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1381. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Crétineau-Joly » pp. 247-262

Mais on croit rêver bien plus encore quand (toujours dans les récits sans laissés de l’abbé Maynard) on le voit jouer avec S. 

1382. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame de Sabran et le chevalier de Boufflers »

dans la passion qui casse presque toujours son instrument ou sa voix parce qu’elle joue ou chante trop fort !

1383. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XVI. Buffon »

Sachant le prix du temps, le prix de tout, planant sur les préoccupations de son âme et les distractions de la vie, ne permettant pas à ces distractions d’emporter jamais sa pensée hors de l’atmosphère où, sans effort, il la maintenait, Buffon, comme Rousseau, ne jouait pas au hibou de Minerve.

1384. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXX. Saint Anselme de Cantorbéry »

Cousin, avec son ardente sensibilité et l’éclat chaleureux de son esprit, recevait l’impression de la pensée allemande, comme une cire bouillante et splendide reçoit l’empreinte dans laquelle jouera la lumière, tandis que M. de Rémusat la gardait comme une cire pâle et tiède, sans cohésion et sans solidité.

1385. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXXI. Sainte Térèse »

Non, on ne comprend plus, si l’on veut faire l’entendu à la manière humaine, si on la tire hors de son nimbe, cette tête divinement incompréhensible qui doit y rester, et qui se joue, de là, de l’observation scientifique et des proportions naturelles.

1386. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Christophe »

L’esprit corporatif peut jouer de ces tours aux plus fermes esprits !

1387. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « E. Caro »

Trop péremptoirement opposé à la pensée hégélienne pour ne pas poursuivre et traquer partout cette pensée qui, si elle est quelque chose, n’est que la théorie du néant dans sa laborieuse et ténébreuse vacuité, Caro, pourtant, ne la voit pas seule rayonner dans les systèmes contemporains : « Kant, — dit-il avec une rancune légitime, — a inspiré la première défiance contre la métaphysique, c’est-à-dire contre les croyances qui dépassent les choses d’expérience. » Il n’oublie donc pas Kant, il n’oublie personne, pas même les poètes, pas même Goethe, pas même Heine, le Turlupin de génie, dans cette histoire des influences qui jouent pour l’heure sur la raison et l’imagination du monde.

1388. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Achille du Clésieux »

si l’azur de la mer où joue cette vague n’en est pas troublé !

1389. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « André Chénier »

Cette flûte d’Alcibiade dont avait joué Chénier, qui, comme Alcibiade, ne l’avait par jetée aux fontaines, mais dans le sang qui noyait la France ; cette flûte, plus enchantée que celle de Mozart, avait tellement pris les oreilles et l’imagination charmées, que de ce ravissant Chénier on n’avait pas, tout d’abord, entendu autre chose… et que Barbier fut regardé par tous comme le seul Archiloque de la France, tandis qu’il y en avait deux, et qu’il n’était que le second.

1390. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Agrippa d’Aubigné »

Il fut troué dix-sept fois à la poitrine, et il aurait pu y être troué quarante, au jeu qu’il jouait, à cette époque inouïe où tous les hommes, jusqu’aux pâles mignons, semblaient amoureux de la mort, et, comme des valets dans les bras de leurs maîtresses, faisaient les insolents avec elle !

1391. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Hector de Saint-Maur »

De temps en temps, une Revue, à laquelle il faut rendre cette justice qu’elle n’a pas cessé d’être littéraire quand la littérature véritable, la littérature désintéressée n’avait pas une pierre pour reposer sa tête, L’Artiste, publiait des vers charmants à faire presque croire qu’Alfred de Musset vivait toujours… Ces vers, qui, d’ailleurs, ne jouaient ni au pastiche, ni au mystère, ces vers sincères, étaient sincèrement signés de ce nom euphonique de Saint-Maur, qui, du moins, n’écorchera pas la bouche de la gloire, si cette renchérie se donne la peine de le prononcer !

1392. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Arsène Houssaye » pp. 271-286

Les hommes ne disent tant de mal de l’hypocrisie que parce qu’elle blesse leur amour-propre en se jouant d’eux, et qu’ils ne veulent pas être joués, les orgueilleux !

1393. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Edmond About » pp. 91-105

En France, nous aimons, avant tout, tout ce qui est facile, ce qui fait jouer l’esprit au lieu de le faire s’efforcer ; et, nous l’avons dit, l’auteur de Germaine a une qualité dont il doit mourir, la facilité.

1394. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Francis Wey »

… dans une langue sans mollesse et sans morbidesse, dans une langue nette et forte, une langue de linguiste ferré, presque cuivrée tant elle vibre bien, mais assouplie comme les sons roulés dans les spirales d’un cor qui jouerait une partie de flûte !

1395. (1868) Curiosités esthétiques « VIII. Quelques caricaturistes étrangers » pp. 421-436

La lumière et les ténèbres se jouent à travers toutes ces grotesques horreurs.

1396. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XVI. Des sophistes grecs ; du genre de leur éloquence et de leurs éloges ; panégyriques depuis Trajan jusqu’à Dioclétien. »

Tandis que dans Rome Tacite écrivait l’histoire, que Pline célébrait Trajan, que Quintilien professait l’éloquence, que Martial cultivait la poésie légère, que Stace chantait les héros, et Juvénal, ardent et sombre, poursuivait, avec le glaive de la satire, les crimes des Romains, à l’autre extrémité de l’empire, dans l’Ionie, la Grèce et une partie de l’Asie, les orateurs grecs, qu’on nommait sophistes, jouaient le plus grand rôle, et remplissaient quelquefois de l’admiration de leur nom les villes et les provinces ; ce qui les distinguait, c’était l’art de parler sur-le-champ avec la plus grande facilité.

1397. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXI. De Mascaron et de Bossuet. »

Il ne s’aperçoit ni qu’il s’élève, ni qu’il s’abaisse ; et dans sa négligence, jointe à sa grandeur, il semble se jouer même de l’admiration qu’il inspire.

1398. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre IV. »

La poésie morale, ce correctif de toutes les autres, qui d’abord semblait réduite au mètre élégiaque de Théognis, se joua dans des rhythmes divers et parcourut toutes les cordes de la lyre.

1399. (1889) Derniers essais de critique et d’histoire

Aux jours de fête, à la promenade ou dans le lit du Mançanarès, on les voit causer noblement en buvant de l’eau, et jouer de la guitare ou de la harpe. […] Il y a je ne sais quoi de magnifique et de singulier tout ensemble, de royal et pourtant d’accessible, dans cette disposition, qui permet à l’air et au regard de jouer librement entre ces admirables corps de colonne ; ce n’est pas une garde, c’est un cortège d’honneur. […] Elle les a tolérées, faute de sifflets pour leur imposer silence, en haussant les épaules, en bouchant ses oreilles, avec un mécontentement si fort, qu’à partir de ce moment l’opposition s’est refaite, et que l’empereur a senti le sol se dérober sous lui ; c’est alors qu’il a joué son va-tout. […] Grave, digne, posé dans sa cravate, quand il faisait une visite académique ou improvisait un discours public, ses façons étaient irréprochables ; cependant, en sourdine, la serinette d’arrière-plan jouait un air comique qui tournait en ridicule l’orateur et les auditeurs. […] Vingt ou trente figures et situation typiques sont, pour ces grands joueurs d’échecs, les pièces et les pions d’un échiquier mental sur lequel ils manœuvrent d’avance, afin de choisir, entre plusieurs combinaisons possibles, le coup qu’ils vont jouer en fait sur l’échiquier réel. — Mallet du Pan n’a pas joué ; il ne donnait que des conseils ; il expliquait aux joueurs les vicissitudes et les probabilités de la partie ; mais nul n’a si bien démontré la marche des grosses pièces et surtout la marche des pions.

1400. (1896) Les idées en marche pp. 1-385

Il se joue en lui un de ces drames intimes auprès desquels Ibsen paraît pâle. […] Aussi faut-il lire Ibsen attentivement avant de le voir jouer, puis le relire, puis le revoir. […] Un simple thème où se joueront tant de qualités primesautières. […] Les perfections de l’âme et du corps se jouent au chaud soleil sur les amples terrasses, lourdes de fruits et de belles nudités. […] Il se joue aussi chez les clairvoyants, mais il s’y complique d’hypocrisie.

1401. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

Détaché des croyances surnaturelles, initié aux merveilles de la Philologie par d’excellents prêtres qui jouaient avec l’exégèse comme les enfants jouent avec le feu, il crut invinciblement à la puissance de l’esprit humain. […] Pour beaucoup de gens, la vie n’est plus qu’un méchant bout de rôle, à jouer avec des comparses médiocres, entre deux coulisses mystérieuses. […] Il prit tout bonnement l’alexandrin de nos pères, l’hexamètre classique, et ne désespéra point de jouer, sur ce vieil instrument, des airs nouveaux. […] Ceux qu’il dépouille cruellement, en imputent la faute à eux-mêmes, non à lui. « J’ai mal joué », disent-ils. […] Pardonnons aux femmes laides, et remercions ces bonnes créatures de jouer, pour aviver nos plaisirs, le rôle ingrat de repoussoirs.

1402. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion statique »

Elle régit les actes qu’on accomplit avec la matière pour instrument ; ou joue et l’on vit la croyance qui on a en elle ; a quoi servirait de la traduire en mots et d’en expliciter l’idée ? […] La vérité est qu’elle vise l’action, et que si l’on trouve réellement chez les non-civilisés quelque philosophie, celle-ci doit être jouée plutôt que pensée ; elle est impliquée dans tout un ensemble d’opérations utiles, ou jugées telles ; elle ne s’en dégage, elle ne s’exprime par des mots — nécessairement vagues d’ailleurs — que pour la commodité de l’action. […] Nous parlions du rôle qu’elle joua chez les Grecs : après avoir été leur religion primitive, autant qu’on en peut juger par la civilisation mycénienne, elle resta religion populaire. […] On dira que la pièce est jouée par des acteurs, qu’il y a sur la scène des hommes en chair et en os. […] On s’en fût convaincu tout de suite, en considérant que les sociétés humaines, à l’extrémité d’une des grandes lignes de l’évolution biologique, font pendant aux sociétés animales les plus parfaites, situées à l’extrémité de l’autre grande ligne, et que la fonction fabulatrice, sans être un instinct, joue dans les sociétés humaines un rôle symétrique de celui de l’instinct dans ces sociétés animales.

1403. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Jean-Jacques Ampère »

L’idée d’avoir un fils poète, dont une belle tragédie serait jouée et applaudie au Théâtre-Français et qui viendrait prendre place à la suite dans le cortège de nos grands classiques, flattait son amour-propre paternel. […] Viennet ; il disait quelquefois en riant : « Si l’on voulait me jouer un mauvais tour, ce serait d’en mettre une en répétition. » Mais il ne riait qu’à demi en disant cela, et il n’eût peut-être pas été très-fâché que l’idée en vînt à d’autres. […] Entre son fils, sa belle-fille, ses deux petits-enfants qui jouent avec lui, il cause sur les sujets les plus élevés. […] En outre l’écriture (et vous, monsieur, qui connaissez la mienne, en savez quelque chose) peut être difficile à lire, et donner lieu à diverses méprises ; c’est par là que je m’explique la plaisanterie qui termine le fragment en question, et qui aura été aussi inintelligible pour vos lecteurs que pour moi ; j’en suis encore à chercher ce que j’aurais pu vouloir dire en prétendant sérieusement qu’ailleurs que chez les Hottentots on ne sût pas ce que c’était qu’un secrétaire… » Ampère va trop loin : il avait bien réellement fait la plaisanterie, et chercher ensuite à donner le change en insinuant qu’il a dû y avoir une faute d’impression, c’est compter sur trop de complaisance de notre part, et de la sienne c’est se jouer un peu de la vérité.

1404. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DAUNOU (Cours d’Études historiques.) » pp. 273-362

Il lisait Tacite seul, il relut tout Juvénal avec Dusaulx, aux moments où celui-ci (grand joueur, et qui avait écrit contre la passion du jeu) ne jouait pas au bouchon avec le marquis de ***. […] La seule conclusion que je veuille tirer de pareils traits d’originalité naïve, c’est que, même en ces années de familiarité et de liberté, où il jouait un grand personnage public et où il voyait le plus de monde ; même quand il était le parrain désigné de toutes les Constitutions, filles de celles de l’an III, quand il allait par delà les monts, en qualité de commissaire, organiser la république romaine et y rétablir les comices et les consuls, Daunou n’aurait point mérité qu’on dit de lui, comme d’Ulysse, qu’il était un grand visiteur d’hommes. […] Habile à trouver la fibre secrète de chacun pour la faire jouer à son gré et l’adapter à ses fins, Napoléon avait été long à découvrir celle de Daunou, mais, pour le coup, il la tenait : il y avait quelque chose de plus avant que le républicain chez l’homme de l’an III, c’était le philosophe ; il y avait quelqu’un qu’il jugeait plus funeste encore que l’Empereur, c’était le Pontife. […] En 1807, Daunou, qui avait quelques places à sa désignation dans les Archives, y nomma son ami ; lorsque Napoléon dut ratifier le choix, il le fit en disant : « Voilà un tour que Daunou m’a joué. » A partir de cette date, ou plutôt même depuis 1799, Chénier et Daunou se virent presque tous les jours, et ils eurent l’un sur l’autre une réciproque et salutaire influence.

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