Mais c’est déjà beaucoup d’avoir reçu le don et le rayon à une certaine heure, d’avoir atteint d’un jet lumineux, ne fut-ce que deux et trois fois, les sphères étoilées, et d’avoir inscrit son nom, en langues de feu, parmi les plus hauts, sur la coupole idéale de l’art.
. — Par cette réduction, les deux idiomes, celui de la conscience et celui des sens, dans lesquels nous lisons le grand livre de la nature, se réduiraient à un seul ; le texte mutilé et la traduction interlinéaire mutilée, qui se suppléent mutuellement, seraient une seule et même langue, écrite avec des caractères différents, dans le prétendu texte avec des caractères plus compliqués, dans la prétendue traduction avec des caractères plus simples, et le lien qui réunit la traduction et le texte serait fourni par le rapport découvert entre notre idée du mouvement et la sensation musculaire de locomotion, qui fournit à cette idée ses éléments. — Cela admis, on pourrait embrasser la nature par une vue d’ensemble.
Un organe semblable à la langue lui sert à rassembler les sucs de ces fleurs et elle les emporte.
Comme langue, rien ne contribua plus à le former au travail difficile de parodier un siècle dans un autre siècle.
Après ce premier coup d’œil, je montai au premier étage avec le domestique, dont la langue était toujours en mouvement.
Je montai l’escalier dans un trouble extraordinaire, sans pouvoir remuer la langue pour répondre, tant j’éprouvais d’horreur contre ma bêtise.
Notre langue nationale, devenue inexprimablement riche, apte à tout traduire, se fait l’expression supérieure de toutes ces tendances éparses.
Ces deux langues-là sont faciles à comprendre.
Il en est ainsi des transformations du prince Pierre, de la mort somptueuse et harcelée du vieux prince Besoukhof, de toute la vie seigneuriale et familiale des Rostow, et si l’on veut surprendre nettement ces alternatives d’abandon et d’ardeur, qui dans la pauvreté de langue de la traduction constituent le style, le style parfois magnifique de Tolstoï, que l’on prenne la suite de chapitres où se prolonge, où s’exalte l’agonie du prince André, le ventre déchiré d’un biscaïen à Borodino, on y verra de quel singulier art l’écrivain sait relever la narration des faits, de ces phrases grandioses et lourdes de sens qui désignent comme jamais il ne le fut le mystère d’un homme défaillant et mourant entre les mains tièdes d’êtres qui vivent.
Aigues-Mortes et ses remparts d’un autre temps, métonymie de l’attitude barrésienne, est une coquille qu’on essaie vainement de sauver de la ruine au nom du style et de la langue française, le rempart dérisoire et fragileh qui figure l’enfermement égotiste de l’auteur dans son « culte du moi ».
C’est à l’image de ce développement une fois effectué que nous empruntons nécessairement les termes destinés à rendre l’état d’une âme qui ne l’aurait point effectué encore : ces termes sont donc entachés d’un vice originel, et la représentation d’une multiplicité sans rapport avec le nombre ou l’espace, quoique claire pour une pensée qui rentre en elle-même et s’abstrait, ne saurait se traduire dans la langue du sens commun.
Racine et Despréaux ont vu leur gloire usée, Et par des écoliers leur langue méprisée. […] Enfin sachez frapper le dernier coup de l’art : Que de tous ses rayons Phébus vous illumine ; Et, faute d’égaler la langue de Racine, Osez ressusciter le jargon de Ronsard.
En effet, il paraissait, brandissant sa terrible canne, marchant dans l’herbe à grandes enjambées et m’invectivant, dans la langue pittoresque de la Gascogne, d’où il était. […] Les yeux écarquillés, je regardais, avec stupéfaction, cette vieille figure, anguleuse et noire, comme cuite au soleil du Midi, éclairée par les mèches blanches et les dents saines ; agréable malgré sa laideur, si gaie, si bonne aussi, et qui parlait avec une volubilité si drôle, en une langue incompréhensible. […] Je crus devoir ajouter une réflexion sur la qualité du sel, que l’on me mit sur la langue, et dont je voulais bien encore un peu.
Lorsque Dieu a parlé dans le temps, il a parlé la langue de l’homme et du temps.
Voltaire ne savait point le grec, et savait médiocrement le latin, comme tous les jeunes gens qui se hâtent, au sortir du collège, de se jeter dans le métier d’auteur : Racine, au contraire, était très savant dans ces deux langues ; et quand la différence de leur éducation et de leur caractère ne confirmerait pas cette assertion, il suffit de les entendre tous les deux parler des anciens pour juger que Racine les aime et les connaît à fond, tandis que Voltaire s’en moque ou n’en parle que par ouï-dire. […] Dans cette lettre, on le gronde très sérieusement d’avoir flatté, outre mesure, Maffei et sa Mérope ; on fait une satire amère de la pièce italienne ; on en cite avec malice les endroits les plus choquants pour nos mœurs ; on verse le ridicule à pleines mains sur des naïvetés que la langue et les mœurs du pays rendent très excusables ; et l’on conclut de tout cela que le poète français n’a pas pu tirer un grand parti de cet amas d’absurdités, qu’il ne doit presque rien à Maffei, et qu’il lui a fait en le pillant beaucoup d’honneur. […] Les Italiens sont naturellement polis et flatteurs ; leur langue est la plus abondante en compliments et en formules d’éloges : les prélats romains accablaient Voltaire des plus fastueuses épithètes ; ils épuisaient, pour le glorifier, toutes les ressources de l’hyperbole.
Elle passe sa vie dans la haute société hollandaise, ses étés à la campagne, à Voorn, à Heer, à Arnhem ; elle écrit à sa mère toujours en français, et du plus leste : c’est sa vraie langue de nourrice.
Elle n’avait que dix-huit ans quand elle périt, et déjà son nom était célèbre par sa profonde connaissance des langues anciennes et modernes ; on a des lettres d’elle en Latin et en Grec qui supposent des facultés bien rares à son âge.
Cet ouvrage, que je fabriquai dans l’atelier d’un certain François Salimberi, me donna une grande réputation ; et comme la fureur qu’avait mon père de me faire jouer de la flûte m’avait mis en colère contre lui, je dis un jour à un jeune homme de mes amis, nommé Jean-Baptiste dit le Tasse, graveur en bois : Tu as plus de langue que de cœur.
Cela n’a qu’un défaut : l’homme y manque ; l’homme est le plus grand sujet d’intérêt de toute langue.
Macpherson ne répondit que par le dépôt des manuscrits ; Césarotti, intéressé plus que personne à vérifier les titres de sa gloire, publia en 1807, ses discours critiques sur l’authenticité des chants d’Ossian : « Un poëte, dit-il, qui sous le nom d’Ossian, a su se rendre célèbre et immortel comme un homme de génie, n’aurait-il pas d’abord donné dans sa langue usuelle des essais éclatants de son mérite poétique ?
La langue qu’ils parlent évite à la fois la grâce et la passion : qui songerait à s’imaginer l’homme dans le savant ?
… Vous avez le masculin et le féminin dans votre langue… je le comprends pour l’homme et la femme… mais pour les choses inanimées. » Et il me montre un bol : « Pourquoi ceci est-il masculin ?
Des étrangers, conversant entre eux dans une langue que nous ne comprenons point, nous font l’effet de parler très haut, parce que leurs paroles, n’évoquant plus d’idées dans notre esprit, éclatent au milieu d’une espèce de silence intellectuel, et accaparent notre attention comme le tic-tac d’une montre pendant la nuit.
Mais, encore une fois, on ne peut s’exprimer mathématiquement que dans l’hypothèse d’un système privilégié, même quand on a commencé par poser la réciprocité ; et le physicien, se sentant quitte envers l’hypothèse de la réciprocité une fois qu’il lui a rendu hommage en choisissant comme il le voulait son système de référence, l’abandonne au philosophe et s’exprimera désormais dans la langue du système privilégié.