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1125. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le capitaine d’Arpentigny »

« C’est à ce mouvement qu’on dut en partie la victoire… » Maintenant, qu’il déclame tant qu’il voudra contre la guerre et s’enniaise de philosophie moderne, l’homme qui a écrit cette espèce de strophe, cette phrase presque plastique, ce tableau d’un si rapide mouvement et d’une si héroïque couleur, est, avant de se donner pour un Lavater de la main, un peintre militaire indestructible qui va se trouver partout : — il n’y a qu’un moment dans l’idéal, tout à l’heure dans la réalité.

1126. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. de Lacretelle » pp. 341-357

Auguste Barbier, l’auteur des Ïambes et du Pianto, a été un de ces fleuves, bouillonnants et disparus… Mais Lamartine, l’inépuisable Lamartine n’a jamais cessé d’être le grand poète des premières Méditations ; et, jusqu’à sa dernière heure, il aurait coulé, nappe éblouissante d’une inspiration et d’une expression de la plus idéale pureté, sans la politique de son temps, dans laquelle, hélas !

1127. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Sainte Térèse » pp. 53-71

si les gens du monde, endoctrinés par les faux docteurs du cœur humain, ont vu la passion suprême dans les pages frelatées d’une religieuse de fantaisie, inventée plus ou moins pour les besoins d’un parti ou les intérêts de la vanité d’un homme, ils pourront du moins apprendre aussi dans ces œuvres de sainte Térèse, traduites pour eux, ce que c’est qu’une vraie religieuse, et ils en pourront étudier le merveilleux idéal.

1128. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Goethe »

Il l’écrivit comme tous les hommes qui écrivent leur histoire, en la mêlant si bien avec le mensonge, qu’eux seuls, l’œuvre faite, sont capables de dire : « Voici l’idéal, et voilà la réalité ! 

1129. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Charles Monselet »

Ouvrez au hasard ce charmant petit livre, à l’encre rouge, et voyez si à toute page vous ne trouvez pas cet amour sensuel de la forme, cette exagération violente du pittoresque, ce mépris du bourgeois qui appartient à Gautier comme le mépris du philistin appartient à Heine, ce mutisme religieux, cette sombre et voluptueuse étreinte des choses finies, cette conception brute et blême de l’amour sans idéal et de la mort sans immortalité, et enfin, pour parachever le tout, l’éternelle assomption des Clorindes du bal Mabille et de la Maison-d’Or, qui meurent, dit le poète (dans Les Vignes du Seigneur) : L’estomac ruiné de champagne Et le cœur abîmé d’amour !

1130. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Théodore de Banville »

Il en a le besoin d’idéal vague et tourmenté.

1131. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « L’Abbé Prévost et Alexandre Dumas fils » pp. 287-303

C’étaient alors Delphine, Corinne, Atala, René, Malvina, Claire d’Albe, Mathilde et beaucoup d’autres, dont on n’a point ici à discuter la valeur, mais dont — quoi qu’ils fussent — l’idéal était, du moins, aussi élevé que celui de Manon Lescaut était bas !

1132. (1929) La société des grands esprits

La différence est que l’Idéal de Renan se fait peu à peu, tandis que les Idées de Platon préexistent, éternelles et immuables. […] Charles Morice, lui, trouve dans l’esprit unitaire du moyen âge son idéal social et religieux. […] Et il examine l’application de cet idéal grec à la pensée moderne. […] Il parle de Dieu à maintes reprises avec un accent de sincérité, mais d’un Dieu un peu vague, qui tient du Dieu des bonnes gens et de la catégorie de l’idéal. […] Même il Rabelais et à Molière, qu’il exalte à juste titre, il reproche de borner leur idéal à l’honnête homme, de ne pas former des héros ni des citoyens.

1133. (1898) Essai sur Goethe

Arrivés à l’heure où, en se retournant, on contemple sa vie dans le passé, ils pouvaient la juger manquée, inférieure à leurs projets, à leurs volontés, ne leur ayant apporté qu’une banqueroute d’idéal, infiniment éloignée d’être un « tout harmonieux ». […] La vérité et la beauté vivantes seront dans ses chants, au lieu de l’idéal en bulles de savon multicolores qu’on trouve en abondance dans les poèmes allemands. […] C’est qu’il n’est point, celui-là, ni ne doit être un « idéal », comme sa femme et son dangereux ami. […] Mais Goethe s’était hâté de perdre de vue son modèle authentique : il traçait, selon sa fantaisie, le portrait idéal du Prince et, comme il était poète de cour, il émaillait sa description d’allusions aimables et de compliments flatteurs. […] Ô saints Shakespeare, Richardson, Rousseau, et vous tous qui avez su émouvoir le cœur humain par la peinture des luttes de la passion et de l’idéal !

1134. (1927) Approximations. Deuxième série

En fait le dialogue de Valéry extériorise simplement un processus interne coutumier ; — et comme « le futur contemplateur » demeure toujours aux yeux de Valéry un contemplateur tout idéal, il l’extériorise sans le léser. […] L’ambition du drame le déserte, — de ce Charles Ier pour lequel il s’était proposé Le Roi Lear comme modèle idéal. […] Oui, tel est bien l’air idéal qui sied à l’esprit dans l’examen, dont il doit d’autant moins se départir que c’est de ses propres idées qu’il s’agit. […] Jamais chez lui banalité ni remplissage ; c’est une image idéale d’un certain modèle de jeune homme si grave, si sincère, si scrupuleux ». […] Je ne cherche pas à façonner avec moi-même un être idéal et qui plaise à Dieuik.

1135. (1898) Introduction aux études historiques pp. 17-281

Ne nous lassons pas de le répéter : la critique externe est toute préparatoire ; elle est un moyen, non un but ; l’idéal serait qu’elle eût été suffisamment pratiquée pour qu’il fût désormais possible de s’en dispenser ; ce n’est qu’une nécessité provisoire. […] Il faut donc chercher l’idéal de l’auteur ou de son temps pour se défier des passages déformés suivant cet idéal. […] 1° Il ne s’applique pas aux faits sociaux intérieurs, à la morale, à l’idéal artistique ; la conception morale ou esthétique d’un document exprime tout au plus l’idéal personnel de l’auteur ; on n’a pas le droit d’en conclure la morale ou le goût esthétique de son temps. […] La construction ne doit pas être dirigée par le plan idéal de la science que nous désirerions construire ; elle dépend des matériaux réels dont nous disposons. […] En fait, la plupart des livres de vulgarisation ne sont pas conformes à l’idéal moderne de l’exposition historique ; et des survivances de l’idéal ancien, celui de l’antiquité, de la Renaissance et des romantiques, s’y observent fréquemment.

1136. (1896) Impressions de théâtre. Neuvième série

Ce que Carmosine aime en don Pèdre, c’est, je l’ai dit, l’image idéale que la vue de don Pèdre lui a suggérée. […] La patrie idéale ne nous suffit plus, la patrie fixe et territoriale nous est redevenue nécessaire, et je pars pour chercher et lever notre acte de naissance légalisé. […] Je voulais affirmer aussi que, si les hommes de la trempe de Claude peuvent arriver à la réalisation de leur idéal d’esprit, ils n’arrivent jamais à réaliser leur idéal intime, celui où il faut être deux, dont une femme. […] L’idéal qu’il se forme de la jeune fille et du mariage est très étroitement chrétien, comme il apparaît dans la courageuse conclusion de son drame. […] Car l’amour est toujours l’amour, et l’idéal est toujours l’idéal.

1137. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome I pp. 1-402

L’auteur de Geneviève enveloppe dans le même dédain, toujours au nom de son idéal populaire, Cervantes, Lope et Calderon. […] Et quel est cet idéal ? […] Si les sens parlent haut dans ce cantique amoureux, ils ne parlent pas seuls ; l’idéal se mêle aux peintures les plus séduisantes de la beauté visible, et la présence permanente de l’idéal donne à toutes les strophes une grandeur, une sérénité que la passion purement sensuelle n’atteindra jamais. […] En écrivant Ruy Blas, il a traité l’idéal avec le même dédain que la langue ; car je ne puis consentir à prendre pour l’expression idéale de la passion le couplet où Ruy Blas se donne pour un ver de terre amoureux d’une étoile. Or, dès que l’idéal disparaît, la poésie s’évanouit.

1138. (1891) Essais sur l’histoire de la littérature française pp. -384

Il existe un idéal du beau avec des formes accomplies de langage et de composition littéraire qui y répondent. […] Nisard croit non seulement avec Boileau, mais encore avec Goethe, qu’il n’existe qu’un idéal absolu de beauté, celui des classiques, il ne professe point pour cet idéal un culte si étroit qu’il ne sache y distinguer des formes variées. […] Oui, messieurs, c’est le principal titre d’honneur de quelques-uns de nos grands comiques, et de Molière plus que tout autre, d’avoir eu constamment sous les yeux, en flétrissant les dégradations de notre nature, un idéal supérieur de beauté humaine et de sentiments humains, et d’avoir souffert des petitesses qui nous tiennent éloignés de cet idéal. […] Tout ce qui est idéal est aujourd’hui méprisé. […] Une foi religieuse, honnête et éclairée, sûre d’elle-même, est un premier principe d’idéal qu’il ne contribue pas à raffermir en ceux qui s’inspirent de lui.

1139. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mademoiselle Aïssé »

À l’époque la moins poétique et la moins idéale du monde, sous la Régence et dans les années qui ont suivi, Mlle Aïssé offre l’image inattendue d’un sentiment fidèle, délicat, naïf et discret, d’un repentir sincère et d’une innocence en quelque sorte retrouvée. […] Je n’ai vu d’elle que ses portraits : c’est l’idéal de la beauté. » Voilà une partie des réparations que je devais à la vérité ; j’en ai d’autres à faire encore au sujet du portrait et des sentiments. […] Frappé vivement des objets, il les rend comme la glace d’un miroir les réfléchit, sans ajouter, sans omettre, sans rien changer. » Voilà l’idéal primitif du bien-dire parmi les femmes du xviiie  siècle, au moment où elles se détachent du pur genre de Louis XIV.

1140. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XI : Distribution géographique »

Les oscillations dans le niveau relatif des divers points d’une même contrée ne sont peut-être rien en comparaison des oscillations de niveau qui, affectant des contrées entières, changent leur altitude générale par rapport au niveau de la mer, c’est-à-dire par rapport à la courbe idéale du globe terrestre sous ses différents méridiens ou parallèles. […] Supposons, au contraire, que dans notre globe, en grande partie fluide, ces deux points soient éloignés l’un de l’autre, de si peu que ce soit, et que l’un soit animé d’un mouvement périodique, autour de l’autre, il en résultera forcément une déviation correspondante de l’axe de rotation du sphéroïde dans son mouvement à travers l’espace ; de sorte que chacun de ses deux pôles géographiques se promènera circulairement autour d’un pôle moyen idéal, selon un mouvement plus ou moins lent. […] D’après l’hypothèse de la périodicité des phénomènes glaciaires se renouvelant circulairement autour des deux pôles d’un axe idéal fixe, ce serait, au contraire, une chose assez naturelle que tous les pays antipodes l’un de l’autre eussent plus de ressemblance entre eux que tous les autres points des mêmes parallèles, puisque dans un même moment donné ils ont toujours dû avoir à peu près le même climat et présenter des conditions de vie analogues.

1141. (1853) Histoire de la littérature française sous la Restauration. Tome I

Ils font des constitutions idéales pour l’homme, en général, qui ne tiennent aucun compte des besoins des hommes pour lesquels ils travaillent en particulier. […] L’idéal de la presse, à ses yeux, c’eût été une indiscrétion disciplinée et un bavardage obéissant. […] Ce livre pourrait être comparé à un de ces portraits peints en beau, mais cependant ressemblants, dans lesquels un rayon de l’idéal semble luire derrière la beauté réelle. […] Il y avait dans cette tendance presque inévitable de graves inconvénients : l’idéal de la France était désormais en Angleterre. […] À ce point de vue, les magnifiques lieux communs de liberté que Byron sema dans ses ouvrages eurent une influence fâcheuse ; ils contribuèrent à jeter les esprits dans le culte de la liberté idéale qui peut devenir la plus dangereuse ennemie de la liberté pratique.

1142. (1883) La Réforme intellectuelle et morale de la France

L’abaissement politique intérieur mécontentait une fraction intelligente ; le reste avait trouve ce qu’il voulait, et il n’est pas douteux que le règne de Napoléon III restera pour certaines classes de la nation un véritable idéal. […] Tandis que parmi nous un même type d’honneur est l’idéal de tous, en Allemagne, le noble, le bourgeois, le professeur, le paysan, l’ouvrier, ont leur formule particulière du devoir ; les devoirs de l’homme, les droits de l’homme sont peu compris ; et c’est là une grande force, car l’égalité est la plus grande cause d’affaiblissement politique et militaire qu’il y ait. […] Former par les universités une tête de société rationaliste, régnant par la science, fière de cette science et peu disposée à laisser périr son privilège au profit d’une foule ignorante ; mettre (qu’on me permette, cette forme paradoxale d’exprimer ma pensée ) le pédantisme en honneur, combattre ainsi l’influence trop grande des femmes, des gens du monde, des Revues, qui absorbent tant de force vives ou ne leur offrent qu’une application superficielle ; donner plus à la spécialité, à la science, à ce que les Allemands appellent le Fach, moins à la littérature, au talent d’écrire et de parler ; compléter ce faite solide de l’édifice social par une cour et une capitale brillantes, d’où l’éclat d’un esprit aristocratique n’exclut pas la solidité et la forte culture de la raison ; en même temps, élever le peuple, raviver ’ses facultés un peu affaiblies, lui inspirer, avec l’aide d’un bon clergé dévoue à la patrie, l’acceptation d’une société supérieure, le respect de la science et de la vertu, l’esprit de sacrifice et de dévouement ; voilà ce qui serait l’idéal ; il sera beau du moins de chercher à en approcher. […] La partie active du parti démocratique qui maintenant travaille plus ou moins tous les États européens n’a nullement pour idéal la république américaine.

1143. (1895) Les confessions littéraires : le vers libre et les poètes. Figaro pp. 101-162

et je vous assure qu’un poète qui ferait surgir un idéal imprévu dans des vers à la manière de Jean-Baptiste Rousseau serait moins suranné, bien plus neuf, que le symboliste le plus libéré de toutes règles, ressassant en vagues proses assonantes d’immémoriaux sujets de romance. […] Il n’y a guère qu’un point de repère : c’est le sentiment de la vie, ou, en d’autres termes, l’amour d’un Idéal Humain, harmonique avec notre époque et point trop sacrifié à elle, pourtant. […] Cette formule écarte à la fois le ratiocinement classique, la sentimentalité romantique, la réduction naturaliste aux fonctions physiques de l’humanité, et réunissant en un unique faisceau ces trois éléments, par une exaltation de la vie intérieure, c’est-à-dire, proprement, de la vie humaine, nous permet d’exprimer, vers un idéal, tout l’homme par tout l’art. […] Si les novateurs trouvent trop de monotonie à nos alexandrins accouplés, reprochent à nos strophes une carrure un peu trop constante, que ne reviennent-ils à ce vers libre dont les combinaisons sont inépuisables, dont les modulations peuvent suivre avec une idéale docilité les plus subtils méandres de l’émotion et de la pensée ?

1144. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Les nièces de Mazarin et son dernier petit-neveu le duc de Nivernais. Les Nièces de Mazarin, études de mœurs et de caractères au xviie  siècle, par Amédée Renée, 2e éd. revue et augmentée de documents inédits. Paris, Firmin Didot, 1856. » pp. 376-411

Renée dans sa jeunesse a eu ses Heures de poésie 60, il a eu son hymne À la beauté idéale, il s’est mêlé en fidèle au cortège d’André Chénier ; il a connu intimement, il a aimé et apprécié Maurice de Guérin, ce poète du Centaure, qui promettait à l’art un génie original. […] Bernis, à ses débuts, ne se proposait pas d’autre idéal, et lorsqu’il fit ses premiers pas dans la carrière de la poésie comme dans celle de l’ambition, c’est auprès du duc de Nivernais, et dans son cercle élégant et poli, qu’il mettait du prix à recueillir des suffrages.

1145. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre III. Pascal »

Mais doit-on oublier que c’est là un des expédients nécessaires par lesquels s’est faite l’adaptation du christianisme à son rôle de religion universelle, et que ces subtilités de procédure théologique qui aboutissent à tourner la loi par la considération des espèces, ont l’avantage de laisser théoriquement entier l’idéal chrétien ? […] Son idéal est de trouver les voies les plus rapides, les moins pénibles, et les plus sûres de la persuasion : il compose rigoureusement, il donne à ses discussions la rigueur et la clarté d’une démonstration scientifique.

1146. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VII. La littérature et les conditions économiques » pp. 157-190

Fontenelle esquisse, à la façon de Platon, un État idéal qu’il intitule Ma République, et non seulement il y introduit l’égalité civile et politique, le suffrage universel, mais il va jusqu’à y proposer des mesures presque socialistes, témoin celle-ci : « Un homme qui offrira de cultiver les terres d’un autre mieux qu’il ne les cultive y sera reçu en payant au propriétaire le revenu quelles lui produisaient. […] Quand il vante le bonheur des peuples de la Bétique (livre VII), on peut dire qu’il caresse un idéal anarchiste.

1147. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 novembre 1886. »

Il ne s’en était pas caché, bien au contraire, en convoquant ses amis du monde entier par lettre rendue publique à ces représentations modèles, comme il les qualifiait lui-même, et réservées aux seuls adeptes ; on verrait plus tard s’il y avait lieu d’admettre la masse du public à jouir « de ce qu’il y a de plus élevé et de plus profond dans l’art. » Cette Invitation à mes amis pour assister à la première représentation du Tristan, publiée en avril 1865 dans le Messager de Vienne, lettre extrêmement singulière et comme il pouvait seul en écrire une, débutait par ce cri de reconnaissance envers Louis II : «  Alors que tout m’abandonnait, un noble cœur n’en battit que plus fort et plus chaudement pour l’idéal de mon art. […] Dans Tristan, enfin, son idéal s’est clairement dégagé, et l’art nouveau dont il s’est fait le fondateur et l’apôtre, en s’inspirant, dit-il, des plus grands maîtres, s’y impose avec une autorité qui qui ne souffre pas de compromis.

1148. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre quatrième. Éléments sensitifs et appétitifs des opérations intellectuelles — Chapitre premier. Sensation et pensée »

Les idées mêmes de ressemblance et de différence, fixées dans le langage, seront devenues des centres d’action et de mouvement, des idées-forces groupant autour d’elles et sous elles toutes les autres idées, réalisant ainsi dans le monde de la vie l’idéal abstrait de la dialectique platonicienne. […] Cette « représentation adéquate », la sensation, tant méprisée de Platon, est précisément ce qui nous en offre le type, l’idéal réalisé.

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