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536. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre I. Un retardataire : Saint-Simon »

Un des contrastes les plus frappants que présente le xviiie  siècle, c’est Saint-Simon contemporain de Voltaire et de Montesquieu : les Mémoires sont rédigés dans les années où paraissent les Lettres anglaises, où se forme l’Esprit des lois. […] Même après sa lettre anonyme à Louis XIV, si éloquente et si dure, soupçonné et, dans l’esprit, du roi, convaincu de l’avoir écrite, il resta à la cour. […] Entre 1715 et 1720, pendant que Montesquieu écrivait ses Lettres persanes, il opinait pour la banqueroute, pour la convocation des États généraux, avec la tranquillité d’un contemporain du roi Jean. Rédigeant ses Mémoires au temps où le roi de Prusse cajolait Voltaire, il y notait l’envoi eu exil d’un certain « Arouet, fils, écrit-il, d’un notaire qui l’avait été de mon père, et de moi » ; il n’eût pas parlé de cette bagatelle, « si ce Arouet n’était devenu une sorte de personnage dans la république des lettres, et même une manière d’important dans un certain monde ». […] Nul scrupule de grammairien et de puriste, nulle préoccupation technique d’écrivain ne dirige ou n’arrête la plume de Saint-Simon : ce duc et pair n’est pas homme de lettres ; et les traditions, les règles, qui emmaillotent l’inspiration des pauvres diables faiseurs de livres, ne sont pas pour lui.

537. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre III. Soubrettes et bonnes à tout faire »

Soubrettes et bonnes à tout faire Étymologiquement, la soubrette — sobretarde — c’est la servante entremetteuse qui, sur le tard, à la brune, va porter les lettres d’amour. […] Aimez-vous les Lettres à la fiancée ? […] Sachez que, dans le manuscrit d’Hernani, « Victor Hugo a donné à ses actes non pas un numéro mais une lettre spéciale : a, b, c, d, et e. » Apprenez encore que, le titre de ce drame est tracé « en grandes lettres figurant l’imprimerie et séparées les unes des autres » tandis que « le titre de Marion de Lorme est écrit en lettres anglaises ».

538. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Mémoires du général La Fayette (1838.) »

C’est donc à votre mémoire que je dédie cette lettre commencée autrefois pour vous. […] Le témoin véridique, de qui le mot m’est venu, n’en avait entendu que la lettre, et n’en saisissait ni le poétique ni le figuratif. […] Sans craindre d’abonder moi-même, je veux citer en entier la belle lettre de janvier 1808, à M. de Maubourg, sur la mort de madame de La Fayette. […] On trouvera le personnage au complet dans ces Mémoires de La Fayette, surtout dans la lettre à M. de Maubourg (tome V), écrite à la veille du 18 brumaire. […] Exilé, il vécut à la lettre, comme le rat de la fable, dans son fromage de Hollande.

539. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome III pp. -

Ils jugeront facilement de mes intentions par la censure & par ma lettre ». […] Ses lettres annoncent la beauté de son génie. […] Seulement dans une lettre à M. […] Il prend tout sur lui, & donne aux jésuites des lettres d’immatriculation, sous le sceau privé du recteur. […] On prétend que l’original de la lettre étoit entre les mains du cardinal de Noailles.

540. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. RODOLPHE TÖPFFER » pp. 211-255

Une lettre à demi ployée sort de sa poche ; Charles l’a remarquée ; une lettre !… De qui cette lettre ? […] Trois jours après, à Genève, Charles, qui s’y est rendu en sortant de sa niche, dès qu’il l’a pu, reçoit du chantre une lettre qu’il faut lire en son idiome natif, et, jointe à la lettre, la montre de famille, gage des fiançailles. […] Ceux-ci lui répondent ; les lettres de Louise surtout sont fort jolies et d’une piquante finesse. […] Étienne Dumont (lettre LIX).

541. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (2e partie). Littérature de l’Allemagne. » pp. 289-364

« Hier, écrit son confident Varnhagen, hier Humboldt a parlé avec beaucoup d’enjouement des lettres qu’il a reçues ; un certain nombre de dames d’Elberfeld se sont engagées à travailler à sa conversion au moyen de lettres anonymes, et lui ont annoncé leur intention ; ces lettres arrivent de temps en temps. Il a reçu de Nebraska une lettre dans laquelle on lui demande où les hirondelles passent l’hiver. — “Cette question n’est-elle pas encore pendante ? […] Je reviens chez moi à six heures du soir, j’ouvre votre lettre et j’apprends la douloureuse nouvelle, bien chère et spirituelle amie ! […] Telle était, par exemple, sa lettre au sujet du prince Albert, époux de la reine Victoria d’Angleterre, qu’il traitait avec une odieuse injustice, quoique ce prince, excessivement distingué, lui eût témoigné et écrit à lui-même des lettres aussi pleines de convenance que d’affection. […] Quelles lettres pour graver le nom de Dieu !

542. (1881) Le roman expérimental

Ces salons ont véritablement régné sur les lettres. […] Dans une lettre du 5 janvier 1618, il remercie son oncle, M.  […] L’argent a émancipé l’écrivain, l’argent a créé les lettres modernes. […] Nous ne faisons que constater ce qui a lieu dans nos lettres modernes. […] Il est de règle que les barbouilleurs de lettres insultent les écrivains.

543. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. de Fontanes »

Le 15 août 1797, il lui adresse, dans le Mémorial, une lettre trop piquante de verve et trop perçante de pronostic, pour qu’on ne la reproduise pas. […] « J’ai cru pouvoir citer des vers dans une lettre qui vous est adressée : vous aimez les lettres et les arts. […] Il ne tarda pourtant pas à vouloir éclaircir sa situation, et il adressa au Consul la lettre suivante, dont la noblesse, la vivacité et, pour ainsi dire, l’attitude s’accordent bien avec la lettre de 1797, et qui ouvre dignement les relations directes de Fontanes avec le grand personnage. […] monsieur de Fontanes, aurait reparti Napoléon, laissez-nous au moins la république des lettres !  […] Mais de quel côté donc (cela fait sourire) la république des lettres était-elle en danger, je vous prie ?

544. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand »

On en a une singulière preuve dans la lettre qu’il écrivit aux journaux (8 février 1791), lorsqu’après avoir déclaré qu’il n’avait aucune prétention à l’évêché de Paris devenu vacant, il crut devoir se justifier ou s’excuser d’avoir gagné de grosses sommes au jeu : « Maintenant, disait-il, que la crainte de me voir élever à la dignité d’évêque de Paris est dissipée, on me croira sans doute. […] Il écrivit à cette date à lord Grenville une lettre justificative, où il protestait de l’innocence de ses intentions et de ses démarches : « Je suis venu en Angleterre, disait-il, jouir de la paix et de la sûreté personnelle à l’abri d’une Constitution protectrice de la liberté et de la propriété. […] On finit par apprendre qu’ayant reçu des menaces de mort réitérées, M. de Talleyrand avait craint que le Clergé ne le fît assassiner ce jour-là, et qu’il avait écrit cette lettre, mais en donnant des ordres pour qu’elle ne fût remise que dans la soirée, ayant l’intention de la reprendre s’il vivait encore avant la fin du jour, ce que son trouble lui aura fait oublier. » (Mémorial de Gouverneur-Morris, tome I, p. 308.) […] Voir le Journal et Lettres de Mme Darblay, tome VI, p. 14 et suiv., édit, de 1854 14. Talleyrand écrivait d’Amérique à Mme de Staël, pour activer sa bienveillance : « Si je reste encore un an ici, j’y meurs. » — Mme de Genlis, dans ses Mémoires (tome V, p. 54), cite en entier une lettre de M. de Talleyrand, à elle adressée et datée de Philadelphie : c’est une lettre agréable, mais probablement retouchée en quelques points par la femme de lettres qui aimait à émousser toute expression vive ou trop naturelle.

545. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie-Antoinette. (Notice du comte de La Marck.) » pp. 330-346

Les lettres qu’on a déjà publiées d’elle, d’autres qu’on publiera un jour, permettront d’établir cette portion de l’histoire avec certitude. […] Aussitôt après sa condamnation, ramenée du tribunal à la Conciergerie, Marie-Antoinette écrivit une lettre datée du 16 octobre, à quatre heures et demie du matin, et adressée à Madame Élisabeth. Dans cette lettre dont on vient de reproduire le fac-simile 45, et qui est d’une grande simplicité de ton, on lit : C’est à vous, ma sœur, que j’écris pour la dernière fois. […] … Les sentiments les plus vrais de la mère, de l’amie, de la chrétienne soumise, respirent dans cette lettre testamentaire. […] La Dernière Lettre de la reine Marie-Antoinette, Paris, 1851 (Courcier, 9, rue Hautefeuille).

546. (1936) Réflexions sur la littérature « 6. Cristallisations » pp. 60-71

Les livres, surtout celui d’Helvétius, ont eu évidemment une influence sur Stendhal, mais la formation de son sens psychologique est due à toute autre chose que ses lectures, qui dans les lettres à sa soeur donnent lieu aux commentaires les plus superficiels et les plus contradictoires. […] Delacroix : « l’énergie est chez lui l’aspiration de l’énergie, le rêve de l’énergie, la nostalgie d’un passé historique plutôt que la puissance de construction d’un avenir. » L’image de la cristallisation qui forme le leit-motiv du livre est à la fois le produit d’une imagination musicale, une figure de la réalité amoureuse : " il me semble, dit Stendhal dans une lettre, qu’aucune des femmes que j’ai eues ne m’a donné un moment aussi doux et aussi peu acheté que celui que je dois à la phrase de musique que je viens d’entendre. " la musique, surtout telle que la goûtait Stendhal qui n’y sentait qu’un motif de rêverie, c’est le monde et l’acte mêmes de la cristallisation parfaite, de sorte que Beyle, amoureux de second plan, simple amateur en musique, se définirait peut-être comme un cristallisateur. […] À l’état naissant ou faible, les deux cristallisations peuvent se confondre : ainsi le débutant ou la femme de lettres raconteront avec candeur dans un roman toute leur propre aventure amoureuse, cristallisée directement. J’ai lu le raisonnement suivant de Mme Aurel, que je mets en syllogisme pour être plus court : « il n’y a rien de plus beau qu’une belle lettre d’amour. — Les plus belles lettres d’amour sont écrites par des femmes. — Donc le jour où les femmes feront imprimer des lettres d’amour de 300 pages in-18 sous couverture jaune-paille, elles auront écrit les plus beaux livres du monde. » Attendons. […] Il y a eu des cristallisations héroïques d’amour, dans le monde cythéréen l’équivalent des Platon, des Léonard et des Goethe dans le monde apollinien ; il y a eu des Stendhal d’amour analogues au Stendhal de lettres.

547. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Villehervé, Robert de la = Le Minihy de La Villehervé, Robert (1849-1919) »

[Lettre publiée par La République des lettres du 11 février 1877.] […] [La République des lettres (4 mars 1877).]

548. (1891) [Textes sur l’école romane] (Le Figaro)

Jean Moréas, le fondateur de la nouvelle École dont nous annoncions hier l’apparition, adresse la lettre suivante au Figaro : Monsieur le Rédacteur, Le Figaro de ce matin m’attribue au sujet de l’École romane française une conversation dont je ne saurais assumer les termes violents. Vous me permettrez donc de donner en quelques mots les éclaircissements que voici : L’École romane française revendique le principe gréco-latin, principe fondamental des Lettres françaises qui florit aux onzième, douzième et treizième siècles avec nos trouvères, au seizième avec Ronsard et son école, au dix-septième avec Racine et La Fontaine. […] Je ne puis m’étendre davantage sur cela dans cette courte lettre ; je dirai seulement que l’École romane française renoue la « chaîne gallique » rompue par le Romantisme et sa descendance parnassienne, naturaliste et symboliste.

549. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 210-213

Il est assez vraisemblable que cette ingénieuse Production a fourni l’idée des Lettres Persannes, des Lettres Turques, des Lettres Chinoises, &c.

550. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre II. Trois espèces de langues et de caractères » pp. 296-298

Les lettres remplacèrent aussi les hiéroglyphes d’une manière plus simple et plus générale ; à cent vingt mille caractères hiéroglyphiques, que les Chinois emploient encore aujourd’hui, on substitua les lettres si peu nombreuses de l’alphabet. Ces langues, ces lettres peuvent être appelées vulgaires, puisque le vulgaire a sur elles une sorte de souveraineté.

551. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — II » pp. 150-171

Il publia, dans les premiers mois de 1714, une Lettre à M.*** sur L’Iliade de M. de La Motte. […] L’abbé de Pons, qui avait fait paraître sa Lettre très peu de semaines après la publication de L’Iliade française de La Motte et avant que les érudits eussent encore eu le temps d’y répondre, protesta contre cette interprétation. […]  » C’est ce qui motiva la lettre de l’abbé de Pons, qui courut Paris sous ce titre : « Dénonciation faite à Mgr le chancelier d’un libelle injurieux qui, revêtu de l’autorité du sceau, paraît dans le monde sous le titre d’Homère vengé. » Elle fut publiée dans le Mercure galant de mai 1715. […] — Ils auraient imaginé des figures variées : voilà nos lettres ; ils auraient différemment combiné ces figures entre elles : voilà nos mots ». […] et qu’il se proposait plus justement pour type de l’homme de lettres comme il faut n.

552. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [V] »

La lettre très-verte de Jomini était accompagnée d’un cartel que son contradicteur ne releva point. […] Dans une Lettre publique adressée à M.  […] Les autres points discutés dans les lettres du colonel sont plus particuliers et intéressent surtout les rapports de Jomini avec la Suisse. […] Ses lettres ne se terminaient presque jamais sans une allusion à sa fin prochaine. […] Il a déjà parlé, si l’on s’en souvient, de ce boulet charitable qu’il invoque, dans une lettre à M. de Monnier du 15 octobre 1810.

553. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Madame de Krüdner et ce qu’en aurait dit Saint-Évremond. Vie de madame de Krüdner, par M. Charles Eynard »

Renseignements intimes, lettres originales, rien ne lui aura manqué, surtout pour la portion religieuse. […] Dès l’instant où vous lui seriez moins cher, elle ne serait plus pour moi qu’une femme ordinaire, et je cesserais de l’aimer. » M. de Krüdner, touché de cette lettre comme un galant homme pouvait l’être, fit avec gravité une chose imprudente : il montra cette déclaration à sa femme ; et, en croyant stimuler sa vertu, il ne fit qu’irriter sa coquetterie. […] Voici, au reste, la lettre qu’elle adressait à l’habile docteur ; j’en rougis pour mon héroïne, mais M.  […] Eynard cite le passage d’une lettre d’Ymbert Galloix, jeune homme de Genève, mort à Paris en 1828, et il le proclame un jeune poète plein de génie. […] Voir, dans les Œuvres de Saint-Évremond, la Lettre à une dame galante qui voulait devenir dévote, et le petit Essai Que la dévotion est le dernier de nos amours.

554. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIe Entretien. Chateaubriand »

Quand elle fut morte, mon ami, qui la vit au dernier moment, me remit mes lettres. […] Sa Lettre était signée l’Auteur du Génie du Christianisme. […] J’ai regret de le dire, mais l’homme de parti se montre à chaque ligne dans cette Lettre. […] Dans la Préface d’Atala qui parut peu après cette Lettre d’attaque, l’auteur consignait à la fin une sorte de rétractation, mais dont les termes mêmes laissent à désirer. […] Une lettre qu’il reçut à peu près à cette époque de madame de Farcy, sa sœur, lui annonça la mort de sa mère.

555. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre premier »

Il aimait mieux les arts que les lettres, et, comme on disait au xviie  siècle, les bâtiments que les écrits. […] Les lettres ne furent pas ingrates. […] Le tour en est vif, les détails piquants, la langue facile et claire c’est toujours ce don du récit, qui, dans les lettres, est tout le génie de nos pères. […] La publication récente des lettres de Marguerite ne permet guère de douter que le style des contes ne soit de la même main que la correspondance33. […] ` Cette lettre de Marguerite, il la lit ou la chante, tantôt haut, tantôt à voix basse ; de cette façon dit-il, je me console.

556. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Mme de Caylus et de ce qu’on appelle Urbanité. » pp. 56-77

Une fois revenue à Versailles, on la voit, dans ses lettres (ou plutôt ses courts billets écrits d’une chambre à l’autre), déployer tout ce qu’elle a de grâce et de gentillesse pour fléchir sa tante, pour l’amuser et l’égayer. […] Voici une des plus jolies lettres, où elle parle d’elle-même sous le nom de la petite nièce, et où elle réclame de sa tante, et sur tous les tons, la faveur de la voir un peu plus souvent : Je réfléchis sur votre semaine, et je ne la saurais trouver bien ordonnée, qu’il n’y ait un peu plus de la petite nièce : pourquoi n’en pas vouloir quelquefois avec la petite famille ? […] Il est vrai que Mme de Caylus est si parfaite, si respectueuse à la fois et si familière ; elle sait si bien la mesure qu’il faut garder en lui écrivant, le degré d’information qu’il faut tenir, les tristes nouvelles du monde, les vérités fâcheuses qu’il ne faut pas lui cacher, et celles sur lesquelles il est inutile de s’étendre ; elle sait si bien être sérieuse en courant : « Je ne vous dis rien de la beauté de vos lettres, lui écrivait Mme de Maintenon(1716) ; je vous paraîtrais flatteuse, et, à mon âge, il ne faut pas changer de caractère. » On prendrait pourtant de Mme de Caylus, si l’on s’en tenait à ses lettres, une idée un peu trop sérieuse. […] Ces lettres de Mme de Maintenonet de Mme des Ursins sont pleines de Mme de Caylus. […] Rémond dans la lettre qu’il a écrite sur Ninon (Mélanges littéraires), et il s’est armé contre lui de quelque plaisanterie de Ninon elle-même, de qui Rémond se prétendait l’élève.

557. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Condorcet, nouvelle édition, avec l’éloge de Condorcet, par M. Arago. (12 vol. — 1847-1849.) » pp. 336-359

Il y a parfois de l’esprit dans ces lettres, mais un ton en général commun, et même grossier dans la plaisanterie. Tout ce qui n’est pas de l’avis et du bord de celui qui écrit, est vite appelé canaille en toutes lettres. […] On peut lire, dans le numéro du 5 juillet 1792, une lettre de M. Pastoret à Condorcet, lettre des plus vives, et qui prouve du moins que les analyses que ce dernier publiait des séances de l’Assemblée n’étaient pas faites pour y entretenir l’union. […] Que ces personnes prennent la peine d’ouvrir la Chronique de Paris aux dates indiquées, et elles y verront tous ces articles signés en toutes lettres de son nom.

558. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1881 » pp. 132-169

» * * * — Littré, à une demande de renseignements historiques, que lui adressait Renan, lui répondait par une lettre, où il le suppliait de le laisser tranquille, dans cette belle et désolée phrase : « J’ai le droit de passer pour mort !  […] D’abord une matinée paresseuse occupée par des cigarettes, la rédaction de lettres pressées, la correction d’épreuves, et au bout de cela le retournement de mon plan, que je fais danser sur la table. […] Et rien ne pouvait calmer la désespérance du mourant, ni l’absolution qu’il avait reçue, ni les lettres scellées d’absolution, qui lui furent envoyées de l’évêché ; il n’avait foi qu’en la présence de l’évêque, et en l’absolution donnée par lui seul — et l’évêque n’arriva que lorsqu’il était mort. […] J’étais brouillé avec lui… Mais enfin il a été mon compagnon de lettres, pendant des années, et il avait la séduction d’une haute intelligence. […] Vendredi 4 novembre C’est curieux tout le bruit qu’on peut faire à Paris, avec la non-perception de ce bruit, et dans le silence des journaux, des lettres, de tout !

559. (1920) Action, n° 4, juillet 1920, Extraits

Une farce héroïque était née où dans un décor montmartrois la Jeunesse des Lettres et la Vétusté académique s’affrontaient. […] C’est dans ce paysage de toute aménité, créé pour aiguiser et raffiner les émotions, que je reçus une lettre d’Apollinaire. […] Dans le fracas du moment, j’entends à peine une nouvelle funèbre, pourtant plus importante aux Lettres que le sort d’une province ou le montant d’une indemnité. […] Fernand Vandérem, dans Le Miroir des lettres, résume en 1919 la polémique dont le livre a été l’objet : « On l’accusa de faire le jeu de l’ennemi. […] Adversaires et partisans se disputaient cependant le livre qui atteignit ainsi près du trois centième mille. », Fernand Vandérem, Le Miroir des lettres, 2e série (1919), op. cit.

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