé ; je puis de même par imitation & par comparaison, ne regarder une ligne droite que comme le plus court chemin entre deux points : mais ces deux points ne sont que les extrémités de la ligne même ; & par une abstraction de mon esprit, je ne regarde ces extrémités que comme termes, j’en sépare tout ce qui n’est pas cela : l’un est le terme où la ligne commence ; l’autre, celui où elle finit : ces termes je les appelle points, & je n’attache à ce concept que l’idée précise de terme ; j’en écarte toute autre idée : il n’y a ici ni solidité, ni longueur, ni profondeur ; il n’y a que l’idée abstraite de terme. […] Faites une ligne droite. […] On n’écrit point ces deux mots à lineâ, mais, celui qui dicte un discours, où il y a divers sens détachés, après avoir dicté le premier sens, dit à celui qui écrit : punctum… à lineâ : c’est-à-dire, terminez par un point ce que vous venez d’écrire ; laissez en blanc ce qui reste à remplir de votre derniere ligne ; quittez-la, finie ou non finie, & commencez-en une nouvelle, observant que le premier mot de cette nouvelle ligne commence par une capitale, & qu’il soit un peu rentré en dedans pour mieux marquer la séparation, ou distinction de sens. On dit alors que ce nouveau sens est à lineâ, c’est-à-dire qu’il est détaché de ce qui précede, & qu’il commence une nou velle ligne. […] Ce sont ces individus métaphysiques qui sont l’objet des Mathématiques, le point, la ligne, le cercle, le triangle, &c.
« Depuis trois mois, je trouvais dans les bureaux de la police vingt personnes peut-être prêtes à écrire pour m’accuser, et depuis trois mois je n’en ai pas trouvé une seule capable de lire une page, une ligne pour ma justification. […] Les quelques lignes finales de la notice sur Chaulieu portent avec elles ce cachet de pensée qui, simple et peu saillant aux yeux, équivaut néanmoins déjà à une signature : « On a comparé Chaulieu, dit-il, tantôt à Horace, tantôt à Anacréon. […] Dans sa dissidence avec Villers, Fauriel se tint plus strictement rapproché de la droite ligne idéologique et de l’ordre d’objections qui s’y appuyaient ; il dut satisfaire M. de Tracy. […] Ayant confié à Fauriel le manuscrit de son traité d’économie politique ou de la Volonté, M. de Tracy lui écrivait ces lignes bien honorables pour tous deux : « …..Avant de me remettre à travailler, j’ai besoin de savoir positivement si je dois tout jeter au feu et m’y reprendre d’une autre manière, moins méthodique peut-être, mais plus pratique. […] Il excelle à analyser et à recomposer le fond d’une époque, à suivre dans un état social troublé la part des vainqueurs, la part des vaincus, à donner au lecteur le sentiment de la manière d’exister en ces âges obscurs ; puis, quand il ne s’agit plus des choses, mais d’un homme et d’un grand homme, il hésite et tâtonne un peu, ou du moins il s’enferme dans des lignes circonspectes, rigoureuses ; il ne rassemble pas son coup-d’œil en un seul éclair ; ces éclairs sont la gloire des Montesquieu.
La ligne droite est le plus vraisemblable chemin d’un point à un autre, — selon l’idéal, et cela lui suffit. La ligne courbe dément la ligne droite, — selon l’apparence, et cela lui suffit. […] Tel un pêcheur à la ligne, il faisait frétiller son appât au-dessus de leurs têtes. […] J’arrête d’abord dans leurs lignes définitives la première strophe et la dernière. […] Tour à tour, je lis quelques lignes, puis, tout en les méditant, je regarde le paysage.
La fiction parfois, la falsification jamais ; aucun grossissement de lignes ; fidélité absolue à la couleur des temps et à l’esprit des civilisations diverses. […] La philosophie rognera les ailes de l’ange, conquerra les mystères à l’aide de règles et de lignes, videra l’atmosphère hantée, la mine qu’habitaient les gnomes. […] Ainsi commence l’histoire du vieux marin : son navire faisait voile vers le Sud, joyeusement ; et le temps resta beau jusqu’au moment où fut atteinte la ligne : alors vinrent la tempête, l’ouragan ; alors vinrent ensemble le brouillard et la neige ; alors vint un froid prodigieux ; et des blocs de glace, aussi hauts que le mât, flottèrent autour du navire, verts comme de l’émeraude ; et les glaces craquaient, criaient, grondaient, hurlaient. […] L’Esprit n’est pas encore vengé ; il conduit le navire jusqu’à la ligne : là, comme un cheval qu’on lâche tout d’un coup, il s’en va d’un bond ; le navire, ébranlé, sursaute et retombe ; le marin s’évanouit. […] Des lignes et des lignes, des pages et des pages, des cahiers et des cahiers ; des odes, des dithyrambes, des épîtres, des satires, des tragédies, des fragments d’épopée : ce ne sont que des brouillons nécessaires ; ce sont « les bêtises que M.