C’est ainsi enfin qu’un homme, de bien plus de talent vrai que tous ces faux monnayeurs de ce qu’ils appellent l’idée, et de bien plus de style que tous ces frappeurs de mensonges à l’effigie de la vérité ; c’est ainsi que Victor Hugo, jeté sur son île solitaire, et à qui les latitudes de l’espace, la liberté de l’étendue, la complaisance du vide, les ondulations de l’Océan, les orages, les bruits, les écumes, les senteurs âpres des vagues ont porté à la tête, agrandi les horizons, creusé les aperçus, donné souvent le sublime, quelquefois le vertige, attendri l’âme jusqu’à la sensibilité maladive du mal universel, et fait du cœur d’un poète le grand muscle sympathique universel de l’humanité souffrante ; c’est ainsi, disons-nous en fermant ce livre, que notre ami a pleuré ses larmes de colère sur son Patmos de l’Océan, et que ce saint Jean du peuple a cru écrire pour le peuple en écrivant en réalité contre lui ! […] L’enfant-roi, sortant du sépulcre où on l’a jeté à la fosse commune, secoue son linceul et, rappelant ses souvenirs confus, s’écrie en revoyant la terre : Où donc ai-je régné ? […] hâtons-nous, lui dis-je, de nous y jeter, et que quelques-uns de vos amis en disputent un moment l’entrée à la foule : pendant ce temps-là, nous gagnerons plus facilement l’issue la plus voisine de la place Royale, et, une fois arrivés là, protégés par la galerie étroite et longue, j’atteindrai le numéro 6, au fond de la voûte qu’habite Hugo, et j’irai lui demander asile contre cet assaut de l’enthousiasme. […] J’ai besoin de revoir ce que j’ai combattu, De jeter sur l’impie un dernier anathème, De te dire, à toi, que je t’aime, Et de chanter encore un hymne à la vertu ! […] Poëte, j’eus toujours un chant pour les poëtes ; Et jamais le laurier qui pare d’autres têtes Ne jeta d’ombre sur mon front !
« Si, disions-nous, la poésie ne faisait pas entendre aujourd’hui ce concert de douleur qui annonce le besoin d’une régénération sociale ; si elle ne jetait pas ainsi, dans toutes les âmes capables de la sentir, le premier germe de cette régénération ; si elle ne versait pas dans ces âmes, avec la douleur de ce qui est, le désir de ce qui doit être, elle ne serait pas, ce qu’elle a toujours été, prophétique. » Poursuivant partout ce caractère de la poésie de notre temps, nous le montrions jusque chez les écrivains qui alors affectaient le calme d’artistes heureux, satisfaits du présent et des dons accordés par le ciel à leur génie, ou qui se rattachaient à un passé qui a été grand, mais qui ne peut plus être. […] Ils ont cédé à l’esprit du siècle, ils ont rendu les armes, ils ont jeté le masque, et on a vu de plus en plus les traces du vautour qu’ils voulaient nous cacher. […] Trente ans de lacune se trouvent ainsi jetés entre Goethe et ses rivaux. […] Mais c’est une erreur de s’imaginer que Goethe ne relève que de son pays : le développement de Goethe appartient à la France comme à l’Allemagne, Il suffit de jeter les yeux sur ses Mémoires pour en être convaincu. […] Ne voyez-vous pas que le volcan n’a pas jeté toutes ses flammes, et que cette forme religieuse et sociale que le Christianisme protestant a revêtue doit disparaître à son tour ?
Je me jette à sa suite. […] Dans la rue quelques gamins à la tête gouailleuse de blagueurs de paradis, mêlés à de misérables filles qui raccrochent en bonnet et en pèlerine noire jetée sur une robe de coton. […] Je vois la tombe d’un fils, que le père a eu l’idée d’entourer de deux étages de sonnettes percées de petits trous, qui doivent, par les grands vents, bercer le mort de leur musique éolienne… C’est beau tout de même cette nécropole polonaise, sur laquelle toutes ces âmes, veuves de la patrie, ont jeté ce cri posthume : Exoriatur nostris ex ossibus ultor … Puis le marquis de Bouillé à côté d’Alcide Tousez, les jeux de la Mort et du Hasard. […] Je me souviens avoir hésité, trois secondes, à me jeter dans la rivière au bout du parc, pour n’être pas pris. […] * * * — Physionomie originale d’un petit vieillard qui, en entrant à la Taverne anglaise, jette sur une chaise un manteau doublé d’un tartan écossais à carreaux rouges et noirs : une grosse tête renflée aux tempes, un front extraordinairement bombé avec un rentrant fait comme par un coup de marteau au-dessus du nez.
L… consentit à jeter le voile de l’oubli sur cet incident. […] P… s’empare du chapeau, le jette dans la rivière sans être aperçu, et se met à pousser des cris qui, en un clin d’œil, attirent un groupe de curieux vers les parapets. […] — Alors, répondit une voix de femme, retire au moins la bougie, sans cela je ne verrai pas clair pour te jeter la soupière à la tête. […] Des phénomènes étranges se produisent chaque jour, et jettent la perturbation au sein de l’Académie des sciences. […] Mais ne serait-il pas temps d’en finir avec ce reproche banal qu’on jette à toutes les œuvres qui s’inspirent un peu vivement des mœurs de leur époque ?
Entre les excès dans lesquels il se jeta, je vous demande si vous apercevez ce juste milieu où se tient le raisonnable et le vrai : sont-ce les idées de ce professeur que je dois préférer à la force de la vérité ? […] Il se jette impétueusement au milieu de son action, et rappelle avec art, dans la suite de ses chants, les circonstances qui précédèrent la naissance de l’homme. […] Sans doute un peu de prévention en faveur de son Homère national, qu’il voulait placer au-dessus de tous les anciens et de tous les modernes, l’a jeté un moment dans l’erreur. […] L’un de nos meilleurs lyriques, Lebrunw, combattit la vogue d’Ossian par une ode exquise, dont la lecture jettera sur ce sujet plus de clarté que mes faibles discours. […] Le dernier vers jette une grande lucidité sur les préceptes contenus dans ceux qui le précèdent.
Molière : sa vie L’œuvre de Molière est objective et impersonnelle : on ne saurait se dispenser pourtant de jeter un coup d’œil sur sa vie, qui nous aide à comprendre comment ses comédies offrent un si solide fond d’observation morale. […] Mais à peine est-il sorti de cette bagarre, que le Tartufe soulève tous les dévots, vrais et faux, jésuites et jansénistes, chrétiens rigoristes et auteurs jaloux : par le Don Juan, Molière jette imprudemment de l’huile sur le feu. […] Georges Dandin reste en face de sa femme : toute la différence entre le dénouement et l’exposition, c’est qu’il a un peu plus envie d’aller se jeter à la rivière. […] Et, dès lors, le charme tour à tour plaisant et douloureux de la comédie est dans l’ajustement des deux rôles, dans le jeu de la fine et sèche coquette contre l’ardent et loyal amant, tour à tour grondant et trompé, clairvoyant et dompté, jusqu’à ce qu’un dernier coup semble le jeter hors du joug. […] Il jettera là-dessus son intarissable gaieté, ses mots imprévus, d’une fantaisie extraordinaire, ses couplets éclatants de chaude couleur et de verve pittoresque.
Si donc la poésie ne faisait pas entendre aujourd’hui ce concert de douleur qui annonce le besoin d’une régénération sociale, et si en même temps elle ne jetait pas déjà, dans toutes les âmes capables de la sentir, le germe de cette régénération ; si elle n’y versait pas, avec la douleur de ce qui est, le désir de ce qui doit être ; en un mot si elle n’était pas, ce qu’elle a toujours été, prophétique, nous aurions tort de représenter l’état actuel de la société comme une crise qui doit enfanter une société nouvelle. […] Or c’est là précisément ce que donnent les religions : elles jettent le pont entre nous et les autres hommes, entre l’Humanité et Dieu. […] Qu’on voie dans cette poésie chrétienne le bruit qui accompagne la chute de tout ce qui s’écroule, le dernier soupir d’un mourant, les vives clartés que jette une lumière qui s’éteint, ou, si l’on veut, le dernier chant du cygne, je le conçois : mais y voir la vie, c’est-à-dire à la fois la vie du Christianisme et la vie du poète, une foi véritable, une communion de l’un avec l’autre, comme le doux repos de l’enfant dans les bras et sous les baisers de sa mère, ou comme la conversation d’un ami avec son ami, voilà ce que je ne puis admettre. […] Ainsi ils arrivent tous deux au même vide et au même néant, par des routes diverses : : l’un par la contemplation de la vie universelle, l’autre par la contemplation de la vie dans ses formes particulières : l’un ne voyant que la vie générale, l’infini, l’absolu, l’éternel, Dieu enfin, sans l’Humanité, et en Dieu même une œuvre de génération et de destruction perpétuelle, sans but et sans résultat ; l’autre ne voyant que des êtres jetés dans l’espace et le temps, sans lien, l’Humanité sans Dieu, et dans l’Humanité même des forces isolées, des phénomènes transitoires, des générations sans succession, des hommes enfin sans vie humanitaire, une Humanité sans but et sans résultat. […] Quittant la terre, et n’ayant qu’un Christianisme incertain, sans dogmes, sans tradition, sans but providentiel pour l’Humanité, elle ne jette pas le pont entre l’homme et l’homme, l’Humanité et Dieu ; elle ne console pas, et n’excite pas à l’activité ; elle ne fait pas couler la vie du petit monde en harmonie avec celle du grand monde : au contraire, elle la refoule dans son cours, et ne l’agite si profondément que pour accumuler ses vagues sur notre cœur, qui s’v noie. » Et nous dirions à l’autre : « Pourquoi cette apparence de calme religieux avec une pensée sceptique et incrédule, ce culte idolâtre du passé avec un cœur bouillant d’avenir ?
À peine jetée sur l’eau, la petite chemise s’est soulevée. » Plus tard, chaque fois que je la rencontrais, ses yeux étincelaient : « Oh ! […] Il y a dans le pays de Goëlo ou d’Avaugour, sur le Trieux, un endroit que l’on appelle le Lédano, parce que, là, le Trieux s’élargit et forme une lagune avant de se jeter dans la mer. […] Ils faisaient chauffer les écus dans un poêlon, puis les jetaient dans la rue, riant aux éclats des efforts de la canaille pour s’en saisir. […] Je fis comme tout le monde ; mais ton père en jeta plusieurs sur le haut de la grande armoire. « Ceux-là sont trop jolis », me dit-il. […] S’il eût continué, cela eût mal tourné, les enfants lui eussent jeté des pierres.
Le boulevard, qui n’est maintenant qu’une voie de communication attendant l’énorme affluent du boulevard Haussmann pour aller se jeter avec lui dans les faubourgs, était alors un lieu assez familier, une espèce de promenade qui ne différait de celle de l’Orme du Mail que par la qualité des habitués et le ton de la conversation ; mais c’étaient tout de même des habitués qui venaient là à des heures régulières et qui s’entretenaient des choses de la ville. […] Je serais tenté de vous citer trop de noms, un Emmanuel Arène, foudroyé comme il arrivait au sommet de son talent et de sa carrière, d’autres, au contraire, bien vivants, bien campés, Adrien Bernheim, qui n’avait pas encore tout à fait un an de théâtre, ou Pierre Decourcelle que le krack de l’Union générale venait de jeter de la Bourse au boulevard et au journalisme, le mettant sur la voie qui devait le conduire à la présidence de la Société des auteurs. […] Il est interwievé mille fois ; on se jette sur sa personne. […] Ce n’est point l’éloge des lettrés qui fera la gloire de l’auteur, mais les lorgnettes et les éventails des femmes jetés dans l’arène comme à une course de taureau. […] Ils essayent de jeter le ridicule sur le nom même du progrès.
Tout gentilhomme qu’il est, Montluc sent l’importance croissante de l’infanterie, et, dès qu’il le peut, il se jette parmi les gens de pied. […] Deux trous furent pratiqués à la muraille, et Montluc aussitôt se jeta dans l’un tête baissée : « Dieu me donna (alors), dit-il, ce que je lui avais toujours demandé, qui était de me trouver à un assaut pour y entrer le premier ou mourir. » Ce dernier vœu faillit se vérifier ; ses soldats, assaillis d’une grêle de pierres, ne purent le suivre, et n’eurent d’autre moyen de le secourir que de le tirer dehors par les jambes, quand, blessé et renversé à terre, il eut à faire sa retraite à reculons ; mais ils ne le tirèrent pas si bien que, roulant de haut en bas jusqu’au fond du fossé, son bras ne se rompît en deux endroits : « Ô mes compagnons ! […] Il avoue ses opiniâtretés, ses colères, qui sentent le cheval de sang et de race : « Il ne me fallait guère piquer pour me faire partir de la main. » Quelquefois aussi, chez lui, c’était méthode et tactique ; on le verra user de sa réputation terrible pour obtenir de prompts et merveilleux résultats : ainsi, à Casal, ville presque ouverte, où il se jette (1552) pour la défendre, et où il lui fallut improviser des fortifications et de grands travaux de terrassement en peu de jours, il donnera ordre à tout son monde, tant capitaines, soldats, pionniers, qu’hommes et femmes de la ville, d’avoir dès le point du jour la main à l’ouvrage « sous peine de la vie » ; et, pour mieux les persuader, il fit dresser des potences (dont sans doute cette fois on n’eut pas à se servir) : « J’avais, dit-il, et ai toujours eu un peu mauvais bruit de faire jouer de la corde, tellement qu’il n’y avait homme petit ni grand, qui ne craignît mes complexions et mes humeurs de Gascogne. » Et en revanche, sans se fier plus qu’il ne faut à l’intimidation, il allait lui-même, sur tous les points, faisant sa ronde jour et nuit, reconnaissant les lieux, « encourageant cependant tout le monde au travail, caressant petits et grands. » Ces jours-là, où il était maître de lui-même, il savait donc gouverner les esprits autant par les bons procédés que par la crainte, et il s’entendait à caresser non moins qu’à menacer.
C’est toujours Galatée qui vous jette une seule pomme d’or, et qui s’enfuit en se faisant désirer. […] On m’arracherait plutôt le cœur que le souvenir de vous avoir tant et si longtemps aimée. » M. de Chateaubriand a jeté une fois à son adresse, en un jour de mauvaise humeur, le mot de médiocrité : les lettres de M. de Laval nous montrent un homme d’une politesse, d’une sociabilité parfaites, et dont le cœur n’était pas médiocre à sentir l’amitié. […] Mme Récamier, le voyant, depuis sa rentrée aux affaires et son triomphe de la guerre d’Espagne, plus ardent, plus exalté et enivré que jamais, moins maniable probablement dans l’intimité, prit le parti d’aller à Rome, sur la fin de 1823 : dans son système d’amitié constante, mais d’amitié pure et non orageuse, elle jugea prudent, à cette heure critique, de s’éloigner pendant un certain temps, et de lui laisser jeter, avec ses fumées de victoire, ses derniers feux, — Mme Cornuel aurait dit, sa dernière gourme de jeunesse62.
Quoi qu’il en soit, la presse ne peut plus insérer que des jugements « à la vapeur » jetés en hâte au public parmi le flot des ordres de bourse et des télégrammes venus des quatre coins du monde. […] Ils tentent de maintenir leur fonction à la hauteur de l’essai, même dans les feuilletons morcelés que le journalisme jette pour un jour au public, même dans la hâte des comptes rendus dramatiques. […] Ils cesseraient toute communication aux journaux quotidiens pour ne pas gaspiller leur style et leur jugement en de petits articles hâtifs jetés dans le tonneau des Danaïdes de l’actualité.
Âgé de trente-cinq ans, il se tourna à cette œuvre avec le feu et la précision qu’il mettait à toute chose : de nouveaux désordres plus graves, qui survinrent dans sa santé, l’empêchèrent de l’exécuter avec suite, mais il y revenait à chaque instant dans l’intervalle de ses douleurs ; il jetait sur le papier ses idées, ses aperçus, ses éclairs. […] Mais, en admettant ce doute universel des philosophes, il ne s’effraie pas de cet état ; il le décrit avec lenteur, presque avec complaisance ; il n’est ni pressé, ni impatient, ni souffrant comme Pascal ; il n’est pas ce que Pascal dans sa recherche nous paraît tout d’abord, ce voyageur égaré qui aspire au gîte, qui, perdu sans guide dans une forêt obscure, fait mainte fois fausse route, va, revient sur ses pas, se décourage, s’assied au carrefour de la forêt, pousse des cris sans que nul lui réponde, se remet en marche avec frénésie et douleur, s’égare encore, se jette à terre et veut mourir, et n’arrive enfin qu’après avoir passé par toutes les transes et avoir poussé sa sueur de sang. […] Il est bien vrai qu’au moment où il se demande si la nature entière n’est pas un fantôme, une illusion des sens, et où, pour être logique, il se place dans cette supposition d’un doute absolu, il est bien vrai qu’il se dit : « Cet état de suspension m’étonne et m’effraie ; il me jette au-dedans de moi dans une solitude profonde et pleine d’horreur ; il me gêne, il me tient comme en l’air : il ne saurait durer, j’en conviens ; mais il est le seul état raisonnable. » Au moment où il dit cela, on sent très bien, à la manière même dont il parle et à la légèreté de l’expression, qu’il n’est pas sérieusement effrayé.
De même, notre littérature qui, sous ce règne, a jeté encore un si grand éclat a été envahie, un instant, par une génération éphémère : cette génération fut sans aïeux, elle n’a point laissé de postérité. […] Il a jeté dans l’empire de l’imagination toutes les idées et tous les sentiments qu’il devait y jeter.
qui se posa jusqu’à son dernier jour sur un trépied de Pythonisse, prête à vous le jeter à la tête, comme une cuisinière, pour peu que vous eussiez seulement contesté l’inspiration ou le trépied ! […] Alfred de Vigny, lui-même, ce cygne, s’abattit un instant, sur cette mare… Avec une vanité littéraire qui ressemblait à de l’hystérie, Mme Louise Colet, ce bas-bleu putipharéen, aux Joseph récalcitrants parmi les faiseurs d’articles — comme Sainte-Beuve, par exemple, qui n’entendit jamais à rien et qui lui jeta, à cette lamproie, son secrétaire, Octave Lacroix, pour s’en débarrasser, Mme Colet avait trop d’impétuosité dans l’amour-propre pour être habile ; mais elle n’en était pas moins intrigante au profit du talent qu’elle croyait avoir ; dévouée, corps et âme, à sa fortune littéraire et à des besoins de publicité dont aucune femme n’eut la rage au même degré qu’elle… Son ambition était d’être poëte, encore plus qu’écrivain…, mais cette femme du pays de la poésie facile, cette Phocéenne plus de Marseille que de Phocée, était, en poésie, à ses compatriotes Barthélémy et Méry, ce qu’un sureau vidé est à des flûtes. […] il n’y a non plus dans les Derniers Abbés qu’un abbé et encore qui n’est pas un prêtre, et c’est tout simplement l’homme célèbre des Souvenirs d’une Cosaque, dont pour mon compte je n’ai rien à dire ici, parce que les bas-bleus, peut-être méprisés par lui, s’en vengent, en le déshonorant… Mme Colet qui n’a que cet homme, croirait-on, pour sujet de son livre, le peint avec l’envie jaune et la haine verte qu’elle a mise ailleurs à peindre la Princesse Belgiojoso, et c’est alors qu’on reconnaît, dans ce livre, acharné contre un rival en bruit, qui l’a écrasée de sa supériorité, la gargouille inépuisable qui jette son injustice à toute face et dont les livres furent toujours ou les crachoirs de ses colères ou les bassins de ses incontinentes passions !
Le paganisme avait divinisé les énergies cosmiques ; le christianisme immatérialise son Dieu dans un ciel fictif et jette l’anathème sur la nature. […] Ce que doivent être les résultats d’une conception de cette nature, on pourrait, avant même d’avoir consulté l’histoire ou jeter les yeux autour de soi, l’imaginer facilement. […] Le magnétisme de la prière et de la foi s’est à jamais dissipé : les regrets, les mélancoliques ressouvenirs et les tendres regards jetés en arrière n’y feront rien.
La mer me jette à terre avec dégoût… Ah ! […] — Tous les sept ans, il jette l’ancre, et, pour chercher une femme, il descend à terre. […] D’ailleurs, Junon m’a jeté un regard favorable, un regard qui m’a pénétré jusqu’à l’âme. […] — Junon vous a jeté un de ses regards de vache, Bôôpis Êrê. […] Elle jette des lueurs sublimes.
Une grande pluie survint à l’improviste ; tout le clergé se dispersa pour se mettre à l’abri ; le petit Piron, resté seul, voulut faire comme les autres, et il jeta sa croix au beau milieu du ruisseau en disant : « Tiens, puisque tu as fait la sauce, bois-la ! […] Les tendres ne rêvent que Tibulle, les libertins se jettent du côté de Martial ; les uns comme les autres prennent le chemin de traverse en sortant. […] Je ne sais quel ridicule agréable que cela jetait sur sa Henriade. […] Le port de la tête est hardi ; chaque muscle de la face remue et joue ; la double fossette, creusée par l’habitude du sourire, est légèrement indiquée ; la lèvre est parlante, comme impatiente, et ne cesse de railler ; les yeux sont petits et ne regardent pas ; la peau du cou pend et flotte sans maigreur, sans mollesse, et dans la réalité de la vie ; les draperies sont largement jetées. […] De plus, le comte de Carvoisin, qui voyait les lettres de Piron, aurait pu trouver le calembour mauvais et lui jeter des pommes, comme on fait aux mauvais acteurs dans les petits théâtres.
Nul ne se jette au hasard sur plusieurs genres à la fois, ou n’est tenté d’exceller dans tous. […] L’esprit français, comme un arbre majestueux, jette toutes ses branches à la fois, et presque en même temps. […] Je ne me jetterai pas dans un vain parallèle de Racine et de Corneille ; encore moins me permettrai-je d’assigner des rangs. […] Ce sont des héros tout faits, que le poète jette au milieu d’une situation extrême, mais qu’il a créés plus forts que cette situation, et capables de s’en tirer à leur gloire. […] A la fin elle jette entre elle et lui les noms irritants de Troie et d’Hector.
Il s’entoura d’abord de tous les documents qu’il peut trouver : ce qui a fait jeter contre lui l’accusation de plagiat. […] Ensuite, quand les faits seront connus, ceux qui le croiront juste jetteront la pierre à M. […] Il lui lut le rôle, qu’elle écouta avec une émotion profonde et toujours croissante ; quand il eut fini, elle se jeta dans les bras de son mari, M. […] … Il se souvient, à la fin, de mon accueil confraternel quand il ne m’assomme qu’à moitié, et de mes critiques quand il me jette en dehors de la critique actuelle. […] Elle résiste à son cœur qui la donnerait à Goujet ; elle résiste aux circonstances qui semblent conjurées pour la jeter dans les bras de Lantier.
mais le mot saveteur n’est pas français) a repris et remanié les vieux Faust pour en faire le sien, et les a jetés on ne peut pas dire dans le moule de Shakespeare, car la forme de Shakespeare n’est pas concrète, — et c’est même là que cet incommensurable Shakespeare trouve la borne de son génie. […] Aussi quel froid ces procédés n’ont-ils pas jeté dans l’œuvre de Gœthe ! […] … Cherchez-le dans ce portrait, le Jupiter-Gœthe, le Jupiter de la convention universelle qui fit croire à sa fausse divinité jusqu’à ce moqueur d’Henri Heine, lequel, pourtant, finit un jour par casser son grand Manitou et en jeta les morceaux par la fenêtre. […] Eh bien, voyageur, il l’a été, comme il a été tout, dans les proportions de sa médiocrité naturelle, dans ces proportions chétives de curiosité enfantine ou sénile et de baguenauderie qui suffisaient à ses facultés d’érudition, lesquelles ne bouillirent ni ne jetèrent jamais par-dessus bords, mais toujours mijotèrent ! […] Monumentale de longueur, cette biographie n’en est pas moins vide de choses nouvelles, comme la tour de la Faim, remplie seulement de choses que Gœthe a jetées par tous ses écrits dans la circulation et qui courent le monde depuis longtemps.
Avant de déterminer la manière de les rendre, ne serait-il pas à propos de jeter un coup d’œil sur leurs traits les plus frappants ? […] vous vous êtes trompés. » Après avoir dit ces paroles avec une fausse douceur, il s’alla jeter, avec un zèle encore plus faux, aux pieds de son ennemi, et les lui baisant, il lui demanda pardon. […] Secondement, est-ce lorsqu’un exploit jette une famille dans la plus grande désolation, qu’une soubrette, attachée à ses maîtres, doit plaisanter avec l’huissier qui le signifie ? […] et lorsque vous jetez jusqu’à votre manteau, la présence seule du mari empêche qu’on ne crie : baissez la toile. […] , et à la suite duquel les convives, pris de vin, résolurent d’aller se jeter dans la rivière, autant pour se débarrasser, disaient-ils, d’une vie toujours orageuse, que pour avoir le plaisir de mourir ensemble.
L’institution politique qu’il produisit depuis Grégoire VII jusqu’à Léon X fut perpétuellement battue en brèche et manqua d’un ciment durable : ce qu’il réussit à jeter dans le monde, ce fut le réseau invincible entre les âmes. […] On y verra clairement jusqu’où peut aller, en aperçus ingénieux de l’avenir, la philosophie sans la foi, la sagesse sans la religion ; on se demandera quel bonheur il revient au genre humain d’une idée isolée, trouvée une fois lancée dans le monde pour le plus grand plaisir de quelques penseurs, et à laquelle toute une vie d’amour et de dévouement n’a pas été consacrée ; on admirera Lessing ; on saluera en passant, avec bienveillance et respect, la statue de marbre du sage, mais on se jettera en larmes dans les bras de Saint-Simon ; on se hâtera vers l’enceinte infinie où l’humanité nous convie par sa bouche, et où l’on conviera en lui l’humanité ; on courra aux pieds de l’autel aimant et vivant, dont il a posé, et dont il est lui-même la première pierre4.
Turquety, puis la plus haute expression de l’humanité dans la personne du pape. » Plus d’éminents poètes religieux se sont jetés de nos jours dans un christianisme vague, plus M. […] Le fond est à la voûte où tes pointes s’impriment, Ancre d’argent jetée au ciel !